Boxoffice Pro n°447 – 28 juin 2023

CINEEUROPE 2023
INTERVIEWS EXPRESS
3/3
Mark Viane, président de la
distribution internationale
Paramount Pictures
Comment envisagez-vous le marché 2023 ?
Chaque territoire se trouve à un stade différent, certains
sont en avance par rapport à 2019 et d'autres sont en
retard. Mais dans l'ensemble, nous ne pourrions pas être
plus satisfaits de la direction que prend l'industrie au sortir
de la pandémie. La distribution internationale de films en
salles est en pleine forme et le secteur très optimiste en
ce moment.
L'inflation reste une préoccupation pour les
consommateurs. Pensez-vous que le prix des
billets de cinéma continuera d’augmenter ?
Les prix des billets sont actuellement à un très bon niveau.
Selon le format dans lequel vous voyez le film, le tarif est
plus ou moins élevé. Les journées nationales d’opérations
tarifaires permettent à ceux qui ont moins de moyens
d'aller au cinéma, tandis que d'autres paieront le
supplément pour être sûrs de voir le film en format
premium et bénéficier de la meilleure expérience possible.
Je reste persuadé que, quoi qu'il arrive, le prix sera toujours
adapté au plus grand nombre, et en adéquation avec ce
que le secteur propose, notamment avec les Premium
Large Format (PLF) qui sont en train de prendre le relais de
la salle de projection traditionnelle.
Avatar : La Voie de l'eau de James Cameron a remis
la 3D au goût du jour. Quelle est la position de
Paramount sur ce format ?
Nous sommes de fervents partisans de la 3D, tant que
celle-ci est qualitative. Lors du premier week-end de
Transformers : Rise of the Beast, elle a représenté 36 % des
recettes à l'échelle internationale.
Votre stratégie des calendriers de sortie a-t-elle
évolué, les dates étant fixées particulièrement en
avance ?
Nous sommes juste revenus à une situation d’avant-Covid.
Les studios sont presque à pleine capacité en termes de
production et c'est la nature de notre activité de fixer des
calendriers de sortie adaptés. Il est évident que tous
cherchent à se positionner sur les meilleures dates. Aux
États-Unis, celles-ci sont en quelque sorte gravées dans le
marbre. Sur les autres territoires, nous avons tendance à
adapter les dates en fonction des jours fériés, des vacances
scolaires ou des longs week-ends.
Selon vous, dans le paysage actuel, quelle est la
place des films à budget moyen ?
Il y a un public pour chaque film. Si nos superproductions
s'adressent au plus grand nombre, nous sortons aussi des
films pour des publics plus spécifiques et les budgets de
production étant adaptés aux objectifs, il y a évidemment
une place pour ces films du milieu.
UN RAPPORT ET UNE ÉTAPE
MAJEURS POUR LA REPRISE
Dans son rapport annuel définitif dévoilé à CineEurope, l’Unic comptabilise
en 2022 pour l'UE – Royaume-Uni compris –, plus de 655 millions de billets
dans les cinémas et des recettes estimées à 5 milliards d'euros, soit des
augmentations respectives de 62,7 % et 68,5 % par rapport à 2021. De quoi
démontrer le dynamisme du secteur, alimenté par l'appétit retrouvé du public
pour l'expérience salle.
Dans l’ensemble des 39 territoires de l’Unic* (soit
environ 43 000 salles), la fréquentation des cinémas,
estimée à 809 millions de spectateurs, a connu une
hausse de 36,2 %. Celle des recettes, évaluées à 5,7
milliards d’euros, atteint +53,8 %. « Des chiffres impressionnants
réalisés malgré certaines restrictions imposées aux
cinémas au cours des premiers mois de l'année, ainsi que
la hausse des coûts de l'énergie, l'impact du conflit Russie/
Ukraine et une offre cinématographique encore limitée »,
note l’Unic.
