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18<br />
Le champion<br />
JULIEN COURBET<br />
"Cette année, j'ai pris cher !"<br />
Julien Courbert ne raterait une édition<br />
du GRP pour rien au monde. Il est au<br />
rendez-vous depuis la deuxième année.<br />
C'est tout dire. Et il a même gagné<br />
l'Ultra. Cette année, cela a été vraiment<br />
rude pour lui. Mais il s'en sort tout de<br />
même très bien...<br />
"Chaque année, depuis la 2ème édition du<br />
GRP, je suis de retour sur ce GRP, course<br />
emblématique <strong>des</strong> <strong>Pyrénées</strong>. Avec l’aide de<br />
mon ami Yves Moreilhon, je récupère le dossard<br />
30 minutes avant le départ. Je prends<br />
une dernière bouffée d’oxygène, un peu de<br />
réconfort auprès de mon assistance de choc<br />
et je me place sur la ligne de départ. Robin<br />
Thomas et ses collègues mettent une ambiance<br />
de feu. Le décompte est lancé et la trouille<br />
pénètre mon corps.<br />
5h, je pars à l’assaut de ce parcours avec<br />
envie et plaisir. La premier tiers de la course se<br />
passe plutôt bien. Je m’alimente et je ne puise<br />
pas dans mes ressources.<br />
Le passage au Pic du Midi est toujours un<br />
événement. C’est toujours aussi impressionnant<br />
à mes yeux. On est un groupe de cinq à<br />
quelques minutes d’écart. Nicolas Gaillot fait<br />
une grosse première partie. Je sens que Rémi<br />
Badoc est parti plus vite qu’à son habitude.<br />
Je continue avec de bonnes sensations qui<br />
ne vont pas durer. Au 55ème, mon corps ne<br />
répond plus. Je n’ai aucune fatigue musculaire<br />
mais cela devient général. Je suis collé<br />
en montée et en <strong>des</strong>cente. Heureusement,<br />
j'ai le moral. Je ne peux suivre Rémi et Bruno<br />
Bouzigues qui me déposent dans la dernière<br />
difficulté avant Hautacam. Quelques foulées<br />
avec Jean-Pierre Bertarres qui m’a fait plaisir<br />
à venir sous la pluie !<br />
Arrivé au ravito, rien ne passe. Je ne peux<br />
m’alimenter malgré toutes les bonnes choses<br />
qui sont devant moi. Je repars direction<br />
Pierrefitte, première base-vie. J’ai le plaisir<br />
de voir beaucoup d’amis venus me faire une<br />
petite visite qui va se prolonger sur le ravitaillement<br />
de Cauterets car ils comprennent<br />
bien que je suis dans le dur. C’est dur pour<br />
tout le monde. Je comprends que je ne jouerai<br />
pas la première place et que dans un premier<br />
temps, je dois déjà rejoindre le prochain ravitaillement.<br />
Je tombe sur un os car cette montée du Viscos<br />
est un calvaire. Je suis à la limite de l’explosion<br />
malgré ma faible allure. Descente du col<br />
de Riou que je connais par cœur. Je sens au fur<br />
et à mesure de ma <strong>des</strong>cente que l’émotion me<br />
gagne. Je traverse les rues de Cauterets avec<br />
beaucoup d’encouragements. Je reprends vie.<br />
Je suis accueilli par tout un groupe d’amis.<br />
J’ai la chance de pouvoir me faire masser par<br />
mon amie Deborah qui me remet en marche.<br />
Il reste à ce stade 73 km à faire. Je mange à<br />
nouveau. Ma compagne Audrey Pene et ma<br />
belle-mère sont héroïques. J’ai les meilleurs<br />
ravitailleurs de la course. Elles sont exceptionnelles<br />
et si j’ai toujours gardé le moral c’est<br />
grâce à elles et à tous les amis.<br />
Jusqu’à Luz, cela se passe bien. Je reprends<br />
du plaisir. Le brouillard épais rend la tâche<br />
difficile mais bon, c’est du trail aussi.<br />
Je prends quelques recommandations très<br />
furtives auprès de Yves. Il a raison ! C’est un<br />
enfer ! C’est dur, compliqué. Je tombe à plusieurs<br />
reprises. Arrivé après de longues heures<br />
au sommet, la <strong>des</strong>cente est une copie-collé de<br />
la montée. Je navigue dans la <strong>des</strong>cente à une<br />
allure de 6 km/h.<br />
Tournaboup enfin ! J’ai pris cher ! Je suis<br />
content de retrouver Audrey et sa mère. Ça me<br />
permet de quitter la course un petit instant. Je<br />
m’alimente normalement et repars plutôt bien<br />
en donnant rendez-vous à mon assistance sur<br />
la ligne d’arrivée. Après quelques minutes, je<br />
chute lourdement sur le genou gauche et brise<br />
mon bâton.<br />
Je suis furax. Je repars avec une bonne douleur<br />
et <strong>des</strong> frais à prévoir ! La montée jusqu’à<br />
la Hourquette Nère se passe bien dans l’ensemble.<br />
Je reprends beaucoup de coureurs<br />
du 120km. Jusqu’aux Merlans, je subis la<br />
<strong>des</strong>cente comme la majorité <strong>des</strong> coureurs.<br />
Elle est dure cette <strong>des</strong>cente. Passage express<br />
au ravito.<br />
Puis je repars pour Vielle-Aure où la libération<br />
va être de mise. Tous les participants du 80km<br />
me félicitent. Un grand merci à eux. La dernière<br />
<strong>des</strong>cente se déroule bien. Les chaussures<br />
me rassurent dans les grosses pentes.<br />
J’aperçois la ligne et Audrey et sa mère. Je<br />
suis super heureux. J’ai terminé cette distance.<br />
Un petit tour le stand de Seb me permet<br />
une récupération rapide.<br />
Un grand merci à Pierre Borie pour les sorties<br />
de grande qualité et le suivi de cette course. A<br />
Yves Moreilhon, pour son aide d’avant course<br />
et à l’humilité qu'il m’a transmis.<br />
Merci à Fabien pour le textile et à JC et Marie<br />
pour les chaussures et la veste.<br />
Merci à Mano pour l’approche <strong>des</strong> courses.<br />
<strong>Grand</strong> respect aussi à Mikaël Pasero pour le<br />
programme de dernière minute.<br />
A tous les amis venus me voir, à tous les bénévoles<br />
qui ont été aux petits soins avec moi.<br />
Je suis un privilégié et parfois je n’ai pas eu<br />
forcément un sourire à leur donner. Mille excuses<br />
pour ça. Et sincères félicitations à tous<br />
ceux qui ont essayé ou réussi cette course<br />
de fous."<br />
Photo : <strong>Grand</strong> <strong>Raid</strong> <strong>des</strong> <strong>Pyrénées</strong> <strong>2018</strong> – Thierry Jouanin<br />
– www.photossports.net