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syndicom magazine No.25

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Ma réalité quotidienne est au cœur de<br />

ma position artistique militante. »<br />

Nistiman Erdede est né en 1979 en Turquie,<br />

dans la partie nord de la région<br />

kurde. Avant de se réfugier en Suisse<br />

en 2008, il a exercé à l’hôpital municipal<br />

de Dyarbakir en tant qu’analyste de<br />

laboratoire médical. Il travaillait aussi<br />

pour divers médias et ONG étrangères.<br />

En raison de cette activité, il a été<br />

arrêté à plusieurs reprises. C’est aussi<br />

pourquoi il s’est ensuite enfui vers la<br />

Suisse, où il a attendu six ans avant de<br />

recevoir une décision positive en matière<br />

d’asyle. Pendant ce temps, grâce<br />

au soutien de fondations privées, il a<br />

pu commencer un bachelor à la Haute<br />

école d’art de Zurich, achevé avec succès<br />

en 2016. Nistiman vit et travaille à<br />

Zurich comme artiste, journaliste radio<br />

et concepteur de textes. Depuis 2016,<br />

il est membre de <strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Idris Djelid<br />

Image : Patrick Gutenberg<br />

« Je traite mon vécu<br />

au travers de l’art. »<br />

« J’ai achevé une formation de technicien<br />

chimiste, accumulé de l’expérience<br />

comme laborantin médical,<br />

obtenu un diplôme et un stage dans<br />

la médiation culturelle et je ne trouve<br />

pourtant aucun emploi. J’ai l’impression<br />

que de nombreux employeurs<br />

sont très réticents à engager des réfugié-e-s.<br />

Un grand nombre de personnes<br />

réfugiées très qualifiées ont<br />

de mauvaises perspectives sur le<br />

marché du travail en Suisse. Pour<br />

commencer, un diplôme étranger<br />

n’est souvent pas reconnu en Suisse.<br />

Malheureusement, la Suisse se prive<br />

ainsi d’un fort potentiel. La langue<br />

constitue elle aussi un gros obstacle.<br />

Dans mon cas, j’ai eu la chance de<br />

pouvoir suivre plusieurs cours<br />

d’allemand grâce à la Croix-Rouge et<br />

plusieurs fondations.<br />

Après mon arrivée en Suisse,<br />

j’ai vite réalisé que je n’aurais guère<br />

l’opportunité de travailler à nouveau<br />

comme laborantin médical. Les événements<br />

subis dans mon pays et l’expérience<br />

de l’asile m’ont alors amené<br />

à traiter mon vécu dans l’art. C’est<br />

ainsi que j’ai achevé avec succès des<br />

études d’art. Les thèmes de la migration,<br />

de l’intégration, du racisme et<br />

de la décolonisation entourent mes<br />

activités et créations artistiques.<br />

Actuellement, je travaille au projet<br />

d’exposition « Fractured Spine –<br />

Widerstand durch Sichtbarkeit von<br />

Zensur in Journalismus & Kunst »<br />

(La résistance par la visibilité de la<br />

censure dans le journalisme et l’art)<br />

pour l’association Migrart. Ce projet<br />

est censé montrer comment les artistes<br />

expriment des formes spécifiques<br />

de résistance dans le domaine<br />

de l’art. Les œuvres que je souhaite<br />

présenter visent à illustrer le thème<br />

des droits de l’homme, du droit à la<br />

liberté d’expression et de sa violation<br />

par la répression étatique.<br />

Je considère que l’exposition<br />

d’œuvres qui confrontent des réalités<br />

contraires aux droits humains<br />

avec des moyens et stratégies artistiques<br />

contribue grandement à la<br />

discussion. En temps de crise notamment,<br />

les conflits autour des droits<br />

humains en vigueur prennent de<br />

l’ampleur. Par exemple, le soutien<br />

financier de la Suisse à l’agence européenne<br />

de garde-frontières et de<br />

garde-côtes Frontex, qui refoule de<br />

manière illégale des migrant-e-s en<br />

mer Egée. Ou le non-respect des<br />

mesures COVID au sein des centres<br />

d’hébergement pour requérant-e-s<br />

d’asile. Ces conflits ébranlent<br />

l’image de la Suisse en tant que pays<br />

des droits de l’homme.<br />

Les différentes crises et mes expériences<br />

m’ont non seulement beaucoup<br />

appris, elles m’ont aussi permis<br />

de développer une attitude créative.<br />

Ma réalité quotidienne est le point<br />

de départ de mon engagement et se<br />

trouve au cœur de ma position artistique<br />

militante. Je souhaite représenter<br />

cette position dans ce projet d’exposition,<br />

qui se tiendra du 28 octobre<br />

au 17 novembre au Photobastei à<br />

Zurich – sauf si je dois à nouveau la<br />

repousser en raison de la pandémie. »<br />

L’exposition : migrart.ch/fractured-spine<br />

Site personnel de Nistiman : nistiman.ch

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