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syndicom magazine No.14

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 14 novembre-décembre 2019<br />

<strong>magazine</strong><br />

Air frais<br />

au Palais<br />

fédéral


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notamment des restaurants, des hôtels, des<br />

remontées mécaniques et téléskis, des parcs de<br />

loisirs, des musées, des centres de fitness et<br />

même les distributeurs Selecta.<br />

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Terre des Hommes Suisse œuvre, main dans la main avec ses<br />

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Le droit à une éducation<br />

de qualité et adaptée à<br />

leur contexte.<br />

Le droit d’être<br />

protégés de toute<br />

forme de violence.<br />

Le droit de participer<br />

pleinement aux décisions<br />

qui les concernent.<br />

Vous aussi, rejoignez-nous et engagez-vous pour le respect<br />

des droits de l’enfant, ici et là-bas.<br />

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1223 Cologny-Genève, Suisse<br />

Tél +41 (0)22 737 36 36 - CCP 12-12176-2<br />

Terre des Hommes Suisse est certifiée par le label<br />

ZEWO depuis 1988. Ce label de qualité distingue<br />

des œuvres de bienfaisances dignes de confiance.


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Dossier : Nos forces au<br />

Parlement<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

19 Améliorer les retraites<br />

des indépendants<br />

22 Interview : T. Funiciello<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 Ce que j’attends du<br />

Parlement<br />

We, not me !<br />

Vague verte, politique climatique, virage<br />

à gauche, élection féminine – ces gros titres<br />

dominaient après les élections dans les gazettes<br />

et comptes rendus.<br />

Ce qui est clair, c’est que ce résultat électoral<br />

équivaut à un tremblement de terre pour la<br />

Suisse. Notre Parlement se féminise et rajeunit.<br />

Les coûts des caisses maladie, les problèmes<br />

irrésolus au sujet des rentes et le changement<br />

climatique ont fortement mobilisé les jeunes<br />

électeurs. De même, la grève des femmes a<br />

déployé ses effets. Ces populations exigent<br />

une politique, une société et un environnement<br />

durable.<br />

Des solutions pour l’avenir à concrétiser<br />

maintenant, et pas dans un avenir indéterminé.<br />

Et surtout une politique qui ne place pas l’individu,<br />

mais la société au centre de ses préoccupations.<br />

Bref, we, not me !<br />

Quant à savoir quel impact cela aura sur les<br />

questions et problèmes ouverts – comme la<br />

politique climatique, la protection des salaires,<br />

la question des rentes, le service public, les<br />

coûts de la santé en hausse, l’égalité ou la<br />

numérisation grandissante dans le monde du<br />

travail –, l’avenir nous le dira.<br />

Des solutions sont demandées dans tous les<br />

domaines. Des solutions qui déploient un effet<br />

durable pour une Suisse moderne, capable de<br />

répondre à ses devoirs sociaux.<br />

C’est à cette aune qu’un Parlement se<br />

mesure.<br />

Daniel Münger, président <strong>syndicom</strong><br />

4<br />

8<br />

22<br />

Couverture:<br />

Fabien Fivaz (Verts/Neuchâtel),<br />

Baptiste Hurni (Soc./Neuchâtel),<br />

Tamara Funiciello (Soc./Berne) et<br />

Franziska Roth (Soc./Soleure) lors de<br />

la journée destinée aux nouveaux<br />

parlementaires au Palais fédéral.<br />

En arrière-fond : Flavia Wasserfallen<br />

(Soc./Berne).


4<br />

Une fine équipe<br />

« Soutenir <strong>syndicom</strong> grâce à notre<br />

expérience est un plaisir »<br />

Paul Heinzelmann a 59 ans. Ce Saintgallois<br />

a passé dix ans au service opérationnel<br />

des CFF où il fut membre du<br />

SEV. Il fut employé durant 30 ans chez<br />

Swisscom, dans les ressources humaines<br />

tout comme dans le Customer<br />

Field Service. Il est membre <strong>syndicom</strong><br />

et a pris en 2018 sa retraite.<br />

Edith Annaheim a travaillé chez<br />

Swisscom pendant 44 ans et est<br />

membre du syndicat depuis 26 ans.<br />

Elle s’est engagée activement au sein<br />

du comité de la section Olten/Soleure.<br />

Fin 2016, Edith a rejoint Worklink, l’instrument<br />

du plan social de Swisscom, et<br />

s’est impliquée dans Organisation Plus<br />

en tant que co- initiatrice. Dans cette<br />

fonction, elle a déjà mené plus de<br />

150 entretiens de consultation.<br />

Jürg Schär était également employé<br />

par Swisscom dans le département IT<br />

avant de prendre sa retraite en février<br />

dernier. Il s’est affilié au syndicat dès<br />

son premier jour de travail en 1984,<br />

alors qu’il travaillait encore pour les<br />

PTT, et il y est resté fidèle depuis.<br />

Au sein d’Organisation Plus, il s’est<br />

engagé pour les consultations sur la<br />

retraite.<br />

Texte : Mark Herbst<br />

Photo : Peter Mosimann<br />

« Organisation Plus » –<br />

au service des<br />

aîné(e)s !<br />

L’idée d’exploiter l’expérience et les<br />

connaissances de collègues plus matures<br />

a conduit à la création d’Organisation<br />

Plus en mai 2019. On s’est<br />

beaucoup impliqué dans le développement<br />

d’idées, de projets déjà élaborés<br />

ou en cours pour le recrutement<br />

de nouveaux membres. Nous<br />

voulons passer à la réalisation!<br />

Le projet d’Edith Annaheim<br />

s’adresse à tous les membres qui<br />

envisagent une retraite anticipée :<br />

« Pourquoi devrais-je travailler plus<br />

longtemps si j’ai plus de 50 ans, sachant<br />

que mes chances de trouver un<br />

emploi sont quasiment nulles en cas<br />

de licenciement ? L’option de retraite<br />

anticipée doit être examinée au cas<br />

par cas. <strong>syndicom</strong> peut te conseiller<br />

et t’aider à prendre une décision ! »<br />

Notre projet pour les membres<br />

concerne le traitement des démissions.<br />

Pourquoi les syndicats, p. ex.<br />

<strong>syndicom</strong>, souffrent-ils de l’érosion<br />

de leurs membres ? Parce que le<br />

nombre des démissions est supérieur<br />

à celui des adhésions ! Organisation<br />

Plus veut rappeler aux personnes<br />

qui quittent le syndicat les<br />

avantages d’une adhésion et leur<br />

témoigner l’estime dont elles ont pu<br />

manquer par le passé – bien sûr avec<br />

respect. Paul Heinzelmann déclare :<br />

« En collaborant, je soutiens utilement<br />

les membres et <strong>syndicom</strong>. J’ai<br />

du plaisir à échanger et à accomplir<br />

une tâche gratifiante. Lance-toi aussi<br />

! »<br />

Le projet se déroule avec Sébastien<br />

Bourquin, responsable du développement<br />

des membres chez <strong>syndicom</strong>.<br />

Grâce à son expérience, notre<br />

démarche répartit de petites tâches<br />

visant à augmenter les contacts avec<br />

les membres. Jürg Schär explique :<br />

« S’investir activement est une opportunité<br />

pour tous les membres, améliorer<br />

notre estime de soi dépend de<br />

nous. Je m’engage ! »<br />

Nous voulons aussi devenir actifs<br />

dans le recrutement de nouveaux<br />

membres. Les collègues intéressés<br />

d’une soixantaine d’années sont les<br />

bienvenus. Nous nous rencontrons<br />

régulièrement, élaborons les outils<br />

dont nous avons besoin, utilisons<br />

ceux qui existent déjà et sommes<br />

heureux de réaliser ensemble des<br />

projets qui profitent à notre syndicat<br />

et nous procurent du plaisir.


Brèves<br />

Dialogue social avec Smood SA \ Discrimination basée sur l’âge à<br />

combattre \ Les chauffeurs manifestent au Parlement jurassien \<br />

Initiative de l’USS pour une 13 e rente AVS \ Femmes plus visibles<br />

chez Ringier \ 170 augmentations arrivent après coup<br />

5<br />

Dialogue amorcé chez<br />

Smood SA<br />

Des livreurs de repas engagés par l’entreprise<br />

Smood SA, qui collabore avec la<br />

Migros, se sont plaints de leurs salaires<br />

et conditions de travail, notamment de<br />

la communication des plans d’engagement<br />

et des dédommagements pour<br />

l’utilisation de leurs téléphones et véhicules<br />

privés. Ces services tombent sous<br />

le coup de la loi sur La Poste, dont les<br />

conditions doivent être respectées.<br />

Syndicom est satisfait que Smood SA se<br />

montre prête au dialogue. L’entreprise<br />

pourrait notamment signer la CCT des<br />

coursiers à vélo et services coursiers<br />

urbains.<br />

Combattre la discrimination<br />

basée sur l’âge<br />

L’association Avenir50plus, qui défend<br />

les chômeurs âgés, a commandé un avis<br />

de droit au professeur Kurt Pärli qui<br />

plaide pour une protection juridique des<br />

discriminations basées sur l’âge. L’introduction<br />

d’une prestation transitoire<br />

qui empêche que les personnes en fin<br />

de droit finissent à l’aide sociale après<br />

une longue carrière professionnelle<br />

n’atteindra son but qu’accompagnée<br />

d’une telle protection, affirme l’association.<br />

Colère et manifestation<br />

devant le Parlement jurassien<br />

Quelque 150 chauffeurs et sympathisants<br />

ont manifesté le 27 novembre<br />

devant le Parlement jurassien. Ils<br />

contestent la manière dont les lignes<br />

de bus ont été mises au concours dans<br />

ce canton, en renonçant à des critères<br />

protégeant les conditions de travail<br />

dans l’appel d’offres. Les chauffeurs,<br />

portant symboliquement des gilets<br />

jaunes, ont offert des bombes au chocolat<br />

au gouvernement pour montrer<br />

qu’il tient entre ses mains une bombe<br />

sociale à retardement et ne doit pas<br />

sacrifier les chauffeurs dans les appels<br />

d’offres.<br />

10 mesures de l’USS en faveur<br />

du pouvoir d’achat<br />

L’assemblée des délégués de l’USS a<br />

lancé une initiative populaire pour une<br />

13 e rente AVS, pour remédier à la baisse<br />

des rentes en dépit de cotisations<br />

toujours plus élevées. Le versement de<br />

cette rente supplémentaire, du même<br />

montant que la rente AVS perçue<br />

chaque mois, correspond à une augmentation<br />

de 8,33 % et profiterait le<br />

plus aux bas et moyens revenus. En<br />

outre, l’USS a proposé dix mesures<br />

pour davantage de pouvoir d’achat,<br />

parmi lesquelles la distribution d’une<br />

partie des bénéfices de la BNS en faveur<br />

de l’AVS, un 13 e salaire pour tout le<br />

monde dans les CCT et les entreprises<br />

et une augmentation des allocations<br />

familiales.<br />

Ringier veut accroître la<br />

visibilité des femmes<br />

Le groupe Ringier utilisera l’intelligence<br />

artificielle pour compter les articles<br />

consacrés aux hommes et aux femmes<br />

sur ses sites Internet, évaluera les<br />

images, les titres et les leads. Parallèlement,<br />

la fréquence à laquelle les<br />

hommes et les femmes ont la parole<br />

sera mesurée, ainsi que les personnes<br />

figurant sur les images des sites. Actuellement,<br />

Blick.ch consacre 75 % de<br />

ses articles aux hommes et 25 % aux<br />

femmes. L’objectif est de rendre les<br />

femmes plus visibles en sensibilisant<br />

les rédactions à la place qui leur est<br />

accordée.<br />

170 employés de PostFinance<br />

augmentés après coup<br />

PostFinance et <strong>syndicom</strong> ont contrôlé<br />

la mise en œuvre des mesures salariales<br />

introduites en 2019. Cela concernait<br />

les 800 personnes dont la valeur<br />

indicative du salaire n’a pas été accordée.<br />

Pour 170 employé(e)s de Post­<br />

Finance, il a été convenu de procéder<br />

après coup à une augmentation salariale<br />

sur la base du contrôle.<br />

Agenda<br />

Décembre<br />

jusqu’au 29<br />

Sève Favre<br />

Musée Gutenberg, Fribourg.<br />

L’artiste suisse Sève Favre invite le<br />

spectateur à créer à partir de ses<br />

tableaux. Ses œuvres deviennent<br />

multiples, changeantes et réversibles.<br />

jusqu’au 31<br />

Festival Lausanne Lumières<br />

Centre-ville et La Cité.<br />

Redécouvrir la ville illuminée par<br />

les œuvres de 15 artistes créateurs<br />

en lumières. Pour l’occasion, les<br />

traditionnelles illuminations de Noël<br />

sont remplacées par des œuvres<br />

lumineuses contemporaines.<br />

Janvier<br />

24<br />

Mani Matter croise Brassens<br />

Espace noir, Saint-Imier, 20 h.<br />

La musicienne Heidi Kipfer jette des<br />

ponts entre les compositions en dialecte<br />

du Bernois Mani Matter et l’icône<br />

de la chanson française Brassens.<br />

Un événement pour petits et grands.<br />

Février<br />

8<br />

Découvrez les légumes racine<br />

Jardin aux 1000 mains, Rovéréaz, 10 h.<br />

Partir à la découverte des plantes sauvages<br />

près de chez nous et les récolter<br />

(en hiver, sous forme de racine). Un<br />

atelier de cuisine permet d’apprendre<br />

à les préparer.<br />

jusqu’au 9<br />

Rétrospective du dessin<br />

de presse<br />

Morges, Maison du Dessin de Presse<br />

Une revue en plus de 250 dessins avec<br />

des artistes suisses qui viendront parler<br />

avec vous des temps forts : grève<br />

des femmes, jeunes pour le climat…<br />

un manifeste pour le dessin de presse.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Hans Hollenstein préside la Commission fédérale de la Poste<br />

employeurs<br />

(PostCom) depuis 2012. Après des études d’économie à<br />

l’Université de Berne, il a exercé des fonctions de cadre chez<br />

Axa-Winterthur. De 2005 à 2011, il a fait partie du Conseil<br />

d’Etat zurichois.<br />

1<br />

Après sept ans passés à la présidence<br />

de PostCom et au moment de vous<br />

retirer, quel bilan faites-vous de la<br />

situation globale de La Poste ?<br />

La Poste a été distinguée comme<br />

meilleure poste du monde pour la<br />

troisième fois consécutive, elle remplit<br />

et dépasse tous les critères qui<br />

lui sont imposés par la loi et l’ordonnance.<br />

Mais La Poste est confrontée à<br />

la compétition et à de grands défis,<br />

notamment en ce qui concerne le<br />

service universel et son financement<br />

à l’avenir.<br />

2<br />

Les exigences minimales introduites<br />

en 2019 pour les entreprises sans<br />

CCT ont-elles évité les risques de<br />

sous-enchère salariale ?<br />

Oui, nous constatons que les standards<br />

minimaux constituent une<br />

protection efficace contre la sousenchère<br />

salariale et qu’un nombre<br />

important d’employés profite maintenant<br />

– aussi par le biais des partenaires<br />

sociaux – de standards plus<br />

élevés.<br />

3<br />

En fixant un salaire minimum de<br />

18.27 francs dans la logistique,<br />

n’avez-vous pas au contraire favorisé<br />

cette sous-enchère ?<br />

PostCom est compétente seulement<br />

pour le secteur postal. En introduisant<br />

ces standards, nous n’avons en<br />

aucune manière favorisé la sousenchère<br />

salariale, tout au contraire.<br />

Nous contribuons à éviter le précariat<br />

et protégeons les personnes les plus<br />

vulnérables qui ne jouissent pas<br />

d’une CCT. Par ailleurs, la PostCom<br />

contrôle le respect des conditions de<br />

travail et sanctionne quand il y a lieu.<br />

4<br />

Que pensez-vous des nouveaux<br />

concurrents apparus récemment sur<br />

le marché ?<br />

La PostCom suit les développements<br />

sur les marchés postaux de très près<br />

et vérifie pour tout nouveau type de<br />

prestataire s’il tombe ou non sous la<br />

législation postale. Il est essentiel<br />

d’assurer une égalité de traitement<br />

entre toutes les entreprises présentes<br />

sur un marché postal.<br />

5<br />

Le nombre d’offices de poste (1078)<br />

était fin 2018 presque équivalent au<br />

nombre d’agences postales (1061).<br />

Quelle est la situation fin 2019 ?<br />

Fin 2019, il y aura plus d’agences que<br />

d’offices de poste. Le processus de<br />

transformation se poursuit, mais il<br />

faut aussi dire que les agences offrent<br />

également des avantages, comme<br />

par exemple des heures d’ouverture<br />

élargies.<br />

6<br />

Le réseau des agences est-il amené à<br />

davantage se former pour améliorer<br />

la qualité du service ?<br />

En effet, c’est une de nos revendications<br />

parmi d’autres figurant dans<br />

notre rapport annuel. Il y a lieu en<br />

particulier d’obliger La Poste à adopter<br />

un système d’assurance-qualité<br />

pour les agences postales.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photo : PostCom


