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Andre.Van.Lysebeth_Tantra p

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La fable du « bon aryen »

La fable du « bon aryen »

Avant la decouverte, toute fortuite, de

la civilisation harappeenne, la version

officielle, que personne ne mettait en

doute, etait qu' it leur entree en Inde les

Aryens y avaient trouve un pays peupie

d'aborigenes sauvages et incultes

qu'ils auraient civilises par la suite. Le

fait qu'il subsiste encore, dans certaines

forets ou regions montagneuses peu

accessibles de l'Inde actuelle, quelques

tribus aborigenes primitives, accreditait

cette version des faits, flatteuse

pour les envahisseurs. Or, c' est Ie contraire

qui est vrai ! Les Aryens, nomades

barbares et pillards, y ont trouve

une civilisation urbaine raffinee qu'ils

ont detruite - ou achevee ? S'il est, it

cet egard, un temoignage par definition

peu suspect de parti pris prodravidien,

c' est bien celui de Hermann Lommel,

auteur allemand de I' epoque

nazie, qui ecrit, dans son livre dont j' ai

trouve aux puces un exemplaire de

l'edition fran~aise Les anciens Aryens,

edite chez Gallimard en 1943 :

« Autrefois, on croyait que les

Aryens, porteurs de la civilisation,

Ctaient arrives dans un pays habite par

de pauvres sauvages et des barbares

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sans culture, ou ils auraient alors cree

une haute civilisation grace it leur

superiorite intellectuelle et morale. 11

n'en fut pourtant certainement pas

ainsi. Les Aryens ont agi en vainqueurs,

en conquerants, qui ne viennent

pas dans un pays pour y apporter

la civilisation, mais surtout pour prendre

Ie pays et ses richesses et pour reduire

ses habitants en esclavage. Mais

ils apportent avec eux leur mentalite,

qui est, il est vrai, liee it la puissance

militaire, mais non pas necessairement

it une haute culture. Leur esprit evolue

grace au choc avec la civilisation trouvee

car, en s'emparant des richesses

materielles, ils ne peuvent s'empecher

d' adopter aussi des biens spirituels. Ce

serait donc un prejuge de croire que

Rudra-Shiva, parce qu'il est un si

grand dieu et porte en lui une arne profonde,

malgre la terreur qu'il inspire,

doit necessairement avoir appartenu

aux Aryens et ne pourrait pas etre Ie

dieu des habitants autochtones pretendus

si pauvres d'esprit. » (p.209.)

Un peu plus loin cette lourde condamnation:

« En envahissant l'Inde,

les Aryens, conquerants puissants, ont

viole la culture qui y etait etablie et ils

ont prive une partie de l'humanite de

son evolution propre. »

Les impetueux guerriers aryens,

lourdement armes, baroudeurs aguerris,

habitues it se heurter aux occupants

des terri to ires traverses, disposaient

d'une arme decisive: Ie char d'assaut,

au sens litteral ! L'invention de la roue

it rayons, legere, solide, leur a permis

de construire ces chars de guerre pour

deux guerriers, chars rapides qui terrorisaient

l'adversaire sur lequel ils fon­

~aient. Imaginons Ie martelement des

sabots des chevaux au galop, la poussiere

soulevee par les roues, les cris de

guerre, les coups d'epee et la nuee de

fleches s' abattant sur l' ennemi qui pouvait

tout aussi bien etre une autre tribu

aryenne dont ils voulaient voler les

troupeaux, sport favori des Aryens

vediques, dans leurs mythes comme

dans la realite. Car pour eux, « posseder

des vaches » c' est la vraie richesse

et Ie « desir de posseder des beeufs »

designe autant la rapine que la guerre !

Le taureau symbolise la virilite originelle,

la vache et son veau la maternite

et la sollicitude nourriciere.

Georges Thomson, cite par

Battacharya (Ancient Indian Rituals, p.

27), ecrit :

« ~e gibier est perissable et fuyant, la

It'rre inamovible, par contre Ie betail

l'sl une richesse durable qu'il est facile

lil' voler ou d'echanger. Nomades par

nl'cessite, les tribus de pasteurs en

vil'nnent vite it s'enrichir par des raids

l'I dt's guerres pour Ie vol de trou­

I'l'i\UX. I. .. ] Se depla~ant sans cesse, les

hordes turbulentes pillent un district

Ilprt'S !'autre. Les captHs males sont

tues, les femmes emportees comme

esclaves. »

Ces femmes-butin, devenues esc1aves,

n' en etaient pas moins des femmes

tout court, it qui on faisait des enfants.

Cela agrandissait la tribu, mais apportait

aussi du sang etranger. Que ce soit

en Inde ou ailleurs, Ie my the d'une

« race aryenne pure » est une escroquerie

et la proclamer « superieure » une

imposture pure et simple, dont Ie

monde paie encore aujourd'hui Ies

consequences ...

Mais revenons it nos moutons, ou

plutot it nos troupeaux et it leurs proprietaires,

les Aryens nomades.

Guerroyer implique un commandement

unique : la tribu s' organise en

hierarchie militaire avec, a. sa tete, Ie

chef, prefigurant Ie roL Lors du partage

du butin les guerriers raflent la part du

lion, c' est-a.-dire les plus belles femmes

et les plus belles tetes de betail, d'o\!

des inegalites dans la tribu, a. commencer

par Ie sommet. Nos societes

modernes patriarcales sont toujours

construites sur cette meme structure

pyramidale et Ie chef de l'Etat, qu'il

soit roi ou president, est toujours Ie

chef des armees.

Si les clans se battaient souvent entre

eux, par contre pour la conquete de

nouveaux territoires - I' « operation

Indus » par exemple -, la solidarite

ethnique I'emportait. Parmi les chefs

fameux pour leur bra voure et leur

habilete strategique on trouve Indra et

Vishnou. Stuart Piggot, dans Prehistoric

lndia to 1000 B.C. ecrit : « Dans It'

Rigveda, Indra est I'apotheose du chef

tribal aryen ; arme jusqu'aux dents,

colossal, barbu, pansu a force dl' boirc,

:N

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