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syndicom magazine No.37

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 37 novembre 2023<br />

<strong>magazine</strong><br />

Ce que<br />

nous disent<br />

les jeunes


Annonce<br />

L’institut de formation des syndicats<br />

Cours Movendo 2024:<br />

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Movendo<br />

L’institut de formation des syndicats<br />

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« La formation continue est pour tout le monde ! » Pour que cette affirmation reste une réalité,<br />

votre syndicat prend en charge les coûts d’au moins un cours par année parmi l’offre de Movendo, votre<br />

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Sommaire<br />

3 Edito<br />

4 Brèves<br />

5 Agenda<br />

6 Dossier : jeunes et<br />

syndicats<br />

18 Au cœur de nos métiers<br />

22 Politique<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 International<br />

28 Evènements<br />

31 Mots croisés<br />

32 Tranches de vie<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

« On fait vraiment baisser la moyenne d’âge,<br />

non ? », me soufflait un représentant du GI<br />

Jeunesse lors d’une conférence syndicale.<br />

Pourtant, nous ne sommes pas une particularité,<br />

ni une niche. Près d’un quart des personnes<br />

actives en Suisse ont moins de 30 ans.<br />

Nous voulons avoir notre mot à dire sur notre<br />

avenir. Donner à la voix des jeunes travailleurs-euses<br />

sa place légitime permettrait de<br />

considérer leur point de vue lors des négociations,<br />

des discussions et de prendre les décisions<br />

qui leur conviennent (p. 9). Le futur nous<br />

angoisse, nous voulons un futur durable sur<br />

une planète habitable: le GI Jeunesse a participé<br />

haut et fort à la manifestation nationale<br />

pour le climat avec d’autres représentant-es<br />

syndicaux-ales venu-es de toute la Suisse<br />

(p. 5).<br />

Matteo Antonini, président de <strong>syndicom</strong>,<br />

répond dans ce numéro aux critiques et interrogations<br />

de nos jeunes membres (p. 10 et 11),<br />

car oui, une jeunesse forte renforce le mouvement<br />

entier. Jamais cela n’a été aussi clair qu’à<br />

l’occasion du camp syndical international de<br />

cette année avec nos collègues allemand-es et<br />

autrichien-nes (p. 15). En tant que syndicat,<br />

nous devons progresser et faire de la place pour<br />

de nouvelles idées, de nouvelles structures et<br />

de nouvelles solutions. Car la jeunesse est là,<br />

elle est bruyante et elle veut avoir son mot à<br />

dire. Mon conseil : écoutez-la !<br />

6<br />

Dossier :<br />

jeunes et syndicats<br />

18<br />

Débrayage Tamedia<br />

32<br />

Tranches de vie<br />

Jeannine « Jane » Bossard,<br />

secrétaire de la jeunesse <strong>syndicom</strong>


4 Brèves<br />

St-François : poste menacée \ Migros ferme myMigros \ Nouveau responsable<br />

secteur Logistique \ Nos membres primés \ Payot : un sondage payant \<br />

Salaires équitables dans les médias : signez la pétition \ Livre Suisse :<br />

augmentation salariale \ 7 francs par heure de nuit \ Salaire minimum vaudois<br />

