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Essais & Simulations 148

INTERVIEW EXCLUSIVE Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’Industrie

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Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’Industrie

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ACTUALITÉS<br />

L’INTERVIEW<br />

« Durant cinq ans, nous avons<br />

redonné de l’attractivité<br />

à notre industrie »<br />

Alors que la campagne pour l’élection présidentielle bat son plein, Agnès Pannier-Runacher, ministre<br />

déléguée chargée de l’Industrie auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a accepté de répondre à<br />

nos questions formulées par la rédaction d’<strong>Essais</strong> & <strong>Simulations</strong> et l’Association des sciences et techniques de<br />

l’environnement (ASTE) avec les partenaires de la revue, Nafems et le Réseau Mesure.<br />

©PBagein<br />

Madame la ministre, à quelques mois<br />

de l’échéance présidentielle, quel bilan<br />

tirez-vous de l’action menée au sein de<br />

votre cabinet ?<br />

Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron,<br />

après des années de capitulation industrielle<br />

qui se sont soldées par la disparition d’un<br />

million d’emplois nets entre 2000 et 2016,<br />

la hausse massive de nos importations et<br />

des délocalisations, la réindustrialisation de<br />

notre pays est enclenchée. En 2021, comme<br />

en 2017, 2018 et en 2019, la France a recréé<br />

de l’emploi industriel. En 2021, et pour la<br />

troisième année consécutive, la France est<br />

le pays européen le plus attractif pour les<br />

investissements étrangers dans l’industrie.<br />

Enfin, pour la première fois depuis trois<br />

décennies, nous comptons deux fois plus<br />

d’ouvertures d’usines que de fermetures.<br />

C’est le fruit d’un travail acharné au cours<br />

de ce quinquennat. Durant cinq ans,<br />

nous avons redonné de l’attractivité à<br />

notre industrie. Nous avons relocalisé des<br />

chaînes de production. Et cela porte ses<br />

fruits : depuis septembre 2020, nous avons<br />

accompagné 782 projets qui ont permis de<br />

créer ou de conforter 100 000 emplois, dans<br />

des filières stratégiques comme la santé ou<br />

la chimie.<br />

Nous avons aussi soutenu nos filières<br />

d’excellence, comme l’aéronautique<br />

ou l’automobile. Nous avons entamé la<br />

« Si la réindustrialisation<br />

n’est ni facile ni rapide,<br />

et même s’il reste encore<br />

beaucoup à faire,<br />

nous avons montré qu’il<br />

existait un chemin ».<br />

décarbonation de nos industries lourdes.<br />

Enfin, nous avons porté des initiatives<br />

fortes au niveau européen sur des sujets<br />

clés comme les batteries électriques ou<br />

l’hydrogène bas-carbone. Alors, après ces<br />

cinq années, je considère que même si la<br />

réindustrialisation n’est ni facile ni rapide,<br />

et même s’il reste encore beaucoup à faire,<br />

nous avons montré qu’il existait un chemin.<br />

L’adoption du Plan France 2030<br />

en octobre dernier se donne dix<br />

grands objectifs, parmi lesquels<br />

le développement de la filière<br />

« Hydrogène vert ». Vers quoi se<br />

dirigeront ces investissements et pour<br />

quels objectifs ?<br />

Avec France 2030, nous investissons<br />

dans dix filières industrielles stratégiques<br />

d’avenir. Dix filières dans lesquelles nous<br />

avons la possibilité de tirer notre épingle<br />

du jeu. Nous cherchons à constituer les<br />

nouvelles filières dont nous allons avoir<br />

besoin pour maintenir une industrie<br />

puissante à horizon 2030.<br />

Ce plan, c’est 30 milliards d’euros de<br />

subventions publiques afin d’être à<br />

la hauteur des défis qui sont devant<br />

nous : devenir leader de l’hydrogène<br />

bas-carbone, inventer le premier avion<br />

vert, accompagner le développement<br />

des compétences de demain, réussir<br />

l’électrification de notre parc automobile,<br />

produire de la nourriture saine, durable<br />

et traçable, décarboner notre industrie<br />

grâce à des innovations de rupture…<br />

Quelles mesures pouvons-nous mettre<br />

en place afin de surmonter la crise<br />

majeure des semi-conducteurs que<br />

nous rencontrons, à court comme à<br />

long terme ?<br />

Il faut d’abord replacer la situation dans<br />

son contexte. La pénurie de composants<br />

électroniques et les tensions qui affectent<br />

plus globalement les approvisionnements<br />

des industries manufacturières sur tout le<br />

continent européen, ont mis en lumière<br />

de nombreuses fragilités tout le long des<br />

chaînes de valeur. Ces vulnérabilités,<br />

elles peuvent être décisives alors que<br />

l’on observe la hausse spectaculaire de la<br />

demande mondiale pour l’électronique et<br />

l’électrification accélérée de segments entiers<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>148</strong> • Février - Mars - Avril 2022 I9

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