Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
FRANCE<br />
MARS 2021<br />
HORS DU COMMUN<br />
Votre magazine<br />
offert chaque<br />
mois avec<br />
MYRIAM<br />
NICOLE<br />
HEAVY MENTAL<br />
Dans la tête de deux icônes du VTT descente à la<br />
reconquête de leurs titres mondiaux…<br />
Quand la force de l'esprit peut faire la différence<br />
LOÏC<br />
BRUNI
Topstone Carbon<br />
Lefty<br />
More give<br />
More go<br />
More Lefty*<br />
EN ACTION TOPSTONE CARBON LEFTY 1 7,999€<br />
* Plus de confort. Plus de capacités. Plus Lefty.<br />
Equipé de pneus 650 47c pour plus de douceur sur route et plus d’adhérence hors route. Doté aussi de<br />
notre pension arrière super-léger Kingpin et de notre fourche révolutionnaire Lefty Oliver afin de créer<br />
le vélo ultime jamais conçu. cannondale.com
Éditorial<br />
SOUS LEURS<br />
CASQUES<br />
Derrière les masques de protection, sous les deux<br />
casques en « fusion » sur notre couverture, il y a<br />
un gars et une fille parmi les plus abordables que<br />
vous pourriez rencontrer.<br />
Deux icônes bon esprit d’un sport, le VTT de<br />
descente, où ils ont atteint les plus hautes sphères<br />
mondiales. Après une saison « très particulière »,<br />
ils sont plus que jamais convaincus que leur force<br />
d’esprit pourra leur permettre de faire la différence<br />
sur des pilotes tous aussi bien préparés,<br />
équipés et motivés qu’eux.<br />
Rassembler Loïc Bruni et Myriam Nicole entre<br />
Noël et le jour de l’An n’était pas seulement une<br />
occasion pour eux de se retrouver entre amis,<br />
mais surtout l’opportunité de connaître leurs<br />
convictions sur une arme invisible, qu’ils nous<br />
recommandent à tous d’optimiser : notre mental.<br />
CONTRIBUTEURS<br />
NOS ÉQUIPIERS<br />
GAVIN BOND<br />
Le photographe britannique<br />
est abonné aux shootings<br />
de mode plutôt qu’à des missions<br />
dans le milieu des<br />
sports mécaniques, mais il<br />
s’est retrouvé sur la course<br />
Mint 400 dans le désert du<br />
Nevada. « Ce fut mon dernier<br />
shooting avant que la pandémie<br />
ne frappe, se souvient-il.<br />
Mais esquiver les camions et<br />
porter un masque contre la<br />
poussière ne m’a finalement<br />
pas préparé à ce qui allait<br />
suivre en 2020. » P. 20<br />
Belle lecture !<br />
Votre Rédaction<br />
JEREMY BERNARD (COUVERTURE)<br />
50 % de notre couverture : la championne de VTT de<br />
descente française Myriam Nicole. Une forte tête.<br />
JÉRÉMY BERNARD<br />
Photographe de ski freeride<br />
et de sport depuis dix ans,<br />
Jérémy s’épanouit à présent<br />
dans le photojournalisme.<br />
« Pour ce shooting de<br />
couverture, c’était drôle de se<br />
retrouver un 29 décembre à<br />
La Grand-Combe pour shooter<br />
du vélo DH, dit le co-fondateur<br />
du site neufdixieme.com, car<br />
à cette époque, je suis sur mes<br />
skis. Et pas facile de canaliser<br />
les deux phénomènes, Myriam<br />
et Loïc, peu avares en facéties<br />
pour nous faire marrer. » P. 42<br />
THE RED BULLETIN 3
32<br />
Changer le game : Fif donne de<br />
la force aux femmes du rap et<br />
présente dix talents à suivre.<br />
42<br />
Rencontre avec Loïc Bruni (photo) et Myriam<br />
Nicole, pour savoir ce qu’ils ont dans la tête.<br />
6 Galerie : ces photos ont de quoi<br />
déconfiner vos rétines<br />
12 Comment un skieur pro<br />
aujourd’hui en fauteuil roulant<br />
peut vous motiver à courir<br />
14 Le bleu de travail du futur ne<br />
passera pas à la machine<br />
15 À quoi pourraient ressembler les<br />
cinémas de demain<br />
16 Faire d’une fin un début, avec le<br />
créateur des skis Black Crows<br />
18 Playlist : le son de la révolution<br />
selon le rappeur Common<br />
FELIPE BARBOSA, JEREMY BERNARD, EVA BERTEN<br />
4 THE RED BULLETIN
CONTENUS<br />
mars 2021<br />
70<br />
Quand B-Girl Jilou se bouge<br />
pour les autres ladies.<br />
20 Tempête du désert<br />
Le photographe anglais<br />
Gavin Bond dans la fureur du<br />
MINT 400, une course folle<br />
et motorisée dans le désert<br />
du Nevada.<br />
32 Elles font le rap<br />
Fif a interviewé l’essentiel de<br />
la scène rap française, et<br />
nous présente certains de<br />
ses talents féminins parmi<br />
les plus bouillants.<br />
42 Deux fortes têtes<br />
Deux des meilleurs descendeurs<br />
VTT de tous les temps<br />
réunis pour une mise au point<br />
sur leur détermination<br />
mentale.<br />
52 La vague afro<br />
Un livre nécessaire apporte<br />
un courant contraire sur le<br />
cliché du surfeur blond aux<br />
yeux bleus.<br />
64 Non-stop<br />
Le profil rare de Monki,<br />
à la fois joueuse de foot,<br />
DJ, et activiste sociétale<br />
et culturelle.<br />
70 La force en<br />
elle(s)<br />
L’Allemande Jilou ne danse<br />
pas que pour assouvir sa<br />
passion : elle espère aussi<br />
motiver sa communauté<br />
au changement.<br />
79 À faire : le VTT sauce viking<br />
84 Fitness : une séance de l’espace<br />
86 Rétro : Game & Watch is back !<br />
87 Gaming : infiltrez-vous<br />
88 Avec l’élite du babyfoot…<br />
89 À voir : sur <strong>Red</strong> Bull TV<br />
90 Matos : un vélo vous attend<br />
96 Ils et elles font The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
98 Image de fin : délire omnisport<br />
THE RED BULLETIN 5
ARROYOMOLINOS,<br />
ESPAGNE<br />
La France<br />
met le feu<br />
En motocross quand vous gagnez une<br />
course, il est de bon ton d’envoyer une<br />
signature aérienne pour célébrer votre<br />
performance et régaler le public. C’est<br />
ce qu’exécute le pilote français de<br />
20 ans, Tom Vialle (<strong>Red</strong> Bull KTM Factory<br />
Racing), quand il passe la ligne d’arrivée<br />
de la douzième étape du championnat<br />
du monde de MX2, le 11 octobre 2020,<br />
sur la piste d’Intu Xanadù. L’Avignonnais<br />
sera finalement sacré Champion du<br />
monde MX2 2020 pour sa seconde<br />
saison dans cette discipline.<br />
Instagram : @tomvialle28
SAMO VIDIC/RED BULL CONTENT POOL<br />
7
TURDA, ROUMANIE<br />
Passion<br />
sous-sol<br />
Ancienne mine de sel devenue<br />
attraction touristique, la Salina<br />
Turda est une merveille souterraine<br />
dont les structures brillent<br />
comme des anémones de mer dans<br />
la pénombre. La reine du <strong>Red</strong> Bull<br />
Cliff Diving, Rhiannan Iffland,<br />
n’avait d’yeux que pour le lac, à<br />
112 m sous terre. « C’est la toute<br />
première plongée souterraine dans<br />
une mine de sel, raconte l’Australienne<br />
à propos de son plongeon<br />
en octobre 2020. Avec une densité<br />
17 % supérieure à celle de l’eau<br />
de mer, l’impact y est différent.<br />
On est repoussé à la surface. »<br />
@rhiannan_iffland ; joergmitter.com
JOERG MITTER/RED BULL CONTENT POOL<br />
9
YAKUTAT, ALASKA<br />
Top secret<br />
Le photographe de sports d’action Dom<br />
Daher était sur le Freeride World Tour<br />
à Haines, en Alaska, lorsqu’il a reçu un<br />
message de l’ex-freerideuse Anne-Flore<br />
Marxer. « Elle a dit qu’il y avait du vent<br />
dans le Yakutat et que nous devrions y<br />
aller juste après l’événement, se souvient<br />
le Français. Alors, le lendemain, nous<br />
sommes allés là-bas - dans un tout petit<br />
avion. » Yukutat, dans le sud-est de<br />
l’Alaska, compte 600 habitants (« le flic<br />
de la ville connaît tous les numéros de<br />
téléphone par cœur »), et un secret bien<br />
gardé : une vague, que les locaux, comme<br />
Andrew (photo) viennent surfer à loisir.<br />
domdaher.com
DOM DAHER<br />
11
MIKE SHAW<br />
« C’est la gratitude<br />
qui m’a sauvé »<br />
Condamné au fauteuil roulant, l’ex-skieur pro freestyle Mike Shaw réussit<br />
à courir dix kilomètres. Il veut traverser le Canada avec un millier d’amis.<br />
Un an, quatre mois et 17 jours, c’est<br />
le temps qui s’est écoulé entre le jour<br />
où Mike Shaw apprend qu’il ne marcherait<br />
plus jamais et sa participation<br />
à une course à pied. En décembre<br />
2013, l’entraîneur canadien de ski<br />
acrobatique fait une grave chute qui<br />
provoquera une paralysie de ses<br />
quatre membres. Le diagnostic (quadriplégie<br />
incomplète) est rude, mais<br />
n’entame en rien sa détermination.<br />
À peine opéré, Mike entame un entraînement<br />
intensif. Trois mois plus<br />
tard, il quitte l’hôpital. Seize mois<br />
après, il participe à la course Wings<br />
for Life World Run. Il parcourt dix<br />
kilomètres avant d’être rejoint par la<br />
voiture-balai. Une performance incroyable.<br />
De plus, cette compétition<br />
lui tient à cœur car tous les frais<br />
d’inscription vont à la recherche sur<br />
la moelle épinière. « Le remède<br />
n’existe pas encore, précise l’athlète<br />
de 34 ans. J’ai eu de la chance, mais<br />
la blessure fait toujours partie de<br />
mon quotidien. Mes bras et mes<br />
jambes restent en partie insensibles<br />
et je perds l’équilibre une cinquantaine<br />
de fois par jour. » Il évoque ici,<br />
le rôle essentiel de l’entourage et les<br />
raisons qui font de la gratitude un<br />
remède efficace contre la détresse.<br />
the red bulletin : Après votre<br />
opération, le médecin vous a annoncé<br />
que vous ne marcheriez<br />
plus jamais. Mais vous avez refusé<br />
son diagnostic. Pourquoi ?<br />
mike shaw : Je suis un optimiste<br />
invétéré. Quand quelque chose ne<br />
marche pas, je me dis toujours que<br />
ce n’est qu’une question de temps.<br />
Le freeski m’a appris à me relever.<br />
La chute fait partie de la progression.<br />
Il faut savoir se relever, remonter<br />
la pente et tenter le saut à nouveau.<br />
Avec le temps, cette attitude a<br />
fini par devenir une seconde nature.<br />
Dans votre livre Never Part of<br />
the Plan (ndlr : Cela n’a jamais<br />
fait partie du plan), vous écrivez<br />
que la gratitude vous a permis de<br />
traverser les moments les plus<br />
difficiles. Pouvez-vous nous en<br />
dire plus ?<br />
Quelques semaines après l’accident,<br />
j’étais au fond du trou. D’horribles<br />
crampes m’accablaient, je souffrais<br />
le martyre. J’ai failli renoncer à<br />
maintes reprises. Puis, j’ai découvert<br />
dans la gratitude un outil. Une<br />
révélation. Lorsqu’on traverse une<br />
période difficile, la gratitude est<br />
rarement le premier réflexe. C’est<br />
pourtant dans ces moments-là<br />
qu’elle s’avère le plus efficace. À<br />
l’hôpital, je n’ai pas eu à chercher<br />
bien loin pour trouver cas plus désespéré<br />
que le mien. Le but était de<br />
changer de perspective, se dire que<br />
lorsqu’une porte se ferme, quatre<br />
autres s’ouvrent. Elles s’ouvrent de<br />
surcroît sur une terrasse surplombant<br />
l’océan !<br />
En 2017, vous avez lancé #Team-<br />
Coast2Coast, une communauté<br />
de coureurs Wings for Life avec<br />
de grandes ambitions. Pouvezvous<br />
nous en dire davantage ?<br />
J’ai parlé de Wings for Life à mon<br />
ami Jim Mullan. Il vit à Halifax et<br />
est paraplégique comme moi. Il me<br />
dit : « Pourquoi ne pas rassembler<br />
suffisamment de personnes pour<br />
traverser virtuellement le Canada<br />
de Vancouver à Halifax, d’une côte<br />
à l’autre, soit 5500 kilomètres ? »<br />
Nous étions alors à un mois de la<br />
course. Nous avons mis #Team-<br />
Coast2Coast en ligne et avons réussi<br />
à inscrire 100 personnes. En 2019,<br />
nous avions plus de 900 inscrits qui<br />
couraient pour nous dans tout le pays<br />
via l’application. Il nous a manqué<br />
150 km pour atteindre notre objectif.<br />
Cette année, nous visons un renfort<br />
de 1000 coureurs afin d’aller au bout.<br />
Souhaitez-vous encourager les<br />
gens à reproduire l’exemple de<br />
#TeamCoast2Coast ?<br />
Absolument ! Former une équipe<br />
et se fixer un objectif commun est<br />
extrêmement motivant, mais les<br />
gens ne nous ont pas attendus pour<br />
se lancer. Faire partie de cette communauté<br />
mondiale est une force.<br />
Wings for Life<br />
World Run<br />
Une course à laquelle participent des<br />
milliers de coureurs à travers le monde<br />
simultanément. Votre course prend fin<br />
dès que la voiture-balai (virtuelle) vous<br />
dépasse. Coup d’envoi le 9 mai 2021.<br />
Vous pouvez participer via l’appli —<br />
en solo, avec des amis ou au sein d’une<br />
course organisée, mais aussi dans l’un<br />
des douze grands Flagship Runs, si les<br />
circonstances le permettent.<br />
Inscriptions et formation de votre<br />
équipe : wingsforlifeworldrun.com<br />
ROYCE SIHLIS FLORIAN OBKIRCHER<br />
12 THE RED BULLETIN
« Le but était<br />
de changer de<br />
perspective. »<br />
THE RED BULLETIN 13
GUARDIAN XO<br />
L’homme<br />
amélioré<br />
Mi-homme, mi-machine, cet<br />
exosquelette pourrait devenir<br />
le bleu de travail du futur.<br />
Chaud devant :<br />
le Guardian XO ne<br />
pèse que 68 kg,<br />
s’enfile et se retire<br />
en seulement<br />
30 secondes,<br />
idéal pour un robot<br />
à la demande.<br />
Si l’on en croit la sciencefiction,<br />
l’exosquelette robotique<br />
fera bientôt partie de<br />
notre garde-robe. Le Guardian<br />
XO, premier exosquelette au<br />
monde à propulsion intégrale,<br />
créé par la société américaine<br />
Sarcos Robotics en partenariat<br />
avec l’armée américaine, nous<br />
rapproche un peu plus de ce<br />
futur. Mais, contrairement<br />
à l’Iron Man de Marvel ou à<br />
l’armure de Tom Cruise dans<br />
Edge of Tomorrow en 2014,<br />
cette combinaison n’est pas<br />
destinée au combat. Elle permet<br />
d’accomplir des tâches<br />
manuelles et de changer ainsi<br />
notre quotidien de manière<br />
considérable.<br />
La quête d’un exosquelette<br />
motorisé fonctionnel n’est pas<br />
nouvelle. Dès 1965, General<br />
Electric lançait son Hardiman,<br />
mais son poids excessif<br />
(680 kg), sa mobilité limitée et<br />
brutale le rendaient inapte à<br />
une utilisation humaine. Depuis,<br />
de nombreux prototypes ont<br />
vu le jour, essentiellement des<br />
exosquelettes partiels destinés<br />
aux personnes handicapées<br />
des membres inférieurs.<br />
Ben Wolff PDG de Sarcos,<br />
tient toutefois à préciser que<br />
le Guardian XO est « un robot<br />
humanoïde portable, complet<br />
et fonctionnel » capable de<br />
soulever aisément 90 kg (45 kg<br />
par bras), doté de 24 degrés<br />
de liberté, assurant à son opérateur<br />
un déplacement sans<br />
encombre. « L’exosquelette<br />
convient à toute personne dont<br />
le métier comporte le maniement<br />
d’objets lourds, ou des<br />
tâches pénibles, en réduisant<br />
la contrainte physique »,<br />
explique Wolff. Un aspect qui<br />
n’a pas manqué d’éveiller l’intérêt<br />
des forces armées.<br />
Les activités logistiques de<br />
l’armée américaine, l’une des<br />
plus importantes au monde,<br />
perdent selon les estimations<br />
de Wolff, environ 27 millions<br />
de jours de travail par an. Cette<br />
perte n’est pas liée aux combats,<br />
mais à la construction,<br />
au transport et à la production.<br />
« La pénibilité du travail est<br />
telle que nos collaborateurs ne<br />
peuvent exercer ce métier plus<br />
de cinq à sept ans. Le Guardian<br />
XO leur permet de poursuivre<br />
leur activité professionnelle<br />
aussi longtemps qu’ils le souhaitent.<br />
»<br />
La combinaison pourrait<br />
convenir à d’autres domaines<br />
d’activité humaine physiquement<br />
exigeante, tels que les<br />
services d’urgence et les<br />
secours en cas de catastrophe.<br />
Mais, alors que certains spécialistes<br />
étudient des solutions<br />
entièrement automatisées,<br />
comme les drones ou les robots<br />
à IA, Wolff pense que l’intuition<br />
et l’intelligence humaines<br />
restent la clé : « Contrairement<br />
aux alarmistes, nous pensons<br />
que l’IA est loin d’être au point<br />
et que le Terminator qui remplacera<br />
l’homme n’est pas<br />
encore né. Le travail humain a<br />
encore un bel avenir, par conséquent,<br />
la meilleure option est<br />
d’augmenter l’homme pas de<br />
le remplacer. »<br />
sarcos.com<br />
DAN ESCOBAR LOU BOYD<br />
14 THE RED BULLETIN
Votre future salle de<br />
cinéma ressemblera<br />
peut-être à cela.<br />
OMA CINEMA LOU BOYD<br />
OMA CINEMA<br />
Ça va flotter<br />
La menace qui pèse sur les salles de cinéma pousse<br />
deux Parisiens à s’inspirer du passé pour les sauver.<br />
« Aller au cinéma pourrait bientôt<br />
devenir chose du passé »,<br />
déclarait Patty Jenkins, réalisatrice<br />
de Wonder Woman 1984,<br />
en octobre dernier, après que<br />
la sortie de son blockbuster ait<br />
été reportée pour la troisième<br />
fois. En 2020, l’effet dévastateur<br />
de la COVID-19 sur le<br />
calendrier des sorties en salle<br />
frappe également le dernier<br />
James Bond repoussé à 2021.<br />
Même un réalisateur de renom<br />
comme Christopher Nolan ne<br />
parvient pas avec son Tenet à<br />
ramener les spectateurs<br />
devant le grand écran.<br />
Le mode de socialisation<br />
change, et l’expérience de la<br />
salle de cinéma telle que nous<br />
la connaissons, assis côte à<br />
côte, rangée après rangée,<br />
risque de disparaître à jamais.<br />
Mais survivre, c’est évoluer,<br />
comme le prouvent les<br />
architectes parisiens Pierre et<br />
Nicolas Chican et leur « cinéma<br />
vertical ». Oma Cinema remplace<br />
la configuration des<br />
salles de cinéma traditionnelles<br />
par des alvéoles accueillant de<br />
petits groupes.<br />
Accrochés verticalement<br />
face à l’écran, les sièges posés<br />
sur cet « écrin » procurent le<br />
réconfort social dont les spectateurs<br />
ont besoin, même si à<br />
l’origine l’idée répondait moins<br />
à un besoin de sécurité qu’au<br />
désir de créer une expérience<br />
plus immersive. « Nous voulions<br />
exploiter toute la hauteur<br />
de l’écran et en rapprocher les<br />
spectateurs », explique Nicolas<br />
Spectaculaire : l’espace d’accueil de l’Oma Cinema.<br />
à propos d’une structure qui<br />
superpose le public sur une<br />
pente de 50 %, au lieu des 25 %<br />
d’une salle classique.<br />
« Les spectateurs auront la<br />
sensation de flotter devant<br />
l’écran. » Cela évitera aussi<br />
qu’une personne de grande<br />
taille gêne la vue de celle assise<br />
derrière. La conception impressionne<br />
par son style futuriste<br />
et sa ressemblance avec le<br />
Sénat galactique de Star Wars,<br />
une comparaison qui a surpris<br />
les frères. « Cela nous évoque<br />
plus des loges d’opéras ou de<br />
théâtres, explique Nicolas.<br />
Chaque balcon peut être agrémenté<br />
de canapés, de fauteuils,<br />
ou d’un nombre réduit<br />
de sièges de cinéma. »<br />
Le premier Oma Cinema<br />
doit ouvrir à Paris cette année.<br />
« C’est dur pour les cinémas,<br />
l’innovation est un moyen de<br />
trouver de nouvelles façons<br />
de ramener le public dans les<br />
salles pour y voir des films en<br />
compagnie. Rien de tel que<br />
de se retrouver entourer de<br />
proches et regarder un film sur<br />
un écran immense avec un son<br />
surround. Le streaming ne<br />
pourra jamais égaler cela. »<br />
omacinema.com<br />
THE RED BULLETIN 15
CAMILLE JACCOUX<br />
