Panorama de presse quotidien du 27 02 23

REGION L’Union
27/02/2023
Environnement
Vers des restrictions d’eau
Corinne Lange
Après une année 2022 marquée par la douceur et la sécheresse, le mois de février est le plus
sec jamais observé en France. Le niveau des nappes phréatiques, en ce début d’année, affiche
un niveau déjà anormalement bas dans l’Aisne, la Marne et les Ardennes.
La réunion de ce lundi s’annonce déterminante. Christophe Béchu, le ministre de la Transition
écologique, compte faire un point avec les préfets de chaque territoire pour organiser, dès le
mois de mars, « des mesures de restriction qui soient soft » , alors que le pays est confronté à
une sécheresse sans précédent.
Le 22 février, le ministre spécifiait chez nos confrères de France Info « qu’un grand plan sur
l’eau sera présenté d’ici quelques jours, avec une cinquantaine de mesures ».
On est dans le rouge complet. Si la recharge ne reprend pas, l’année risque d’être sévère
Boris Javaux est hydrogéologue pour le Bureau de recherches géologiques et minières
(BRGM) du Grand Est, implanté à Reims. C’est l’établissement public de référence dans les
applications des sciences de la terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du soussol.
Dans la Marne et les Ardennes, le territoire est constitué à 75 % de craie. « Il faut imaginer la
craie comme une éponge plutôt que comme un réservoir d’eau , explique l’ingénieur. Si la
profondeur est de 150 à 300 mètres, il ne faut pas penser qu’il y a de l’eau à 100 mètres. La
nappe se situe en moyenne à 30 ou 40 mètres de profondeur. »
Depuis 1969, des mesures sont effectuées pour calculer la superficie des nappes phréatiques.
Des mesures qui se font par des piézomètres : treize sont implantés dans les Ardennes et vingt
dans la Marne. « Concrètement, c’est un forage qui nous permet d’aller mesurer l’eau » ,
détaille Boris Javaux.
Au BRGM, les hydrologues ont la tête dans le sol et les yeux tournés vers le ciel, plus
précisément sur les prévisions de Météo France. « Une nappe se recharge avec la pluviométrie
et cette recharge se fait entre octobre/novembre et jusqu’au mois de mars/avril, au moment où
les végétaux repoussent. »
Si la recharge a débuté tardivement en 2022, avec près de deux mois de retard, il est tombé en
janvier plus de 120 mm, ce qui est au-delà de la moyenne : 110,80 mm à Reims par exemple.
« En janvier, tous les indicateurs étaient au vert avec une courbe ascendante et on commençait
la recharge des nappes. » D’autant que le pays a connu quatre années sur cinq de sécheresse :
2018, 2019, 2020 et 2022. En revanche, l’été 2021 a été salvateur avec 35 jours de pluie,
essentiellement en juillet. « Mais février 2023 est catastrophique avec 6,4 mm d’eau tombée,
même pas 1/ 10 e de la pluviométrie moyenne. La France a connu 32 jours sans pluie
significative. » Boris Javaux est catégorique : « On est dans le rouge complet. Si la recharge
ne reprend pas, l’année risque d’être sévère. » Un chiffre : 75 % de l’eau potable est puisée