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Red Bulletin Mars

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FRANCE<br />

MARS 2021<br />

HORS DU COMMUN<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec<br />

MYRIAM<br />

NICOLE<br />

HEAVY MENTAL<br />

Dans la tête de deux icônes du VTT descente à la<br />

reconquête de leurs titres mondiaux…<br />

Quand la force de l'esprit peut faire la différence<br />

LOÏC<br />

BRUNI


Topstone Carbon<br />

Lefty<br />

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EN ACTION TOPSTONE CARBON LEFTY 1 7,999€<br />

* Plus de confort. Plus de capacités. Plus Lefty.<br />

Equipé de pneus 650 47c pour plus de douceur sur route et plus d’adhérence hors route. Doté aussi de<br />

notre pension arrière super-léger Kingpin et de notre fourche révolutionnaire Lefty Oliver afin de créer<br />

le vélo ultime jamais conçu. cannondale.com


Éditorial<br />

SOUS LEURS<br />

CASQUES<br />

Derrière les masques de protection, sous les deux<br />

casques en « fusion » sur notre couverture, il y a<br />

un gars et une fille parmi les plus abordables que<br />

vous pourriez rencontrer.<br />

Deux icônes bon esprit d’un sport, le VTT de<br />

descente, où ils ont atteint les plus hautes sphères<br />

mondiales. Après une saison « très particulière »,<br />

ils sont plus que jamais convaincus que leur force<br />

d’esprit pourra leur permettre de faire la différence<br />

sur des pilotes tous aussi bien préparés,<br />

équipés et motivés qu’eux.<br />

Rassembler Loïc Bruni et Myriam Nicole entre<br />

Noël et le jour de l’An n’était pas seulement une<br />

occasion pour eux de se retrouver entre amis,<br />

mais surtout l’opportunité de connaître leurs<br />

convictions sur une arme invisible, qu’ils nous<br />

recommandent à tous d’optimiser : notre mental.<br />

CONTRIBUTEURS<br />

NOS ÉQUIPIERS<br />

GAVIN BOND<br />

Le photographe britannique<br />

est abonné aux shootings<br />

de mode plutôt qu’à des missions<br />

dans le milieu des<br />

sports mécaniques, mais il<br />

s’est retrouvé sur la course<br />

Mint 400 dans le désert du<br />

Nevada. « Ce fut mon dernier<br />

shooting avant que la pandémie<br />

ne frappe, se souvient-il.<br />

Mais esquiver les camions et<br />

porter un masque contre la<br />

poussière ne m’a finalement<br />

pas préparé à ce qui allait<br />

suivre en 2020. » P. 20<br />

Belle lecture !<br />

Votre Rédaction<br />

JEREMY BERNARD (COUVERTURE)<br />

50 % de notre couverture : la championne de VTT de<br />

descente française Myriam Nicole. Une forte tête.<br />

JÉRÉMY BERNARD<br />

Photographe de ski freeride<br />

et de sport depuis dix ans,<br />

Jérémy s’épanouit à présent<br />

dans le photojournalisme.<br />

« Pour ce shooting de<br />

couverture, c’était drôle de se<br />

retrouver un 29 décembre à<br />

La Grand-Combe pour shooter<br />

du vélo DH, dit le co-fondateur<br />

du site neufdixieme.com, car<br />

à cette époque, je suis sur mes<br />

skis. Et pas facile de canaliser<br />

les deux phénomènes, Myriam<br />

et Loïc, peu avares en facéties<br />

pour nous faire marrer. » P. 42<br />

THE RED BULLETIN 3


32<br />

Changer le game : Fif donne de<br />

la force aux femmes du rap et<br />

présente dix talents à suivre.<br />

42<br />

Rencontre avec Loïc Bruni (photo) et Myriam<br />

Nicole, pour savoir ce qu’ils ont dans la tête.<br />

6 Galerie : ces photos ont de quoi<br />

déconfiner vos rétines<br />

12 Comment un skieur pro<br />

aujourd’hui en fauteuil roulant<br />

peut vous motiver à courir<br />

14 Le bleu de travail du futur ne<br />

passera pas à la machine<br />

15 À quoi pourraient ressembler les<br />

cinémas de demain<br />

16 Faire d’une fin un début, avec le<br />

créateur des skis Black Crows<br />

18 Playlist : le son de la révolution<br />

selon le rappeur Common<br />

FELIPE BARBOSA, JEREMY BERNARD, EVA BERTEN<br />

4 THE RED BULLETIN


CONTENUS<br />

mars 2021<br />

70<br />

Quand B-Girl Jilou se bouge<br />

pour les autres ladies.<br />

20 Tempête du désert<br />

Le photographe anglais<br />

Gavin Bond dans la fureur du<br />

MINT 400, une course folle<br />

et motorisée dans le désert<br />

du Nevada.<br />

32 Elles font le rap<br />

Fif a interviewé l’essentiel de<br />

la scène rap française, et<br />

nous présente certains de<br />

ses talents féminins parmi<br />

les plus bouillants.<br />

42 Deux fortes têtes<br />

Deux des meilleurs descendeurs<br />

VTT de tous les temps<br />

réunis pour une mise au point<br />

sur leur détermination<br />

mentale.<br />

52 La vague afro<br />

Un livre nécessaire apporte<br />

un courant contraire sur le<br />

cliché du surfeur blond aux<br />

yeux bleus.<br />

64 Non-stop<br />

Le profil rare de Monki,<br />

à la fois joueuse de foot,<br />

DJ, et activiste sociétale<br />

et culturelle.<br />

70 La force en<br />

elle(s)<br />

L’Allemande Jilou ne danse<br />

pas que pour assouvir sa<br />

passion : elle espère aussi<br />

motiver sa communauté<br />

au changement.<br />

79 À faire : le VTT sauce viking<br />

84 Fitness : une séance de l’espace<br />

86 Rétro : Game & Watch is back !<br />

87 Gaming : infiltrez-vous<br />

88 Avec l’élite du babyfoot…<br />

89 À voir : sur <strong>Red</strong> Bull TV<br />

90 Matos : un vélo vous attend<br />

96 Ils et elles font The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

98 Image de fin : délire omnisport<br />

THE RED BULLETIN 5


ARROYOMOLINOS,<br />

ESPAGNE<br />

La France<br />

met le feu<br />

En motocross quand vous gagnez une<br />

course, il est de bon ton d’envoyer une<br />

signature aérienne pour célébrer votre<br />

performance et régaler le public. C’est<br />

ce qu’exécute le pilote français de<br />

20 ans, Tom Vialle (<strong>Red</strong> Bull KTM Factory<br />

Racing), quand il passe la ligne d’arrivée<br />

de la douzième étape du championnat<br />

du monde de MX2, le 11 octobre 2020,<br />

sur la piste d’Intu Xanadù. L’Avignonnais<br />

sera finalement sacré Champion du<br />

monde MX2 2020 pour sa seconde<br />

saison dans cette discipline.<br />

Instagram : @tomvialle28


SAMO VIDIC/RED BULL CONTENT POOL<br />

7


TURDA, ROUMANIE<br />

Passion<br />

sous-sol<br />

Ancienne mine de sel devenue<br />

attraction touristique, la Salina<br />

Turda est une merveille souterraine<br />

dont les structures brillent<br />

comme des anémones de mer dans<br />

la pénombre. La reine du <strong>Red</strong> Bull<br />

Cliff Diving, Rhiannan Iffland,<br />

n’avait d’yeux que pour le lac, à<br />

112 m sous terre. « C’est la toute<br />

première plongée souterraine dans<br />

une mine de sel, raconte l’Australienne<br />

à propos de son plongeon<br />

en octobre 2020. Avec une densité<br />

17 % supérieure à celle de l’eau<br />

de mer, l’impact y est différent.<br />

On est repoussé à la surface. »<br />

@rhiannan_iffland ; joergmitter.com


JOERG MITTER/RED BULL CONTENT POOL<br />

9


YAKUTAT, ALASKA<br />

Top secret<br />

Le photographe de sports d’action Dom<br />

Daher était sur le Freeride World Tour<br />

à Haines, en Alaska, lorsqu’il a reçu un<br />

message de l’ex-freerideuse Anne-Flore<br />

Marxer. « Elle a dit qu’il y avait du vent<br />

dans le Yakutat et que nous devrions y<br />

aller juste après l’événement, se souvient<br />

le Français. Alors, le lendemain, nous<br />

sommes allés là-bas - dans un tout petit<br />

avion. » Yukutat, dans le sud-est de<br />

l’Alaska, compte 600 habitants (« le flic<br />

de la ville connaît tous les numéros de<br />

téléphone par cœur »), et un secret bien<br />

gardé : une vague, que les locaux, comme<br />

Andrew (photo) viennent surfer à loisir.<br />

domdaher.com


DOM DAHER<br />

11


MIKE SHAW<br />

« C’est la gratitude<br />

qui m’a sauvé »<br />

Condamné au fauteuil roulant, l’ex-skieur pro freestyle Mike Shaw réussit<br />

à courir dix kilomètres. Il veut traverser le Canada avec un millier d’amis.<br />