Planches de salut<br />
En 2020, le skieur et cofondateur des skis Black Crows, Camille Jaccoux,<br />
découvre la station de ski fantôme de Rio (Nouveau-Mexique). Et lance une<br />
série sur ces lieux d’altitude abandonnés. Quand une fin devient un début.<br />
Des lieux quittés en urgence, laissés<br />
dans un abandon soudain. En survolant<br />
le domaine skiable de Rio au<br />
Nouveau-Mexique (États-Unis),<br />
déserté depuis vingt ans, le photographe<br />
Chris Dahl-Bredine, recruté<br />
pour les besoins du tournage par<br />
Camille Jaccoux, raconte ces rivières<br />
qui se créent là où la neige se met à<br />
fondre, tous ces endroits aimés qui<br />
finissent par se rejoindre. Pour le<br />
cofondateur de la marque de ski<br />
Black Crows, Rio est un spot unique,<br />
mystique. Joe Musich, le gardien<br />
de la station fantôme depuis 2009<br />
dit, lui, qu’il s’y passe des choses<br />
étranges, à 2 895 m d’altitude. « Tout<br />
a été laissé en plan, de la caisse enregistreuse<br />
au matériel de ski et de<br />
snowboard. Même les pistes sont<br />
restées plus ou moins en l’état »,<br />
confirme Camille Jaccoux qui a produit<br />
avec le freeskieur Julien Régnier<br />
le premier épisode The Ghost Ski<br />
Resorts, appelé à devenir une série.<br />
« L’idée nous est venue il y a deux<br />
ans, lors d’un trip ski en Oregon. On<br />
nous a parlé de ces stations fantômes<br />
dans l’Est des États-Unis. Souvent<br />
des micro-domaines qui ont<br />
poussé comme des champignons<br />
dans les années 50 et 60 et qui ont<br />
disparu au fil du temps, pour des<br />
raisons économiques et/ou à cause<br />
du réchauffement climatique. »<br />
Camille Jaccoux se documente, et<br />
découvre que ces stations de ski fantômes<br />
existent dans le monde entier.<br />
Il s’intéresse surtout aux sites à<br />
l’architecture très présente, témoins<br />
d’un passé et d’une vie riches. « Avec<br />
Julien, nous avons eu envie de nous<br />
réapproprier un domaine mécanisé<br />
via le ski de randonnée. De rencontrer<br />
des gens qui ont vécu là, leur<br />
faire raconter leur histoire. En tant<br />
que skieur, vivant à Chamonix, ça<br />
me parle, je vois tous les jours des<br />
changements, des choses qui disparaissent,<br />
à cause du réchauffement<br />
climatique. Les éboulements se<br />
multiplient, la limite pluie-neige remonte,<br />
les glaciers reculent. En plaisantant,<br />
et de façon un peu cynique,<br />
je dis souvent que le ski, ce n’est pas<br />
un métier d’avenir… » Pourtant, son<br />
film dit clairement le contraire.<br />
Se réinventer. Créer. Ne pas écouter<br />
les empêcheurs de rider en rond.<br />
Rio : station fantôme<br />
Lodges, hôtels et condominiums désertés,<br />
remontées mécaniques rouillées :<br />
peu à peu, les chutes de neige qui atteignaient<br />
en moyenne 6,60 m chaque<br />
hiver sont devenues irrégulières à Rio,<br />
dont l’éloignement des principales<br />
grandes villes a précipité la faillite. La<br />
station de ski a fonctionné entre 1982 et<br />
1990, puis entre 1995 et 2000. Le 9 janvier<br />
2000, la vie de ce domaine familial,<br />
seul vivier d’emploi dans la région, s’est<br />
brutalement arrêtée. Les repas préparés<br />
ont pourri sur place, les lits faits l’ont été<br />
pour rien… The Ghost Ski Resorts,<br />
Chapter 1 à voir sur la chaîne YouTube<br />
de la marque de skis Black Crows.<br />
Dans le cas qui nous occupe, trouver<br />
spatule à son pied. Quand il lance<br />
Black Crows autour d’une table en<br />
2006 avec le freeskieur Bruno<br />
Compagnet, de manière instinctive,<br />
l’industrie est ancienne et globalement<br />
assez conservatrice. « Black<br />
Crows, c’est un projet fait à la maison,<br />
par un petit groupe créatif. Ça<br />
a toujours été dur, intense, un truc<br />
de passionnés. Bien sûr, au début,<br />
on nous a dit que le ski, c’était mort,<br />
mais on avait envie de s’infiltrer dans<br />
une niche, avec comme seul plan<br />
marketing d’avoir des produits qui<br />
nous ressemblent, de bons skis qui<br />
collent à un besoin ressenti sur le<br />
terrain, qui font sens, qui parlent<br />
aux skieurs de la première benne,<br />
mais aussi à nos familles. À l’époque,<br />
aucun ski ne nous faisait vraiment<br />
rêver. On a eu plutôt raison de se<br />
lancer et d’y croire, car on est devenus<br />
la marque indépendante numéro<br />
un sur le marché du ski aujourd’hui.<br />
Il y a toujours des choses à faire C’est<br />
un peu à l’image de The Ghost Ski<br />
Resorts : tant que la neige sera là,<br />
les gens auront envie de skier. »<br />
Dans la vidéo, le photographe<br />
Chris Dahl-Bredine évoque ainsi le<br />
renouveau du ski de rando dans la<br />
région du Nouveau-Mexique. Cette<br />
idée de pouvoir malgré tout profiter<br />
de cette nature redevenue pure,<br />
intacte. Camille Jaccoux que l’on<br />
voit skier dans le film entre les plus<br />
grands trembles de la planète,<br />
constate cet appétit vers un retour<br />
au mouvement autonome, éloge de<br />
la lenteur. « Aujourd’hui, le ski de<br />
randonnée représente entre 30 et<br />
35 % de nos ventes. Et ce phénomène<br />
monte en puissance partout…<br />
» Planches de salut ? Camille<br />
Jaccoux et ses stations fantômes<br />
prouvent en tous cas qu’il est possible<br />
de donner une seconde vie à<br />
ce qui semblait perdu.<br />
JULIEN REGNIER PATRICIA OUDIT<br />
16 THE RED BULLETIN
« Tant que la<br />
neige sera là,<br />
les gens<br />
auront envie<br />
de skier. »<br />
THE RED BULLETIN 17
COMMON<br />
Lumière<br />
sonore<br />
Le rappeur, acteur et activiste<br />
américain livre quatre<br />
morceaux qui incarnent le<br />
son de la révolution.<br />
Le militantisme social et l’apologie<br />
de la positivité sont depuis<br />
longtemps les marques de<br />
fabrique de Lonnie Rashid Lynn<br />
Jr, alias Common. En 2020, le<br />
natif de Chicago est de toutes<br />
les manifestations. Auteur de<br />
deux livres à succès, il est aussi<br />
au casting de plusieurs films<br />
dont Selma (2014) pour lequel il<br />
cosigne la chanson Glory, il<br />
incarne le rôle du leader des<br />
droits civils James Bevel et a<br />
signé treize albums. Avec son<br />
dernier opus, A Beautiful Revolution<br />
Pt.1, l’artiste de 48 ans<br />
récipiendaire d’un Oscar, d’un<br />
Emmy et d’un Grammy, entend<br />
guérir et inspirer les victimes<br />
d’injustice raciale et sociale.<br />
Les quatre titres classiques<br />
qu’il nous livre ici, ont selon lui,<br />
le pouvoir de changer le monde.<br />
thinkcommon.com<br />
John Lennon<br />
Imagine (1971)<br />
« Comment ne pas être sensible<br />
à cette chanson quand on est<br />
soi-même un rêveur qui croit à<br />
un monde meilleur d’amour, de<br />
compassion et de joie ? L’imagination<br />
est un formidable moteur.<br />
Nos créations naissent<br />
souvent d’une idée ou d’un sentiment<br />
d’espoir. Les paroles stimulantes<br />
nourrissent ma foi en<br />
un changement possible. J’y<br />
vois le germe de la révolution. »<br />
Queen Latifah<br />
UNITY (1993)<br />
« L’unité doit être le but d’une<br />
révolution. Tout au long de l’Histoire,<br />
l’énergie et la domination<br />
masculines ont été nocives<br />
pour le monde. Queen Latifah<br />
autonomise les femmes, leur dit<br />
qu’elles sont des reines et<br />
qu’elles doivent exiger le respect.<br />
La révolution n’a pas de<br />
sens sans des femmes au pouvoir,<br />
sans meneuses respectées<br />
et honorées. »<br />
Yasiin Bey (fka Mos Def)<br />
Umi Says (1999)<br />
« Mos m’a fait écouter l’album<br />
avant sa sortie et je me souviens<br />
lui avoir dit : “C’est l’un<br />
des meilleurs disques que je<br />
n’ai jamais écoutés.” C’était<br />
émouvant et exaltant. Je vois<br />
en cette chanson, en particulier<br />
les paroles “My Umi [mère<br />
en arabe] m’a dit illumine le<br />
monde de ta lumière”, un acte<br />
révolutionnaire. Éclairer le<br />
monde en fait partie. »<br />
Gil Scott-Heron<br />
The Revolution Will not Be<br />
Televised (1971)<br />
« J’étais très jeune quand j’ai<br />
découvert ce morceau. C’était<br />
spécial parce que je n’avais<br />
jamais entendu quelqu’un parler<br />
sur de la musique auparavant.<br />
En grandissant, j’ai prêté<br />
attention à ce qu’il disait.<br />
Gil Scott-Heron représente la<br />
quintessence de la révolution :<br />
le courage, l’intelligence, et<br />
des mots forts. »<br />
MARK LEIBOWITZ FLORIAN OBKIRCHER<br />
18 THE RED BULLETIN
ULTIMATE<br />
PUSHING THE LIMITS *<br />
- © Focal 77 - *Repousser les limites.<br />
27G.<br />
3D FIT NOSE<br />
PHOTOCHROMIC<br />
PANORAMIC<br />
SCREEN<br />
GRIP TECH<br />
CUSTOM FIT<br />
NOUVELLE<br />
BRANCHE<br />
FULL<br />
VENTING<br />
cycliste_tricolore
Tempête<br />
du désert<br />
C’était l’un des derniers<br />
rendez-vous majeurs dans<br />
les sports mécaniques<br />
avant le confinement<br />
mondial l’an dernier.<br />
En mars, THE MINT 400<br />
donne un nouveau coup<br />
d’accélérateur. Le plus<br />
ancien rallye du désert<br />
américain a subi de nombreux<br />
bouleversements,<br />
mais il se montre toujours<br />
aussi sauvage…<br />
Texte TOM GUISE<br />
Photos GAVIN BOND
2020 : le double vainqueur<br />
(2013 et 2018) Bryce Menzies<br />
s’élance sur le Mint 400 à<br />
bord de son pick-up capable<br />
de sauter sur plus de 45 m.<br />
« Vous devez boucler quatre<br />
tours de 100 miles [160 km],<br />
explique l’Américain. Cette<br />
course est mythique. »<br />
21
Des moteurs qui rugissent sur 688 km à<br />
travers le désert de Mojave… The Mint<br />
400 naît en 1968 d’un coup publicitaire<br />
visant à attirer les foules pour la chasse<br />
au cerf annuelle de The Mint, un hôtelcasino<br />
situé à Las Vegas. Mais la course, qui<br />
démarre et se termine juste devant les lumières<br />
du Las Vegas Strip, devient très vite la « plus<br />
grande course tout-terrain des États-Unis ». « J’y<br />
suis allé pour la première fois en 2018, raconte le<br />
photographe britannique Gavin Bond. C’était le<br />
50 e anniversaire de la course et je n’y connaissais<br />
rien. Mon producteur à L.A., un fan de mécanique,<br />
s’était inscrit avec son propre pick-up de course et<br />
je l’ai accompagné. J’ai adoré… Je devais absolument<br />
revenir pour prendre des photos. » Et c’est ce<br />
qu’il a fait en mars 2020. Mais Gavin Bond ignorait<br />
à l’époque que ses clichés figureraient parmi les<br />
derniers avant un véritable cataclysme : 12 jours<br />
plus tard, le monde entier entrait en confinement.<br />
Une année s’est écoulée. Beaucoup de choses ont<br />
changé mais, contre toute attente, The Mint 400 est<br />
de retour. Ce n’est pas la première fois que l’événement<br />
se trouve menacé : il a même disparu pendant<br />
vingt ans. En effet, lorsque Jack Binion a acheté l’hôtel-casino<br />
The Mint en 1988, il a supprimé la course,<br />
craignant que cela ne nuise à ses affaires. Il a fallu<br />
attendre 2008 pour que Matt et Joshua Martelli, réalisateurs<br />
de la célèbre série sur les sports mécaniques<br />
Ken Block’s Gymkhana, en achètent les droits. Aujourd’hui,<br />
The Mint et beaucoup d’autres casinos des<br />
environs ont fermé leurs portes depuis longtemps,<br />
remplacés par des complexes de loisirs. Mais la course<br />
est toujours là, comme à l’époque de Steve McQueen<br />
et consorts – et de la naissance du journalisme gonzo.<br />
C’est d’ailleurs en couvrant The Mint 400 pour Sports<br />
Illustrated que Hunter S. Thompson a trouvé l’inspiration<br />
et écrit son Las Vegas Parano. « Vous ne pourriez<br />
pas faire plus américain », ajoute Gavin Bond à propos<br />
de cette course.<br />
22 THE RED BULLETIN
Les motos au départ la<br />
veille de la grande<br />
course. « À l’origine,<br />
elles partaient en même<br />
temps que les voitures,<br />
et c’était dingue, dit<br />
Matt Martelli, coorganisateur<br />
de l’événement.<br />
Mais cela a pris fin en<br />
1976 pour des raisons<br />
d’assurance. Les motos<br />
ont finalement réapparu<br />
en 2018. » Deux catégories<br />
classiques (1980-<br />
1990 et Avant 1980) se<br />
mêlent aux concurrents<br />
professionnels et amateurs,<br />
à une catégorie<br />
réservée aux femmes, et<br />
aux équipes père/fils.
« C’est avant tout une histoire de famille.<br />
Un gars conduit un pick-up, son fils est au volant<br />
d’un autre pick-up, et sa fille est sur la moto. »<br />
Gavin Bond, photographe<br />
À gauche : le pilote<br />
<strong>Red</strong> Bull américain<br />
Seth Quintero près<br />
de son UTV Pro NA<br />
(un véhicule utilitaire<br />
tout-terrain doté d’un<br />
moteur à aspiration<br />
naturelle, soit sans<br />
compresseur ni turbocompresseur).<br />
En 2019, ce talent<br />
originaire d’Alabama<br />
et tout juste âgé de<br />
16 ans est entré dans<br />
l’Histoire en devenant<br />
le plus jeune vainqueur<br />
de la catégorie<br />
UTV Pro Turbo de<br />
The Mint 400. En<br />
2020, Seth Quintero<br />
n’a malheureusement<br />
pas pu terminer sa<br />
course à cause d’un<br />
accident.<br />
En face : pick-up et<br />
UTV en action.<br />
24 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 25
En haut : Matt Martelli<br />
décrit le début de la<br />
course : « Le calme<br />
avant la tempête :<br />
pendant les prochaines<br />
six à douze<br />
heures, le désert de<br />
Mojave sera le théâtre<br />
d’une lutte sans merci<br />
sur une distance de<br />
400 miles ». « Des hélicoptères<br />
gravitent<br />
tout autour des pilotes<br />
pour leur donner<br />
des informations sur<br />
les concurrents qui<br />
les précèdent », explique<br />
Gavin Bond.<br />
À gauche : « Il y a trois<br />
stands : deux dans le<br />
désert et un au départ<br />
de la course, dévoile<br />
Gavin Bond. J’ai su<br />
par la radio que Bryce<br />
Menzies, en photo sur<br />
cette page, tout à<br />
droite, allait se ravitailler,<br />
alors je me<br />
suis dépêché de regagner<br />
le stand et j’ai<br />
pris une belle photo<br />
de son team prêt à<br />
intervenir. »<br />
À droite : « Je n’ai pas<br />
remarqué le sticker<br />
Trump/Pence lorsque<br />
j’ai pris cette photo. »<br />
Sur les concurrents<br />
qui affichent leurs<br />
opinions politiques,<br />
Martelli reste neutre :<br />
« Chacun son favori. »<br />
26 THE RED BULLETIN
« Lorsqu’ils arrivent, les véhicules<br />
sont en sale état, raconte Gavin<br />
Bond. Le mécano en dessous répare<br />
une pièce tombée pendant la course.<br />
Les couleurs sur la tôle proviennent<br />
des lumières de la scène où a lieu la<br />
remise des prix. Même le dernier des<br />
derniers reçoit une petite médaille. »<br />
THE RED BULLETIN 27
Joseph Jepsen de<br />
l’équipe Diamond<br />
J Racing dans son<br />
buggy à roues ouvertes<br />
Alumi Craft.<br />
« Il roule dans la catégorie<br />
Class 10, qui<br />
regroupe des véhicules<br />
de course équivalents<br />
et où règne<br />
une concurrence<br />
féroce », précise Matt<br />
Martelli. « J’utilise<br />
un objectif à longue<br />
focale, mais je suis<br />
sans doute trop<br />
proche, reconnaît<br />
Gavin Bond. Vous<br />
êtes là, au beau milieu<br />
de nulle part en compagnie<br />
de cinq ou six<br />
autres photographes<br />
qui essaient tous<br />
d’obtenir le meilleur<br />
cliché, et parfois<br />
vous vous laissez<br />
distraire. »
« Il n’y a pas de dispositifs de délimitation en plein désert, juste<br />
quelques drapeaux, indique Gavin Bond à propos de la sécurité des<br />
photographes sur The Mint 400. Une voiture peut soudain perdre<br />
le contrôle et vous foncer dessus. Dans ce cas-là, barrez-vous ! »<br />
29
« C’est le début de<br />
la course, explique<br />
Gavin Bond. Derrière<br />
le véhicule<br />
orange en haut,<br />
à droite, on voit<br />
la scène où s’est<br />
produit le groupe<br />
Eagles of Death<br />
Metal la veille. Ici,<br />
la lutte fait rage.<br />
Les véhicules descendent<br />
de la colline<br />
pour s’engouffrer<br />
dans le désert,<br />
pour échapper à<br />
leurs adversaires. »<br />
30 THE RED BULLETIN
À gauche : les véhicules<br />
sur la grille de<br />
départ après les qualifications.<br />
« Sur ma<br />
gauche, je pouvais<br />
voir le grand huit du<br />
Buffalo Bill’s Resort &<br />
Casino, raconte Gavin<br />
Bond. C’est là que les<br />
participants séjournent,<br />
à environ<br />
40 minutes du Strip.<br />
La nuit est à 18 $ et<br />
le lieu laisse à désirer.<br />
Le genre d’endroit où<br />
s’arrêtent les gens<br />
qui ne vont même pas<br />
jusqu’à Vegas. »<br />
En haut : l’ancien<br />
vainqueur Travis<br />
Chase (à droite) et<br />
son copilote Jacob<br />
Lauxen arborent la<br />
médaille qu’ils ont<br />
reçue pour avoir terminé<br />
la course. Ils ont<br />
notamment affronté<br />
Donald Cerrone, combattant<br />
de l’UFC 246<br />
qui s’était incliné face<br />
à Conor McGregor<br />
deux mois avant la<br />
course. L’événement<br />
attire un certain type<br />
de personnages du<br />
genre sensationnel.<br />
The Mint 400 à Las Vegas du 3 au 7 mars ;<br />
themint400.com<br />
THE RED BULLETIN 31
« Il n’y a pas de<br />
misogynie<br />
institutionnelle<br />
dans le rap »<br />
FIF TOBOSSI, cofondateur du média<br />
hip-hop Booska-P et animateur du Mouv’ Rap<br />
Club, présente 10 femmes (artistes, directrice<br />
artistique, réalisatrice, curatrice, journaliste,<br />
consultante en image…), qui font évoluer<br />
l’industrie du rap, pour le meilleur.<br />
Texte SMAËL BOUAICI<br />
Photos FELIPE BARBOSA<br />
& CHRIS SAUNDERS<br />
FELIPE BARBOSA<br />
32 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 33
« Plus on mettra<br />
les femmes en<br />
avant, plus il y<br />
en aura qui<br />
réussiront. »
FELIPE BARBOSA<br />
Un homme pour parler de<br />
femmes ? Oui mais pas<br />
n’importe lequel. Depuis<br />
presque vingt ans, le journaliste<br />
Fif Tobossi, qui a<br />
cofondé le média de référence<br />
Booska-P, traîne<br />
dans les coulisses du rap français. En<br />
2019, il a lancé une série de cinq portraits<br />
vidéo, Les Femmes du rap, pour<br />
mettre en avant les businesswomen<br />
qui comptent dans l’industrie, et au<br />
passage balayer certains clichés sur les<br />
cultures urbaines. Pour The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>,<br />
Fif nous raconte les motivations<br />
qui l’ont poussé à se mobiliser pour<br />
ses collègues féminines, avant de nous<br />
présenter dix figures qui sont en train<br />
de changer le rap français, dans<br />
l’ombre ou sous les feux de la rampe.<br />
the red bulletin : Qu’est-ce qui vous a poussé à<br />
lancer cette série consacrée aux femmes du rap ?<br />
fif tobossi : Ça a commencé il y a quelques<br />
années : dans une soirée, je me suis retrouvé entouré<br />
d’amies qui travaillent dans l’industrie et qui m’ont<br />
demandé de faire plus de sujets sur les filles. L’idée<br />
a mûri, et en 2019, après l’épisode Booba vs Kaaris<br />
à Orly, j’ai entendu les grands médias évoquer l’histoire<br />
du rap, en disant que c’était un milieu misogyne,<br />
en sortant des textes de leur contexte. C’est<br />
