CONNECT N°5 03/2019
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En coulisse Commerce<br />
BUSINESS MEDIA<br />
<strong>03</strong>.<strong>2019</strong><br />
COMMENT VA LE PETIT<br />
COMMERCE AU LUXEMBOURG ?<br />
Nombre de faillites en hausse, rentabilité en berne, concurrence d’internet et des grandes surfaces, taux de vacance en hausse…<br />
on l’entend de partout, le petit commerce de centre-ville souffre. Mais qu’en est-il plus en détail ? État des lieux pour aller de l’avant !<br />
TEXTE : NICOLAS HENCKES,<br />
DIRECTEUR CLC<br />
86<br />
Centre-ville d'Echternach<br />
C'est le nombre de faillites<br />
dans le commerce de détail<br />
comptabilisées en 2018<br />
Commençons par quelques chiffres récents<br />
fournis par le Ministre de l’Économie<br />
Étienne Schneider en réponse à une question<br />
parlementaire posée par le député Mars<br />
di Bartolomeo : le nombre de faillites dans<br />
le commerce de détail est passé de 70 entreprises<br />
en 2017 à 86 entreprises en 2018,<br />
soit une croissance de 22,9 % d’une année à<br />
l’autre. Ces chiffres du STATEC confirment<br />
la tendance de +29,59 % annoncée dans le<br />
communiqué de Creditreform en janvier<br />
<strong>2019</strong>, même si cette société comptabilisait<br />
en tout 254 faillites pour le commerce en<br />
2018. À la vue de l’évolution des faillites<br />
dans le secteur du commerce, Creditreform<br />
conclut que ce dernier se trouve dans une<br />
mutation structurelle. Les méthodologies<br />
de comptage de ce qui est considéré comme<br />
une faillite sont probablement différentes,<br />
ce qui explique la différence en chiffres absolus,<br />
mais la tendance inquiétante est la<br />
même. Et ce que ces chiffres ne montrent<br />
pas, ce sont toutes les sociétés qui ont cessé<br />
volontairement leur activité, sans faire de<br />
faillite pour autant, ou celles qui ont réduit<br />
le nombre de leurs emplacements de vente.<br />
Le taux de vacance des locaux commerciaux<br />
à Esch-sur-Alzette dépassait encore<br />
récemment les 20 % et à Luxembourg-ville il<br />
atteignait 6,08 % selon un chiffre fourni par<br />
l’Union Commerciale de la Ville de Luxembourg.<br />
Des chiffres alarmants que nous<br />
pourrons préciser et suivre de près avec le<br />
cadastre du commerce, dont les premières<br />
analyses seront publiées encore au deuxième<br />
trimestre <strong>2019</strong>.<br />
À cela s’ajoute un constat alarmant fait par<br />
le STATEC dans une étude publiée en juillet<br />
2018 intitulée « Un faible taux d’EBE au<br />
Luxembourg, et donc ? ». Dans ce document,<br />
on peut ainsi lire que pour le secteur du<br />
commerce, le taux d’excédent brut d’exploitation<br />
(EBE) est en moyenne de 2,9 % en<br />
2015, par rapport à la moyenne européenne<br />
qui se situe à 5,1 %. Cette moyenne était à<br />
2,7 % en 2005 et contrairement à d’autres<br />
secteurs, cela dénote une certaine stabilité.<br />
Toutefois, il est important de souligner que<br />
ce chiffre englobe le commerce de gros et<br />
ne concerne pas uniquement le commerce<br />
de détail. Il inclut de plus les grandes surfaces<br />
et petits commerçants.<br />
« MAIS LA DERNIÈRE CHOSE<br />
DONT LES PME ONT BESOIN<br />
EN CE MOMENT, C'EST BIEN<br />
DE CHARGES ET DE CONTRAINTES<br />
SUPPLÉMENTAIRES »<br />
Nul doute que la réalité sur le terrain peut<br />
donc être plus contrastée et le STATEC<br />
note d’ailleurs en matière de commerce de<br />
gros (2,5 %) que « Les activités de négoce<br />
connaissent les taux d’EBE les plus faibles.<br />
Le commerce se situe au bout de la chaîne<br />
de production, le chiffre d’affaires étant<br />
composé pour la majeure partie de coûts<br />
de biens destinés à la revente. (...) Cela<br />
engendre des marges relativement plus<br />
faibles par rapport au chiffre d’affaires. »<br />
En valeur absolue, on notera cependant<br />
que le commerce de gros produit l’un des<br />
EBE les plus importants de l’économie<br />
luxembourgeoise, avec 1,7 milliards EUR,<br />
grâce à l’effet volume apporté par le négoce<br />
international permettant d’atteindre<br />
un chiffre d’affaires global de 68 milliards.<br />
L’artisanat semble connaître la même fragilité<br />
financière en moyenne à en croire le<br />
dernier chiffre annoncé par la Chambre des<br />
Métiers : 46 % des entreprises du secteur ne<br />
font pas de bénéfices.<br />
Probablement que notre tissu économique<br />
compte des entreprises trop petites et que<br />
des consolidations permettraient de renforcer<br />
les EBE et donc d’augmenter la rentabilité<br />
de nos PME. Mais la dernière chose dont les<br />
PME ont besoin en ce moment, c’est bien de<br />
charges et de contraintes supplémentaires.<br />
12 - <strong>CONNECT</strong><br />
Le magazine de la confédération luxembourgeoise du commerce