La poste de St-François<br />

menacée<br />

Une alliance d’associations, de partis et<br />

de citoyen-nes, que <strong>syndicom</strong> soutient,<br />

a récolté près de 3300 signatures en faveur<br />

du maintien de l’office de poste à<br />

St-François ainsi que de l’ensemble des<br />

prestations. La Poste n’a toujours pas<br />

réagi à la pétition pourtant déposée en<br />

mars déjà. Un projet immobilier de<br />

centre commercial menace cet office<br />

qui offre une accessibilité exceptionnelle<br />

au centre de Lausanne. Nous voulons<br />

un service public digne de ce nom !<br />

Fin de myMigros, effets sur<br />

notime<br />

Migros a mis fin à l’offre en ligne my-<br />

Migros. Cette décision touche les<br />

140 conducteurs-trices de la filiale de<br />

notime qui livraient les achats effectués<br />

sur myMigros. En tant que partenaire<br />

social, <strong>syndicom</strong> s’engage à limiter<br />

autant que possible les répercussions<br />

sur le personnel. <strong>syndicom</strong> salue le fait<br />

que notime soutienne ses conducteurs-trices<br />

pour obtenir les permis de<br />

conduire nécessaires à la poursuite de<br />

leur activité.<br />

Manuel Wyss, nouveau<br />

responsable du secteur<br />

Logistique<br />

Le 31 août dernier, les délégué-es du<br />

secteur Logistique de <strong>syndicom</strong> ont élu<br />

le nouveau responsable du secteur.<br />

Il s’agit de Manuel Wyss, qui était<br />

jusqu’alors secrétaire central du secteur<br />

Logistique. Dans sa nouvelle fonction,<br />

il siègera aussi au comité directeur<br />

de <strong>syndicom</strong>. Il succède ainsi à Matteo<br />

Antonini, élu président en juin dernier.<br />

Deux membres <strong>syndicom</strong><br />

tessinois primés<br />

Le journaliste tessinois Federico<br />

Franchini, membre du <strong>syndicom</strong>,<br />

membre du Comité national presse et<br />

collaborateur de cette revue, a reçu le<br />

prix de l’Association des journalistes<br />

tessinois, qui lui a été décerné fin septembre<br />

pour son reportage sur les<br />

mines de cobalt dans les Alpes piémontaises.<br />

Tiziana Conte, opératrice culturelle<br />

et journaliste indépendante, également<br />

membre de <strong>syndicom</strong>, a reçu le<br />

Prix suisse des arts du spectacle des<br />

mains d’Alain Berset pour ses décennies<br />

de travail dans le domaine de la danse.<br />

Mesures d’économie levées<br />

chez Payot<br />

En juillet, un sondage a été mené par<br />

<strong>syndicom</strong> auprès du personnel Payot au<br />

sujet des mesures d’économie actuellement<br />

en cours, en particulier l’heure<br />

supplémentaire travaillée gratuitement<br />

par semaine. La participation au sondage<br />

a été très bonne et a montré que le<br />

personnel ne souhaitait plus cette mesure.<br />

Des discussions en commission<br />

paritaire ont permis de la faire annuler.<br />

Pétition pour des salaires<br />

équitables dans les médias<br />

Les négociations en vue de conclure la<br />

CCT de la presse en Suisse alémanique<br />

et au Tessin sont actuellement bloquées.<br />

L’association des éditeurs, VSM,<br />

veut établir le salaire minimum à<br />

4800 francs, soit 1000 francs de mois<br />

que le salaire minimum fixé dans la CCT<br />

de la presse en Suisse romande. Un salaire<br />

honteux ! Et les propositions des<br />

éditeurs pour les conditions des pigistes<br />

sont encore plus choquantes.<br />

Nous ne les acceptons pas ! Pour signer<br />

la pétition et la transférer à vos collègues<br />

: salaires-equitable.ch/<br />

Négociations fructueuses avec<br />

Livre Suisse<br />

Des négociations avec Livre Suisse ont<br />

été menées depuis le début de l’année<br />

pour une revalorisation de la grille salariale<br />

et des améliorations de la CCT de<br />

la librairie indépendante. La faîtière des<br />

libraires et <strong>syndicom</strong> sont tombés<br />

d’accord sur un résultat positif qui comprend<br />

notamment une augmentation<br />

salariale de 1,5 %, un jour de formation<br />

payé et l’introduction d’un 13 e salaire<br />

partiel.<br />

7 francs de plus pour le<br />

travail de nuit<br />

Les employé-es des Services logistiques<br />

de La Poste (région de Zurich) nous ont<br />

rapporté qu’ils et elles ne reçoivent pas<br />

d’allocation de travail de nuit entre<br />

5h00 et 6h00 du matin. Par le biais<br />

d’une pétition, les employé-es ont pointé<br />

cette anomalie et exigé, avec le soutien<br />

de <strong>syndicom</strong>, une indemnisation.<br />

<strong>syndicom</strong> a négocié avec succès. Résultat<br />

: les affectations comprises entre<br />

5h00 et 6h00 du matin seront indemnisées<br />

dès le 1 er janvier 2024 avec un supplément<br />

de nuit de 7 francs.<br />

Vaud, enfin un salaire<br />

minimum ?<br />

16 000 signatures ont été récoltées pour<br />

chacune des deux initiatives pour l’introduction<br />

d’un salaire minimum dans le<br />

canton de Vaud. Malgré la période estivale,<br />

c’est un résultat remarquable pour<br />

la coalition « Ensemble à gauche », réunissant<br />

partis de gauche et syndicats<br />

(y compris <strong>syndicom</strong>). La première initiative<br />

vise à ancrer le principe dans la<br />

Constitution cantonale, la seconde établit<br />

la loi d’application, avec le minumum<br />

légal à 23 francs brut par heure.<br />

Le vote pourrait se tenir au plus tôt courant<br />

2025, 14 ans après la votation sur le<br />

même objet, refusé par la population.<br />

Des initiatives similaires sont aujourd’hui<br />

en cours en Valais et à<br />

Fribourg.


Brèves<br />

Politique et rire à Berne \ <strong>syndicom</strong> s’investit pour le climat \<br />

