La Bible Aujourd'hui ! [hiver 2021]
La Bible Aujourd'hui ! est le magazine d'information de la Société biblique francophone de Belgique. Au sommaire de cette édition : Edito / Préparer, emballer, expédier / 191,6 millions / Babel / La Parole, au contact / Raison et sentiments / Le récit et ses héros / Bref
La Bible Aujourd'hui ! est le magazine d'information de la Société biblique francophone de Belgique. Au sommaire de cette édition : Edito / Préparer, emballer, expédier / 191,6 millions / Babel / La Parole, au contact / Raison et sentiments / Le récit et ses héros / Bref
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
#BibleBelgique
2021/4
ÉDITO C • PRÉPARER, EMBALLER, EXPÉDIER D • 191,6 MILLIONS E
BABEL G • LA PAROLE, AU CONTACT I • RAISON ET SENTIMENTS M
LE RÉCIT ET SES HÉROS O • BREF Q
Société biblique
francophone de Belgique
Galerie Bernard
Boulevard Joseph Tirou 139
6000 Charleroi
___________________________
Périodique trimestriel
N° d’agréation 101014
Hiver 2021
Bureau de dépôt Charleroi X
La Bible aujourd’hui est le journal
d’information de la Société biblique
francophone de Belgique (SBFB). Il est
envoyé à tous ceux qui le demandent et
qui désirent soutenir l’oeuvre biblique.
L’a.s.b.l. a pour objet la diffusion de la
Bible au sens le plus large dans les communautés
française et germanophone
de Belgique, ainsi qu’au Grand-Duché du
Luxembourg.
Éditeur responsable
Vincent Beckers
Galerie Bernard
Boulevard Joseph Tirou 139
6000 Charleroi
direction@la-bible.be
Rédaction
Vincent Beckers|direction@la-bible.be
Mise en page www.bigbangcom.be
Photographies Vincent Beckers / ABU
Impression Onlineprinters
Routage & expédition
Ateliers Cambier
Vos dons sont reçus aux comptes
bpost banque
BE15 0000 5561 3130
BNP Fortis
BE30 0013 5223 9311
Tél. 02 367 22 00
www.la-bible.be
www.editionsbiblio.be
Elles sont deux, à peine vingt ans si elles les ont. Une avec un long pull chaud à
capuche, l’autre avec un délicieux manteau à chevrons. Elles veulent se choisir une
nouvelle Bible, une grande envie de recommencer à la lire, dit celle à capuche.
Franchement, avec tous ces trucs qu’on doit se farcir en ce moment, heureusement
qu’on a Jésus, répond celle à chevrons. Elles prennent le temps de
choisir, sentir et feuilleter, on en parle, elles repartent. Elles descendent
la galerie, et l’instant avant qu’elles ne disparaissent vers la place je les
vois encore, elles bavardent, elles rient. Elles sont en vie.
Jésus. Ce personnage commun qui se révèle hors du commun, dans cette
étrangeté mêlée d’une douceur inouïe, sa parole et son geste livrés dans une
tendresse et une radicalité qui sont la nourriture même du récit qu’il nous laisse
de lui, de nous. Cette Parole, à tous ceux qui l'ont reçue et qui croient en elle, elle a
permis de devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas devenus enfants
de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine.
C'est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie. La Parole est devenue
un homme et il a habité parmi nous. (Jean 1.12-14, NFC)
Le seul moyen de devenir soi, c’est d’ouvrir portes et fenêtres vers
d’autres horizons que les nôtres, rappelle l’écrivain Frédéric Boyer.