à ce moment que j’ai décidé de faire mon enquête,<br />
d’aller voir les filles du rap et leur demander leur<br />
avis sur leur place et le sexisme dans cette industrie.<br />
On parle souvent à la place des femmes, donc j’ai<br />
décidé de leur donner la parole. Et d’après elles,<br />
si, dans le rap, il peut y avoir des mauvais comportements<br />
individuels, il n’y a pas de misogynie institutionnelle,<br />
comme on peut le voir dans d’autres<br />
milieux comme le cinéma ou la musique classique.<br />
« On voit de<br />
plus en plus<br />
de femmes,<br />
et surtout<br />
des femmes<br />
qui font du<br />
bruit. »<br />
C’est aussi un sujet qui vous concerne personnellement.<br />
?<br />
Oui, j’ai été élevé par ma mère, seule, j’ai une fille<br />
de dix ans, et j’ai envie qu’elle soit fière de moi.<br />
Peut-être que ma fille aura envie de travailler dans<br />
le milieu du rap, mais pour cela, il faut qu’elle ait<br />
des modèles, et c’est ce qui m’a fait prendre<br />
conscience de la nécessité de mettre les femmes<br />
en avant. Je sais que ça peut paraître discriminant<br />
de présenter uniquement des femmes, mais c’est<br />
nécessaire pour faire évoluer la situation. Il faut<br />
le faire jusqu’à ce que ça devienne normal.<br />
En plus de la série Les Femmes du rap avec Mouv’<br />
(dont la saison 2 arrive en février), vous travaillez<br />
sur un documentaire sur le même sujet.<br />
Oui, ce sera un plus long format, probablement<br />
un 90 minutes, avec des artistes, des managers,<br />
etc., des filles et des garçons qui évoquent la relation<br />
entre le rap et les femmes. Avec ce documentaire,<br />
je veux montrer qu’il y a plein de femmes qui entreprennent<br />
des projets et que le public ne connaît pas.<br />
J’espère que ça va débloquer les choses.<br />
Qu’est-ce qui manque pour qu’il y ait plus de<br />
femmes artistes dans le rap ?<br />
C’est compliqué pour un être humain de se lancer<br />
dans un projet artistique, on a peur d’être jugé, et<br />
j’ai l’impression que les filles se posent plus de questions<br />
que les garçons avant de se lancer. Pourquoi ?<br />
Parce qu’elles vont peut-être se faire attaquer sur<br />
leur physique, alors que ça n’arrivera jamais pour<br />
un homme. Aya Nakamura a fait avancer les choses,<br />
c’est la première femme noire qui a un tel succès.<br />
Et quand on voit les critiques parfois racistes qu’elle<br />
reçoit… Mais la situation a changé pour les femmes<br />
dans les musiques urbaines. Avant, on avait une<br />
tête d’affiche et des artistes plus underground.<br />
Aujourd’hui, il y a Aya Nakamura, Wejdene, Le<br />
Juiice, Meryl, Chilla, Doria, Lous and the Yakuza…<br />
On voit de plus en plus de femmes et surtout des<br />
femmes qui font du bruit. Et ça motive les jeunes<br />
qui veulent se lancer. Plus on mettra les femmes<br />
en avant, plus il y en aura qui réussiront.<br />
THE RED BULLETIN 35
Leïla Sy<br />
Le futur des réalisateurs français<br />
« Leïla s’occupe de tous les clips de Kery James, mais aussi d’autres rappeurs,<br />
et c’est avec lui qu’elle a réalisé le film Banlieusards (2019) pour Netflix. Elle<br />
fait partie des gens qui comptent dans l’industrie du rap. Elle a bouclé un<br />
gros film avec peu de budget, dans un temps réduit, et aujourd’hui, elle a<br />
l’embarras du choix pour ses prochains projets. Ce n’était pas facile au début,<br />
parce que c’est une femme noire, mais elle a fait ses preuves. Aujourd’hui,<br />
c’est la femme que tout le monde s’arrache pour réaliser des films. Elle devait<br />
également s’occuper de la scénographie du concert de Jul au Vélodrome de<br />
<strong>Mars</strong>eille, qui a été reporté à 2021. Leïla figurait aussi dans la saison 1 de la<br />
série Les Femmes du rap, j’avais été la voir sur le tournage du clip Khapta de<br />
Heuss L’Enfoiré et Sofiane. Sur un plateau, elle tient tout le monde, qu’il y ait<br />
10 ou 100 personnes. Cette fille, c’est le futur des réalisateurs français. »<br />
CHRIS SAUNDERS<br />
36 THE RED BULLETIN
Ouafa Mameche<br />
Rap et littérature<br />
« Ouafa est journaliste, notamment sur Mouv’ dans l’émission<br />
After Rap, pour le site Abcdr du Son, et elle est passée par OKLM,<br />
la radio de Booba. Elle est responsable éditoriale musique pour<br />
<strong>Red</strong> Bull France, et a monté il y a cinq ans sa propre maison<br />
d’édition, Faces Cachées, qui a sorti le livre du rappeur Manu<br />
Key, Les Liens sacrés, en novembre 2020. Depuis cette saison,<br />
elle anime des conférences à La Place, un centre culturel dédié<br />
au hip-hop, où elle fait intervenir différents profils, des artistes<br />
comme Lous and the Yakuza, des écrivaines comme Faïza<br />
Guène… Tout ce monde des cultures urbaines qui n’est pas<br />
considéré à sa juste valeur dans les médias traditionnels. En<br />
créant et en animant ces espaces d’expression, Ouafa, qui figure<br />
dans la saison 2 de la série Les Femmes du rap, raconte nos histoires,<br />
les histoires du hip-hop, des quartiers, des gens qui nous<br />
ressemblent. C’est important, de belles histoires, on en a plein. »<br />
« Ouafa raconte<br />
les histoires des<br />
gens qui nous<br />
ressemblent. »<br />
THE RED BULLETIN 37
Neefa<br />
Le rap sans<br />
complexe<br />
Le Juiice<br />
La trap mama<br />
« Le Juiice est arrivée dans<br />
le rap depuis seulement deux<br />
ans, et elle a rapidement lancé<br />
son propre label Trap House,<br />
fin 2019, avec l’idée de mettre<br />
en avant des artistes féminines.<br />
Son premier projet sorti<br />
en novembre 2020 s’intitule<br />
Jeune CEO et elle affirme<br />
d’emblée ses ambitions.<br />
Elle est très forte techniquement,<br />
j’aime son attitude et<br />
ce qu’elle dégage. Je l’avais<br />
reçue à la radio sur Mouv’<br />
dernièrement et elle est vraiment<br />
parfaite dans son style,<br />
sans tomber dans des<br />
extrêmes comme une Cardi B<br />
ou Lil’ Kim à l’époque. C’est<br />
une des rares artistes de trap<br />
en France, un genre de rap<br />
très influencé par les États-<br />
Unis, et elle a tout ce qu’il faut<br />
pour le porter. Et elle n’en est<br />
qu’au début, elle a une marge<br />
de progression incroyable. »<br />
Mariama Barry<br />
Entre rap et mode<br />
« Mariama est consultante business<br />
lié à l’image, elle travaille sur le rapprochement<br />
entre la mode et la musique<br />
urbaine en France. Elle est l’une des premiers<br />
agents image à s’être lancée en<br />
indépendante et reste la seule femme<br />
noire réputée dans le milieu. Elle s’occupe<br />
notamment de l’image du rappeur<br />
S.Pri Noir depuis plus de deux ans. Leur<br />
collaboration a permis d’élever ses relations<br />
avec des marques comme Moncler,<br />
Maison Margiela, Amiri ou encore<br />
Balmain. Aujourd’hui, grâce à ce travail,<br />
il est devenu une référence car il est le<br />
seul rappeur français avec à son actif différentes<br />
campagnes digitales pour Boss<br />
Sports, Cartier Eyewear et Dior Parfums.<br />
Elle travaille aussi avec d’autres rappeurs<br />
depuis peu et elle aimerait un jour signer<br />
Aya Nakamura ! Son job, c’est d’aller au<br />
contact des marques pour leur proposer<br />
des opportunités de partenariats image<br />
pour les artistes qu’elle accompagne.<br />
Avec ce travail, elle permet d’élargir<br />
encore plus les possibilités pour le rap<br />
français en le connectant à ce monde<br />
très fermé de la mode et du luxe. »<br />
« Neefa a un profil<br />
intéressant, parce<br />
qu’elle fait son truc<br />
toute seule. Elle<br />
n’est pas encore très<br />
identifiée (elle a<br />
travaillé chez OKLM<br />
en tant que journaliste<br />
et chroniqueuse<br />
dans l’émission<br />
La Sauce), et<br />
elle parle de rap<br />
sur sa chaîne You-<br />
Tube, Mec C’est<br />
l’heure, et sur son<br />
compte Instagram<br />
@neefneef. Elle<br />
n’est pas affiliée à<br />
un média, c’est juste<br />
une fille qui aime le<br />
rap et qui en parle<br />
bien. C’est une vraie<br />
passionnée avec<br />
une grosse culture,<br />
et dans quelques<br />
années, son profil<br />
va grimper. Elle a<br />
d’ailleurs démarré<br />
le podcast Tier List<br />
avec Mehdi Maïzi,<br />
Sandra Gomes et<br />
Yérim Sar, une<br />
émission qui classe<br />
les albums classiques<br />
du rap français<br />
et qui devrait<br />
lui apporter plus<br />
d’exposition. C’est<br />
une voix fraîche<br />
dans ce marché.<br />
Elle montre qu’on<br />
peut être une fille<br />
passionnée de rap<br />
et en parler sans<br />
complexe. »<br />
SCOPITONE MEDIA, CHRIS SAUNDERS<br />
38 THE RED BULLETIN
« Neefa est une voix<br />
fraîche dans le rap. »
Magali<br />
Renner<br />
La connexion<br />
marques et rap<br />
« Magali fut l’une des premières,<br />
il y a dix ans, à<br />
connecter les marques avec<br />
les rappeurs. Elle a d’abord<br />
travaillé chez Nike, et si tu<br />
voyais un artiste porter la dernière<br />
paire, c’était grâce à<br />
elle… À l’époque, les marques<br />
s’associaient ponctuellement<br />
avec de gros artistes comme<br />
Diam’s ou Sinik, mais pour<br />
elle, il fallait avant tout miser<br />
sur les artistes de demain et<br />
leur donner de la force grâce<br />
à cette opportunité. Et elle a<br />
réussi à imposer des rappeurs<br />
qui n’étaient pas spécialement<br />
des gros vendeurs et pas les<br />
plus évidents à pousser en<br />
interne. Elle a ensuite monté<br />
sa boîte et a collaboré avec<br />
le label SPKTAQLR créé par<br />
Oumar Samaké et avec Beats<br />
by Dre. Aujourd’hui chez<br />
Adidas, elle dirige le département<br />
en charge des relations<br />
artistes depuis deux ans. Elle<br />
est notamment responsable<br />
des partenariats avec Dinos,<br />
Vald, Dosseh, Meryl, Oboy<br />
ou encore 13 Block… Et de<br />
la collaboration avec la série<br />
Validé de Franck Gastambide<br />
diffusée sur Canal+.<br />
Aujourd’hui, toutes les<br />
marques veulent des rappeurs,<br />
mais quand elle a commencé,<br />
elle a été une des rares<br />
à œuvrer pour ça. Elle a<br />
contribué à changer<br />
l’industrie de l’intérieur. »<br />
Narjes Bahhar<br />
La papesse du streaming<br />
français<br />
« Narjes, c’est une femme de terrain, elle<br />
a couvert l’Afrique en long et en large<br />
pour Trace TV et d’autres médias pendant<br />
longtemps, elle est passée par Radio<br />
France et en septembre 2019, elle a été<br />
recrutée comme Global & French Rap<br />
Editor chez Deezer. Aujourd’hui, elle est<br />
la figure du rap sur la première plateforme<br />
de streaming française, elle est<br />
aussi à Mouv’ dans l’émission After Rap<br />
et présente les artistes de demain dans<br />
New Comers sur la chaîne YouTube de<br />
Mouv’. C’est un vrai 4×4 cette fille, elle<br />
est passionnée, et même si elle n’est pas<br />
connue du grand public, en ayant la<br />
main sur les playlists rap de Deezer, elle<br />
a l’équivalent du pouvoir d’un Laurent<br />
Bouneau chez Skyrock, et c’est important<br />
d’avoir une femme à ce type de poste<br />
à responsabilités. C’est ce genre de personnes<br />
que j’ai envie de mettre en avant<br />
et on pourra découvrir son portrait dans<br />
Les Femmes du rap saison 2. Au départ,<br />
elle était réticente mais finalement,<br />
elle a accepté parce que si ces femmes<br />
ne sont pas mises en avant, rien ne<br />
va jamais changer. »<br />
Davinhor<br />
Thug & sexy<br />
« Davinhor, elle kicke ! Il y a<br />
très peu d’artistes comme elle<br />
en France, elle assume complètement<br />
son côté sexy et<br />
son côté thug. Elle a une<br />
fougue, une attitude, un charisme<br />
incroyables. Elle dégage<br />
vraiment un truc. On a besoin<br />
de rappeuses qui assument<br />
et qui s’assument. Avant, on<br />
avait des profils de petite<br />
sœur, à la Kenza Farah, puis<br />
il y a eu Shay, qui était la première<br />
rappeuse francophone<br />
qui assumait sa sexualité. Elle<br />
a été énormément critiquée<br />
dans les commentaires sur ses<br />
vidéos, mais elle a ouvert la<br />
voie pour des filles comme<br />
Aya Nakamura, Le Juiice ou<br />
Davinhor. Les filles ont le droit<br />
de faire ce qu’elles veulent !<br />
Il faut arrêter l’hypocrisie :<br />
quand c’est au Lido, c’est<br />
élégant, et quand c’est dans<br />
le rap, c’est vulgaire ? Il faut<br />
plus de rappeuses comme<br />
Davinhor. Plus on en verra,<br />
plus vite ça deviendra<br />
normal. »<br />
CHRIS SAUNDERS, FIFOU, CAPITOL RECORDS, ALEXANDRE CAREL<br />
40 THE RED BULLETIN
Pauline Duarte<br />
Première femme noire à la tête d’un<br />
label de rap<br />
« Ancienne directrice de Def Jam France,<br />
elle est devenue directrice du label Epic<br />
Records (Sony) en juin 2020. C’est la<br />
première femme noire à être directrice<br />
d’un label en France, et c’est toujours<br />
la seule d’ailleurs. C’est aussi la sœur<br />
de Stomy Bugsy, un rappeur dont j’ai<br />
toujours été fan. Pauline est une femme<br />
déterminée, elle a toujours su ce qu’elle<br />
voulait et c’est pour ça qu’elle en est là.<br />
C’est une professionnelle qui a des<br />
convictions et du flair. Par le passé,<br />
elle a réalisé de beaux coups chez Def<br />
Jam, en rassemblant des artistes comme<br />
Lacrim, SCH, Alonzo, Kalash Criminel,<br />
Kaaris ou Koba LaD et elle est en train<br />
de constituer une écurie chez Epic, avec<br />
sa première signature Gazo cet été et<br />
le rappeur belge Frenetik à l’automne.<br />
C’est une bosseuse qui a une vision,<br />
et c’est bien d’avoir ce genre de modèles.<br />
Elle fait partie des premières figures<br />
féminines de l’industrie du rap, et<br />
elle a motivé plein de filles. »<br />
« Pauline<br />
est une<br />
bosseuse<br />
qui a une<br />
vision. »<br />
Doria<br />
La nouvelle génération<br />
qui s’assume<br />
« Doria, j’aime beaucoup. Elle<br />
dégage un truc, je la trouve<br />
très forte, elle est signée chez<br />
AWA, le label du producteur<br />
à succès Kore. J’aime bien son<br />
grain de voix, il te marque<br />
direct, et elle a ce côté mélancolique,<br />
kickeuse… Elle sait<br />
tout faire, en fait. Elle a son<br />
propre style et ne ressemble<br />
à aucune rappeuse. Comme<br />
les autres artistes que je présente<br />
ici, elle a son univers,<br />
et c’est une femme libérée,<br />
qui s’assume. Aujourd’hui,<br />
les femmes qui rappent ne se<br />
cachent plus, il n’y a plus ces<br />
ressemblances avec Diam’s.<br />
À une époque, il y avait peutêtre<br />
ce mot d’ordre qui circulait<br />
en maisons de disques :<br />
“Il nous faut la nouvelle<br />
Diam’s.” Mais aujourd’hui,<br />
les filles ne veulent pas être<br />
Diam’s, elles respectent,<br />
elles connaissent, mais elles<br />
veulent être elles-mêmes. Et<br />
Doria représente parfaitement<br />
cette nouvelle génération. »<br />
THE RED BULLETIN 41
Deux<br />
fortes<br />
têtes<br />
La saison qui s’annonce pour LOÏC BRUNI<br />
et MYRIAM NICOLE – deux Français<br />
parmi les pilotes de VTT descente les<br />
plus doués et appréciés au monde –<br />
sera celle de la reconquête. Il faudra aller<br />
vite, bien sûr – plus que les autres –<br />
et surtout, avoir du mental pour aborder<br />
à la perfection les rares minutes qui vous<br />
élèvent au sommet de la DH mondiale.<br />
Texte PH CAMY<br />
Photos JEREMY BERNARD
Patrouille de France :<br />
deux talents supersoniques<br />
du VTT descente<br />
à l’œuvre dans<br />
les sous-bois de<br />
La Grand-Combe.<br />
Ojectif commun :<br />
le monde ou rien.<br />
43
« Tout le monde s’entraîne<br />
au même niveau, et il<br />
n’y a plus grand chose<br />
à cacher aux autres, que<br />
ce soit du côté physique<br />
ou technique. Les derniers<br />
petits détails se jouent<br />
vraiment sur le mental. »<br />
Myriam Nicole<br />
Descendre, à une vitesse folle, et à VTT,<br />
des pistes sur lesquelles vous n’oseriez<br />
même pas poser vos souliers de rando<br />
Quechua : c’est l’expertise de Loïc Bruni,<br />
26 ans, et Myriam Nicole, 31. En 2019,<br />
le natif de Nice a été vainqueur de la<br />
Coupe du monde et champion du monde<br />
de VTT DH (pour Downhill), et la kinésithérapeute<br />
héraultaise s’est également<br />
octroyé le titre de championne du monde<br />
de VTT DH. En 2020, ces trophées leur<br />
ont échappé. Plutôt que de leur demander<br />
pourquoi, nous les avons rencontrés<br />
pour une interview en marche avant,<br />
afin de connaître leur soif de reconquête,<br />
les dynamiques mentales dont<br />
ils seront armés pour les six étapes de<br />
la Coupe du monde, et l’étape unique<br />
du Championnat du monde à venir.<br />
Comment maîtriser des challenges<br />
fulgurants, quand la domination au<br />
classement ou le titre mondial se joue<br />
en à peine trois minutes, lors d’un run<br />
où tout peut arriver ? Car pour les deux<br />
Français habitués des sommets de la<br />
descente (Loïc affiche six titres mondiaux,<br />
et Myriam deux), les phases<br />
finales d’une saison de DH se jouent<br />
sur moins de trente minutes, soit moins<br />
qu’une mi-temps de football ! Au-delà<br />
des défis physiques et de pilotage qui<br />
se présenteront à eux, l’aspect mental<br />
des courses sera d’une importance<br />
extrême. Entretien bicéphale avec la<br />
paire la plus conviviale du circuit.<br />
the red bulletin : Myriam, vous qui<br />
connaissez bien Loïc Bruni, pourquoi<br />
est-ce un pilote à part ?<br />
myriam nicole : Loïc est impressionnant<br />
de sérénité, de consistance, à<br />
mesure que l’on avance dans le calendrier<br />
de la saison ou sur un jour de<br />
compétition, il reste posé, tranquille, et<br />
quand ça devient décisif, tu ne le vois pas<br />
venir, et il remet le couvert avec une nouvelle<br />
victoire ! Je pense que c’est sa force,<br />
sa capacité à monter en puissance, sereinement,<br />
jusqu’aux derniers runs. Sans<br />
parler de son style, impressionnant, toujours<br />
clean, magnifique. Il est unique.<br />
Quel va être son moteur pour cette<br />
nouvelle saison, après une année<br />
2020 sans aucun titre ?<br />
myriam nicole : Sa première motivation<br />
pourrait être le fait qu’il n’a pas<br />
gagné les championnats du monde en<br />
2020. Je me dis qu’il y a forcément un<br />
peu de frustration.<br />
Qu’est-ce qu’il possède que vous<br />
n’avez pas ?<br />
myriam nicole : C’est un entrepreneur,<br />
un avant-gardiste, que ce soit sur les<br />
aspects technologiques de son sport,<br />
son entraînement, ou sa capacité à bien<br />
s’entourer, à créer son cercle de performance.<br />
Il est dans l’action.<br />
Loïc, à votre tour, que diriez-vous<br />
à propos de Myriam ?<br />
loïc bruni : Myriam Nicole ? C’est<br />
l’icône féminine du VTT DH, avec tant<br />
de victoires à son actif. Celle qui s’est<br />
toujours battue pour revenir de blessures.<br />
Pompon (le surnom de Myriam,<br />
ndlr) est une personne adorable, ceux<br />
qui la connaissent en ont tous l’image<br />
de la championne magnifique… En vrai ?<br />
C’est un cas soc’ ! (rire général)<br />
44 THE RED BULLETIN
Pilotes iconiques :<br />
à respectivement<br />
26 et 31 ans, ils ont<br />
fait vivre au VTT DH<br />
certains de ses plus<br />
beaux instants.