Un an, quatre mois et 17 jours, c’est<br />

le temps qui s’est écoulé entre le jour<br />

où Mike Shaw apprend qu’il ne marcherait<br />

plus jamais et sa participation<br />

à une course à pied. En décembre<br />

2013, l’entraîneur canadien de ski<br />

acrobatique fait une grave chute qui<br />

provoquera une paralysie de ses<br />

quatre membres. Le diagnostic (quadriplégie<br />

incomplète) est rude, mais<br />

n’entame en rien sa détermination.<br />

À peine opéré, Mike entame un entraînement<br />

intensif. Trois mois plus<br />

tard, il quitte l’hôpital. Seize mois<br />

après, il participe à la course Wings<br />

for Life World Run. Il parcourt dix<br />

kilomètres avant d’être rejoint par la<br />

voiture-balai. Une performance incroyable.<br />

De plus, cette compétition<br />

lui tient à cœur car tous les frais<br />

d’inscription vont à la recherche sur<br />

la moelle épinière. « Le remède<br />

n’existe pas encore, précise l’athlète<br />

de 34 ans. J’ai eu de la chance, mais<br />

la blessure fait toujours partie de<br />

mon quotidien. Mes bras et mes<br />

jambes restent en partie insensibles<br />

et je perds l’équilibre une cinquantaine<br />

de fois par jour. » Il évoque ici,<br />

le rôle essentiel de l’entourage et les<br />

raisons qui font de la gratitude un<br />

remède efficace contre la détresse.<br />

the red bulletin : Après votre<br />

opération, le médecin vous a annoncé<br />

que vous ne marcheriez<br />

plus jamais. Mais vous avez refusé<br />

son diagnostic. Pourquoi ?<br />

mike shaw : Je suis un optimiste<br />

invétéré. Quand quelque chose ne<br />

marche pas, je me dis toujours que<br />

ce n’est qu’une question de temps.<br />

Le freeski m’a appris à me relever.<br />

La chute fait partie de la progression.<br />

Il faut savoir se relever, remonter<br />

la pente et tenter le saut à nouveau.<br />

Avec le temps, cette attitude a<br />

fini par devenir une seconde nature.<br />

Dans votre livre Never Part of<br />

the Plan (ndlr : Cela n’a jamais<br />

fait partie du plan), vous écrivez<br />

que la gratitude vous a permis de<br />

traverser les moments les plus<br />

difficiles. Pouvez-vous nous en<br />

dire plus ?<br />

Quelques semaines après l’accident,<br />

j’étais au fond du trou. D’horribles<br />

crampes m’accablaient, je souffrais<br />

le martyre. J’ai failli renoncer à<br />

maintes reprises. Puis, j’ai découvert<br />

dans la gratitude un outil. Une<br />

révélation. Lorsqu’on traverse une<br />

période difficile, la gratitude est<br />

rarement le premier réflexe. C’est<br />

pourtant dans ces moments-là<br />

qu’elle s’avère le plus efficace. À<br />

l’hôpital, je n’ai pas eu à chercher<br />

bien loin pour trouver cas plus désespéré<br />

que le mien. Le but était de<br />

changer de perspective, se dire que<br />

lorsqu’une porte se ferme, quatre<br />

autres s’ouvrent. Elles s’ouvrent de<br />

surcroît sur une terrasse surplombant<br />

l’océan !<br />

En 2017, vous avez lancé #Team-<br />

Coast2Coast, une communauté<br />

de coureurs Wings for Life avec<br />

de grandes ambitions. Pouvezvous<br />

nous en dire davantage ?<br />

J’ai parlé de Wings for Life à mon<br />

ami Jim Mullan. Il vit à Halifax et<br />

est paraplégique comme moi. Il me<br />

dit : « Pourquoi ne pas rassembler<br />

suffisamment de personnes pour<br />

traverser virtuellement le Canada<br />

de Vancouver à Halifax, d’une côte<br />

à l’autre, soit 5500 kilomètres ? »<br />

Nous étions alors à un mois de la<br />

course. Nous avons mis #Team-<br />

Coast2Coast en ligne et avons réussi<br />

à inscrire 100 personnes. En 2019,<br />

nous avions plus de 900 inscrits qui<br />

couraient pour nous dans tout le pays<br />

via l’application. Il nous a manqué<br />

150 km pour atteindre notre objectif.<br />

Cette année, nous visons un renfort<br />

de 1000 coureurs afin d’aller au bout.<br />

Souhaitez-vous encourager les<br />

gens à reproduire l’exemple de<br />

#TeamCoast2Coast ?<br />

Absolument ! Former une équipe<br />

et se fixer un objectif commun est<br />

extrêmement motivant, mais les<br />

gens ne nous ont pas attendus pour<br />

se lancer. Faire partie de cette communauté<br />

mondiale est une force.<br />

Wings for Life<br />

World Run<br />

Une course à laquelle participent des<br />

milliers de coureurs à travers le monde<br />

simultanément. Votre course prend fin<br />

dès que la voiture-balai (virtuelle) vous<br />

dépasse. Coup d’envoi le 9 mai 2021.<br />

Vous pouvez participer via l’appli —<br />

en solo, avec des amis ou au sein d’une<br />

course organisée, mais aussi dans l’un<br />

des douze grands Flagship Runs, si les<br />

circonstances le permettent.<br />

Inscriptions et formation de votre<br />

équipe : wingsforlifeworldrun.com<br />

ROYCE SIHLIS FLORIAN OBKIRCHER<br />

12 THE RED BULLETIN


« Le but était<br />

de changer de<br />

perspective. »<br />

THE RED BULLETIN 13


GUARDIAN XO<br />

L’homme<br />

amélioré<br />

Mi-homme, mi-machine, cet<br />

exosquelette pourrait devenir<br />

le bleu de travail du futur.<br />

Chaud devant :<br />

le Guardian XO ne<br />

pèse que 68 kg,<br />

s’enfile et se retire<br />

en seulement<br />

30 secondes,<br />

idéal pour un robot<br />

à la demande.<br />

Si l’on en croit la sciencefiction,<br />

l’exosquelette robotique<br />

fera bientôt partie de<br />

notre garde-robe. Le Guardian<br />

XO, premier exosquelette au<br />

monde à propulsion intégrale,<br />

créé par la société américaine<br />

Sarcos Robotics en partenariat<br />

avec l’armée américaine, nous<br />

rapproche un peu plus de ce<br />

futur. Mais, contrairement<br />

à l’Iron Man de Marvel ou à<br />

l’armure de Tom Cruise dans<br />

Edge of Tomorrow en 2014,<br />

cette combinaison n’est pas<br />

destinée au combat. Elle permet<br />

d’accomplir des tâches<br />

manuelles et de changer ainsi<br />

notre quotidien de manière<br />

considérable.<br />

La quête d’un exosquelette<br />

motorisé fonctionnel n’est pas<br />

nouvelle. Dès 1965, General<br />

Electric lançait son Hardiman,<br />

mais son poids excessif<br />

(680 kg), sa mobilité limitée et<br />

brutale le rendaient inapte à<br />

une utilisation humaine. Depuis,<br />

de nombreux prototypes ont<br />

vu le jour, essentiellement des<br />

exosquelettes partiels destinés<br />

aux personnes handicapées<br />

des membres inférieurs.<br />

Ben Wolff PDG de Sarcos,<br />

tient toutefois à préciser que<br />

le Guardian XO est « un robot<br />

humanoïde portable, complet<br />

et fonctionnel » capable de<br />

soulever aisément 90 kg (45 kg<br />

par bras), doté de 24 degrés<br />

de liberté, assurant à son opérateur<br />

un déplacement sans<br />

encombre. « L’exosquelette<br />

convient à toute personne dont<br />

le métier comporte le maniement<br />

d’objets lourds, ou des<br />

tâches pénibles, en réduisant<br />

la contrainte physique »,<br />

explique Wolff. Un aspect qui<br />

n’a pas manqué d’éveiller l’intérêt<br />

des forces armées.<br />

Les activités logistiques de<br />

l’armée américaine, l’une des<br />

plus importantes au monde,<br />

perdent selon les estimations<br />

de Wolff, environ 27 millions<br />

de jours de travail par an. Cette<br />

perte n’est pas liée aux combats,<br />

mais à la construction,<br />

au transport et à la production.<br />

« La pénibilité du travail est<br />

telle que nos collaborateurs ne<br />

peuvent exercer ce métier plus<br />

de cinq à sept ans. Le Guardian<br />

XO leur permet de poursuivre<br />

leur activité professionnelle<br />

aussi longtemps qu’ils le souhaitent.<br />

»<br />

La combinaison pourrait<br />

convenir à d’autres domaines<br />

d’activité humaine physiquement<br />

exigeante, tels que les<br />

services d’urgence et les<br />

secours en cas de catastrophe.<br />

Mais, alors que certains spécialistes<br />

étudient des solutions<br />

entièrement automatisées,<br />

comme les drones ou les robots<br />

à IA, Wolff pense que l’intuition<br />

et l’intelligence humaines<br />

restent la clé : « Contrairement<br />

aux alarmistes, nous pensons<br />

que l’IA est loin d’être au point<br />

et que le Terminator qui remplacera<br />

l’homme n’est pas<br />

encore né. Le travail humain a<br />

encore un bel avenir, par conséquent,<br />

la meilleure option est<br />

d’augmenter l’homme pas de<br />

le remplacer. »<br />

sarcos.com<br />

DAN ESCOBAR LOU BOYD<br />

14 THE RED BULLETIN


Votre future salle de<br />

cinéma ressemblera<br />

peut-être à cela.<br />

OMA CINEMA LOU BOYD<br />

OMA CINEMA<br />

Ça va flotter<br />

La menace qui pèse sur les salles de cinéma pousse<br />

deux Parisiens à s’inspirer du passé pour les sauver.<br />

« Aller au cinéma pourrait bientôt<br />

devenir chose du passé »,<br />

déclarait Patty Jenkins, réalisatrice<br />

de Wonder Woman 1984,<br />

en octobre dernier, après que<br />

la sortie de son blockbuster ait<br />

été reportée pour la troisième<br />

fois. En 2020, l’effet dévastateur<br />

de la COVID-19 sur le<br />

calendrier des sorties en salle<br />

frappe également le dernier<br />

James Bond repoussé à 2021.<br />

Même un réalisateur de renom<br />

comme Christopher Nolan ne<br />

parvient pas avec son Tenet à<br />

ramener les spectateurs<br />

devant le grand écran.<br />

Le mode de socialisation<br />

change, et l’expérience de la<br />

salle de cinéma telle que nous<br />

la connaissons, assis côte à<br />

côte, rangée après rangée,<br />

risque de disparaître à jamais.<br />

Mais survivre, c’est évoluer,<br />

comme le prouvent les<br />

architectes parisiens Pierre et<br />

Nicolas Chican et leur « cinéma<br />

vertical ». Oma Cinema remplace<br />

la configuration des<br />

salles de cinéma traditionnelles<br />

par des alvéoles accueillant de<br />

petits groupes.<br />

Accrochés verticalement<br />

face à l’écran, les sièges posés<br />

sur cet « écrin » procurent le<br />

réconfort social dont les spectateurs<br />

ont besoin, même si à<br />

l’origine l’idée répondait moins<br />

à un besoin de sécurité qu’au<br />

désir de créer une expérience<br />

plus immersive. « Nous voulions<br />

exploiter toute la hauteur<br />

de l’écran et en rapprocher les<br />

spectateurs », explique Nicolas<br />

Spectaculaire : l’espace d’accueil de l’Oma Cinema.<br />

à propos d’une structure qui<br />

superpose le public sur une<br />

pente de 50 %, au lieu des 25 %<br />

d’une salle classique.<br />

« Les spectateurs auront la<br />

sensation de flotter devant<br />

l’écran. » Cela évitera aussi<br />

qu’une personne de grande<br />

taille gêne la vue de celle assise<br />

derrière. La conception impressionne<br />

par son style futuriste<br />

et sa ressemblance avec le<br />

Sénat galactique de Star Wars,<br />

une comparaison qui a surpris<br />

les frères. « Cela nous évoque<br />

plus des loges d’opéras ou de<br />

théâtres, explique Nicolas.<br />

Chaque balcon peut être agrémenté<br />

de canapés, de fauteuils,<br />

ou d’un nombre réduit<br />

de sièges de cinéma. »<br />

Le premier Oma Cinema<br />

doit ouvrir à Paris cette année.<br />

« C’est dur pour les cinémas,<br />

l’innovation est un moyen de<br />

trouver de nouvelles façons<br />

de ramener le public dans les<br />

salles pour y voir des films en<br />

compagnie. Rien de tel que<br />

de se retrouver entourer de<br />

proches et regarder un film sur<br />

un écran immense avec un son<br />

surround. Le streaming ne<br />

pourra jamais égaler cela. »<br />

omacinema.com<br />

THE RED BULLETIN 15


CAMILLE JACCOUX<br />

Planches de salut<br />

En 2020, le skieur et cofondateur des skis Black Crows, Camille Jaccoux,<br />

découvre la station de ski fantôme de Rio (Nouveau-Mexique). Et lance une<br />

série sur ces lieux d’altitude abandonnés. Quand une fin devient un début.<br />

Des lieux quittés en urgence, laissés<br />

dans un abandon soudain. En survolant<br />

le domaine skiable de Rio au<br />

Nouveau-Mexique (États-Unis),<br />

déserté depuis vingt ans, le photographe<br />

Chris Dahl-Bredine, recruté<br />

pour les besoins du tournage par<br />

Camille Jaccoux, raconte ces rivières<br />

qui se créent là où la neige se met à<br />

fondre, tous ces endroits aimés qui<br />

finissent par se rejoindre. Pour le<br />

cofondateur de la marque de ski<br />

Black Crows, Rio est un spot unique,<br />

mystique. Joe Musich, le gardien<br />

de la station fantôme depuis 2009<br />

dit, lui, qu’il s’y passe des choses<br />

étranges, à 2 895 m d’altitude. « Tout<br />

a été laissé en plan, de la caisse enregistreuse<br />

au matériel de ski et de<br />

snowboard. Même les pistes sont<br />

restées plus ou moins en l’état »,<br />

confirme Camille Jaccoux qui a produit<br />

avec le freeskieur Julien Régnier<br />

le premier épisode The Ghost Ski<br />

Resorts, appelé à devenir une série.<br />

« L’idée nous est venue il y a deux<br />

ans, lors d’un trip ski en Oregon. On<br />

nous a parlé de ces stations fantômes<br />

dans l’Est des États-Unis. Souvent<br />

des micro-domaines qui ont<br />

poussé comme des champignons<br />

dans les années 50 et 60 et qui ont<br />

disparu au fil du temps, pour des<br />

raisons économiques et/ou à cause<br />

du réchauffement climatique. »<br />

Camille Jaccoux se documente, et<br />

découvre que ces stations de ski fantômes<br />

existent dans le monde entier.<br />

Il s’intéresse surtout aux sites à<br />

l’architecture très présente, témoins<br />

d’un passé et d’une vie riches. « Avec<br />

Julien, nous avons eu envie de nous<br />

réapproprier un domaine mécanisé<br />

via le ski de randonnée. De rencontrer<br />

des gens qui ont vécu là, leur<br />

faire raconter leur histoire. En tant<br />

que skieur, vivant à Chamonix, ça<br />

me parle, je vois tous les jours des<br />

changements, des choses qui disparaissent,<br />

à cause du réchauffement<br />

climatique. Les éboulements se<br />

multiplient, la limite pluie-neige remonte,<br />

les glaciers reculent. En plaisantant,<br />

et de façon un peu cynique,<br />

je dis souvent que le ski, ce n’est pas<br />

un métier d’avenir… » Pourtant, son<br />

film dit clairement le contraire.<br />

Se réinventer. Créer. Ne pas écouter<br />

les empêcheurs de rider en rond.<br />

Rio : station fantôme<br />

Lodges, hôtels et condominiums désertés,<br />

remontées mécaniques rouillées :<br />

peu à peu, les chutes de neige qui atteignaient<br />

en moyenne 6,60 m chaque<br />

hiver sont devenues irrégulières à Rio,<br />

dont l’éloignement des principales<br />

grandes villes a précipité la faillite. La<br />

station de ski a fonctionné entre 1982 et<br />

1990, puis entre 1995 et 2000. Le 9 janvier<br />

2000, la vie de ce domaine familial,<br />

seul vivier d’emploi dans la région, s’est<br />

brutalement arrêtée. Les repas préparés<br />

ont pourri sur place, les lits faits l’ont été<br />

pour rien… The Ghost Ski Resorts,<br />

Chapter 1 à voir sur la chaîne YouTube<br />

de la marque de skis Black Crows.<br />

Dans le cas qui nous occupe, trouver<br />

spatule à son pied. Quand il lance<br />

Black Crows autour d’une table en<br />

2006 avec le freeskieur Bruno<br />

Compagnet, de manière instinctive,<br />

l’industrie est ancienne et globalement<br />

assez conservatrice. « Black<br />

Crows, c’est un projet fait à la maison,<br />

par un petit groupe créatif. Ça<br />

a toujours été dur, intense, un truc<br />

de passionnés. Bien sûr, au début,<br />

on nous a dit que le ski, c’était mort,<br />

mais on avait envie de s’infiltrer dans<br />

une niche, avec comme seul plan<br />

marketing d’avoir des produits qui<br />

nous ressemblent, de bons skis qui<br />

collent à un besoin ressenti sur le<br />

terrain, qui font sens, qui parlent<br />

aux skieurs de la première benne,<br />

mais aussi à nos familles. À l’époque,<br />

aucun ski ne nous faisait vraiment<br />

rêver. On a eu plutôt raison de se<br />

lancer et d’y croire, car on est devenus<br />

la marque indépendante numéro<br />

un sur le marché du ski aujourd’hui.<br />

Il y a toujours des choses à faire C’est<br />

un peu à l’image de The Ghost Ski<br />

Resorts : tant que la neige sera là,<br />

les gens auront envie de skier. »<br />

Dans la vidéo, le photographe<br />

Chris Dahl-Bredine évoque ainsi le<br />

renouveau du ski de rando dans la<br />

région du Nouveau-Mexique. Cette<br />

idée de pouvoir malgré tout profiter<br />

de cette nature redevenue pure,<br />

intacte. Camille Jaccoux que l’on<br />

voit skier dans le film entre les plus<br />

grands trembles de la planète,<br />

constate cet appétit vers un retour<br />

au mouvement autonome, éloge de<br />

la lenteur. « Aujourd’hui, le ski de<br />

randonnée représente entre 30 et<br />

35 % de nos ventes. Et ce phénomène<br />

monte en puissance partout…<br />

» Planches de salut ? Camille<br />

Jaccoux et ses stations fantômes<br />

prouvent en tous cas qu’il est possible<br />

de donner une seconde vie à<br />

ce qui semblait perdu.<br />

JULIEN REGNIER PATRICIA OUDIT<br />

16 THE RED BULLETIN


« Tant que la<br />

neige sera là,<br />

les gens<br />

auront envie<br />

de skier. »<br />

THE RED BULLETIN 17


COMMON<br />

Lumière<br />

sonore<br />

Le rappeur, acteur et activiste<br />

américain livre quatre<br />

morceaux qui incarnent le<br />

son de la révolution.<br />

Le militantisme social et l’apologie<br />

de la positivité sont depuis<br />

longtemps les marques de<br />

fabrique de Lonnie Rashid Lynn<br />

Jr, alias Common. En 2020, le<br />

natif de Chicago est de toutes<br />

les manifestations. Auteur de<br />

deux livres à succès, il est aussi<br />

au casting de plusieurs films<br />

dont Selma (2014) pour lequel il<br />

cosigne la chanson Glory, il<br />

incarne le rôle du leader des<br />

droits civils James Bevel et a<br />

signé treize albums. Avec son<br />

dernier opus, A Beautiful Revolution<br />

Pt.1, l’artiste de 48 ans<br />

récipiendaire d’un Oscar, d’un<br />

Emmy et d’un Grammy, entend<br />

guérir et inspirer les victimes<br />

d’injustice raciale et sociale.<br />

Les quatre titres classiques<br />

qu’il nous livre ici, ont selon lui,<br />

le pouvoir de changer le monde.<br />

thinkcommon.com<br />

John Lennon<br />

Imagine (1971)<br />

« Comment ne pas être sensible<br />

à cette chanson quand on est<br />

soi-même un rêveur qui croit à<br />

un monde meilleur d’amour, de<br />

compassion et de joie ? L’imagination<br />

est un formidable moteur.<br />

Nos créations naissent<br />

souvent d’une idée ou d’un sentiment<br />

d’espoir. Les paroles stimulantes<br />

nourrissent ma foi en<br />

un changement possible. J’y<br />

vois le germe de la révolution. »<br />

Queen Latifah<br />

UNITY (1993)<br />

« L’unité doit être le but d’une<br />

révolution. Tout au long de l’Histoire,<br />

l’énergie et la domination<br />

masculines ont été nocives<br />

pour le monde. Queen Latifah<br />

autonomise les femmes, leur dit<br />

qu’elles sont des reines et<br />

qu’elles doivent exiger le respect.<br />

La révolution n’a pas de<br />

sens sans des femmes au pouvoir,<br />

sans meneuses respectées<br />

et honorées. »<br />

Yasiin Bey (fka Mos Def)<br />

Umi Says (1999)<br />

« Mos m’a fait écouter l’album<br />

avant sa sortie et je me souviens<br />

lui avoir dit : “C’est l’un<br />

des meilleurs disques que je<br />

n’ai jamais écoutés.” C’était<br />

émouvant et exaltant. Je vois<br />

en cette chanson, en particulier<br />

les paroles “My Umi [mère<br />

en arabe] m’a dit illumine le<br />

monde de ta lumière”, un acte<br />

révolutionnaire. Éclairer le<br />

monde en fait partie. »<br />

Gil Scott-Heron<br />

The Revolution Will not Be<br />

Televised (1971)<br />

« J’étais très jeune quand j’ai<br />

découvert ce morceau. C’était<br />

spécial parce que je n’avais<br />

jamais entendu quelqu’un parler<br />

sur de la musique auparavant.<br />

En grandissant, j’ai prêté<br />

attention à ce qu’il disait.<br />

Gil Scott-Heron représente la<br />

quintessence de la révolution :<br />

le courage, l’intelligence, et<br />

des mots forts. »<br />

MARK LEIBOWITZ FLORIAN OBKIRCHER<br />

18 THE RED BULLETIN


ULTIMATE<br />

PUSHING THE LIMITS *<br />

- © Focal 77 - *Repousser les limites.<br />

27G.<br />

3D FIT NOSE<br />

PHOTOCHROMIC<br />

PANORAMIC<br />

SCREEN<br />

GRIP TECH<br />

CUSTOM FIT<br />

NOUVELLE<br />

BRANCHE<br />

FULL<br />

VENTING<br />

cycliste_tricolore


Tempête<br />

du désert<br />

C’était l’un des derniers<br />

rendez-vous majeurs dans<br />

les sports mécaniques<br />

avant le confinement<br />

mondial l’an dernier.<br />

En mars, THE MINT 400<br />

donne un nouveau coup<br />

d’accélérateur. Le plus<br />

ancien rallye du désert<br />

américain a subi de nombreux<br />

bouleversements,<br />

mais il se montre toujours<br />

aussi sauvage…<br />

Texte TOM GUISE<br />

Photos GAVIN BOND


2020 : le double vainqueur<br />

(2013 et 2018) Bryce Menzies<br />

s’élance sur le Mint 400 à<br />

bord de son pick-up capable<br />

de sauter sur plus de 45 m.<br />

« Vous devez boucler quatre<br />

tours de 100 miles [160 km],<br />

explique l’Américain. Cette<br />

course est mythique. »<br />

21


Des moteurs qui rugissent sur 688 km à<br />

travers le désert de Mojave… The Mint<br />

400 naît en 1968 d’un coup publicitaire<br />

visant à attirer les foules pour la chasse<br />

au cerf annuelle de The Mint, un hôtelcasino<br />

situé à Las Vegas. Mais la course, qui<br />

démarre et se termine juste devant les lumières<br />

du Las Vegas Strip, devient très vite la « plus<br />

grande course tout-terrain des États-Unis ». « J’y<br />

suis allé pour la première fois en 2018, raconte le<br />

photographe britannique Gavin Bond. C’était le<br />

50 e anniversaire de la course et je n’y connaissais<br />

rien. Mon producteur à L.A., un fan de mécanique,<br />

s’était inscrit avec son propre pick-up de course et<br />

je l’ai accompagné. J’ai adoré… Je devais absolument<br />

revenir pour prendre des photos. » Et c’est ce<br />

qu’il a fait en mars 2020. Mais Gavin Bond ignorait<br />

à l’époque que ses clichés figureraient parmi les<br />

derniers avant un véritable cataclysme : 12 jours<br />

plus tard, le monde entier entrait en confinement.<br />

Une année s’est écoulée. Beaucoup de choses ont<br />

changé mais, contre toute attente, The Mint 400 est<br />

de retour. Ce n’est pas la première fois que l’événement<br />

se trouve menacé : il a même disparu pendant<br />

vingt ans. En effet, lorsque Jack Binion a acheté l’hôtel-casino<br />

The Mint en 1988, il a supprimé la course,<br />

craignant que cela ne nuise à ses affaires. Il a fallu<br />

attendre 2008 pour que Matt et Joshua Martelli, réalisateurs<br />

de la célèbre série sur les sports mécaniques<br />

Ken Block’s Gymkhana, en achètent les droits. Aujourd’hui,<br />

The Mint et beaucoup d’autres casinos des<br />

environs ont fermé leurs portes depuis longtemps,<br />

remplacés par des complexes de loisirs. Mais la course<br />

est toujours là, comme à l’époque de Steve McQueen<br />

et consorts – et de la naissance du journalisme gonzo.<br />

C’est d’ailleurs en couvrant The Mint 400 pour Sports<br />

Illustrated que Hunter S. Thompson a trouvé l’inspiration<br />

et écrit son Las Vegas Parano. « Vous ne pourriez<br />

pas faire plus américain », ajoute Gavin Bond à propos<br />

de cette course.<br />

22 THE RED BULLETIN


Les motos au départ la<br />

veille de la grande<br />

course. « À l’origine,<br />

elles partaient en même<br />

temps que les voitures,<br />

et c’était dingue, dit<br />

Matt Martelli, coorganisateur<br />

de l’événement.<br />

Mais cela a pris fin en<br />

1976 pour des raisons<br />

d’assurance. Les motos<br />

ont finalement réapparu<br />

en 2018. » Deux catégories<br />

classiques (1980-<br />

1990 et Avant 1980) se<br />

mêlent aux concurrents<br />

professionnels et amateurs,<br />

à une catégorie<br />

réservée aux femmes, et<br />

aux équipes père/fils.


« C’est avant tout une histoire de famille.<br />

Un gars conduit un pick-up, son fils est au volant<br />

d’un autre pick-up, et sa fille est sur la moto. »<br />

Gavin Bond, photographe<br />

À gauche : le pilote<br />

<strong>Red</strong> Bull américain<br />

Seth Quintero près<br />

de son UTV Pro NA<br />

(un véhicule utilitaire<br />

tout-terrain doté d’un<br />

moteur à aspiration<br />

naturelle, soit sans<br />

compresseur ni turbocompresseur).<br />

En 2019, ce talent<br />

originaire d’Alabama<br />

et tout juste âgé de<br />

16 ans est entré dans<br />

l’Histoire en devenant<br />

le plus jeune vainqueur<br />

de la catégorie<br />

UTV Pro Turbo de<br />

The Mint 400. En<br />

2020, Seth Quintero<br />

n’a malheureusement<br />

pas pu terminer sa<br />

course à cause d’un<br />

accident.<br />

En face : pick-up et<br />

UTV en action.<br />

24 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 25


En haut : Matt Martelli<br />

décrit le début de la<br />

course : « Le calme<br />

avant la tempête :<br />

pendant les prochaines<br />

six à douze<br />

heures, le désert de<br />

Mojave sera le théâtre<br />

d’une lutte sans merci<br />

sur une distance de<br />

400 miles ». « Des hélicoptères<br />

gravitent<br />

tout autour des pilotes<br />

pour leur donner<br />

des informations sur<br />

les concurrents qui<br />

les précèdent », explique<br />

Gavin Bond.<br />

À gauche : « Il y a trois<br />

stands : deux dans le<br />

désert et un au départ<br />

de la course, dévoile<br />

Gavin Bond. J’ai su<br />

par la radio que Bryce<br />

Menzies, en photo sur<br />

cette page, tout à<br />

droite, allait se ravitailler,<br />

alors je me<br />

suis dépêché de regagner<br />

le stand et j’ai<br />

pris une belle photo<br />

de son team prêt à<br />

intervenir. »<br />

À droite : « Je n’ai pas<br />

remarqué le sticker<br />

Trump/Pence lorsque<br />

j’ai pris cette photo. »<br />

Sur les concurrents<br />

qui affichent leurs<br />

opinions politiques,<br />

Martelli reste neutre :<br />

« Chacun son favori. »<br />

26 THE RED BULLETIN


« Lorsqu’ils arrivent, les véhicules<br />

sont en sale état, raconte Gavin<br />

Bond. Le mécano en dessous répare<br />

une pièce tombée pendant la course.<br />

Les couleurs sur la tôle proviennent<br />

des lumières de la scène où a lieu la<br />

remise des prix. Même le dernier des<br />

derniers reçoit une petite médaille. »<br />

THE RED BULLETIN 27


Joseph Jepsen de<br />

l’équipe Diamond<br />

J Racing dans son<br />

buggy à roues ouvertes<br />

Alumi Craft.<br />

« Il roule dans la catégorie<br />

Class 10, qui<br />

regroupe des véhicules<br />

de course équivalents<br />

et où règne<br />

une concurrence<br />

féroce », précise Matt<br />

Martelli. « J’utilise<br />

un objectif à longue<br />

focale, mais je suis<br />

sans doute trop<br />

proche, reconnaît<br />

Gavin Bond. Vous<br />

êtes là, au beau milieu<br />

de nulle part en compagnie<br />

de cinq ou six<br />

autres photographes<br />

qui essaient tous<br />

d’obtenir le meilleur<br />

cliché, et parfois<br />

vous vous laissez<br />

distraire. »


« Il n’y a pas de dispositifs de délimitation en plein désert, juste<br />

quelques drapeaux, indique Gavin Bond à propos de la sécurité des<br />

photographes sur The Mint 400. Une voiture peut soudain perdre<br />

le contrôle et vous foncer dessus. Dans ce cas-là, barrez-vous ! »<br />

29


« C’est le début de<br />

la course, explique<br />

Gavin Bond. Derrière<br />

le véhicule<br />

orange en haut,<br />

à droite, on voit<br />

la scène où s’est<br />

produit le groupe<br />

Eagles of Death<br />

Metal la veille. Ici,<br />

la lutte fait rage.<br />

Les véhicules descendent<br />

de la colline<br />

pour s’engouffrer<br />

dans le désert,<br />

pour échapper à<br />

leurs adversaires. »<br />

30 THE RED BULLETIN


À gauche : les véhicules<br />

sur la grille de<br />

départ après les qualifications.<br />

« Sur ma<br />

gauche, je pouvais<br />

voir le grand huit du<br />

Buffalo Bill’s Resort &<br />

Casino, raconte Gavin<br />

Bond. C’est là que les<br />

participants séjournent,<br />

à environ<br />

40 minutes du Strip.<br />

La nuit est à 18 $ et<br />

le lieu laisse à désirer.<br />

Le genre d’endroit où<br />

s’arrêtent les gens<br />

qui ne vont même pas<br />

jusqu’à Vegas. »<br />

En haut : l’ancien<br />

vainqueur Travis<br />

Chase (à droite) et<br />

son copilote Jacob<br />

Lauxen arborent la<br />

médaille qu’ils ont<br />

reçue pour avoir terminé<br />

la course. Ils ont<br />

notamment affronté<br />

Donald Cerrone, combattant<br />

de l’UFC 246<br />

qui s’était incliné face<br />

à Conor McGregor<br />

deux mois avant la<br />

course. L’événement<br />

attire un certain type<br />

de personnages du<br />

genre sensationnel.<br />

The Mint 400 à Las Vegas du 3 au 7 mars ;<br />

themint400.com<br />

THE RED BULLETIN 31


« Il n’y a pas de<br />

misogynie<br />

institutionnelle<br />

dans le rap »<br />

FIF TOBOSSI, cofondateur du média<br />

hip-hop Booska-P et animateur du Mouv’ Rap<br />

Club, présente 10 femmes (artistes, directrice<br />

artistique, réalisatrice, curatrice, journaliste,<br />

consultante en image…), qui font évoluer<br />

l’industrie du rap, pour le meilleur.<br />

Texte SMAËL BOUAICI<br />

Photos FELIPE BARBOSA<br />

& CHRIS SAUNDERS<br />

FELIPE BARBOSA<br />

32 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 33


« Plus on mettra<br />

les femmes en<br />

avant, plus il y<br />

en aura qui<br />

réussiront. »


FELIPE BARBOSA<br />

Un homme pour parler de<br />

femmes ? Oui mais pas<br />

n’importe lequel. Depuis<br />

presque vingt ans, le journaliste<br />

Fif Tobossi, qui a<br />

cofondé le média de référence<br />

Booska-P, traîne<br />

dans les coulisses du rap français. En<br />

2019, il a lancé une série de cinq portraits<br />

vidéo, Les Femmes du rap, pour<br />

mettre en avant les businesswomen<br />

qui comptent dans l’industrie, et au<br />

passage balayer certains clichés sur les<br />

cultures urbaines. Pour The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>,<br />