L’invité<br />

Je viens de passer quelques jours<br />

avec 23 étudiants du Master en journalisme à<br />

Neuchâtel pour un cours sur les principes de<br />

notre métier. Des esprits vifs, de bonnes questions<br />

: une très bonne volée qui se retrouvera<br />

dans 18 mois dans les rédactions romandes.<br />

Mais je me suis interrogé à voix haute : combien,<br />

dans dix ans, seront encore journalistes, et<br />

combien seront devenus communicants ? Il y<br />

a eu des moues de dégoût : tous rêvent d’enquêtes<br />

et de reportages. On m’a demandé la<br />

différence. J’ai dit : « Les journalistes travaillent<br />

pour la vérité et la démocratie, les communicants<br />

pour leur entreprise. »<br />

C’est un peu court. Certains journalistes ont<br />

d’autres motivations et le travail de certains<br />

communicants est vraiment d’intérêt public.<br />

Néanmoins, les principes du cours (recherche<br />

de la vérité, distance avec les acteurs, servir<br />

les intérêts du citoyen) ne s’appliquent pas à<br />

la com.<br />

Au pif, je dirais que deux tiers finiront leur carrière<br />

dans la com. Prenez les universités. Pour<br />

un livre, Urs Hafner a compté 179 communicants<br />

pour 12 institutions. Quatre fois plus que dans<br />

les années 80. L’UNIGE et l’ETHZ arrivent en tête<br />

avec 25 postes mais rapporté au nombre d’étudiants,<br />

c’est l’EPFL qui rafle la mise. Urs a souvent<br />

entendu : « Les médias ne font plus leur<br />

travail, on doit le faire nous-mêmes. » De fait,<br />

les <strong>magazine</strong>s des universités sont meilleurs<br />

que certains titres des grands groupes suisses<br />

de presse. Pareil dans la culture, l’économie. Et<br />

combien de journalistes spécialisés santé face<br />

aux armadas de com des hôpitaux, assurances<br />

et pharmas ? Une fraction.<br />

La morale de l’histoire ? Journalistes, au boulot !<br />

Si les lecteurs ne font plus la différence entre le<br />

journalisme et la com, c’est à vous de la démontrer,<br />

dans les médias traditionnels ou dans les<br />

jeunes pousses comme la mienne, qui tentent<br />

de forcer le destin. Le balancier reviendra un<br />

jour dans l’autre sens.<br />

Rares journalistes,<br />

pluie de communicants<br />

Serge Michel, 50 ans, a grandi à Yverdonles-Bains<br />

(VD). Il est cofondateur et<br />

directeur éditorial du nouveau média<br />

suisse Heidi.news. Il a été directeur adjoint<br />

des rédactions du Monde et rédacteur<br />

en chef du Monde Afrique. Il publie<br />

ses premiers reportages en 1989 dans<br />

le Journal de Genève. En 2001, il obtient<br />

le prix Albert Londres pour ses reportages<br />

en Iran, où il a vécu quatre ans comme<br />

correspondant pour Le Figaro et Le Temps,<br />

dont il sera plus tard rédacteur en chef<br />

adjoint. En 2005, alors à L’Hebdo, il fonde<br />

le Bondy Blog en banlieue parisienne.<br />

Serge est l’auteur de plusieurs livres sur<br />

l’Iran, les Chinois en Afrique, l’Irak et<br />

l’Afghanistan.<br />

7


Franziska Ryser, Verts/St-Gall, à<br />

gauche, et Valentine Python, Verts/<br />

Vaud, à la journée d’introduction des<br />

nouveaux parlementaires au Palais<br />

fédéral. Derrière Marionna Schlatter-<br />

Schmid, Verts/Zurich et Christine<br />

Badertscher, Verts/Berne, et en vert<br />

Manuela Weichelt-Picard, Verts/Zoug.


Les appuis et les adversaires des syndicats aux Chambres<br />

Ce que <strong>syndicom</strong> attend d’un Parlement rajeuni et féminisé<br />

Le shopping des parlementaires et leurs juteux mandats<br />

Le contrôle défaillant des liens d’intérêts autodéclarés<br />

Dossier 9<br />

Nos<br />

forces au<br />

Parlement


10 Dossier<br />

« L’avenir nous dira où ce nouveau Parlement,<br />

plus jeune et plus vert, fixera ses valeurs. »<br />

Le président de Syndicom Daniel Münger parle<br />

du rôle des femmes dans les syndicats et des<br />

thèmes politiques qu’il s’agira de soutenir dans<br />

ce Parlement renouvelé.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photos : Yoshiko Kusano<br />

Daniel Münger, en tant que président de <strong>syndicom</strong>, que<br />

penses-tu de ce nouveau Parlement ? Le nombre plus important<br />

de Verts et de femmes permettra-t-il aux syndicats<br />

de mieux travailler en sa compagnie ?<br />

La redistribution des richesses, la transformation de<br />

notre économie, l’avenir numérique et les défis sociaux<br />

relèvent des choix de positions que l’on prend vis-à-vis de<br />

certaines valeurs. L’avenir nous montrera où le nouveau<br />

Parlement se positionnera à cet égard.<br />

Corrado Pardini et Adrian Wüthrich (PS, BE) doivent<br />

partir, mais de nombreuses femmes représentent maintenant<br />

les opinions des syndicats : Tamara Funiciello<br />

d’Unia, Samira Marti (PS, BL), présidente du SSP Région<br />

Bâle, Edith Graf-Litscher (PS, TG), secrétaire du SEV, ou<br />

Katarina Prelicz-Huber (Verts, ZH), présidente SSP et<br />

membre du comité présidentiel de l’USS. Le moment estil<br />

venu pour les femmes de jouer un rôle plus important<br />

également au sein des syndicats ?<br />

Depuis longtemps déjà, les femmes jouent un rôle<br />

significatif dans les syndicats, et à juste titre. En ce qui<br />

concerne les questions politiques clés, telles que la<br />

protection des salaires dans les accords bilatéraux,<br />

nous avons besoin de leur voix forte.<br />

Il faut également tenir compte de la réélection de Barbara<br />

Gysi (PS, SG) et d’Irene Kälin (Verts, AG), qui président<br />

les Unions syndicales des cantons de St-Gall et d’Argovie.<br />

L’augmentation de la part des femmes contribuera-t-elle<br />

à intensifier le débat sur certains sujets ? Lesquels ? Et<br />

<strong>syndicom</strong> soutient-il ces projets ?<br />

Il faut espérer que des sujets tels que l’égalité, la conciliation<br />

de la vie familiale et professionnelle, la question<br />

des rentes, pour n’en citer que quelques-uns, gagneront<br />

en importance à l’avenir. <strong>syndicom</strong> s’engage pour ces<br />

thèmes et les défend.<br />

<strong>syndicom</strong> va-t-il s’impliquer davantage pour les<br />

questions climatiques ? Et comment ?<br />

<strong>syndicom</strong> s’engagera avec détermination pour une transformation<br />

de notre économie et de notre société. A cet<br />

égard, il sera décisif que les salarié(e)s ne paient pas les<br />

pots cassés, soit le prix de la transformation écologique.<br />

« Les salariés<br />

ne paieront pas<br />

le prix de la<br />

transformation<br />

écologique. »<br />

Les adversaires<br />

L’UDC reste bien sûr au premier rang des adversaires de la<br />

politique syndicale en Suisse. Il suffit de se souvenir de son<br />

affiche de campagne pour les élections fédérales d’automne.<br />

On y voyait une pomme grignotée par des vers figurant ses<br />

adversaires politiques. « La gauche et les gentils doivent-ils<br />

détruire la Suisse ? », interpelait cette affiche d’un goût douteux.<br />

Dépeindre ses adversaires politiques sous la forme de<br />

vermine rappelait les méthodes utilisées par l’Allemagne<br />

nazie pour déshumaniser les juifs. Mais le conseiller national<br />

Albert Rösti expliquait qu’elle visait à dénoncer les menaces<br />

planant sur le pays, comme l’accord-cadre avec l’UE et les<br />

« excès du débat sur le climat ». Rappelons que les syndicats<br />

sont opposés à l’accord-cadre sous sa forme actuelle, faisant<br />

des mesures d’accompagnement une ligne rouge à ne pas<br />

dépasser.<br />

Le président de l’USS Pierre-Yves Maillard estime qu’il y a<br />

désormais de fortes tendances, à la fois chez certains employeurs<br />

et chez les partis de droite, à ne plus du tout négocier<br />

avec les partenaires sociaux. Il a déclaré au journal Work<br />

que la conseillère nationale UDC Magdalena Martullo-Blocher<br />

en avait donné les prémisses lors d’une conférence de presse<br />

en 2017. Elle s’est positionnée comme opposée aux salaires<br />

minimaux, aux conventions collectives et à la protection des<br />

salaires lors des mesures d’accompagnement à la libre circulation<br />

des personnes. Elle estime que ces mesures ont conféré<br />

aux syndicats « un pouvoir disproportionné ». Ce faisant,<br />

certains des membres de l’UDC fouleraient aux pieds les vieux<br />

principes helvétiques qui ont pourtant été fixés par les partis<br />

bourgeois : ne pas régler les progrès sociaux dans la loi, mais<br />

lors de discussions avec les partenaires sociaux.<br />

Thomas Aeschi a même été plus loin en critiquant le partenariat<br />

social dans son ensemble. Il accuse les associations<br />

patronales et les syndicats de s’enrichir sur le dos des<br />

employeurs et des employés en concluant de nouvelles<br />

conventions collectives de travail.<br />

Unia, de son côté, est résolument contre l’initiative de l’UDC<br />

contre la libre circulation, dans laquelle elle voit une attaque<br />

contre les mesures d’accompagnement. Cette initiative « met<br />

en péril la protection des salaires, sape nos conventions collectives<br />

de travail et fait de nos collègues sans passeports<br />

suisses des boucs émissaires », estiment les délégués d’Unia.<br />

Même parmi les nouveaux conseillers nationaux, comme<br />

l’ UDC Jean-Pierre Gallati (AG), les tendances à favoriser la<br />

liberté économique plutôt que l’aide de l’Etat (cette fois-ci<br />

s’agissant des médias) en font, là encore, un adversaire des<br />

positions syndicales.


Adrian Wüthrich, ancien conseiller<br />

national (PS/Berne), Thomas Hardegger,<br />

ancien conseiller national (PS/ZH),<br />

Katharina Prelicz-Huber (Verts/ZH),<br />

Martin Naef, ancien conseiller national<br />

(PS/ZH) et Claude Janiak, ancien conseiller<br />

aux Etats (PS/Bâle-Campagne).<br />

Les rentes très basses des femmes dans le deuxième<br />

pilier et l’AVS constituent-elles aussi un enjeu de taille ?<br />

Et comment <strong>syndicom</strong> compte-t-il gagner la lutte ?<br />

La question des rentes est essentielle pour les syndicats.<br />

Le lancement d’une 13 e rente de vieillesse décidée au<br />

congrès de l’USS et le renforcement du 1 er pilier qui lui<br />

est associé sont un pas dans cette direction.<br />

Les syndicats n’abandonneront jamais leur lutte pour de<br />

bonne rentes.<br />

Le 14 juin, les femmes ont aussi soulevé la question de<br />

leurs salaires trop bas. Comment <strong>syndicom</strong> s’engagera-t-il<br />

à ce niveau ?<br />

Depuis des années, <strong>syndicom</strong> débat de l’égalité salariale<br />

chez nos partenaires sociaux. Il en a résulté quelques<br />

améliorations dans nos CCT. <strong>syndicom</strong> continuera inlassablement<br />

à débattre non seulement de l’égalité salariale<br />

mais aussi de tous les bas salaires, et à mener la<br />

lutte syndicale pour défendre ces thèmes.<br />

Quels seront les sujets les plus importants pour <strong>syndicom</strong><br />

durant cette législature des Chambres fédérales,<br />

soit jusqu’en 2023 ?<br />

Notre législature à <strong>syndicom</strong> dure jusqu’au prochain<br />

congrès en 2021. En interne, nos priorités sont le développement<br />

des effectifs de membres, l’équilibre financier,<br />

notre réseau de personnes de confiance. Dans le domaine<br />

de la politique syndicale, de nombreux défis nous<br />

attendent, tels que les accords bilatéraux avec l’UE et la<br />

protection salariale qui y est associée, le service public,<br />

la numérisation, la réduction du temps de travail ou encore<br />

le développement de nos conventions collectives de<br />

travail.<br />

Est-il important que le président de l’USS Pierre-Yves<br />

Maillard et le Valaisan Mathias Reynard (PS), président<br />

de l’Union syndicale valaisanne, puissent désormais<br />

soutenir nos revendications au Conseil national ?<br />

Plus la voix des syndicats sera entendue au Parlement,<br />

plus nous en profiterons. Surtout en ce qui concerne les<br />

mesures d’accompagnement des accords bilatéraux, le<br />

service public, la question des rentes, mais aussi l’avenir<br />

numérique de la Suisse.<br />

La défense du service public à La Poste est également<br />

préoccupante. Quels parlementaires soutiendraient le<br />

plus <strong>syndicom</strong> et quelles personnes vont mettre des<br />

bâtons dans les roues ?<br />

Le service public n’est pas un enjeu à La Poste seulement.<br />

La classe politique est appelée à constituer un<br />

service public moderne et orienté sur l’avenir pour notre<br />

société, dans tout le pays. <strong>syndicom</strong> reconnaît depuis<br />

longtemps cette exigence et l’a soutenue par des revendications<br />

lors de notre dernier congrès. Les revendications<br />

qui y ont été adoptées servent de modèle syndical pour<br />

un service public moderne à l’ère du numérique – dans<br />

toute l’Europe. Il s’agit avant tout de stopper les tendances<br />

persistantes à la libéralisation et à la déréglementation<br />

et de convaincre le Parlement de nos revendications.<br />

Un Vert ou une Verte au Conseil fédéral. Qu’en pense<br />

<strong>syndicom</strong>?<br />

<strong>syndicom</strong> n’a pas encore abordé cette question au sein<br />

de ses organes. Je suis d’avis que le Conseil fédéral doit<br />

refléter les forces politiques du Parlement.<br />

« Nous, syndicats,<br />

n’abandonnerons<br />

jamais la lutte pour<br />

de bonnes rentes. »


