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La fable du « bon aryen »
La fable du « bon aryen »
Avant la decouverte, toute fortuite, de
la civilisation harappeenne, la version
officielle, que personne ne mettait en
doute, etait qu' it leur entree en Inde les
Aryens y avaient trouve un pays peupie
d'aborigenes sauvages et incultes
qu'ils auraient civilises par la suite. Le
fait qu'il subsiste encore, dans certaines
forets ou regions montagneuses peu
accessibles de l'Inde actuelle, quelques
tribus aborigenes primitives, accreditait
cette version des faits, flatteuse
pour les envahisseurs. Or, c' est Ie contraire
qui est vrai ! Les Aryens, nomades
barbares et pillards, y ont trouve
une civilisation urbaine raffinee qu'ils
ont detruite - ou achevee ? S'il est, it
cet egard, un temoignage par definition
peu suspect de parti pris prodravidien,
c' est bien celui de Hermann Lommel,
auteur allemand de I' epoque
nazie, qui ecrit, dans son livre dont j' ai
trouve aux puces un exemplaire de
l'edition fran~aise Les anciens Aryens,
edite chez Gallimard en 1943 :
« Autrefois, on croyait que les
Aryens, porteurs de la civilisation,
Ctaient arrives dans un pays habite par
de pauvres sauvages et des barbares
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sans culture, ou ils auraient alors cree
une haute civilisation grace it leur
superiorite intellectuelle et morale. 11
n'en fut pourtant certainement pas
ainsi. Les Aryens ont agi en vainqueurs,
en conquerants, qui ne viennent
pas dans un pays pour y apporter
la civilisation, mais surtout pour prendre
Ie pays et ses richesses et pour reduire
ses habitants en esclavage. Mais
ils apportent avec eux leur mentalite,
qui est, il est vrai, liee it la puissance
militaire, mais non pas necessairement
it une haute culture. Leur esprit evolue
grace au choc avec la civilisation trouvee
car, en s'emparant des richesses
materielles, ils ne peuvent s'empecher
d' adopter aussi des biens spirituels. Ce
serait donc un prejuge de croire que
Rudra-Shiva, parce qu'il est un si
grand dieu et porte en lui une arne profonde,
malgre la terreur qu'il inspire,
doit necessairement avoir appartenu
aux Aryens et ne pourrait pas etre Ie
dieu des habitants autochtones pretendus
si pauvres d'esprit. » (p.209.)
Un peu plus loin cette lourde condamnation:
« En envahissant l'Inde,
les Aryens, conquerants puissants, ont
viole la culture qui y etait etablie et ils
ont prive une partie de l'humanite de
son evolution propre. »
Les impetueux guerriers aryens,
lourdement armes, baroudeurs aguerris,
habitues it se heurter aux occupants
des terri to ires traverses, disposaient
d'une arme decisive: Ie char d'assaut,
au sens litteral ! L'invention de la roue
it rayons, legere, solide, leur a permis
de construire ces chars de guerre pour
deux guerriers, chars rapides qui terrorisaient
l'adversaire sur lequel ils fon
~aient. Imaginons Ie martelement des
sabots des chevaux au galop, la poussiere
soulevee par les roues, les cris de
guerre, les coups d'epee et la nuee de
fleches s' abattant sur l' ennemi qui pouvait
tout aussi bien etre une autre tribu
aryenne dont ils voulaient voler les
troupeaux, sport favori des Aryens
vediques, dans leurs mythes comme
dans la realite. Car pour eux, « posseder
des vaches » c' est la vraie richesse
et Ie « desir de posseder des beeufs »
designe autant la rapine que la guerre !
Le taureau symbolise la virilite originelle,
la vache et son veau la maternite
et la sollicitude nourriciere.
Georges Thomson, cite par
Battacharya (Ancient Indian Rituals, p.
27), ecrit :
« ~e gibier est perissable et fuyant, la
It'rre inamovible, par contre Ie betail
l'sl une richesse durable qu'il est facile
lil' voler ou d'echanger. Nomades par
nl'cessite, les tribus de pasteurs en
vil'nnent vite it s'enrichir par des raids
l'I dt's guerres pour Ie vol de trou
I'l'i\UX. I. .. ] Se depla~ant sans cesse, les
hordes turbulentes pillent un district
Ilprt'S !'autre. Les captHs males sont
tues, les femmes emportees comme
esclaves. »
Ces femmes-butin, devenues esc1aves,
n' en etaient pas moins des femmes
tout court, it qui on faisait des enfants.
Cela agrandissait la tribu, mais apportait
aussi du sang etranger. Que ce soit
en Inde ou ailleurs, Ie my the d'une
« race aryenne pure » est une escroquerie
et la proclamer « superieure » une
imposture pure et simple, dont Ie
monde paie encore aujourd'hui Ies
consequences ...
Mais revenons it nos moutons, ou
plutot it nos troupeaux et it leurs proprietaires,
les Aryens nomades.
Guerroyer implique un commandement
unique : la tribu s' organise en
hierarchie militaire avec, a. sa tete, Ie
chef, prefigurant Ie roL Lors du partage
du butin les guerriers raflent la part du
lion, c' est-a.-dire les plus belles femmes
et les plus belles tetes de betail, d'o\!
des inegalites dans la tribu, a. commencer
par Ie sommet. Nos societes
modernes patriarcales sont toujours
construites sur cette meme structure
pyramidale et Ie chef de l'Etat, qu'il
soit roi ou president, est toujours Ie
chef des armees.
Si les clans se battaient souvent entre
eux, par contre pour la conquete de
nouveaux territoires - I' « operation
Indus » par exemple -, la solidarite
ethnique I'emportait. Parmi les chefs
fameux pour leur bra voure et leur
habilete strategique on trouve Indra et
Vishnou. Stuart Piggot, dans Prehistoric
lndia to 1000 B.C. ecrit : « Dans It'
Rigveda, Indra est I'apotheose du chef
tribal aryen ; arme jusqu'aux dents,
colossal, barbu, pansu a force dl' boirc,
:N