Fif nous raconte les motivations<br />

qui l’ont poussé à se mobiliser pour<br />

ses collègues féminines, avant de nous<br />

présenter dix figures qui sont en train<br />

de changer le rap français, dans<br />

l’ombre ou sous les feux de la rampe.<br />

the red bulletin : Qu’est-ce qui vous a poussé à<br />

lancer cette série consacrée aux femmes du rap ?<br />

fif tobossi : Ça a commencé il y a quelques<br />

années : dans une soirée, je me suis retrouvé entouré<br />

d’amies qui travaillent dans l’industrie et qui m’ont<br />

demandé de faire plus de sujets sur les filles. L’idée<br />

a mûri, et en 2019, après l’épisode Booba vs Kaaris<br />

à Orly, j’ai entendu les grands médias évoquer l’histoire<br />

du rap, en disant que c’était un milieu misogyne,<br />

en sortant des textes de leur contexte. C’est<br />

à ce moment que j’ai décidé de faire mon enquête,<br />

d’aller voir les filles du rap et leur demander leur<br />

avis sur leur place et le sexisme dans cette industrie.<br />

On parle souvent à la place des femmes, donc j’ai<br />

décidé de leur donner la parole. Et d’après elles,<br />

si, dans le rap, il peut y avoir des mauvais comportements<br />

individuels, il n’y a pas de misogynie institutionnelle,<br />

comme on peut le voir dans d’autres<br />

milieux comme le cinéma ou la musique classique.<br />

« On voit de<br />

plus en plus<br />

de femmes,<br />

et surtout<br />

des femmes<br />

qui font du<br />

bruit. »<br />

C’est aussi un sujet qui vous concerne personnellement.<br />

?<br />

Oui, j’ai été élevé par ma mère, seule, j’ai une fille<br />

de dix ans, et j’ai envie qu’elle soit fière de moi.<br />

Peut-être que ma fille aura envie de travailler dans<br />

le milieu du rap, mais pour cela, il faut qu’elle ait<br />

des modèles, et c’est ce qui m’a fait prendre<br />

conscience de la nécessité de mettre les femmes<br />

en avant. Je sais que ça peut paraître discriminant<br />

de présenter uniquement des femmes, mais c’est<br />

nécessaire pour faire évoluer la situation. Il faut<br />

le faire jusqu’à ce que ça devienne normal.<br />

En plus de la série Les Femmes du rap avec Mouv’<br />

(dont la saison 2 arrive en février), vous travaillez<br />

sur un documentaire sur le même sujet.<br />

Oui, ce sera un plus long format, probablement<br />

un 90 minutes, avec des artistes, des managers,<br />

etc., des filles et des garçons qui évoquent la relation<br />

entre le rap et les femmes. Avec ce documentaire,<br />

je veux montrer qu’il y a plein de femmes qui entreprennent<br />

des projets et que le public ne connaît pas.<br />

J’espère que ça va débloquer les choses.<br />

Qu’est-ce qui manque pour qu’il y ait plus de<br />

femmes artistes dans le rap ?<br />

C’est compliqué pour un être humain de se lancer<br />

dans un projet artistique, on a peur d’être jugé, et<br />

j’ai l’impression que les filles se posent plus de questions<br />

que les garçons avant de se lancer. Pourquoi ?<br />

Parce qu’elles vont peut-être se faire attaquer sur<br />

leur physique, alors que ça n’arrivera jamais pour<br />

un homme. Aya Nakamura a fait avancer les choses,<br />

c’est la première femme noire qui a un tel succès.<br />

Et quand on voit les critiques parfois racistes qu’elle<br />

reçoit… Mais la situation a changé pour les femmes<br />

dans les musiques urbaines. Avant, on avait une<br />

tête d’affiche et des artistes plus underground.<br />

Aujourd’hui, il y a Aya Nakamura, Wejdene, Le<br />

Juiice, Meryl, Chilla, Doria, Lous and the Yakuza…<br />

On voit de plus en plus de femmes et surtout des<br />

femmes qui font du bruit. Et ça motive les jeunes<br />

qui veulent se lancer. Plus on mettra les femmes<br />

en avant, plus il y en aura qui réussiront.<br />

THE RED BULLETIN 35


Leïla Sy<br />

Le futur des réalisateurs français<br />

« Leïla s’occupe de tous les clips de Kery James, mais aussi d’autres rappeurs,<br />

et c’est avec lui qu’elle a réalisé le film Banlieusards (2019) pour Netflix. Elle<br />

fait partie des gens qui comptent dans l’industrie du rap. Elle a bouclé un<br />

gros film avec peu de budget, dans un temps réduit, et aujourd’hui, elle a<br />

l’embarras du choix pour ses prochains projets. Ce n’était pas facile au début,<br />

parce que c’est une femme noire, mais elle a fait ses preuves. Aujourd’hui,<br />

c’est la femme que tout le monde s’arrache pour réaliser des films. Elle devait<br />

également s’occuper de la scénographie du concert de Jul au Vélodrome de<br />

<strong>Mars</strong>eille, qui a été reporté à 2021. Leïla figurait aussi dans la saison 1 de la<br />

série Les Femmes du rap, j’avais été la voir sur le tournage du clip Khapta de<br />

Heuss L’Enfoiré et Sofiane. Sur un plateau, elle tient tout le monde, qu’il y ait<br />

10 ou 100 personnes. Cette fille, c’est le futur des réalisateurs français. »<br />

CHRIS SAUNDERS<br />

36 THE RED BULLETIN


Ouafa Mameche<br />

Rap et littérature<br />

« Ouafa est journaliste, notamment sur Mouv’ dans l’émission<br />

After Rap, pour le site Abcdr du Son, et elle est passée par OKLM,<br />

la radio de Booba. Elle est responsable éditoriale musique pour<br />

<strong>Red</strong> Bull France, et a monté il y a cinq ans sa propre maison<br />

d’édition, Faces Cachées, qui a sorti le livre du rappeur Manu<br />

Key, Les Liens sacrés, en novembre 2020. Depuis cette saison,<br />

elle anime des conférences à La Place, un centre culturel dédié<br />

au hip-hop, où elle fait intervenir différents profils, des artistes<br />

comme Lous and the Yakuza, des écrivaines comme Faïza<br />

Guène… Tout ce monde des cultures urbaines qui n’est pas<br />

considéré à sa juste valeur dans les médias traditionnels. En<br />

créant et en animant ces espaces d’expression, Ouafa, qui figure<br />

dans la saison 2 de la série Les Femmes du rap, raconte nos histoires,<br />

les histoires du hip-hop, des quartiers, des gens qui nous<br />

ressemblent. C’est important, de belles histoires, on en a plein. »<br />

« Ouafa raconte<br />

les histoires des<br />

gens qui nous<br />

ressemblent. »<br />

THE RED BULLETIN 37


Neefa<br />

Le rap sans<br />

complexe<br />

Le Juiice<br />

La trap mama<br />

« Le Juiice est arrivée dans<br />

le rap depuis seulement deux<br />

ans, et elle a rapidement lancé<br />

son propre label Trap House,<br />

fin 2019, avec l’idée de mettre<br />

en avant des artistes féminines.<br />

Son premier projet sorti<br />

en novembre 2020 s’intitule<br />

Jeune CEO et elle affirme<br />

d’emblée ses ambitions.<br />

Elle est très forte techniquement,<br />

j’aime son attitude et<br />

ce qu’elle dégage. Je l’avais<br />

reçue à la radio sur Mouv’<br />

dernièrement et elle est vraiment<br />

parfaite dans son style,<br />

sans tomber dans des<br />

extrêmes comme une Cardi B<br />

ou Lil’ Kim à l’époque. C’est<br />

une des rares artistes de trap<br />

en France, un genre de rap<br />

très influencé par les États-<br />

Unis, et elle a tout ce qu’il faut<br />

pour le porter. Et elle n’en est<br />

qu’au début, elle a une marge<br />

de progression incroyable. »<br />

Mariama Barry<br />

Entre rap et mode<br />

« Mariama est consultante business<br />

lié à l’image, elle travaille sur le rapprochement<br />

entre la mode et la musique<br />

urbaine en France. Elle est l’une des premiers<br />

agents image à s’être lancée en<br />

indépendante et reste la seule femme<br />

noire réputée dans le milieu. Elle s’occupe<br />

notamment de l’image du rappeur<br />

S.Pri Noir depuis plus de deux ans. Leur<br />

collaboration a permis d’élever ses relations<br />

avec des marques comme Moncler,<br />

Maison Margiela, Amiri ou encore<br />

Balmain. Aujourd’hui, grâce à ce travail,<br />

il est devenu une référence car il est le<br />

seul rappeur français avec à son actif différentes<br />

campagnes digitales pour Boss<br />

Sports, Cartier Eyewear et Dior Parfums.<br />

Elle travaille aussi avec d’autres rappeurs<br />

depuis peu et elle aimerait un jour signer<br />

Aya Nakamura ! Son job, c’est d’aller au<br />

contact des marques pour leur proposer<br />

des opportunités de partenariats image<br />

pour les artistes qu’elle accompagne.<br />

Avec ce travail, elle permet d’élargir<br />

encore plus les possibilités pour le rap<br />

français en le connectant à ce monde<br />

très fermé de la mode et du luxe. »<br />

« Neefa a un profil<br />

intéressant, parce<br />

qu’elle fait son truc<br />

toute seule. Elle<br />

n’est pas encore très<br />

identifiée (elle a<br />

travaillé chez OKLM<br />

en tant que journaliste<br />

et chroniqueuse<br />

dans l’émission<br />

La Sauce), et<br />

elle parle de rap<br />

sur sa chaîne You-<br />

Tube, Mec C’est<br />

l’heure, et sur son<br />

compte Instagram<br />

@neefneef. Elle<br />

n’est pas affiliée à<br />

un média, c’est juste<br />

une fille qui aime le<br />

rap et qui en parle<br />

bien. C’est une vraie<br />

passionnée avec<br />

une grosse culture,<br />

et dans quelques<br />

années, son profil<br />

va grimper. Elle a<br />

d’ailleurs démarré<br />

le podcast Tier List<br />

avec Mehdi Maïzi,<br />

Sandra Gomes et<br />

Yérim Sar, une<br />

émission qui classe<br />

les albums classiques<br />

du rap français<br />

et qui devrait<br />

lui apporter plus<br />

d’exposition. C’est<br />

une voix fraîche<br />

dans ce marché.<br />

Elle montre qu’on<br />

peut être une fille<br />

passionnée de rap<br />

et en parler sans<br />

complexe. »<br />

SCOPITONE MEDIA, CHRIS SAUNDERS<br />

38 THE RED BULLETIN


« Neefa est une voix<br />

fraîche dans le rap. »


Magali<br />

Renner<br />

La connexion<br />

marques et rap<br />

« Magali fut l’une des premières,<br />

il y a dix ans, à<br />

connecter les marques avec<br />

les rappeurs. Elle a d’abord<br />

travaillé chez Nike, et si tu<br />

voyais un artiste porter la dernière<br />

paire, c’était grâce à<br />

elle… À l’époque, les marques<br />

s’associaient ponctuellement<br />

avec de gros artistes comme<br />

Diam’s ou Sinik, mais pour<br />

elle, il fallait avant tout miser<br />

sur les artistes de demain et<br />

leur donner de la force grâce<br />

à cette opportunité. Et elle a<br />

réussi à imposer des rappeurs<br />

qui n’étaient pas spécialement<br />

des gros vendeurs et pas les<br />

plus évidents à pousser en<br />

interne. Elle a ensuite monté<br />

sa boîte et a collaboré avec<br />

le label SPKTAQLR créé par<br />

Oumar Samaké et avec Beats<br />

by Dre. Aujourd’hui chez<br />

Adidas, elle dirige le département<br />

en charge des relations<br />

artistes depuis deux ans. Elle<br />

est notamment responsable<br />

des partenariats avec Dinos,<br />

Vald, Dosseh, Meryl, Oboy<br />

ou encore 13 Block… Et de<br />

la collaboration avec la série<br />

Validé de Franck Gastambide<br />

diffusée sur Canal+.<br />

Aujourd’hui, toutes les<br />

marques veulent des rappeurs,<br />

mais quand elle a commencé,<br />

elle a été une des rares<br />

à œuvrer pour ça. Elle a<br />

contribué à changer<br />

l’industrie de l’intérieur. »<br />

Narjes Bahhar<br />

La papesse du streaming<br />

français<br />

« Narjes, c’est une femme de terrain, elle<br />

a couvert l’Afrique en long et en large<br />

pour Trace TV et d’autres médias pendant<br />

longtemps, elle est passée par Radio<br />

France et en septembre 2019, elle a été<br />

recrutée comme Global & French Rap<br />

Editor chez Deezer. Aujourd’hui, elle est<br />

la figure du rap sur la première plateforme<br />

de streaming française, elle est<br />

aussi à Mouv’ dans l’émission After Rap<br />

et présente les artistes de demain dans<br />

New Comers sur la chaîne YouTube de<br />

Mouv’. C’est un vrai 4×4 cette fille, elle<br />

est passionnée, et même si elle n’est pas<br />

connue du grand public, en ayant la<br />

main sur les playlists rap de Deezer, elle<br />

a l’équivalent du pouvoir d’un Laurent<br />

Bouneau chez Skyrock, et c’est important<br />

d’avoir une femme à ce type de poste<br />

à responsabilités. C’est ce genre de personnes<br />

que j’ai envie de mettre en avant<br />

et on pourra découvrir son portrait dans<br />

Les Femmes du rap saison 2. Au départ,<br />

elle était réticente mais finalement,<br />

elle a accepté parce que si ces femmes<br />

ne sont pas mises en avant, rien ne<br />

va jamais changer. »<br />

Davinhor<br />

Thug & sexy<br />

« Davinhor, elle kicke ! Il y a<br />

très peu d’artistes comme elle<br />

en France, elle assume complètement<br />

son côté sexy et<br />

son côté thug. Elle a une<br />

fougue, une attitude, un charisme<br />

incroyables. Elle dégage<br />

vraiment un truc. On a besoin<br />

de rappeuses qui assument<br />

et qui s’assument. Avant, on<br />

avait des profils de petite<br />

sœur, à la Kenza Farah, puis<br />

il y a eu Shay, qui était la première<br />

rappeuse francophone<br />

qui assumait sa sexualité. Elle<br />

a été énormément critiquée<br />

dans les commentaires sur ses<br />

vidéos, mais elle a ouvert la<br />

voie pour des filles comme<br />

Aya Nakamura, Le Juiice ou<br />

Davinhor. Les filles ont le droit<br />

de faire ce qu’elles veulent !<br />

Il faut arrêter l’hypocrisie :<br />

quand c’est au Lido, c’est<br />

élégant, et quand c’est dans<br />

le rap, c’est vulgaire ? Il faut<br />

plus de rappeuses comme<br />

Davinhor. Plus on en verra,<br />

plus vite ça deviendra<br />

normal. »<br />

CHRIS SAUNDERS, FIFOU, CAPITOL RECORDS, ALEXANDRE CAREL<br />

40 THE RED BULLETIN


Pauline Duarte<br />

Première femme noire à la tête d’un<br />

label de rap<br />

« Ancienne directrice de Def Jam France,<br />

elle est devenue directrice du label Epic<br />

Records (Sony) en juin 2020. C’est la<br />

première femme noire à être directrice<br />

d’un label en France, et c’est toujours<br />

la seule d’ailleurs. C’est aussi la sœur<br />

de Stomy Bugsy, un rappeur dont j’ai<br />

toujours été fan. Pauline est une femme<br />

déterminée, elle a toujours su ce qu’elle<br />

voulait et c’est pour ça qu’elle en est là.<br />

C’est une professionnelle qui a des<br />

convictions et du flair. Par le passé,<br />

elle a réalisé de beaux coups chez Def<br />

Jam, en rassemblant des artistes comme<br />

Lacrim, SCH, Alonzo, Kalash Criminel,<br />

Kaaris ou Koba LaD et elle est en train<br />

de constituer une écurie chez Epic, avec<br />

sa première signature Gazo cet été et<br />

le rappeur belge Frenetik à l’automne.<br />

C’est une bosseuse qui a une vision,<br />

et c’est bien d’avoir ce genre de modèles.<br />

Elle fait partie des premières figures<br />

féminines de l’industrie du rap, et<br />

elle a motivé plein de filles. »<br />

« Pauline<br />

est une<br />

bosseuse<br />

qui a une<br />

vision. »<br />

Doria<br />

La nouvelle génération<br />

qui s’assume<br />

« Doria, j’aime beaucoup. Elle<br />

dégage un truc, je la trouve<br />

très forte, elle est signée chez<br />

AWA, le label du producteur<br />

à succès Kore. J’aime bien son<br />

grain de voix, il te marque<br />

direct, et elle a ce côté mélancolique,<br />

kickeuse… Elle sait<br />

tout faire, en fait. Elle a son<br />

propre style et ne ressemble<br />

à aucune rappeuse. Comme<br />

les autres artistes que je présente<br />

ici, elle a son univers,<br />

et c’est une femme libérée,<br />

qui s’assume. Aujourd’hui,<br />

les femmes qui rappent ne se<br />

cachent plus, il n’y a plus ces<br />

ressemblances avec Diam’s.<br />

À une époque, il y avait peutêtre<br />

ce mot d’ordre qui circulait<br />

en maisons de disques :<br />

“Il nous faut la nouvelle<br />

Diam’s.” Mais aujourd’hui,<br />

les filles ne veulent pas être<br />

Diam’s, elles respectent,<br />

elles connaissent, mais elles<br />

veulent être elles-mêmes. Et<br />

Doria représente parfaitement<br />

cette nouvelle génération. »<br />

THE RED BULLETIN 41


Deux<br />

fortes<br />

têtes<br />

La saison qui s’annonce pour LOÏC BRUNI<br />

et MYRIAM NICOLE – deux Français<br />

parmi les pilotes de VTT descente les<br />

plus doués et appréciés au monde –<br />

sera celle de la reconquête. Il faudra aller<br />

vite, bien sûr – plus que les autres –<br />

et surtout, avoir du mental pour aborder<br />

à la perfection les rares minutes qui vous<br />

élèvent au sommet de la DH mondiale.<br />

Texte PH CAMY<br />

Photos JEREMY BERNARD


Patrouille de France :<br />

deux talents supersoniques<br />

du VTT descente<br />

à l’œuvre dans<br />

les sous-bois de<br />

La Grand-Combe.<br />

Ojectif commun :<br />

le monde ou rien.<br />

43


« Tout le monde s’entraîne<br />

au même niveau, et il<br />

n’y a plus grand chose<br />

à cacher aux autres, que<br />

ce soit du côté physique<br />

ou technique. Les derniers<br />

petits détails se jouent<br />

vraiment sur le mental. »<br />

Myriam Nicole<br />

Descendre, à une vitesse folle, et à VTT,<br />

des pistes sur lesquelles vous n’oseriez<br />

même pas poser vos souliers de rando<br />

Quechua : c’est l’expertise de Loïc Bruni,<br />

26 ans, et Myriam Nicole, 31. En 2019,<br />

le natif de Nice a été vainqueur de la<br />

Coupe du monde et champion du monde<br />

de VTT DH (pour Downhill), et la kinésithérapeute<br />

héraultaise s’est également<br />

octroyé le titre de championne du monde<br />

de VTT DH. En 2020, ces trophées leur<br />

ont échappé. Plutôt que de leur demander<br />

pourquoi, nous les avons rencontrés<br />

pour une interview en marche avant,<br />

afin de connaître leur soif de reconquête,<br />

les dynamiques mentales dont<br />

ils seront armés pour les six étapes de<br />

la Coupe du monde, et l’étape unique<br />

du Championnat du monde à venir.<br />

Comment maîtriser des challenges<br />

fulgurants, quand la domination au<br />

classement ou le titre mondial se joue<br />

en à peine trois minutes, lors d’un run<br />

où tout peut arriver ? Car pour les deux<br />

Français habitués des sommets de la<br />

descente (Loïc affiche six titres mondiaux,<br />

et Myriam deux), les phases<br />

finales d’une saison de DH se jouent<br />

sur moins de trente minutes, soit moins<br />

qu’une mi-temps de football ! Au-delà<br />

des défis physiques et de pilotage qui<br />

se présenteront à eux, l’aspect mental<br />

des courses sera d’une importance<br />

extrême. Entretien bicéphale avec la<br />

paire la plus conviviale du circuit.<br />

the red bulletin : Myriam, vous qui<br />

connaissez bien Loïc Bruni, pourquoi<br />

est-ce un pilote à part ?<br />

myriam nicole : Loïc est impressionnant<br />

de sérénité, de consistance, à<br />

mesure que l’on avance dans le calendrier<br />

de la saison ou sur un jour de<br />

compétition, il reste posé, tranquille, et<br />

quand ça devient décisif, tu ne le vois pas<br />

venir, et il remet le couvert avec une nouvelle<br />

victoire ! Je pense que c’est sa force,<br />

sa capacité à monter en puissance, sereinement,<br />

jusqu’aux derniers runs. Sans<br />

parler de son style, impressionnant, toujours<br />

clean, magnifique. Il est unique.<br />

Quel va être son moteur pour cette<br />

nouvelle saison, après une année<br />

2020 sans aucun titre ?<br />

myriam nicole : Sa première motivation<br />

pourrait être le fait qu’il n’a pas<br />

gagné les championnats du monde en<br />

2020. Je me dis qu’il y a forcément un<br />

peu de frustration.<br />

Qu’est-ce qu’il possède que vous<br />

n’avez pas ?<br />

myriam nicole : C’est un entrepreneur,<br />

un avant-gardiste, que ce soit sur les<br />

aspects technologiques de son sport,<br />

son entraînement, ou sa capacité à bien<br />

s’entourer, à créer son cercle de performance.<br />

Il est dans l’action.<br />

Loïc, à votre tour, que diriez-vous<br />

à propos de Myriam ?<br />

loïc bruni : Myriam Nicole ? C’est<br />

l’icône féminine du VTT DH, avec tant<br />

de victoires à son actif. Celle qui s’est<br />

toujours battue pour revenir de blessures.<br />

Pompon (le surnom de Myriam,<br />

ndlr) est une personne adorable, ceux<br />

qui la connaissent en ont tous l’image<br />

de la championne magnifique… En vrai ?<br />

C’est un cas soc’ ! (rire général)<br />

44 THE RED BULLETIN


Pilotes iconiques :<br />

à respectivement<br />

26 et 31 ans, ils ont<br />

fait vivre au VTT DH<br />

certains de ses plus<br />

beaux instants.