« La force de<br />
Loïc, c’est<br />
sa capacité<br />
à monter en<br />
puissance,<br />
sereinement,<br />
jusqu’au<br />
dernier run. »<br />
Myriam Nicole<br />
28.12.2020 : sur ce<br />
spot de VTT très prisé<br />
proche d’Alès (Gard),<br />
Loïc Bruni clôture une<br />
année rocambolesque<br />
en mode pur plaisir.<br />
46 THE RED BULLETIN
Qui pourrait être sa plus rude adversaire<br />
cette saison ?<br />
loïc bruni : Même si je pense qu’elle<br />
l’apprécie beaucoup, je dirais Marine<br />
Cabirou, la Française qui a gagné la<br />
Coupe du monde de VTT DH en 2020.<br />
Petit à petit, Marine s’est beaucoup inspirée<br />
de Myriam, et elle a beaucoup appris<br />
sur les faiblesses des autres filles, pour<br />
capitaliser dessus. C’est une adversaire<br />
sérieuse et ça va être beau de voir<br />
Myriam l’affronter.<br />
Quel a été le plus dur moment de<br />
la carrière de Myriam ?<br />
loïc bruni : Je me souviens de ce<br />
11 avril 2019… On faisait ensemble<br />
une séance d’entraînement à La Grand-<br />
Combe (près d’Alès, sur le site où ont été<br />
réalisées les photos de cette parution,<br />
ndlr) et Myriam est tombée à cause du<br />
vent. Elle s’est déboîté le pied, elle s’est<br />
défoncé plein d’os… On ne savait pas<br />
trop quoi dire, on ne savait pas à quel<br />
point c’était grave. Les nouvelles des<br />
médecins ont été mauvaises. On était<br />
à deux semaines du début de la saison<br />
de Coupe du monde, et ça tournait mal.<br />
Ça a dû être horrible à gérer mentalement.<br />
Mais Myriam n’a pas lâché, elle<br />
est allée se faire des sessions de rééducation<br />
dans son coin, et elle a réussi à surmonter<br />
cela. Au final, elle a remporté le<br />
Championnat du monde cette même<br />
année !<br />
Myriam, Loïc vient d’évoquer le mental,<br />
comment est le vôtre à l’approche<br />
de cette nouvelle saison, que vous<br />
n’abordez pas en tenante d’un des<br />
deux titres mondiaux ? Est-ce que vous<br />
commencez à passer dans un mode<br />
particulier dans votre tête ?<br />
myriam nicole : Je pense que le mental,<br />
c’est en nous. C’est vraiment connecté à<br />
tout ce qu’on fait tous les jours, ce qui<br />
nous fait nous lever le matin : être meilleure<br />
tous les jours. À l’entraînement,<br />
tout le temps.<br />
Revenons quatre, cinq ans en arrière.<br />
Votre mental était-il déjà aussi fort ?<br />
Est-ce qu’un mental, de sportif de haut<br />
niveau ou pas, ça s’améliore ? Quels<br />
sont les déclics ?<br />
myriam nicole : C’est coach Phil !<br />
(rires)<br />
loïc bruni : Comme dirait notre coach,<br />
Philippe (les deux riders sont accompagnés<br />
par le même coach mental, Philippe<br />
Angel, ndlr), un mental, ça s’optimise.<br />
« Si tu as l’intelligence<br />
émotionnelle<br />
suffisante pour<br />
te donner le déclic,<br />
tu peux arriver à<br />
optimiser ton mental<br />
par toi-même. »<br />
Myriam Nicole<br />
Ça se travaille, bien sûr. On a tous du<br />
mental, mais chacun avec des capacités<br />
différentes pour le développer. Il y en a<br />
qui sont capables de choses plus que<br />
d’autres personnes, malheureusement.<br />
Pourquoi, selon vous ?<br />
loïc bruni : Certaines personnes n’ont<br />
jamais vraiment eu conscience de leur<br />
potentiel mental, ou n’ont pas trouvé les<br />
clés pour le développer. Quand j’ai commencé,<br />
j’étais très loin d’avoir un mental<br />
d’acier. J’ai travaillé dessus, parce que je<br />
En 2019, à l’endroit où a été prise cette photo, une blessure mettait à mal la<br />
saison de Myriam… qu’elle clôtura avec un titre de championne du monde !<br />
sentais que j’étais très irrégulier, je n’arrivais<br />
pas à enchaîner les week-ends de<br />
compétition, et je pense qu’au cours des<br />
trois ou quatre dernières années, mon<br />
mental a été ma force. Comme le disait<br />
Pompon, des fois ça ne va pas forcément,<br />
ou je ne roule pas comme je voudrais, et<br />
puis, au final, personne ne m’a vu venir<br />
et je gagne la course. Je pense que c’est<br />
lié à tout ce travail, à cette expérience<br />
avec Philippe. Il arrive à trouver les clés<br />
pour t’amener à ce niveau-là.<br />
Tout le monde a-t-il besoin d’un<br />
Philippe Angel ?<br />
loïc bruni : Pas forcément. Tu vas parler<br />
à certaines personnes d’un coach<br />
mental et elles vont te dire : « Non<br />
merci ! », parce qu’elles sont capables de<br />
faire un travail mental elles-mêmes. Et<br />
d’autres vont te dire : « Pas question ! »,<br />
parce qu’elles n’ont pas la capacité d’assumer<br />
qu’elles ont besoin d’aller plus loin<br />
mentalement. L’important, c’est d’être<br />
bien entouré. Quand tu vas faire le choix<br />
d’un entraîneur, d’un psy ou d’un coach<br />
mental, il faut que tes tripes te donnent<br />
confiance en cette personne. Car elle<br />
peut te dire des choses qui vont un peu<br />
chambouler tes croyances, et si tu n’as<br />
pas confiance, tu vas détester le mec…<br />
THE RED BULLETIN 47
parce que ça peut être dur à entendre.<br />
Si tu as confiance, tu vas te jeter corps<br />
et âme dans son accompagnement, et<br />
les progrès seront flagrants. Même notre<br />
entraîneur physique, Nicolas Arschoot,<br />
que nous partageons avec Myriam, et<br />
qui vient du BMX, se fait former mentalement<br />
par Philippe.<br />
Votre coach mental coache votre<br />
coach physique ?!<br />
loïc bruni : Pour être plus à l’écoute,<br />
pour s’adapter plus rapidement, pour<br />
progresser et être le meilleur coach,<br />
un des meilleurs du circuit, alors que<br />
d’autres ne feront pas cette démarche.<br />
Myriam, pensez-vous qu’il faut être<br />
accompagné(e) pour développer ou<br />
optimiser son mental, ou est-ce que<br />
chacun(e) d’entre nous a la capacité<br />
à fortifier son mental seul(e) ?<br />
myriam nicole : C’est plus facile si tu te<br />
fais accompagner, mais si tu as l’intelligence<br />
émotionnelle suffisante pour te<br />
donner le déclic, tu peux arriver à optimiser<br />
ton mental par toi-même. En te<br />
plongeant dans des livres, ou toutes ces<br />
choses super intéressantes sur la positive<br />
attitude.<br />
Dans votre vie quotidienne, votre<br />
mental de championne vous aide-t-il ?<br />
myriam nicole : C’est tous les jours,<br />
tout le temps, dans toutes les actions.<br />
Comme on dit, le sport, c’est l’école de la<br />
vie. Par exemple, j’ai appris à moins<br />
péter des câbles dès qu’il y a le moindre<br />
petit changement ou le moindre petit<br />
coup de stress. Éviter de partir un peu<br />
dans tous les sens. (rires)<br />
loïc bruni : Malgré tout, on restera<br />
toujours les mêmes à l’intérieur, et je fais<br />
toujours plein de conneries sur le vélo<br />
ou en dehors, mais si je prends l’exemple<br />
de mes relations humaines, je pense que<br />
j’arrive à mieux m’adapter, à mieux<br />
répondre aux attentes des autres personnes.<br />
Ce que tu apprends sur le sport,<br />
tu arrives à l’adapter dans plein d’autres<br />
domaines. Que ce soit dans les relations<br />
avec ma famille, ma copine ou mes sponsors,<br />
j’ai réussi, je pense, à installer une<br />
forme de « statut », j’arrive à mieux les<br />
écouter. Ça surprend même quelques<br />
personnes qui auraient pu me prendre<br />
pour un jeune athlète qui s’éparpille.<br />
« Le négatif, il y en<br />
aura toujours, ça fait<br />
partie de la vie. Le<br />
seul truc qui va faire<br />
la différence, c’est<br />
comment tu l’intègres<br />
à ta recette. »<br />
Loïc Bruni<br />
loïc bruni : Le mental, c’est le facteur<br />
qui différencie Myriam et moi de la<br />
plupart des autres athlètes en descente,<br />
même s’il y en a plein qui commencent<br />
à travailler dessus et à prendre ça au<br />
sérieux. Sur une course, on est tous très<br />
rapides, très performants, on s’entraîne<br />
tous pour atteindre la perfection, plus<br />
ou moins, et nos vélos marchent vraiment<br />
bien, donc, ce qui va nous différencier,<br />
pour 2, 3 dixièmes de secondes,<br />
c’est le mental. Qui va avoir le plus<br />
envie ? Qui va être le plus prêt dans<br />
sa tête pour aller chercher la victoire ?<br />
Ça peut paraître bête, mais des fois, c’est<br />
là que ça se joue.<br />
myriam nicole : C’est vrai, tout le<br />
monde s’entraîne au même niveau, et<br />
il n’y a plus grand chose à cacher aux<br />
autres, que ce soit du côté physique ou<br />
technique. On fait tous de plus en plus<br />
des tests, on a tous des vélos au top, du<br />
coup les derniers petits détails se jouent<br />
vraiment sur le mental : comment tu es<br />
dans ta tête au départ de la course.<br />
Des départs de course, dans vos runs<br />
finaux, en Coupe ou Championnats du<br />
monde, il n’y en a finalement pas tant<br />
que ça sur une saison complète. La<br />
Coupe du monde UCI de VTT DH<br />
compte six étapes, et le Championnat<br />
du monde se déroule sur une date dans<br />
l’année. Au final, hors qualifications,<br />
vous roulez peut-être trente minutes<br />
sur une saison entière pour accéder à<br />
deux titres mondiaux potentiels… Cela<br />
paraît incroyable ! La pression doit être<br />
forte… Comment être méga focus,<br />
100 % concentré(e) sur ces quelques<br />
dizaines de secondes qui peuvent faire<br />
de vous le meilleur descendeur ou la<br />
meilleure descendeuse au monde ?<br />
loïc bruni : Notre sport, c’est beaucoup<br />
de travail en amont, invisible pour les<br />
La sérénité qu’évoquait Myriam à<br />
votre propos sera-t-il l’un de vos<br />
atouts cette saison ?<br />
Moment de détente et plein d’énergie entre deux prises de vue. Quand leur<br />
saison sera lancée en avril, Loïc et Myriam se soutiendront mutuellement.<br />
48 THE RED BULLETIN
Ayant atteint les<br />
sommets mondiaux<br />
de sa discipline,<br />
Myriam associe un<br />
mental optimisé à son<br />
expérience du circuit.<br />
« Myriam Nicole ?<br />
C’est l’icône féminine<br />
du VTT DH, avec tant<br />
de victoires à son actif.<br />
Celle qui s’est toujours<br />
battue pour revenir de<br />
blessures. »<br />
Loïc Bruni
« Tout faire à la<br />
perfection, ça n’arrive<br />
que certaines fois<br />
dans une vie. »<br />
Loïc Bruni<br />
100 % style : rares<br />
sont les pilotes<br />
capables d’associer<br />
à leur science du<br />
pilotage une telle<br />
notion d’aisance.<br />
50 THE RED BULLETIN
gens qui nous regardent sur les courses,<br />
mais qui est pourtant très important.<br />
Tout ce qu’on va faire en amont, physiquement,<br />
mentalement, sur le vélo,<br />
quand je suis au départ d’une Coupe<br />
du monde, je vais m’appuyer sur ces<br />
choses-là pour être prêt. Pour n’être perturbé<br />
par aucune question au moment<br />
où je dois mettre 100 % d’engagement<br />
et prendre des risques.<br />
Votre check-list mentale doit être<br />
validée à 100 % ?<br />
loïc bruni : Je le sais : le vélo est prêt,<br />
je suis prêt, pour donner la meilleure<br />
performance. Le travail en amont, se<br />
poser des questions, et les réponses à<br />
ces questions, de ton entourage, par<br />
exemple, seront bénéfiques.<br />
Si j’ai un rendez-vous galant ce soir,<br />
est-ce que je dois le préparer au maximum,<br />
et consulter mon entourage ?<br />
loïc bruni : Si tes potes te disent à longueur<br />
de temps que tu es trop laid et<br />
que tu as les dents déboîtées, tu vas aller<br />
à ton rendez-vous, mais tu ne vas pas être<br />
le même que si tes potes te disent : « Mec !<br />
T’es beau gosse aujourd’hui, vas-y ! » L’entourage,<br />
toi-même, les questions que tu<br />
peux te poser, tout ça, en amont, ça<br />
compte pour donner ton meilleur sur ces<br />
instants très courts, ces quelques minutes<br />
ou secondes déterminantes.<br />
Être super bien préparé(e), avoir tout<br />
questionné, avoir discuté avec ses<br />
amis, son équipe, ses collègues, ça<br />
peut permettre de dégager tout aspect<br />
négatif de son esprit quand arrive<br />
l’instant fatal où tout se joue sur une<br />
poignée de minutes, que ce soit en<br />
compétition ou dans la vie ?<br />
loïc bruni : Le négatif, il y en aura toujours,<br />
ça fait partie de la vie. Le seul truc<br />
qui va faire la différence, c’est comment<br />
tu l’intègres à ta recette. Si tu arrives à<br />
le transformer en quelque chose de neuf<br />
ou de positif, c’est très bien. Si tu n’y<br />
arrives pas, là ça va être plus compliqué.<br />
Dans des situations comme un entretien<br />
d’embauche, par exemple, difficile<br />
de ne pas se prendre la tête avec ce qui<br />
pourrait mal tourner, le truc à ne pas<br />
dire, le geste à ne pas faire, et transformer<br />
tout ça en positif ou force…<br />
loïc bruni : Si tu sais que la personne<br />
qui va te recevoir peut-être coriace, tu<br />
peux choisir de débrancher, en te disant :<br />
« Pas grave, j’y vais au talent, pour me<br />
faire plaisir, totalement moi-même. »<br />
Au meilleur des cas, elle t’adore. Au<br />
pire, elle t’envoie chier… On est tous<br />
confrontés à des choses négatives au<br />
quotidien, et on a parfois très peu de<br />
temps pour y faire face, c’est la façon<br />
dont on va les gérer qui vont nous<br />
remettre sur le bon pied.<br />
Qu’est-ce qui peut vous poser souci<br />
à quelques secondes de vous engager<br />
sur un run pour remporter une finale<br />
ou une manche de Coupe du monde ?<br />
loïc bruni : Si un type te dit : « Oh<br />
putain, j’ai vu Minnaar passer, trop classe<br />
par rapport à toi, il a fait ça vachement<br />
plus vite. » (Greg Minnaar est un pilote<br />
sud-africain parmi les plus titrés au<br />
monde, ndlr.) Là, non seulement on te dit<br />
qu’un mec va plus vite que toi, donc c’est<br />
négatif, et en plus c’est subjectif, c’est un<br />
Six étapes (seulement)<br />
pour vaincre<br />
Agenda de la Coupe du monde UCI<br />
de VTT DH 2021<br />
24-25 avril : Maribor (Slovénie)<br />
22-23 mai : Fort William (Royaume-Uni)<br />
12-13 juin : Leogang (Autriche)<br />
3-4 juillet : Les Gets (France)<br />
4-5 septembre : Lenzerheide (Suisse)<br />
18-19 septembre : Snowshoe (USA)<br />
*25-29 août : championnats du monde<br />
UCI de VTT 2021 à Val Di Sole (Italie)<br />
autre mec qui te dit ça ! Il va falloir que,<br />
rapidement, tu procèdes à une analyse<br />
dans ta tête pour retourner ça d’une<br />
manière à te pousser à être meilleur,<br />
ou à ce que ça ne te perturbe pas du<br />
tout. C’est assez chaud, mais j’arrive de<br />
mieux en mieux à le faire. Pas question<br />
de penser à Minnaar au moment où je<br />
me lance.<br />
Myriam, c’est la même dynamique<br />
de votre côté ?<br />
myriam nicole : Oui, il faut se servir<br />
du travail qu’on a fait en amont, de tout<br />
ce travail mental, physique, technique,<br />
pour le mettre en œuvre au moment<br />
donné.<br />
Est-ce que tout ce travail préparatoire<br />
se concrétise d’une certaine manière<br />
à l’instant T ?<br />
myriam nicole : Il vous permet de vous<br />
créer une bulle, positive, au départ de la<br />
course, qui fera que vous êtes prêt à laisser<br />
s’exprimer votre meilleur potentiel.<br />
Un titre de championne du monde de<br />
VTT DH, hormis vos préparations et<br />
runs de qualifications, ça se joue sur<br />
une journée, avec un run final qui<br />
peut ne pas dépasser trois minutes…<br />
Qu’est-ce qu’on a dans la tête dans ces<br />
conditions très particulières ?<br />
myriam nicole : J’essaie de prendre<br />
chaque course de la même manière, que<br />
ce soit une course régionale ou un championnat<br />
du monde. Inconsciemment,<br />
forcément, il y a plein de choses qui ne<br />
vont pas être pareil, mais dans ma tête<br />
c’est la même. Je donne le meilleur, en<br />
fonction de mes ressources du moment.<br />
Et si on échoue, si on se loupe, si l’entretien<br />
d’embauche, le rendez-vous<br />
important pour développer son<br />
business, se passe mal, si on n’est<br />
pas le plus rapide sur la ligne d’arrivée<br />
en championnat du monde ?<br />
loïc bruni : Quand ça ne veut pas, ça<br />
ne veut pas. Tu auras beau tout faire<br />
nickel, tu vas taper une pierre… Mais si<br />
tu oublies de l’avoir vue, c’est parce que<br />
tu as mal préparé aussi. C’est très, très<br />
compliqué de tout faire à la perfection.<br />
Mais de toute façon, tout faire à la perfection,<br />
ça n’arrive que certaines fois<br />
dans une vie. Tu ne peux pas être parfait<br />
tous les jours.<br />
Instagram : @loicbruni29 ;<br />
@myriam_nicole<br />
THE RED BULLETIN 51
La vague<br />
africaine<br />
Le premier livre-anthologie sur la culture<br />
du surf en Afrique va paraître : avec ses<br />
30 500 km de littoral, il était grand temps<br />
que l’Afrique déferle enfin sur la planète<br />
surf. SELEMA MASEKELA, co-éditeur du<br />
livre Afrosurf, nous explique pourquoi.<br />
Texte FLORIAN OBKIRCHER<br />
TATE DRUCKER, NICOLE SWEET
À suivre de près : Sung Min<br />
Cho (page opposée), moniteur<br />
pour l’ONG Surfers Not<br />
Street Children, est sur le<br />
point de devenir le premier<br />
surfeur pro du Mozambique.<br />
Ci-contre, le Sénégalais<br />
Chérif Fall est le premier<br />
surfeur noir à avoir remporté<br />
à deux reprises le<br />
West Africa Tour.<br />
53
F<br />
ilm-documentaire de légende produit<br />
en 1966, The Endless Summer raconte<br />
le périple de deux surfeurs parcourant<br />
le monde pour la vague parfaite. Leur<br />
voyage les mène notamment au Ghana,<br />
sur la plage de Labadi. Le film les montre<br />
surfant sous les regards interloqués d’une<br />
foule de locaux. Comme si les Ghanéens<br />
n’avaient jamais vu ça de leur vie. Alors<br />
qu’on peut remarquer au loin, pendant<br />
que les deux Américains arrivent sur la<br />
plage, que de jeunes Ghanéens sont justement<br />
en train de s’amuser dans les<br />
vagues avec une planche ! Mais le film<br />
ne s’y attarde pas.<br />
Un symbole : la culture surf s’est<br />
construite essentiellement autour de<br />
l’image du surfeur blond aux yeux bleus.<br />
C’est ce monopole que le projet Afrosurf –<br />
anthologie de 300 pages, fruit d’une collaboration<br />
entre le présentateur- activistemusicien-surfeur<br />
Selema Masekela et<br />
le label de surf africain Mami Wata –<br />
essaie de rompre. En présentant toute<br />
la richesse et la vivacité de la culture surf<br />
en Afrique, du Maroc à la Somalie en<br />
passant par le Mozambique, le Sénégal,<br />
l’Afrique du Sud et d’autres pays. Au<br />
total : 200 photos, 18 pays, 14 histoires<br />
et 25 portraits de surfeurs et surfeuses<br />
réunis dans un livre qui vient briser les<br />
stéréotypes de la culture surf. Où l’on<br />
apprend que la première description de<br />
ce sport n’a pas été faite par le botaniste<br />
du capitaine Cook, sur une plage de<br />
Tahiti en 1767, mais par un aventurier<br />
allemand en 1640, dans ce qui est<br />
aujourd’hui le Ghana. Pour Masekela,<br />
49 ans, « Ce livre va changer l’image que<br />
se fait le monde sur la culture du surf. »<br />
La beauté sauvage<br />
des plages du Liberia<br />
a attiré l’attention de<br />
la communauté surf<br />
grâce au documentaire<br />
Sliding Liberia (2007),<br />
qui présente notamment<br />
le pionnier du surf<br />
libérien Alfred Lomax.<br />
54 THE RED BULLETIN
« Je vois des gens perplexes<br />
devant des photos d’Africains<br />
en train de surfer. »<br />
ARTHUR BOURBON<br />
THE RED BULLETIN 55
« Je suis arrivé<br />
à la réception<br />
de l’hôtel, surf<br />
sous le bras :<br />
tout s’est figé<br />
autour de moi. »<br />
the red bulletin : Comment vous est<br />
venue l’idée de ce livre ?<br />
selema masekela : Le vœu qu’a fait<br />
mon père (Hugh Masekela, légende<br />
sud-africaine du jazz, ndlr), juste avant<br />
de mourir, était que je poursuive son<br />
œuvre : renforcer auprès du public les<br />
liens et la curiosité d’explorer le continent<br />
africain. Après sa mort (en 2018,<br />
ndlr), je me suis demandé comment réussir<br />
à perpétuer son héritage. Et j’ai réalisé<br />
que je devais le faire par le surf. Une discussion<br />
est née autour du livre et de comment<br />
se servir du surf pour montrer la<br />
beauté de l’Afrique en général ; pour<br />
montrer des images et raconter des histoires<br />
que jamais personne n’avait entendues<br />
jusqu’à présent.<br />
Pourquoi avez-vous ressenti le besoin<br />
de le faire ?<br />
Depuis ma jeunesse, 99,9 % des représentations<br />
que l’on nous a montrées sur le<br />
surf n’ont jamais inclus des gens qui me<br />
ressemblaient. Comme si tu devais être<br />
blond aux yeux bleus pour être pris au<br />
sérieux dans le monde du surf. C’est<br />
l’image-type que tout le monde se fait<br />
d’un vrai surfeur – alors même que ce<br />
sport a été (officiellement, ndlr) inventé<br />
par les Polynésiens.<br />
Mais également, comme le livre nous<br />
l’apprend, par les Ghanéens : comment<br />
se fait-il que cette information ait été<br />
si longtemps occultée, même dans le<br />
milieu du surf ?<br />
Il y a un phénomène de « whitewashing »<br />
dans l’Histoire, avec cette manière un peu<br />
bizarre de la représenter comme si une<br />
certaine catégorie de personnes avait<br />
toujours été la première à faire des trucs,<br />
parce qu’elle était meilleure que les<br />
autres, plus talentueuse, voire carrément<br />
élue par Dieu… On a tous été convaincus<br />
de ce genre de choses, non ? D’où la profusion<br />
de clichés et de mythes : je vois<br />
des gens réellement perplexes devant des<br />
photos d’Africains en train de surfer et<br />
de le faire à un très haut niveau. Quand<br />
j’ai commencé à apprendre à surfer, on<br />
me disait : « Comment ça se fait que tu<br />
apprennes à surfer quand les gens comme<br />
toi ne savent pas nager ? » La plupart des<br />
films de surf sont bâtis sur ce scénario :<br />
des surfeurs (blancs, ndlr) qui se rendent<br />
dans des pays exotiques pour aller surfer<br />
des vagues incroyables pendant que les<br />
autochtones les regardent depuis la plage,<br />
incrédules… puis les mecs repartent.<br />
The Endless Summer est un exemple-type<br />
de ce genre de films.<br />
Vous vouliez aborder ce phénomène de<br />
« whitewashing » dans l’histoire du surf ?<br />
Chez les Bikoumou, le surf<br />
est une affaire de famille :<br />
Kelly (en haut) a appris aux<br />
côtés de son père Patrick,<br />
surfeur passionné, qui gère<br />
un resto sur la plage de<br />
Pointe-Noire, au Congo.<br />
Nous ne cherchons pas à dire « Hey, tout<br />
ce qu’on vous a raconté sur le surf est<br />
un mensonge ! », mais plutôt à élargir<br />
le prisme de la perception du surf et à<br />
montrer aux gens la richesse du continent<br />
africain. Ce livre ne fait qu’égratigner<br />
la surface de la surface.<br />
Selon Grant « Twiggy » Baker, surfeur<br />
pro d’Afrique du Sud, la culture surf<br />
africaine est sur le point d’exploser,<br />
comme ce fut le cas pour les Brésiliens,<br />
dix ans plus tôt. C’est aussi<br />
votre avis ?<br />
GREG EWING, ALAN VAN GYSEN<br />
56 THE RED BULLETIN
2018 : le Sud- Africain<br />
Mikey February (né<br />
en 1993, un an avant<br />
les premières élections<br />
démocratiques<br />
locales) est le premier<br />
Africain non blanc<br />
qualifié pour les<br />
Championnats du<br />
monde de surf.
