syndicom magazine No.14

24 Politique
Davantage de logements
abordables, c’est possible
Nous voterons le 9 février
prochain sur l’initiative de
l’Association suisse des
locataires (ASLOCA). Elle est
absolument nécessaire.
Car les prix des loyers ne
cessent d’augmenter année
après année.
Texte : ASLOCA
Photo : Fotomelia
L’Union syndicale suisse a soutenu
l’initiative « Davantage de logements
abordables » depuis son lancement
et fait partie du comité d’initiative.
Comme le Conseil fédéral l’affirme
lui-même dans son Message,
« l’initiative populaire touche un
point important en ce qui concerne
l’offre de logements en Suisse. Pour
les personnes à la recherche d’un
logement, en particulier celles qui
disposent d’un faible pouvoir
d’achat, il est difficile d’en trouver
un qui réponde à leurs besoins. La
charge élevée que représente le logement
pour les ménages à faible revenu
et l’augmentation du trafic des
pendulaires en sont des indices. »
(Message, p. 2).
Comme davantage de logements
d’utilité publique doivent
être construits, l’initiative s’appuie
sur le système des logements délivrés
par des maîtres d’ouvrage
s’occupant de la construction de
logements d’utilité publique. Aujourd’hui
déjà, ceux-ci construisent
des logements abordables qui sont
nettement plus avantageux à long
terme, puisqu’ils ne visent pas le
rendement.
Des sociétés immobilières
cherchant le profit
Construire des logements
nettement plus avantageux,
car ne visant pas le rendement.
Ces dernières années, le marché immobilier
a connu une évolution inquiétante.
En 2000, près de 60 % des
appartements loués appartenaient à
des particuliers. Aujourd’hui, seuls
47 % de ces mêmes logements le
sont encore. Ni les pouvoirs publics
ni les coopératives d’habitation
n’ont pu augmenter considérablement
leur part de logements locatifs.
De 2000 à 2017, la part de logements
locatifs en possession de
sociétés immobilières (compagnies
d’assurance, groupes bancaires,
fonds de placement, sociétés anonymes
immobilières, etc.) a grimpé
de 29 % à 39 %. En chiffres absolus,
cela représente une hausse de
300 000 appartements.
Résultat : on construit des appartements
souvent trop chers et situés
là où la demande est faible. Sur
le marché, les loyers sont bien plus
élevés que ceux des logements d’utilité
publique. La différence s’élève à
deux loyers mensuels par an en
moyenne. Dans les centres-villes, ce
sont même trois loyers mensuels de
plus sur l’année.
« En Suisse, il y a autant d’appartements
vides qu’il y a de logements
dans la ville fédérale. Mais
Berne elle-même connaît toujours la
pénurie. Il faut donc trouver des solutions
de toute urgence, notamment
pour les agglomérations. Et la
Confédération et les cantons
doivent aussi agir », souligne Carlo
Sommaruga, président de l’ASLOCA
Suisse.
Le Conseil fédéral prétend
améliorer la situation en réalimentant
le fonds de roulement de
250 millions de francs sur dix ans.
Dans les faits, seuls 800 à 900 logements
d’utilité publique continueront
d’être construits chaque année,
ce qui correspond plus au moins à la
situation actuelle. La part des logements
d’utilité publique poursuivra
sa baisse sur le marché locatif.
Grâce au droit de préemption
au prix du marché, les maîtres d’ouvrage
d’utilité publique accèdent
aux terrains à bâtir et ils obtiennent
les crédits nécessaires grâce au
fonds de roulement. Les crédits ne
coûtent rien à la Confédération ; ils
rapportent même des intérêts dans
la caisse fédérale. Les coopératives
d’habitation construisent là où il y a
besoin de logements abordables.
Et les rénovations énergétiques
peuvent être effectuées sans perdre
cette caractéristique.
Hausse des loyers à stopper
Balthasar Glättli, vice-président de
l’ASLOCA Suisse, conclut : « Les
loyers en Suisse poursuivent leur
hausse d’année en année. Il est dans
l’intérêt de la population dans son
ensemble que les loyers soient abordables.
L’initiative est nécessaire,
applicable et efficiente.»
https://logements-abordables.ch/