12 Dossier<br />

Les appuis<br />

Cela fut l’élection de tous les records : jamais un parti n’avait<br />

remporté 17 sièges d’un coup comme l’ont fait les Verts au<br />

Conseil national, ce qui porte leur moisson à 28 sièges. Les<br />

Verts libéraux, de leur côté, ont seize sièges. Et jamais un<br />

parti n’avait perdu 12 sièges comme l’a fait l’UDC. La grève<br />

des femmes et celle du climat ont rendu le paysage politique<br />

suisse plus volatil que jamais, puisque 58 sièges ont changé<br />

d’appartenance partisane, du jamais vu.<br />

Le Conseil national reste toutefois dominé par une majorité<br />

bourgeoise, puisque la force de l’UDC (25, 6 %), à laquelle<br />

s’ajoute celle du PLR (15, 1 %) et celle du PDC (11,4 %) l’emportent<br />

sur celle des Verts et des Socialistes, qui ont perdu<br />

des plumes (16, 8 %). Cela signifie pour les nouveaux élus la<br />

nécessité de trouver des alliances pour remporter des combats<br />

politiques. Et cela tombe bien. Car si l’USS a déploré la<br />

non-réélection de Corrado Pardini (Soc/BE), membre du comité<br />

directeur d’Unia, « personnalité de grande qualité et dont<br />

le bilan est excellent », deux Romands, locomotives électorales<br />

séduisant bien au-delà de leur propre parti, défendront<br />

les combats syndicaux au Parlement. L’un est le président de<br />

l’Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard (Soc/VD), un des<br />

auteurs du compromis entre patrons (UPS) et syndicats (USS,<br />

Travail.Suisse) consistant à baisser le taux de conversion de<br />

la prévoyance professionnelle à 6 %, en échange d’une meilleure<br />

couverture des salariés à temps partiel et d’un moindre<br />

coût des cotisations des seniors. Et le second est le président<br />

de l’Union syndicale valaisanne Mathias Reynard, très<br />

engagé sur l’égalité femmes-hommes, les conditions de travail<br />

des salariés et la défense des services publics (Poste,<br />

transports publics) ainsi que la lutte contre l’homophobie.<br />

Parmi les femmes, outre Tamara Funiciello, féministe qui<br />

fut secrétaire syndicale à Unia et que vous découvrez dans ce<br />

numéro en p.22, il faudra suivre la présidente du SSP bâlois<br />

Samira Marti, très engagée pour la justice sociale et le féminisme<br />

(Soc/BL), la secrétaire du SEV Edith Graf-Litscher (PS/<br />

TH) qui s’engage notamment pour le service public dans le<br />

domaine des transports. Pour Katarina Prelicz-Huber (Verts/<br />

ZH), présidente du SSP et membre du comité présidentiel de<br />

l’USS, l’élection au Conseil national montre que les forces<br />

progressistes et de gauche se sont étoffées, renforçant la<br />

voix des salariés au Parlement. Elle aussi plaide pour une réforme<br />

de la prévoyance vieillesse bénéficiant tout particulièrement<br />

aux femmes, dont les salaires doivent être réévalués,<br />

particulièrement dans certains métiers « féminins ». S’étant<br />

particulièrement engagé sur le plan cantonal pour la préservation<br />

du partenariat social dans la fonction publique, le Vert<br />

Fabien Fivaz (NE) pourrait être un appui intéressant, tout<br />

comme les avocats spécialistes de la défense des travailleurs<br />

Christian Dandrès (PS/GE) ou le Neuchâtelois Baptiste Hurni<br />

(PS).<br />

Parmi les réélus, il faut citer Barbara Gysi (PS/SG), présidente<br />

de l’Union syndicale de ce canton, qui s’engage pour<br />

l’égalité salariale et une meilleure reconnaissance du travail<br />

de care, et Irène Kälin (Verts/AG), présidente de l’Union syndicale<br />

argovienne et favorable au congé parental. Elle plaide<br />

pour un monde digital qui prenne en compte l’humain et soit<br />

construit avec lui, ainsi qu’une meilleure conciliation travail-famille.<br />

Enfin, au Conseil des Etats, on pourra compter sur la réélection<br />

de Paul Rechsteiner (Soc/SG), ancien président de<br />

l’USS, engagé dans des combats sociaux (internements administratifs),<br />

mais aussi pour la protection des salaires et des<br />

rentes ainsi que des primes maladie supportables. Celle qui<br />

fait sensation est la Tessinoise Marina Carobbio, fille d’une figure<br />

du socialisme tessinois, Werner Carobbio et première<br />

femme tessinoise socialiste à entrer au Conseil des Etats.<br />

Pierre-Yves Maillard, président<br />

de l’USS et conseiller national<br />

(PS/Vaud) et Paul Rechsteiner,<br />

ancien président de l’USS et<br />

conseiller aux Etats (PS/St-Gall).


Dossier<br />

Voilà comment le capital régit<br />

discrètement la politique.<br />

13<br />

Le « shopping des parlementaires » a commencé.<br />

Est-ce déjà de la corruption ? Ou encore du<br />

lobbying ? Il est urgent que la Suisse dispose<br />

de règles efficaces en matière de financement<br />

politique.<br />

La conseillère nationale Regula Rytz<br />

(Verts/Berne) et la conseillère aux<br />

Etats Céline Vara (Verts/Neuchâtel).<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Photos : Yoshiko Kusano<br />

Le nouveau Parlement est en place. En ce début de soirée<br />

du 20 octobre, la chasse des lobbyistes a commencé. Ils<br />

l’appellent le « shopping des parlementaires » : 68 nouveaux<br />

élus doivent être amenés à représenter avec force les<br />

intérêts et souhaits des banques, entreprises et associations<br />

; les parlementaires réélus doivent être quant à eux<br />

fidélisés.<br />

Depuis, on s’empresse de banqueter et de dîner – le<br />

plus discrètement possible. Des réseaux doivent être réorganisés.<br />

Les dossiers concernant des candidat(e)s approprié(e)s<br />

sont prêts depuis longtemps, par exemple auprès<br />

de l’association faîtière Economiesuisse, qui a récemment<br />

contrôlé, dans son groupe parlementaire, plus de la<br />

moitié des « représentant(e)s du peuple » élu(e)s. Dans les<br />

conseils d’administration (CA), des sièges parfois grassement<br />

payés sont préparés pour les politicien(ne)s. Et faute<br />

d’un mandat au conseil d’administration, un contrat de<br />

consultant fait aussi l’affaire. 3274 mandats de type divers<br />

ont été dénombrés par l’organisation indépendante Lobbywatch.ch<br />

pour les 246 membres de l’Assemblée fédérale<br />

(dans son ancienne composition). En réalité, il devrait y en<br />

avoir nettement plus, car le chiffre s’appuie sur les autodéclarations<br />

des élu(e)s. Lesquelles ne sont toutefois pas<br />

vérifiées. En 2018, le Beobachter rapportait ainsi que le politicien<br />

PBD Lorenz Hess n’avait révélé que neuf de ses<br />

21 mandats – et gardé sous silence son rôle dans le groupe<br />

d’assurance Visana, pour lequel il a reçu plus de<br />

100 000 francs.<br />

Le parlementaire est le meilleur lobbyiste qui soit<br />

Pas de doute possible : la machine politique suisse est<br />

bien huilée. Des centaines d’agents d’influenceurs disposent<br />

de moyens suffisants pour récompenser les faveurs<br />

des élus(e)s par des dons, de l’argent et des honoraires<br />

versés pour des consultations réelles et fictives, des<br />

déplacements et frais, crédits et autres avantages.<br />

Tout est bien huilé et organisé à la perfection. Autour<br />

d’une tasse de café à l’Hôtel Bellevue à Berne, un parlementaire<br />

UDC fraîchement élu raconte comment un collègue<br />

de parti et un lobbyiste d’assurance l’ont poussé, lui<br />

et d’autres nouveaux venus, à accepter, aussi pour les années<br />

à venir, une composition favorable aux assurances de<br />

la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique<br />

(CSSS), un bastion de l’UDC.<br />

Les commissions sont au cœur de la politique suisse.<br />

Les lois et dispositions, qui y sont établies lors de réunions<br />

non publiques, sont celles qui valent. Le Plénum<br />

modifie parfois encore des nuances, mais un conseil ne<br />

revient que rarement sur ce qu’une commission a préparé.<br />

On y veille par la pression des lobbyistes et les accords<br />

informels passés en coulisse dans des « groupes d’intérêt<br />

», « groupes d’action » et « groupes de réflexion ».<br />

Tout comme la Commission de l’économie et des redevances<br />

(CER), la CSSS n’est pas uniquement un organisme<br />

particulièrement important pour le quotidien et la sécurité<br />

sociale des citoyen(ne)s, mais aussi un cas flagrant :<br />

pendant la législature 2015-2019, les membres de la commission<br />

ayant un mandat direct de la branche des assurances<br />

y avaient « la majorité absolue », comme le note<br />

Martin Hilti, directeur de Transparency International en<br />

Suisse. Transparency, une organisation non gouvernementale,<br />

combat la corruption dans le monde entier.<br />

Rien d’étonnant, dès lors, si les groupes d’assurance<br />

ont le champ libre pour démonter les assurances sociales<br />

en faveur des assureurs privés. D’où une explosion exorbitante<br />

des primes et bien davantage encore. La volonté des<br />

citoyen(ne)s ne joue plus aucun rôle, car, comme le décrit<br />

le conseiller aux Etats appenzellois Andrea Caroni, il est<br />

devenu normal que « les parlementaires et lobbyistes ne<br />

fassent plus qu’un ».<br />

Il est devenu normal<br />

que « les parlementaires<br />

et lobbyistes ne<br />

fassent plus qu’un ».