Fondé en 2012, le Bureh Beach Surf Club est le 1 er club de surf de la Sierra Leone. « Quand<br />
on a ouvert, très peu savaient ce qu’était le surf », dit son co-fondateur Jahbez Benga.<br />
Absolument. Personne n’avait vu venir<br />
le fameux « tsunami brésilien » : les Brésiliens,<br />
ils dérangeaient un peu, parce<br />
qu’ils étaient différents culturellement.<br />
Leur passion du surf était différente, et<br />
personne ne comprenait tout ce que ça<br />
leur avait coûté d’atteindre le niveau<br />
mondial. Quand la vague brésilienne a<br />
déferlé en 2011, elle a tout chamboulé<br />
sur son passage : la communauté surf a<br />
eu du mal à encaisser et à accepter cette<br />
nouvelle domination et le niveau de performance<br />
des Brésiliens, à tel point qu’ils<br />
ont même cherché à « excuser » ce style<br />
[sud-américain]. Je n’ai jamais cru que<br />
les Brésiliens pourraient intégrer les<br />
équipes des plus grandes marques mondiales,<br />
mais aujourd’hui, c’est eux qui<br />
dominent les championnats du monde.<br />
Et je pense que le tsunami africain est en<br />
train de se former. L’Afrique est un vaste<br />
continent avec une population jeune :<br />
la question n’est donc pas de savoir si la<br />
vague va déferler, mais plutôt quand.<br />
Pourquoi maintenant et pas dix ans<br />
plus tôt ?<br />
Parce que maintenant, on a des exemples<br />
à suivre : en 2018, le Sud-Africain Mikey<br />
February est ainsi devenu le premier<br />
Africain noir à participer aux Championnats<br />
du monde. Un événement qui a<br />
ouvert la voie à des tas de gosses, partout<br />
sur le continent, ainsi qu’aux surfeurs<br />
noirs à travers le monde. C’était grandiose.<br />
Avant Mikey, ils ne savaient pas<br />
qu’eux aussi pouvaient faire comme lui :<br />
en Afrique, le surf était considéré, d’un<br />
point de vue historique, comme un sport<br />
de Blancs.<br />
Pour quelle raison ?<br />
En Afrique du Sud, par exemple, c’était<br />
un sport qui faisait l’objet d’une stricte<br />
séparation sous l’Apartheid : je me souviens<br />
avoir été arrêté à North Beach près<br />
de Durban en 1991. C’était peu après<br />
l’abrogation du Separation Act (le Group<br />
Areas Act, qui assignait les différentes communautés<br />
raciales à des zones urbaines<br />
spécifiques, ndlr), donc techniquement,<br />
j’étais autorisé à aller sur cette plage.<br />
Mais l’idée de me voir là en train de<br />
m’adonner à « leur sport » en toute tranquillité,<br />
c’était insupportable pour les<br />
flics, et ils m’ont observé pendant trois<br />
jours avant de trouver un prétexte quelconque<br />
pour pouvoir m’arrêter. Voilà<br />
comment c’était, à l’époque. Je me<br />
souviens, dans un hôtel, être arrivé à la<br />
« Historiquement,<br />
en Afrique, le surf<br />
était considéré<br />
comme un sport<br />
de Blancs. »<br />
réception avec ma planche de surf sous<br />
le bras : d’un coup, tout s’est figé, plus<br />
personne ne bougeait, et tous les regards<br />
étaient fixés sur moi. C’était quelque<br />
chose que les gens n’avaient pas l’habitude<br />
de voir.<br />
Dans le livre, plusieurs surfeurs soulignent<br />
le fait qu’une des grandes<br />
caractéristiques de la culture surf africaine,<br />
c’est justement qu’il n’y ait pas<br />
de culture, et qu’ils l’inventent au fur<br />
et à mesure.<br />
C’est vrai. Sans cette imagerie et ces<br />
clichés autour du surf propagés par les<br />
magazines et par des traditions qui te<br />
dictent ce qu’il faut faire ou penser, on<br />
peut avoir une approche différente. C’est<br />
dans cet espace de dilettantisme et de<br />
nouveauté que la magie opère. Il en est<br />
de même en art, en musique et dans la<br />
vie en général : l’absence de structures<br />
dogmatiques – réelles ou perçues – qui<br />
te dictent ce qui est juste ou non, a toujours<br />
été propice à l’émergence de bouleversements<br />
culturels.<br />
Il y a pourtant bien un point commun<br />
à tous les surfeurs interviewés dans<br />
Afrosurf : c’est cette connexion spirituelle<br />
qui les lie à l’océan.<br />
Dans la culture africaine, le surf n’est<br />
pas considéré comme un simple passetemps<br />
sexy, il y a un profond respect<br />
pour l’océan. Dans sa jeunesse, quand<br />
mon père a commencé à partir en tournée<br />
dans les townships d’Afrique du Sud,<br />
ma grand-mère lui demandait une seule<br />
chose : de lui rapporter des bocaux<br />
remplis d’eau de mer de différentes provinces,<br />
qu’elle conservait chez elle, dans<br />
son salon. Mon père a également composé<br />
une ode à Mami Wata, l’énergie<br />
spirituelle de l’océan.<br />
Cet aspect spirituel se reflète-t-il dans<br />
la façon dont les Africains abordent<br />
le surf ?<br />
Dans les cultures indigènes, le sentiment<br />
de communauté et de proximité est<br />
omniprésent. En Afrique du Sud, la philosophie<br />
Ubuntu est fondée sur ce lien<br />
de partage qui unit toute l’humanité.<br />
En appliquant cette philosophie au surf,<br />
on ne peut qu’obtenir quelque chose de<br />
radicalement différent.<br />
Un tel esprit de communauté fait-il<br />
de vous un meilleur surfeur ?<br />
Si vous regardez les meilleurs surfeurs du<br />
monde, quelles que soient leurs origines<br />
MAGNUS ENDAL, MARCO GUALAZZINI<br />
58 THE RED BULLETIN
« La question n’est pas de savoir<br />
si la vague africaine va déferler,<br />
mais plutôt quand. »<br />
En 2015, le photographe<br />
Marco<br />
Gualazzini s’est<br />
rendu en Somalie,<br />
à Mogadiscio<br />
(en haut), ravagée<br />
par la guerre.<br />
Aujourd’hui, la<br />
plage du Lido (à<br />
gauche), fréquentée<br />
par les femmes,<br />
les surfeurs et les<br />
jeunes Somaliens,<br />
est devenue le symbole<br />
de la renaissance<br />
de la ville :<br />
un signe d’espoir<br />
pour le pays.<br />
THE RED BULLETIN 59
Grant « Twiggy »<br />
Baker, Sud-Africain :<br />
« Dans vingt ans, il<br />
y aura autant de surfeurs<br />
noirs africains<br />
dans les compétitions<br />
mondiales qu’il y a de<br />
surfeurs brésiliens<br />
aujourd’hui. »
C’est grâce à ses performances<br />
qu’Aita<br />
Diop, 15 ans, a pu<br />
obtenir une bourse<br />
auprès de l’Association<br />
internationale de<br />
surf. La jeune fille<br />
peut se consacrer à<br />
sa passion : « Sur<br />
l’océan, je me sens<br />
libre et heureuse. »<br />
MARTIN CAPRILE ,DJIBRIL DRAME<br />
61
Le photographe Alan Van<br />
Gysen révèle dans Afrosurf ses<br />
spots de surf préférés sur le<br />
littoral africain : comme cette<br />
plage au sud de l’Angola et ses<br />
« vagues longues de 3 km ».<br />
« En Afrique, il y a<br />
un profond respect<br />
de l’océan. »
Pour l’animateur américain Selema<br />
Masekela, le surf est plus qu’un<br />
sport. Tous les bénéfices tirés du<br />
livre iront aux ONG africaines Waves<br />
for Change et Surfers Not Street<br />
Children, références en surf-thérapie.<br />
ALAN VAN GYSEN, YORIYAS YASSINE ALAOUI ISMAILI<br />
Joshe Faulkner, champion sud-africain de l’Open tour : « Être un surfeur noir veut dire<br />
beaucoup. C’est un sport dominé par les Blancs, mais Mikey February a ouvert la voie. »<br />
« Le Maroc est une nation de surf : on a 3 000 km de littoral et des vagues de classe mondiale<br />
», raconte Ramzi Boukhiam, qui représentera son pays pour l’arrivée du surf aux JO.<br />
ethniques ou culturelles, il ressort que<br />
beaucoup se sont bâtis dans l’adversité ;<br />
qu’ils ont dû surmonter quelque chose<br />
pour arriver au top niveau. Kelly Slater<br />
a grandi dans un foyer chaotique, marqué<br />
par l’alcoolisme, et le surf est devenu<br />
son échappatoire. Mais prenons aussi les<br />
histoires de ces surfeurs brésiliens : beaucoup<br />
ont grandi dans des communautés<br />
très soudées, au milieu des favelas,<br />
n’est-ce pas ? Ils ont tous réussi à venir à<br />
bout des difficultés économiques. Quand<br />
on apprend à lier la culture avec le talent,<br />
le travail acharné et les opportunités,<br />
c’est à ce moment-là qu’on s’élève.<br />
Dans son essai, Mikey February écrit :<br />
« J’ai le sentiment que ce sont justement<br />
les communautés surf africaines<br />
qui vont avoir une énorme influence<br />
sur le reste du monde. » C’est aussi<br />
votre avis ?<br />
Oui, et Mikey dit aussi que l’expression<br />
africaine est brute et honnête : il n’y a<br />
pas de chichi, aucune intention d’impressionner<br />
qui que ce soit. C’est un aspect<br />
important, parce que toutes les expériences<br />
que tu fais sur la terre ferme vont<br />
t’influencer en tant que surfeur. C’est<br />
ce que tu exprimes : ce que tu manges,<br />
ce que tu écoutes comme musique, comment<br />
tu danses, ta culture, tes traditions.<br />
Tous ces trucs que tu ne peux pas recréer<br />
ailleurs et qui vont influencer ta manière<br />
de surfer. C’est pour ça que les Brésiliens<br />
ont cette touche bien à eux, que les<br />
Tahitiens dansent d’une certaine<br />
manière. En fait, c’est ce qui donne au<br />
surf toute sa richesse, sa profondeur<br />
et sa diversité. Et c’est ce qui rend le<br />
surf génial.<br />
mamiwatasurf.com/pages/afrosurf<br />
THE RED BULLETIN 63
Nonstop<br />
La carrière musicale de<br />
Lucy Monkman, alias<br />
MONKI, fait face à une<br />
pause imposée. La DJ et<br />
animatrice radio anglaise<br />
a dû trouver une alternative<br />
afin de canaliser<br />
son énergie débordante<br />
- et sa vie n’a jamais été<br />
aussi agréable.<br />
Texte EMMA FINAMORE<br />
Photos GREG COLEMAN<br />
64 THE RED BULLETIN
Grâce à son inébranlable<br />
éthique du travail, Monki,<br />
29 ans, est passée de<br />
stagiaire dans une station<br />
de radio pirate à DJ,<br />
podcasteuse et footballeuse<br />
accomplie.
« En quittant l’école,<br />
j’ai eu le sentiment<br />
que je n’avais pas le<br />
droit à l’erreur. »<br />
DJ, productrice, fondatrice d’un label et<br />
animatrice radio, Lucy Monkman - plus<br />
connue sous le nom de Monki - a apporté<br />
certaines des sonorités électroniques les<br />
plus fraîches et les plus innovantes qui<br />
soient aux oreilles britanniques. À 29 ans,<br />
Monki est peut-être une version actualisée<br />
de qui elle était durant sa jeunesse<br />
mais elle n’a rien perdu de l’énergie et de<br />
l’ambition d’adolescente passionnée de<br />
football et de musique. Elle s’est fait un<br />
nom grâce à une émission sur les ondes<br />
de Radio 1 de la BBC, au label qu’elle a<br />
fondé et à d’innombrables tournées<br />
internationales en tant que DJ. Elle s’est<br />
aussi fait connaître sur le terrain de foot<br />
– elle joue en cinquième division de football<br />
féminin, pour le Dulwich Hamlet FC<br />
66 THE RED BULLETIN
Ladies – et en tant que podcasteuse ; sa<br />
série sur la Coupe du monde féminine<br />
de 2019, Football Inside Out, a remporté<br />
la catégorie « sport » aux British Podcast<br />
Awards.<br />
Monki a grandi à Kingston upon<br />
Thames, dans la banlieue sud-ouest de<br />
Londres. À la maison, elle baignait dans<br />
la musique électro, avec les Chemical<br />
Brothers, The Prodigy et 808 State sur<br />
la chaîne stéréo de sa mère, les tubes<br />
garage que son oncle jouait, ainsi que<br />
dans le dubstep et la grime qu’elle écoutait<br />
sur les radios pirate. « Je me suis vraiment<br />
mise à la musique grâce à la radio »,<br />
dit Monki, en soulignant l’importance<br />
des pirates comme Rinse FM et Déjà Vu,<br />
qui transmettaient les rythmes et les voix<br />
de l’underground vers les jeunes oreilles<br />
assoiffées. « Je me souviens de les avoir<br />
écoutés tard dans la nuit et d’avoir<br />
entendu des musiques de danse que je<br />
n’avais jamais entendues auparavant. »<br />
Ces stations ont été un espace dans<br />
lequel les sonorités produites localement<br />
ont pu se développer et se diversifier, à<br />
l’écart des redevances, des annonceurs<br />
et des organismes de réglementation.<br />
Non contente d’être une fan, Monki<br />
a décidé de faire partie de ce monde.<br />
Après avoir entendu la DJ Annie Mac<br />
jouer à la radio un soir le dubstep glacial<br />
de Skream, Let’s Get Ravey et le remix de<br />
In For The Kill de La Roux, elle a quitté<br />
l’école le lendemain. La jeune fille de<br />
16 ans a réussi à décrocher un stage chez<br />
Rinse à une époque charnière où les<br />
artistes avec lesquels la station travaillait<br />
explosaient. Elle était notamment chargée<br />
de l’approvisionnement en champagne<br />
quand, en 2010, la station a<br />
obtenu un permis d’émettre et est devenue<br />
légale. « C’était vraiment passionnant<br />
: j’étais entourée de DJs que j’admirais<br />
et je me sentais vraiment inspirée<br />
d’être là, sur cette station de radio de<br />
l’East End. »<br />
Tout comme le fondateur de Rinse,<br />
Geeneus, qui a créé sa station à l’âge de<br />
16 ans en connectant ses platines à un<br />
émetteur fait maison dans un appartement<br />
au 18 e étage dans le borough de<br />
Tower Hamlets, Monki a réussi à se faire<br />
une place dans le monde de la musique<br />
grâce à son oreille exceptionnelle, mais<br />
aussi à son talent de bricoleuse et à son<br />
inébranlable éthique du travail. Elle a<br />
utilisé son temps à la station pour affiner<br />
ses compétences en ingénierie et en<br />
mixage, et pour forger des liens essentiels<br />
avec l’industrie. Un soir, après son<br />
quart de travail, elle a enregistré un set<br />
de vingt minutes qu’elle a envoyé à Annie<br />
Mac, une héroïne de son enfance, avec<br />
qui elle s’était connectée des années plus<br />
tôt via MySpace.<br />
C’est ainsi que Mac a offert à Monki<br />
sa toute première date, au KOKO de<br />
Camden Town, dans le nord de Londres.<br />
En plus de ses passages dans les clubs<br />
emblématiques comme le Ministry of<br />
Sound ou Fabric, la jeune DJ a obtenu<br />
une émission sur Radio 1Xtra à la BBC<br />
puis, à 21 ans seulement, une place<br />
convoitée à la chaîne Radio 1, toujours<br />
à la BBC. « Quand j’ai quitté l’école, j’ai<br />
eu le sentiment que je n’avais pas le droit<br />
à l’erreur, dit-elle. Je n’avais pas d’autre<br />
choix. C’était donc mon mantra à cet âge,<br />
« J’ai fait le plein<br />
pendant dix ans<br />
et d’un coup, tout<br />
s’est arrêté. »<br />
c’était une sorte de mentalité du tout ou<br />
rien. Et ça a marché. » Cette attitude a<br />
permis à Monki d’atteindre le sommet<br />
de son art en matière de musique.<br />
Elle est aujourd’hui une force majeure<br />
dans le domaine de la deep house et de<br />
la techno, et une sélectionneuse habile<br />
lorsqu’il s’agit de créer des ambiances<br />
qui plaisent au public. En plus de jouer<br />
de tout, du disco à la soul en passant par<br />
l’electronica et le piano house, sur les<br />
ondes et dans les clubs, Monki a produit<br />
et publié sa propre musique, produisant<br />
des EPs avec un riche mélange de producteurs,<br />
de MCs et de chanteurs. Elle a sorti<br />
un EP live avec Fabric alors qu’elle était<br />
encore adolescente, mêlant house, garage<br />
britannique et grime. Monki a également<br />
son propre label, ZOO Music, et elle a mis<br />
son énergie à profit sur la route chaque<br />
année, jouant partout dans le monde ou,<br />
en Angleterre, aux soirées Monki &<br />
Friends dont elle est l’organisatrice.<br />
Mais la pandémie a frappé. J’ai fait le<br />
plein pendant dix ans et tout d’un coup,<br />
tout s’est arrêté net », explique Monki.<br />
Les clubs ont été fermés, les tournées ont<br />
été suspendues et elle s’est retrouvée<br />
chez elle sans grand-chose à faire. Pour<br />
quelqu’un qui avait toujours eu une<br />
vision très claire de l’avenir, même à<br />
l’adolescence – « Quand j’ai quitté l’école,<br />
je me suis dit : “Voici mon plan sur dix<br />
ans, je veux être sur Radio 1 à 26 ans.” » –<br />
cela a été un choc sérieux. « Je n’ai jamais<br />
été autant à la maison depuis dix ans,<br />
dit Monki. Ce que nous avons tous perdu,<br />
c’est une connexion avec les gens. Ça a<br />
été une perte énorme. Je pensais que je<br />
pourrais mieux gérer cela, mais en fait<br />
j’étais assez déprimée. »<br />
Mais l’éthique de travail de Monki ne<br />
lui a pas permis de ralentir longtemps.<br />
Le foot lui a donné un autre objectif, un<br />
endroit pour canaliser son énergie. Le<br />
« beau jeu » faisait en fait partie de son<br />
plan de carrière initial avant de tomber<br />
amoureuse de la musique. Mais à 14 ans,<br />
THE RED BULLETIN 67
Dans le mix : Monki est<br />
aussi bien à l’aise en<br />
studio que sur un terrain<br />
de foot (page ci-contre),<br />
en jouant pour les<br />
Dulwich Hamlet FC Ladies.
LIAM ASMAN<br />
elle a découvert que, à l’époque, les<br />
femmes n’étaient pas payées pour jouer.<br />
« Vous pouviez jouer pour Arsenal ou<br />
Chelsea, mais ce n’était pas votre gagnepain,<br />
dit-elle. À l’époque, les joueuses<br />
anglaises devaient payer leur propre<br />
équipement ! Cela m’a brisé le cœur.<br />
Alors je m’en suis détachée. Si je ne peux<br />
pas le faire comme je veux, alors je n’ai<br />
pas envie de le faire. »<br />
C’est au milieu de la vingtaine, alors<br />
que sa carrière musicale battait son<br />
plein, que le football est revenu dans la<br />
vie de Monki. « Ça a pris du temps, ditelle,<br />
mais j’ai réalisé que le sport me<br />
manquait vraiment. » Après être revenue<br />
au jeu par le biais de matches à cinq,<br />
Monki a rejoint le Dulwich Hamlet FC<br />
Ladies et a commencé à vivre une<br />
« double vie », pour reprendre ses mots.<br />
« J’ai gardé le football et le sport distincts<br />
de la musique. Je ne traînais pas avec<br />
mon équipe, je venais juste m’entraîner<br />
et jouer. Je n’ai pas dit à tout le monde<br />
ce que je faisais. Je voulais juste jouer au<br />
football. Je voulais être traitée comme<br />
tout le monde. Mais quand elles l’ont<br />
découvert, elles m’ont traitée de la même<br />
façon. Tout le monde est égal. C’est pour<br />
ça que j’aime le sport, tout le monde se<br />
fout de ce que vous faites. »<br />
Aujourd’hui, Monki est un pilier du<br />
club. « Je suis tellement impliquée avec<br />
Dulwich Hamlet. Ma petite amie en est<br />
la capitaine, et nous sommes comme des<br />
ambassadrices pour le club, dit-elle à<br />
propos de son revirement. Je travaille<br />
avec elles en participant à des activités<br />
communautaires et je gère leurs réseaux<br />
sociaux en tant que bénévole. Je suis à<br />
fond dedans. » Rebaptisées en 2019 après<br />
neuf ans sous le nom d’AFC Phoenix –<br />
une équipe qui, pendant une grande partie<br />
de cette période, n’avait même pas de<br />
tenues coordonnées – les Dulwich<br />
Hamlet Ladies se sont retrouvées sur une<br />
trajectoire ascendante, attirant des foules<br />
plus nombreuses que de nombreux clubs<br />
plus haut placés dans la hiérarchie du<br />
football. L’année dernière, lors de leur<br />
première saison en première division de<br />
London & South East, elles étaient en<br />
tête du classement lorsque, malheureusement,<br />
le championnat a été annulé en<br />
raison de la pandémie. Le club est aussi<br />
une sorte de famille : les joueuses et les<br />
supporteurs se sont mis ensemble pour<br />
réunir plus de 10 000 livres lorsque leur<br />
manager adoré, Farouk Menia, est<br />
décédé en 2019 ; et il apporte un soutien<br />
vital à la communauté LGBTQ.<br />
C’est grâce à son amour du sport que<br />
Monki a réussi à se libérer de son isolement.<br />
Elle a profité de cette période<br />
pour renouer avec l’entraînement et<br />
aussi pour mettre à profit son nouvel<br />
enthousiasme pour la diffusion des<br />
sports. Cette envie s’est encore renforcée<br />
lorsque Football Inside Out a remporté<br />
le British Podcast Award. « Cela m’a<br />
ouvert les yeux, dit-elle en parlant de la<br />
prise de conscience qu’elle pouvait combiner<br />
ses deux mondes. J’adore la radio<br />
– le podcasting était quelque chose que<br />
je voulais faire de toute façon – mais ça,<br />
c’était autre chose, pas de la musique.<br />
C’était vraiment intense, mais ça a été<br />
une grande expérience. » N’ayant jamais<br />
fait les choses à moitié, Monki a depuis<br />
présenté The Kick Off – une soirée de la<br />
Ligue des champions de l’UEFA en direct<br />
présentée par Heineken et Defected –<br />
et a travaillé avec la légende du sport<br />
Peter Crouch sur BT Sport.<br />
L’inconfortable changement de<br />
rythme provoqué par l’apparition de la<br />
pandémie est devenu pour Monki, l’occasion<br />
de repenser à l’avenir. « J’en suis lentement<br />
arrivée à la conclusion que j’aime<br />
participer à des shows, mais que je ne<br />
veux pas que cela constitue toute ma vie,<br />
dit-elle. Cette année a été consacrée à ce<br />
que je veux faire au-delà des tournées et<br />
des soirées. Pendant le deuxième confinement,<br />
j’ai fait équipe avec un groupe<br />
d’autres personnes pour travailler sur<br />
des idées en vue d’une plateforme sportive<br />
féminine qui, je l’espère, sera lancée<br />
cette année. »<br />
La plateforme n’a pas encore de nom,<br />
mais elle a une éthique forte : « Il y a<br />
quelques grands créateurs de contenus<br />
footballistiques et sportifs, mais ce que<br />
nous voulons faire, c’est nous concentrer<br />
moins sur le sport lui-même et davantage<br />
sur l’encouragement aux femmes afin<br />
qu’elles puissent évoluer dans n’importe<br />
quelle fonction. » Monki cite une étude<br />
récente de l’organisme public Sport<br />
England, qui a révélé que 39 % des<br />
femmes ne sont pas assez actives, les<br />