Car oui l’Evangile propose une vie neuve, un changement radical
qui renverse les valeurs et les critères traditionnels selon lesquels
nous pensons nos existences, notre rapport aux autres et au
monde. Le message de Jésus est un véritable appel à l’aventure, à un changement
de vie. Il quittera sa ville natale et familiale, il ira jusqu’au bord du lac de Tibériade,
jusqu’aux frontières de la Palestine, et au-delà encore, jusqu’en Syrie, nous dit
cette Parole qui résonne si fort. Il s’inquiètera du sort tragique de Jean, qui annonce
et ouvre sa propre trajectoire à lui. Qu’est-ce qu’être vrai ? Qu’est-ce qu’être
vivant vraiment ? Jésus dit : vivre c’est être libre, et prendre le risque de l’être
pour les autres. On raconte alors comment des foules se mettent à
le suivre, comment certains qui veulent être ses amis acceptent de
tout quitter, juste pour ça, être avec lui. Il éveille un sentiment rare
d’admiration, de reconnaissance, mais aussi d’inconfort, de stupeur et
de crainte face à l’enjeu vibrant d’être vivant, enfin.
Commencement, commencement de toutes choses, désir que l’année
vingt-deux qui maintenant vient esquisse le signe de quelque chose de
tout-autre pour nous, ou a minima que survienne la brèche inattendue
d’où jaillit la lumière d’un nouveau regard sur tous ces trucs qu’on doit
se farcir, franchement. Et au commencement de ce commencement, la
Parole. Splendide et autre, unique, aérienne. Et de là pour chacun de
nous, l’envol.
Vincent Beckers,
directeur de projet.
PRÉPARER,
EMBALLER,
EXPÉDIER.
'Or l’ouverture du cœur n’a pas lieu, comme on pourrait
le croire, seulement lorsque le lecteur est revenu
chez lui, dans son salon, sa bibliothèque, sa cuisine ou
son bureau, ni lorsqu’elle ou il commence le délicieux
voyage du feuilletage de pages. C’est dans votre librairie
que déjà s’éveillent les curiosités, les désirs,
les attentes. Merci pour cet espace agréable en ville,
tout entier dédié à la Bible, ce merveilleux livre que
nous aimons tant. Nous reviendrons bientôt, merci,
et au plaisir.’
Depuis que nous sommes installés à Charleroi, la part
de bonheur qui se goûte c’est de voir de nouveaux visages,
de nouvelles demandes, de nouvelles attentes
de lecture. Ou de recevoir un petit mot comme celui-ci,
dans une vraie enveloppe avec du vrai papier
dedans, et de l’encre dessus. Et beaucoup de générosité
entre les lignes et alentour. Car oui, nous tenons
debout sur cette forme-là du désir de lire la Bible, de
la connaitre mieux, de la laisser se révéler au fil des
pages, au fil des livres à lire aux enfants, des cartes à
jouer à répandre sur la grande table de la cuisine ou
étalées sur le tapis. Être ensemble et autour d’elle,
c’est là l’objet de cette Parole si belle.
Nous tenons debout en restant objectifs, fonctionnels,
attentifs. Nous tenons debout dans notre mission
d’éditeur de la Bible, grâce à nos donateurs. Oui,
ce mot existe toujours : ce sont ces cœurs précieux
qui nous disent par leurs dons réguliers ‘oui, nous
aussi nous sommes là, avec vous’.
Après un an d’activité dans notre nouvel espace de
travail, nous souhaitons enfin optimiser notre espace
de stockage, d’emballage et de préparation pour
l’expédition des colis quotidiens : un espace simple,
ergonomique, pour ne pas se casser les reins ou le
cou. La restructuration du sous-sol, l’aménagement,
le matériel, la mise en place par nos soins, pour tout
ça il nous manque environ trois mille euros. Voulezvous
nous soutenir pour ce projet ? Un merci tout
grand pour ce que vous aurez à cœur de poser ici et
maintenant !
Nos comptes pour vos dons
BE15 0000 5561 3130
BE30 0013 5223 9311
#Expédition
Testaments la chute a été de 63 %. En revanche, même
si les téléchargements sur Internet ont baissé dans certaines
régions, ils ont globalement augmenté de 113 %
sur un an – ayant certainement bénéficié du fait que davantage
de gens ont respecté la consigne « Restez chez
vous » et ont eu un contact
numérique avec les Ecritures.