Agenda <strong>syndicom</strong> et cours Movendo\ Elections 2023 RP<br />

Swisscom et cablex<br />

5<br />

Politique et rire<br />

La section Berne Lötschberg Poste a<br />

testé un nouveau format pour mobiliser<br />

ses membres : allier humour et politique.<br />

Fin juin, l’humoriste schwytzois<br />

Sascha Schnellmann (connu pour ses<br />

apparitions dans les émissions « Das<br />

Zelt » et « Spasspartout » de SRF) a été<br />

invité à Thoune pour un spectacle<br />

destiné aux membres de <strong>syndicom</strong> de<br />

l’Oberland bernois. A ses côtés, Martin<br />

von Allmen, ancien grand conseiller du<br />

PS et ancien conseiller municipal de<br />

Thoune, est monté sur scène pour<br />

parler de l’AVS et de la situation des<br />

caisses de pension.<br />

La production de Schnellmann et de von<br />

Allmen ensemble est une tentative de la<br />

section Berne-Lötschberg Poste pour<br />

entrer en contact avec les membres de<br />

<strong>syndicom</strong>. « Le comité envisageait un<br />

événement intergénérationnel pour ses<br />

membres », déclare Adriano Troiano,<br />

responsable de la région Berne/<br />

Haut-Valais de <strong>syndicom</strong>. « On a voulu<br />

présenter un événement qui non seulement<br />

crée le lien entre les générations,<br />

mais qui permette aussi de mettre les<br />

sujets politiques importants en perspective.<br />

Il est essentiel que <strong>syndicom</strong><br />

encourage de nouveaux types de rencontres<br />

pour informer, pour se faire<br />

connaître et pour susciter le débat :<br />

ça aussi, c’est le rôle du syndicat. »<br />

(Mireille Guggenbühler)<br />

Deux débats et une manif<br />

sur le climat<br />

En septembre à Zurich et en octobre à<br />

Lausanne : <strong>syndicom</strong> a organisé deux<br />

débats sur l’impact de la crise climatique<br />

sur nos emplois et nos conditions<br />

de travail.<br />

Les travailleurs et travailleuses se<br />

trouvent de plus en plus exposé-es aux<br />

conditions météorologiques extrêmes<br />

résultant du changement climatique, ce<br />

qui accroît significativement les risques<br />

pour leur santé et leur sécurité au travail.<br />

Il est indéniable que les lois et les<br />

conventions collectives actuelles ne<br />

fournissent pas une protection adéquate<br />

face à ces nouveaux défis. Les<br />

discussions ont porté sur les conséquences<br />

de la crise climatique sur la<br />

santé et les conditions de travail et sur<br />

le rôle des syndicats dans cette bataille<br />

cruciale.<br />

Le 29 septembre, le GI Jeunesse de <strong>syndicom</strong><br />

s’est mobilisé pour la manifestation<br />

nationale pour le climat. Les slogans<br />

« Pas d’emplois sur une planète<br />

morte », « La planète avant le profit »<br />

côtoyaient les drapeaux de <strong>syndicom</strong>.<br />

Un stand présentant notre dossier climat<br />

(<strong>magazine</strong> 35) a permis de mener<br />

de nombreuses discussions sur le rôle<br />

des syndicats pour une transition socialement<br />

juste. Les avis récoltés<br />

nourrissent la réflexion et notre engagement.<br />

Agenda <strong>syndicom</strong><br />

Vous trouverez dans ce numéro une<br />

carte postale pour commander l’agenda<br />

<strong>syndicom</strong> 2024. Il est gratuit et vous<br />

accompagnera tout au long d’une année<br />

de batailles syndicales ! Vous trouverez<br />

également le programme de formation<br />

Movendo pour l’année<br />

prochaine. Pour rappel, tous les<br />

membres de <strong>syndicom</strong> peuvent suivre<br />

gratuitement un cours Movendo par<br />

année, que ce soit pour leur profession,<br />

leur travail syndical ou simplement<br />

leur développement personnel.<br />

© Bruno Ferreira Dias, <strong>syndicom</strong><br />

2024<br />

Elections 2023 de la représentation<br />

du personnel chez<br />

Swisscom et cablex<br />

<strong>syndicom</strong> soutient 43 personnalités<br />

fortes qui se portent candidates à la<br />

représentation du personnel (RP) et<br />

s’impliquent chez <strong>syndicom</strong>. Elles apportent<br />

le juste mélange de compétences<br />

et d’expériences, un réseau solide<br />

et des idées fraîches.<br />

Merci de les prendre en considération<br />

lors de l’élection qui se déroule<br />

jusqu’au 22 novembre !<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/electionrp23<br />