« La force de<br />

Loïc, c’est<br />

sa capacité<br />

à monter en<br />

puissance,<br />

sereinement,<br />

jusqu’au<br />

dernier run. »<br />

Myriam Nicole<br />

28.12.2020 : sur ce<br />

spot de VTT très prisé<br />

proche d’Alès (Gard),<br />

Loïc Bruni clôture une<br />

année rocambolesque<br />

en mode pur plaisir.<br />

46 THE RED BULLETIN


Qui pourrait être sa plus rude adversaire<br />

cette saison ?<br />

loïc bruni : Même si je pense qu’elle<br />

l’apprécie beaucoup, je dirais Marine<br />

Cabirou, la Française qui a gagné la<br />

Coupe du monde de VTT DH en 2020.<br />

Petit à petit, Marine s’est beaucoup inspirée<br />

de Myriam, et elle a beaucoup appris<br />

sur les faiblesses des autres filles, pour<br />

capitaliser dessus. C’est une adversaire<br />

sérieuse et ça va être beau de voir<br />

Myriam l’affronter.<br />

Quel a été le plus dur moment de<br />

la carrière de Myriam ?<br />

loïc bruni : Je me souviens de ce<br />

11 avril 2019… On faisait ensemble<br />

une séance d’entraînement à La Grand-<br />

Combe (près d’Alès, sur le site où ont été<br />

réalisées les photos de cette parution,<br />

ndlr) et Myriam est tombée à cause du<br />

vent. Elle s’est déboîté le pied, elle s’est<br />

défoncé plein d’os… On ne savait pas<br />

trop quoi dire, on ne savait pas à quel<br />

point c’était grave. Les nouvelles des<br />

médecins ont été mauvaises. On était<br />

à deux semaines du début de la saison<br />

de Coupe du monde, et ça tournait mal.<br />

Ça a dû être horrible à gérer mentalement.<br />

Mais Myriam n’a pas lâché, elle<br />

est allée se faire des sessions de rééducation<br />

dans son coin, et elle a réussi à surmonter<br />

cela. Au final, elle a remporté le<br />

Championnat du monde cette même<br />

année !<br />

Myriam, Loïc vient d’évoquer le mental,<br />

comment est le vôtre à l’approche<br />

de cette nouvelle saison, que vous<br />

n’abordez pas en tenante d’un des<br />

deux titres mondiaux ? Est-ce que vous<br />

commencez à passer dans un mode<br />

particulier dans votre tête ?<br />

myriam nicole : Je pense que le mental,<br />

c’est en nous. C’est vraiment connecté à<br />

tout ce qu’on fait tous les jours, ce qui<br />

nous fait nous lever le matin : être meilleure<br />

tous les jours. À l’entraînement,<br />

tout le temps.<br />

Revenons quatre, cinq ans en arrière.<br />

Votre mental était-il déjà aussi fort ?<br />

Est-ce qu’un mental, de sportif de haut<br />

niveau ou pas, ça s’améliore ? Quels<br />

sont les déclics ?<br />

myriam nicole : C’est coach Phil !<br />

(rires)<br />

loïc bruni : Comme dirait notre coach,<br />

Philippe (les deux riders sont accompagnés<br />

par le même coach mental, Philippe<br />

Angel, ndlr), un mental, ça s’optimise.<br />

« Si tu as l’intelligence<br />

émotionnelle<br />

suffisante pour<br />

te donner le déclic,<br />

tu peux arriver à<br />

optimiser ton mental<br />

par toi-même. »<br />

Myriam Nicole<br />

Ça se travaille, bien sûr. On a tous du<br />

mental, mais chacun avec des capacités<br />

différentes pour le développer. Il y en a<br />

qui sont capables de choses plus que<br />

d’autres personnes, malheureusement.<br />

Pourquoi, selon vous ?<br />

loïc bruni : Certaines personnes n’ont<br />

jamais vraiment eu conscience de leur<br />

potentiel mental, ou n’ont pas trouvé les<br />

clés pour le développer. Quand j’ai commencé,<br />

j’étais très loin d’avoir un mental<br />

d’acier. J’ai travaillé dessus, parce que je<br />

En 2019, à l’endroit où a été prise cette photo, une blessure mettait à mal la<br />

saison de Myriam… qu’elle clôtura avec un titre de championne du monde !<br />

sentais que j’étais très irrégulier, je n’arrivais<br />

pas à enchaîner les week-ends de<br />

compétition, et je pense qu’au cours des<br />

trois ou quatre dernières années, mon<br />

mental a été ma force. Comme le disait<br />

Pompon, des fois ça ne va pas forcément,<br />

ou je ne roule pas comme je voudrais, et<br />

puis, au final, personne ne m’a vu venir<br />

et je gagne la course. Je pense que c’est<br />

lié à tout ce travail, à cette expérience<br />

avec Philippe. Il arrive à trouver les clés<br />

pour t’amener à ce niveau-là.<br />

Tout le monde a-t-il besoin d’un<br />

Philippe Angel ?<br />

loïc bruni : Pas forcément. Tu vas parler<br />

à certaines personnes d’un coach<br />

mental et elles vont te dire : « Non<br />

merci ! », parce qu’elles sont capables de<br />

faire un travail mental elles-mêmes. Et<br />

d’autres vont te dire : « Pas question ! »,<br />

parce qu’elles n’ont pas la capacité d’assumer<br />

qu’elles ont besoin d’aller plus loin<br />

mentalement. L’important, c’est d’être<br />

bien entouré. Quand tu vas faire le choix<br />

d’un entraîneur, d’un psy ou d’un coach<br />

mental, il faut que tes tripes te donnent<br />

confiance en cette personne. Car elle<br />

peut te dire des choses qui vont un peu<br />

chambouler tes croyances, et si tu n’as<br />

pas confiance, tu vas détester le mec…<br />

THE RED BULLETIN 47


parce que ça peut être dur à entendre.<br />

Si tu as confiance, tu vas te jeter corps<br />

et âme dans son accompagnement, et<br />

les progrès seront flagrants. Même notre<br />

entraîneur physique, Nicolas Arschoot,<br />

que nous partageons avec Myriam, et<br />

qui vient du BMX, se fait former mentalement<br />

par Philippe.<br />

Votre coach mental coache votre<br />

coach physique ?!<br />

loïc bruni : Pour être plus à l’écoute,<br />

pour s’adapter plus rapidement, pour<br />

progresser et être le meilleur coach,<br />

un des meilleurs du circuit, alors que<br />

d’autres ne feront pas cette démarche.<br />

Myriam, pensez-vous qu’il faut être<br />

accompagné(e) pour développer ou<br />

optimiser son mental, ou est-ce que<br />

chacun(e) d’entre nous a la capacité<br />

à fortifier son mental seul(e) ?<br />

myriam nicole : C’est plus facile si tu te<br />

fais accompagner, mais si tu as l’intelligence<br />

émotionnelle suffisante pour te<br />

donner le déclic, tu peux arriver à optimiser<br />

ton mental par toi-même. En te<br />

plongeant dans des livres, ou toutes ces<br />

choses super intéressantes sur la positive<br />

attitude.<br />

Dans votre vie quotidienne, votre<br />

mental de championne vous aide-t-il ?<br />

myriam nicole : C’est tous les jours,<br />

tout le temps, dans toutes les actions.<br />

Comme on dit, le sport, c’est l’école de la<br />

vie. Par exemple, j’ai appris à moins<br />

péter des câbles dès qu’il y a le moindre<br />

petit changement ou le moindre petit<br />

coup de stress. Éviter de partir un peu<br />

dans tous les sens. (rires)<br />

loïc bruni : Malgré tout, on restera<br />

toujours les mêmes à l’intérieur, et je fais<br />

toujours plein de conneries sur le vélo<br />

ou en dehors, mais si je prends l’exemple<br />

de mes relations humaines, je pense que<br />

j’arrive à mieux m’adapter, à mieux<br />

répondre aux attentes des autres personnes.<br />

Ce que tu apprends sur le sport,<br />

tu arrives à l’adapter dans plein d’autres<br />

domaines. Que ce soit dans les relations<br />

avec ma famille, ma copine ou mes sponsors,<br />

j’ai réussi, je pense, à installer une<br />

forme de « statut », j’arrive à mieux les<br />

écouter. Ça surprend même quelques<br />

personnes qui auraient pu me prendre<br />

pour un jeune athlète qui s’éparpille.<br />

« Le négatif, il y en<br />

aura toujours, ça fait<br />

partie de la vie. Le<br />

seul truc qui va faire<br />

la différence, c’est<br />

comment tu l’intègres<br />

à ta recette. »<br />

Loïc Bruni<br />

loïc bruni : Le mental, c’est le facteur<br />

qui différencie Myriam et moi de la<br />

plupart des autres athlètes en descente,<br />

même s’il y en a plein qui commencent<br />

à travailler dessus et à prendre ça au<br />

sérieux. Sur une course, on est tous très<br />

rapides, très performants, on s’entraîne<br />

tous pour atteindre la perfection, plus<br />

ou moins, et nos vélos marchent vraiment<br />

bien, donc, ce qui va nous différencier,<br />

pour 2, 3 dixièmes de secondes,<br />

c’est le mental. Qui va avoir le plus<br />

envie ? Qui va être le plus prêt dans<br />

sa tête pour aller chercher la victoire ?<br />

Ça peut paraître bête, mais des fois, c’est<br />

là que ça se joue.<br />

myriam nicole : C’est vrai, tout le<br />

monde s’entraîne au même niveau, et<br />

il n’y a plus grand chose à cacher aux<br />

autres, que ce soit du côté physique ou<br />

technique. On fait tous de plus en plus<br />

des tests, on a tous des vélos au top, du<br />

coup les derniers petits détails se jouent<br />

vraiment sur le mental : comment tu es<br />

dans ta tête au départ de la course.<br />

Des départs de course, dans vos runs<br />

finaux, en Coupe ou Championnats du<br />

monde, il n’y en a finalement pas tant<br />

que ça sur une saison complète. La<br />

Coupe du monde UCI de VTT DH<br />

compte six étapes, et le Championnat<br />

du monde se déroule sur une date dans<br />

l’année. Au final, hors qualifications,<br />

vous roulez peut-être trente minutes<br />

sur une saison entière pour accéder à<br />

deux titres mondiaux potentiels… Cela<br />

paraît incroyable ! La pression doit être<br />

forte… Comment être méga focus,<br />

100 % concentré(e) sur ces quelques<br />

dizaines de secondes qui peuvent faire<br />

de vous le meilleur descendeur ou la<br />

meilleure descendeuse au monde ?<br />

loïc bruni : Notre sport, c’est beaucoup<br />

de travail en amont, invisible pour les<br />

La sérénité qu’évoquait Myriam à<br />

votre propos sera-t-il l’un de vos<br />

atouts cette saison ?<br />

Moment de détente et plein d’énergie entre deux prises de vue. Quand leur<br />

saison sera lancée en avril, Loïc et Myriam se soutiendront mutuellement.<br />

48 THE RED BULLETIN


Ayant atteint les<br />

sommets mondiaux<br />

de sa discipline,<br />

Myriam associe un<br />

mental optimisé à son<br />

expérience du circuit.<br />

« Myriam Nicole ?<br />

C’est l’icône féminine<br />

du VTT DH, avec tant<br />

de victoires à son actif.<br />

Celle qui s’est toujours<br />

battue pour revenir de<br />

blessures. »<br />

Loïc Bruni


« Tout faire à la<br />

perfection, ça n’arrive<br />

que certaines fois<br />

dans une vie. »<br />

Loïc Bruni<br />

100 % style : rares<br />

sont les pilotes<br />

capables d’associer<br />

à leur science du<br />

pilotage une telle<br />

notion d’aisance.<br />

50 THE RED BULLETIN


gens qui nous regardent sur les courses,<br />

mais qui est pourtant très important.<br />

Tout ce qu’on va faire en amont, physiquement,<br />

mentalement, sur le vélo,<br />

quand je suis au départ d’une Coupe<br />

du monde, je vais m’appuyer sur ces<br />

choses-là pour être prêt. Pour n’être perturbé<br />

par aucune question au moment<br />

où je dois mettre 100 % d’engagement<br />

et prendre des risques.<br />

Votre check-list mentale doit être<br />

validée à 100 % ?<br />

loïc bruni : Je le sais : le vélo est prêt,<br />

je suis prêt, pour donner la meilleure<br />

performance. Le travail en amont, se<br />

poser des questions, et les réponses à<br />

ces questions, de ton entourage, par<br />

exemple, seront bénéfiques.<br />

Si j’ai un rendez-vous galant ce soir,<br />

est-ce que je dois le préparer au maximum,<br />

et consulter mon entourage ?<br />

loïc bruni : Si tes potes te disent à longueur<br />

de temps que tu es trop laid et<br />

que tu as les dents déboîtées, tu vas aller<br />

à ton rendez-vous, mais tu ne vas pas être<br />

le même que si tes potes te disent : « Mec !<br />

T’es beau gosse aujourd’hui, vas-y ! » L’entourage,<br />

toi-même, les questions que tu<br />

peux te poser, tout ça, en amont, ça<br />

compte pour donner ton meilleur sur ces<br />

instants très courts, ces quelques minutes<br />

ou secondes déterminantes.<br />

Être super bien préparé(e), avoir tout<br />

questionné, avoir discuté avec ses<br />

amis, son équipe, ses collègues, ça<br />

peut permettre de dégager tout aspect<br />

négatif de son esprit quand arrive<br />

l’instant fatal où tout se joue sur une<br />

poignée de minutes, que ce soit en<br />

compétition ou dans la vie ?<br />

loïc bruni : Le négatif, il y en aura toujours,<br />

ça fait partie de la vie. Le seul truc<br />

qui va faire la différence, c’est comment<br />

tu l’intègres à ta recette. Si tu arrives à<br />

le transformer en quelque chose de neuf<br />

ou de positif, c’est très bien. Si tu n’y<br />

arrives pas, là ça va être plus compliqué.<br />

Dans des situations comme un entretien<br />

d’embauche, par exemple, difficile<br />

de ne pas se prendre la tête avec ce qui<br />

pourrait mal tourner, le truc à ne pas<br />

dire, le geste à ne pas faire, et transformer<br />

tout ça en positif ou force…<br />

loïc bruni : Si tu sais que la personne<br />

qui va te recevoir peut-être coriace, tu<br />

peux choisir de débrancher, en te disant :<br />

« Pas grave, j’y vais au talent, pour me<br />

faire plaisir, totalement moi-même. »<br />

Au meilleur des cas, elle t’adore. Au<br />

pire, elle t’envoie chier… On est tous<br />

confrontés à des choses négatives au<br />

quotidien, et on a parfois très peu de<br />

temps pour y faire face, c’est la façon<br />

dont on va les gérer qui vont nous<br />

remettre sur le bon pied.<br />

Qu’est-ce qui peut vous poser souci<br />

à quelques secondes de vous engager<br />

sur un run pour remporter une finale<br />

ou une manche de Coupe du monde ?<br />

loïc bruni : Si un type te dit : « Oh<br />

putain, j’ai vu Minnaar passer, trop classe<br />

par rapport à toi, il a fait ça vachement<br />

plus vite. » (Greg Minnaar est un pilote<br />

sud-africain parmi les plus titrés au<br />

monde, ndlr.) Là, non seulement on te dit<br />

qu’un mec va plus vite que toi, donc c’est<br />

négatif, et en plus c’est subjectif, c’est un<br />

Six étapes (seulement)<br />

pour vaincre<br />

Agenda de la Coupe du monde UCI<br />

de VTT DH 2021<br />

24-25 avril : Maribor (Slovénie)<br />

22-23 mai : Fort William (Royaume-Uni)<br />

12-13 juin : Leogang (Autriche)<br />

3-4 juillet : Les Gets (France)<br />

4-5 septembre : Lenzerheide (Suisse)<br />

18-19 septembre : Snowshoe (USA)<br />

*25-29 août : championnats du monde<br />

UCI de VTT 2021 à Val Di Sole (Italie)<br />

autre mec qui te dit ça ! Il va falloir que,<br />

rapidement, tu procèdes à une analyse<br />

dans ta tête pour retourner ça d’une<br />

manière à te pousser à être meilleur,<br />

ou à ce que ça ne te perturbe pas du<br />

tout. C’est assez chaud, mais j’arrive de<br />

mieux en mieux à le faire. Pas question<br />

de penser à Minnaar au moment où je<br />

me lance.<br />

Myriam, c’est la même dynamique<br />

de votre côté ?<br />

myriam nicole : Oui, il faut se servir<br />

du travail qu’on a fait en amont, de tout<br />

ce travail mental, physique, technique,<br />

pour le mettre en œuvre au moment<br />

donné.<br />

Est-ce que tout ce travail préparatoire<br />

se concrétise d’une certaine manière<br />

à l’instant T ?<br />

myriam nicole : Il vous permet de vous<br />

créer une bulle, positive, au départ de la<br />

course, qui fera que vous êtes prêt à laisser<br />

s’exprimer votre meilleur potentiel.<br />

Un titre de championne du monde de<br />

VTT DH, hormis vos préparations et<br />

runs de qualifications, ça se joue sur<br />

une journée, avec un run final qui<br />

peut ne pas dépasser trois minutes…<br />

Qu’est-ce qu’on a dans la tête dans ces<br />

conditions très particulières ?<br />

myriam nicole : J’essaie de prendre<br />

chaque course de la même manière, que<br />

ce soit une course régionale ou un championnat<br />

du monde. Inconsciemment,<br />

forcément, il y a plein de choses qui ne<br />

vont pas être pareil, mais dans ma tête<br />

c’est la même. Je donne le meilleur, en<br />

fonction de mes ressources du moment.<br />

Et si on échoue, si on se loupe, si l’entretien<br />

d’embauche, le rendez-vous<br />

important pour développer son<br />

business, se passe mal, si on n’est<br />

pas le plus rapide sur la ligne d’arrivée<br />

en championnat du monde ?<br />

loïc bruni : Quand ça ne veut pas, ça<br />

ne veut pas. Tu auras beau tout faire<br />

nickel, tu vas taper une pierre… Mais si<br />

tu oublies de l’avoir vue, c’est parce que<br />

tu as mal préparé aussi. C’est très, très<br />

compliqué de tout faire à la perfection.<br />

Mais de toute façon, tout faire à la perfection,<br />

ça n’arrive que certaines fois<br />

dans une vie. Tu ne peux pas être parfait<br />

tous les jours.<br />

Instagram : @loicbruni29 ;<br />

@myriam_nicole<br />

THE RED BULLETIN 51


La vague<br />

africaine<br />

Le premier livre-anthologie sur la culture<br />

du surf en Afrique va paraître : avec ses<br />

30 500 km de littoral, il était grand temps<br />

que l’Afrique déferle enfin sur la planète<br />

surf. SELEMA MASEKELA, co-éditeur du<br />

livre Afrosurf, nous explique pourquoi.<br />

Texte FLORIAN OBKIRCHER<br />

TATE DRUCKER, NICOLE SWEET


À suivre de près : Sung Min<br />

Cho (page opposée), moniteur<br />

pour l’ONG Surfers Not<br />

Street Children, est sur le<br />

point de devenir le premier<br />

surfeur pro du Mozambique.<br />

Ci-contre, le Sénégalais<br />

Chérif Fall est le premier<br />

surfeur noir à avoir remporté<br />

à deux reprises le<br />

West Africa Tour.<br />

53


F<br />

ilm-documentaire de légende produit<br />

en 1966, The Endless Summer raconte<br />

le périple de deux surfeurs parcourant<br />

le monde pour la vague parfaite. Leur<br />

voyage les mène notamment au Ghana,<br />

sur la plage de Labadi. Le film les montre<br />

surfant sous les regards interloqués d’une<br />

foule de locaux. Comme si les Ghanéens<br />

n’avaient jamais vu ça de leur vie. Alors<br />

qu’on peut remarquer au loin, pendant<br />

que les deux Américains arrivent sur la<br />

plage, que de jeunes Ghanéens sont justement<br />

en train de s’amuser dans les<br />

vagues avec une planche ! Mais le film<br />

ne s’y attarde pas.<br />

Un symbole : la culture surf s’est<br />

construite essentiellement autour de<br />

l’image du surfeur blond aux yeux bleus.<br />

C’est ce monopole que le projet Afrosurf –<br />

anthologie de 300 pages, fruit d’une collaboration<br />

entre le présentateur- activistemusicien-surfeur<br />

Selema Masekela et<br />

le label de surf africain Mami Wata –<br />

essaie de rompre. En présentant toute<br />

la richesse et la vivacité de la culture surf<br />

en Afrique, du Maroc à la Somalie en<br />

passant par le Mozambique, le Sénégal,<br />

l’Afrique du Sud et d’autres pays. Au<br />

total : 200 photos, 18 pays, 14 histoires<br />

et 25 portraits de surfeurs et surfeuses<br />

réunis dans un livre qui vient briser les<br />

stéréotypes de la culture surf. Où l’on<br />

apprend que la première description de<br />

ce sport n’a pas été faite par le botaniste<br />

du capitaine Cook, sur une plage de<br />

Tahiti en 1767, mais par un aventurier<br />

allemand en 1640, dans ce qui est<br />

aujourd’hui le Ghana. Pour Masekela,<br />

49 ans, « Ce livre va changer l’image que<br />

se fait le monde sur la culture du surf. »<br />

La beauté sauvage<br />

des plages du Liberia<br />

a attiré l’attention de<br />

la communauté surf<br />

grâce au documentaire<br />

Sliding Liberia (2007),<br />

qui présente notamment<br />

le pionnier du surf<br />

libérien Alfred Lomax.<br />

54 THE RED BULLETIN


« Je vois des gens perplexes<br />

devant des photos d’Africains<br />

en train de surfer. »<br />

ARTHUR BOURBON<br />

THE RED BULLETIN 55


« Je suis arrivé<br />

à la réception<br />

de l’hôtel, surf<br />

sous le bras :<br />

tout s’est figé<br />

autour de moi. »<br />

the red bulletin : Comment vous est<br />

venue l’idée de ce livre ?<br />

selema masekela : Le vœu qu’a fait<br />

mon père (Hugh Masekela, légende<br />

sud-africaine du jazz, ndlr), juste avant<br />

de mourir, était que je poursuive son<br />

œuvre : renforcer auprès du public les<br />

liens et la curiosité d’explorer le continent<br />

africain. Après sa mort (en 2018,<br />

ndlr), je me suis demandé comment réussir<br />

à perpétuer son héritage. Et j’ai réalisé<br />

que je devais le faire par le surf. Une discussion<br />

est née autour du livre et de comment<br />

se servir du surf pour montrer la<br />

beauté de l’Afrique en général ; pour<br />

montrer des images et raconter des histoires<br />

que jamais personne n’avait entendues<br />

jusqu’à présent.<br />

Pourquoi avez-vous ressenti le besoin<br />

de le faire ?<br />

Depuis ma jeunesse, 99,9 % des représentations<br />

que l’on nous a montrées sur le<br />

surf n’ont jamais inclus des gens qui me<br />

ressemblaient. Comme si tu devais être<br />

blond aux yeux bleus pour être pris au<br />

sérieux dans le monde du surf. C’est<br />

l’image-type que tout le monde se fait<br />

d’un vrai surfeur – alors même que ce<br />

sport a été (officiellement, ndlr) inventé<br />

par les Polynésiens.<br />

Mais également, comme le livre nous<br />

l’apprend, par les Ghanéens : comment<br />

se fait-il que cette information ait été<br />

si longtemps occultée, même dans le<br />

milieu du surf ?<br />

Il y a un phénomène de « whitewashing »<br />

dans l’Histoire, avec cette manière un peu<br />

bizarre de la représenter comme si une<br />

certaine catégorie de personnes avait<br />

toujours été la première à faire des trucs,<br />

parce qu’elle était meilleure que les<br />

autres, plus talentueuse, voire carrément<br />

élue par Dieu… On a tous été convaincus<br />

de ce genre de choses, non ? D’où la profusion<br />

de clichés et de mythes : je vois<br />

des gens réellement perplexes devant des<br />

photos d’Africains en train de surfer et<br />

de le faire à un très haut niveau. Quand<br />

j’ai commencé à apprendre à surfer, on<br />

me disait : « Comment ça se fait que tu<br />

apprennes à surfer quand les gens comme<br />

toi ne savent pas nager ? » La plupart des<br />

films de surf sont bâtis sur ce scénario :<br />

des surfeurs (blancs, ndlr) qui se rendent<br />

dans des pays exotiques pour aller surfer<br />

des vagues incroyables pendant que les<br />

autochtones les regardent depuis la plage,<br />

incrédules… puis les mecs repartent.<br />

The Endless Summer est un exemple-type<br />

de ce genre de films.<br />

Vous vouliez aborder ce phénomène de<br />

« whitewashing » dans l’histoire du surf ?<br />

Chez les Bikoumou, le surf<br />

est une affaire de famille :<br />

Kelly (en haut) a appris aux<br />

côtés de son père Patrick,<br />

surfeur passionné, qui gère<br />

un resto sur la plage de<br />

Pointe-Noire, au Congo.<br />

Nous ne cherchons pas à dire « Hey, tout<br />

ce qu’on vous a raconté sur le surf est<br />

un mensonge ! », mais plutôt à élargir<br />

le prisme de la perception du surf et à<br />

montrer aux gens la richesse du continent<br />

africain. Ce livre ne fait qu’égratigner<br />

la surface de la surface.<br />

Selon Grant « Twiggy » Baker, surfeur<br />

pro d’Afrique du Sud, la culture surf<br />

africaine est sur le point d’exploser,<br />

comme ce fut le cas pour les Brésiliens,<br />

dix ans plus tôt. C’est aussi<br />

votre avis ?<br />

GREG EWING, ALAN VAN GYSEN<br />

56 THE RED BULLETIN


2018 : le Sud- Africain<br />

Mikey February (né<br />

en 1993, un an avant<br />

les premières élections<br />

démocratiques<br />

locales) est le premier<br />

Africain non blanc<br />

qualifié pour les<br />

Championnats du<br />

monde de surf.


