Psychologie Positive N°30

PAROLES D’EXPERT
À la lecture de votre livre, nous
prenons conscience d’une chose : nous
sous-estimons les pouvoirs de notre
corps, qui se régénère à chaque instant
en toute discrétion…
Oui, chaque minute, nous produisons
cent millions de cellules nouvelles.
En moyenne, notre corps n’a pas plus
de dix ans, indépendamment du
nombre d’années qui se sont écoulées
depuis notre naissance. Notre peau se
régénère entièrement en sept jours et
notre foie en un an environ. Certaines
choses durent plus longtemps, comme
les cellules du cerveau. Mais nous
nous régénérons en permanence,
qu’on le veuille ou non. Dans les
situations de crise, c’est un peu
comme un avion qui a toujours
plusieurs moteurs, au cas où. Sauf
que notre corps a dix fois plus de
solutions de remplacement qu’un
avion... Et surtout, il faut voir le
corps de manière holistique. J’aime
bien ce mot du chercheur David
Morris, qui rappelle que pour
beaucoup de gens, le placebo n’a pas
de sens et reviendrait à remplir le
réservoir de sa voiture avec du thé...
En effet, cela ne fonctionnerait pas
avec une voiture. Mais notre corps
n’est pas une machine.
Nous redécouvrons aujourd’hui que
notre corps n’est pas aussi séparé de
notre esprit que nous le pensions.
Essayez de me citer une chose qui
soit purement psychologique ?
C’est impossible. Chacune de nos
pensées est en corrélation avec au
moins une partie spécifique de
notre cerveau. Une pensée change
notre biochimie, elle se traduit
instantanément dans le corps.
Donc une pensée positive peut
avoir un effet déstressant, activer
le corps qui produit alors ce dont
nous pourrions bénéficier avec des
pilules, mais en moins dangereux
et en moins cher.
Selon vous, les placebos activeraient
notre “pharmacie intérieure” ?
La première grande étude sur le
placebo a été publiée en 1955 par
Henry Beecher. L’anesthésiste s’était rendu compte
pendant la Seconde Guerre mondiale qu’en injectant
aux soldats blessés de l’eau salée à la place de la
morphine (à leur insu, le stock étant épuisé), cela
réduisait leur douleur. En fait, les placebos ne sont pas
tout-puissants, ce n’est pas la panacée. Mais, comme
les “vrais” médicaments, ils fonctionnent très bien pour
certaines affections. Il en existe de formes variées :
des comprimés, des injections… Ils auront des effets
différents. Les chercheurs se sont aperçus que plus ils
sont invasifs, plus ils sont efficaces : deux comprimés
sont plus efficaces qu’un seul, l’injection est plus efficace
que le comprimé, etc. Les pilules rouges et orange ont
des effets stimulants, tandis que les bleues et les vertes
ont des effets relaxants. Nous avons donc une véritable
pharmacie intérieure qui peut soulager la douleur,
combattre la dépression et nous rendre généralement
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