Agenda<br />

Novembre<br />

9<br />

Conférence féminicides<br />

Au club 44, l’historienne Christelle<br />

Taraud parlera de l’ouvrage qu’elle a<br />

dirigé, « Féminicides, une histoire<br />

mondiale » (Découverte, 2023). Ce livre<br />

rassemble des contributions mondiales<br />

pour comprendre le continuum<br />

de violences qui s’exerce contre les<br />

femmes depuis la préhistoire.<br />

A noter également en novembre : le<br />

15, une conférence intitulée « L’intelligence<br />

artificielle n’existe pas » et le 30,<br />

une tentative de réponse à la montée<br />

des extrêmes droites et des régimes<br />

autoritaires en parlant de convivialisme.<br />

www.club-44.ch<br />

10-12<br />

7 e Journée de la typographie<br />

à St-Gall<br />

Sous le titre de « What nobody talks<br />

about – ce dont personne ne parle »,<br />

les collègues abordent des sujets<br />

sensibles tels que se sentir incompétent-e,<br />

ne pas s’entendre avec les<br />

commanditaires ou être à cours<br />

d’idées. De nombreux-ses<br />

intervenant-es vont partager leurs<br />

pires expériences !<br />

typo-stgallen.ch<br />

Jusqu’au 22<br />

Elections RP chez Swisscom<br />

et cablex<br />

<strong>syndicom</strong> soutient 43 personnalités<br />

fortes qui se portent candidates à la<br />

représentation du personnel (RP) et<br />

s’impliquent chez <strong>syndicom</strong>.<br />

Elisez-les jusqu’au 22 novembre !<br />

Toutes les infos : <strong>syndicom</strong>.ch/<br />

electionrp23<br />

25<br />

Journée des médias de Berne<br />

Les collègues discutent du type de<br />

journalisme produit par les machines<br />

et qui remplace de plus en plus<br />

l’humain dans les rédactions.<br />

bernermedientag.ch<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


Jeunes et<br />

syndicats


Photos dossier : Jana Leu, Manuel Lopez et Pascale Amez


8 Dossier<br />

La nouvelle génération nous questionne<br />

La grande majorité des syndicats européens et suisses ne parvient pas à rajeunir sa base militante. Comment expliquer<br />

cette désaffection ? Le syndicalisme est-il devenu ringard au point que la jeune génération a perdu foi en la capacité<br />

des syndicats à la défendre ?<br />

Les entretiens menés avec les militant·es et les<br />

collègues montrent que le travail et la mission<br />

des syndicats sont souvent peu connus, voire<br />

peu clairs pour les apprenti·es et les jeunes<br />

adultes. Parmi les recrues moins âgées (p.10 et<br />

11), certain·es pointent du doigt le manque de<br />

modernité des syndicats, leur bureaucratie trop<br />

lourde ou encore leur présence insuffisante sur<br />

les réseaux sociaux, où devient possible une<br />

mobilisation bien plus rapide que par nos organisations.<br />

La volonté de contribuer à l’action collective<br />

n’a, elle, pas flanché. La structure par laquelle<br />

passe cet engagement est simplement devenue<br />

secondaire. Si on y ajoute la réticence sentie des<br />

syndicats à élaborer une politique spécifique<br />

envers les jeunes, on comprend mieux pourquoi<br />

ils préfèrent s’engager en premier lieu dans des<br />

associations ou des partis.<br />

Si la méthodologie vieillissante est une raison<br />

évidente du déclin du syndicalisme chez les<br />

moins de 30 ans, elle n’est pas la seule : se syndiquer<br />

implique de bénéficier de conditions de<br />

travail stables ou de rester suffisamment longtemps<br />

dans un emploi ou un métier. Face à des<br />

situations professionnelles précaires ou fluctuantes,<br />

l’engagement des jeunes dans les syndicats<br />

est relégué au second plan.<br />

Les jeunes adressent<br />

un message limpide à<br />

nos institutions séculaires.<br />

À nous de les écouter<br />

pour nous réinventer !<br />

REJOINS LA COMMISSION<br />

DE LA JEUNESSE<br />

Ensemble nous pouvons être une force de changements. Il y a<br />

100 ans, la semaine de cinq jours était un rêve lointain, tout<br />

comme les salaires pour les apprenti·es ou encore la protection<br />

contre le licenciement.<br />

Tout ceci a été obtenu de haute lutte ! Pour<br />

façonner le futur dont nous rêvons, nous<br />

avons besoin de ton engagement ! Rejoins<br />

la commission de la jeunesse de <strong>syndicom</strong>,<br />

participe, fais-nous part de tes revendications<br />

et idées ! infos : jugend@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

De gauche à droite<br />

devant : Jane Bossard,<br />

Philip fleischmann,<br />

Anja Bachmann,<br />

derrière : Silas Arn,<br />

Jakub Walczak,<br />

Matteo Baschera.


Dossier<br />

9<br />

« Le syndicat doit intégrer les jeunes »<br />

Le Groupe d’Intérêt (GI) jeunesse s’est retrouvé les 29 septembre pour réévaluer les statuts et élire la relève de certain·es<br />

militant·es trop âgé·es pour appartenir encore à ce comité. De nouveaux membres sont difficiles à recruter.<br />

« Comment rendre notre organisation plus visible pour les apprenti·es et les jeunes employé·es? », interroge Jane<br />

Bossard, secrétaire de la jeunesse qui fête tout juste sa première année à <strong>syndicom</strong>.<br />

