Journal asmac No 2 - avril 2022
Animal - Un rapport ambigu Pneumologie - L’hygiène de l’air comme facteur de réussite Allergènes Les visages de l’eczéma Politique - Le développement de la qualité – par décret
Animal - Un rapport ambigu
Pneumologie - L’hygiène de l’air comme facteur de réussite
Allergènes Les visages de l’eczéma
Politique - Le développement de la qualité – par décret
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Point de mire<br />
Le cœur chaud<br />
et la tête froide<br />
Le juriste Antoine F. Goetschel s’engage pour la protection<br />
des animaux par le droit depuis des décennies. Son activité a marqué<br />
le processus législatif et la jurisprudence. Aujourd’hui, il agit à<br />
l’échelle internationale pour des dispositions plus strictes en matière<br />
de protection des animaux.<br />
Catherine Aeschbacher, rédactrice en chef du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong><br />
En tant qu’avocat, vous vous occupez<br />
principalement des animaux dans le<br />
droit et de la protection des animaux<br />
par le droit. Comment en êtes-vous<br />
arrivé là?<br />
Déjà enfant et pendant mes études, j’avais<br />
un sens de la justice très prononcé et j’étais<br />
attiré par les droits fondamentaux et la<br />
protection des minorités. Lorsque, vers la<br />
fin de mes études, j’ai eu la possibilité d’aider<br />
un ami qui écrivait un livre sur l’animal<br />
dans le droit suisse, j’ai compris: l’animal<br />
n’a pas une place suffisante dans le droit.<br />
Sa position dans le droit est trop faible et<br />
dans l’exécution, l’animal est tributaire de<br />
l’aide supplémentaire d’organisations ou<br />
d’un représentant légal. J’ai donc consacré<br />
deux ouvrages au droit de protection des<br />
animaux avant de rédiger ma dissertation<br />
sur la protection des animaux et leurs<br />
droits fondamentaux, ce qui m’a permis<br />
d’œuvrer par la suite pour une association<br />
spécialisée dans le sujet. En 1995, j’ai créé<br />
la Fondation pour l’animal en droit, et en<br />
2016, l’association Global Animal Law GAL<br />
(www.globalanimallaw.org) qui a un rayonnement<br />
international (voir encadré). En<br />
parallèle, je dirige mon étude d’avocat à<br />
Zurich qui se spécialise entre autres dans<br />
le droit de succession.<br />
Pendant trois ans, le Canton de Zurich<br />
vous avait engagé en tant qu’avocat<br />
«pour la défense des animaux dans les<br />
affaires pénales». Un poste que l’on<br />
devait à votre initiative. Comment<br />
faut-il se représenter votre travail?<br />
Dans 700 affaires pénales de maltraitance<br />
animale et d’autres infractions, j’avais l’accès<br />
complet aux dossiers et pouvais participer<br />
à l’enquête pénale, j’avais la possibilité<br />
de faire des propositions d’amendement et<br />
d’attaquer des jugements et ordonnances<br />
défavorables aux animaux en vue d’obtenir<br />
une peine plus sévère. Dans les affaires de<br />
protection des animaux, j’épaulais souvent<br />
le ministère public, les tribunaux et les autorités<br />
qui manquaient d’expérience en la<br />
matière. Ils pouvaient s’appuyer sur mon<br />
expertise et les précédents que j’avais rassemblés<br />
de manière systématique dans la<br />
Fondation pour l’animal en droit que je dirigeais<br />
à l’époque. Il m’est arrivé à plusieurs<br />
reprises – en tant qu’unique titulaire de cet<br />
office au monde – d’obtenir des revirements<br />
dans des procès et des peines plus<br />
dissuasives pour les personnes qui maltraitent<br />
les animaux. Les autorités de poursuite<br />
pénale se sont montrées ouvertes et<br />
reconnaissantes pour l’aide fournie dans le<br />
droit pénal animalier.<br />
Y a-t-il un cas dont vous vous souvenez<br />
en particulier?<br />
Le brochet qui s’est débattu pendant un<br />
quart d’heure au bout de la ligne avant de<br />
mourir a été repris par la presse du monde<br />
entier. A l’époque, le pêcheur, amendé<br />
pour maltraitance animale, avait été acquitté<br />
par le tribunal. Malgré tout, le public<br />
a pris conscience de la souffrance et du<br />
stress que pouvaient ressentir les poissons.<br />
Je me souviens aussi de l’attitude insensible<br />
d’un transporteur de cochons qui<br />
avait intentionnellement chargé 35 bêtes<br />
au lieu des 30 autorisées, et dont plusieurs<br />
sont mortes de stress ou ont été blessées<br />
pendant le transport. Froidement, il a déclaré<br />
avoir livré 30 bêtes indemnes ...<br />
Votre travail a-t-il laissé des traces<br />
juridiques?<br />
J’ai pu obtenir que la notion de «dignité de la<br />
créature» soit reprise dans la Constitution et<br />
dans la loi sur la protection des animaux,<br />
permettant notamment d’interdire expressément<br />
les actes d’ordre sexuel avec les animaux.<br />
Pendant douze ans, je me suis engagé<br />
avec succès aux côtés d’alliés pour que l’animal<br />
ne soit plus considéré comme une chose<br />
dans le droit civil et pénal. Avec mon «Commentaire<br />
sur la loi fédérale sur la protection<br />
des animaux» (1986) et mes autres publications,<br />
j’ai pu influencer favorablement la jurisprudence<br />
en faveur des animaux et enthousiasmer<br />
de nombreux juristes en Suisse<br />
et dans le monde pour la cause animale dans<br />
Photo: màd<br />
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2/22 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>