Fondé en 2012, le Bureh Beach Surf Club est le 1 er club de surf de la Sierra Leone. « Quand<br />

on a ouvert, très peu savaient ce qu’était le surf », dit son co-fondateur Jahbez Benga.<br />

Absolument. Personne n’avait vu venir<br />

le fameux « tsunami brésilien » : les Brésiliens,<br />

ils dérangeaient un peu, parce<br />

qu’ils étaient différents culturellement.<br />

Leur passion du surf était différente, et<br />

personne ne comprenait tout ce que ça<br />

leur avait coûté d’atteindre le niveau<br />

mondial. Quand la vague brésilienne a<br />

déferlé en 2011, elle a tout chamboulé<br />

sur son passage : la communauté surf a<br />

eu du mal à encaisser et à accepter cette<br />

nouvelle domination et le niveau de performance<br />

des Brésiliens, à tel point qu’ils<br />

ont même cherché à « excuser » ce style<br />

[sud-américain]. Je n’ai jamais cru que<br />

les Brésiliens pourraient intégrer les<br />

équipes des plus grandes marques mondiales,<br />

mais aujourd’hui, c’est eux qui<br />

dominent les championnats du monde.<br />

Et je pense que le tsunami africain est en<br />

train de se former. L’Afrique est un vaste<br />

continent avec une population jeune :<br />

la question n’est donc pas de savoir si la<br />

vague va déferler, mais plutôt quand.<br />

Pourquoi maintenant et pas dix ans<br />

plus tôt ?<br />

Parce que maintenant, on a des exemples<br />

à suivre : en 2018, le Sud-Africain Mikey<br />

February est ainsi devenu le premier<br />

Africain noir à participer aux Championnats<br />

du monde. Un événement qui a<br />

ouvert la voie à des tas de gosses, partout<br />

sur le continent, ainsi qu’aux surfeurs<br />

noirs à travers le monde. C’était grandiose.<br />

Avant Mikey, ils ne savaient pas<br />

qu’eux aussi pouvaient faire comme lui :<br />

en Afrique, le surf était considéré, d’un<br />

point de vue historique, comme un sport<br />

de Blancs.<br />

Pour quelle raison ?<br />

En Afrique du Sud, par exemple, c’était<br />

un sport qui faisait l’objet d’une stricte<br />

séparation sous l’Apartheid : je me souviens<br />

avoir été arrêté à North Beach près<br />

de Durban en 1991. C’était peu après<br />

l’abrogation du Separation Act (le Group<br />

Areas Act, qui assignait les différentes communautés<br />

raciales à des zones urbaines<br />

spécifiques, ndlr), donc techniquement,<br />

j’étais autorisé à aller sur cette plage.<br />

Mais l’idée de me voir là en train de<br />

m’adonner à « leur sport » en toute tranquillité,<br />

c’était insupportable pour les<br />

flics, et ils m’ont observé pendant trois<br />

jours avant de trouver un prétexte quelconque<br />

pour pouvoir m’arrêter. Voilà<br />

comment c’était, à l’époque. Je me<br />

souviens, dans un hôtel, être arrivé à la<br />

« Historiquement,<br />

en Afrique, le surf<br />

était considéré<br />

comme un sport<br />

de Blancs. »<br />

réception avec ma planche de surf sous<br />

le bras : d’un coup, tout s’est figé, plus<br />

personne ne bougeait, et tous les regards<br />

étaient fixés sur moi. C’était quelque<br />

chose que les gens n’avaient pas l’habitude<br />

de voir.<br />

Dans le livre, plusieurs surfeurs soulignent<br />

le fait qu’une des grandes<br />

caractéristiques de la culture surf africaine,<br />

c’est justement qu’il n’y ait pas<br />

de culture, et qu’ils l’inventent au fur<br />

et à mesure.<br />

C’est vrai. Sans cette imagerie et ces<br />

clichés autour du surf propagés par les<br />

magazines et par des traditions qui te<br />

dictent ce qu’il faut faire ou penser, on<br />

peut avoir une approche différente. C’est<br />

dans cet espace de dilettantisme et de<br />

nouveauté que la magie opère. Il en est<br />

de même en art, en musique et dans la<br />

vie en général : l’absence de structures<br />

dogmatiques – réelles ou perçues – qui<br />

te dictent ce qui est juste ou non, a toujours<br />

été propice à l’émergence de bouleversements<br />

culturels.<br />

Il y a pourtant bien un point commun<br />

à tous les surfeurs interviewés dans<br />

Afrosurf : c’est cette connexion spirituelle<br />

qui les lie à l’océan.<br />

Dans la culture africaine, le surf n’est<br />

pas considéré comme un simple passetemps<br />

sexy, il y a un profond respect<br />

pour l’océan. Dans sa jeunesse, quand<br />

mon père a commencé à partir en tournée<br />

dans les townships d’Afrique du Sud,<br />

ma grand-mère lui demandait une seule<br />

chose : de lui rapporter des bocaux<br />

remplis d’eau de mer de différentes provinces,<br />

qu’elle conservait chez elle, dans<br />

son salon. Mon père a également composé<br />

une ode à Mami Wata, l’énergie<br />

spirituelle de l’océan.<br />

Cet aspect spirituel se reflète-t-il dans<br />

la façon dont les Africains abordent<br />

le surf ?<br />

Dans les cultures indigènes, le sentiment<br />

de communauté et de proximité est<br />

omniprésent. En Afrique du Sud, la philosophie<br />

Ubuntu est fondée sur ce lien<br />

de partage qui unit toute l’humanité.<br />

En appliquant cette philosophie au surf,<br />

on ne peut qu’obtenir quelque chose de<br />

radicalement différent.<br />

Un tel esprit de communauté fait-il<br />

de vous un meilleur surfeur ?<br />

Si vous regardez les meilleurs surfeurs du<br />

monde, quelles que soient leurs origines<br />

MAGNUS ENDAL, MARCO GUALAZZINI<br />

58 THE RED BULLETIN


« La question n’est pas de savoir<br />

si la vague africaine va déferler,<br />

mais plutôt quand. »<br />

En 2015, le photographe<br />

Marco<br />

Gualazzini s’est<br />

rendu en Somalie,<br />

à Mogadiscio<br />

(en haut), ravagée<br />

par la guerre.<br />

Aujourd’hui, la<br />

plage du Lido (à<br />

gauche), fréquentée<br />

par les femmes,<br />

les surfeurs et les<br />

jeunes Somaliens,<br />

est devenue le symbole<br />

de la renaissance<br />

de la ville :<br />

un signe d’espoir<br />

pour le pays.<br />

THE RED BULLETIN 59


Grant « Twiggy »<br />

Baker, Sud-Africain :<br />

« Dans vingt ans, il<br />

y aura autant de surfeurs<br />

noirs africains<br />

dans les compétitions<br />

mondiales qu’il y a de<br />

surfeurs brésiliens<br />

aujourd’hui. »


C’est grâce à ses performances<br />

qu’Aita<br />

Diop, 15 ans, a pu<br />

obtenir une bourse<br />

auprès de l’Association<br />

internationale de<br />

surf. La jeune fille<br />

peut se consacrer à<br />

sa passion : « Sur<br />

l’océan, je me sens<br />

libre et heureuse. »<br />

MARTIN CAPRILE ,DJIBRIL DRAME<br />

61


Le photographe Alan Van<br />

Gysen révèle dans Afrosurf ses<br />

spots de surf préférés sur le<br />

littoral africain : comme cette<br />

plage au sud de l’Angola et ses<br />

« vagues longues de 3 km ».<br />

« En Afrique, il y a<br />

un profond respect<br />

de l’océan. »


Pour l’animateur américain Selema<br />

Masekela, le surf est plus qu’un<br />

sport. Tous les bénéfices tirés du<br />

livre iront aux ONG africaines Waves<br />

for Change et Surfers Not Street<br />

Children, références en surf-thérapie.<br />

ALAN VAN GYSEN, YORIYAS YASSINE ALAOUI ISMAILI<br />

Joshe Faulkner, champion sud-africain de l’Open tour : « Être un surfeur noir veut dire<br />

beaucoup. C’est un sport dominé par les Blancs, mais Mikey February a ouvert la voie. »<br />

« Le Maroc est une nation de surf : on a 3 000 km de littoral et des vagues de classe mondiale<br />

», raconte Ramzi Boukhiam, qui représentera son pays pour l’arrivée du surf aux JO.<br />

ethniques ou culturelles, il ressort que<br />

beaucoup se sont bâtis dans l’adversité ;<br />

qu’ils ont dû surmonter quelque chose<br />

pour arriver au top niveau. Kelly Slater<br />

a grandi dans un foyer chaotique, marqué<br />

par l’alcoolisme, et le surf est devenu<br />

son échappatoire. Mais prenons aussi les<br />

histoires de ces surfeurs brésiliens : beaucoup<br />

ont grandi dans des communautés<br />

très soudées, au milieu des favelas,<br />

n’est-ce pas ? Ils ont tous réussi à venir à<br />

bout des difficultés économiques. Quand<br />

on apprend à lier la culture avec le talent,<br />

le travail acharné et les opportunités,<br />

c’est à ce moment-là qu’on s’élève.<br />

Dans son essai, Mikey February écrit :<br />

« J’ai le sentiment que ce sont justement<br />

les communautés surf africaines<br />

qui vont avoir une énorme influence<br />

sur le reste du monde. » C’est aussi<br />

votre avis ?<br />

Oui, et Mikey dit aussi que l’expression<br />

africaine est brute et honnête : il n’y a<br />

pas de chichi, aucune intention d’impressionner<br />

qui que ce soit. C’est un aspect<br />

important, parce que toutes les expériences<br />

que tu fais sur la terre ferme vont<br />

t’influencer en tant que surfeur. C’est<br />

ce que tu exprimes : ce que tu manges,<br />

ce que tu écoutes comme musique, comment<br />

tu danses, ta culture, tes traditions.<br />

Tous ces trucs que tu ne peux pas recréer<br />

ailleurs et qui vont influencer ta manière<br />

de surfer. C’est pour ça que les Brésiliens<br />

ont cette touche bien à eux, que les<br />

Tahitiens dansent d’une certaine<br />

manière. En fait, c’est ce qui donne au<br />

surf toute sa richesse, sa profondeur<br />

et sa diversité. Et c’est ce qui rend le<br />

surf génial.<br />

mamiwatasurf.com/pages/afrosurf<br />

THE RED BULLETIN 63


Nonstop<br />

La carrière musicale de<br />

Lucy Monkman, alias<br />

MONKI, fait face à une<br />

pause imposée. La DJ et<br />

animatrice radio anglaise<br />

a dû trouver une alternative<br />

afin de canaliser<br />

son énergie débordante<br />

- et sa vie n’a jamais été<br />

aussi agréable.<br />

Texte EMMA FINAMORE<br />

Photos GREG COLEMAN<br />

64 THE RED BULLETIN


Grâce à son inébranlable<br />

éthique du travail, Monki,<br />

29 ans, est passée de<br />

stagiaire dans une station<br />

de radio pirate à DJ,<br />

podcasteuse et footballeuse<br />

accomplie.


« En quittant l’école,<br />

j’ai eu le sentiment<br />

que je n’avais pas le<br />

droit à l’erreur. »<br />

DJ, productrice, fondatrice d’un label et<br />

animatrice radio, Lucy Monkman - plus<br />

connue sous le nom de Monki - a apporté<br />

certaines des sonorités électroniques les<br />

plus fraîches et les plus innovantes qui<br />

soient aux oreilles britanniques. À 29 ans,<br />

Monki est peut-être une version actualisée<br />

de qui elle était durant sa jeunesse<br />

mais elle n’a rien perdu de l’énergie et de<br />

l’ambition d’adolescente passionnée de<br />

football et de musique. Elle s’est fait un<br />

nom grâce à une émission sur les ondes<br />

de Radio 1 de la BBC, au label qu’elle a<br />

fondé et à d’innombrables tournées<br />

internationales en tant que DJ. Elle s’est<br />

aussi fait connaître sur le terrain de foot<br />

– elle joue en cinquième division de football<br />

féminin, pour le Dulwich Hamlet FC<br />

66 THE RED BULLETIN


Ladies – et en tant que podcasteuse ; sa<br />

série sur la Coupe du monde féminine<br />

de 2019, Football Inside Out, a remporté<br />

la catégorie « sport » aux British Podcast<br />

Awards.<br />

Monki a grandi à Kingston upon<br />

Thames, dans la banlieue sud-ouest de<br />

Londres. À la maison, elle baignait dans<br />

la musique électro, avec les Chemical<br />

Brothers, The Prodigy et 808 State sur<br />

la chaîne stéréo de sa mère, les tubes<br />

garage que son oncle jouait, ainsi que<br />

dans le dubstep et la grime qu’elle écoutait<br />

sur les radios pirate. « Je me suis vraiment<br />

mise à la musique grâce à la radio »,<br />

dit Monki, en soulignant l’importance<br />

des pirates comme Rinse FM et Déjà Vu,<br />

qui transmettaient les rythmes et les voix<br />

de l’underground vers les jeunes oreilles<br />

assoiffées. « Je me souviens de les avoir<br />

écoutés tard dans la nuit et d’avoir<br />

entendu des musiques de danse que je<br />

n’avais jamais entendues auparavant. »<br />

Ces stations ont été un espace dans<br />

lequel les sonorités produites localement<br />

ont pu se développer et se diversifier, à<br />

l’écart des redevances, des annonceurs<br />

et des organismes de réglementation.<br />

Non contente d’être une fan, Monki<br />

a décidé de faire partie de ce monde.<br />

Après avoir entendu la DJ Annie Mac<br />

jouer à la radio un soir le dubstep glacial<br />

de Skream, Let’s Get Ravey et le remix de<br />

In For The Kill de La Roux, elle a quitté<br />

l’école le lendemain. La jeune fille de<br />

16 ans a réussi à décrocher un stage chez<br />

Rinse à une époque charnière où les<br />

artistes avec lesquels la station travaillait<br />

explosaient. Elle était notamment chargée<br />

de l’approvisionnement en champagne<br />

quand, en 2010, la station a<br />

obtenu un permis d’émettre et est devenue<br />

légale. « C’était vraiment passionnant<br />

: j’étais entourée de DJs que j’admirais<br />

et je me sentais vraiment inspirée<br />

d’être là, sur cette station de radio de<br />

l’East End. »<br />

Tout comme le fondateur de Rinse,<br />

Geeneus, qui a créé sa station à l’âge de<br />

16 ans en connectant ses platines à un<br />

émetteur fait maison dans un appartement<br />

au 18 e étage dans le borough de<br />

Tower Hamlets, Monki a réussi à se faire<br />

une place dans le monde de la musique<br />

grâce à son oreille exceptionnelle, mais<br />

aussi à son talent de bricoleuse et à son<br />

inébranlable éthique du travail. Elle a<br />

utilisé son temps à la station pour affiner<br />

ses compétences en ingénierie et en<br />

mixage, et pour forger des liens essentiels<br />

avec l’industrie. Un soir, après son<br />

quart de travail, elle a enregistré un set<br />

de vingt minutes qu’elle a envoyé à Annie<br />

Mac, une héroïne de son enfance, avec<br />

qui elle s’était connectée des années plus<br />

tôt via MySpace.<br />

C’est ainsi que Mac a offert à Monki<br />

sa toute première date, au KOKO de<br />

Camden Town, dans le nord de Londres.<br />

En plus de ses passages dans les clubs<br />

emblématiques comme le Ministry of<br />

Sound ou Fabric, la jeune DJ a obtenu<br />

une émission sur Radio 1Xtra à la BBC<br />

puis, à 21 ans seulement, une place<br />

convoitée à la chaîne Radio 1, toujours<br />

à la BBC. « Quand j’ai quitté l’école, j’ai<br />

eu le sentiment que je n’avais pas le droit<br />

à l’erreur, dit-elle. Je n’avais pas d’autre<br />

choix. C’était donc mon mantra à cet âge,<br />

« J’ai fait le plein<br />

pendant dix ans<br />

et d’un coup, tout<br />

s’est arrêté. »<br />

c’était une sorte de mentalité du tout ou<br />

rien. Et ça a marché. » Cette attitude a<br />

permis à Monki d’atteindre le sommet<br />

de son art en matière de musique.<br />

Elle est aujourd’hui une force majeure<br />

dans le domaine de la deep house et de<br />

la techno, et une sélectionneuse habile<br />

lorsqu’il s’agit de créer des ambiances<br />

qui plaisent au public. En plus de jouer<br />

de tout, du disco à la soul en passant par<br />

l’electronica et le piano house, sur les<br />

ondes et dans les clubs, Monki a produit<br />

et publié sa propre musique, produisant<br />

des EPs avec un riche mélange de producteurs,<br />

de MCs et de chanteurs. Elle a sorti<br />

un EP live avec Fabric alors qu’elle était<br />

encore adolescente, mêlant house, garage<br />

britannique et grime. Monki a également<br />

son propre label, ZOO Music, et elle a mis<br />

son énergie à profit sur la route chaque<br />

année, jouant partout dans le monde ou,<br />

en Angleterre, aux soirées Monki &<br />

Friends dont elle est l’organisatrice.<br />

Mais la pandémie a frappé. J’ai fait le<br />

plein pendant dix ans et tout d’un coup,<br />

tout s’est arrêté net », explique Monki.<br />

Les clubs ont été fermés, les tournées ont<br />

été suspendues et elle s’est retrouvée<br />

chez elle sans grand-chose à faire. Pour<br />

quelqu’un qui avait toujours eu une<br />

vision très claire de l’avenir, même à<br />

l’adolescence – « Quand j’ai quitté l’école,<br />

je me suis dit : “Voici mon plan sur dix<br />

ans, je veux être sur Radio 1 à 26 ans.” » –<br />

cela a été un choc sérieux. « Je n’ai jamais<br />

été autant à la maison depuis dix ans,<br />

dit Monki. Ce que nous avons tous perdu,<br />

c’est une connexion avec les gens. Ça a<br />

été une perte énorme. Je pensais que je<br />

pourrais mieux gérer cela, mais en fait<br />

j’étais assez déprimée. »<br />

Mais l’éthique de travail de Monki ne<br />

lui a pas permis de ralentir longtemps.<br />

Le foot lui a donné un autre objectif, un<br />

endroit pour canaliser son énergie. Le<br />

« beau jeu » faisait en fait partie de son<br />

plan de carrière initial avant de tomber<br />

amoureuse de la musique. Mais à 14 ans,<br />

THE RED BULLETIN 67


Dans le mix : Monki est<br />

aussi bien à l’aise en<br />

studio que sur un terrain<br />

de foot (page ci-contre),<br />

en jouant pour les<br />

Dulwich Hamlet FC Ladies.