14<br />

Dossier<br />

« La Suisse est le seul pays d’Europe qui n’a pas<br />

réglementé le financement de la politique. »<br />

Jusqu’à 30 mandats d’administrateurs<br />

En Suisse, l’argent gouverne – et de façon débridée. Cela<br />

vaut pour le Parlement, pour le financement des partis,<br />

pour les élections et pour les campagnes de votation. La<br />

Suisse est le « seul pays d’Europe qui n’a pas réglementé<br />

sur le plan national le financement de la politique », déclare<br />

l’expert anticorruption, M. Hilti. Pour lui, il s’agit<br />

d’un « déficit démocratique flagrant ».<br />

Les partis sociaux-démocrates, la gauche et les Verts<br />

ont certes tenté à plusieurs reprises d’instaurer la transparence,<br />

l’équité et la démocratie par des interventions,<br />

mais les parlementaires bourgeois ont régulièrement réduit<br />

à néant leurs efforts. Ils ont veillé à ce que l’influence<br />

des lobbyistes augmente même fortement au cours de la<br />

dernière décennie. Leur intrigue est tout simplement trop<br />

profitable.<br />

Les bourgeois avancent volontiers l’argument facile de<br />

la démocratie directe : l’argent ne permet pas d’acheter un<br />

siège au Parlement, encore moins une votation. Des<br />

études montrent toutefois, dans des douzaines de cas,<br />

qu’il existe un lien entre les moyens alloués et le résultat.<br />

Et l’investissement massif d’argent fourni par les entreprises<br />

et leurs lobbies contredit à lui seul leur thèse.<br />

Pour le compte du conseiller national PS Cédric Wermuth,<br />

deux journalistes, financés par un crowdfunding,<br />

ont effectué des recherches poussées sur les flux financiers<br />

(Lobbyreport 2019) : pour les seules branches des assurances/caisses<br />

maladie et banques/finance, ils ont apporté<br />

la preuve que des dons à hauteur de 26 millions de<br />

francs ont été versés aux parlementaires – dont 96 % aux<br />

représentant(e)s de l’UDC, du PLR et du PDC. Certains<br />

conseillers et conseillères cumulent jusqu’à 30 mandats<br />

d’administrateurs. Des modèles de calcul montrent qu’un<br />

bon demi-milliard de francs pourrait avoir circulé de<br />

l’économie aux politicien(ne)s pour la période 2015-2019.<br />

Sans compter les campagnes de votation coûteuses.<br />

Est-ce déjà de la corruption ou encore du lobbying ? Le<br />

fait que des groupes sociaux s’engagent pour leurs intérêts<br />

fait partie intégrante de la démocratie. Mais ces flux<br />

financiers et tous les autres moyens utilisés doivent être<br />

rendus publics pour tous les citoyen(ne)s. Et il faut des<br />

règles contraignantes pour que les groupes d’intérêt disposent<br />

de conditions équivalentes.<br />

De l’utilité de l’empreinte législative<br />

Au début de l’année, Transparency International Suisse<br />

(TI Suisse) a examiné « Le lobbying en Suisse » de manière<br />

approfondie dans une étude différenciée (Influences cachées,<br />

intérêts croisés, accès privilégié: transparency.ch/fr/<br />

category/publikation). Les militants anticorruption formulent<br />

dix conditions impératives pour un lobbying compatible<br />

avec la démocratie, notamment des obligations<br />

d’informer étendues, des registres et contrôles ad hoc,<br />

ainsi que des commissions et organes équilibrés. Et des<br />

processus politiques transparents. Martin Hilti déclare :<br />

« Dans le processus législatif, seules deux phases sont<br />

transparentes : la consultation et les débats en assemblées<br />

plénières. Mais la transparence nécessite de<br />

connaître l’entière empreinte législative, soit toutes les<br />

influences qui se sont exercées durant ce processus. »<br />

Dans les faits, les moments décisifs de la législation et<br />

les décisions du Conseil fédéral se déroulent dans une<br />

sorte de chambre noire, où l’administration, les lobbies et<br />

les politicien(ne)s complotent. Il arrive que les groupes<br />

d’intérêt rédigent des textes législatifs entiers ou les bricolent<br />

– sans que personne n’en sache rien. Ce fut le cas<br />

avec la réforme de l’imposition des entreprises II, qui est<br />

devenue une « arnaque à milliards » suite aux interventions<br />

des lobbyistes. Et les politicien(ne)s lobbyistes font<br />

passer cela en force via les commissions.<br />

Le peuple souverain pourrait bientôt apporter de la lumière<br />

dans la chambre noire. En décembre, l’initiative sur<br />

la transparence en matière de financement politique a été<br />

déposée au Parlement. Elle promet d’avoir de bonnes<br />

chances devant le peuple.<br />

transparency.ch<br />

Initiative populaire : https://transparenz-ja.ch/fr/<br />

Photos<br />

La photographe bernoise Yoshiko Kusano, accréditée de<br />

longue date au Palais fédéral, suit depuis les années 2000<br />

ce qui se passe sous la coupole fédérale. Elle a imaginé ce<br />

reportage dans les coulisses du Parlement, en profitant de la<br />

journée d’introduction pour les nouveaux parlementaires, de<br />

moments pris au Café des Alpes au sein du Palais, d’images<br />

prises hors des sessions et de la conférence de presse des<br />

Verts annonçant la candidature de Regula Rytz au Conseil<br />

fédéral.<br />

Yoshiko Kusano a exposé plusieurs fois dans le cadre du prix<br />

de la photo graphie du canton de Berne. Après un apprentissage<br />

de photographe de mode dans l’atelier de Guy Jost à<br />

Berne, elle est photographe de presse et de reportage en<br />

freelance depuis 2007. Elle est bien connue des lecteurs de<br />

<strong>syndicom</strong> Magazine où paraissent souvent ses portraits et<br />

reportages. L’an dernier, elle a réuni plusieurs femmes photographes<br />

pour un travail autour de la grève des femmes.<br />

Elle mène aussi des projets plus personnels, comme le livre<br />

Bordelle paru en 2015 consacré aux lieux où les femmes se<br />

vendent. Son site : https://www.yoshikokusano.com/


Le Parlement, plus vert, plus jeune, plus féminin<br />

Force des partis au Conseil national: 2019<br />

Indications en pour cent<br />

PLR 15,1 %<br />

PS 16,8 %<br />

Les Verts<br />

13,2 %<br />

PDC 11,4 %<br />

UDC 25,6 %<br />

Source: ofs.admin.ch<br />

Vert’libéraux<br />

7,8 %<br />

Autres 4,5 %<br />

PBD 2,5 %<br />

PEV 2,1 %<br />

UDF 1 %<br />

45,1 %<br />

Taux de participation<br />

Âge moyen des 200 membres<br />

du Conseil national<br />

Taux de participation plus bas que<br />

les années précédentes<br />

2007<br />

2011<br />

2015 2019 2007 2011 2015 2019<br />

51,4 50,2 50,3 49 48,3 % 48,5 % 48,41 % 45,1 %<br />

Source: ats<br />

Source: Office fédéral de la statistique, gfs.bern<br />

Les plus jeunes en 2019<br />

Les Verts<br />

44,8 ans<br />

Conseil des Etats. Nombre de sièges en 2019<br />

et évolution par rapport à 2015<br />

Lega<br />

PS<br />

Vert’libéraux<br />

45 ans<br />

47,1 ans<br />

48 ans<br />

Les Verts<br />

PS<br />

5<br />

9<br />

+4<br />

–3<br />

Source: ats<br />

PDC<br />

0<br />

Il n’y a jamais eu autant de femmes au Conseil national<br />

13<br />

2019<br />

PLR<br />

–3<br />

2011<br />

2015<br />

12<br />

29 %<br />

32 %<br />

42 %<br />

UDC<br />

Autres<br />

1<br />

6<br />

+1<br />

–1<br />

Source: ofs.admin.ch<br />

Source: ofs.admin.ch<br />

Part des femmes à la Chambre basse du Parlement<br />

Elections 2019, en pour cent<br />

15<br />

42 %<br />

6<br />

47,4 %<br />

2<br />

53,2 %<br />

1<br />

61,3 %<br />

3<br />

53,1 %<br />

19<br />

39,7 %<br />

Suisse<br />

Source: Union Interparlementaire<br />

Espagne<br />

Cuba Rwanda Bolivie France


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

La flexibilité doit avoir<br />

un prix<br />

Les employés<br />

peinent à<br />

planifier leur<br />

temps libre.<br />

(© Elnur Amikishiyev)<br />

Tu es affecté en dernière minute à une<br />

autre équipe. On te demande la veille<br />

de travailler le jour suivant et tu acceptes<br />

par loyauté envers ta collègue.<br />

Au lieu des deux samedis par mois<br />

convenus, tu te mets exceptionnellement<br />

trois samedis à disposition. Le<br />

message WhatsApp de ton supérieur<br />

te parvient tôt le matin avant le début<br />

de ton service. Nous connaissons ces<br />

situations qui finissent par devenir<br />

normales dans notre profession. Les<br />

employeurs demandent à leurs employé(e)s<br />

d’être de plus en plus<br />

flexibles. Or ceux-ci peinent à planifier<br />

leur temps libre et ont du mal à récupérer.<br />

Faut-il donc accepter parce<br />

que c’est dans l’air du temps? Non.<br />

Car notre flexibilité est au service de<br />

l’employeur. Elle lui permet d’économiser<br />

de l’argent. Dans le jargon technique,<br />

on parle de coûts d’opportunité.<br />

Et ces coûts ne doivent pas être<br />

répercutés uniquement sur les salarié(e)s.<br />

Les syndicats doivent s’engager<br />

en ce sens, que ce soit au niveau<br />

juridique ou via le partenariat social.<br />

La flexibilité doit être indemnisée, elle<br />

doit avoir un prix. Matthias Loosli<br />

<strong>syndicom</strong> doit<br />

être représenté<br />

au Parlement<br />

Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC<br />

et membre du comité directeur<br />

Les élections fédérales sont terminées.<br />

Les quatre prochaines années<br />

montreront si la vague verte et féministe<br />

influencera les décisions du nouveau<br />

Parlement. Car à y regarder de<br />

plus près, nous constatons que les rapports<br />

de majorité n’ont pas sensiblement<br />

changé. Les partis bourgeois dominent<br />

toujours, tant au Conseil<br />

national qu’au Conseil des Etats.<br />

Lors de ces élections, <strong>syndicom</strong> a<br />

perdu d’importants points de référence<br />

du partenariat social, à gauche,<br />

mais aussi parmi les partis bourgeois.<br />

Ces élections ont affaibli la poursuite<br />

du partenariat social au Parlement.<br />

Pourquoi ? L’une des raisons est que<br />

les délégué(e)s de <strong>syndicom</strong> ont décidé<br />

de ne pas développer activement<br />

leur présence politique au Parlement,<br />

et ce depuis des années. C’est une erreur<br />

qui doit être corrigée. En tant que<br />

syndicat du service public, nous ne<br />

pouvons en effet pas nous permettre<br />

d’y renoncer.<br />

Depuis plusieurs années, La Poste<br />

et Swisscom connaissent de profondes<br />

mutations résultant de l’évolution du<br />

marché et de la transformation technologique,<br />

mais aussi des objectifs du<br />

Conseil fédéral. En raison de la position<br />

forte que <strong>syndicom</strong> y occupe, il a<br />

besoin d’une représentation politique<br />

forte et d’un réseau au Parlement.<br />

Nous ne pouvons plus laisser le hasard<br />

décider si nous sommes représentés<br />

sur la scène politique dans la Berne fédérale.<br />

En effet, nous devons à nos<br />

membres d’influencer la direction<br />

que doit prendre le service public et<br />

donc l’évolution de La Poste et de<br />

Swisscom.


« Des règles contraignantes pour exploiter les possibilités de<br />

l’IA tout en minimisant les risques associés. » Daniel Hügli<br />

17<br />

L’intelligence artificielle doit être<br />

utilisée pour les humains<br />

Une résolution adoptée par les membres du secteur TIC exige<br />

de former des représentants du personnel pour assurer le droit<br />

de codécision des employés s’agissant des systèmes d’IA.<br />

Le 1 er novembre, à l’issue d’une conférence<br />

nationale de <strong>syndicom</strong>, les<br />

membres du secteur TIC ont adopté<br />

une résolution sur l’intelligence artificielle<br />

(IA). Lors de cette conférence<br />

intitulée « Intelligence artificielle et<br />

éthique », les orateurs et oratrices invités<br />

ont mis en lumière différents aspects<br />

liés à l’IA : genre, protection des<br />

données, droits de l’homme, éthique<br />

et utilisations adéquates.<br />

Pour le progrès et pour les individus<br />

Sur la base des constats de ces présentations,<br />

le secteur TIC a été en mesure<br />

de définir ses positions concernant<br />

l’IA. Nous reconnaissons le potentiel<br />

de l’intelligence artificielle pour le<br />

progrès social, à condition qu’elle soit<br />

utilisée en faveur des individus. C’est<br />

pourquoi nous souhaitons participer<br />

activement au débat, afin que le bienêtre<br />

humain reste au premier plan.<br />

L’interaction entre les humains et<br />

des systèmes d’IA offre l’opportunité<br />

de repenser et de redéfinir la relation<br />

des différents domaines de la vie, notamment<br />

en ce qui concerne une réduction<br />

significative du temps de travail<br />

sans perte de revenu. Afin<br />

d’exploiter les possibilités de l’IA tout<br />

en minimisant les risques qui y sont<br />

associés, <strong>syndicom</strong> compte réglementer<br />

le développement et l’utilisation<br />

des systèmes d’IA d’une manière<br />

contraignante.<br />

La résolution a été adoptée lors de cette<br />

conférence. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

Droit de contester<br />

Nous exigeons dans notre résolution<br />

que la liberté et les droits de l’homme<br />

ainsi que les principes constitutionnels<br />

et démocratiques soient respectés.<br />

En ce qui concerne le développement<br />

de systèmes d’IA, la diversité des<br />

développeurs doit être respectée et<br />

promue. Par ailleurs, une responsabilité<br />

éthique et sociale doit être assumée<br />

dans la conception, le développement,<br />

l’introduction et l’utilisation<br />

des systèmes d’IA. Les systèmes d’IA<br />

doivent être transparents, compréhensibles,<br />

explicables et reconnaissables<br />

comme tels. S’ils concernent<br />

des personnes, celles-ci doivent avoir<br />

le droit de contester leurs décisions et<br />

de les faire examiner par un être humain.<br />

Les armes basées sur des systèmes<br />

d’IA doivent être interdites.<br />

La politique suisse en matière de<br />

données doit comporter des règles<br />

efficaces en matière de sécurité des<br />

données, de protection des données et<br />

de protection de la sphère privée. Afin<br />

d’assurer la codécision de tous les<br />

employé(e)s en ce qui concerne les<br />

systèmes d’IA et le traitement des<br />

données, il s’agit de former en conséquence<br />

des représentant(e)s du personnel<br />

et de les doter de droits de<br />

participation efficaces.<br />

Daniel Hügli<br />

https://bit.ly/2NM2dz3<br />

UNI Global Graphical &<br />

Packaging 2019<br />

Du 21 au 25 octobre s’est tenue à<br />

Tolède (Espagne) la conférence d’UNI<br />

Global Graphical & Packaging, une organisation<br />

qui regroupe les syndicats<br />

actifs dans le secteur des services,<br />

dont aussi <strong>syndicom</strong>. Près d’une centaine<br />

de syndicalistes venus de 42 pays<br />

ont participé à la conférence placée<br />

sous la devise « Notre syndicat lutte ! ».<br />

Le secteur<br />

Depuis des années, le secteur connaît<br />

de profondes transformations, accélérées<br />

par l’évolution technologique.<br />

Néanmoins, le livre électronique ne<br />

perce pas comme annoncé. Même à<br />

l’échelle mondiale, la production<br />

dans le secteur graphique ne diffère<br />

pas beaucoup d’un pays à l’autre.<br />

L’impression de journaux a décliné et<br />

le secteur de l’emballage, en particulier<br />

l’emballage carton, se développe<br />

positivement grâce au commerce en<br />

ligne. Les produits de papier tissu<br />

( papier toilette, papier absorbant,<br />

mouchoirs, lingettes) sont eux aussi<br />

en progression. Le secteur est dominé<br />

par des multinationales : Amcor,<br />

West rock, Srmurfit Kappa, Sofidel,<br />

Kimberly Clark, DS Smith et autres.<br />

La politique de Trump, Bolsonaro, Orban,<br />

Salvini et autres décideurs similaires<br />

est préoccupante, tout comme<br />

la situation en Turquie, en Syrie et<br />

au Chili. La présidente reconfirmée<br />

d’UNI Global, Joaquina Rodriguez, a<br />

déclaré que nous devons non seulement<br />

défendre nos conditions de travail,<br />

mais aussi lutter pour un monde<br />

plus solidaire.<br />

Syndicalistes tués<br />

Parmi les nombreuses mesures prises<br />

dans la lutte pour les droits des travailleurs,<br />

il faut mentionner celles des représentant(e)s<br />

de l’Indonésie, du Brésil,<br />

de la Côte d’Ivoire ou du Sénégal.<br />

Dans ces pays, les droits des travailleurs<br />

sont inexistants ou il manque<br />

des ressources pour les améliorer.<br />

Pourtant, tout le monde se bat avec<br />

une grande détermination. En Colombie,<br />

150 syndicalistes en moyenne<br />

sont tués chaque année. En Pologne,<br />

les syndicats sont reconstruits à partir<br />

des grandes multinationales. En<br />

Grande-Bretagne, les conventions collectives<br />

de travail existantes doivent<br />

être défendues à tout prix, car il n’y<br />

en a pratiquement plus en raison de la<br />

politique menée dans ce pays. Et<br />

quand on pense à la Suisse, la question<br />

– peut-être un peu provocatrice –<br />

se pose : faut-il d’abord toucher le<br />

fond avant que les gens réagissent ?<br />

Angelo Zanetti<br />

Secrétaire central au secteur Médias<br />

www.uniglobalunion.org


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Notre objectif est que la flexibilité soit compensée. » Matteo Antonini<br />