Ces chiffres ont été compilés
à partir des statistiques
annuelles de la diffusion biblique
fournies par les Sociétés
bibliques du monde entier
et ils prennent en compte les
ventes locales et les exportations
de produits bibliques,
ainsi que les téléchargements
uniques sur Internet1.
Malgré les difficultés causées
par la pandémie mondiale de
Covid-19, l’ABU, qui est composée
d’environ 150 Sociétés
bibliques opérant dans plus
de 240 pays et territoires,
continue d’être la plus grande
191,6 MILLIONS.
Malgré la multitude de difficultés posées par le Covid-19
tout au long de l’année dernière, les Sociétés bibliques
ont fait preuve d’une résilience remarquable en fournissant
plus de 30 millions de bibles intégrales au cours de
2020. Plus de 190 millions de produits bibliques, notamment
des bibles, des Nouveaux Testaments, des évangiles,
ainsi que des livrets et des sélections bibliques,
ont été diffusés partout dans le monde.
En cette année marquée par des restrictions, des confinements,
des difficultés économiques et de grandes
épreuves psychologiques, ce n’est peut-être pas si surprenant
que la diffusion biblique – et le ministère des
Sociétés bibliques au sens large – aient été impactés de
manière significative. La diffusion de bibles intégrales a
baissé de 37 % par rapport à 2019 et pour les Nouveaux
organisation de traduction
et l’un des plus grands
organes de diffusion des
Ecritures de la planète.
Ensemble, les Sociétés
bibliques ont fourni près
de 70 % de la totalité des
traductions de la Bible intégrale
qui existent dans le
monde.
Après une décennie de
croissance encourageante
de la diffusion biblique,
Cette aide, apportée
par les Sociétés
bibliques, leurs soutiens
et leurs partenaires
ecclésiaux, a permis la
poursuite de la diffusion
biblique partout dans le
monde.
l’impact de la pandémie de coronavirus a entraîné d’immenses
difficultés, non seulement en matière de diffusion
des Ecritures, mais aussi au niveau du ministère
biblique accompli au quotidien de par le monde. Début
2020, une enquête menée auprès des Sociétés bibliques
indiquait qu’une trentaine d’entre elles se trouvaient
dans une situation « critique » et que 65 autres étaient
« en danger » en cas de poursuite des restrictions.
Aidés par l’Equipe de mission mondiale, les dirigeants au
sein de l’Alliance ont joint leurs efforts afin de mettre en
place le Fonds de solidarité. Le but de ce fonds était de
garantir que les Sociétés bibliques dont le fonctionnement
avait été particulièrement touché soient en mesure de
continuer d’exister et de poursuivre le ministère biblique
– notamment la diffusion des Ecritures.
Les Sociétés bibliques – aussi bien les plus importantes que
les plus modestes – ont commencé à contribuer au fonds
afin d’aider leurs consœurs qui étaient dans la difficulté.
Une opération de don de produits bibliques d’une valeur
de 500 000 USD est venue compléter cette aide financière,
permettant de fournir des produits bibliques à une période
où les populations en avaient particulièrement besoin.
Cette aide, apportée par les Sociétés bibliques, leurs soutiens
et leurs partenaires ecclésiaux, a permis la poursuite
de la diffusion biblique partout dans le monde.
A ce jour, plus de 30 Sociétés bibliques ont reçu un soutien
et d’autres demandes sont en cours d’examen.
« Nous avons du mal à trouver les mots justes pour exprimer
notre gratitude suite à l’obtention du financement qui
va permettre à notre Société biblique de survivre, a expliqué
Anatoly Kirillov, de la Société biblique de Moldavie.
Pendant cette période de grande incertitude, nous avons
été réconfortés, encouragés et impressionnés par la générosité
déversée par notre famille de l’Alliance. »
Source - ABU
« L ’intervention
de Dieu surprend,
car après tout,
n’est-il pas normal que
l’humanité s’unisse et
s’organise ?
BABEL.