LIAM ASMAN<br />

elle a découvert que, à l’époque, les<br />

femmes n’étaient pas payées pour jouer.<br />

« Vous pouviez jouer pour Arsenal ou<br />

Chelsea, mais ce n’était pas votre gagnepain,<br />

dit-elle. À l’époque, les joueuses<br />

anglaises devaient payer leur propre<br />

équipement ! Cela m’a brisé le cœur.<br />

Alors je m’en suis détachée. Si je ne peux<br />

pas le faire comme je veux, alors je n’ai<br />

pas envie de le faire. »<br />

C’est au milieu de la vingtaine, alors<br />

que sa carrière musicale battait son<br />

plein, que le football est revenu dans la<br />

vie de Monki. « Ça a pris du temps, ditelle,<br />

mais j’ai réalisé que le sport me<br />

manquait vraiment. » Après être revenue<br />

au jeu par le biais de matches à cinq,<br />

Monki a rejoint le Dulwich Hamlet FC<br />

Ladies et a commencé à vivre une<br />

« double vie », pour reprendre ses mots.<br />

« J’ai gardé le football et le sport distincts<br />

de la musique. Je ne traînais pas avec<br />

mon équipe, je venais juste m’entraîner<br />

et jouer. Je n’ai pas dit à tout le monde<br />

ce que je faisais. Je voulais juste jouer au<br />

football. Je voulais être traitée comme<br />

tout le monde. Mais quand elles l’ont<br />

découvert, elles m’ont traitée de la même<br />

façon. Tout le monde est égal. C’est pour<br />

ça que j’aime le sport, tout le monde se<br />

fout de ce que vous faites. »<br />

Aujourd’hui, Monki est un pilier du<br />

club. « Je suis tellement impliquée avec<br />

Dulwich Hamlet. Ma petite amie en est<br />

la capitaine, et nous sommes comme des<br />

ambassadrices pour le club, dit-elle à<br />

propos de son revirement. Je travaille<br />

avec elles en participant à des activités<br />

communautaires et je gère leurs réseaux<br />

sociaux en tant que bénévole. Je suis à<br />

fond dedans. » Rebaptisées en 2019 après<br />

neuf ans sous le nom d’AFC Phoenix –<br />

une équipe qui, pendant une grande partie<br />

de cette période, n’avait même pas de<br />

tenues coordonnées – les Dulwich<br />

Hamlet Ladies se sont retrouvées sur une<br />

trajectoire ascendante, attirant des foules<br />

plus nombreuses que de nombreux clubs<br />

plus haut placés dans la hiérarchie du<br />

football. L’année dernière, lors de leur<br />

première saison en première division de<br />

London & South East, elles étaient en<br />

tête du classement lorsque, malheureusement,<br />

le championnat a été annulé en<br />

raison de la pandémie. Le club est aussi<br />

une sorte de famille : les joueuses et les<br />

supporteurs se sont mis ensemble pour<br />

réunir plus de 10 000 livres lorsque leur<br />

manager adoré, Farouk Menia, est<br />

décédé en 2019 ; et il apporte un soutien<br />

vital à la communauté LGBTQ.<br />

C’est grâce à son amour du sport que<br />

Monki a réussi à se libérer de son isolement.<br />

Elle a profité de cette période<br />

pour renouer avec l’entraînement et<br />

aussi pour mettre à profit son nouvel<br />

enthousiasme pour la diffusion des<br />

sports. Cette envie s’est encore renforcée<br />

lorsque Football Inside Out a remporté<br />

le British Podcast Award. « Cela m’a<br />

ouvert les yeux, dit-elle en parlant de la<br />

prise de conscience qu’elle pouvait combiner<br />

ses deux mondes. J’adore la radio<br />

– le podcasting était quelque chose que<br />

je voulais faire de toute façon – mais ça,<br />

c’était autre chose, pas de la musique.<br />

C’était vraiment intense, mais ça a été<br />

une grande expérience. » N’ayant jamais<br />

fait les choses à moitié, Monki a depuis<br />

présenté The Kick Off – une soirée de la<br />

Ligue des champions de l’UEFA en direct<br />

présentée par Heineken et Defected –<br />

et a travaillé avec la légende du sport<br />

Peter Crouch sur BT Sport.<br />

L’inconfortable changement de<br />

rythme provoqué par l’apparition de la<br />

pandémie est devenu pour Monki, l’occasion<br />

de repenser à l’avenir. « J’en suis lentement<br />

arrivée à la conclusion que j’aime<br />

participer à des shows, mais que je ne<br />

veux pas que cela constitue toute ma vie,<br />

dit-elle. Cette année a été consacrée à ce<br />

que je veux faire au-delà des tournées et<br />

des soirées. Pendant le deuxième confinement,<br />

j’ai fait équipe avec un groupe<br />

d’autres personnes pour travailler sur<br />

des idées en vue d’une plateforme sportive<br />

féminine qui, je l’espère, sera lancée<br />

cette année. »<br />

La plateforme n’a pas encore de nom,<br />

mais elle a une éthique forte : « Il y a<br />

quelques grands créateurs de contenus<br />

footballistiques et sportifs, mais ce que<br />

nous voulons faire, c’est nous concentrer<br />

moins sur le sport lui-même et davantage<br />

sur l’encouragement aux femmes afin<br />

qu’elles puissent évoluer dans n’importe<br />

quelle fonction. » Monki cite une étude<br />

récente de l’organisme public Sport<br />

England, qui a révélé que 39 % des<br />

femmes ne sont pas assez actives, les<br />

raisons les plus courantes étant la peur<br />

du jugement et le manque de confiance<br />

en soi. « Tout le monde n’aime pas le<br />

sport comme j’aime le football, mais il<br />

est tellement important de faire de l’exercice,<br />

même si c’est seulement se promener<br />

avec ses potes. »<br />

Il allait de soi que Monki allait mettre<br />

son énergie débordante au service d’un<br />

projet comme celui-ci, étant donné<br />

qu’elle a contribué à la représentation<br />

« Il est tellement<br />

important de<br />

faire de<br />

l’exercice. »<br />

féminine dans plusieurs domaines dominés<br />

par les hommes. Elle a notamment<br />

réussi dans le monde largement masculin<br />

de la musique électronique, devenant<br />

la toute première femme d’origine sudest<br />

asiatique à animer une émission à<br />

Radio 1 – « Je n’en ai pris conscience<br />

qu’en 2020. Je ne me voyais pas comme<br />

cette personne à l’époque. J’aurais aimé<br />

le célébrer davantage ».<br />

Mais malgré ses projets d’améliorer<br />

la santé de nombreuses femmes et le<br />

fait que des jeunes filles asiatiques ont<br />

contacté Monki pour lui dire combien<br />

elle les inspirait, elle ne se considère<br />

pas comme une personne dédiée à la<br />

cause de l’égalité. Ses efforts pour dépasser<br />

les limites sont plus personnels et se<br />

concentrent uniquement sur sa ténacité<br />

à faire ce qu’elle aime, malgré les risques<br />

et les obstacles. Maintenant, en trouvant<br />

l’espace dans le diagramme de Venn<br />

où ses passions se chevauchent, elle a<br />

trouvé les outils nécessaires pour traverser<br />

des moments étranges - et même en<br />

ressortir plus forte. « J’ai l’impression<br />

d’être plus ’moi’ en vivant de cette façon,<br />

avec plus d’intégrité, dit-elle. Et c’est ça<br />

le but, non ? C’est littéralement ça. »<br />

monkidj.com<br />

THE RED BULLETIN 69


La force<br />

en elle(s)<br />

Dès son enfance, JILOU RASUL,<br />

a pris confiance en elle grâce<br />

à la danse. Aujourd’hui, elle<br />

est l’une des meilleures<br />

breakdanceuses au monde, et<br />

se sert de ses compétences<br />

pour lutter pour la justice.<br />

Texte ANNE WAAK<br />

Photos EVA BERTEN


Renversant : Jilou,<br />

27 ans, qui fait ici un<br />

air freeze, est une<br />

danseuse urbaine<br />

aux pieds légers.<br />

71


Jilou est née à Fribourg,<br />

en Allemagne, et vit<br />

maintenant à Berlin. Elle<br />

a commencé à danser en<br />

2006, à l’âge de 13 ans.<br />

72 THE RED BULLETIN


« Ce qui me pousse<br />

à danser encore<br />

aujourd’hui ? Cela<br />

me rend heureuse.<br />

C’est tout. »<br />

Ci-dessus : pour ce<br />

backflip, il n’y a que<br />

quelques centimètres<br />

entre la tête de Jilou<br />

et le sol dallé.<br />

Ci-contre : le break<br />

offre à Jilou une liberté<br />

de mouvements<br />

sans limite, comme<br />

avec ce chair freeze.<br />

THE RED BULLETIN 73


J<br />

ilou ne reste pas en<br />

place. Elle effectue<br />

des mouvements<br />

minimaux à partir<br />

des hanches et fait<br />

une vague avec<br />

les bras tendus de<br />

chaque côté de son<br />

corps. C’est l’une des dernières journées<br />

chaudes de la fin de l’été, le soleil brille<br />

encore de tous ses feux dans un ciel sans<br />

nuage. Sur la Spree qui serpente entre<br />

les immeubles gouvernementaux dans<br />

le centre de Berlin, les embarcations<br />

de plaisance passent les unes après les<br />

autres devant le lieu du shooting photo.<br />

La jeune fille de 27 ans se tient devant<br />

un mur de béton gris et bouge presque<br />

instinctivement au son de la musique qui<br />

joue sur le plateau. Même lorsqu’il s’agit<br />

de faire son portrait, la danseuse a du<br />

mal à rester en place.<br />

C’est cette envie incontrôlable de<br />

bouger qui a fait de Jilou ce qu’elle est<br />

aujourd’hui : l’une des meilleures B-Girls<br />

au monde. Lors du <strong>Red</strong> Bull BC One,<br />

le championnat du monde officiel de<br />

breakdance où les seize meilleurs B-Girls<br />

et B-Boys s’affrontent selon un système<br />

d’élimination directe et qui s’est tenu<br />

à Mumbai en 2019, Jilou a atteint les<br />

quarts de finale. Elle estime qu’elle ne<br />

méritait pas sa défaite contre la Japonaise<br />

MiMz. Ce qui n’est guère étonnant<br />

quand on connaît ses ambitions : « J’ai<br />

toujours voulu être la meilleure, dit<br />

Jilou. D’abord dans mes cours de break,<br />

puis dans ma ville, puis dans toute l’Allemagne,<br />

et maintenant dans le<br />

monde entier. » Elle est loin<br />

d’avoir atteint son but, et la<br />

danse seule ne lui suffit pas.<br />

Elle trouve également dans<br />

son art la motivation de faire<br />

une différence dans le monde.<br />

Née à Fribourg en 1992,<br />

Jilou Rasul a commencé le<br />

ballet très tôt. Mais les mouvements<br />

stricts ne convenaient pas à cette enfant<br />

turbulente. Elle est ensuite passée à<br />

la gymnastique artistique à l’âge de<br />

six ans. Quand, à 13 ans, Jilou s’en est<br />

lassé et qu’elle a commencé à faire du<br />

breakdance au club, elle était déjà superflexible<br />

et capable de faire des handstand<br />

et des flic-flac. Lorsqu’on lui demande ce<br />

qui l’a amenée à danser à l’époque, et qui<br />

la pousse encore aujourd’hui, elle répond<br />

simplement : « Cela me rend heureuse.<br />

C’est tout. » Avant d’ajouter dans la foulée<br />

qu’elle est accro à l’adrénaline. L’excitation<br />

provoquée par la pratique de phases<br />

risquées, les défis lancés à son propre<br />

corps et la rivalité avec les autres a rapidement<br />

exercé un attrait irrésistible chez<br />

Jilou. Huit mois seulement après avoir<br />

commencé à faire du breakdance, elle a<br />

participé à sa première B-Girl-Battle et est<br />

arrivée deuxième. Et elle a encore beaucoup<br />

de projets devant elle. Si l’on se fie<br />

à Jilou, les quarts de finale du <strong>Red</strong> Bull<br />

BC One de l’année dernière ne resteront<br />

pas longtemps le point culminant de sa<br />

carrière. Jilou ne veut pas seulement<br />

devenir la meilleure danseuse au monde,<br />

« mais la meilleure de tous ».<br />

Elle ne se contente pas de danser<br />

extrêmement bien dans son style<br />

caractéristique, à la fois acrobatique et<br />

léger comme une plume. Elle utilise la<br />

confiance qu’elle tire du breakdance<br />

pour quelque chose de plus grand. Jilou<br />

se bat pour elle ainsi que pour les autres<br />

B-Girls afin qu’elles obtiennent une véritable<br />

opportunité de rivaliser avec leurs<br />

homologues masculins.<br />

Parce qu’il n’y a pas de différence entre<br />

le break et presque tous les autres aspects<br />

du sport et de la vie en général : les<br />

femmes sont défavorisées, gagnent moins<br />

pour des réalisations équivalentes et<br />

doivent se défendre contre les agressions.<br />

Jilou ne veut pas<br />

seulement devenir la<br />

meilleure danseuse<br />

au monde, « mais la<br />

meilleure de tous ».<br />

74 THE RED BULLETIN


Militante positive :<br />

Jilou se bouge pour<br />

des causes comme<br />

l’égalité ou encore<br />

l’antiracisme.<br />

THE RED BULLETIN 75


En novembre 2020,<br />

Jilou participait au<br />

<strong>Red</strong> Bull BC One World<br />

Final, une coupe du<br />

monde de break.<br />

Elles doivent se battre pour être prises<br />

au sérieux et être remarquées. « Le break<br />

est un type de danse influencé par les<br />

hommes et dont une part importante a été<br />

développée par eux, explique Jilou. En ce<br />

qui concerne les types de mouvements,<br />

il favorise l’aspect masculin et est jugé en<br />

conséquence dans les compétitions. Ce<br />

n’est pas juste. » Jilou s’élève contre cette<br />

inégalité de traitement. Haut et fort.<br />

P<br />

ourtant, les B-Girls ont toujours<br />

fait partie de cette culture<br />

urbaine : née en 1968, la New-<br />

Yorkaise Daisy Castro a dansé<br />

sous le pseudonyme de Baby<br />

Love en tant que seule femme du Rock<br />

Steady Crew, fondé à la fin des années<br />

1970. Elle avait 15 ans lorsque, avec sa<br />

voix et son visage, elle a fait entrer le<br />

break du Bronx dans la culture populaire<br />

avec la chanson Hey You, The Rock Steady<br />

Crew, qui a également passé des semaines<br />

dans le top 10 des charts en Autriche et<br />

en Allemagne en 1983. Mais il faudra<br />

attendre 2004 pour que les premières<br />

compétitions de B-Girls aient lieu dans le<br />

cadre du Battle of the Year, la plus grande<br />

compétition de break au monde depuis<br />

1990 et toujours la plus importante à<br />

ce jour. Les femmes de cette scène ont<br />

acquis une nouvelle visibilité mais elles<br />

restent encore minoritaires à ce jour.<br />

Jilou ne fait pas que danser contre<br />

cette réalité. Parce qu’elle considère<br />

également qu’il est de sa responsabilité<br />

d’encourager une nouvelle génération<br />

de B-Girls dans son sillage, elle donne à<br />

quatre jeunes danseuses internationales<br />

des cours à distance gratuits une fois par<br />

semaine. Et elle s’exprime sur son blog<br />

au sujet des formes de discrimination<br />

qu’elle subit. Elle a désarmé les auteurs<br />

de commentaires haineux qui l’insultaient<br />

anonymement sur le web en<br />

écrivant : « Merci d’avoir pris le temps<br />

de m’écrire. Vous devez beaucoup penser<br />

à moi. Je semble occuper toutes vos<br />

pensées. » En mai 2020, elle décrit sur<br />

les réseaux sociaux comment elle a été<br />

harcelée sexuellement et agressée par<br />

un B-Boy alors qu’elle était adolescente.<br />

Un message<br />

qui a fait le tour<br />

de la planète<br />

Cette photo de Jilou lors d’une<br />

manifestation Black Lives Matter à<br />

Berlin est devenue virale. Le B-Boy<br />

US Boxwon est à l’origine de ce<br />

message : le hip-hop est un cadeau<br />

de la culture noire fait au monde.<br />

MIRLEY ALLEF @AFRALLEF, STYLING: MEILYNN LINDLAR/BASICS<br />

76 THE RED BULLETIN


En même temps, elle exhorte les gens à<br />

écouter et à croire les témoignages des<br />

femmes (et des hommes) qui révèlent<br />

avoir vécu de telles expériences.<br />

Jilou a le don magnifique de rester<br />

visiblement de bonne humeur et<br />

réglo face à tous les défis comme en<br />

témoignent, par exemple, les vidéos de<br />

la compétition de Mumbai. Lorsqu’elle<br />

danse face à sa concurrente MiMz, elle<br />

a un sourire presque euphorique, pas<br />

agressif. Après le duel, elle va – malgré<br />

la défaite – vers sa concurrente, qui est<br />

en train d’emballer ses affaires au bord<br />

de la piste, lui tape sur l’épaule et l’enlace,<br />

comme pour dire : « Nous avons<br />

toutes les deux le même objectif et nous<br />

devons nous serrer les coudes. »<br />

D’une manière générale, la solidarité<br />

est l’un des thèmes qui la définissent au<br />

« J’aime découvrir ce qui<br />

est possible et jusqu’où<br />

je peux aller ; ce que je<br />

peux demander de plus<br />

à mon corps. »<br />

Tout-terrain : le break<br />

permet à Jilou de s’exprimer<br />

partout, comme ici<br />

à côté de la Spree.<br />

quotidien. Fille d’une Allemande et d’un<br />

Kurde irakien, Jilou est constamment<br />

confrontée au racisme dans sa vie de tous<br />

les jours. Bien qu’elle soit mieux lotie que<br />

beaucoup d’autres personnes issues de<br />

minorité visible, il était important pour<br />

elle de participer à l’importante manifestation<br />

Black Lives Matter qui a eu lieu à<br />

Berlin début juin en réponse à l’assassinat<br />

de George Floyd par des policiers à Minneapolis.<br />

Jilou portait un panneau dont<br />

l’inscription – une citation du B-Boy américain<br />

Boxwon – rappelait aussi indirectement<br />

l’origine du break : « Le hip-hop est<br />

un cadeau de la culture noire au monde. »<br />

Q<br />

uant à son parcours professionnel,<br />

Jilou se voit encore<br />

dans une période d’essai pour<br />

devenir ce qu’elle veut être.<br />

« J’aime découvrir ce qui est<br />

possible et jusqu’où je peux aller ; ce que<br />

je peux demander de plus à mon corps. »<br />

Elle a recouvert le plancher de son<br />

appartement compact de PVC, le transformant<br />

en espace d’entraînement. Sa<br />

devise : toujours prête.<br />

Mais elle pense aussi déjà à ce qui<br />

peut arriver après sa carrière active de<br />

danseuse. Elle est inscrite à un cours<br />

par télé-enseignement en gestion de la<br />

culture et des médias à l’université de<br />

Hambourg, mais en dehors de la formation,<br />

de l’enseignement et des compétitions<br />

qui reprendront lentement après<br />

le confinement, elle n’a pas vraiment le<br />

temps d’étudier en ce moment. Dans la<br />

quête de son but, elle ne veut pas être distraite<br />

par quoi que ce soit ou qui que ce<br />

soit. Cet objectif est clair : tout en haut.<br />

« J’aimerais être la danseuse la mieux<br />

payée de toutes. » Pour elle, il ne s’agit pas<br />

tant d’argent que de la valeur accordée à<br />

une personne et donc aussi à un type de<br />

sport. Il n’y a pas encore de B-Girl ou de<br />

B-Boy qui ait un contrat d’un million de<br />

dollars. Mais, dit-elle, il ne suffit que d’un<br />

seul pour que la glace se brise. « Je veux<br />

qu’une nouvelle ère commence. » Cela<br />

implique de connaître sa propre valeur en<br />

tant qu’athlète et de négocier les contrats<br />

avec acharnement. La question de savoir<br />

si la détermination seule suffit pour obtenir<br />

une telle somme dans le domaine du<br />

breakdance reste ouverte : les ambitions<br />

de Jilou forcent le respect.<br />

Elle montre ensuite le tatouage coloré<br />

qui s’étend sur son épaule gauche et<br />

qui montre, entre autres, une formule<br />

compliquée. C’est une fonction mathématique<br />

qui reste toujours positive et<br />

qui tend vers l’infini. Comme Jilou.<br />

Instagram : @bgirljilou<br />

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H+I ADVENTURES<br />

79


PERSPECTIVES<br />

voyage<br />

« “Facile” n’est pas un<br />

mot que j’associerais à ce<br />

paysage ravagé par les<br />

glaciers. Vous aurez du<br />

boulot et vous vous<br />

sentirez parfois tout petit,<br />

mais cela rend la chose<br />

d’autant plus gratifiante. »<br />

Ross Bell, photographe VTT<br />

L<br />

es premiers sons que j’entends au<br />

réveil sont le doux ronronnement<br />

du moteur et le bruit des vagues qui<br />

clapotent sur la coque en bois. Le navire<br />

s’est arrêté. Je quitte ma couchette et me<br />

dirige vers le pont, accueilli par une<br />

brume froide qui me frappe le visage. Nos<br />

vélos, rangés dans le coin, sont trempés.<br />

Devant nous se dressent les montagnes<br />

Trollstigen, nommées d’après la route qui<br />

serpente sur 55 kilomètres en traversant<br />

la chaîne. Le nom norvégien pourrait se<br />

traduire par « échelle du troll », ce qui est<br />

tout à fait approprié vu sa pente raide de<br />

neuf pour cent et ses onzeépingles à cheveux.<br />

Ce col est énorme et aujourd’hui<br />

nous allons le gravir.<br />

C’est le troisième jour d’une semaine<br />

d’aventure en VTT à travers les fjords<br />

norvégiens – ces anciens bras de mer<br />

formés par les glaciers où les montagnes<br />

rencontrent des rubans d’eau couleur<br />

émeraude. Notre logis flottant est le HMS<br />

Gåssten, un navire de guerre suédois à la<br />

retraite, luxueusement réaménagé pour<br />

accueillir dix passagers qui navigue dans<br />

ce labyrinthe de voies navigables, de<br />

montagne en montagne, à la recherche<br />

d’un paradis de l’arrière-pays. En tant<br />

que photographe de VTT, mon travail<br />

m’a conduit de la Nouvelle- Zélande au<br />

Canada, de la Namibie à l’Équateur, mais<br />

la Norvège est une destination que je<br />

convoitais depuis longtemps, impatient<br />

de monter jusqu’à mille mètres par jour<br />

et de parcourir certaines des pistes les<br />

plus exigeantes au monde, du point de<br />

vue technique, avec les fjords spectaculaires<br />

en toile de fond.<br />

Notre guide, Ole, prépare l’itinéraire<br />

de la journée. Notre groupe de huit personnes<br />

va parcourir 22 kilomètres dans<br />

les montagnes couvertes de nuages.<br />

Après que nous nous soyons embarqués<br />

dans la yole avec les vélos, notre capitaine,<br />

Sven, nous emmène à terre et nous<br />

Les matelots du HMS<br />

Gåssten, Sven et<br />

Tash, aident à ranger<br />

les vélos après une<br />

longue journée en<br />

montagne.<br />

H+I ADVENTURES ROSS BELL<br />

80 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

voyage<br />

Portage : Bell et son<br />

groupe utilisent la<br />

technique du « hikea-bike<br />

» à travers<br />

les montagnes<br />

escarpées des<br />

Trollstigen.<br />

Une fois sur la côte atlantique érodée, c’est le départ.<br />

parcourons « l’échelle du troll » en<br />

camionnette, avant d’abandonner la piste<br />

et d’escalader le glacier à pied, nos vélos<br />

sur le dos. “Earn your turns”, littéralement<br />

« méritez- le », est une phrase qui<br />

me vient à l’esprit alors que je mets péniblement<br />

un pied devant l’autre, au grand<br />

dam de mes mollets et de mes cuisses.<br />

Les montagnes semblent flirter avec<br />

nous lorsqu’elles se voilent et se<br />

dévoilent, laissant entrevoir l’ampleur du<br />

terrain que nous allons affronter.<br />

Bien que nous soyons à la mi-août,<br />

des vestiges de l’hiver précédent s’accrochent<br />

encore aux cavités alors que<br />

nous avançons sur des plaques de neige<br />

boueuse, atteignant notre destination<br />

par un lac d’eau de fonte cristalline.<br />

Notre pause est juste assez longue pour<br />

nous permettre de reprendre notre<br />

souffle – l’attrait d’une descente<br />

héroïque est trop fort. La roue<br />

avant pointant vers la descente,<br />

je desserre un peu mes leviers<br />

de frein et commence à lutter<br />

contre la gravité. Des sections<br />

de rocs escarpés et lisses sont<br />

reliées par d’étroits lacets en<br />

singletrack exigeant, jonchés de<br />

rocailles dangereuses pour les<br />

pneus. Quelques tactiques s’offrent<br />

à vous, allant de l’approche mesurée<br />

à advienne que pourra. La décision doit<br />

être prise rapidement, sinon le terrain<br />

vous fera payer rapidement.<br />

Il ne faut pas longtemps avant que<br />

mes freins ne se mettent à<br />

chauffer et que mes bras commencent<br />

à me faire mal lorsque<br />

je dévale le flanc de la montagne,<br />

la terre volant dans toutes les<br />

directions. Mais je ne m’arrête<br />

pas et mon sourire s’élargit à<br />

mesure que le parcours de montagnes<br />

russes suit les contours<br />

de la colline et que nous nous<br />

frayons un chemin à travers les sousbois<br />

luxuriants.<br />

THE RED BULLETIN 81


PERSPECTIVES<br />

voyage<br />

Vers le bleu : le groupe descend vers les eaux turquoise du fjord depuis les pentes du Liahornet.<br />

