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De l'Inde a l'Europe
Voyage imaginaire
Toutefois, Ie probleme crucial pour
tous les ports du monde, c'est l'ensablement.
Or, a l'epoque moderne, pour
lutter contre ce phenomene, on dispose
de moyens techniques dont Lothal etait
evidemment depourvu, c' est-a-dire des
dragues puissantes. Les ingenieurs ont
donc du tenir compte des courants respectifs
des eaux douces et salines, de la
conjonction d es crues et d es marees
tres hautes pour empecher l'ensablement
et ils y ont reussi.
Et c' est ainsi que nous pou vons
observer l' incessant va-et-vient des
dockers qui embarquent des sacs de
coton portant la marque d'un des
celebres sceaux de la vallee de l'Indus.
A propos, quand les archeologues ont
decouvert ces sceaux, ils ont d'abord
suppose que c'etaient des amulettes
alors qu'en fait ces sceaux sont tout
simplement des ... sceaux, destines a
sceBer des sacs, des amphores, etc.
pour les proteger, mais aussi comme
marque de fabrique et sans doute aussi
comme preuve du paiement des droits
de douane : deja!
Si les sceaux en perdent une certaine
aureole de mystere, par contre, ils en
retrouvent une autre. Par exemple, les
navigateurs intrepides qu' etaient les
Oravidiens, ont-ils vraiment colonise la
mysterieuse et lointaine lIe de Paques ?
II est, en tous cas, troublant de constater,
outre la similitude de style, l'identite
parfaite de 50 signes de l'ile de Paques
avec ceux de l'Indus. Le hasard ?
Our a avaler ! N' est-ce pas trop facile?
U ne meme relation existe entre les
caracteres semitiques archai:ques et les
signes harappeens, mais la Mediterranee
et Ie Proche-Orient, ce n'est tout
de meme pas l'ile de Paques ...
La religion a Lothal
et dans l'Empire
L'absence remarquable - et remarquee
! - de grands edifices religieux et
de palais somptueux comme en Egypte,
par exemple, fait supposer que la
societe harapeenne n' etait pas gouvernee
par un roi-dieu comme Ie pharaon,
ni par un grand-pretre, mais plutot par
un pouvoir seculaire centralise, capable
d'insuffler une discipline civique sur
une etendue aussi considerable dans Ie
temps et l' espace. Faut-il, pour autant,
en conclure qu'ils etaient areligieux ?
Surement pas et c' est dans cette civilisation,
nee du genie autochtone et des
immigres alpino-mediterraneens, qu'il
faut trouver l' origine du culte tantrique.
En effet, il existe un consensus
pour admettre que Ie cuIte de la deesse-mere,
du lingam, des serpents, de
Shiva est prearyen. Cela implique qu'il
provient de ceux qui habitaient l'Inde a
leur arrivee, donc de la civilisation dravidienne
de l'Indus.
Le cuIte etait diffus dans toute la cite
et non pas centralise dans de grands
edifices religieux. La majorite des maisons
avaient leur autel reserve notamment
a un rituel du feu, surement fort
different du sacrifice vedique. On trouve
ainsi dans ces maisons (comme a
Tchatal-Huyuk d'ailleurs) de petits
autels, so us la forme d'une plateforme
basse en briques crues OU l' on retrouve
des cendres. Ce n' eta it manifestement
pas des fours, puisqu'il y manque une
ouverture pour y glisser Ie combus-
tible, et ils n' etaient pas susceptibles de
recevoir des recipients de cuisine de
dimensions connues. Alors, quel pourrait
en etre l'usage, sinon pour un culte
dont nous ignorerons a tout jamais Ie
rituel. O'autre part, les rites funeraires
elabores, attestes par Ie mode d'ensevelissement,
temoignent de leur vie spirituelle.
Ils pratiquaient aussi les sacrifices
sanglants d' animaux .
S.R. Rao, auteur de l' excellent Lothal
and the Indus Civilization, dont j'ai
extrait bien des renseignements contenus
dans ceUe partie con sa cree a
Lothal, ecrit : « En conclusion, on peut
affirmer que les Harappeens observaient
des pratiques religieuses fort
divergentes, allant de concepts philosophiques
et ethiques tres eleves, a des
concepts frisant un animisme grossier».
En effet, est-il absurde de penser que
des gens aussi intelligents sur Ie plan
technique aient egalement pu developper
une philosophie sophistiquee ?
Le meme S.R. Rao ajoute : « De nombreuses
figurines, provenant de l' empire
indusien, evoquent des postures de
yoga. Apparemment, ils pratiquaient Ie
yoga et avaient developpe la science de
la discipline mentale et physique a un
degre tres eleve. Meme leurs dieux
sont representes en attitude meditative.
Dne des plus grandes contributions de
la civilisation de l'Indus serait celIe de
la science du yoga. » Et je precise: du
tantra, dont Ie yoga est une branche.
Mais les civilisations vont et viennent.
Pendant des siecles, grace a ses
digues imposantes, Lothal a vecu a
l'abri des grandes inondations et, au fil
des siecles, la vigilance s' est relikhee.
Puis, un deluge d'une ampleur incroyable
s' est abattu sur la region, deluge
qui a tout ravage sur son passage, laissant
a sa decrue la ville et son port
ensevelis sous des metres de debris
alluvionnaires.
Pour Lothal, ce fut letal. Les rares
habitants qui n' ont pas fui, n' ont plus
eu Ie courage de leurs ancetres qui,
chaque fois, avaient rebati leur ville.
Les autres ont emigre vers des regions
moins menacees. Mais, les causes qui
ont entraine la disparition de la civilisation
de l'Indus en general, ont egalement
agi a Lothal, et j' en parle au chapitre
suivant.
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