A la fin du récit du déluge, les descendants
de Noé ont peuplé la terre chacun selon
sa langue. Puis en un verset, nous assistons
à une rétractation générale : ‘Toute
la terre parlait la même langue, avec les
mêmes mots. Ils trouvèrent une vallée, et
s’y installèrent. Ils se dirent l’un à l’autre :
faisons donc des briques et cuisons-les au
feu. Bâtissons-nous donc une ville et une
tour dont le sommet atteigne le ciel, et faisons-nous
un nom.’
Les humains ont construit une tour, mais
Dieu est intervenu pour s’opposer à leur
projet : ‘Le Seigneur les dispersa de là sur
toute la terre, ils cessèrent de bâtir la ville.’
(Genèse 10-11)
L’intervention de Dieu surprend, car après
tout, n’est-il pas normal que l’humanité
s’unisse et s’organise ? Quel mal y a-t-il à
ce que les humains s’attellent à des projets
ambitieux ? La technologie n’est-elle pas
la marque de l’ingéniosité de l’humain ?
Trois raisons expliquent l’attitude de Dieu.
Toute la terre parlait la même langue, la langue technicienne.
La langue de Babel est une langue sans émotion,
sans métaphore, sans poésie, sans mots pour exprimer
les sentiments. Dans cette langue, une brique
est une brique et le mortier du mortier, pour le sage
comme pour le sot.
Faisons donc des briques et cuisons-les, disent-ils. Les
briques sont le symbole d’une société. A la différence
des pierres qui ont chacune une forme singulière, les
briques sont toutes identiques. Pour entreprendre la
construction, les hommes sont unis, mais c’est une
unité basée sur le refus des différences, une uniformité
dans laquelle chaque sujet est réduit à son utilité.
Les humains ne sont plus que des briques interchangeables.
Pour entreprendre la construction, les hommes
sont unis, mais c’est une unité basée sur le
refus des différences, une uniformité dans
laquelle chaque sujet est réduit à son utilité.
Faisons-nous un nom, au lieu de recevoir son nom d’un
autre. Se faire un nom, c’est croire qu’on existe par ses
constructions. C’est par ses œuvres que l’humain veut
atteindre le ciel, ce qui revient à vouloir se débarrasser
de Dieu. Dans le jardin, l’homme et la femme avaient
mangé le fruit pour devenir comme des dieux.
À Babel, ils ont prolongé cette ambition, collectivement.
Dans les épitres de Jacques et de Pierre nous trouvons
le même verset : Dieu résiste au orgueilleux, mais accorde
sa grâce aux humbles. (Jacques 4.6 et 1 Pierre
5.5). Dieu pose une limite au pouvoir des prétentieux
-il s’est bien opposé au projet de Babel-, et il accueille
favorablement celui qui se tourne vers lui. Le père de
l’Eglise Dorothée de Gaza a écrit : le bâtisseur doit poser
chaque pierre sur du mortier, car s’il mettait les pierres
les unes sur les autres sans mortier, la maison tomberait.
Le mortier, c’est l’humilité.
Découvrir la Bible en 100 pages,
par Antoine Nouis
112 pages, 14/21, 5€
Que faisait le Christ lors
de son premier contact
avec les personnes ?
LA PAROLE,
AU CONTACT.
Il y a près de septante ans, vendre la Bible était une
sorte d’aventure singulière, bravant toutes sortes de
préjugés tenaces, beaucoup de méfiance. Dans le petit
manuel du colporteur, retrouvé dans une caisse d’archives,
je lis encore ceci, épinglé au vol : ‘Il est arrivé à
un colporteur d’être injurié grossièrement et repoussé
comme si l’on chassait des poules vers le milieu de la
rue. Derrière lui, les gens de la maison semèrent très
largement du sel, comme pour purifier leur pas de
porte.’ Plus loin ceci : ‘Voici à peu près les questions
que se pose celui qui voit venir à lui, pour la première
fois, un colporteur : qui est-ce ? Que veut-il ? Va-t-il me
faire perdre mon temps ? Ses vêtements sont négligés,
sa démarche hésitante, bizarre. Il dit qu’il vend des
livres, mais en fait il vend la Bible, essaie-t-il de me rouler
? Il parle sans conviction, de toute façon. Ou alors :
il parait sincère et honnête, c’est étrange. Et quel prix,
pour ce livre ? Sûrement bien trop cher !’