À améliorer<br />

Parcourir les fjords exige un<br />

top niveau de forme physique<br />

et de compétences en VTT,<br />

pour affronter montées techniques,<br />

descentes en singletrack<br />

et rocailles. Voici des<br />

points à approfondir…<br />

Technique du « hike-a-bike » :<br />

couchez votre vélo sur le sol, la<br />

transmission tournée vers le bas.<br />

Placez votre main gauche sur la<br />

fourche, la droite sur la manivelle<br />

du pédalier. Accroupissez-vous<br />

et soulevez le vélo au-dessus de<br />

votre tête. Posez le tube diagonal<br />

sur votre dos/sac à dos.<br />

Sortez votre vélo 4 à 5 fois par<br />

semaine, par tous les temps,<br />

pour vous familiariser avec les<br />

sentiers raides et glissants.<br />

Entraînez-vous à rouler sur les<br />

racines, les rochers et les<br />

dénivellations.<br />

Veillez à ce que votre vélo soit<br />

bien entretenu : une purge de<br />

frein, des plaquettes neuves et<br />

des pneus adhérents peuvent<br />

s’avérer payants.<br />

Préparez-vous à travailler dur,<br />

tant physiquement que mentalement.<br />

Les montées et les<br />

descentes constitueront des<br />

défis, quelles que soient vos<br />

capacités.<br />

Quand nous nous approchons du fond<br />

de la vallée, la pente - et mon niveau<br />

d’adrénaline - diminue alors que nous<br />

longeons une rivière qui traverse des<br />

stries argentées de bouleaux. Ce changement<br />

de rythme bienvenu me permet<br />

d’apprécier ce magnifique paysage alors<br />

que nous atteignons le bord du fjord,<br />

prêts à repartir au large pour dîner à<br />

bord du Gåssten. « J’ai gardé le meilleur<br />

pour la fin », dit Ole, tout sourire, le dernier<br />

jour, en désignant le Liahornet, la<br />

Fjord escort<br />

Utilisé comme dragueur de mines par la marine<br />

suédoise de 1973 à 1999, le HMS Gåssten à coque<br />

en chêne fut l’un des derniers navires en bois à<br />

servir dans une force navale. Propriété du capitaine<br />

Sven Stewart, ce navire de 24 mètres de long a été<br />

réaménagé avec cinq cabines et un salon. Sa taille<br />

lui permet de pénétrer des fjords difficiles d’accès.<br />

porte d’entrée de 961 mètres de haut de<br />

la chaîne de montagnes qui accueille le<br />

fjord – Norddalsfjorden – dans lequel<br />

nous avons jeté l’ancre. Nous allons<br />

monter jusqu’à son sommet par un sentier<br />

escarpé de quelque 7 kilomètres.<br />

En traversant le village de Liabygda et<br />

ses fermes environnantes, j’apprécie la<br />

brève occasion de pédaler avant que les<br />

choses ne redeviennent sérieuses et que<br />

nous devions porter nos vélos. Les<br />

pentes sont si raides que, quel que soit<br />

votre niveau de forme, vous vous retrouverez<br />

le plus souvent à monter à pied.<br />

Le visage rouge et suant, nous atteignons<br />

le sommet, notre bateau est à<br />

peine un pixel au milieu d’une vaste bande<br />

bleue en dessous de nous. Le plus dur est<br />

passé. Tout est en descente à partir d’ici.<br />

Après cela ? La promesse d’une croisière<br />

dans le mondialement célèbre Geirangerfjord,<br />

où Sven fera un arrêt à la base des<br />

chutes des Sept Sœurs, hautes de 410<br />

mètres, pour un plongeon d’après-randonnée<br />

dans les eaux glacées pour apaiser<br />

nos corps fatigués.<br />

Ross Bell est un photographe de sports<br />

d’action d’Écosse ; rossbellphoto.com.<br />

Il a fait ce voyage avec H+I Adventures<br />

qui organise des circuits de VTT dans le<br />

monde entier et qui prévoit une autre<br />

tournée des fjords norvégiens en août,<br />

mountainbikeworldwide.com<br />

H+I ADVENTURES<br />

82 THE RED BULLETIN


RED BULL SANS SUCRE<br />

MAIS RED BULL QUAND MÊME.<br />

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PERSPECTIVES<br />

fitness<br />

ENTRAÎNEMENT<br />

SPATIAL<br />

Comme<br />

au ciel<br />

Préparateur physique des<br />

astronautes, le professeur<br />

Jörn Rittweger nous révèle<br />

comment se déroule un<br />

entraînement en apesanteur.<br />

Bonus : exercices de l’espace<br />

à l’usage des Terriens.<br />

La vie à bord de l’ISS (Station<br />

spatiale internationale) n’est<br />

pas une partie de plaisir. Les<br />

astronautes sont exposés à<br />

une radioactivité 300 fois<br />

supérieure à celle sur Terre.<br />

Les premiers jours dans l’espace<br />

sont désagréables, les<br />

os et les muscles se détériorent<br />

rapidement. Pour y<br />

remédier, le professeur Jörn<br />

Rittweger, chef du département<br />

Métabolisme musculaire<br />

et osseux du Centre<br />

aérospatial allemand (DLR),<br />

développe depuis 2009 des<br />

machines de fitness entre<br />

autres pour l’ISS. Il nous<br />

explique ici, comment se<br />

muscler et transpirer dans<br />

l’espace.<br />

Arrimée au tapis roulant : l’astronaute italienne Samantha<br />

Cristoforetti à bord de la Station spatiale internationale en 2015.<br />

the red bulletin : Avant de<br />

rejoindre le Centre aérospatial<br />

allemand, vous avez<br />

mené des études sur l’alitement.<br />

En quoi cela consistet-il<br />

?<br />

jörn rittweger : Il s’agit d’expériences<br />

sur des sujets alités<br />

pendant plus de soixante<br />

jours durant lesquels nous<br />

testons des protocoles<br />

incluant l’entraînement, l’alimentation<br />

et la stimulation<br />

électrique afin d’éviter la détérioration<br />

physique. Nous pouvons<br />

ainsi simuler nombre de<br />

situations auxquelles les<br />

astronautes sont confrontés<br />

dans l’espace.<br />

Le corps humain et l’apesanteur<br />

ne font pas bon<br />

ménage…<br />

C’est vrai. La gravité est sans<br />

doute le seul facteur environnemental<br />

stable depuis le<br />

début de l’évolution. Tous les<br />

autres éléments ont évolué,<br />

la température de l’air, la composition<br />

gazeuse de l’atmosphère,<br />

le rayonnement UV.<br />

Quels effets produit l’espace<br />

sur le corps des astronautes<br />

?<br />

En quelques jours, les astronautes<br />

éliminent un litre de<br />

liquide sous forme d’urine<br />

pour éliminer le sang qui n’est<br />

plus stocké dans leurs<br />

jambes. Au début, beaucoup<br />

souffrent du « mal de l’espace<br />

». L’apesanteur désactive<br />

« Dans l’espace,<br />

l’entraînement<br />

est crucial<br />

pour la santé<br />

psychique »<br />

Jörn Rittweger,<br />

spécialiste en<br />

physiologie spatiale<br />

Quand la<br />

pesanteur<br />

est abolie<br />

Comment les astronautes<br />

gardent-ils la forme ?<br />

LE MULTIFONCTION<br />

Idéal pour développer les<br />

muscles (squats, banc,<br />

presses, soulevé de terre, etc.),<br />

l’appareil d’exercice contre<br />

résistance (ARED) est le<br />

préféré des astronautes.<br />

Une barre de poids sur deux<br />

colonnes et une résistance<br />

générée par la pression de l’air.<br />

TAPIS ROULANT<br />

Un harnais maintient les<br />

astronautes sur le tapis roulant<br />

pendant leur jogging.<br />

Les vibrations générées par<br />

les pieds sont parfaitement<br />

amorties afin de ne pas endommager<br />

la station spatiale.<br />

MACHINE À SAUT<br />

Les astronautes l’utiliseront<br />

pour simuler les sauts sur<br />

Terre. L’appareil stimule les<br />

muscles extenseurs et fléchisseurs<br />

du dos et des jambes.<br />

La machine est actuellement<br />

développée par le DLR et<br />

entrera en service dans<br />

deux ans.<br />

ESA/NASA FLORIAN OBKIRCHER TOM MACKINGER<br />

84 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

fitness<br />

En attendant<br />

la mise à feu<br />

Trois exercices que l’experte en astrofitness Nora<br />

Petersen, de l’Agence spatiale européenne, prescrit<br />

aux astronautes en vue d’un séjour dans l’espace.<br />

le système d’équilibre dans<br />

l’oreille et tout se dérègle.<br />

Résultat : ils se sentent très<br />

malades.<br />

L’apesanteur affecte-t-elle<br />

également les muscles ?<br />

Oui, l’atrophie musculaire<br />

débute rapidement. Les muscles<br />

n’agissent et ne se renforcent<br />

qu’en présence d’une<br />

force de résistance. Or, dans<br />

l’espace, ils ne sont plus soumis<br />

à la force de gravité,<br />

comme sur Terre. La résistance<br />

disparaît. Sans la force<br />

de gravité, le système physiologique<br />

du corps devient tout<br />

simplement inopérant.<br />

Envoyer des astronautes<br />

bodybuildés dans l’espace<br />

peut être une solution ?<br />

La perte de muscles, d’os et de<br />

volume sanguin n’occasionne<br />

pas de gêne dans l’espace. Les<br />

problèmes commencent au<br />

retour des astronautes sur<br />

Terre. Mais ceux-ci sont bien<br />

pris en charge par les médecins.<br />

En revanche, les choses<br />

se compliquent pour une mission<br />

sur <strong>Mars</strong>, qui peut durer<br />

deux ans et demi. Et à ma<br />

connaissance, le système de<br />

santé sur <strong>Mars</strong> n’est pas<br />

encore au point.<br />

Le métier d’astronaute<br />

semble peu recommandé<br />

pour la santé.<br />

Il le serait assurément si<br />

scientifiques, médecins et<br />

ingénieurs, n’en comprenaient<br />

pas les dangers et ne savaient<br />

pas comment les éviter. D’où<br />

l’importance d’une préparation<br />

physique complète pour<br />

l’espace ayant pour objectifs<br />

de maintenir les astronautes<br />

en bonne santé, et de préparer<br />

au mieux leur retour sur<br />

Terre.<br />

Quelles sont la fréquence, la<br />

durée et l’intensité de cette<br />

préparation ?<br />

Environ deux heures par jour,<br />

six jours sur sept. Cela inclut<br />

la préparation et le suivi. La<br />

préparation physique n’a pas<br />

toujours été une priorité et en<br />

cas de difficultés ou de planning<br />

serré, elle était la première<br />

à être sacrifiée. Mais<br />

ces dernières années, la prise<br />

de conscience quant à son<br />

importance a accru l’attention<br />

qu’on lui accorde.<br />

Outre le matériel utilisé sur<br />

l’ISS, qu’en est-il de la<br />

dimension mentale de la<br />

préparation ?<br />

Dans l’espace, l’entraînement<br />

est crucial pour la santé psychique.<br />

L’exercice physique<br />

sécrète des substances messagères<br />

dans les muscles,<br />

comme l’interleukine-6 ou le<br />

BDNF. La première est nécessaire<br />

à l’équilibre du bilan<br />

énergétique avec le foie et le<br />

tissu adipeux, la seconde l’est<br />

pour le cerveau. Les<br />

recherches montrent que les<br />

structures cérébrales responsables<br />

du comportement sont<br />

altérées en cas d’isolement et<br />

de manque d’exercice. Cela<br />

peut conduire à l’apathie, au<br />

stress et à l’irritabilité. Le<br />

sport réduit le stress et la station<br />

spatiale offre la possibilité<br />

de s’isoler.<br />

À quoi ressemble une séance<br />

de sport en apesanteur ?<br />

Ce n’est pas si différent que<br />

sur Terre. L’entraînement<br />

dans l’ISS nécessite le port<br />

d’un harnais pour éviter de<br />

flotter. Une fois habitués, les<br />

astronautes ne ressentent<br />

aucune différence.<br />

dlr.de (site en anglais)<br />

1. LE CONCOMBRE ROULANT<br />

Objectif : gainage et maîtrise du corps<br />

Mouvement : position allongée, les bras et les jambes tendus de sorte<br />

que seul l’abdomen touche le sol. Rouler de manière contrôlée sur son<br />

propre axe longitudinal sans toucher le sol des pieds ou des mains.<br />

Bras et jambes étirés en permanence. Ajuster l’intensité et le nombre<br />

de répétitions en fonction de l’état de forme.<br />

2. SQUATS AVEC POIDS<br />

Objectif : renforcement général, en particulier les jambes, le dos et<br />

la ceinture abdominale.<br />

Mouvement : effectuer les squats avec la barre sur l’épaule, en gardant<br />

le dos droit, la colonne cervicale neutre et les genoux alignés sur les<br />

orteils. Maintenir la tension du corps pendant le mouvement. Adapter<br />

le poids et le nombre de répétitions selon l’état de forme.<br />

3. LE TIRAGE BARRE<br />

Objectif : renforcement du dos et des épaules<br />

Mouvement : comme pour le soulevé de terre, attraper l’haltère ou<br />

la barre de poids en gardant le dos droit, et la ramener sous la poitrine<br />

dans une position stable, penchée en avant, les jambes fermes et les<br />

coudes près du corps. Adapter le poids et le nombre de répétitions<br />

selon l’état de forme.<br />

THE RED BULLETIN 85


PERSPECTIVES<br />

gaming<br />

AMUSEMENT<br />

C’est l’heure de jouer<br />

Le Game & Watch de Nintendo porte bien son nom : il donne le jeu et l’heure.<br />

Le jeu et l’horloge<br />

unis sur l’affichage<br />

principal. L’horloge<br />

numérique apparaît<br />

dans les graphiques<br />

de Super Mario Bros.<br />

Gunpei Yokoi est célèbre pour<br />

avoir conçu la console Game<br />

Boy originale de Nintendo en<br />

1989 mais ce n’était pas la<br />

première fois que l’inventeur<br />

japonais façonnait la culture<br />

populaire.<br />

Dans les années 70, alors<br />

qu’il était dans un train, Yokoi<br />

a observé un homme d’affaires<br />

tapoter distraitement<br />

sur sa calculatrice pour passer<br />

le temps. Cela lui a donné<br />

l’idée de lancer un jeu intégré<br />

à une montre. Entre 1980 et<br />

1991, soixante consoles<br />

Game & Watch ont été lancées<br />

par Nintendo, chacune<br />

d’elles dotée d’une horloge et<br />

d’un jeu addictif. Des dizaines<br />

de millions d’exemplaires ont<br />

été vendus, amorçant l’ascension<br />

de Nintendo jusqu’à<br />

devenir le géant des jeux qu’il<br />

est aujourd’hui.<br />

Yokoi est mort en 1997<br />

mais son influence se fait<br />

sentir dans nombre de jeux<br />

avec lesquels nous nous<br />

amusons aujourd’hui – la<br />

croix directionnelle sur les<br />

manettes de jeux modernes<br />

est apparue pour la première<br />

fois sur le Donkey Kong<br />

Game & Watch de 1982.<br />

Cette nouvelle version<br />

célèbre le 35 e anniversaire<br />

de Super Mario Bros tout<br />

en présentant une variante<br />

Mario de Ball, le jeu original<br />

de Game & Watch, lancé<br />

il y a quarante ans. Et il<br />

donne toujours l’heure.<br />

nintendo.fr<br />

TIM KENT<br />

86 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

gaming<br />

HITMAN 3<br />

Avancez<br />

en silence<br />

Tel une ombre, l’ex-soldat d’élite<br />

Billy Billingham vous conseille<br />

sur les compétences majeures<br />

en matière de jeux d’infiltration.<br />

GAMESPRESS<br />

Les jeux d’infiltration sont une<br />

espèce rare. Ils sont contreintuitifs<br />

par rapport à nos instincts<br />

en situation de jeu. Ils<br />

demandent au joueur d’éviter<br />

l’action plutôt que de s’y engager,<br />

en se faufilant à travers<br />

des missions sans se faire<br />

repérer. Ghost of Tsushima,<br />

une aventure de samouraïs, et<br />

Marvel’s Spider-Man (tous<br />

deux sur PlayStation) appartiennent<br />

à ce type de jeu. C’est<br />

également le cas de la série<br />

Metal Gear et de la franchise<br />

Hitman. Dans Hitman 3, les<br />

joueurs entreprennent une fois<br />

de plus des missions en tant<br />

que meilleur tueur à gages au<br />

monde, l’agent 47, en choisissant<br />

de se faufiler sans être<br />

détecté ou de donner l’assaut,<br />

les armes à la main.<br />

La première approche permet<br />

de gagner des bonus, et<br />

c’est une attitude qui peut rapporter<br />

gros dans des situations<br />

réelles. Mark « Billy » Billingham<br />

MBE est un ancien soldat<br />

décoré des SAS (Special Air<br />

Service) qui a participé à des<br />

opérations secrètes en Afghanistan<br />

et en Irak ; il a été garde<br />

du corps de stars hollywoodiennes<br />

comme Russell Crowe,<br />

Tom Cruise et Angelina Jolie. Il<br />

est aussi consultant et instructeur<br />

dans l’émission de téléréalité<br />

anglaise SAS: Who<br />

Dares Wins. Il révèle les techniques<br />

qui l’ont gardé en vie et<br />

qui pourraient vous aider vers<br />

la complétion de Hitman 3...<br />

Procédez lentement<br />

« La discrétion est toujours de<br />

mise pour quelque opération<br />

que ce soit - on ne peut rien<br />

contre l’élément de surprise,<br />

dit Billingham. En prenant le<br />

temps d’approcher de quelque<br />

chose à la dérobée, vous prenez<br />

le contrôle. Si vous pouvez<br />

entrer tranquillement, sortez<br />

tranquillement, mais parfois la<br />

vitesse et l’agressivité peuvent<br />

vous aider à obtenir ce dont<br />

vous avez besoin. Pesez le<br />

pour et le contre en vous<br />

basant sur votre intelligence. »<br />

Avancez pratique<br />

« Tout est bien ajusté ? Sans<br />

attaches de velcro ou quoi que<br />

ce soit qui peut faire du bruit<br />

dans vos poches ? Collez<br />

toutes les pièces de métal sur<br />

votre arme avec du ruban<br />

adhésif. Avec un viseur nocturne,<br />

vous aurez une lueur<br />

verte sur le visage. Il faut donc<br />

le dissimuler. Assurez-vous de<br />

savoir sur quel type de sol<br />

vous allez marcher, portez des<br />

chaussures à semelles<br />

souples et ne trimballez pas<br />

un équipement encombrant. »<br />

Soyez silencieux<br />

« Quand il fait nuit, l’ouïe est<br />

votre sens principal. Approchez-vous<br />

de la cible avec le<br />

Au sommet de l’infiltration : l’Agent 47 reprend du service dans le jeu Hitman 3.<br />