Un message plus clair<br />

« Ce que l’on fait est important, mais je dois parfois répéter<br />

40 fois la même chose avant que mes collègues se<br />

sentent concerné·es ! », commence Anja Bachmann, 25<br />

ans, factrice à Winterthour (voir son portrait en dernière<br />

page). Pour les militant·es présent·es, un gros effort de<br />

pédagogie doit être fourni, et pas seulement auprès des<br />

jeunes, soit dit en passant. « Un message simple et clair<br />

sur ce que le mouvement représente serait un bon début »,<br />

abonde Silas Arn, président sortant du GI Jeunesse, 34<br />

ans, syndiqué depuis ses débuts professionnels en tant<br />

qu’informaticien chez Swisscom. Il se sent parfois à court<br />

de perspectives pour présenter le travail des syndicats à<br />

ses collègues novices. « Je m’investis pour que les progrès<br />

soient justes pour toutes et tous. Or quand j’explique le<br />

rôle prépondérant des CCT je me rends compte du fait<br />

que l’influence directe et concrète des syndicats sur leurs<br />

conditions de travail reste floue. »<br />

Philip Fleischmann, coursier à vélo zurichois de 30 ans,<br />

évolue dans une branche très peu régulée. Nombre de ses<br />

collègues sont issu·es de la migration, ignorent leurs<br />

droits et cumulent les jobs pour boucler les fins de mois.<br />

« Je m’investis pour que toutes et tous bénéficient le plus<br />

rapidement possible d’une protection et d’un salaire minimum.<br />

Les choses bougent à Genève grâce à l’action des<br />

syndicats et j’utilise cet exemple pour convaincre mes<br />

collègues de s’affilier. »<br />

Structure périmée?<br />

Les membres du comité remettent en question la place<br />

du GI Jeunesse, à la marge de la structure syndicale. « La<br />

manière dont se sont construits les syndicats, et <strong>syndicom</strong>,<br />

par secteur, par région, en gros par silo, ne nous permet<br />

pas d’amener partout la perspective des jeunes, que<br />

ce soit dans les stratégies ou les plans d’actions syndicaux.<br />

Il faut des jeunes dans tous les comités », constate Jane<br />

Bossard.<br />

Pour Jakub Walczak, 18 ans, apprenti·e informaticien·ne<br />

de dernière année chez Swisscom, il s’agit de convaincre<br />

les jeunes de s’engager. « Seuls le poids et la force du collectif<br />

peuvent bouger les lignes ». Jakub, qui s’est présenté·e<br />

aux élections au Conseil national sur la liste du PS du<br />

canton de Berne en tant que tête de liste de la Jeunesse<br />

Socialiste, va un peu plus loin : « Nous devons reprendre<br />

la lutte des classes. Les compromis avec les capitalistes<br />

ne pourront jamais nous rendre pleinement heureux. »<br />

Pour Matteo Baschera, 33 ans, polygraphe de formation<br />

et aujourd’hui employé chez Galledia, une entreprise de<br />

médias indépendante basée en Suisse orientale et en<br />

Suisse centrale, le dialogue doit également se tenir sur la<br />

plan intergénérationnel. « Je travaille dans une branche<br />

en crise depuis quinze ans. Je veux accompagner les changements<br />

en cours et offrir un discours aux plus jeunes<br />

autre que celui de la peur. Mais cette discussion doit avoir<br />

lieu à tous les échelons de l’entreprise, entre toutes les<br />

générations. Que voulons-nous ? Quel avenir pour nos<br />

métiers ? Si les seniors se battent à juste titre pour leurs<br />

rentes, ils doivent aussi prendre au sérieux les craintes et<br />

les soucis de leurs collègues juniors. »<br />

Des campagnes ciblées<br />

Les jeunes tendent un miroir au syndicat. Sans aller<br />

jusqu’à dire que le modèle est dépassé, il y a un gros potentiel<br />

de changement. « À commencer par aller sur le terrain,<br />

au contact direct avec les jeunes au chômage ou les<br />

personnes en situation d’emploi précaire », dit la secrétaire<br />

de la jeunesse. Pour Anja Bachmann, les rencontrer<br />

là où elles et ils sont est essentiel : écoles, festivals, manifestations.<br />

« Sensibiliser mes pairs est motivant. J’aimerais<br />

que le syndicat nous donne les moyens de faire campagne.<br />

»<br />

Impliquer les jeunes adhérents dans le dialogue social et<br />

les négociations collectives, ainsi qu’un quota de jeunes<br />

dans les organes décisionnels sont des idées encore évoquées,<br />

tout comme l’élargissement des thématiques à<br />

aborder. Jane Bossard : « Les CCT sont importantes, mais<br />

si on ne les relie pas à l’égalité des sexes, aux réalités<br />

des personnes LGBTQI+ ou encore au climat, le<br />

syndicat va passer à côté de nos intérêts et préoccupations.<br />

» Le GI jeunesse s’est rassemblé le lendemain,<br />

le 30 septembre, à la manifestation nationale<br />

pour le climat. Pas d’emplois sur une<br />

planète morte : le message est très clair.<br />

Muriel Raemy


10 Dossier<br />

Un dialogue ouvert : la parole aux jeunes<br />

138 jeunes – 96 membres <strong>syndicom</strong> et 42 non-membres – ont répondu aux questions reçues par écrit. Matteo Antonini,<br />