Dernier épisode donc de ce retour sur le comportement
souhaité de celui ou celle qui s’avance, Bible
en main. A la page 69, il est question du contact luimême,
de la manière, de l’attitude, de l’entrée en matière,
des premières paroles, du regard, et last but not
least, des chaussures, qui se doivent d’être propres, et
bien cirées.
Dans la pratique de tous les jours, le colporteur se
trouve aux prises avec une grande variété de situations
infiniment nuancées entre les deux pôles extrêmes
que nous venons de préciser. Le colporteur ne laissera
rien au hasard, dans la mesure bien entendu où cela lui
sera possible. En effet, les gens de ce monde sont bien
plus habiles dans leurs rapports les uns avec les autres
que les gens qui appartiennent à la lumière. (Luc 16.8,
NFC). Alors donc, il fera tout ce qu’il peut pour faire
face au mieux à toute cette aventure. Il s’inspirera de
la parole de Romain Rolland : un héros, c’est celui qui
fait ce qu’il peut, là où les autres ne le font pas. Donc,
que pouvons-nous ?
Et c’est là toute la difficulté de la situation, le premier
contact, car nous ne savons rien de notre interlocuteur,
nous ne possédons pas les éléments permettant
de saisir son orientation de pensée, ses besoins, nous
permettant de le comprendre, de sympathiser avec lui.
Il faut du discernement, et avoir si possible le temps
d’observer notre interlocuteur et de saisir ce qui en
lui et dans ses paroles est une
façade extérieure, ce qui ne
reflète pas toujours la réalité
intime de son âme. Il faudrait
donc pouvoir l’approfondir.
Or nous ne disposons trop
souvent pour cette découverte
que d’un seul instant.
Oui des moyens existent, des
‘trucs’ professionnels sont à
notre portée, employés abondamment
par des vendeurs
ou des propagandistes sectaires,
mais sont-ils toujours
vrais ? S’il s’agit de séduction
et de mensonges, alors non
merci. Il sera bon de préférer
Souvenons-nous de
cette seule séquence
avec la femme
Samaritaine, et
observons comment
Jésus l’amène
à changer son regard,
et à prendre
une décision.
recourir à la sagesse, à l’intuition qui viennent de Dieu.
Une attitude de prière est alors d’un grand secours,
car Dieu peut féconder notre esprit d’observation,
aiguiser notre bon sens, notre discernement, nous
donner du flair, nous accorder une sagesse surnaturelle,
ou faire jaillir tout autre élément de réussite.
Les colporteurs racontent aussi que dans des
situations incertaines, Dieu leur a inspiré des
moyens d’approche indirecte qui leur permettait
d’établir un climat amical, leur permettant
de découvrir leur interlocuteur. Voici quelques
exemples d’intérêt commun : le métier, la décoration
de la maison, une fleur, un enfant, un
malade, parler de la situation du monde, jeter
ainsi l’amorce qui permet aux gens de dérouler
le récit de leur propre situation, de leur propre
histoire. Retenons ceci : les gens ont besoin de
se raconter, cet espace d’écoute est précieux.
Qui mieux que Jésus peut nous rappeler ça ?
