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360° magazine / mai 2021

No.203 CINÉMA

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LITTÉRATURE<br />

A B<br />

C<br />

La journaliste française Marie Kirschen,<br />

rédactrice en chef de la revue lesbienne<br />

aWell Well Well, présente avec son essai<br />

aHerstory un concentré en forme d'abécédaire<br />

des grands débats du mouvement<br />

féministe d'hier et d'aujourd'hui.<br />

Propos<br />

recueillis par<br />

Annabelle<br />

Georgen<br />

FÉMI-<br />

NISTE<br />

MENACE LAVANDE<br />

À la fin des années 1960 et au début des années 1970,<br />

de nombreuses lesbiennes étaient confrontées à de la<br />

lesbophobie au sein des collectifs. Déjà parce qu’elles<br />

étaient complètement invisibilisées : les revendications<br />

mises en avant à cette époque, comme la contraception,<br />

l’avortement ou la répartition des tâches ménagères,<br />

concernaient avant tout les femmes* hétéros.<br />

Les problèmes spécifiques aux lesbiennes étaient peu<br />

discutés. Il leur arrivait aussi d’être confrontées à des<br />

remarques lesbophobes. Ainsi, aux États-Unis, Betty<br />

Friedan, une des figures majeures de l’époque, parlait<br />

carrément des lesbiennes comme d’une « menace lavande<br />

». Elle avait peur qu’elles donnent une mauvaise<br />

image du mouvement, et voulait les contraindre au placard,<br />

voire les exclure ! En réaction, en <strong>mai</strong> 1970, un petit<br />

groupe de lesbiennes a organisé un happening lors du<br />

deuxième Congrès pour unir les femmes* : vêtues de<br />

t-shirts « lavender menace », elles ont pris le micro et<br />

revendiqué leur légitimité. L’action a été un vrai succès<br />

et a contribué à réaffirmer la place des lesbiennes dans<br />

les mouvements féministes.<br />

BADASS<br />

Ce mot est assez intraduisible en français. Il veut à<br />

la fois dire « casse-cou » ou « intrépide », et « qui déchire<br />

»… Une femme* « badass » peut l’être grâce à<br />

sa force et à son courage physique, <strong>mai</strong>s aussi parce<br />

qu’elle a bataillé pour pouvoir faire ce qu’elle souhaitait.<br />

Avoir toute sa place dans des milieux considérés<br />

comme « masculins », par exemple. En définitive, ce mot<br />

sert surtout à célébrer des femmes* courageuses, et<br />

c’est pour ça que je l’aime beaucoup.<br />

WOMANISM<br />

TERF<br />

Récemment, on a beaucoup parlé de la transphobie<br />

de certaines féministes, les TERF, qui refusent de<br />

considérer les femmes trans* comme des femmes.<br />

Malheureusement, ces débats ne sont pas nouveaux :<br />

dès les années 1970, des discours visant à exclure les<br />

femmes trans* des espaces de femmes non-mixtes ont<br />

émergé. C’est une blogueuse féministe qui, en 2008, a<br />

popularisé le terme de TERF, signifiant « Trans exclusionary<br />

radical feminists » (« féministes radicales excluant<br />

les trans »). Celles qui sont ainsi désignées considèrent<br />

généralement qu’il s’agit d’une insulte et d’un discours<br />

haineux, <strong>mai</strong>s le but de l’acronyme était simplement de<br />

pouvoir distinguer les féministes excluant les femmes<br />

trans* de celles qui ne les excluent pas.<br />

NOT ALL MEN<br />

Ah, le fameux « pas tous les hommes » ! Lorsque vous<br />

dénoncez un aspect de la domination masculine,<br />

comme par exemple le harcèlement de rue, les viols<br />

ou les violences conjugales, il est extrêmement courant<br />

qu’un homme estime important d’intervenir pour spécifier<br />

que « tous les hommes ne sont pas comme ça ».<br />

Si cette objection est sacrément agaçante, c’est parce<br />

que, non seulement elle enfonce une porte ouverte,<br />

<strong>mai</strong>s surtout elle change le sujet de la conversation:<br />

plutôt que de trouver des moyens pour combattre ces<br />

injustices, on se retrouve à discuter des hommes qui<br />

sont des mecs biens, ce qui ne règle vraiment pas le<br />

problème. D’où les railleries des féministes contre ceux<br />

qui s’empressent de sortir leur carte « not all men »...<br />

alors qu’elles aimeraient surtout qu’ils s’empressent<br />

de lutter contre le sexisme avec autant de ferveur !<br />

Herstory – Histoire(s) des féminismes,<br />

Marie Kirschen et Anna Wanda Gogusey,<br />

Éditions La Ville brûle, <strong>2021</strong>, 264 p.<br />

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« Une<br />

question ?»<br />

drgay.ch<br />

J'ai eu des rapports sexuels<br />

protégés avec un homme dont<br />

le partenaire est atteint d'une<br />

infection à chlamydia. Il m'a dit<br />

aujourd'hui qu'il ne connaissait<br />

pas encore le résultat de son test<br />

<strong>mai</strong>s qu'il avait été traité. Dois-je<br />

me faire soigner aussi ou puis-je<br />

encore attendre son résultat ?<br />

Malheureusement, les IST se transmettent très facilement<br />

y compris lors de fellations ou de corps à<br />

corps. Par ailleurs, l’utilisation du préservatif pour les<br />

pénétrations n’est pas suffisante pour éviter la transmission<br />

d’IST. La majorité d’entre-elles peut rester<br />

longtemps sans symptôme évident. Ainsi, beaucoup<br />

de personnes sont porteuses d’une IST sans le savoir<br />

et peuvent la transmettre sans s’en rendre compte.<br />

C’est pourquoi, il est recommandé d’être vacciné·x·e<br />

lorsque cela est possible (hépatites A et B, HPV) et,<br />

de faire régulièrement un dépistage des IST majeures<br />

si l’on n’est pas dans une relation stable exclusive<br />

sexuellement.<br />

Il est tout aussi important d’informer ses partenaires<br />

en cas de diagnostic. Les partenaires direct·e·x·s des<br />

15 à 30 derniers jours d’une personne diagnostiquée<br />

pour une infection bactérienne (chlamydia comme<br />

gonorrhée ou syphilis) peuvent être traité·x·e·s d’office.<br />

Les autres partenaires et leurs propres partenaires<br />

pourront faire un dépistage afin de confirmer ou<br />

d’exclure une infection. Ce n’est qu’ensemble que<br />

nous parviendrons à rompre les chaines de transmission<br />

et à réduire le nombre de bactéries/virus en circulation<br />

dans nos communautés.<br />

Marie Kirschen © Emilie Deville<br />

Ce terme vient d’un texte d’Alice Walker datant de 1983.<br />

L’autrice de La Couleur pourpre l’utilise pour désigner<br />

« une féministe noire ou une féministe de couleur ».<br />

Elle explique qu’il n’est pas question de dire que le womanism<br />

est « meilleur » que le féminisme, <strong>mai</strong>s qu’elle<br />

l’a choisi « parce qu’elle préfère le son, le toucher, la<br />

manière dont il lui parle ». L’histoire du féminisme a, en<br />

effet, été marquée par de nombreux problèmes de racisme<br />

en son sein, et certaines femmes* peuvent avoir<br />

plus de facilité à s’identifier à ce néologisme.<br />

Cher Dr Gay<br />

A quelle fréquence faire mes dépistages ?<br />

La réponse ici ↓<br />

26 CULTURE<br />

360 MAI <strong>2021</strong> N 203 CULTURE<br />

27

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