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De l'Inde it l'Europe
Les castes, melange explosif
alors que les Nambudiri cloitrees sont
ternes et ennuyeuses, les Nayar,
comme toutes les Oravidiennes, sont
libres, pleines de charme et de vivacite,
donc attrayantes. Si les cadets nambudiri
n' ont pas Ie droit de les epouser,
par contre, ils peuvent coucher avec
autant de filles nayar qu'ils Ie veulent.
lIs ont ainsi tous les avantages du sexe
sans les inconvenients, c' est-a-dire la
charge et Ie souci d' elever une famille
nombreuse.
Apres avoir passe la nuit avec une
Nayar, ils rentrent, tout guillerets, chez
leurs parents. Comme purification, un
simple bain suffit. Les rejetons ? Pas de
probleme : maman nayar les elevera.
Ils n'heriteront ni du nom, ni des biens,
ni de la classe du pere : ils seront soudras,
·comme maman, et leur geniteur
nambudiri les traitera en serfs!
Les relations entre les males des
deux classes sont bien differentes et
caracteristiques de la situation des
soudras en general. Ainsi, un Nayar,
s'adressant a un Nambudiri, reste a
distance respectueuse, ate son vetement
superieur et Ie tient sous Ie bras.
Parlant de sa propre hutte, il dira « rna
rna sure », tandis que ceUe du Nambudiri
sera toujours Ie « palais ». Le
Nayar doit se couvrir la bouche en
parlant a un brahmane nambudiri, car
si un postillon I' atteignait, il devrait se
purifier par un jeune. 11 traite Ie brahmane
comme un dieu vivant et se qualifie
lui-meme d' esclave. Cette coutume
est encore respectee de nos jours
par les Nayars au service d'un brahmane.
Neanmoins, sous l'influence du
modernisme, particulierement fort
dans cette region, d'autres se montrent,
au contraire, tres arrogants visavis
des brahmanes.
Ce n' est pas tout! Sur ce meme territoire
vivent aussi des hors-caste, les
UUadahs, que les Nayars meprisent
parce qu'intouchables !
« Un Ulladah n'est pas "regardable"
pour un Nambudiri, il est "inapprochable"
pour tous les autres, aussi ne
s' aventurent-ils guere dans les villages
... Tout Aryen nambudiri qui se
deplace est toujours precede d'un serviteur
nayar qui hurle a tue-tete « haha
», pour ecarter les intouchables.
Quand ces derniers construisent des
clotures ou travaillent dans Ie village,
ils doivent obligatoirement signaler
leur presence « polluante » en plac;ant,
de part et d' autre, a soixante pas, un
signe habituellement fait de branches
vertes maintenues par une pierre. »
Les defenseurs inattendus
du systeme
La logique aurait voulu que les opprimes
saluent avec enthousiasme l'abolition
officielle du systeme des varnas,
mais ce n' est pas Ie cas et cela a cause
de la doctrine de la reincarnation et du
karma, que tous les Indiens admettent.
II importe peu de savoir si les pre
Aryens, donc les Ora vidiens et les
autochtones, ont cru en la reincarnation
avant ou apres I'invasion aryenne,
l' essen tiel etant I' exploitation geniale
qu'ils (les Aryens) en ont faite pour
faire accepter et meme defendre leur
systeme par ses prop res victimes.
Le systeme fonctionne en deux
temps. 0 ' abord, on fait accepter par les
soudras que s'ils sont serfs dans cette
vie, c' est a cause d' un mauvais karma,
autrement dit qu'ils expient dans cette
vie des fautes commises dans une precedente.
Puis - et c' est la Ie trait de
genie - , on leur promet que s'ils
accomplis sent bien leur dharma servile
actuel, dans leur prochaine vie ils
renaitront dans une classe superieure !
Alors, la suppression des varnas les
frustre : apres avoir expie la moitie ou
plus de leurs fautes, voila qu' on les
empeche de renaitre kshattriya ou
brahmane!
En somme, c'est comme si les
Afrikaanders avaient fait accepter par
les Noirs qu'ils expient des fautes passees
et qu'ils renaitront Blancs dans
leur prochaine vie! Entre parentheses,
it est une autre erreur que Ie systeme
aryen n' a pas commise. En effet, les
Blancs d' Afrique du Sud ont parque
les Noirs dans d ' immenses villescamps
qui favorisent l'emergence d'un
fort psychisme collectif et qui echappent
facilement au contrNe, tout en
permettant aux Noirs de s'organiser
entre eux. Le brahmanisme, au contraire,
a fractionne les populations serviles
en une multitude de sous-castes qui se
meprisent mutuellement et, precaution
supplementaire, en petites communautes
qu'il est bien plus facile de controler
et de maitriser. Moyennant quoi, Ie
systeme tient depuis 3 500 ans.
Bien moins nombreux que les soudras
qui, avec les intouchables, forment
la masse du peuple indien, les
vaishyas sont neanmoins la partie
numeriquement la plus forte des trois
varnas « superit'ures >', c'est-a-dire
aryennes.
L' exploitation totale
Au sujet des vaishyas, Manou est tres
clair :
« Quand Ie Seigneur de toutes les
creatures a cree Ie betail, ill'a confie au
vaishya. (IX. 327).
» Le vaishya eleve Ie betail, offre des
dons et des sacrifices, etudie les Vedas,
fait du commerce, prete de l'argent et
cultive la terre. (1.90)
» II doit sa voir comment bien semer
les graines, evaluer les bonnes ou les
mauvaises qualites des sols et
connaitre parfaitement toutes les
mesures et les poids. (lX.330)
» 11 saura evaluer correctement les
va leurs respectives des pierres precieuses,
des pedes, du corail, des
metaux, des tissus, des parfums et des
epices. (IX.329) »
Quand certains auteurs pretendent
que les vaishyas cultivent Ie sol, il
s' agit tout au plus d'une figure de
style. En fait, ils possedent la terre et la
font cultiver par leurs serfs : ce serait
au-dessus de leur dignite que de se
salir les mains en travaillant la glebe.
Mais, si l'Inde explose un jour, ce sont
eux qui en seront la cause la plus
directe et, sans doute, les premieres
victimes.
Quand j'ecris « gros » proprietaires
terri ens, c'est dans les deux sens :
riches et pansus. Ils exploitent sans
aucun scrupule la main-d'a:'uvrl' servile
en faisant trimer les femmes illissi
bien que les hommes, SOliS It' sok'il de
plomb, a Tilison de dix it dOllzl' lll'lIfl'i;
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