président, prend position.<br />

Je suis déjà politiquement<br />

et socialement engagé·e.<br />

Pour des raisons idéologiques,<br />

parce que je crois à la force du collectif.<br />

Pourquoi êtes-vous membre d’un syndicat ?<br />

Parce que je veux soutenir et<br />

développer le contrat collectif de travail.<br />

Pour les offres telles que la formation<br />

continue et le service juridique.<br />

Parce que le syndicat m’a soutenu·e lors d’un conflit<br />

sur mon lieu de travail concernant une injustice salariale.<br />

Pourquoi n’êtes-vous pas membre d’un syndicat ?<br />

La cotisation est trop chère.<br />

Y a’t-il un syndicat qui défende mon métier ?<br />

Je ne connais pas les actions du/des syndicats<br />

et ne sais donc pas quels sont les avantages d’en faire partie.<br />

Est-ce que les syndicats ont vraiment changé la donne en Suisse ? Quels objectifs<br />

ont-ils réellement atteints ? J’ai besoin de comprendre quels sont les thèmes concrets<br />

qui peuvent changer dans mon quotidien professionnel grâce à l’action syndicale.<br />

Le syndicat est un outil pour atteindre les objectifs des travailleuses et travailleurs : salaires,<br />

horaires, conciliation, retraite, réduction du temps de travail. La grève a longtemps été un moyen<br />

pour atteindre les objectifs tels qu’un salaire minimum décent, la semaine de cinq jours ou,<br />

récemment, pour réclamer l’égalité. Matteo Antonini<br />

BONUS DE FORMATION<br />

Le savais-tu? <strong>syndicom</strong> soutient les apprenti·es et étudiant·es<br />

à plein temps avec un bonus de formation de 100 CHF par an,<br />

à titre de contribution pour l’achat de livres et d’outils de formation.<br />

Tu peux demander le bonus de formation sur le portail<br />

des membres my.<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

PERFECTIONNEMENT PROFESSIONNEL<br />

Le perfectionnement est important pour rester à jour dans ton<br />

métier, ton travail syndical ou pour évoluer sur le plan personnel.<br />

Les membres de <strong>syndicom</strong> peuvent suivre un cours <strong>syndicom</strong><br />

et un cours Movendo par an gratuitement, et un cours<br />

Helias à un tarif réduit.<br />

Nous soutenons les formations professionnelles continues de<br />

nos membres avec une contribution financière équivalente à<br />

un tiers des coûts du cours (y c. le matériel pédagogique). Le<br />

montant maximal par année civile est de 500 CHF.


Dossier<br />

11<br />

Que devrait entreprendre un syndicat/<strong>syndicom</strong><br />

pour qu’une affiliation soit intéressante pour vous ?<br />

Représenter les intérêts des apprenti·es<br />

et des jeunes adultes dans le monde du travail.<br />

Encourager l’échange avec d’autres<br />

jeunes adultes dans nos branches.<br />

Être présent et visible auprès de mon<br />

employeur. Et négocier une CCT avec lui !<br />

S’engager pour mes droits :<br />

mettre la jeunesse au premier plan.<br />

Notre secrétaire de la jeunesse sera encore plus<br />

présente sur les lieux de travail et de formation pour<br />

expliquer le rôle du syndicat (p.12). Nous mettons sur<br />

pied une stratégie de communication plus digitale.<br />

Celle-ci nous pousse à revoir les revendications que<br />

nous formulons au nom des jeunes et à questionner<br />

si elles correspondent encore à leurs réalités !<br />

Nous y travaillons. Matteo Antonini<br />

Ne pas apparaître aussi poussiéreux<br />

que les syndicats le sont aujourd’hui.<br />

Aider dans des cas concrets, là où le système est défaillant<br />

ou contourné, au détriment des travailleuses et travailleurs.<br />

M’expliquer qu’avec <strong>syndicom</strong> ou un autre syndicat,<br />

je peux gagner un salaire plus juste et surtout comment !<br />

Avoir un plan climat digne de ce nom. S’engager<br />

pour une politique climatique et sociale.<br />

Exiger une réduction du temps<br />

de travail, une semaine de quatre jours.<br />

Il faudrait faire plus de grèves. Tout devient cher, tout est<br />

répercuté sur les travailleuses et travailleurs, la caisse de<br />

pension est foutue et, en plus, on donne aux banques,<br />

d’un claquement de doigts, des sommes incroyables. Si la<br />

politique ne veut pas, c’est aux syndicats de le faire !<br />

Adapter le langage, nous expliquer<br />

les enjeux politiques, sans prendre parti !<br />

Le syndicat doit offrir un soutien<br />

supplémentaire à l’entrée dans la vie<br />

professionnelle et à l’indépendance.<br />

Dossier de candidature, comptabilité, etc.<br />

Conseils et astuces pour les discussions<br />

avec l’employeur ou le supérieur hiérarchique.<br />

Discussion concernant la négociation<br />

des détails du poste.<br />

Se battre pour des causes révolutionnaires. Prendre des positions écologiques, les appliquer<br />

au sein du syndicat : une carte de réduction pour l’essence ? Des bons Reka ? Investir plutôt<br />

dans des thèmes centraux du travail syndical. Les structures sclérosées de l’institution<br />

et les luttes de pouvoir internes n’attirent pas forcément les jeunes.<br />

Les syndicats ont parfois une structure trop complexe et lente, qui remonte au siècle dernier.<br />