raisons les plus courantes étant la peur<br />
du jugement et le manque de confiance<br />
en soi. « Tout le monde n’aime pas le<br />
sport comme j’aime le football, mais il<br />
est tellement important de faire de l’exercice,<br />
même si c’est seulement se promener<br />
avec ses potes. »<br />
Il allait de soi que Monki allait mettre<br />
son énergie débordante au service d’un<br />
projet comme celui-ci, étant donné<br />
qu’elle a contribué à la représentation<br />
« Il est tellement<br />
important de<br />
faire de<br />
l’exercice. »<br />
féminine dans plusieurs domaines dominés<br />
par les hommes. Elle a notamment<br />
réussi dans le monde largement masculin<br />
de la musique électronique, devenant<br />
la toute première femme d’origine sudest<br />
asiatique à animer une émission à<br />
Radio 1 – « Je n’en ai pris conscience<br />
qu’en 2020. Je ne me voyais pas comme<br />
cette personne à l’époque. J’aurais aimé<br />
le célébrer davantage ».<br />
Mais malgré ses projets d’améliorer<br />
la santé de nombreuses femmes et le<br />
fait que des jeunes filles asiatiques ont<br />
contacté Monki pour lui dire combien<br />
elle les inspirait, elle ne se considère<br />
pas comme une personne dédiée à la<br />
cause de l’égalité. Ses efforts pour dépasser<br />
les limites sont plus personnels et se<br />
concentrent uniquement sur sa ténacité<br />
à faire ce qu’elle aime, malgré les risques<br />
et les obstacles. Maintenant, en trouvant<br />
l’espace dans le diagramme de Venn<br />
où ses passions se chevauchent, elle a<br />
trouvé les outils nécessaires pour traverser<br />
des moments étranges - et même en<br />
ressortir plus forte. « J’ai l’impression<br />
d’être plus ’moi’ en vivant de cette façon,<br />
avec plus d’intégrité, dit-elle. Et c’est ça<br />
le but, non ? C’est littéralement ça. »<br />
monkidj.com<br />
THE RED BULLETIN 69
La force<br />
en elle(s)<br />
Dès son enfance, JILOU RASUL,<br />
a pris confiance en elle grâce<br />
à la danse. Aujourd’hui, elle<br />
est l’une des meilleures<br />
breakdanceuses au monde, et<br />
se sert de ses compétences<br />
pour lutter pour la justice.<br />
Texte ANNE WAAK<br />
Photos EVA BERTEN
Renversant : Jilou,<br />
27 ans, qui fait ici un<br />
air freeze, est une<br />
danseuse urbaine<br />
aux pieds légers.<br />
71
Jilou est née à Fribourg,<br />
en Allemagne, et vit<br />
maintenant à Berlin. Elle<br />
a commencé à danser en<br />
2006, à l’âge de 13 ans.<br />
72 THE RED BULLETIN
« Ce qui me pousse<br />
à danser encore<br />
aujourd’hui ? Cela<br />
me rend heureuse.<br />
C’est tout. »<br />
Ci-dessus : pour ce<br />
backflip, il n’y a que<br />
quelques centimètres<br />
entre la tête de Jilou<br />
et le sol dallé.<br />
Ci-contre : le break<br />
offre à Jilou une liberté<br />
de mouvements<br />
sans limite, comme<br />
avec ce chair freeze.<br />
THE RED BULLETIN 73
J<br />
ilou ne reste pas en<br />
place. Elle effectue<br />
des mouvements<br />
minimaux à partir<br />
des hanches et fait<br />
une vague avec<br />
les bras tendus de<br />
chaque côté de son<br />
corps. C’est l’une des dernières journées<br />
chaudes de la fin de l’été, le soleil brille<br />
encore de tous ses feux dans un ciel sans<br />
nuage. Sur la Spree qui serpente entre<br />
les immeubles gouvernementaux dans<br />
le centre de Berlin, les embarcations<br />
de plaisance passent les unes après les<br />
autres devant le lieu du shooting photo.<br />
La jeune fille de 27 ans se tient devant<br />
un mur de béton gris et bouge presque<br />
instinctivement au son de la musique qui<br />
joue sur le plateau. Même lorsqu’il s’agit<br />
de faire son portrait, la danseuse a du<br />
mal à rester en place.<br />
C’est cette envie incontrôlable de<br />
bouger qui a fait de Jilou ce qu’elle est<br />
aujourd’hui : l’une des meilleures B-Girls<br />
au monde. Lors du <strong>Red</strong> Bull BC One,<br />
le championnat du monde officiel de<br />
breakdance où les seize meilleurs B-Girls<br />
et B-Boys s’affrontent selon un système<br />
d’élimination directe et qui s’est tenu<br />
à Mumbai en 2019, Jilou a atteint les<br />
quarts de finale. Elle estime qu’elle ne<br />
méritait pas sa défaite contre la Japonaise<br />
MiMz. Ce qui n’est guère étonnant<br />
quand on connaît ses ambitions : « J’ai<br />
toujours voulu être la meilleure, dit<br />
Jilou. D’abord dans mes cours de break,<br />
puis dans ma ville, puis dans toute l’Allemagne,<br />
et maintenant dans le<br />
monde entier. » Elle est loin<br />
d’avoir atteint son but, et la<br />
danse seule ne lui suffit pas.<br />
Elle trouve également dans<br />
son art la motivation de faire<br />
une différence dans le monde.<br />
Née à Fribourg en 1992,<br />
Jilou Rasul a commencé le<br />
ballet très tôt. Mais les mouvements<br />
stricts ne convenaient pas à cette enfant<br />
turbulente. Elle est ensuite passée à<br />
la gymnastique artistique à l’âge de<br />
six ans. Quand, à 13 ans, Jilou s’en est<br />
lassé et qu’elle a commencé à faire du<br />
breakdance au club, elle était déjà superflexible<br />
et capable de faire des handstand<br />
et des flic-flac. Lorsqu’on lui demande ce<br />
qui l’a amenée à danser à l’époque, et qui<br />
la pousse encore aujourd’hui, elle répond<br />
simplement : « Cela me rend heureuse.<br />
C’est tout. » Avant d’ajouter dans la foulée<br />
qu’elle est accro à l’adrénaline. L’excitation<br />
provoquée par la pratique de phases<br />
risquées, les défis lancés à son propre<br />
corps et la rivalité avec les autres a rapidement<br />
exercé un attrait irrésistible chez<br />
Jilou. Huit mois seulement après avoir<br />
commencé à faire du breakdance, elle a<br />
participé à sa première B-Girl-Battle et est<br />
arrivée deuxième. Et elle a encore beaucoup<br />
de projets devant elle. Si l’on se fie<br />
à Jilou, les quarts de finale du <strong>Red</strong> Bull<br />
BC One de l’année dernière ne resteront<br />
pas longtemps le point culminant de sa<br />
carrière. Jilou ne veut pas seulement<br />
devenir la meilleure danseuse au monde,<br />
« mais la meilleure de tous ».<br />
Elle ne se contente pas de danser<br />
extrêmement bien dans son style<br />
caractéristique, à la fois acrobatique et<br />
léger comme une plume. Elle utilise la<br />
confiance qu’elle tire du breakdance<br />
pour quelque chose de plus grand. Jilou<br />
se bat pour elle ainsi que pour les autres<br />
B-Girls afin qu’elles obtiennent une véritable<br />
opportunité de rivaliser avec leurs<br />
homologues masculins.<br />
Parce qu’il n’y a pas de différence entre<br />
le break et presque tous les autres aspects<br />
du sport et de la vie en général : les<br />
femmes sont défavorisées, gagnent moins<br />
pour des réalisations équivalentes et<br />
doivent se défendre contre les agressions.<br />
Jilou ne veut pas<br />
seulement devenir la<br />
meilleure danseuse<br />
au monde, « mais la<br />
meilleure de tous ».<br />
74 THE RED BULLETIN
Militante positive :<br />
Jilou se bouge pour<br />
des causes comme<br />
l’égalité ou encore<br />
l’antiracisme.<br />
THE RED BULLETIN 75
En novembre 2020,<br />
Jilou participait au<br />
<strong>Red</strong> Bull BC One World<br />
Final, une coupe du<br />
monde de break.<br />
Elles doivent se battre pour être prises<br />
au sérieux et être remarquées. « Le break<br />
est un type de danse influencé par les<br />
hommes et dont une part importante a été<br />
développée par eux, explique Jilou. En ce<br />
qui concerne les types de mouvements,<br />
il favorise l’aspect masculin et est jugé en<br />
conséquence dans les compétitions. Ce<br />
n’est pas juste. » Jilou s’élève contre cette<br />
inégalité de traitement. Haut et fort.<br />
P<br />
ourtant, les B-Girls ont toujours<br />
fait partie de cette culture<br />
urbaine : née en 1968, la New-<br />
Yorkaise Daisy Castro a dansé<br />
sous le pseudonyme de Baby<br />
Love en tant que seule femme du Rock<br />
Steady Crew, fondé à la fin des années<br />
1970. Elle avait 15 ans lorsque, avec sa<br />
voix et son visage, elle a fait entrer le<br />
break du Bronx dans la culture populaire<br />
avec la chanson Hey You, The Rock Steady<br />
Crew, qui a également passé des semaines<br />
dans le top 10 des charts en Autriche et<br />
en Allemagne en 1983. Mais il faudra<br />
attendre 2004 pour que les premières<br />
compétitions de B-Girls aient lieu dans le<br />
cadre du Battle of the Year, la plus grande<br />
compétition de break au monde depuis<br />
1990 et toujours la plus importante à<br />
ce jour. Les femmes de cette scène ont<br />
acquis une nouvelle visibilité mais elles<br />
restent encore minoritaires à ce jour.<br />
Jilou ne fait pas que danser contre<br />
cette réalité. Parce qu’elle considère<br />
également qu’il est de sa responsabilité<br />
d’encourager une nouvelle génération<br />
de B-Girls dans son sillage, elle donne à<br />
quatre jeunes danseuses internationales<br />
des cours à distance gratuits une fois par<br />
semaine. Et elle s’exprime sur son blog<br />
au sujet des formes de discrimination<br />
qu’elle subit. Elle a désarmé les auteurs<br />
de commentaires haineux qui l’insultaient<br />
anonymement sur le web en<br />
écrivant : « Merci d’avoir pris le temps<br />
de m’écrire. Vous devez beaucoup penser<br />
à moi. Je semble occuper toutes vos<br />
pensées. » En mai 2020, elle décrit sur<br />
les réseaux sociaux comment elle a été<br />
harcelée sexuellement et agressée par<br />
un B-Boy alors qu’elle était adolescente.<br />
Un message<br />
qui a fait le tour<br />
de la planète<br />
Cette photo de Jilou lors d’une<br />
manifestation Black Lives Matter à<br />
Berlin est devenue virale. Le B-Boy<br />
US Boxwon est à l’origine de ce<br />
message : le hip-hop est un cadeau<br />
de la culture noire fait au monde.<br />
MIRLEY ALLEF @AFRALLEF, STYLING: MEILYNN LINDLAR/BASICS<br />
76 THE RED BULLETIN
En même temps, elle exhorte les gens à<br />
écouter et à croire les témoignages des<br />
femmes (et des hommes) qui révèlent<br />
avoir vécu de telles expériences.<br />
Jilou a le don magnifique de rester<br />
visiblement de bonne humeur et<br />
réglo face à tous les défis comme en<br />
témoignent, par exemple, les vidéos de<br />
la compétition de Mumbai. Lorsqu’elle<br />
danse face à sa concurrente MiMz, elle<br />
a un sourire presque euphorique, pas<br />
agressif. Après le duel, elle va – malgré<br />
la défaite – vers sa concurrente, qui est<br />
en train d’emballer ses affaires au bord<br />
de la piste, lui tape sur l’épaule et l’enlace,<br />
comme pour dire : « Nous avons<br />
toutes les deux le même objectif et nous<br />
devons nous serrer les coudes. »<br />
D’une manière générale, la solidarité<br />
est l’un des thèmes qui la définissent au<br />
« J’aime découvrir ce qui<br />
est possible et jusqu’où<br />
je peux aller ; ce que je<br />
peux demander de plus<br />
à mon corps. »<br />
Tout-terrain : le break<br />
permet à Jilou de s’exprimer<br />
partout, comme ici<br />
à côté de la Spree.<br />
quotidien. Fille d’une Allemande et d’un<br />
Kurde irakien, Jilou est constamment<br />
confrontée au racisme dans sa vie de tous<br />
les jours. Bien qu’elle soit mieux lotie que<br />
beaucoup d’autres personnes issues de<br />
minorité visible, il était important pour<br />
elle de participer à l’importante manifestation<br />
Black Lives Matter qui a eu lieu à<br />
Berlin début juin en réponse à l’assassinat<br />
de George Floyd par des policiers à Minneapolis.<br />
Jilou portait un panneau dont<br />
l’inscription – une citation du B-Boy américain<br />
Boxwon – rappelait aussi indirectement<br />
l’origine du break : « Le hip-hop est<br />
un cadeau de la culture noire au monde. »<br />
Q<br />
uant à son parcours professionnel,<br />
Jilou se voit encore<br />
dans une période d’essai pour<br />
devenir ce qu’elle veut être.<br />
« J’aime découvrir ce qui est<br />
possible et jusqu’où je peux aller ; ce que<br />
je peux demander de plus à mon corps. »<br />
Elle a recouvert le plancher de son<br />
appartement compact de PVC, le transformant<br />
en espace d’entraînement. Sa<br />
devise : toujours prête.<br />
Mais elle pense aussi déjà à ce qui<br />
peut arriver après sa carrière active de<br />
danseuse. Elle est inscrite à un cours<br />
par télé-enseignement en gestion de la<br />
culture et des médias à l’université de<br />
Hambourg, mais en dehors de la formation,<br />
de l’enseignement et des compétitions<br />
qui reprendront lentement après<br />
le confinement, elle n’a pas vraiment le<br />
temps d’étudier en ce moment. Dans la<br />
quête de son but, elle ne veut pas être distraite<br />
par quoi que ce soit ou qui que ce<br />
soit. Cet objectif est clair : tout en haut.<br />
« J’aimerais être la danseuse la mieux<br />
payée de toutes. » Pour elle, il ne s’agit pas<br />
tant d’argent que de la valeur accordée à<br />
une personne et donc aussi à un type de<br />
sport. Il n’y a pas encore de B-Girl ou de<br />
B-Boy qui ait un contrat d’un million de<br />
dollars. Mais, dit-elle, il ne suffit que d’un<br />
seul pour que la glace se brise. « Je veux<br />
qu’une nouvelle ère commence. » Cela<br />
implique de connaître sa propre valeur en<br />
tant qu’athlète et de négocier les contrats<br />
avec acharnement. La question de savoir<br />
si la détermination seule suffit pour obtenir<br />
une telle somme dans le domaine du<br />
breakdance reste ouverte : les ambitions<br />
de Jilou forcent le respect.<br />
Elle montre ensuite le tatouage coloré<br />
qui s’étend sur son épaule gauche et<br />
qui montre, entre autres, une formule<br />
compliquée. C’est une fonction mathématique<br />
qui reste toujours positive et<br />
qui tend vers l’infini. Comme Jilou.<br />
Instagram : @bgirljilou<br />
THE RED BULLETIN 77
Votre magazine<br />
offert chaque<br />
mois avec<br />
FRANCE<br />
JUILLET/AOÛT 2020<br />
HORS DU COMMUN<br />
Avec<br />
CYRIL DESPRES<br />
NEYMAR JR<br />
CHARLI XCX<br />
BBOY JUNIOR<br />
MIKE HORN<br />
MAX VERSTAPPEN<br />
J.K. ROWLING<br />
DOMINIC THIEM<br />
ROSALIA<br />
BRIAN ENO<br />
… et 90 autres<br />
talents inspirants<br />
001_TRB0720_FR 1 13.05.2020 12:04:52<br />
LA PUISSANCE DE<br />
LAVIE<br />
100 INVITÉS SPÉCIAUX<br />
POUR ALLER DE L’AVANT<br />
ABONNEZ-<br />
VOUS<br />
DÈS MAINTENANT!<br />
Recevez votre magazine<br />
directement chez vous :<br />
12 € SEULEMENT POUR<br />
10 NUMÉROS<br />
Simple et rapide, je m’abonne<br />
en ligne sur :<br />
getredbulletin.com<br />
PASSEZ VOTRE<br />
COMMANDE ICI<br />
COUPON D’ABONNEMENT<br />
À compléter et à renvoyer avec votre règlement sous enveloppe à affranchir à :<br />
THE RED BULLETIN (ABOPRESS) - 19 rue de l’Industrie - BP 90053 – 67402 ILLKIRCH<br />
Nom<br />
OUI, je m’abonne à THE RED BULLETIN : 1 an d’abonnement pour 12 € seulement<br />
Mme Melle M.<br />
Prénom<br />
Adresse<br />
CP<br />
Email<br />
Ville<br />
Je demande à recevoir gratuitement la newsletter THE RED BULLETIN<br />
Je joins mon règlement par : Chèque bancaire ou postal à l’ordre de THE RED BULLETIN<br />
DATE<br />
SIGNATURE<br />
Offre valable uniquement en France métropolitaine. Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification<br />
aux données vous concernant auprès de THE RED BULLETIN, adresse : 29 Rue Cardinet, 75017 Paris, France.<br />
TRBMAG
PERSPECTIVES<br />
Expériences et équipements pour une vie améliorée<br />
CYCLISME<br />
POUR<br />
VIKINGS<br />
Parcourez les<br />
fjords de Norvège<br />
H+I ADVENTURES<br />
79
PERSPECTIVES<br />
voyage<br />
« “Facile” n’est pas un<br />
mot que j’associerais à ce<br />
paysage ravagé par les<br />
glaciers. Vous aurez du<br />
boulot et vous vous<br />
sentirez parfois tout petit,<br />
mais cela rend la chose<br />
d’autant plus gratifiante. »<br />
Ross Bell, photographe VTT<br />
L<br />
es premiers sons que j’entends au<br />
réveil sont le doux ronronnement<br />
du moteur et le bruit des vagues qui<br />
clapotent sur la coque en bois. Le navire<br />
s’est arrêté. Je quitte ma couchette et me<br />
dirige vers le pont, accueilli par une<br />
brume froide qui me frappe le visage. Nos<br />
vélos, rangés dans le coin, sont trempés.<br />
Devant nous se dressent les montagnes<br />
Trollstigen, nommées d’après la route qui<br />
serpente sur 55 kilomètres en traversant<br />
la chaîne. Le nom norvégien pourrait se<br />
traduire par « échelle du troll », ce qui est<br />
tout à fait approprié vu sa pente raide de<br />
neuf pour cent et ses onzeépingles à cheveux.<br />
Ce col est énorme et aujourd’hui<br />
nous allons le gravir.<br />
C’est le troisième jour d’une semaine<br />
d’aventure en VTT à travers les fjords<br />
norvégiens – ces anciens bras de mer<br />
formés par les glaciers où les montagnes<br />
rencontrent des rubans d’eau couleur<br />
émeraude. Notre logis flottant est le HMS<br />
Gåssten, un navire de guerre suédois à la<br />
retraite, luxueusement réaménagé pour<br />
accueillir dix passagers qui navigue dans<br />
ce labyrinthe de voies navigables, de<br />
montagne en montagne, à la recherche<br />
d’un paradis de l’arrière-pays. En tant<br />
que photographe de VTT, mon travail<br />
m’a conduit de la Nouvelle- Zélande au<br />
Canada, de la Namibie à l’Équateur, mais<br />
la Norvège est une destination que je<br />
convoitais depuis longtemps, impatient<br />
de monter jusqu’à mille mètres par jour<br />
et de parcourir certaines des pistes les<br />
plus exigeantes au monde, du point de<br />
vue technique, avec les fjords spectaculaires<br />
en toile de fond.<br />
Notre guide, Ole, prépare l’itinéraire<br />
de la journée. Notre groupe de huit personnes<br />
va parcourir 22 kilomètres dans<br />
les montagnes couvertes de nuages.<br />
Après que nous nous soyons embarqués<br />
dans la yole avec les vélos, notre capitaine,<br />
Sven, nous emmène à terre et nous<br />
Les matelots du HMS<br />
Gåssten, Sven et<br />
Tash, aident à ranger<br />
les vélos après une<br />
longue journée en<br />
montagne.<br />
H+I ADVENTURES ROSS BELL<br />
80 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
voyage<br />
Portage : Bell et son<br />
groupe utilisent la<br />
technique du « hikea-bike<br />
» à travers<br />
les montagnes<br />
escarpées des<br />
Trollstigen.<br />
Une fois sur la côte atlantique érodée, c’est le départ.<br />
parcourons « l’échelle du troll » en<br />
camionnette, avant d’abandonner la piste<br />
et d’escalader le glacier à pied, nos vélos<br />
sur le dos. “Earn your turns”, littéralement<br />
« méritez- le », est une phrase qui<br />
me vient à l’esprit alors que je mets péniblement<br />
un pied devant l’autre, au grand<br />
dam de mes mollets et de mes cuisses.<br />
Les montagnes semblent flirter avec<br />
nous lorsqu’elles se voilent et se<br />
dévoilent, laissant entrevoir l’ampleur du<br />
terrain que nous allons affronter.<br />
Bien que nous soyons à la mi-août,<br />
des vestiges de l’hiver précédent s’accrochent<br />
encore aux cavités alors que<br />
nous avançons sur des plaques de neige<br />
boueuse, atteignant notre destination<br />
par un lac d’eau de fonte cristalline.<br />
Notre pause est juste assez longue pour<br />
nous permettre de reprendre notre<br />
souffle – l’attrait d’une descente<br />
héroïque est trop fort. La roue<br />
avant pointant vers la descente,<br />
je desserre un peu mes leviers<br />
de frein et commence à lutter<br />
contre la gravité. Des sections<br />
de rocs escarpés et lisses sont<br />
reliées par d’étroits lacets en<br />
singletrack exigeant, jonchés de<br />
rocailles dangereuses pour les<br />
pneus. Quelques tactiques s’offrent<br />
à vous, allant de l’approche mesurée<br />
à advienne que pourra. La décision doit<br />
être prise rapidement, sinon le terrain<br />
vous fera payer rapidement.<br />
Il ne faut pas longtemps avant que<br />
mes freins ne se mettent à<br />
chauffer et que mes bras commencent<br />
à me faire mal lorsque<br />
je dévale le flanc de la montagne,<br />
la terre volant dans toutes les<br />
directions. Mais je ne m’arrête<br />
pas et mon sourire s’élargit à<br />
mesure que le parcours de montagnes<br />
russes suit les contours<br />
de la colline et que nous nous<br />
frayons un chemin à travers les sousbois<br />
luxuriants.<br />
THE RED BULLETIN 81
PERSPECTIVES<br />
voyage<br />
Vers le bleu : le groupe descend vers les eaux turquoise du fjord depuis les pentes du Liahornet.<br />
À améliorer<br />
Parcourir les fjords exige un<br />
top niveau de forme physique<br />
et de compétences en VTT,<br />
pour affronter montées techniques,<br />
descentes en singletrack<br />
et rocailles. Voici des<br />
points à approfondir…<br />
Technique du « hike-a-bike » :<br />
couchez votre vélo sur le sol, la<br />
transmission tournée vers le bas.<br />
Placez votre main gauche sur la<br />
fourche, la droite sur la manivelle<br />
du pédalier. Accroupissez-vous<br />
et soulevez le vélo au-dessus de<br />
votre tête. Posez le tube diagonal<br />
sur votre dos/sac à dos.<br />
Sortez votre vélo 4 à 5 fois par<br />
semaine, par tous les temps,<br />
pour vous familiariser avec les<br />
sentiers raides et glissants.<br />
Entraînez-vous à rouler sur les<br />
racines, les rochers et les<br />
dénivellations.<br />
Veillez à ce que votre vélo soit<br />
bien entretenu : une purge de<br />
frein, des plaquettes neuves et<br />
des pneus adhérents peuvent<br />
s’avérer payants.<br />
Préparez-vous à travailler dur,<br />
tant physiquement que mentalement.<br />
Les montées et les<br />
descentes constitueront des<br />
défis, quelles que soient vos<br />
capacités.<br />