A son image, de quoi pouvons-nous faire l’apprentissage
? Que faisait le Christ lors de son
premier contact avec les personnes ? Il s’intéressait
à la santé du corps et de l’âme. C’est en
suivant cet exemple que nous aurons un accès
facile auprès des gens. Souvenons-nous de cette
seule séquence avec la femme Samaritaine, et
observons comment Jésus l’amène à changer
son regard, et à prendre une décision. Admirable, et
émouvant ! Et disons aussi d’ailleurs qu’un texte de
l’Ecriture Sainte, même partiel, peut suffire à amener
une âme au Seigneur. D’aucuns pensent qu’il
faut absolument vendre la Bible complète. Nous
ne pourrions assez insister sur l’objectif supérieur
que nous poursuivons : il ne s’agit pas de vendre
le plus possible de pages imprimées et d’encaisser
ainsi des ristournes supérieures, mais avant tout de
faire en sorte que les âmes soient atteintes par le
message de Dieu. La Bible entière est souvent trop
importante pour une première approche, alors que
le Nouveau Testament est tout à fait approprié à la
découverte du message chrétien, et facilement accessible
aux nouveaux lecteurs. Un Evangile seul est
même préférable : sa brièveté et son langage simple
encouragent la lecture. D’ailleurs c’est ici, croyonsnous,
que se trouve le critère de la consécration
du missionnaire biblique. Préfèrera-t-il la ristourne
plus importante et la satisfaction d’amour-propre
que lui procurera la vente d’une Bible entière, qui
ne sera pas lue, à la vente d’un Evangile qui sera lu
et apportera le salut à une âme ?
Terminons ici, en disant à quel point notre conviction
est que la Parole de Dieu parle par elle-même :
lire quelques versets à nos interlocuteurs, voire
même les dire de mémoire vaudra mieux que des
heures perdues en vains discours. Mettons les personnes
à qui nous nous adressons dans l’invitation
de la Parole de Dieu : faisons-leur lire elles-mêmes
quelques versets en notre présence et terminons,
quand cela semble possible, par une prière. Car
cette seule chose compte, par-dessus tout : mettre
chacune et chacun en contact direct avec Dieu, par
le moyen de sa Parole.
RAISON
ET SENTIMENTS.
Entre le livre des Juges et ceux de Samuel, le court
récit de Ruth constitue une pause pleine de fraicheur.
Il est consacré aux ancêtres du Roi David :
Booz, homme de la tribu de Juda, et Ruth, femme
étrangère venue du pays de Moab.
L’histoire se déroule
en quatre
actes. Le premier
raconte le dévouement
de Ruth
envers Noémi, sa
belle-mère, toutes
les deux sont
veuves. Le deuxième,
situé au
temps de la moisson,
s’attache à la
rencontre entre
Ruth et Booz,
riche agriculteur
et parent de Noémi.
Le troisième
décrit la nuit que
Ruth passe sur l’aire de battage aux pieds de Booz. Le
quatrième relate leur mariage, rendu possible par le
désistement de l’homme qui -selon la loi de Moïseaurait
dû épouser Ruth. De leur union nait Obed,
grand-père de David.
Hormis le début en pays de Moab, tout se passe à
Bethléem, village du territoire de Juda. Nous admirons
la fidélité de Ruth envers Noémi et la délica-
tesse de l’amour qui s’éveille entre Booz et Ruth. Le
style est lumineux, avec en hébreu de subtils jeux
de langage. Il est au service d’une intrigue où la vie
triomphe : la filiation des générations, arrêtée au
début par la mort des maris, reprend à la fin avec la
naissance d’Obed.
Dieu intervient peu. Il laisse agir les personnages.
On le devine heureux devant tant de loyauté, de
souci de l’autre et d’actes responsables. L’attitude
de Ruth et l’accueil qui lui est fait tranchent avec la
réputation de Moab, peuple ennemi d’Israël (Juges
3.12-30).
Quand le récit a-t-il été composé ? Difficile à dire.
Certains parlent du huitième siècle, d’autres du cinquième
siècle à un moment où les mariages entre
juifs et étrangères étaient interdits. Or David, le roi
modèle, a pour aïeul un Juif généreux qui avait laissé
une étrangère glaner des épis pour plus démunie
qu’elle !
Dans le judaïsme, le livre est
lu à la Pentecôte (la fête des
moissons). Pour le christianisme,
Ruth est l’une des
quatre femmes nommées
parmi les ancêtres du Christ
(Matthieu 1.5), lequel naitra à
Bethléem. L’histoire est exemplaire
: aucun malheur n’est
fatal, il y a un avenir pour qui se bat contre le sort et
place l’autre avant soi-même. Aujourd’hui encore,
elle peut nourrir notre espérance -ce que Victor
Hugo évoque dans un des plus beaux poèmes de la
langue française, Booz endormi (1859).