Je m’engage à la rationaliser, là où c’est nécessaire, pour la rendre plus adaptée au rythme rapide<br />

de notre époque. Nos positions sont-elles trop conservatrices ? Là aussi je m’engage à ouvrir<br />

le dialogue avec notre base, sachant que celle-ci est plurielle. Matteo Antonini


12 Dossier<br />

Connaître leurs droits pour reprendre leur pouvoir<br />

Dans un monde parfait, l’histoire et l’action des syndicats feraient partie de la formation, de la culture générale. Dans<br />

un monde encore plus parfait, les apprenti·es n’auraient plus besoin des syndicats. Les jeunes bénéficieraient d’une<br />

formation adéquate, d’un encadrement idéal et des meilleures chances d’obtenir un bon diplôme, qui ouvre de belles<br />

perspectives d’emploi.<br />

Mais nous ne vivons malheureusement pas (encore) dans<br />

un tel monde. Nous, les syndicats, sommes plus nécessaires<br />

que jamais. Les personnes en apprentissage ne<br />

doivent pas seulement savoir que nous sommes là pour<br />

elles, mais elles doivent d’abord savoir que nous existons.<br />

Les jeunes travailleuses et travailleurs doivent être informé·es<br />

de ce que nous sommes et surtout de leurs droits.<br />

tré les thèmes qui les préoccupent particulièrement. Que<br />

ce soit la réduction du temps de travail, de meilleurs salaires,<br />

la compensation du renchérissement ou le congé<br />

menstruel.<br />

Chez certains partenaires sociaux, comme Swisscom ou<br />

La Poste, une séance d’information avec nous est désormais<br />

intégrée dans l’apprentissage. Dans d’autres secteurs,<br />

nous pouvons intervenir directement auprès des<br />

écoles professionnelles. Cela est malheureusement encore<br />

très dépendant des enseignants, des directions<br />

et des cantons. Parfois, nous devons aller droit au but<br />

de manière chronométrée, parfois nous pouvons<br />

échanger tout un après-midi avec les apprenti·es.<br />

Nous allons alors à leur rencontre avec un langage<br />

et des moyens adaptés à leurs modes de communication,<br />

sous forme d’ateliers et de jeux de rôles, à<br />

l’image de la demi-journée passée au sein de<br />

Swisscom le printemps dernier.<br />

Avec les secrétaires régionaux, nous avons fait<br />

découvrir le monde syndical à plus de deux cents<br />

apprenti·es venu·es de toute la Suisse. Jouer les<br />

négociations de la CCT de manière ludique et<br />

engagée n’a pas seulement été un enrichissement<br />

pour les jeunes, mais nous a aussi mon-<br />

Recruter des membres grâce à ces présentations ou à ces<br />

ateliers n’est pas un but en soi. Il s’agit avant tout pour<br />

nous de faire en sorte que les personnes en formation<br />

sachent à qui s’adresser en cas de problème et qu’elles<br />

puissent s’organiser, avec nous et entre elles. Il s’agit<br />

d’être présent pour que nous ne devenions pas un mythe<br />

du XX e siècle.<br />

Jeannine « Jane » Bossard,<br />

secrétaire de la jeunesse<br />

« JE DÉFENDS MES<br />

DROITS »<br />

La jeunesse syndicale dispose d’un<br />

guide, un ouvrage de référence sur<br />

toutes sortes de sujets, comme le salaire,<br />

les heures supplémentaires ou<br />

les contrats de travail. Pour obtenir un<br />

exemplaire imprimé, contacte directement<br />

la secrétaire de la jeunesse :<br />

jugend@<strong>syndicom</strong>.<br />

www.droits-des-apprentis.ch


Dossier<br />

13<br />

<strong>syndicom</strong> s’investit pour…<br />

… des apprentissages de qualité!<br />

Le système dual de l’apprentissage est une spécificité<br />

suisse, inscrite dans l’article 8 de la loi sur la formation<br />

professionnelle. La qualité de celle-ci est une préoccupation<br />

syndicale de premier ordre. De plus en plus de jeunes<br />

abandonnent leur formation, dénoncent des situations<br />

inadéquates ou sont victimes de harcèlement sexuel ou<br />

moral sur leur lieu de travail. De plus, les apprenant·es<br />

dénoncent une préparation insuffisante aux examens<br />

finaux, une formation professionnelle non spécialisée<br />

ainsi qu’un manque d’intégration des technologiues modernes<br />

et de la numérisation dans la formation.<br />

AINSI, SYNDICOM REVENDIQUE :<br />

› des contrôles réguliers et inopinés<br />

dans les entreprises formatrices;<br />

21%<br />

des apprenti·es suisses<br />

interrompent leur formation (1 sur 5)<br />

(au Tessin 32%, en Suisse romande 30%)<br />

63%<br />

des apprenti·es doivent parfois<br />

faire des heures supplémentaires<br />

70%<br />

des apprenti·es se disent<br />

parfois stressé·es<br />

› plus de ressources pour<br />

