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Andre.Van.Lysebeth_Tantra p

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De l'Inde it l'Europe

Les castes, melange explosif

alors que les Nambudiri cloitrees sont

ternes et ennuyeuses, les Nayar,

comme toutes les Oravidiennes, sont

libres, pleines de charme et de vivacite,

donc attrayantes. Si les cadets nambudiri

n' ont pas Ie droit de les epouser,

par contre, ils peuvent coucher avec

autant de filles nayar qu'ils Ie veulent.

lIs ont ainsi tous les avantages du sexe

sans les inconvenients, c' est-a-dire la

charge et Ie souci d' elever une famille

nombreuse.

Apres avoir passe la nuit avec une

Nayar, ils rentrent, tout guillerets, chez

leurs parents. Comme purification, un

simple bain suffit. Les rejetons ? Pas de

probleme : maman nayar les elevera.

Ils n'heriteront ni du nom, ni des biens,

ni de la classe du pere : ils seront soudras,

·comme maman, et leur geniteur

nambudiri les traitera en serfs!

Les relations entre les males des

deux classes sont bien differentes et

caracteristiques de la situation des

soudras en general. Ainsi, un Nayar,

s'adressant a un Nambudiri, reste a

distance respectueuse, ate son vetement

superieur et Ie tient sous Ie bras.

Parlant de sa propre hutte, il dira « rna

rna sure », tandis que ceUe du Nambudiri

sera toujours Ie « palais ». Le

Nayar doit se couvrir la bouche en

parlant a un brahmane nambudiri, car

si un postillon I' atteignait, il devrait se

purifier par un jeune. 11 traite Ie brahmane

comme un dieu vivant et se qualifie

lui-meme d' esclave. Cette coutume

est encore respectee de nos jours

par les Nayars au service d'un brahmane.

Neanmoins, sous l'influence du

modernisme, particulierement fort

dans cette region, d'autres se montrent,

au contraire, tres arrogants visavis

des brahmanes.

Ce n' est pas tout! Sur ce meme territoire

vivent aussi des hors-caste, les

UUadahs, que les Nayars meprisent

parce qu'intouchables !

« Un Ulladah n'est pas "regardable"

pour un Nambudiri, il est "inapprochable"

pour tous les autres, aussi ne

s' aventurent-ils guere dans les villages

... Tout Aryen nambudiri qui se

deplace est toujours precede d'un serviteur

nayar qui hurle a tue-tete « haha

», pour ecarter les intouchables.

Quand ces derniers construisent des

clotures ou travaillent dans Ie village,

ils doivent obligatoirement signaler

leur presence « polluante » en plac;ant,

de part et d' autre, a soixante pas, un

signe habituellement fait de branches

vertes maintenues par une pierre. »

Les defenseurs inattendus

du systeme

La logique aurait voulu que les opprimes

saluent avec enthousiasme l'abolition

officielle du systeme des varnas,

mais ce n' est pas Ie cas et cela a cause

de la doctrine de la reincarnation et du

karma, que tous les Indiens admettent.

II importe peu de savoir si les pre­

Aryens, donc les Ora vidiens et les

autochtones, ont cru en la reincarnation

avant ou apres I'invasion aryenne,

l' essen tiel etant I' exploitation geniale

qu'ils (les Aryens) en ont faite pour

faire accepter et meme defendre leur

systeme par ses prop res victimes.

Le systeme fonctionne en deux

temps. 0 ' abord, on fait accepter par les

soudras que s'ils sont serfs dans cette

vie, c' est a cause d' un mauvais karma,

autrement dit qu'ils expient dans cette

vie des fautes commises dans une precedente.

Puis - et c' est la Ie trait de

genie - , on leur promet que s'ils

accomplis sent bien leur dharma servile

actuel, dans leur prochaine vie ils

renaitront dans une classe superieure !

Alors, la suppression des varnas les

frustre : apres avoir expie la moitie ou

plus de leurs fautes, voila qu' on les

empeche de renaitre kshattriya ou

brahmane!

En somme, c'est comme si les

Afrikaanders avaient fait accepter par

les Noirs qu'ils expient des fautes passees

et qu'ils renaitront Blancs dans

leur prochaine vie! Entre parentheses,

it est une autre erreur que Ie systeme

aryen n' a pas commise. En effet, les

Blancs d' Afrique du Sud ont parque

les Noirs dans d ' immenses villescamps

qui favorisent l'emergence d'un

fort psychisme collectif et qui echappent

facilement au contrNe, tout en

permettant aux Noirs de s'organiser

entre eux. Le brahmanisme, au contraire,

a fractionne les populations serviles

en une multitude de sous-castes qui se

meprisent mutuellement et, precaution

supplementaire, en petites communautes

qu'il est bien plus facile de controler

et de maitriser. Moyennant quoi, Ie

systeme tient depuis 3 500 ans.

Bien moins nombreux que les soudras

qui, avec les intouchables, forment

la masse du peuple indien, les

vaishyas sont neanmoins la partie

numeriquement la plus forte des trois

varnas « superit'ures >', c'est-a-dire

aryennes.

L' exploitation totale

Au sujet des vaishyas, Manou est tres

clair :

« Quand Ie Seigneur de toutes les

creatures a cree Ie betail, ill'a confie au

vaishya. (IX. 327).

» Le vaishya eleve Ie betail, offre des

dons et des sacrifices, etudie les Vedas,

fait du commerce, prete de l'argent et

cultive la terre. (1.90)

» II doit sa voir comment bien semer

les graines, evaluer les bonnes ou les

mauvaises qualites des sols et

connaitre parfaitement toutes les

mesures et les poids. (lX.330)

» 11 saura evaluer correctement les

va leurs respectives des pierres precieuses,

des pedes, du corail, des

metaux, des tissus, des parfums et des

epices. (IX.329) »

Quand certains auteurs pretendent

que les vaishyas cultivent Ie sol, il

s' agit tout au plus d'une figure de

style. En fait, ils possedent la terre et la

font cultiver par leurs serfs : ce serait

au-dessus de leur dignite que de se

salir les mains en travaillant la glebe.

Mais, si l'Inde explose un jour, ce sont

eux qui en seront la cause la plus

directe et, sans doute, les premieres

victimes.

Quand j'ecris « gros » proprietaires

terri ens, c'est dans les deux sens :

riches et pansus. Ils exploitent sans

aucun scrupule la main-d'a:'uvrl' servile

en faisant trimer les femmes illissi

bien que les hommes, SOliS It' sok'il de

plomb, a Tilison de dix it dOllzl' lll'lIfl'i;

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