Pas de flexibilité à<br />

sens unique !<br />

Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

Logistique et membre du comité directeur<br />

La Poste Suisse exige toujours plus de<br />

flexibilité. Un sondage réalisé l’an dernier<br />

auprès du personnel de PostMail<br />

le confirme : dans trois cas sur quatre,<br />

la planification du travail ne correspond<br />

pas au taux d’occupation des<br />

employé(e)s. Ils doivent travailler davantage<br />

la plupart du temps et une<br />

personne sur quatre ne reçoit son plan<br />

de travail qu’une semaine à l’avance.<br />

Cette situation concerne principalement<br />

les employé(e)s à temps partiel,<br />

souvent les femmes. La flexibilité<br />

exigée à sens unique et non rémunérée<br />

a un effet négatif sur la vie privée,<br />

tant sur le plan physique que mental.<br />

Par conséquent, notre objectif est que<br />

la flexibilité soit compensée.<br />

Sur la base des résultats du sondage,<br />

<strong>syndicom</strong> s’est entendu avec les<br />

responsables de PostMail sur un processus<br />

standardisé, selon lequel les<br />

besoins des employé(e)s à temps partiel<br />

en jours de congé sont déterminés<br />

d’un commun accord. Ce n’est qu’un<br />

début. Dans le cadre des négociations<br />

en cours sur la nouvelle convention<br />

collective de travail avec La Poste<br />

Suisse, nous exigeons que le processus<br />

élaboré s’applique à l’avenir à tous<br />

les domaines de La Poste.<br />

La réponse du syndicat est claire :<br />

celles et ceux qui demandent à leurs<br />

employé(e)s de faire preuve de flexibilité<br />

doivent la payer. Nous l’exigeons<br />

dans le cadre des négociations CCT en<br />

cours avec La Poste. La Poste doit supporter<br />

elle-même ces coûts d’opportunité<br />

et ne pas les répercuter sur les<br />

employé(e)s.<br />

Matteo Antonini<br />

https://<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/poste/<br />

cctposte2021/<br />

« Je dois être plus flexible, au<br />

détriment de mon temps libre. »<br />

Karin Steinmann travaille à 80 % comme conseillère clientèle<br />

chez Réseau postal à Bienne. Elle explique à quel point la<br />

planification des services bouleverse sa vie privée.<br />

Comment se passe ta semaine<br />

de travail ?<br />

Je travaille à un taux d’occupation de<br />

80 %, généralement du lundi au vendredi,<br />

de 10h à 12h et de 14h à 18h, ainsi<br />

que le samedi deux fois par mois.<br />

Mais il faut que je reste flexible et il<br />

arrive que je doive travailler trois à<br />

quatre samedis d’affilée. J’accomplis<br />

donc régulièrement une semaine de<br />

six jours malgré mon taux d’occupation<br />

de 80 %. Et le jour de congé fixe auquel<br />

je devrais avoir droit en tant<br />

qu’employée à temps partiel disparaît<br />

tout simplement. Sinon, mes collègues<br />

devraient me remplacer au pied<br />

levé – et je ne le veux pas, nous sommes<br />

loyaux les uns envers les autres.<br />

Quelques changements ont toutefois<br />

déjà eu lieu.<br />

Qu’est-ce qui a changé ?<br />

Il y a moins de personnel dans mon<br />

office de poste. Un emploi à 100 % a été<br />

supprimé il y a un an. Nous devons<br />

donc être plus flexibles. Des collègues<br />

m’ont raconté que leurs plans de service<br />

changent presque chaque jour.<br />

Parfois, ils apprennent le soir d’avant<br />

dans quel office de poste ils travailleront<br />

le lendemain et à quelle heure.<br />

On vérifie la veille son plan de service<br />

du lendemain. En ce qui concerne la<br />

planification des services transmise<br />

deux à trois mois à l’avance, on ne peut<br />

plus guère s’y fier. J’observe cette tendance<br />

depuis cinq ans.<br />

Karin Steinmann, conseillère clientèle chez<br />

Réseau postal à Bienne, travaille depuis 36 ans à<br />

La Poste. Cette mère célibataire de deux enfants<br />

travaille à temps partiel à 80 %. (DR)<br />

Qu’est-ce que cela signifie pour ta vie<br />

privée ?<br />

C’est difficile de planifier mon temps<br />

libre et de participer à la vie sociale.<br />

J’ai la chance de ne plus avoir d’enfants<br />

à charge – j’ai du mal à m’imaginer<br />

comment s’en sortent les parents<br />

dans une telle situation. Dans une<br />

certaine mesure, je veux bien coopérer.<br />

Toutefois, les limites ont été franchies.<br />

Je voulais suivre un perfectionnement,<br />

comme le souhaite mon<br />

employeur, mais c’est pratiquement<br />

impossible compte tenu de ces affectations.<br />

Comment expliques-tu ce changement<br />

?<br />

Bien sûr, la société change. Le travail<br />

sur appel se répand, beaucoup de<br />

choses se passent électroniquement.<br />

Je le comprends. Après tout, je fais<br />

partie de cette évolution, qui met La<br />

Poste aussi sous pression. Mais la<br />

pression des économies, en particulier<br />

chez Réseau postal, se fait souvent<br />

sur le dos des employé(e)s lorsqu’on<br />

nous demande d’être plus flexibles.<br />

Nos loisirs, notre santé et notre motivation<br />

en pâtissent.<br />

Que souhaites-tu ?<br />

En fait, j’aime mon travail, le contact<br />

avec la clientèle, la variété – je suis là<br />

depuis de nombreuses années. Mais il<br />

me semble que mon travail est moins<br />

apprécié. Si je dois être plus flexible,<br />

alors je souhaite aussi une contrepartie<br />

– mais je ne vois rien venir en retour.<br />

Je trouve que cette évolution à<br />

sens unique se fait au détriment des<br />

employé(e)s.<br />

Matthias Loosli


« Ceux qui ne peuvent verser 12,5 % de cotisations au deuxième<br />

pilier se retrouvent avec 1431 francs de rente. » Michael Moser<br />

19<br />

Graphisme : états inquiétants des<br />

pensions des indépendants<br />

Seuls 24,5 % des créatifs indépendants connaissent le montant<br />

de leur rente et les montants des retraites sont très faibles.<br />

Autour de la campagne que-vaut-montravail.ch,<br />

qui traite de la valeur du<br />

travail dans la branche graphique,<br />

<strong>syndicom</strong> a lancé une enquête sur la<br />

situation de travail et de revenu des<br />

créatifs indépendants.<br />

Dans cette enquête, <strong>syndicom</strong> demande<br />

aussi comment les indépendant(e)s<br />

sont assuré(e)s pour la prévoyance<br />

vieillesse. Les réponses sont à<br />

la fois alarmantes et effrayantes : tout<br />

juste 24,5 % savent à combien s’élèvera<br />

leur rente, et seul 13,6 % sont convaincus<br />

qu’elle suffira pour en vivre. La<br />

caisse de pension Freelance de <strong>syndicom</strong><br />

confirme qu’une graphiste indépendante<br />

typique assure entre 30 000<br />

et 40 000 francs de revenus annuels<br />

auprès de sa caisse de pension. Avec<br />

l’AVS, il en résulte une rente comprise<br />

entre 2372 et 2681 francs à l’âge de la<br />

retraite – ce qui ne suffit pas pour la<br />

vieillesse et ne peut être le salaire de<br />

toute une vie. Et il ne s’agit là que des<br />

assuré(e)s qui peuvent cotiser. Tous<br />

ceux qui n’ont pas les moyens de verser<br />

12,5 % de cotisations au deuxième<br />

pilier se retrouvent avec une rente AVS<br />

de 1431 francs seulement.<br />

Solutions politiques recherchées<br />

Comment est-ce possible en 2019 ?<br />

Pourquoi notre système de retraite<br />

prend-il encore comme référence un<br />

emploi à 100 %, alors que de moins en<br />

moins de personnes peuvent travailler<br />

à ce taux même si elles le souhaitaient<br />

?<br />

De nouvelles solutions politiques<br />

doivent être recherchées de toute urgence<br />

! Les mesures qui auraient pris<br />

la bonne direction, comme le renforcement<br />

du premier pilier, ont échoué<br />

avec la réforme Prévoyance vieillesse<br />

2020 et auparavant avec l’AVS+. La réforme<br />

en cours d’AVS 21 ne contient<br />

aucune mesure susceptible d’améliorer<br />

la situation des indépendant(e)s.<br />

On espère qu’un Parlement plus<br />

jeune, plus progressiste et plus moderne<br />

prendra conscience de ces nouvelles<br />

formes de travail.<br />

Espérer ne suffira certainement<br />

pas. Sans la pression des personnes<br />

concernées, rien ne changera, c’est<br />

clair. <strong>syndicom</strong> est donc disposé à<br />

faire un premier pas en 2020 avec la<br />

campagne que-vaut-mon-travail.ch et<br />

à prendre des mesures de politique<br />

syndicale en faveur des graphistes et<br />

de tous les autres indépendant(e)s et<br />

travailleurs dans les nouvelles formes<br />

de travail.<br />

Michael Moser<br />

Seuls 13,6 % des indépendants pensent que leur rente suffira pour en vivre. (© Fotomelia)<br />

Informations supplémentaires : <strong>syndicom</strong>.<br />

ch/wasistmeinearbeitwert<br />

Appel du quatrième<br />

pouvoir au Parlement<br />

Stephanie Vonarburg, responsable du secteur<br />

Presse et médias électroniques et membre du CD<br />

Notre système politique repose sur la<br />

séparation des pouvoirs. Le législatif<br />

adopte des lois, l’exécutif les met en<br />

œuvre et le pouvoir judiciaire décide<br />

lors d’action en justice. Le partage des<br />

pouvoirs vise à éviter les abus de pouvoir.<br />

Voilà pour la théorie. Afin d’informer<br />

sur le fonctionnement des autorités<br />

et entreprises, toute société démocratique<br />

a besoin d’un quatrième<br />

pouvoir : les médias. Ils observent,<br />

font des recherches, posent des questions<br />

critiques et commentent. Ils<br />

forment donc les garde-fous de la<br />

démocratie.<br />

Lorsque les médias peinent à exercer<br />

leur fonction parce que des emplois<br />

sont supprimés, parce que les<br />

honoraires des indépendant(e)s sont<br />

extrêmement bas et parce que les nouveaux<br />

médias ont du mal à survivre<br />

financièrement, nous avons tous un<br />

problème : nous sommes mal informé(e)s.<br />

<strong>syndicom</strong> lance un appel au nouveau<br />

Parlement : il est grand temps<br />

d’introduire de nouvelles mesures<br />

d’aide aux médias ! Notre nouveau<br />

document de position sur la politique<br />

des médias explique comment les<br />

médias peuvent être renforcés de<br />

manière effective. L’objectif est que<br />

les professionnel(le)s des médias remplissent<br />

leur rôle de quatrième pouvoir<br />

de façon indépendante, en conformité<br />

avec les règles déontologiques du<br />

conseil de la presse, et dans des conditions<br />

de travail et de rémunération<br />

décentes.


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Pour changer le monde, nous devons nous organiser,<br />

ce n’est qu’ainsi que nous deviendrons forts. » Pierre-Yves Maillard<br />

Pour un service public fort<br />

Pierre-Yves Maillard attend avec enthousiasme le thème central<br />

de l’assemblée des délégués de l’USS. Il appelle à une convergence<br />

des associations, de la société civile et des syndicats.<br />

« Enfin quelqu’un qui parle clairement,<br />

directement et sans détour. » Le<br />

premier à dire sa satisfaction est l’interprète<br />

qui a traduit (du français vers<br />

l’italien) la rencontre avec Pierre-Yves<br />

Maillard à Bellinzone à la mi-novembre.<br />

Il s’agissait de la deuxième<br />

« journée de réflexion » de l’Union syndicale<br />

suisse (USS) Tessin et Moesa.<br />

Depuis quelques mois, la section cantonale<br />

organise une série de réunions<br />

pour trouver des synergies entre les<br />

syndicats affiliés en associant la base,<br />

les travailleurs et les membres du comité.<br />

Les différents groupes de travail<br />

(communication, service public, AVS,<br />

femmes, etc.) ont mis à profit l’énergie,<br />

la clarté communicative et l’enthousiasme<br />

du nouveau président USS<br />

Maillard pour une conférence qui s’est<br />

transformée en une sorte d’interview<br />

globale. La discussion a porté sur l’accord-cadre<br />

avec l’Union européenne,<br />

la situation de la SSR après le référendum<br />

No Billag, la grève des femmes, le<br />

dumping salarial et l’initiative de<br />

l’UDC contre la libre circulation. Et La<br />

Poste.<br />

La conférence s’est transformée en une interview<br />

globale. (© Giovanni Valerio)<br />

Contre les privatisations<br />

L’année dernière, la section Tessin et<br />

Moesa de l’USS a proposé le lancement<br />

de trois initiatives populaires<br />

pour réintroduire les régies fédérales.<br />

On pourrait commencer par celle<br />

sur La Poste. Le sujet est très important<br />

pour la population. En Europe,<br />

des efforts sont également déployés<br />

pour renationaliser les services publics.<br />

« Le service public sera le thème de<br />

l’assemblée des délégués de l’USS à la<br />

fin du mois de mai », a déclaré M. Maillard.<br />

« Nous avons laissé les entreprises<br />

entre les mains d’une direction<br />

qui raisonne en termes de productivité<br />

et de rentabilité, sans penser au service<br />

public. La Poste applique une pratique<br />

comptable incontrôlée : elle<br />

consiste à mettre en évidence les secteurs<br />

déficitaires plutôt que d’autres,<br />

afin de justifier la fermeture des offices<br />

de poste. Il en va de même pour<br />

les CFF. La privatisation comporte un<br />

risque très élevé, y compris dans les<br />

secteurs de l’énergie, de la santé et des<br />

services financiers. Si l’initiative est<br />

approuvée par le congrès de l’USS, elle<br />

doit cependant avoir une formulation<br />

clairement définie pour obtenir des<br />

effets concrets. Par le passé, nous<br />

avons voté pour la médecine complémentaire<br />

et les médecins de famille,<br />

mais qu’est-ce qui a changé ? »<br />

Ce sont les membres qui font le<br />

syndicat !<br />

La convergence avec les associations<br />

de citoyens, de consommateurs et différents<br />

mouvements est essentielle au<br />

succès de l’action syndicale. « Il suffit<br />

d’observer ce qui s’est passé le 14 juin :<br />

une mobilisation sans précédent depuis<br />

trente ans », s’est exclamé Maillard.<br />

« Nous devons faire comprendre<br />

aux gens qu’une seule journée dans la<br />

rue ne suffit pas. Pour changer le<br />

monde, nous devons nous organiser,<br />

ce n’est qu’ainsi que nous deviendrons<br />

forts. S’il est établi qu’il y a peu<br />

de femmes et peu de jeunes dans les<br />

syndicats, ils devraient se joindre à<br />

nous pour changer cela. Ce sont les<br />

membres qui font le syndicat ! J’espère<br />

qu’il y aura un rapprochement toujours<br />

plus grand entre ces différents<br />

mouvements et les syndicats à l’avenir.<br />

Dans vingt ans, nous serons<br />

confrontés au choc démographique<br />

du vieillissement de la population. De<br />

nouveaux services sont nécessaires<br />

pour créer 100 000 nouveaux emplois.<br />

Et pour faire face à la crise climatique,<br />

il faut développer la mobilité collective<br />

et changer le système de production.<br />

Pour tout cela, nous avons besoin<br />

de ressources publiques et de la garantie<br />

d’un service public fort : c’est cela<br />

la nouvelle économie ! »<br />

Giovanni Valerio<br />

https://www.uss.ch/themes/services-publics/<br />

Un Parlement plus<br />

jeune, plus vert,<br />

plus féminin. Mieux ?<br />

Nous l’avons, notre nouveau Parlement.<br />

Sept jeunes de moins de 30 ans<br />

siègent au Conseil national. Mais 40 %<br />

des parlementaires ont toujours entre<br />

50 et 60 ans. La part des femmes est<br />

passée à 42 %. Les hommes demeurent<br />

donc surreprésentés. Les Verts<br />

gagnent 6 points de pourcentage et la<br />

majorité de la droite bourgeoise, formée<br />

du PLR et de l’UDC, a été rejetée.<br />

Il n’en reste pas moins qu’il sera difficile<br />

d’imposer les préoccupations<br />

syndicales, ainsi qu’une politique sociale<br />

progressive et des mesures climatiques<br />

efficaces.<br />

Le bilan est donc mitigé. Nous<br />

pouvons nous attendre à ce que des<br />

conseillères nationales comme Samira<br />

Marti et Tamara Funiciello, proches<br />

des syndicats, représentent bien des<br />

jeunes comme moi et défendent nos<br />

revendications. Surtout lorsqu’il en va<br />

de la numérisation, de la politique<br />

familiale et d’une véritable égalité,<br />

nous les jeunes, nous avons souvent<br />

une approche différente. Nous pouvons<br />

apporter de nouvelles idées et<br />

impulsions.<br />

Mais il ne faut pas se leurrer. Des<br />

coalitions doivent continuer à être<br />

constituées avec les partis bourgeois.<br />

Il reste nécessaire de mener des actions<br />

syndicales fortes, de favoriser un<br />

lobbying habile et de faire entendre<br />

notre voix dans le débat public. Mais<br />

au moins notre voix est renouvelée.<br />

Elle est plus jeune et plus féminine.<br />

Dominik Fitze


« Dans certains cas, les factures des free-lances ont été<br />

réglées après plus d’un an. » Mireille Guggenbühler<br />

21<br />

Honoraires en retard enfin payés<br />

chez Dornbusch Medien AG<br />

Pendant plus d’une année, Dornbusch Medien AG n’a pas payé<br />

ses journalistes indépendant(e)s. Les factures dues n’ont été<br />

réglées qu’après l’intervention de <strong>syndicom</strong> et des free-lances.<br />