vent de face pour éviter que le<br />

bruit ne se transmette. Déplacez-vous<br />

lentement, de 8 à<br />

10 cm à chaque pas, en cherchant<br />

les branches, les filspièges<br />

et tout ce qui pourrait<br />

faire du bruit. Si une patrouille<br />

passe à proximité, contrôlez<br />

votre respiration ou retenez<br />

votre souffle, mais n’oubliez<br />

pas qu’elle sera distraite par<br />

son propre bruit. »<br />

Prêt pour l’action ?<br />

« Nous utilisons ce que nous<br />

appelons un système d’« escalade<br />

». Le point le plus bas de<br />

l’escalade est la discrétion,<br />

mais une fois que vous<br />

Le one-man show de<br />

Billingham, An Audience<br />

with Mark “Billy” Billingham<br />

présente des histoires<br />

inspirantes.<br />

markbillybillingham.com<br />

essayez de passer ce seuil,<br />

par exemple, cela devient<br />

bruyant. Vous devez alors préserver<br />

l’élément de surprise.<br />

L’étape suivante est l’attaque ;<br />

cela pourrait être une entrée<br />

explosive. L’onde de choc de<br />

l’attaque demandera une<br />

seconde à votre cible pour<br />

réaliser ce qui se passe. À ce<br />

moment-là, vous êtes déjà à<br />

l’intérieur. »<br />

Restez serein<br />

« Passer beaucoup de temps<br />

en mode furtif peut être<br />

contre-productif - cela vous<br />

met sur les nerfs. Votre cœur<br />

s’emballera et votre corps réagira<br />

là où il y a du danger et de<br />

la peur. Mais vos sens seront<br />

plus aiguisés. Beaucoup<br />

d’opérations sont invisibles et<br />

inaudibles, mais il est pratiquement<br />

impossible de s’approcher<br />

de quelqu’un et de<br />

l’assommer. L’élément de surprise<br />

vous amènera à une<br />

étape, puis il faudra peut-être<br />

qu’il y ait du bruit. »<br />

Hitman 3 sur Stadia, Windows,<br />

Nintendo Switch, PlayStation<br />

et Xbox ; hitman.com<br />

THE RED BULLETIN 87


PERSPECTIVES<br />

à vous de jouer<br />

EN MODE PRO<br />

Dans l’élite<br />

du babyfoot<br />

Loin d’être un simple jeu de bistrot, le babyfoot<br />

est une activité sérieuse et compte parmi ses<br />

aficionados des athlètes de classe mondiale.<br />

J-P Thompson s’entiche<br />

du babyfoot à l’adolescence<br />

à Nantes. Il n’est<br />

alors qu’un joueur de<br />

bar moyen abusant de la roulette,<br />

une pratique contraire<br />

aux règles. Il joue sur des<br />

tables bancales mal éclairées,<br />

dont l’instabilité décide souvent<br />

de l’issue du match.<br />

Un quart de siècle plus<br />

tard, Thompson a fait de ce<br />

sport son métier avec une<br />

seule certitude : le foosball,<br />

sa dénomination originale<br />

dérivée, paraîtrait-il, de l’allemand<br />

fußball, mérite d’être<br />

reconnu comme étant plus<br />

Le snake<br />

shot<br />

Comment maîtriser<br />

ce coup gagnant.<br />

5<br />

La roulade à 340°<br />

expédie le ballon avec<br />

force dans le but.<br />

qu’un jeu de bistrot. « Beaucoup<br />

ignorent que ce sport<br />

requiert de réelles compétences,<br />

explique ce passionné<br />

de 39 ans, aujourd’hui basé à<br />

Londres. Lorsque vous<br />

contrôlez la balle et interdisez<br />

la roulette, cela devient un jeu<br />

de stratégie en temps réel,<br />

exigeant des aptitudes physiques<br />

et mentales. » Une exigence<br />

qu’atteste l’attelle au<br />

poignet de Thompson, conséquence<br />

d’une entorse lors<br />

d’un tournoi qu’il a remporté.<br />

Son projet est de populariser<br />

ce sport grâce au Foosball<br />

Club – un espace dédié au<br />

nord de Londres et ses quatre<br />

tables aux normes de la fédération<br />

internationale de football<br />

de table et fabriquées par<br />

le leader italien Garlando.<br />

« C’est la vitrine de ce sport,<br />

poursuit-il. Dans certains<br />

endroits, les conditions de jeu<br />

sont déplorables, les poignées<br />

des tables sont tordues, les<br />

balles abîmées, les barres non<br />

huilées et l’éclairage absent. »<br />

Le babyfoot a sa propre<br />

fédération et donc des joueurs<br />

pros. Dans les années 80, un<br />

championnat offrait un million<br />

de dollars au champion, et en<br />

tournoi les récompenses pouvaient<br />

comprendre une Porsche<br />

911. Dans le bar et le restaurant<br />

du Foosball Club, les<br />

écrans diffusent des vidéos<br />

des stars du baby. Thompson<br />

cite Robert Mares, un pro au<br />

Colorado : « Si vous donnez<br />

une guitare à quelqu’un, il n’en<br />

4<br />

Bloquez la<br />

poignée pour<br />

éviter la roulette<br />

(interdite) à 360°.<br />

Étape 1<br />

Bloquez le ballon<br />

avec les pieds posés<br />

juste au-dessus<br />

de la balle.<br />

2<br />

Placez le poignet sur<br />

la poignée et déplacez<br />

la balle latéralement<br />

face au but.<br />

3<br />

Faites glisser le<br />

poignet pour exécuter<br />

la roulade arrière.<br />

Prendre son pied : le Franco-<br />

Britannique J-P Thompson,<br />

fondateur du Foosball Club,<br />

au nord de Londres.<br />

verra le potentiel que s’il voit<br />

quelqu’un en jouer. »<br />

Le jeu vidéo Pac-Man met<br />

fin à l’âge d’or du babyfoot,<br />

mais le niveau pro résiste. Ses<br />

règles clés incluent la victoire<br />

au premier qui marque cinq<br />

buts, la roulette est interdite,<br />

un but encaissé donne droit<br />

à engager, et la technique<br />

demeure capitale comme l’illustre<br />

le snake shot. Ce coup<br />

qui augmente la puissance<br />

d’un tir en faisant tourner la<br />

poignée avec le poignet (voir<br />

à gauche) a été popularisé par<br />

le joueur américain Terry<br />

Moorea et a contribué à raviver<br />

l’intérêt pour le jeu.<br />

En 2006, Thompson<br />

conduit la toute première<br />

équipe nationale britannique<br />

aux championnats du monde<br />

ITSF Bonzini en France :<br />

« Nous découvrons un stade<br />

avec 100 tables et plus de<br />

500 participants. L’équipe ne<br />

fait pas long feu, mais ce<br />

stade a changé ma vie. »<br />

Thompson quitte son emploi<br />

d’analyste commercial et crée<br />

un championnat de babyfoot<br />

à Londres, fédérant une communauté<br />

dynamique dans<br />

toute la ville. En 2016, il<br />

conseille Lionel Messi à l’occasion<br />

d’une publicité de<br />

chips Walkers Crisps, devenant<br />

ainsi l’un des rares au<br />

monde à avoir expliqué à l’Argentin<br />

comment jouer au foot.<br />

« Le babyfoot est une histoire<br />

de passion et d’envie<br />

de rendre justice au potentiel<br />

du jeu, souligne Thompson.<br />

Jouer comme un pro n’est<br />

pas une fin en soi, mais la<br />

maîtrise décuple le plaisir.<br />

On en devient accro dès<br />

qu’on y prend goût. »<br />

foosballclub.co.uk<br />

CHRISTINA LOCK STUART KENNY<br />

88 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

au programme<br />

déjà disponible<br />

GAMBLE<br />

« Un film sur le vélo de<br />

montagne »… Lâchez<br />

les plus acharnés des<br />

descendeurs en mode<br />

no limit, et qu’est-ce<br />

que vous obtenez ? De<br />

la vitesse brute, une<br />

bande-son percutante<br />

et des spots vierges<br />

qui ne le resteront pas<br />

longtemps.<br />

DUNCAN PHILPOTT, CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL,<br />

GASTON FRANCISCO/RED BULL CONTENT POOL, TETON GRAVITY RESEARCH<br />

déjà disponible<br />

THE LAST<br />

ASCENT<br />

Will Gadd de retour sur<br />

le Kilimandjaro… Il y a<br />

six ans, Will Gadd a<br />

fait plusieurs premières<br />

ascensions<br />

des tours de glace<br />

du Kilimandjaro.<br />

Aujourd’hui, alors<br />

que l’emblématique<br />

calotte glaciaire de la<br />

montagne disparaît<br />

rapidement, il y retourne<br />

pour faire une<br />

dernière ascension.<br />

déjà disponible<br />

SKATE TALES<br />

Pour certains, le skateboard est un mode de vie. Dans cette série, le skateur Madars Apse voyage<br />

dans le monde entier pour faire du skate avec des gens qui poussent la culture du skateboard<br />

à leur manière et pour apprendre d’eux.<br />

déjà disponible<br />

MAKE<br />

BELIEVE<br />

Le film Make Believe<br />

célèbre les athlètes<br />

qui allient imagination<br />

et engagement, qui<br />

ont choisi de vivre<br />

leur vie d’une manière<br />

particulière, de la<br />

conception à la réalité,<br />

et qui choisissent<br />

de faire et de croire<br />

en leurs rêves.<br />

THE RED BULLETIN 89


MATOS<br />

vélo<br />

Pourvu que<br />

ça roule !<br />

Le vélo est l’une des pratiques les plus adaptées à<br />

nos temps incertains. Voici une sélection de matos<br />

que l’on vous souhaite d’utiliser en toute liberté.<br />

Texte PATRICIA OUDIT<br />

Pour les kings du single<br />

BMC Fourstroke 01 LT TWO<br />

Si les single tracks (monotraces), c’est votre truc,<br />

que vous n’êtes accro ni au chrono ni à la perf,<br />

mais que vous avez un gros niveau d’enthousiasme,<br />

ce vélo vous permettra d’exceller lorsque le contrôle<br />

et l’adhérence comptent autant que la puissance et<br />

l’efficacité. 5 999 € ; fr-fr.bmc-switzerland.com<br />

CÔTÉ VTT<br />

Une montée…<br />

MOUSTACHE Samedi 29 Trail 8<br />

… ce n’est qu’une descente qui a mal tourné ! Grâce<br />

à sa géométrie équilibrée et à sa cinématique de<br />

suspension exclusive, ce Moustache est aussi à l’aise<br />

en montée qu’en descente, aussi stable que maniable,<br />

aussi fun qu’efficace. Et merci à son moteur Bosch<br />

Performance Line CX. 5 999 € ; moustachebikes.com<br />

Sac coule de source<br />

CAMELBACK H.A.W.G. Pro 20<br />

Plus de stress lors des sorties engagées.<br />

Un nylon Ripstop protège ce sac-gourde<br />

des potentiels dommages liés aux chutes<br />

et autres égratignures de la nature. Une<br />

durabilité maximale associée à une capacité<br />

de stockage légèrement supérieure à<br />

20 litres, suffisante pour vos essentiels.<br />

169,99 € ; camelbak.com<br />

Crâne au top<br />

SMITH Mainline<br />

C’est le tout premier casque intégral de la marque,<br />

qui y a passé plus de deux ans de recherche et de<br />

développement. Conçu en étroite collaboration avec<br />

ses athlètes enduro, il est taillé pour les descentes<br />

mouvementées, et offre une sécurité optimale et<br />

un confort inégalé. 300 € ; smithoptics.com/fr<br />

Sortez masqué<br />

KENNY Ventury Phase 1<br />

La phase 1 est la version la plus économique<br />

du masque VENTURY. Elle comprend<br />

le masque avec l’ensemble de ses<br />

éléments techniques, et est livrée avec<br />

une monture de couleur unie et un écran<br />

iridium de série. Vous trouverez également<br />

dans sa boîte une housse de protection.<br />

89,95 € ; kenny-racing.com<br />

90 THE RED BULLETIN


MATOS<br />

vélo<br />

Le choix ultime<br />

CANNONDALE Scalpel Carbon LTD<br />

Attaquer là où les autres ne peuvent pas. Accrocher<br />

quand les autres glissent. Sa suspension est la plus<br />

avancée jamais réalisée pour le cross-country. Suspension<br />

révolutionnaire + géométrie agressive + poids plume<br />

= vélo de XC ultime. 6 999 € ; cannondale.com/fr-fr<br />

FABIO PIVA<br />

THE RED BULLETIN 91


À FOND<br />

DE GRAVEL<br />

MATOS<br />

vélo<br />

Ride agressif<br />

BMC URS 01 Two<br />

Son cadre super-léger est conçu pour la compétition et sa géométrie Gravel optimisée pour<br />

un pilotage moderne et agressif. Ce modèle présente un angle de chasse ouvert à 70 ° pour une<br />

partie avant et un empattement longs, gages de stabilité. 6 499 € ; fr-fr.bmc-switzerland.com<br />

Stabilité tous terrains<br />

SPECIALIZED Diverge Sport Carbon<br />

Ici, on a augmenté l’allonge du cadre, ouvert<br />

l’angle de direction et accru le déport de fourche,<br />

ce qui en fait un vélo extrêmement rassurant.<br />

Une potence plus courte permet d’équilibrer la<br />

longueur totale sur le vélo, rapprochant le poste<br />

de pilotage pour conserver une direction agile<br />

sur la route. 3 499 € ; specialized.com/fr/fr<br />

La définition du confort<br />

MOUSTACHE Dimanche 29.5<br />

Grâce à un cadre aluminium haut de gamme,<br />

et à un centre de gravité abaissé maximum, ce<br />

modèle délivre une sensation de pur confort.<br />

Sa fourche carbone et ses haubans absorbent<br />

les vibrations. Quant au moteur, il peut délivrer<br />

3 fois votre puissance et ce jusqu’à 600W.<br />

4 499 € ; moustachebikes.com<br />

Efforts optimisés<br />

POLAR Vantage V2<br />

Personnalisation des zones de fréquence cardiaque,<br />

de vitesse et de puissance, test Leg<br />

Recovery (récupération des jambes) pour comprendre<br />

comment le corps réagit à l’entraînement :<br />

un modèle multisport développé en collaboration<br />

avec des athlètes de renom. 499 € ; polar.com<br />

KingPin, kesako ?<br />

CANNONDALE Topstone<br />

Carbone Lefty 3<br />

Il s’agit d’une technologie de suspension<br />

révolutionnaire, pour une<br />

conduite plus radicale sur les chemins<br />

de terre et plus confortable sur<br />

la route. Associée à des roues de<br />

27,5’’ à haut volume, cela donne le<br />

vélo le plus polyvalent et confortable<br />

jamais conçu par la marque.<br />

4 199 € ; cannondale.com/fr-fr<br />

Pas de coup de la panne<br />

SPECIALIZED S-Works Turbo Creo SL EVO<br />

C’est l’un des vélos électriques les plus légers de<br />

sa catégorie. Son cadre en carbone et son moteur<br />

poids plume développant jusqu’à 240 watts d’une<br />

assistance puissante et silencieuse. Et aucun<br />

risque de tomber en panne avec ses quasi 130 km<br />

d’autonomie maximale de sa batterie interne.<br />

12 499 € ; specialized.com/fr/fr<br />

92 THE RED BULLETIN


MATOS<br />

vélo<br />

No speed limit<br />

JULBO Fury<br />

Cette monture racée à l’écran cylindrique et<br />

photochromique au large champ de vision taillé<br />

pour la vitesse bénéficie d’un maintien total grâce<br />

aux grips de nez et de branches. Ventilation optimale<br />

du visage. S’adapte sous tous les casques.<br />

95 € ; julbo.com<br />

Haute énergie<br />

SIDI Sixty<br />

Pour fêter les soixante ans de la marque, un modèle<br />

au design minimaliste favorisant l’aérodynamisme,<br />

doté d’une semelle en carbone légère et résistante<br />

qui fournit le maximum d’énergie à votre<br />

coup de pédale. Le tout assorti d’un système de<br />

fermeture renforcé par des velcros haute-sécurité.<br />

339,95 € ; sidi.com<br />

POUR LA<br />

ROUTE<br />

Aérodynamisme<br />

Bluetooth<br />

CUBE Litening C:68X SLT<br />

carbon´n´prizmblack<br />

Pas moins de 30 % de réduction de prise au vent :<br />

c’est la promesse de ce cadre en carbone hightech<br />

équipé d’un groupe sans fil mettant à portée<br />

de doigts changement de vitesses précis et<br />

freinage puissant. Son nouveau jeu de roues<br />

complète l’aérodynamisme. 7 599 € ; cubebikes.fr<br />

Armure antigel<br />

ODLO Zeroweight Ceramiwarm<br />

Thermorégulation et respirabilité supérieures<br />

sont les maîtres-mots de cette veste qui protège<br />

sans jamais compromettre la flexibilité.<br />

Un vrai bonus que d’avoir la quantité de chaleur<br />

nécessaire pour profiter du plein air et être<br />

performant sans jamais se soucier du froid.<br />

85 € ; odlo.com<br />

Flex au top<br />

CANNONDALE SuperSix EVO<br />

Hi-MOD Disc Ultegra<br />

Ses nouvelles bases arrière, son<br />

collier intégré et sa tige de selle augmentent<br />

la souplesse de 18 % par<br />

rapport au cru précédent. Afin de<br />

trouver l’équilibre entre légèreté et<br />

aérodynamisme, ce modèle est doté<br />

d’une nouvelle gamme de tubes au<br />

profil tronqué réduisant la traînée.<br />

5 299 € ; cannondale.com/fr-fr<br />

Protection garantie !<br />

GIRO Helios Spherical<br />

Une conception sphérique à l’ergonomie parfaite,<br />

façon « rotule », a été associée à un système optimisant<br />

la redirection des forces en cas d’impact.<br />

Au-delà de la protection avancée de la tête, quinze<br />

aérations offrent une capacité de refroidissement<br />

exceptionnelle. Rembourrage antimicrobien en<br />

mousse. 249,95 € ; giro.com<br />

THE RED BULLETIN 93


MATOS<br />

vélo<br />

Independance Day<br />

CANNONDALE Adventure Neo 3 EQ<br />

Une autonomie de 120 km pour une seule<br />

charge : voici de quoi prendre le large sur un<br />

vélo qui présente une belle alchimie entre fonctionnalité<br />

et plaisir, confort et capacité. Avec<br />

lui, même la vitesse devient stylée.<br />

2 699 € ; cannondale.com/fr-fr<br />

ÉLECTRIQUES<br />

ET VILLE<br />

Circuits courts<br />

B’TWIN ELOPS 120 E<br />

Il est tout équipé (porte-bagages,<br />

garde-boue, éclairage intégré, etc.)<br />

et conçu pour les déplacements<br />

courts en ville (batterie à recharger<br />

tous les jours). Moteur roue arrière<br />

36 volts, 250 watts, avec un couple<br />

de 35 Nm max. 799 € ; decathlon.fr<br />

Aristo-vélo<br />

RAYVOLT Ambassador<br />

Vingt kilos et 250 watts d’une élégance sobre qui flirte avec le non conventionnel,<br />

pour aboutir à un look hésitant entre rétro et le néo-classique :<br />

on s’imagine parcourir fièrement la ville à son guidon, celui du plus<br />

mythique modèle de la marque. 3 650 € ; rayvoltbike.com<br />

Fixie à bon prix<br />

B’TWIN Speed 500 ELOPS<br />

Un look de single speed (une seule vitesse) mais avec les fonctions<br />

utilitaires du vélo de ville. Des pneus larges avec une bonne accroche.<br />

Un bon compromis urbain, agile, rapide et compatible pour une utilisation<br />

fixie grâce à son moyeu flip/flop (en achetant pignon fixe + contre-écrou).<br />

230 € ; decathlon.fr<br />

94 THE RED BULLETIN


MATOS<br />

vélo<br />

L’urbain dopé<br />

LE VÉLO MAD Le Sport<br />

Il s’agit d’une conduite sportive, car portée<br />

par une position vers l’avant pour le conducteur.<br />

Quant au cadre fermé, la barre centrale et<br />

le guidon droit, ils forment un ensemble racé.<br />

Puissance : 250 watts, autonomie moyenne :<br />

50 km. 1 790 € ; levelomad.com<br />

VAE stylé<br />

ELECTRA Navigator Go<br />

Le tout dernier Beach Cruiser de<br />

la marque. Son moteur central de<br />

250 watts fournit une alimentation<br />

fiable. Les pneus 26’’ x 2,8’’ contribuent<br />

au confort, ainsi que ses freins<br />

à disque hydrauliques avant et arrière<br />

qui assurent des arrêts en douceur.<br />

3 299 € ; electra.trekbikes.com<br />

Le vélo du futur ?<br />

CANYON Precede On<br />

Designers et ingénieurs ont recherché la fonctionnalité maximale<br />

pour un usage quotidien, et une circulation urbaine facilitée. Cela a fait<br />

mouche puisque ce vélo a remporté le German Design Award 2021.<br />

Le puissant moteur Bosch et la batterie intégrés au cadre rendent<br />

le tout très esthétique. 4 299 € ; canyon.com<br />

Vélotaf hybride<br />

NAKAMURA E-Summit SUV<br />

Le vélo de ville au cadre dynamique qui convient aux vététistes !<br />

Son moteur central peut développer un couple de 80 Nm (Newton mètre)<br />

permettant de s’attaquer aux côtes les plus raides sans effort. Petit plus :<br />

sa déco réfléchissante et un allumage automatique des feux pour les<br />

virées nocturnes. 1 799 € chez Intersport ; nakamura.fr<br />

THE RED BULLETIN 95


MENTIONS LÉGALES<br />

THE RED<br />

BULLETIN<br />

WORLDWIDE<br />

The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

est actuellement<br />

distribué dans six pays.<br />

Vous découvrez ici la<br />

une de l’édition US, avec<br />

le basketteur des 76ers<br />

de Philadelphie, Matisse<br />

Thybulle.<br />

Le plein d’histoires<br />

hors du commun sur<br />

redbulletin.com<br />

Les journalistes de SO PRESS n’ont<br />

pas pris part à la réalisation de<br />

The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>. SO PRESS n’est<br />

pas responsable des textes, photos,<br />

illustrations et dessins qui engagent<br />

la seule responsabilité des auteurs.<br />

Direction générale<br />

Alexander Müller-Macheck, Sara Car-Varming (adj.)<br />

Rédacteurs en chef<br />

Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.)<br />

Direction créative<br />

Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.)<br />

Direction artistique<br />

Marion Bernert-Thomann, Miles English,<br />

Tara Thompson<br />

Maquette<br />

Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll<br />

Rédaction photo<br />

Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.),<br />

Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör<br />

Rédaction web<br />

Christian Eberle-Abasolo (dir.),<br />

Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan<br />

Projets spécifiques<br />

Florian Obkircher, Arkadiusz Piatek<br />

Gestion de la rédaction<br />

Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann<br />

Gestion de l’édition<br />

Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Anna Wilczek<br />

Directeur exécutif<br />

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Directeur Ventes médias & Partenariat<br />

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Directrice de Co-édition<br />

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(communication)<br />

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Rédaction Co-édition<br />

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Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis,<br />

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Finances Mariia Gerutska (dir.), Klaus Pleninger<br />

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Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham,<br />

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Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />

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Autriche, ISSN 1995-8838<br />

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Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />

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Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />

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96 THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN<br />

Retrouvez votre prochain numéro en mars en abonnement avec et avec ,<br />

dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.<br />

AARON BLATT / RED BULL CONTENT POOL


Pour finir en beauté<br />

Vous allez voir triple<br />

Pour son dernier projet With or Without Snow, le speedrider français Valentin Delluc<br />

réinvente avec humour sa spécialité (un mélange audacieux de vol et de ski).<br />

En mal de neige, fin 2020, profitant des derniers beaux jours, il est parti voler entre<br />

les massifs des Hautes-Alpes et la vallée des Écrins, jusqu’au lac de Serre-Ponçon.<br />

Le voici qui arrive à destination, passant en mode ski nautique ! Vidéo sur redbull.com<br />

Le prochain<br />

THE RED BULLETIN<br />

sortira le<br />

25 mars 2021.<br />

OLIVER GODBOLD/RED BULL CONTENT POOL<br />

98 THE RED BULLETIN

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