Aucun malheur
n’est fatal, il
y a un avenir
pour qui se bat
contre le sort
et place l’autre
avant soi-même.
La loi de Moïse tient une grande place dans le livre. En
suivant librement Noémi, Ruth s’y soumet et devient
solidaire de sa belle-mère. Booz, qui nourrit Ruth en
laissant tomber des épis rappelle le Seigneur qui faisait
tomber la manne. De plus, de même que le Seigneur a
installé son peuple en terre promise, ainsi Booz envisage-t-il
le mariage. Par ailleurs, en Lévitique 25 on ap-
pelle racheteur (goël en hébreu) celui qui doit protéger
un proche parent sans ressources qui a vendu ses
biens. Booz endosse ce rôle quand l’autre personne
prioritaire se désiste. En lui, comme avec le Seigneur,
la bonté va de pair avec le droit, garant de l’équilibre
de la société.
Booz ne savait point qu’une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d’elle.
Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
L’ombre était nuptiale, auguste et solennelle,
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
Victor Hugo, Booz endormi (extrait)
LE RÉCIT ET SES
HÉROS.
Alors les héros des histoires doivent-ils ressembler à
nos enfants ? En faisant un tour d’horizon de la littérature
jeunesse, on se rend compte rapidement que
la grande majorité des histoires mettent en scène
des animaux anthropomorphes. Il est traditionnellement
considéré que c’est dans l’intérêt des enfants.
C’est une question à poser pour le développement
d’une part de notre ligne éditoriale, ce choix mesuré
de mettre en scène des animaux qui présentent les
caractéristiques des humains : langage, vêtements,
vie sociale. Les animaux sont extraits de leur milieu
naturel, de leur animalité, pour les faire ressembler à
des petits hommes. Mais il ne faut pas se duper : évidemment
les enfants comprennent rapidement que
dans la vraie vie, un âne ne se tient pas debout sur
ses pattes arrières et ne fait pas du vélo. Nous avons
développé plusieurs projets en ce sens : L’amour est
bon, autour du verset de 1 Corinthiens
13, L’amour de Dieu dans
mon cœur, comme exploration
de la nature de l’amour de Dieu,
et tout récemment Surtout pas
Ours, autour de l’histoire du Bon
Samaritain.
Alors donc ? Observons large :
une des premières images
qui nous vient à l’esprit sont
les Fables de La Fontaine, dont
les animaux sont dotés de parole
et de raison comme des humains.
Il faut tout de même rappeler que
ces Fables étaient destinées aux
adultes et l’utilisation d’animaux
avait notamment pour but de
protéger leur auteur contre la censure royale.
découvrir
la boutique
Ainsi, les personnes décrites ne pouvaient pas être
trop clairement identifiées. La Fontaine affirmait : « Je
me sers des animaux pour instruire les hommes ».
Si l’on regarde la littérature destinée aux enfants, on
ne compte plus les héros représentés par des animaux
anthropomorphes, et ce depuis de nombreuses années.
Dès 1697, Charles Perrault écrivait les célèbres
et indémodables contes du Petit Chaperon Rouge et
du Chat Botté. Au XXe siècle, les petits héros animaux
fleurissent dans la littérature jeunesse. Parmi les plus
célèbres, Le Roi Babar créé par Jean de Brunhoff en
1931, ou encore Petit Ours Brun créé en 1975 par l’auteure
Claude Le Brun et illustré par Danièle Bour.
Il existe plusieurs justifications à cette utilisation d’animaux
anthropomorphes. Parmi celles-ci domine l’idée
selon laquelle les animaux permettraient d’aborder
des sujets graves, tels que la mort, sans que le récit
ne soit trop perturbant pour l’enfant. On préfère donc
que la maison qui est détruite par le loup soit celle
d’un petit cochon, plutôt que celle d’un enfant. Les
animaux permettraient de
faire passer plus facilement
certains messages aux plus
jeunes.