En cette chaude journée d’automne,<br />

on déménage chez Dornbusch Medien<br />

AG à Baden. Deux hommes chargent<br />

un camion – à côté, nous préparons<br />

des affiches. Les deux hommes veulent<br />

savoir ce que nous faisons ici. Notre<br />

explication les stupéfie : nous sommes<br />

des journalistes indépendant(e)s,<br />

venus réclamer nos salaires encore<br />

impayés. « Est-il possible que du travail<br />

reste impayé en Suisse ? », demande<br />

un des déménageurs. Oui, c’est possible.<br />

Au total, 25 journalistes<br />

indépendant(e)s ont travaillé sur<br />

mandat pour les titres de Dornbusch<br />

Medien AG – et facturé les honoraires<br />

promis. Mais ces factures n’ont pas été<br />

payées et les courriels ou téléphones<br />

de relance ont été ignorés. Le montant<br />

total des honoraires impayés : plus de<br />

30 000 francs.<br />

La Bible comme ligne de conduite<br />

Dornbusch Medien AG est issue de<br />

l’ancienne société de médias CAT<br />

Medien AG. Le nom de l’entreprise fait<br />

référence au passage biblique concernant<br />

le buisson ardent (« Dornbusch »,<br />

en allemand). La Bible est donc la<br />

ligne de conduite de l’entreprise et<br />

l’hebdomadaire Doppelpunkt – für<br />

Achtsamkeit, la figure de proue de la<br />

maison d’édition.<br />

Ecrire pour cette figure de proue<br />

est un privilège. C’est du moins ce que<br />

le responsable d’édition, Fabian Egger,<br />

a laissé entendre aux personnes<br />

qui se sont battues pour leurs honoraires<br />

en souffrance ce jour d’été et par<br />

la suite. Ne pas payer a été motivé par<br />

le redressement financier que Dornbusch<br />

voulait réaliser. Pour ce faire, le<br />

paiement des honoraires a été gelé. Et<br />

ce, jusqu’à cet automne. Ce n’est<br />

qu’en octobre dernier que les factures<br />

des free-lances ont été finalement réglées<br />

– dans certains cas après plus<br />

d’un an et uniquement parce que<br />

<strong>syndicom</strong> s’est engagé, aux côtés des<br />

personnes concernées, depuis l’été<br />

pour que les honoraires soient enfin<br />

payés.<br />

Traiter ainsi des journalistes indépendant(e)s,<br />

est-ce juste et professionnel<br />

? Sinon, quel comportement<br />

pourrait-on alors adopter ? Des journalistes<br />

indépendant(e)s et des représentant(e)s<br />

des rédactions se sont<br />

posé cette question et ont formulé dix<br />

conseils désormais disponibles sous<br />

forme de brochure. Il s’agit de règles<br />

de bonne conduite recommandées,<br />

qui n’ont pas de caractère juridique.<br />

Mais elles peuvent déclencher une discussion<br />

sur les bonnes pratiques que<br />

les journalistes indépendant(e)s et les<br />

rédactions veulent appliquer entre<br />

eux.<br />

Mireille Guggenbühler<br />

Des journalistes indépendant(e)s protestent devant Dornbusch Medien AG à Baden. (© Marco Geissbuehler) <strong>syndicom</strong>.ch/10tipps<br />

Arrêt immédiat d’une<br />

campagne publicitaire<br />

à La Poste<br />

Le 14 juin, plus de 500 000 participant(e)s<br />

ont lancé un signal fort pour<br />

l’égalité entre les femmes et les<br />

hommes, pour l’égalité salariale et<br />

contre le sexisme sur le lieu de travail.<br />

Ce signal fort a ébranlé la Suisse, mais<br />

il a aussi sensibilisé les employeurs à<br />

ces sujets importants.<br />

Les questions de l’égalité constituent<br />

donc une priorité des négociations<br />

en cours sur la CCT Poste. C’est<br />

pourquoi le personnel de guichet majoritairement<br />

féminin de La Poste<br />

s’est senti d’autant plus irrité contre la<br />

demande de ses supérieurs hiérarchiques<br />

de distribuer à la clientèle des<br />

tracts avec le texte : « Un sourire suffit<br />

pour m’allumer ». Ce devait être une<br />

publicité drôle pour une application<br />

de PostFinance, qui se laisse déverrouiller<br />

par reconnaissance faciale.<br />

Stéréotypes dépassés<br />

Les employé(e)s ont aussitôt contacté<br />

<strong>syndicom</strong>. Ils/elles ne voulaient pas<br />

nourrir des stéréotypes dépassés. <strong>syndicom</strong><br />

a adressé un ultimatum à La<br />

Poste et la campagne publicitaire a été<br />

immédiatement arrêtée. La Poste s’est<br />

rapidement rendu compte de l’erreur.<br />

Ce qui est décisif, cependant, c’est<br />

que personne ne l’avait remarqué auparavant.<br />

Car le contexte est déterminant.<br />

Sur des panneaux d’affichage<br />

anonymes, le même slogan publicitaire<br />

peut passer pour un jeu de mots<br />

réussi, mais il est inacceptable lorsqu’il<br />

est distribué par des employées.<br />

L’exemple montre de manière exemplaire<br />

pourquoi nous devons nous engager<br />

jour après jour pour l’égalité.<br />

Christian Capacoel<br />

https://bit.ly/33kfaox


22 Politique<br />

« Oui, je me sens représentative<br />

de ce nouveau Parlement »<br />

Les élections au Conseil<br />

national ont fait gagner<br />

20 sièges aux femmes. Leur<br />

proportion passe à 42 %, soit<br />

84 sièges sur 200. Tamara<br />

Funiciello, qui a fait fureur<br />

comme présidente de la Jeunesse<br />

socialiste suisse (JSS),<br />

a également été élue. Elle<br />

donne ses raisons de se<br />

lancer en politique et d’être<br />

une syndicaliste.<br />

Texte : Patrizia Mordini<br />

Photo : Alexander Egger<br />

Jeune, femme, de gauche.<br />

Te sens-tu représentative au sein<br />

du nouveau Parlement?<br />

Je me sens certainement représentative.<br />

Sept jeunes de moins de 30 ans<br />

ont été élus au nouveau Parlement.<br />

Beaucoup ne comprennent pas<br />

qu’on vit une certaine réalité quand<br />

on est membre d’un certain groupe.<br />

Cela nous sensibilise à des problématiques<br />

qui sont sinon facilement<br />

occultées. Et on peut et doit ensuite<br />

bien les représenter. Les rentes ou<br />

le mariage pour tous posent ainsi<br />

des questions spécifiques aux<br />

femmes lesbiennes.<br />

Une grande victoire pour les femmes<br />

et les Verts, une perte pour le PS et<br />

les syndicats...<br />

Corrado Pardini, Adrian Wüthrich<br />

et Philipp Hadorn n’ont malheureusement<br />

pas été réélus. Corrado s’est<br />

énormément engagé pour les syndicats<br />

et a couvert des dossiers importants<br />

comme les mesures d’accompagnement.<br />

Je travaille avec lui<br />

depuis six ans. Pour moi, c’est terrible<br />

de me retrouver au Parlement<br />

sans lui. Cependant, d’autres ont<br />

aussi été élus, comme Pierre-Yves<br />

Maillard et Greta Gysin, qui s’engagent<br />

clairement pour les syndicats<br />

et font avancer les thèmes sociaux.<br />

Nous avons pourtant toujours une<br />

minorité à gauche, car les Vert’libéraux<br />

ne sont pas un parti de gauche.<br />

Ce soi-disant glissement à gauche<br />

n’en est donc pas vraiment un.<br />

Qu’est-ce qui t’a incitée à t’engager<br />

politiquement ? Quel regard<br />

portais- tu sur les syndicats quand tu<br />

étais plus jeune ?<br />

J’ai vécu en Sardaigne jusqu’à l’âge<br />

de 10 ans et mon père était indépendant.<br />

A la maison, mes parents discutaient<br />

souvent politique. Je viens<br />

d’une famille proche des syndicats.<br />

En Suisse, ma mère a travaillé pour<br />

le SIB (Syndicat Industrie et Bâtiment).<br />

Lorsque mon père a perdu<br />

son emploi chez Wifag et que Corrado<br />

a veillé à la mise en place d’un<br />

bon plan social, j’ai adhéré au syndicat.<br />

A l’université, je suis devenue<br />

féministe. Lorsque je me suis engagée<br />

au conseil des étudiant(e)s, j’ai<br />

reconnu l’importance d’avoir un<br />

langage épicène. L’égalité doit<br />

contribuer au bien-être tant des<br />

hommes que des femmes. Le féminisme,<br />

en revanche, signifie selon<br />

moi que les hommes et les femmes<br />

se portent mieux. Le marxisme analyse<br />

uniquement l’opposition entre<br />

le capital et le travail et laisse de<br />

côté le travail non payé, accompli la<br />

plupart du temps par les femmes.<br />

En quoi cela t’a-t-il influencée que<br />

ton père vienne d’Italie et tes<br />

parents soient ouvriers ?<br />

Je sais ce que ça veut dire d’attendre<br />

durant des jours la fin du mois sans<br />

argent sur le compte ou de décider<br />

si l’on va chez le dentiste maintenant<br />

ou pas du tout. J’ai cumulé pas<br />

mal de petits boulots à l’école et à<br />

l’université, par exemple nettoyer<br />

des bureaux. Un million de personnes<br />

sont menacées de pauvreté<br />

en Suisse !<br />

Que penses-tu des syndicats<br />

aujourd’hui ?<br />

Ils sont indispensables. J’ai été<br />

engagée il a sept ans chez Unia en<br />

tant que responsable des domaines<br />

Commerce de détail et Femmes et<br />

suis toujours en charge de la jeunesse<br />

à l’Union syndicale du canton<br />

de Berne. Les syndicats sont mon<br />

foyer politique. Actuellement, je miserais<br />

davantage sur la fidélisation<br />

des membres que sur l’objectif d’en<br />

gagner. Il faut rendre les syndicats<br />

plus attrayants pour les femmes.<br />

Tu t’engageras certainement pour<br />

l’égalité et la justice sociale au<br />

Conseil national. As-tu déjà des<br />

idées pour des interventions ?<br />

Ce serait un peu présomptueux.<br />

Mes priorités sont une réduction du<br />

temps de travail, pas de relèvement<br />

de l’âge de la retraite, la révision du<br />

droit pénal en matière sexuelle et la<br />

lutte contre le démantèlement du<br />

service public – il manque aussi<br />

25 000 places de crèche.<br />

Les syndicats se sont fortement<br />

impliqués dans l’organisation de la<br />

grève des femmes. Doivent-ils aussi<br />

s’engager lors de la grève du climat<br />

le 15 mai 2020 ?<br />

Toutes les grèves sont corrélées !<br />

La grève du climat pose la même<br />

question, savoir ce qui est essentiel.<br />

Il faut un changement de système–<br />

au service de tous les individus. Je<br />

peux aussi très bien m’imaginer de<br />

collaborer avec mes nouveaux collègues<br />

sur des thèmes syndicaux. On<br />

ne peut pas faire de séparation entre<br />

la politique au Conseil national et<br />

dans la rue. Un mouvement fort<br />

dans la rue peut entraîner un changement<br />

aux Chambres fédérales !


Politique<br />

LGBTI : plus jamais sans<br />

défense devant la loi !<br />

23<br />

Le 9 février 2020, le peuple<br />

suisse votera sur l’extension<br />

de la norme pénale au critère<br />

de l’orientation sexuelle.<br />

70 % des salarié(e)s homosexuel(le)s<br />

ont vécu au cours<br />

des trois dernières années<br />

des discriminations sur cette<br />

base.<br />

Texte : Reto Wyss<br />

Photo : Burst<br />

Afin de ratifier la Convention contre<br />

la discrimination raciale adoptée<br />

par l’ONU déjà en 1965, la Suisse a<br />

révisé son Code pénal en 1995 et<br />

ajouté l’article 261bis, communément<br />

appelé « norme pénale contre<br />

la discrimination raciale ». Ce fut<br />

une lutte acharnée contre les réactionnaires<br />

de ce pays qui voulaient<br />

soi-disant ne pas se laisser museler.<br />

Enorme retard suisse<br />

Aujourd’hui, la Suisse accuse tout<br />

autant de retard en ce qui concerne<br />

la protection des personnes homosexuelles,<br />

bisexuelles, transgenres<br />

ou intersexes (LGBTI). Elle se place<br />

au 22 e rang (!) du classement européen<br />

sur la situation juridique et<br />

sociale de cette population – même<br />

derrière la Hongrie, qui n’est pas<br />

connue pour son climat particulièrement<br />

favorable aux personnes<br />

LGBTI. Ce classement de la Suisse<br />

s’explique aussi en grande partie<br />

par le fait que les « appels à la<br />

haine » à l’encontre des LGBTI dans<br />

ce pays ne peuvent toujours pas être<br />

punis légalement. Raison pour laquelle<br />

la Suisse est également régulièrement<br />

critiquée par le Conseil de<br />

l’Europe.<br />

L’extension de la norme pénale<br />

au critère de l’orientation sexuelle<br />

dans le droit pénal permettrait de<br />

changer enfin la situation, du moins<br />

pour les personnes homosexuelles<br />

et bisexuelles. Notre collègue Matthias<br />

Reynard a exigé cette modification<br />

de la loi déjà en 2013 via une<br />

initiative parlementaire. Après de<br />

longs allers-retours, le Parlement l’a<br />

suivie à une large majorité, mais les<br />

milieux conservateurs de droite autour<br />

de l’UDC et de l’UDF ont lancé<br />

le référendum avec succès (quoique<br />

de toute évidence avec des moyens<br />

déloyaux : « Signez ici contre l’homophobie<br />

! »). C’est pourquoi une votation<br />

aura lieu le 9 février 2020.<br />

Discriminations au travail<br />

La discrimination intervient là où<br />

les individus passent leur temps, et<br />

donc trop souvent aussi sur leur lieu<br />

de travail. Les personnes LGBTI sont<br />

particulièrement touchées, comme<br />

le démontrent des statistiques et<br />

d’innombrables expériences individuelles.<br />

Selon des sondages récents,<br />

70 % des salarié(e)s homosexuel(le)s<br />

ont vécu au cours des trois dernières<br />

années des discriminations sur la<br />

base de leur orientation sexuelle.<br />

Pour les personnes trans, les discriminations,<br />

voire les licenciements<br />

basés sur l’identité de genre sont<br />

encore plus fréquents. Malheureusement,<br />

ces personnes-là sont explicitement<br />

exclues de l’extension de<br />

l’article sur le droit pénal, car le critère<br />

pertinent pour elles de l’identité<br />

de genre a été éliminé une nouvelle<br />

fois du projet par le Parlement.<br />

Après une votation réussie, des<br />

améliorations devront être apportées<br />

sans tarder à ce niveau.<br />

Agir lors de refus ou perte d’emploi<br />

Sur le lieu de travail, la discrimination<br />

revêt de nombreuses formes<br />

différentes, qui vont de l’exclusion<br />

professionnelle ou sociale à des remarques<br />

obscènes, en passant par<br />

des outings forcés et le harcèlement<br />

sexuel. D’un point de vue matériel,<br />

cependant, la discrimination est<br />

particulièrement grave pour les<br />

personnes LGBTI lorsqu’elle aboutit<br />

au refus d’un emploi ou à sa perte.<br />

Aujourd’hui, il n’existe aucun fondement<br />

juridique dans de tels cas,<br />

comme l’a réaffirmé la récente<br />

décision du Tribunal fédéral sur la<br />

non-applicabilité de la Loi sur<br />

l’égalité pour les personnes LGBTI.<br />

L’extension de la norme pénale<br />

pourrait finalement changer cette<br />

situation pour les salarié(e)s homosexuel(le)s<br />

et bisexuel(le)s, car les<br />

contrats de travail entrent clairement<br />

dans la protection garantie<br />

par cet article. Les travailleurs<br />

concernés auraient ainsi enfin la<br />

possibilité de se défendre juridiquement<br />

en cas de refus (et éventuellement<br />

de perte) d’un emploi manifestement<br />

fondé sur la<br />

discrimination.<br />

Outre l’applicabilité technique<br />

de cet article révisé, la votation du<br />

9 février envoie un signal fort.<br />

Voulons-nous une Suisse où tout le<br />

monde a sa place et se sent en sécurité<br />

et bienvenu ? Ou voulons-nous<br />

continuer à observer comment<br />

quelques individus divisent la société<br />

aux dépens des minorités ? Un<br />

« oui » est indispensable, et nous, les<br />

syndicats, devons aussi nous engager<br />

avec force en ce sens !<br />

https://bit.ly/2Dg3lVW<br />

« Sur le lieu de travail,<br />

les intéressés peuvent être<br />

exclus professionnellement<br />

ou subir des remarques<br />

obscènes. »