Les remontées de box-office les plus remarquables sont
observées en Roumanie (+142 % par rapport à 2021),
Lituanie (+133,5 %), Slovénie (+182,3 %), Allemagne
(+93,5 %) et en Autriche (+96 %). Les plus hautes parts
de marché des films nationaux sont observées en Turquie
(46 % des entrées annuelles), en France (41 %), en
République tchèque (33,5 %), en Allemagne (27 %) et
au Danemark (26 %). L’Unic pointe autant la performance
d’Avatar : La Voie de l'eau – devenu le plus plus
gros succès en EMEA de tous les temps avec ses près
de 800 M $ de recettes dans la région – que de Sans
filtre – la Palme d'Or 2022 ayant engrangé plus de 25
M $ dans plus de 40 marchés internationaux. « Après
deux années perturbées, 2022 a marqué un tournant dans
la reprise et envoyé un signal clair sur le désir du public
de retrouver le grand écran lorsqu'il dispose d’une offre
cinématographique solide et diversifiée, permettant ainsi
aux cinémas de réaffirmer leur importance culturelle et
sociale au sein des communautés locales. »
Le dynamisme observé depuis le début de l'année a
récemment incité Gower Street Analytics à revoir à la
hausse ses prévisions 2023 du box-office mondial,
attendu aux alentours de 32 milliards de dollars (ses
prévisions initiales, établies en décembre 2022, étaient
à 29 milliards de dollars). Au niveau mondial, le premier
trimestre 2023 affiche en effet une avance de 27 % par
rapport au T1 2022 et le double du T1 2021. Sur la
seule région EMEA, le premier trimestre 2023 a été le
plus haut enregistré depuis le début de la crise sanitaire.
Si les salles françaises ont dû attendre avril pour retrouver
(voire dépasser) les niveaux de fréquentation pré-Covid,
les Pays-Bas affichaient un box-office au-dessus de la
moyenne pré-pandémie dès le premier trimestre de
l’année (+3,3 %), de même que l’Autriche (+2 %) et la
Norvège (au niveau de son box-office 2019). En mai,
outre la France, l'Espagne et l'Italie réalisaient des
résultats proches de ceux de 2019.
« De nombreuses enquêtes sur le comportement du public
à travers l'Europe confirment le retour des spectateurs, en
particulier des jeunes, dans les salles et le statut des cinémas
comme loisirs hors domicile préféré et le plus abordable »,
souligne l’Unic. Dans ce contexte, la légère augmentation
(de 4 %) du prix moyen du billet en Europe depuis
2021, en partie due à la popularité croissante des formats
premium, démontre, selon l'organisation, « que le public
est prêt à payer plus cher pour un service ou une expérience
de qualité supérieure ».
Toutefois, Phil Clapp, le président de l’Unic (et de la
UK Cinema Association), n’élude pas les difficultés qui
subsistent, « telles que le besoin de plus de constance et de
diversité dans le flux de films et l'augmentation des coûts
d'exploitation. Mais les cinémas restent le lieu privilégié
pour vivre des films de tous genres. Les décideurs politiques
doivent continuer leurs efforts pour protéger et célébrer les
cinémas, quelle que soit leur taille ou leur emplacement ».
*Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Bosnie Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Chypre,
Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Géorgie, Grande-Bretagne, Grèce,
Hongrie, Irlande, Israël, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Macédoine du Nord,
Montenegro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie,
Russie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine
En image
Lors de cette édition de CineEurope, les exploitants
ont parlé de l'importance de cibler certains
groupes de spectateurs. Quel est votre angle
d'attaque pour attirer des publics spécifiques ?
Pat Patrouille est, par exemple, un film spécialement conçu
pour un public familial qui a tendance à se rajeunir. Le
dernier a connu un énorme succès international, avec plus
de 100 millions de dollars de recettes. Ce n'est pas pour
rien que nous faisons ces films.
©Marion Delique
Cérémonie de remise de prix des
Giants of Exhibition Europe 2023
26 N°447 / 28 juin 2023