A vrai dire, il faudrait
toujours partir du
principe que la lecture
est une terre de
partage : lire, relire
ensemble, questionner
le récit, en parler.
Une récente étude canadienne met le principe en
équilibre : un argument en faveur de cette utilisation
des animaux dans les histoires pour enfants
est que les enfants sont naturellement attirés par
les animaux, et qu’ainsi en utilisant des personnages
d’animaux anthropomorphes, une histoire
devient plus captivante et ses enseignements plus
accessibles aux jeunes esprits. En conséquence,
les jeunes enfants sont plus enclins à agir selon
la morale de l’histoire dans des situations réelles,
car ces histoires sont divertissantes et amusantes.
Elles ont pour effet de stimuler l’imagination des
enfants, qui apprécient d’être plongés dans des
univers fictifs. Elles peuvent également contribuer
au développement du goût de la lecture.
A vrai dire, il faudrait toujours partir du principe
que la lecture est une terre de partage : lire, relire
ensemble, questionner le récit, en parler. Chacun
de nos livres pour enfants dont les héros sont des
animaux propose des pistes de partage : revenir au
verset ou à la séquence biblique qui s’y rattache et
inspire le récit, et ainsi permettre à l’enfant de tisser
un lien pro-social entre ces personnages rigolos
et anthropomorphes et sa réalité quotidienne,
émotionnelle, spirituelle.
BREF, QUOI.
Jésus m'aime !
Un tout nouveau petit livre en tissu, tout mimi et très
doux, parfait pour les petites mains ! Dès la naissance,
un premier contact avec une
histoire biblique qui parle
d’amour et d’attention. La
première et la dernière page
font du bruit quand on les
touche. Et sans dire un mot
semblant de rien, sûr que les
parents aimeront aussi beaucoup
toucher ce bouquin !
Surtout pas ours !
Renard n’aime pas Ours et il
pense qu’Ours ne l’aime pas
non plus. Mais quand Renard
a désespérément besoin
d’aide, lequel des animaux de
la forêt se révèlera être son
meilleur ami ?
L’histoire du bon Samaritain
est ici reracontée avec
tendresse aux plus petits à
travers la voix des animaux.
Une histoire biblique (Luc 10.25 à 37) transposée dans
un univers qui plaira beaucoup aux plus jeunes, une histoire
pour apprendre qui est son prochain et comment
l’aimer, un outil pour répondre aux questions des petits
sur l’amour et l’amitié vraie. Craquant, hein ?
Arabe courant, français courant.
Arlo et le très gros camouflage.
Nous avons mis en production
une toute nouvelle édition d’un
Nouveau Testament bilingue, synchronie
arabe et français. Avec
introduction, notes essentielles et
cartes, 806 pages, édition brochée
souple.
Coup de cœur en boutique ! Arlo sait qu’il n’a pas le
droit de sortir de son lit pendant la sieste. Et il sait très
bien qu’il n’a pas le droit de dessiner sur le mur ! Mais
Arlo le fait quand même, puis il cherche à cacher sa
bêtise. Cependant, il ne réussit pas à se débarrasser
de son gros gribouillage sur le mur de sa chambre. Il va
alors découvrir combien
on peut être misérable
lorsqu’on essaye de cacher
ses fautes, mais aussi
combien c’est formidable
de pouvoir les confesser.
Vous connaissez un enfant
qui fait des grosses bêtises
puis qui nie farouchement
l’affaire ? Allez hop, ici le
bouquin trop bien !
De retour en rayon.
Bibles d’étude par excellence, retour en rayon de la gamme Thompson
et de la passionnante Bible en application, qui adoptent toutes deux
le texte de la NBS (Nouvelle Bible Segond) qui cherche à rendre d’une
manière contemporaine, sans céder à la facilité, ce qui est écrit dans
les originaux, comme cela est écrit. Les introductions, les chaînes de
versets, les schémas et notes sont à la portée de tous, pour une saine
compréhension et une appropriation personnelle du texte biblique.