24 Politique<br />

Davantage de logements<br />

abordables, c’est possible<br />

Nous voterons le 9 février<br />

prochain sur l’initiative de<br />

l’Association suisse des<br />

locataires (ASLOCA). Elle est<br />

absolument nécessaire.<br />

Car les prix des loyers ne<br />

cessent d’augmenter année<br />

après année.<br />

Texte : ASLOCA<br />

Photo : Fotomelia<br />

L’Union syndicale suisse a soutenu<br />

l’initiative « Davantage de logements<br />

abordables » depuis son lancement<br />

et fait partie du comité d’initiative.<br />

Comme le Conseil fédéral l’affirme<br />

lui-même dans son Message,<br />

« l’initiative populaire touche un<br />

point important en ce qui concerne<br />

l’offre de logements en Suisse. Pour<br />

les personnes à la recherche d’un<br />

logement, en particulier celles qui<br />

disposent d’un faible pouvoir<br />

d’achat, il est difficile d’en trouver<br />

un qui réponde à leurs besoins. La<br />

charge élevée que représente le logement<br />

pour les ménages à faible revenu<br />

et l’augmentation du trafic des<br />

pendulaires en sont des indices. »<br />

(Message, p. 2).<br />

Comme davantage de logements<br />

d’utilité publique doivent<br />

être construits, l’initiative s’appuie<br />

sur le système des logements délivrés<br />

par des maîtres d’ouvrage<br />

s’occupant de la construction de<br />

logements d’utilité publique. Aujourd’hui<br />

déjà, ceux-ci construisent<br />

des logements abordables qui sont<br />

nettement plus avantageux à long<br />

terme, puisqu’ils ne visent pas le<br />

rendement.<br />

Des sociétés immobilières<br />

cherchant le profit<br />

Construire des logements<br />

nettement plus avantageux,<br />

car ne visant pas le rendement.<br />

Ces dernières années, le marché immobilier<br />

a connu une évolution inquiétante.<br />

En 2000, près de 60 % des<br />

appartements loués appartenaient à<br />

des particuliers. Aujourd’hui, seuls<br />

47 % de ces mêmes logements le<br />

sont encore. Ni les pouvoirs publics<br />

ni les coopératives d’habitation<br />

n’ont pu augmenter considérablement<br />

leur part de logements locatifs.<br />

De 2000 à 2017, la part de logements<br />

locatifs en possession de<br />

sociétés immobilières (compagnies<br />

d’assurance, groupes bancaires,<br />

fonds de placement, sociétés anonymes<br />

immobilières, etc.) a grimpé<br />

de 29 % à 39 %. En chiffres absolus,<br />

cela représente une hausse de<br />

300 000 appartements.<br />

Résultat : on construit des appartements<br />

souvent trop chers et situés<br />

là où la demande est faible. Sur<br />

le marché, les loyers sont bien plus<br />

élevés que ceux des logements d’utilité<br />

publique. La différence s’élève à<br />

deux loyers mensuels par an en<br />

moyenne. Dans les centres-villes, ce<br />

sont même trois loyers mensuels de<br />

plus sur l’année.<br />

« En Suisse, il y a autant d’appartements<br />

vides qu’il y a de logements<br />

dans la ville fédérale. Mais<br />

Berne elle-même connaît toujours la<br />

pénurie. Il faut donc trouver des solutions<br />

de toute urgence, notamment<br />

pour les agglomérations. Et la<br />

Confédération et les cantons<br />

doivent aussi agir », souligne Carlo<br />

Sommaruga, président de l’ASLOCA<br />

Suisse.<br />

Le Conseil fédéral prétend<br />

améliorer la situation en réalimentant<br />

le fonds de roulement de<br />

250 millions de francs sur dix ans.<br />

Dans les faits, seuls 800 à 900 logements<br />

d’utilité publique continueront<br />

d’être construits chaque année,<br />

ce qui correspond plus au moins à la<br />

situation actuelle. La part des logements<br />

d’utilité publique poursuivra<br />

sa baisse sur le marché locatif.<br />

Grâce au droit de préemption<br />

au prix du marché, les maîtres d’ouvrage<br />

d’utilité publique accèdent<br />

aux terrains à bâtir et ils obtiennent<br />

les crédits nécessaires grâce au<br />

fonds de roulement. Les crédits ne<br />

coûtent rien à la Confédération ; ils<br />

rapportent même des intérêts dans<br />

la caisse fédérale. Les coopératives<br />

d’habitation construisent là où il y a<br />

besoin de logements abordables.<br />

Et les rénovations énergétiques<br />

peuvent être effectuées sans perdre<br />

cette caractéristique.<br />

Hausse des loyers à stopper<br />

Balthasar Glättli, vice-président de<br />

l’ASLOCA Suisse, conclut : « Les<br />

loyers en Suisse poursuivent leur<br />

hausse d’année en année. Il est dans<br />

l’intérêt de la population dans son<br />

ensemble que les loyers soient abordables.<br />

L’initiative est nécessaire,<br />

applicable et efficiente.»<br />

https://logements-abordables.ch/


Droit au but !<br />

25<br />

Cher service juridique,<br />

Je suis syndiqué chez vous et souhaite,<br />

par pure conviction, également m’investir<br />

au sein de mon entreprise pour représenter<br />

mes collègues auprès de notre direction.<br />

Celle-ci pourrait-elle se « venger »<br />

en me licenciant ?<br />

Si je suis élu comme représentant des<br />

travailleurs, quelle sera ma marge de<br />

manœuvre, notamment en ce qui concerne<br />

le temps nécessaire à ce mandat ?<br />

Dans le cas où je ne serais pas élu,<br />

de quelle manière pourrais-je toutefois<br />

exercer mes droits syndicaux ?<br />

La réponse du service juridique de <strong>syndicom</strong><br />

La liberté syndicale est ancrée dans la Constitution fédérale<br />

(art. 28). Mais cette disposition n’évoque pas explicitement<br />

les délégués syndicaux ou les représentants élus<br />

des travailleurs. La protection des représentants des travailleurs<br />

est prévue par la Loi sur la participation (art. 12),<br />

dont le champ d’application est plus large que celui du<br />

Code suisse des obligations (CO), mais ne comporte pas<br />

de sanctions spécifiques, contrairement à ce dernier. En<br />

effet, l’art. 336 CO énumère, de manière non exhaustive,<br />

les cas de licenciements abusifs, sans en définir la notion.<br />

Selon la doctrine, une résiliation est abusive lorsque les<br />

motifs sur lesquels elle se fonde sont contraires aux valeurs<br />

reconnues par la société actuelle. Le congé donné en<br />

raison d’une appartenance à un syndicat ou de l’exercice<br />

licite d’une activité syndicale, notamment, est abusif<br />

(art. 336 al. 2 let. a. et b.). Il s’agit d’une disposition relativement<br />

impérative, c’est-à-dire à laquelle il ne peut être<br />

dérogé au détriment du travailleur.<br />

Pour que l’activité syndicale soit protégée, il faut qu’elle<br />

soit exercée conformément à la loi et au contrat de travail<br />

(respectivement, à une CCT ou un contrat-type). L’employeur<br />

a en principe le droit de limiter l’exercice de<br />

l’activité syndicale par contrat, règlement ou directives<br />

(cf. art. 321d CO) pour autant que cette limitation repose<br />

sur des motifs objectifs, tels que le souci de la bonne<br />

marche de l’entreprise. Les travailleurs syndiqués ne bénéficient<br />

d’aucun privilège particulier, contrairement aux<br />

représentants élus des travailleurs qui, eux, peuvent exercer<br />

leur mandat durant les heures de travail, à condition<br />

que le mandat l’exige et que leurs activités professionnelles<br />

le permettent (art. 13 Loi sur la participation).<br />

La loi ne définit pas quels droits syndicaux le travailleur<br />

peut exercer au sein de l’entreprise. Devraient, par<br />

exemple, être considérées comme des activités conformes<br />

au droit, la distribution d’un journal syndical pendant les<br />

pauses ou l’utilisation d’un local de l’entreprise mis à disposition<br />

par l’employeur pour une séance d’information<br />

en dehors des heures de travail.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/droitaubut


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

Mieux communiquer et<br />

connaître ses émotions<br />

Pour faire passer adéquatement les<br />

messages que l’on souhaite transmettre,<br />

il est important de savoir<br />

tout d’abord reconnaître ses propres<br />

émotions. « Le langage des émotions<br />

», c’est le titre du cours movendo<br />

qui sera donné du 27 au 28 février<br />

à Morges (Hôtel La Longeraie)<br />

par Gabriel Delaunoy. Après avoir<br />

compris leurs fonctions et s’être mis<br />

à l’écoute de celles de son interlocuteur,<br />

il sera possible de communiquer<br />

avec plus de sérénité en<br />

connaissant cette réalité souvent occultée.<br />

Les participants seront en<br />

mesure d’identifier leur état émotionnel,<br />

de connaître le fonctionnement<br />

des émotions et leur impact.<br />

Enfin, ils apprendront les paramètres<br />

à développer pour améliorer<br />

leurs aptitudes relationnelles (gratuit<br />

pour les membres, 820 francs<br />

pour les autres).<br />

Parti à la recherche d’une meilleure<br />

connaissance de soi-même, on<br />

pourra enchaîner avec une formation<br />

qui propose de comprendre son<br />

fonctionnement pour mieux agir et<br />

réagir (du 2 au 3 mars à Morges).<br />

Avec l’intervenante Nathalie Rey, on<br />

apprendra quelles sont les configurations<br />

différentes de personnalité<br />

et on pourra les comparer avec son<br />

mode de fonctionnement personnel.<br />

En anticipant leur mode de réaction,<br />

les participants apprendront<br />

à intervenir à bon escient et à repérer<br />

le fonctionnement des autres<br />

afin de mieux interagir avec eux. Au<br />

bout du compte, on se sentira plus à<br />

l’aise dans ses relations et on comprendra<br />

mieux son vis-à-vis (même<br />

prix que précédemment).<br />

Enfin, on pourra parfaire ses<br />

connaissances avec un cours sur<br />

l’analyse transactionnelle (du 5 au<br />

6 mars à Chexbres), afin de contrôler<br />

les messages qui emprisonnent<br />

et connaître leurs antidotes.<br />

100 femmes qui donnent<br />

l’exemple<br />

© 100femmes.ch<br />

Avec « 100 femmes et des milliers<br />

d’autres », le Service Egalité de l’Université<br />

de Genève, en collaboration<br />

avec l’Université de la Suisse italienne<br />

et d’autres universités et institutions<br />

suisses et françaises, lance<br />

une campagne de communication<br />

présentant les profils de 100<br />

femmes âgées de 25 à 72 ans, qui<br />

présentent des modèles d’inspiration<br />

pour les jeunes générations en<br />

racontant leur parcours de carrières<br />

atypiques et en démontrant que le<br />

leadership peut aussi se conjugueur<br />

au féminin.<br />

Plusieurs moyens de communication<br />

sont utilisés : des supports vidéo<br />

pour les réseaux sociaux, une<br />

publication papier ainsi que des<br />

conférences et des rencontres pour<br />

échanger. Le but est de montrer la<br />

diversité et la richesse des parcours<br />

personnels et professionnels de<br />

nombreuses femmes menant leurs<br />

carrières dans des métiers stéréotypés<br />

masculins.<br />

On sait aujourd’hui que la mixité<br />

dans les entreprises et une présence<br />

des femmes dans les postes à responsabilité<br />

a un impact positif sur<br />

la performance des entreprises. Or<br />

le marché du travail en Suisse est<br />

considéré comme le moins favorable<br />

à la carrière féminine en Europe.<br />

Pour pallier le manque de modèles<br />

féminins dans les métiers traditionnellement<br />

occupés par des<br />

hommes, la campagne propose une<br />

galerie de portraits pouvant servir<br />

d’inspiration et de modèles utiles.<br />

© mfk.ch<br />

Gêne et inhibitions au Musée<br />

de la communication<br />

Avoir les oreilles qui chauffent<br />

quand on tente de séduire un(e)<br />

inconnu(e), sentir une sueur froide<br />

couler avant une apparition en<br />

public : nous connaissons bien ces<br />

situations qui sont, avouons-le,<br />

plutôt désagréables.<br />

Le Musée de la communication de<br />

Berne les met en scène et révèle leur<br />

potentiel caché, en permettant de<br />

nous préserver des actions irréfléchies<br />

et des mauvaises décisions.<br />

Le programme qui accompagne<br />

l’exposition nous permet ainsi de<br />

laisser tomber nos inhibitions, par<br />

exemple en suivant une heure de<br />

yoga du rire où il s’agira de rire autant<br />

que possible (le 14 janvier de<br />

12 à 13h.), à l’aide d’exercices et de<br />

techniques de respiration qui développent<br />

l’envie d’être heureux et de<br />

prendre les choses un peu plus légèrement.<br />

A-t-on le droit de nettoyer son nez<br />

avec le doigt ? A partir de cette question<br />

triviale, une expérience théâtrale<br />

d’un nouveau genre propose<br />

aux enfants de 8 à 15 ans de débattre<br />

de ce que l’on a ou non le<br />

droit de faire. L’occasion d’apprendre<br />

le courage de défendre publiquement<br />

une position (à partir<br />

du 25 janvier).<br />

Un autre programme, avec Amnesty<br />

international, propose d’apprendre<br />

à répondre aux paroles offensantes<br />

prononcées dans un coin de bistrot,<br />

et auxquelles on ne trouve souvent<br />

pas d’arguments.<br />

Enfin, l’exposition sera l’occasion<br />

de se confronter à des mondes inconnus<br />

grâce à des entretiens où un<br />

transgenre, un clochard ou une travailleuse<br />

du sexe répondent à nos<br />

questions. Une occasion d’échanger<br />

et de dépasser nos peurs ou gênes<br />

intérieures.<br />

Du 15 novembre au 19 juin 2020.<br />

https://100femmes.ch/<br />

https://<strong>syndicom</strong>.ch/fr/service-desmembres/offres-de-formation/<br />

https://www.mfk.ch/fr/gonfle-ou-poulemouillee//


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements Durant les mois d’octobre et de novembre 2019,<br />