Quand nous nous approchons du fond<br />
de la vallée, la pente - et mon niveau<br />
d’adrénaline - diminue alors que nous<br />
longeons une rivière qui traverse des<br />
stries argentées de bouleaux. Ce changement<br />
de rythme bienvenu me permet<br />
d’apprécier ce magnifique paysage alors<br />
que nous atteignons le bord du fjord,<br />
prêts à repartir au large pour dîner à<br />
bord du Gåssten. « J’ai gardé le meilleur<br />
pour la fin », dit Ole, tout sourire, le dernier<br />
jour, en désignant le Liahornet, la<br />
Fjord escort<br />
Utilisé comme dragueur de mines par la marine<br />
suédoise de 1973 à 1999, le HMS Gåssten à coque<br />
en chêne fut l’un des derniers navires en bois à<br />
servir dans une force navale. Propriété du capitaine<br />
Sven Stewart, ce navire de 24 mètres de long a été<br />
réaménagé avec cinq cabines et un salon. Sa taille<br />
lui permet de pénétrer des fjords difficiles d’accès.<br />
porte d’entrée de 961 mètres de haut de<br />
la chaîne de montagnes qui accueille le<br />
fjord – Norddalsfjorden – dans lequel<br />
nous avons jeté l’ancre. Nous allons<br />
monter jusqu’à son sommet par un sentier<br />
escarpé de quelque 7 kilomètres.<br />
En traversant le village de Liabygda et<br />
ses fermes environnantes, j’apprécie la<br />
brève occasion de pédaler avant que les<br />
choses ne redeviennent sérieuses et que<br />
nous devions porter nos vélos. Les<br />
pentes sont si raides que, quel que soit<br />
votre niveau de forme, vous vous retrouverez<br />
le plus souvent à monter à pied.<br />
Le visage rouge et suant, nous atteignons<br />
le sommet, notre bateau est à<br />
peine un pixel au milieu d’une vaste bande<br />
bleue en dessous de nous. Le plus dur est<br />
passé. Tout est en descente à partir d’ici.<br />
Après cela ? La promesse d’une croisière<br />
dans le mondialement célèbre Geirangerfjord,<br />
où Sven fera un arrêt à la base des<br />
chutes des Sept Sœurs, hautes de 410<br />
mètres, pour un plongeon d’après-randonnée<br />
dans les eaux glacées pour apaiser<br />
nos corps fatigués.<br />
Ross Bell est un photographe de sports<br />
d’action d’Écosse ; rossbellphoto.com.<br />
Il a fait ce voyage avec H+I Adventures<br />
qui organise des circuits de VTT dans le<br />
monde entier et qui prévoit une autre<br />
tournée des fjords norvégiens en août,<br />
mountainbikeworldwide.com<br />
H+I ADVENTURES<br />
82 THE RED BULLETIN
RED BULL SANS SUCRE<br />
MAIS RED BULL QUAND MÊME.<br />
<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />
POUR VOTRE SANTÉ, ÉVITEZ DE MANGER TROP GRAS, TROP SUCRÉ, TROP SALÉ. WWW.MANGERBOUGER.FR
PERSPECTIVES<br />
fitness<br />
ENTRAÎNEMENT<br />
SPATIAL<br />
Comme<br />
au ciel<br />
Préparateur physique des<br />
astronautes, le professeur<br />
Jörn Rittweger nous révèle<br />
comment se déroule un<br />
entraînement en apesanteur.<br />
Bonus : exercices de l’espace<br />
à l’usage des Terriens.<br />
La vie à bord de l’ISS (Station<br />
spatiale internationale) n’est<br />
pas une partie de plaisir. Les<br />
astronautes sont exposés à<br />
une radioactivité 300 fois<br />
supérieure à celle sur Terre.<br />
Les premiers jours dans l’espace<br />
sont désagréables, les<br />
os et les muscles se détériorent<br />
rapidement. Pour y<br />
remédier, le professeur Jörn<br />
Rittweger, chef du département<br />
Métabolisme musculaire<br />
et osseux du Centre<br />
aérospatial allemand (DLR),<br />
développe depuis 2009 des<br />
machines de fitness entre<br />
autres pour l’ISS. Il nous<br />
explique ici, comment se<br />
muscler et transpirer dans<br />
l’espace.<br />
Arrimée au tapis roulant : l’astronaute italienne Samantha<br />
Cristoforetti à bord de la Station spatiale internationale en 2015.<br />
the red bulletin : Avant de<br />
rejoindre le Centre aérospatial<br />
allemand, vous avez<br />
mené des études sur l’alitement.<br />
En quoi cela consistet-il<br />
?<br />
jörn rittweger : Il s’agit d’expériences<br />
sur des sujets alités<br />
pendant plus de soixante<br />
jours durant lesquels nous<br />
testons des protocoles<br />
incluant l’entraînement, l’alimentation<br />
et la stimulation<br />
électrique afin d’éviter la détérioration<br />
physique. Nous pouvons<br />
ainsi simuler nombre de<br />
situations auxquelles les<br />
astronautes sont confrontés<br />
dans l’espace.<br />
Le corps humain et l’apesanteur<br />
ne font pas bon<br />
ménage…<br />
C’est vrai. La gravité est sans<br />
doute le seul facteur environnemental<br />
stable depuis le<br />
début de l’évolution. Tous les<br />
autres éléments ont évolué,<br />
la température de l’air, la composition<br />
gazeuse de l’atmosphère,<br />
le rayonnement UV.<br />
Quels effets produit l’espace<br />
sur le corps des astronautes<br />
?<br />
En quelques jours, les astronautes<br />
éliminent un litre de<br />
liquide sous forme d’urine<br />
pour éliminer le sang qui n’est<br />
plus stocké dans leurs<br />
jambes. Au début, beaucoup<br />
souffrent du « mal de l’espace<br />
». L’apesanteur désactive<br />
« Dans l’espace,<br />
l’entraînement<br />
est crucial<br />
pour la santé<br />
psychique »<br />
Jörn Rittweger,<br />
spécialiste en<br />
physiologie spatiale<br />
Quand la<br />
pesanteur<br />
est abolie<br />
Comment les astronautes<br />
gardent-ils la forme ?<br />
LE MULTIFONCTION<br />
Idéal pour développer les<br />
muscles (squats, banc,<br />
presses, soulevé de terre, etc.),<br />
l’appareil d’exercice contre<br />
résistance (ARED) est le<br />
préféré des astronautes.<br />
Une barre de poids sur deux<br />
colonnes et une résistance<br />
générée par la pression de l’air.<br />
TAPIS ROULANT<br />
Un harnais maintient les<br />
astronautes sur le tapis roulant<br />
pendant leur jogging.<br />
Les vibrations générées par<br />
les pieds sont parfaitement<br />
amorties afin de ne pas endommager<br />
la station spatiale.<br />
MACHINE À SAUT<br />
Les astronautes l’utiliseront<br />
pour simuler les sauts sur<br />
Terre. L’appareil stimule les<br />
muscles extenseurs et fléchisseurs<br />
du dos et des jambes.<br />
La machine est actuellement<br />
développée par le DLR et<br />
entrera en service dans<br />
deux ans.<br />
ESA/NASA FLORIAN OBKIRCHER TOM MACKINGER<br />
84 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
fitness<br />
En attendant<br />
la mise à feu<br />
Trois exercices que l’experte en astrofitness Nora<br />
Petersen, de l’Agence spatiale européenne, prescrit<br />
aux astronautes en vue d’un séjour dans l’espace.<br />
le système d’équilibre dans<br />
l’oreille et tout se dérègle.<br />
Résultat : ils se sentent très<br />
malades.<br />
L’apesanteur affecte-t-elle<br />
également les muscles ?<br />
Oui, l’atrophie musculaire<br />
débute rapidement. Les muscles<br />
n’agissent et ne se renforcent<br />
qu’en présence d’une<br />
force de résistance. Or, dans<br />
l’espace, ils ne sont plus soumis<br />
à la force de gravité,<br />
comme sur Terre. La résistance<br />
disparaît. Sans la force<br />
de gravité, le système physiologique<br />
du corps devient tout<br />
simplement inopérant.<br />
Envoyer des astronautes<br />
bodybuildés dans l’espace<br />
peut être une solution ?<br />
La perte de muscles, d’os et de<br />
volume sanguin n’occasionne<br />
pas de gêne dans l’espace. Les<br />
problèmes commencent au<br />
retour des astronautes sur<br />
Terre. Mais ceux-ci sont bien<br />
pris en charge par les médecins.<br />
En revanche, les choses<br />
se compliquent pour une mission<br />
sur <strong>Mars</strong>, qui peut durer<br />
deux ans et demi. Et à ma<br />
connaissance, le système de<br />
santé sur <strong>Mars</strong> n’est pas<br />
encore au point.<br />
Le métier d’astronaute<br />
semble peu recommandé<br />
pour la santé.<br />
Il le serait assurément si<br />
scientifiques, médecins et<br />
ingénieurs, n’en comprenaient<br />
pas les dangers et ne savaient<br />
pas comment les éviter. D’où<br />
l’importance d’une préparation<br />
physique complète pour<br />
l’espace ayant pour objectifs<br />
de maintenir les astronautes<br />
en bonne santé, et de préparer<br />
au mieux leur retour sur<br />
Terre.<br />
Quelles sont la fréquence, la<br />
durée et l’intensité de cette<br />
préparation ?<br />
Environ deux heures par jour,<br />
six jours sur sept. Cela inclut<br />
la préparation et le suivi. La<br />
préparation physique n’a pas<br />
toujours été une priorité et en<br />
cas de difficultés ou de planning<br />
serré, elle était la première<br />
à être sacrifiée. Mais<br />
ces dernières années, la prise<br />
de conscience quant à son<br />
importance a accru l’attention<br />
qu’on lui accorde.<br />
Outre le matériel utilisé sur<br />
l’ISS, qu’en est-il de la<br />
dimension mentale de la<br />
préparation ?<br />
Dans l’espace, l’entraînement<br />
est crucial pour la santé psychique.<br />
L’exercice physique<br />
sécrète des substances messagères<br />
dans les muscles,<br />
comme l’interleukine-6 ou le<br />
BDNF. La première est nécessaire<br />
à l’équilibre du bilan<br />
énergétique avec le foie et le<br />
tissu adipeux, la seconde l’est<br />
pour le cerveau. Les<br />
recherches montrent que les<br />
structures cérébrales responsables<br />
du comportement sont<br />
altérées en cas d’isolement et<br />
de manque d’exercice. Cela<br />
peut conduire à l’apathie, au<br />
stress et à l’irritabilité. Le<br />
sport réduit le stress et la station<br />
spatiale offre la possibilité<br />
de s’isoler.<br />
À quoi ressemble une séance<br />
de sport en apesanteur ?<br />
Ce n’est pas si différent que<br />
sur Terre. L’entraînement<br />
dans l’ISS nécessite le port<br />
d’un harnais pour éviter de<br />
flotter. Une fois habitués, les<br />
astronautes ne ressentent<br />
aucune différence.<br />
dlr.de (site en anglais)<br />
1. LE CONCOMBRE ROULANT<br />
Objectif : gainage et maîtrise du corps<br />
Mouvement : position allongée, les bras et les jambes tendus de sorte<br />
que seul l’abdomen touche le sol. Rouler de manière contrôlée sur son<br />
propre axe longitudinal sans toucher le sol des pieds ou des mains.<br />
Bras et jambes étirés en permanence. Ajuster l’intensité et le nombre<br />
de répétitions en fonction de l’état de forme.<br />
2. SQUATS AVEC POIDS<br />
Objectif : renforcement général, en particulier les jambes, le dos et<br />
la ceinture abdominale.<br />
Mouvement : effectuer les squats avec la barre sur l’épaule, en gardant<br />
le dos droit, la colonne cervicale neutre et les genoux alignés sur les<br />
orteils. Maintenir la tension du corps pendant le mouvement. Adapter<br />
le poids et le nombre de répétitions selon l’état de forme.<br />
3. LE TIRAGE BARRE<br />
Objectif : renforcement du dos et des épaules<br />
Mouvement : comme pour le soulevé de terre, attraper l’haltère ou<br />
la barre de poids en gardant le dos droit, et la ramener sous la poitrine<br />
dans une position stable, penchée en avant, les jambes fermes et les<br />
coudes près du corps. Adapter le poids et le nombre de répétitions<br />
selon l’état de forme.<br />
THE RED BULLETIN 85
PERSPECTIVES<br />
gaming<br />
AMUSEMENT<br />
C’est l’heure de jouer<br />
Le Game & Watch de Nintendo porte bien son nom : il donne le jeu et l’heure.<br />
Le jeu et l’horloge<br />
unis sur l’affichage<br />
principal. L’horloge<br />
numérique apparaît<br />
dans les graphiques<br />
de Super Mario Bros.<br />
Gunpei Yokoi est célèbre pour<br />
avoir conçu la console Game<br />
Boy originale de Nintendo en<br />
1989 mais ce n’était pas la<br />
première fois que l’inventeur<br />
japonais façonnait la culture<br />
populaire.<br />
Dans les années 70, alors<br />
qu’il était dans un train, Yokoi<br />
a observé un homme d’affaires<br />
tapoter distraitement<br />
sur sa calculatrice pour passer<br />
le temps. Cela lui a donné<br />
l’idée de lancer un jeu intégré<br />
à une montre. Entre 1980 et<br />
1991, soixante consoles<br />
Game & Watch ont été lancées<br />
par Nintendo, chacune<br />
d’elles dotée d’une horloge et<br />
d’un jeu addictif. Des dizaines<br />
de millions d’exemplaires ont<br />
été vendus, amorçant l’ascension<br />
de Nintendo jusqu’à<br />
devenir le géant des jeux qu’il<br />
est aujourd’hui.<br />
Yokoi est mort en 1997<br />
mais son influence se fait<br />
sentir dans nombre de jeux<br />
avec lesquels nous nous<br />
amusons aujourd’hui – la<br />
croix directionnelle sur les<br />
manettes de jeux modernes<br />
est apparue pour la première<br />
fois sur le Donkey Kong<br />
Game & Watch de 1982.<br />
Cette nouvelle version<br />
célèbre le 35 e anniversaire<br />
de Super Mario Bros tout<br />
en présentant une variante<br />
Mario de Ball, le jeu original<br />
de Game & Watch, lancé<br />
il y a quarante ans. Et il<br />
donne toujours l’heure.<br />
nintendo.fr<br />
TIM KENT<br />
86 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
gaming<br />
HITMAN 3<br />
Avancez<br />
en silence<br />
Tel une ombre, l’ex-soldat d’élite<br />
Billy Billingham vous conseille<br />
sur les compétences majeures<br />
en matière de jeux d’infiltration.<br />
GAMESPRESS<br />
Les jeux d’infiltration sont une<br />
espèce rare. Ils sont contreintuitifs<br />
par rapport à nos instincts<br />
en situation de jeu. Ils<br />
demandent au joueur d’éviter<br />
l’action plutôt que de s’y engager,<br />
en se faufilant à travers<br />
des missions sans se faire<br />
repérer. Ghost of Tsushima,<br />
une aventure de samouraïs, et<br />
Marvel’s Spider-Man (tous<br />
deux sur PlayStation) appartiennent<br />
à ce type de jeu. C’est<br />
également le cas de la série<br />
Metal Gear et de la franchise<br />
Hitman. Dans Hitman 3, les<br />
joueurs entreprennent une fois<br />
de plus des missions en tant<br />
que meilleur tueur à gages au<br />
monde, l’agent 47, en choisissant<br />
de se faufiler sans être<br />
détecté ou de donner l’assaut,<br />
les armes à la main.<br />
La première approche permet<br />
de gagner des bonus, et<br />
c’est une attitude qui peut rapporter<br />
gros dans des situations<br />
réelles. Mark « Billy » Billingham<br />
MBE est un ancien soldat<br />
décoré des SAS (Special Air<br />
Service) qui a participé à des<br />
opérations secrètes en Afghanistan<br />
et en Irak ; il a été garde<br />
du corps de stars hollywoodiennes<br />
comme Russell Crowe,<br />
Tom Cruise et Angelina Jolie. Il<br />
est aussi consultant et instructeur<br />
dans l’émission de téléréalité<br />
anglaise SAS: Who<br />
Dares Wins. Il révèle les techniques<br />
qui l’ont gardé en vie et<br />
qui pourraient vous aider vers<br />
la complétion de Hitman 3...<br />
Procédez lentement<br />
« La discrétion est toujours de<br />
mise pour quelque opération<br />
que ce soit - on ne peut rien<br />
contre l’élément de surprise,<br />
dit Billingham. En prenant le<br />
temps d’approcher de quelque<br />
chose à la dérobée, vous prenez<br />
le contrôle. Si vous pouvez<br />
entrer tranquillement, sortez<br />
tranquillement, mais parfois la<br />
vitesse et l’agressivité peuvent<br />
vous aider à obtenir ce dont<br />
vous avez besoin. Pesez le<br />
pour et le contre en vous<br />
basant sur votre intelligence. »<br />
Avancez pratique<br />
« Tout est bien ajusté ? Sans<br />
attaches de velcro ou quoi que<br />
ce soit qui peut faire du bruit<br />
dans vos poches ? Collez<br />
toutes les pièces de métal sur<br />
votre arme avec du ruban<br />
adhésif. Avec un viseur nocturne,<br />
vous aurez une lueur<br />
verte sur le visage. Il faut donc<br />
le dissimuler. Assurez-vous de<br />
savoir sur quel type de sol<br />
vous allez marcher, portez des<br />
chaussures à semelles<br />
souples et ne trimballez pas<br />
un équipement encombrant. »<br />
Soyez silencieux<br />
« Quand il fait nuit, l’ouïe est<br />
votre sens principal. Approchez-vous<br />
de la cible avec le<br />
Au sommet de l’infiltration : l’Agent 47 reprend du service dans le jeu Hitman 3.<br />
vent de face pour éviter que le<br />
bruit ne se transmette. Déplacez-vous<br />
lentement, de 8 à<br />
10 cm à chaque pas, en cherchant<br />
les branches, les filspièges<br />
et tout ce qui pourrait<br />
faire du bruit. Si une patrouille<br />
passe à proximité, contrôlez<br />
votre respiration ou retenez<br />
votre souffle, mais n’oubliez<br />
pas qu’elle sera distraite par<br />
son propre bruit. »<br />
Prêt pour l’action ?<br />
« Nous utilisons ce que nous<br />
appelons un système d’« escalade<br />
». Le point le plus bas de<br />
l’escalade est la discrétion,<br />
mais une fois que vous<br />
Le one-man show de<br />
Billingham, An Audience<br />
with Mark “Billy” Billingham<br />
présente des histoires<br />
inspirantes.<br />
markbillybillingham.com<br />
essayez de passer ce seuil,<br />
par exemple, cela devient<br />
bruyant. Vous devez alors préserver<br />
l’élément de surprise.<br />
L’étape suivante est l’attaque ;<br />
cela pourrait être une entrée<br />
explosive. L’onde de choc de<br />
l’attaque demandera une<br />
seconde à votre cible pour<br />
réaliser ce qui se passe. À ce<br />
moment-là, vous êtes déjà à<br />
l’intérieur. »<br />
Restez serein<br />
« Passer beaucoup de temps<br />
en mode furtif peut être<br />
contre-productif - cela vous<br />
met sur les nerfs. Votre cœur<br />
s’emballera et votre corps réagira<br />
là où il y a du danger et de<br />
la peur. Mais vos sens seront<br />
plus aiguisés. Beaucoup<br />
d’opérations sont invisibles et<br />
inaudibles, mais il est pratiquement<br />
impossible de s’approcher<br />
de quelqu’un et de<br />
l’assommer. L’élément de surprise<br />
vous amènera à une<br />
étape, puis il faudra peut-être<br />
qu’il y ait du bruit. »<br />
Hitman 3 sur Stadia, Windows,<br />
Nintendo Switch, PlayStation<br />
et Xbox ; hitman.com<br />
THE RED BULLETIN 87
PERSPECTIVES<br />
à vous de jouer<br />
EN MODE PRO<br />
Dans l’élite<br />
du babyfoot<br />
Loin d’être un simple jeu de bistrot, le babyfoot<br />
est une activité sérieuse et compte parmi ses<br />
aficionados des athlètes de classe mondiale.<br />
J-P Thompson s’entiche<br />
du babyfoot à l’adolescence<br />
à Nantes. Il n’est<br />
alors qu’un joueur de<br />
bar moyen abusant de la roulette,<br />
une pratique contraire<br />
aux règles. Il joue sur des<br />
tables bancales mal éclairées,<br />
dont l’instabilité décide souvent<br />
de l’issue du match.<br />
Un quart de siècle plus<br />
tard, Thompson a fait de ce<br />
sport son métier avec une<br />
seule certitude : le foosball,<br />
sa dénomination originale<br />
dérivée, paraîtrait-il, de l’allemand<br />
fußball, mérite d’être<br />
reconnu comme étant plus<br />
Le snake<br />
shot<br />
Comment maîtriser<br />
ce coup gagnant.<br />
5<br />
La roulade à 340°<br />
expédie le ballon avec<br />
force dans le but.<br />
qu’un jeu de bistrot. « Beaucoup<br />
ignorent que ce sport<br />
requiert de réelles compétences,<br />
explique ce passionné<br />
de 39 ans, aujourd’hui basé à<br />
Londres. Lorsque vous<br />
contrôlez la balle et interdisez<br />
la roulette, cela devient un jeu<br />
de stratégie en temps réel,<br />
exigeant des aptitudes physiques<br />
et mentales. » Une exigence<br />
qu’atteste l’attelle au<br />
poignet de Thompson, conséquence<br />
d’une entorse lors<br />
d’un tournoi qu’il a remporté.<br />
Son projet est de populariser<br />
ce sport grâce au Foosball<br />
Club – un espace dédié au<br />
nord de Londres et ses quatre<br />
tables aux normes de la fédération<br />
internationale de football<br />
de table et fabriquées par<br />
le leader italien Garlando.<br />
« C’est la vitrine de ce sport,<br />
poursuit-il. Dans certains<br />
endroits, les conditions de jeu<br />
sont déplorables, les poignées<br />
des tables sont tordues, les<br />
balles abîmées, les barres non<br />
huilées et l’éclairage absent. »<br />
Le babyfoot a sa propre<br />
fédération et donc des joueurs<br />
pros. Dans les années 80, un<br />
championnat offrait un million<br />
de dollars au champion, et en<br />
tournoi les récompenses pouvaient<br />
comprendre une Porsche<br />
911. Dans le bar et le restaurant<br />
du Foosball Club, les<br />
écrans diffusent des vidéos<br />
des stars du baby. Thompson<br />
cite Robert Mares, un pro au<br />
Colorado : « Si vous donnez<br />
une guitare à quelqu’un, il n’en<br />
4<br />
Bloquez la<br />
poignée pour<br />
éviter la roulette<br />
(interdite) à 360°.<br />
Étape 1<br />
Bloquez le ballon<br />
avec les pieds posés<br />
juste au-dessus<br />
de la balle.<br />
2<br />
Placez le poignet sur<br />
la poignée et déplacez<br />
la balle latéralement<br />
face au but.<br />
3<br />
Faites glisser le<br />
poignet pour exécuter<br />
la roulade arrière.<br />
Prendre son pied : le Franco-<br />
Britannique J-P Thompson,<br />
fondateur du Foosball Club,<br />
au nord de Londres.<br />
verra le potentiel que s’il voit<br />
quelqu’un en jouer. »<br />
Le jeu vidéo Pac-Man met<br />
fin à l’âge d’or du babyfoot,<br />
mais le niveau pro résiste. Ses<br />
règles clés incluent la victoire<br />
au premier qui marque cinq<br />
buts, la roulette est interdite,<br />
un but encaissé donne droit<br />
à engager, et la technique<br />
demeure capitale comme l’illustre<br />
le snake shot. Ce coup<br />
qui augmente la puissance<br />
d’un tir en faisant tourner la<br />
poignée avec le poignet (voir<br />
à gauche) a été popularisé par<br />
le joueur américain Terry<br />
Moorea et a contribué à raviver<br />
l’intérêt pour le jeu.<br />
En 2006, Thompson<br />
conduit la toute première<br />
équipe nationale britannique<br />
aux championnats du monde<br />
