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C’EST COMMENT ?<br />
PAR EMMANUELLE PONTIÉ<br />
MAUVAISE NOTE<br />
DOM<br />
Le 16 juin sera célébrée la journée internationale de l’enfant africain,<br />
instaurée depuis 1991. Triste commémoration annuelle des jeunes tués lors du soulèvement<br />
estudiantin de 1976 à Soweto, en Afrique du Sud. À cette occasion, de nombreux<br />
bilans et études sont publiés, rappelant la situation précaire de l’enfance face notamment<br />
à l’éducation, première étape de la formation pour un accès à un travail et une<br />
intégration optimale dans le monde de demain. Les chiffres de l’Institut de statistique de<br />
l’UNESCO (ISU) brocardent sempiternellement l’Afrique subsaharienne. Parmi toutes les<br />
régions du monde, c’est en effet ici que l’on relève le plus fort taux d’exclusion de l’éducation<br />
: plus d’un cinquième des enfants âgés de 6 à 11 ans n’est pas scolarisé, suivi par<br />
un tiers des 12-14 ans et près de deux tiers des 15-17 ans.<br />
Bien sûr, chez les filles, les indicateurs<br />
s’aggravent. Pour des raisons bien connues de<br />
pauvreté qui pousse les familles à « investir » sur<br />
l’éducation d’un seul garçon ou à rechigner à<br />
envoyer leur fille loin du foyer, ou pour des raisons<br />
culturelles ou d’attachement au mariage précoce,<br />
qui les entraînent à ne pas voir l’intérêt de l’envoyer<br />
à l’école.<br />
D’autres soucis viennent compliquer<br />
encore l’accès à la scolarité, comme la pénurie<br />
de professeurs formés, la précarité des classes, sans<br />
eau courante ni électricité, parfois sans bancs, aux<br />
effectifs pléthoriques d’élèves… Et bien entendu,<br />
les zones de conflits génèrent année blanche sur<br />
année blanche. Alors certes, les politiques d’éducation<br />
s’améliorent, on construit des classes, on<br />
forme des profs, on lance des campagnes de<br />
sensibilisation à l’intention des parents retors, etc.<br />
Et les mentalités évoluent. Surtout en ville.<br />
Pourtant, la démographie galopante de<br />
ces régions, qui affichent un taux de natalité très élevé, inquiète les spécialistes.<br />
Comment absorber demain et après- demain le nombre exponentiel d’enfants et de<br />
jeunes en demande d’éducation avec un système déjà totalement dépassé ? Et les<br />
projections du dernier Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO ne sont<br />
pas très optimistes. Il en ressort, entre autres, que la proportion d’enseignants formés en<br />
Afrique subsaharienne est en baisse depuis 2000. On prévoit aussi qu’en 2030, 20 % des<br />
jeunes et 30 % des adultes ne sauront toujours pas lire… De quoi interroger les pouvoirs<br />
publics, qui doivent urgemment revoir leur copie. ■<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>429</strong> – JUIN 2022 29