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Panorama de presse quotidien du 09 03 2022

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Le mon<strong>de</strong> <strong>du</strong> champagne doit-il se préparer<br />

à une nouvelle crise ?<br />

• 7 mars <strong>2022</strong> Terre <strong>de</strong> Vins<br />

Après le court répit <strong>de</strong> l’année 2021, la guerre en Ukraine et le gel <strong>de</strong>s relations<br />

économiques avec la Russie, en entraînant une hausse <strong>de</strong>s prix <strong>du</strong> pétrole et <strong>du</strong> gaz,<br />

pourraient amorcer une récession économique. Bien qu’il soit encore difficile <strong>de</strong> se livrer<br />

à une analyse prospective, Terre <strong>de</strong> vins est allé interroger David Menival, directeur <strong>de</strong><br />

la filière champagne au Crédit agricole <strong>du</strong> Nord-Est.<br />

Chacun se souvient <strong>de</strong> la guerre <strong>du</strong> Golfe et <strong>de</strong> l’envolée <strong>du</strong> prix <strong>du</strong> pétrole qu’elle avait<br />

généré, provoquant la fin d’une ère d’expansion économique. Le commerce <strong>du</strong><br />

champagne en avait été <strong>du</strong>rablement affecté, la guerre en Ukraine pourrait-elle avoir le<br />

même impact ?<br />

Ce n’est pas comparable. On ne vend plus la même chose. Depuis 2011, le champagne a<br />

vraiment réorienté ses expéditions vers <strong>de</strong>s cuvées davantage valorisées, donc auprès d’un<br />

consommateur qui a un pouvoir d’achat bien supérieur. On l’observe <strong>de</strong> façon très nette en<br />

analysant les chiffres <strong>de</strong> 2021 : le niveau <strong>de</strong> vente atteint 322 millions <strong>de</strong> cols, et s’il ne bat<br />

pas le record <strong>de</strong> 2007 à 338 millions, il pulvérise celui <strong>du</strong> chiffre d’affaires avec un montant<br />

historique <strong>de</strong> 5,7 milliards d’euros contre 5 milliards en 2019 et 4,56 milliards en 2007 ! En<br />

1991, la Champagne vivait pour l’essentiel d’un Brut sans année ven<strong>du</strong> en masse et<br />

relativement bon marché. Il existait ainsi une dépendance par rapport au prix très marquée. Le<br />

réseau <strong>de</strong> distribution n’était pas le même. Les champagnes touchés en 1991 étaient ceux<br />

commercialisés en GD ou à travers <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> distribution un peu courants comme les<br />

compagnies aériennes, alors qu’en parallèle les cafés/hôtels/restaurants résistaient, parce que<br />

c’était là que l’on valorisait. On dépend aussi beaucoup moins <strong>du</strong> marché intérieur, touché à<br />

l’époque plus tardivement que l’export, mais qui avait mis plus <strong>de</strong> temps à repartir. S’ajoutent<br />

enfin les changements <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation liés au covid avec une hausse <strong>de</strong> la<br />

consommation à domicile. Dans ce cadre, on a pu voir une population riche qui aime se faire<br />

plaisir en achetant <strong>de</strong>s cuvées particulières. Si on prend les mécanismes économiques<br />

classiques, l’impact d’une éventuelle hausse <strong>du</strong> coût <strong>de</strong> la vie sur ce type <strong>de</strong> population sera<br />

plus faible.<br />

Le fait que le champagne soit consommé comme un véritable vin, pour ses qualités<br />

intrinsèques et non simplement comme une boisson festive le rend plus résistant, alors<br />

qu’autrefois dès que survenait une crise <strong>du</strong> pouvoir d’achat, il était remplacé par le mousseux<br />

dans les différents événements comme les mariages, les fêtes d’entreprise, qui constituent<br />

désormais un débouché moins important.<br />

On n’oubliera pas d’ajouter qu’en 1990-1991, la Champagne venait d’abolir le système<br />

d’encadrement <strong>de</strong>s achats et <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> raisin que l’on appelait le contrat<br />

interprofessionnel, ce qui avait accentué encore l’effet <strong>de</strong> la crise. Le prix <strong>du</strong> raisin <strong>du</strong> fait <strong>de</strong><br />

cette libéralisation s’était en effet envolé, avant <strong>de</strong> chuter lour<strong>de</strong>ment, suivi par une forte<br />

contraction <strong>de</strong> l’appellation.

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