<strong>syndicom</strong> était avec les 150 manifestants devant le Parlement jurassien à Delémont<br />

et avec leurs sympathisants, aux expositions sur l’égalité de Gossau et<br />

d’Eclépens, à la journée du journalisme à Winterthour et avec les retraités.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5


1-4. A Delémont, devant le Parlement jurassien, quelque 150 chauffeurs de CarPostal et des Chemins de fer du Jura (CJ) ainsi que leurs sympathisants<br />

ont manifesté pour dire qu’ils n’accepteront aucune détérioration de leurs conditions de travail suite à l’appel d’offres. (© Hélène Tobler)<br />

5. L’assemblée des délégués de La Poste CH manifeste sa solidarité avec les chauffeurs jurassiens. (© Sheila Winkler)<br />

6. Même solidarité manifestée, le 15 novembre, par l’assemblée des Latines. (© Sheila Winkler)<br />

7. A Gossau, le 14 octobre, a eu lieu le vernissage de l’exposition sur l’égalité dans le centre logistique de La Poste. (© Dominik Fitze)<br />

8. L’exposition sur l’égalité s’est aussi tenue au centre de courrier d’Eclépens. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

9. Le stand de <strong>syndicom</strong> à la journée du journalisme à Winterthour. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

10. La retraite du comité directeur des pensionnés s’est tenue à Bienne. (© Rodolphe Aeschlimann)<br />

29<br />

6<br />

8<br />

7<br />

9<br />

10


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Ces lignes ne doivent pas être<br />

attribuées aux dépens des employés »<br />

Nicolas Maître, né en 1961, a débuté à<br />

La Poste comme facteur à 17 ans. Il a<br />

été actif principalement à Bienne dans<br />

la distribution et l’expédition. En 1988,<br />

il reprenait le bureau de poste de<br />

son père à Epauvillers. Il représentait<br />

la quatrième génération à ce poste.<br />

En 2000, il a accompli une reconversion<br />

professionnelle comme technicien en<br />

informatique de techniques. Ce père<br />

de trois enfants adultes travaille<br />

aujourd’hui comme remplaçant dans<br />

les filiales de La Poste jurassienne.<br />

Depuis 2009, il est conseiller communal<br />

de la commune de Clos-du-Doubs<br />

et depuis 2015, député socialiste au<br />

Parlement jurassien.<br />

Il est syndicaliste depuis plus de<br />

40 ans.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photo : Hélène Tobler<br />

Les salaires des<br />

chauffeurs du Jura ne<br />

doivent pas baisser<br />

« Je suis membre de la Commission<br />

de l’économie du Parlement jurassien<br />

et de la Conférence des transports<br />

pour la commune de Clos-du-<br />

Doubs. C’est lors d’une séance de<br />

cette conférence que j’ai découvert<br />

en 2017 que les lignes allaient être<br />

mises en soumission. Je m’étais déjà<br />

inquiété que cela ne se fasse pas sur<br />

le dos des employés et le ministre<br />

des transports nous avait promis<br />

qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.<br />

A tort, puisqu’aucune de ces promesses<br />

n’a été tenue. Cela va faire la<br />

quatrième intervention parlementaire<br />

que je vais déposer au Parlement<br />

jurassien. Nous entretenons<br />

une pression syndicale certaine pour<br />

que l’on puisse orienter le choix du<br />

Jura et de la Confédération vers une<br />

solution satisfaisante.<br />

Tout d’abord, nous voulons un<br />

salaire annuel supérieur aux<br />

58 000 francs préconisés par la directive<br />

de l’Office fédéral des transports.<br />

Actuellement, on estime à 72 000<br />

francs le salaire usuel de la branche<br />

dans le Jura. Nous aurions aimé que<br />

le gouvernement fixe un critère de<br />

qualité, de coût fixe et de reprise du<br />

personnel dans les conditions de<br />

soumission, ce qu’il n’a pas fait. Le<br />

canton aurait pu indiquer librement<br />

qu’il existe un salaire usuel dans le<br />

Jura pour cette fonction, car la directive<br />

de l’OFT ne tient pas compte du<br />

niveau de vie de notre région. Nous<br />

aimerions que ces critères synonymes<br />

de bonnes conditions de travail<br />

soient respectés et que le choix<br />

ne se fasse pas au détriment du personnel.<br />

La RATP ou les sociétés espagnoles<br />

qui sont actuellement sur les<br />

rangs ne se préoccupent pas de ces<br />

aspects-là. Ils sont même allés<br />

jusqu’à espionner les chauffeurs<br />

pour pouvoir présenter la meilleure<br />

offre sur le marché ! Je suis aussi préoccupé<br />

car non seulement certaines<br />

sociétés paient mal, mais elles ont<br />

aussi des problèmes de sécurité du<br />

parc des bus. Cet élément devrait peser<br />

négativement dans la comparaison<br />

entre soumissionnaires.<br />

Mon taux d’occupation de 80 % à<br />

La Poste me permet d’assumer<br />

toutes ces charges politiques et syndicales<br />

en sus. La compréhension de<br />

mon épouse y participe aussi. Les<br />

remplacements dans les filiales me<br />

permettent d’avoir pas mal de<br />

contacts et un réseau dans le Jura.<br />

Je suis avant tout un syndicaliste<br />

militant, membre du groupe socialiste.<br />

C’est pourquoi je suis prêt à lutter<br />

jusqu’au bout pour que ces adjudications<br />

ne se fassent pas sur le dos<br />

des employés(e)s de ces lignes. Le<br />

choix devrait être connu début 2020.<br />

Sur recommandation du gouvernement,<br />

la Confédération (OFT) attribuera<br />

les lignes pour dix ans. Un<br />

marché juteux de 20 millions de<br />

francs par année, donc 200 millions<br />

sur dix ans. Nous nous battrons pour<br />

qu’une grande partie de cette somme<br />

revienne aux salaires des employés<br />

afin de leur permettre de vivre et de<br />

faire vivre leur famille décemment. »<br />

https://bit.ly/2CHyPUo


Impressum<br />

Rédaction : Sylvie Fischer, Giovanni Valerio, Marie<br />

Chevalley<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser<br />

Illustrations, dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Images sans © : mises à disposition<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Mots-croisés Syndicom octobre 2019<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Le numéro 15 paraîtra le 24 février 2020.<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 13 janvier 2019.<br />

31<br />

II<br />

e 2019<br />

12<br />

15<br />

7<br />

I<br />

III<br />

IV<br />

Mot mystère :<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

4 1<br />

6 7 8 9 10 11 12<br />

V<br />

8 9<br />

9<br />

VI<br />

10 11 12 13 14 15<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

2<br />

DÉFINITIONS<br />

Horizontalement : I. Plus agréable au<br />

petit matin que dans la réponse. Fuit<br />

constamment. II. Je le fis de ses<br />

espoirs. Nymphe. III. Plus. L'eau y<br />

coule. Pas là. IV. De houblon ou de<br />

sapin. Invisible si sympathique. V. De.<br />

Opposé sur la rose. Sur la table<br />

guinéenne. Bien des choses y finissent.<br />

VI. Après s'être énervé (se). Grand<br />

moment. VII. 6 Fin du SIDA. Début<br />

d'irruption. VIII. Toujours. IX. Ni les<br />

unes, ni les autres. Exprime. Ordonnée.<br />

3<br />

X. Aller en justice. Investis. Faisait<br />

chaud.<br />

DÉFINITIONS<br />

5 3<br />

7<br />

2<br />

Horizontalement : I. Plus agréable au<br />

petit matin que dans la réponse. Fuit<br />

constamment. II. Je le fis de ses<br />

espoirs. Nymphe. III. Plus. L'eau y<br />

coule. Pas là. IV. De houblon ou de<br />

sapin. Invisible si sympathique. V. De.<br />

Opposé sur la rose. Sur la table<br />

7<br />

DÉFINITIONS<br />

Horizontalement : I. Plus agréable au<br />

petit matin que dans la réponse. Fuit<br />

constamment. II. Je le fis de ses<br />

espoirs. Nymphe. III. Plus. L'eau y<br />

coule. Pas là. IV. De houblon ou de<br />

sapin. Invisible si sympathique. V. De.<br />

Opposé sur la rose. Sur la table<br />

guinéenne. Bien des choses y finissent.<br />

VI. Après s'être énervé (se). Grand<br />

moment. VII. Fin du SIDA. Début<br />

d'irruption. VIII. Toujours. IX. Ni les<br />

unes, ni les autres. Exprime. Ordonnée.<br />

X. Aller en justice. Investis. Faisait<br />

chaud.<br />

Verticalement : 1. Exalté. 2. Période<br />

chaude. Attila en est. 3. Possède.<br />

Service militaire. 4. Préparait la greffe.<br />

5. Rythme l'année. 6. Avant la nuit. Un<br />

petit du mètre. 7. Prisez. 8. Plus d'un.<br />

Oui. Chaleur passée. 9. Abîmé. Fleuve<br />

à la mode. 10. Document officiel. Louis<br />

ou Napoléon. Vieux capitaine. 11.<br />

Retirer l'emballage. Entraves. 12. Au<br />

Les mots croisés<br />

6<br />

guinéenne. Bien des choses y finissent. début et à la fin de la vie. 1'500 sur le<br />

forum. Le·la 13. gagnant·e, Réflexif. Abeille dont le maçonne. nom paraîtra<br />

VI. Après s'être énervé (se). Grand 14. dans Produit. le prochain Précis. <strong>magazine</strong>, 15. Godilles. recevra un<br />

moment. VII. Fin du SIDA. Début Retirée.<br />

d'irruption. VIII. Toujours. IX. Ni les<br />

unes, ni les autres. Exprime. Ordonnée.<br />

X. Aller en justice. Investis. Faisait<br />

chaud.<br />

Verticalement : 1. Exalté. 2. Période<br />

chaude. Attila en est. 3. Possède.<br />

Service militaire. 4. Préparait la greffe.<br />

5. Rythme l'année. 6. Avant la nuit. Un<br />

petit du mètre. 7. Prisez. 8. Plus d'un.<br />

Oui. Chaleur passée. 9. Abîmé. Fleuve<br />

à la mode. 10. Document officiel. Louis<br />

ou Napoléon. Vieux capitaine. 11.<br />

Retirer l'emballage. Entraves. 12. Au<br />

début et à la fin de la vie. 1'500 sur le<br />

forum. 13. Réflexif. Abeille maçonne.<br />

14. Produit. Précis. 15. Godilles.<br />

Retirée.<br />

bon Coop de 40 francs, offert par notre<br />

partenaire Coop. Prière d’envoyer votre<br />

solution (le mot-mystère seulement)<br />

jusqu’au 13 janvier 2020 à Rédaction<br />

<strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse 33,<br />

case postale, 3001 Berne.<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

<strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> 13/2019 était<br />

« DIGISOCIAL ».<br />

Le gagnant est<br />

Monsieur Jean-Marc Faigaux de<br />

Monthey.<br />

Il recevra 30 francs en chèques REKA de<br />

notre partenaire REKA.<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

Verticalement : 1. Exalté. 2. Période<br />

chaude. Attila en est. 3. Possède.<br />

Service militaire. 4. Préparait la greffe.<br />

5. Rythme l'année. 6. Avant la nuit. Un<br />

petit du mètre. 7. Prisez. 8. Plus d'un.<br />

Oui. Chaleur passée. 9. Abîmé. Fleuve<br />

à la mode. 10. Document officiel. Louis<br />

ou Napoléon. Vieux capitaine. 11.<br />

Retirer l'emballage. Entraves. 12. Au<br />

Annonce début et à la fin de la vie. 1'500 sur le<br />

forum. 13. Réflexif. Abeille maçonne.<br />

14. Produit. Précis. 15. Godilles.<br />

Retirée.<br />

TOUT EST<br />

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SAUF LES RÉFUGIÉS<br />

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32 Interactifs<br />

Ce que j’attends du nouveau Parlement<br />

Regina Frei, libraire<br />

J’espère que le nouveau Parlement<br />

mettra tout en œuvre pour faire<br />

avancer l’adaptation – depuis longtemps<br />

nécessaire – des lois existantes<br />

à une société de plus en plus<br />

ouverte, en particulier dans le<br />

domaine de l’égalité pour toutes et<br />

tous.<br />

Benjamin von Wyl,<br />

journaliste indépendant<br />

J’attends la modification constitutionnelle<br />

la plus courte possible :<br />

l’article sur les médias concernant<br />

la radio et la télévision doit être<br />

élargi aux journaux et aux médias<br />

en ligne.<br />

Andrea Pardo, postier<br />

Je souhaite que l’on accorde<br />

plus d’attention aux salaires<br />

de la classe moyenne inférieure.<br />

Pour un salaire décent<br />

pour tous, des allégements<br />

pour les familles avec<br />

enfants (assurance-maladie<br />

et impôts). Il faut davantage<br />

de faits et moins de paroles !<br />

Niclas Glauser, Enterprise<br />

Customer Care Swisscom<br />

J’attends une nouvelle<br />

étape dans l’égalité sociale<br />

et juridique de tous les<br />

sexes et un débat basé sur<br />

des faits portant sur l’introduction<br />

de la 5G.<br />

Sebastian Walter,<br />

DevOps Engineer Swisscom<br />

Patrick Pflumm,<br />

chauffeur CarPostal<br />

J’attends que les salaires soient<br />

défendus, et pas les frontières.<br />

La bataille doit être menée sur un<br />

salaire équitable, fixé par contrat,<br />

sans discrimination entre les travailleurs<br />

indigènes et frontaliers.<br />

Rachel Grüninger,<br />

employée CarPostal<br />

J’attends qu’on accorde une attention<br />

particulière aux travailleurs<br />

locaux et qu’on leur propose un<br />

salaire minimum décent. En tant<br />

que femme, je souhaite l’égalité<br />

des droits entre les sexes, tant en<br />

termes de traitement que de rétribution.<br />

J’apprécierais aussi un<br />

congé de paternité plus long pour<br />

les nouveaux papas.<br />

Le changement climatique doit être<br />

endigué, mais pas sur le dos des<br />

travailleurs. Les entreprises qui<br />

détruisent l’environnement depuis<br />

des années doivent payer la transformation<br />

de l’économie.<br />

Priscilla De Lima,<br />

journaliste<br />

Alda Viviani,<br />

traductrice freelance<br />

Je souhaite que le Parlement<br />

s’engage pour des<br />

primes d’assurance-maladie<br />

proportionnelles au<br />

revenu et qui ne le dépassent<br />

pas de 10 %.<br />

Du nouveau Parlement, j’attends<br />

des mesures concrètes pour<br />

l’égalité salariale et pour une<br />

meilleure conciliation entre la<br />

vie familiale et professionnelle.

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