ITSF Bonzini en France :<br />
« Nous découvrons un stade<br />
avec 100 tables et plus de<br />
500 participants. L’équipe ne<br />
fait pas long feu, mais ce<br />
stade a changé ma vie. »<br />
Thompson quitte son emploi<br />
d’analyste commercial et crée<br />
un championnat de babyfoot<br />
à Londres, fédérant une communauté<br />
dynamique dans<br />
toute la ville. En 2016, il<br />
conseille Lionel Messi à l’occasion<br />
d’une publicité de<br />
chips Walkers Crisps, devenant<br />
ainsi l’un des rares au<br />
monde à avoir expliqué à l’Argentin<br />
comment jouer au foot.<br />
« Le babyfoot est une histoire<br />
de passion et d’envie<br />
de rendre justice au potentiel<br />
du jeu, souligne Thompson.<br />
Jouer comme un pro n’est<br />
pas une fin en soi, mais la<br />
maîtrise décuple le plaisir.<br />
On en devient accro dès<br />
qu’on y prend goût. »<br />
foosballclub.co.uk<br />
CHRISTINA LOCK STUART KENNY<br />
88 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
au programme<br />
déjà disponible<br />
GAMBLE<br />
« Un film sur le vélo de<br />
montagne »… Lâchez<br />
les plus acharnés des<br />
descendeurs en mode<br />
no limit, et qu’est-ce<br />
que vous obtenez ? De<br />
la vitesse brute, une<br />
bande-son percutante<br />
et des spots vierges<br />
qui ne le resteront pas<br />
longtemps.<br />
DUNCAN PHILPOTT, CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL,<br />
GASTON FRANCISCO/RED BULL CONTENT POOL, TETON GRAVITY RESEARCH<br />
déjà disponible<br />
THE LAST<br />
ASCENT<br />
Will Gadd de retour sur<br />
le Kilimandjaro… Il y a<br />
six ans, Will Gadd a<br />
fait plusieurs premières<br />
ascensions<br />
des tours de glace<br />
du Kilimandjaro.<br />
Aujourd’hui, alors<br />
que l’emblématique<br />
calotte glaciaire de la<br />
montagne disparaît<br />
rapidement, il y retourne<br />
pour faire une<br />
dernière ascension.<br />
déjà disponible<br />
SKATE TALES<br />
Pour certains, le skateboard est un mode de vie. Dans cette série, le skateur Madars Apse voyage<br />
dans le monde entier pour faire du skate avec des gens qui poussent la culture du skateboard<br />
à leur manière et pour apprendre d’eux.<br />
déjà disponible<br />
MAKE<br />
BELIEVE<br />
Le film Make Believe<br />
célèbre les athlètes<br />
qui allient imagination<br />
et engagement, qui<br />
ont choisi de vivre<br />
leur vie d’une manière<br />
particulière, de la<br />
conception à la réalité,<br />
et qui choisissent<br />
de faire et de croire<br />
en leurs rêves.<br />
THE RED BULLETIN 89
MATOS<br />
vélo<br />
Pourvu que<br />
ça roule !<br />
Le vélo est l’une des pratiques les plus adaptées à<br />
nos temps incertains. Voici une sélection de matos<br />
que l’on vous souhaite d’utiliser en toute liberté.<br />
Texte PATRICIA OUDIT<br />
Pour les kings du single<br />
BMC Fourstroke 01 LT TWO<br />
Si les single tracks (monotraces), c’est votre truc,<br />
que vous n’êtes accro ni au chrono ni à la perf,<br />
mais que vous avez un gros niveau d’enthousiasme,<br />
ce vélo vous permettra d’exceller lorsque le contrôle<br />
et l’adhérence comptent autant que la puissance et<br />
l’efficacité. 5 999 € ; fr-fr.bmc-switzerland.com<br />
CÔTÉ VTT<br />
Une montée…<br />
MOUSTACHE Samedi 29 Trail 8<br />
… ce n’est qu’une descente qui a mal tourné ! Grâce<br />
à sa géométrie équilibrée et à sa cinématique de<br />
suspension exclusive, ce Moustache est aussi à l’aise<br />
en montée qu’en descente, aussi stable que maniable,<br />
aussi fun qu’efficace. Et merci à son moteur Bosch<br />
Performance Line CX. 5 999 € ; moustachebikes.com<br />
Sac coule de source<br />
CAMELBACK H.A.W.G. Pro 20<br />
Plus de stress lors des sorties engagées.<br />
Un nylon Ripstop protège ce sac-gourde<br />
des potentiels dommages liés aux chutes<br />
et autres égratignures de la nature. Une<br />
durabilité maximale associée à une capacité<br />
de stockage légèrement supérieure à<br />
20 litres, suffisante pour vos essentiels.<br />
169,99 € ; camelbak.com<br />
Crâne au top<br />
SMITH Mainline<br />
C’est le tout premier casque intégral de la marque,<br />
qui y a passé plus de deux ans de recherche et de<br />
développement. Conçu en étroite collaboration avec<br />
ses athlètes enduro, il est taillé pour les descentes<br />
mouvementées, et offre une sécurité optimale et<br />
un confort inégalé. 300 € ; smithoptics.com/fr<br />
Sortez masqué<br />
KENNY Ventury Phase 1<br />
La phase 1 est la version la plus économique<br />
du masque VENTURY. Elle comprend<br />
le masque avec l’ensemble de ses<br />
éléments techniques, et est livrée avec<br />
une monture de couleur unie et un écran<br />
iridium de série. Vous trouverez également<br />
dans sa boîte une housse de protection.<br />
89,95 € ; kenny-racing.com<br />
90 THE RED BULLETIN
MATOS<br />
vélo<br />
Le choix ultime<br />
CANNONDALE Scalpel Carbon LTD<br />
Attaquer là où les autres ne peuvent pas. Accrocher<br />
quand les autres glissent. Sa suspension est la plus<br />
avancée jamais réalisée pour le cross-country. Suspension<br />
révolutionnaire + géométrie agressive + poids plume<br />
= vélo de XC ultime. 6 999 € ; cannondale.com/fr-fr<br />
FABIO PIVA<br />
THE RED BULLETIN 91
À FOND<br />
DE GRAVEL<br />
MATOS<br />
vélo<br />
Ride agressif<br />
BMC URS 01 Two<br />
Son cadre super-léger est conçu pour la compétition et sa géométrie Gravel optimisée pour<br />
un pilotage moderne et agressif. Ce modèle présente un angle de chasse ouvert à 70 ° pour une<br />
partie avant et un empattement longs, gages de stabilité. 6 499 € ; fr-fr.bmc-switzerland.com<br />
Stabilité tous terrains<br />
SPECIALIZED Diverge Sport Carbon<br />
Ici, on a augmenté l’allonge du cadre, ouvert<br />
l’angle de direction et accru le déport de fourche,<br />
ce qui en fait un vélo extrêmement rassurant.<br />
Une potence plus courte permet d’équilibrer la<br />
longueur totale sur le vélo, rapprochant le poste<br />
de pilotage pour conserver une direction agile<br />
sur la route. 3 499 € ; specialized.com/fr/fr<br />
La définition du confort<br />
MOUSTACHE Dimanche 29.5<br />
Grâce à un cadre aluminium haut de gamme,<br />
et à un centre de gravité abaissé maximum, ce<br />
modèle délivre une sensation de pur confort.<br />
Sa fourche carbone et ses haubans absorbent<br />
les vibrations. Quant au moteur, il peut délivrer<br />
3 fois votre puissance et ce jusqu’à 600W.<br />
4 499 € ; moustachebikes.com<br />
Efforts optimisés<br />
POLAR Vantage V2<br />
Personnalisation des zones de fréquence cardiaque,<br />
de vitesse et de puissance, test Leg<br />
Recovery (récupération des jambes) pour comprendre<br />
comment le corps réagit à l’entraînement :<br />
un modèle multisport développé en collaboration<br />
avec des athlètes de renom. 499 € ; polar.com<br />
KingPin, kesako ?<br />
CANNONDALE Topstone<br />
Carbone Lefty 3<br />
Il s’agit d’une technologie de suspension<br />
révolutionnaire, pour une<br />
conduite plus radicale sur les chemins<br />
de terre et plus confortable sur<br />
la route. Associée à des roues de<br />
27,5’’ à haut volume, cela donne le<br />
vélo le plus polyvalent et confortable<br />
jamais conçu par la marque.<br />
4 199 € ; cannondale.com/fr-fr<br />
Pas de coup de la panne<br />
SPECIALIZED S-Works Turbo Creo SL EVO<br />
C’est l’un des vélos électriques les plus légers de<br />
sa catégorie. Son cadre en carbone et son moteur<br />
poids plume développant jusqu’à 240 watts d’une<br />
assistance puissante et silencieuse. Et aucun<br />
risque de tomber en panne avec ses quasi 130 km<br />
d’autonomie maximale de sa batterie interne.<br />
12 499 € ; specialized.com/fr/fr<br />
92 THE RED BULLETIN
MATOS<br />
vélo<br />
No speed limit<br />
JULBO Fury<br />
Cette monture racée à l’écran cylindrique et<br />
photochromique au large champ de vision taillé<br />
pour la vitesse bénéficie d’un maintien total grâce<br />
aux grips de nez et de branches. Ventilation optimale<br />
du visage. S’adapte sous tous les casques.<br />
95 € ; julbo.com<br />
Haute énergie<br />
SIDI Sixty<br />
Pour fêter les soixante ans de la marque, un modèle<br />
au design minimaliste favorisant l’aérodynamisme,<br />
doté d’une semelle en carbone légère et résistante<br />
qui fournit le maximum d’énergie à votre<br />
coup de pédale. Le tout assorti d’un système de<br />
fermeture renforcé par des velcros haute-sécurité.<br />
339,95 € ; sidi.com<br />
POUR LA<br />
ROUTE<br />
Aérodynamisme<br />
Bluetooth<br />
CUBE Litening C:68X SLT<br />
carbon´n´prizmblack<br />
Pas moins de 30 % de réduction de prise au vent :<br />
c’est la promesse de ce cadre en carbone hightech<br />
équipé d’un groupe sans fil mettant à portée<br />
de doigts changement de vitesses précis et<br />
freinage puissant. Son nouveau jeu de roues<br />
complète l’aérodynamisme. 7 599 € ; cubebikes.fr<br />
Armure antigel<br />
ODLO Zeroweight Ceramiwarm<br />
Thermorégulation et respirabilité supérieures<br />
sont les maîtres-mots de cette veste qui protège<br />
sans jamais compromettre la flexibilité.<br />
Un vrai bonus que d’avoir la quantité de chaleur<br />
nécessaire pour profiter du plein air et être<br />
performant sans jamais se soucier du froid.<br />
85 € ; odlo.com<br />
Flex au top<br />
CANNONDALE SuperSix EVO<br />
Hi-MOD Disc Ultegra<br />
Ses nouvelles bases arrière, son<br />
collier intégré et sa tige de selle augmentent<br />
la souplesse de 18 % par<br />
rapport au cru précédent. Afin de<br />
trouver l’équilibre entre légèreté et<br />
aérodynamisme, ce modèle est doté<br />
d’une nouvelle gamme de tubes au<br />
profil tronqué réduisant la traînée.<br />
5 299 € ; cannondale.com/fr-fr<br />
Protection garantie !<br />
GIRO Helios Spherical<br />
Une conception sphérique à l’ergonomie parfaite,<br />
façon « rotule », a été associée à un système optimisant<br />
la redirection des forces en cas d’impact.<br />
Au-delà de la protection avancée de la tête, quinze<br />
aérations offrent une capacité de refroidissement<br />
exceptionnelle. Rembourrage antimicrobien en<br />
mousse. 249,95 € ; giro.com<br />
THE RED BULLETIN 93
MATOS<br />
vélo<br />
Independance Day<br />
CANNONDALE Adventure Neo 3 EQ<br />
Une autonomie de 120 km pour une seule<br />
charge : voici de quoi prendre le large sur un<br />
vélo qui présente une belle alchimie entre fonctionnalité<br />
et plaisir, confort et capacité. Avec<br />
lui, même la vitesse devient stylée.<br />
2 699 € ; cannondale.com/fr-fr<br />
ÉLECTRIQUES<br />
ET VILLE<br />
Circuits courts<br />
B’TWIN ELOPS 120 E<br />
Il est tout équipé (porte-bagages,<br />
garde-boue, éclairage intégré, etc.)<br />
et conçu pour les déplacements<br />
courts en ville (batterie à recharger<br />
tous les jours). Moteur roue arrière<br />
36 volts, 250 watts, avec un couple<br />
de 35 Nm max. 799 € ; decathlon.fr<br />
Aristo-vélo<br />
RAYVOLT Ambassador<br />
Vingt kilos et 250 watts d’une élégance sobre qui flirte avec le non conventionnel,<br />
pour aboutir à un look hésitant entre rétro et le néo-classique :<br />
on s’imagine parcourir fièrement la ville à son guidon, celui du plus<br />
mythique modèle de la marque. 3 650 € ; rayvoltbike.com<br />
Fixie à bon prix<br />
B’TWIN Speed 500 ELOPS<br />
Un look de single speed (une seule vitesse) mais avec les fonctions<br />
utilitaires du vélo de ville. Des pneus larges avec une bonne accroche.<br />
Un bon compromis urbain, agile, rapide et compatible pour une utilisation<br />
fixie grâce à son moyeu flip/flop (en achetant pignon fixe + contre-écrou).<br />
230 € ; decathlon.fr<br />
94 THE RED BULLETIN
MATOS<br />
vélo<br />
L’urbain dopé<br />
LE VÉLO MAD Le Sport<br />
Il s’agit d’une conduite sportive, car portée<br />
par une position vers l’avant pour le conducteur.<br />
Quant au cadre fermé, la barre centrale et<br />
le guidon droit, ils forment un ensemble racé.<br />
Puissance : 250 watts, autonomie moyenne :<br />
50 km. 1 790 € ; levelomad.com<br />
VAE stylé<br />
ELECTRA Navigator Go<br />
Le tout dernier Beach Cruiser de<br />
la marque. Son moteur central de<br />
250 watts fournit une alimentation<br />
fiable. Les pneus 26’’ x 2,8’’ contribuent<br />
au confort, ainsi que ses freins<br />
à disque hydrauliques avant et arrière<br />
qui assurent des arrêts en douceur.<br />
3 299 € ; electra.trekbikes.com<br />
Le vélo du futur ?<br />
CANYON Precede On<br />
Designers et ingénieurs ont recherché la fonctionnalité maximale<br />
pour un usage quotidien, et une circulation urbaine facilitée. Cela a fait<br />
mouche puisque ce vélo a remporté le German Design Award 2021.<br />
Le puissant moteur Bosch et la batterie intégrés au cadre rendent<br />
le tout très esthétique. 4 299 € ; canyon.com<br />
Vélotaf hybride<br />
NAKAMURA E-Summit SUV<br />
Le vélo de ville au cadre dynamique qui convient aux vététistes !<br />
Son moteur central peut développer un couple de 80 Nm (Newton mètre)<br />
permettant de s’attaquer aux côtes les plus raides sans effort. Petit plus :<br />
sa déco réfléchissante et un allumage automatique des feux pour les<br />
virées nocturnes. 1 799 € chez Intersport ; nakamura.fr<br />
THE RED BULLETIN 95
MENTIONS LÉGALES<br />
THE RED<br />
BULLETIN<br />
WORLDWIDE<br />
The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
est actuellement<br />
distribué dans six pays.<br />
Vous découvrez ici la<br />
une de l’édition US, avec<br />
le basketteur des 76ers<br />
de Philadelphie, Matisse<br />
Thybulle.<br />
Le plein d’histoires<br />
hors du commun sur<br />
redbulletin.com<br />
Les journalistes de SO PRESS n’ont<br />
pas pris part à la réalisation de<br />
The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>. SO PRESS n’est<br />
pas responsable des textes, photos,<br />
illustrations et dessins qui engagent<br />
la seule responsabilité des auteurs.<br />
Direction générale<br />
Alexander Müller-Macheck, Sara Car-Varming (adj.)<br />
Rédacteurs en chef<br />
Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.)<br />
Direction créative<br />
Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.)<br />
Direction artistique<br />
Marion Bernert-Thomann, Miles English,<br />
Tara Thompson<br />
Maquette<br />
Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll<br />
Rédaction photo<br />
Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.),<br />
Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör<br />
Rédaction web<br />
Christian Eberle-Abasolo (dir.),<br />
Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan<br />
Projets spécifiques<br />
Florian Obkircher, Arkadiusz Piatek<br />
Gestion de la rédaction<br />
Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann<br />
Gestion de l’édition<br />
Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Anna Wilczek<br />
Directeur exécutif<br />
Stefan Ebner<br />
Directeur Ventes médias & Partenariat<br />
Lukas Scharmbacher<br />
Directrice de Co-édition<br />
Susanne Degn-Pfleger<br />
Gestion de projet Co-édition,<br />
Marketing & Communication B2B<br />
Katrin Sigl (dir.), Mathias Blaha, Katrin Dollenz,<br />
Thomas Hammerschmied, Teresa Kronreif (B2B),<br />
Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner<br />
(communication)<br />
Solutions créatives<br />
Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka,<br />
Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart<br />
Gestion commerciale Co-édition<br />
Alexandra Ita<br />
Rédaction Co-édition<br />
Raffael Fritz (dir.), Gundi Bittermann,<br />
Mariella Reithoffer, Wolfgang Wieser<br />
Directeur exécutif de la création<br />
Markus Kietreiber<br />
Gestion de projet création<br />
Elisabeth Kopanz<br />
Direction artistique Co-édition<br />
Dominik Uhl (dir.), Stefanie Werth, Andreea Parvu<br />
Design commercial<br />
Peter Knehtl (dir.), Simone Fischer, Martina Maier,<br />
Alexandra Schendl, Julia Schinzel, Florian Solly,<br />
Stephan Zenz<br />
Abonnements & Distribution<br />
Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm,<br />
Nicole Glaser, Victoria Schwärzler, Yoldaş Yarar<br />
Service de publicité<br />
Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />
Fabrication & Production<br />
Veronika Felder (dir.), Friedrich Indich,<br />
Walter O. Sádaba, Sabine Wessig<br />
Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis,<br />
Nenad Isailović, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher<br />
Finances Mariia Gerutska (dir.), Klaus Pleninger<br />
MIT Christoph Kocsisek, Michael Thaler<br />
Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham,<br />
Yvonne Tremmel<br />
Gestion de projet Gabriela-Teresa Humer<br />
Éditeur et directeur général<br />
Andreas Kornhofer<br />
Adresse Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />
Téléphone +43 1 90221-0 Fax +43 1 90221-28809<br />
Web redbulletin.com<br />
Propriétaire, éditeur et rédaction Médias<br />
<strong>Red</strong> Bull Media House GmbH,<br />
Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15,<br />
5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i,<br />
Landesgericht Salzburg, ATU63611700<br />
Directeurs généraux Dietrich Mateschitz,<br />
Dietmar Otti, Christopher Reindl, Marcus Weber<br />
THE RED BULLETIN<br />
France, ISSN 2225-4722<br />
Country Editor<br />
Pierre-Henri Camy<br />
Country Coordinator<br />
Christine Vitel<br />
Country Project Management<br />
Youri Cviklinski,<br />
youri@redbull.com<br />
Traductions<br />
Willy Bottemer, Fred & Susanne<br />
Fortas, Suzanne Kříženecký, Claire<br />
Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />
Gwendolyn de Vries<br />
Relecture<br />
Audrey Plaza<br />
Abonnements<br />
Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />
getredbulletin.com<br />
Siège de la rédaction<br />
29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />
+33 (0)1 40 13 57 00<br />
Impression<br />
Quad/Graphics Europe Sp. z o.o.,<br />
Pułtuska 120, 07-200 Wyszków,<br />
Pologne<br />
Publicité<br />
PROFIL<br />
17 avenue de Saxe<br />
75017 Paris<br />
+33 (0)6 19 77 26 30<br />
Thierry Rémond,<br />
tremond75@gmail.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Allemagne, ISSN 2079-4258<br />
Country Editor<br />
David Mayer<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Country Project Management<br />
Natascha Djodat<br />
Publicité<br />
Thomas Hutterer (dir.),<br />
Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner,<br />
Daniela Güpner, Gabriele Matijevic-<br />
Beisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole<br />
Okasek-Lang, Britta Pucher,<br />
Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />
Johannes Wahrmann-Schär,<br />
Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker,<br />
Christian Wörndle, Sabine Zölß<br />
THE RED BULLETIN<br />
Autriche, ISSN 1995-8838<br />
Country Editor<br />
Wolfgang Wieser<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Publishing Management<br />
Bernhard Schmied<br />
Publicité<br />
Thomas Hutterer (dir.),<br />
Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner,<br />
Daniela Güpner, Gabriele Matijevic-<br />
Beisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole<br />
Okasek-Lang, Britta Pucher,<br />
Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />
Johannes Wahrmann-Schär,<br />
Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker,<br />
Christian Wörndle, Sabine Zölß;<br />
Kristina Krizmanic (Team Assistant)<br />
THE RED BULLETIN<br />
Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />
Country Editor<br />
Ruth Morgan<br />
Rédacteur associé<br />
Tom Guise<br />
Rédacteur musical<br />
Florian Obkircher<br />
Secrétariat de rédaction<br />
Davydd Chong (dir.),<br />
Nick Mee<br />
Publishing Manager<br />
Ollie Stretton<br />
Publicité<br />
Mark Bishop,<br />
mark.bishop@redbull.com<br />
Fabienne Peters,<br />
fabienne.peters@redbull.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Suisse, ISSN 2308-5886<br />
Country Editor<br />
Wolfgang Wieser<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Country Project Management<br />
Meike Koch<br />
Manager des partenariats<br />
commerciaux<br />
Stefan Bruetsch<br />
Publicité<br />
Marcel Bannwart (Suisse alémanique),<br />
marcel.bannwart@redbull.com<br />
Christian Bürgi (Suisse romande),<br />
christian.buergi@redbull.com<br />
Goldbach Publishing<br />
Marco Nicoli,<br />
marco.nicoli@goldbach.com<br />
THE RED BULLETIN USA,<br />
ISSN 2308-586X<br />
Rédacteur en chef<br />
Peter Flax<br />
Rédactrice adjointe<br />
Nora O’Donnell<br />
Révision<br />
David Caplan<br />
Publishing Management<br />
Branden Peters<br />
Country Project Management<br />
Laureen O’Brien<br />
Publicité<br />
Todd Peters,<br />
todd.peters@redbull.com<br />
Dave Szych,<br />
dave.szych@redbull.com<br />
Tanya Foster,<br />
tanya.foster@redbull.com<br />
96 THE RED BULLETIN
HORS DU COMMUN<br />
Retrouvez votre prochain numéro en mars en abonnement avec et avec ,<br />
dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.<br />
AARON BLATT / RED BULL CONTENT POOL
Pour finir en beauté<br />
Vous allez voir triple<br />
Pour son dernier projet With or Without Snow, le speedrider français Valentin Delluc<br />
réinvente avec humour sa spécialité (un mélange audacieux de vol et de ski).<br />
En mal de neige, fin 2020, profitant des derniers beaux jours, il est parti voler entre<br />
les massifs des Hautes-Alpes et la vallée des Écrins, jusqu’au lac de Serre-Ponçon.<br />
Le voici qui arrive à destination, passant en mode ski nautique ! Vidéo sur redbull.com<br />
Le prochain<br />
THE RED BULLETIN<br />
sortira le<br />
25 mars 2021.<br />
OLIVER GODBOLD/RED BULL CONTENT POOL<br />
98 THE RED BULLETIN