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Essentiel Prepas octobre 2018

HEADway Advisory édite chaque mois l'Essentiel Prépas, le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales.

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ENTRETIEN<br />

« Il faut créer<br />

des lieux<br />

d’émotion »<br />

© Laurent Cerino<br />

Emlyon BS est en pointe dans l’évolution des méthodes pédagogiques appliquées à<br />

l’enseignement de la gestion. Son directeur, Bernard Belletante, expose sa vision et<br />

revient sur le rôle et le poids de la recherche dans les écoles de management.<br />

Olivier Rollot : Comment doit évoluer l’enseignement de la gestion dans<br />

les années à venir pour répondre aux défis du numérique, de l’intelligence<br />

artificielle (IA), des Big Data, etc. ?<br />

Bernard Belletante : Le schéma n’est pas clair. Nous avons devant nous un<br />

certain nombre de phénomènes économiques qui vont impacter les métiers des<br />

entreprises et les processus de décision. Donc les structures qui forment leurs<br />

cadres. Dans un an et demi sera lancé un calculateur qui traitera à la seconde<br />

10 puissance 19 opérations. C’est-à-dire la vitesse du cerveau ! Cela aura le<br />

même impact sur lui que la grue l’a eue sur nos bras. L’autre révolution c’est<br />

celle de l’intelligence artificielle et toutes ses composantes. Nous allons être face<br />

à des « machines apprenantes » qui vont aller plus vite que notre cerveau.<br />

La deuxième rupture va être celle de gratuité. L’explosion des puissances de<br />

calcul va rendre gratuit des biens qui étaient payants. Un institut a même calculé<br />

que 75 % de la demande actuelle des ménages allait être gratuite dans les<br />

dix à douze ans. Nous rentrons donc dans une société d’abondance alors que<br />

l’économie est la science de la rareté. Les nouvelles sources énergétiques sont<br />

inépuisables et quasi-gratuites. Les data, qui ont toutes les caractéristiques<br />

d’une matière première, ne s’usent pas quand on les utilise. Au contraire elles<br />

s’enrichissent.<br />

La troisième rupture est celle de l’espace et du temps. Nous entrons dans un<br />

monde d’immédiateté où le temps se fait court et où il faut réagir de plus en<br />

plus vite. Or les robots vont plus vite que nous. Comment réagir ? Avec quelle<br />

éthique ?<br />

O. R : Mais comment préparer vos diplômés à tous ces défis ?<br />

B. B : C’est notre rôle et c’est aussi pour cela que nous sommes implantés à<br />

Shanghai et Casablanca : pour avoir des capteurs qui nous permettent de<br />

réagir vite. Nos maker’s lab permettent d’apprendre à maîtriser la puissance de<br />

la machine. Nous avons moins besoin de salles, de livres, de cours et plus de<br />

lieux de flux, d’expériences, d’intelligences… pour laisser l’homme maître de sa<br />

destinée. Le « joint initiative agreement » que nous avons signé avec IBM est là<br />

aussi pour cela. Nous avons créé un poste de « directeur des nouvelles intelligences<br />

», membre de notre Comex, pour nous approprier toutes ces problématiques.<br />

Sur les huit professeurs que nous avons embauchés cette année, quatre<br />

ont des spécialités en lien avec l’IA.<br />

O. R : Quelle est l’utilité d’un campus dans ce nouveau paradigme ?<br />

B. B : Il faut créer des « lieux d’émotion » pour donner un sentiment de<br />

communauté. Des événements symboles qui doivent être inoubliables. Cette<br />

année nous avons réuni tous les nouveaux étudiants de tous nos programmes<br />

ensemble pour un « early makers’ game ». 100 intervenants étaient là pour<br />

créer cette émotion.<br />

Ensuite ce qui était une école pendant trois ans va devenir une communauté de<br />

compétences tout au long de la vie, un « centre commercial » des intelligences<br />

dans lequel on reviendra régulièrement. Il faut entretenir son diplôme ! À nous de<br />

créer des espaces, réels et virtuels, pour cela. À nous de matérialiser des portefeuilles<br />

de compétences et des communautés d’apprentissage.<br />

Demain ira-t-on vers un diplôme dans une seule école ou choisira-t-on d’associer<br />

des pièces, comme un Lego, dans différentes business schools labellisées<br />

Equis ou AACSB ?<br />

Le futur des business school c’est d’être des communautés d’apprenants et<br />

d’expérience.<br />

O. R : Un tout autre sujet : celui de vos financements. Aujourd'hui<br />

l’emlyon se porte bien mais ça n’était pas vraiment le cas à votre arrivée<br />

à sa direction en 2014. Comment les écoles de management doivent-elles<br />

être gérées ?<br />

B. B : D’abord je voudrais le répéter : les écoles de management ne sont pas au<br />

bord du gouffre. Mais il faut être rigoureux. Si on utilise les montants de la taxe<br />

d’apprentissage pour boucler les budgets au lieu de s’en servir pour investir que<br />

fait-on quand le robinet se tarit ? Ou nous sommes des structures publiques ou<br />

>>> suite page 17<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20

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