la surveillance de l’enseignement;<br />

› plus de conseillers en formation;<br />

› que le système actuel d’évaluation de la formation<br />

en entreprise (QualiCarte) fasse l’objet d’une<br />

évaluation externe par les autorités cantonales.<br />

… la fin de l’exploitation<br />

des stagiaires!<br />

Les stages sont des emplois de courte durée à caractère<br />

éducatif, utiles pour développer de nouvelles qualifications<br />

ou acquérir une première expérience. Si l’apprentissage<br />

est régi par des lois et des règlements explicites<br />

sur les relations avec les jeunes, ce n’est pas le cas pour<br />

les stagiaires.<br />

Il existe une grande latitude en matière de salaires, de durée<br />

et d’encadrement des stagiaires. La Confédération ne<br />

montre aucune volonté de réglementer les stages sur le<br />

plan national.<br />

AINSI, SYNDICOM REVENDIQUE<br />

› un encadrement adéquat;<br />

› des standards de formation pour<br />

garantir la qualité de la formation;<br />

› un salaire minimum pour les apprenti·es,<br />

les stagiaires et les bénévoles;<br />

› l’interdiction des stages non rémunérés;<br />

› la régulation des stages dans la loi sur le travail;<br />

› l'introduction des organes de surveillance<br />

et de contrôle dans les cantons.<br />

Selon L’OFS, en 2020<br />

31,5%<br />

des personnes actives âgées entre<br />

15 – 29 ans<br />

avaient un contrat à durée déterminée, dont<br />

une grande partie avec des contrats de stage<br />

(1 personne sur 3)<br />

100’000<br />

personnes ne représentent pas suffisamment<br />

d’employé·es pour que la Confédération<br />

veuille améliorer leurs conditions de travail.


14 Dossier<br />

Jeunes journalistes, <strong>syndicom</strong> est là pour vous !<br />

Même si la tendance est malheureusement claire depuis plusieurs années, les récentes annonces de licenciements<br />

au Temps et chez Tamedia, pour ce ne citer que ces restructurations, le prouvent encore une fois: la situation des<br />

journalistes est toujours plus compliquée en Suisse. Désengagement des éditeurs, conditions de travail qui stagnent<br />

voire péjorent, en particulier pour les pigistes mais aussi pour les salarié·es, la lutte pour la défense des professionnel·les<br />

des médias n’a jamais été aussi cruciale.<br />

Il est, dès lors, d’autant plus important que les jeunes<br />

journalistes entrent sur le marché du travail avec toutes<br />

les armes en main pour défendre leurs droits et leurs<br />

conditions de travail futures, continuer à se former à un<br />

métier en constante évolution et trouver le soutien nécessaire<br />

tout au long de leur carrière.<br />

Plus grand syndicat des médias en Suisse, <strong>syndicom</strong> fait<br />

partie des acteurs qui se tiennent aux côtés des journalistes<br />

dans le cadre de leur activité professionnelle et de<br />

leurs luttes, individuelles et collectives. Le récent exemple<br />

de Tamedia l’a encore montré. Mais cela, les journalistes<br />

stagiaires romands l’ignorent le plus souvent. En effet si<br />

les jeunes journalistes formés au MAZ en Suisse alémanique<br />

ou au Corso tessinois reçoivent durant leur cursus<br />

la visite de toutes les associations et syndicats défendant<br />

les droits des professionnel·les de la presse, <strong>syndicom</strong><br />

compris, les étudiant·es du Centre de formation des journalistes<br />

(CFJM) à Lausanne n’y ont pas droit. Seule l’association<br />

professionnelle impressum est autorisée à rencontrer<br />

les journalistes stagiaires, qui commencent ainsi<br />

leur activité professionnelle en ignorant l’existence d’un<br />

acteur majeur de défense de leur profession auquel ils<br />

pourront faire appel. Cette mise à l’écart de <strong>syndicom</strong> par<br />

le Conseil de fondation du CFJM, depuis de nombreuses<br />

années, représente tout d’abord une entrave à la liberté<br />

syndicale prévue par la Constitution (article 28), mais pénalise<br />

surtout lourdement les jeunes journalistes dont on<br />

connaît le sens critique, la liberté d’opinion et d’analyse<br />

propres à leur métier. Elles et ils seraient en droit de<br />

connaître les acteurs importants pour leur profession afin<br />

de choisir auprès duquel s’affilier, demander leur inscription<br />

au registre professionnel et s’engager pour de meilleures<br />

conditions de travail.<br />

Un important réseau de professionnel·les des médias<br />

membres de <strong>syndicom</strong> leur permet le plus souvent de rejoindre<br />

notre syndicat plus tard dans leur carrière lorsque<br />

leurs conditions de travail sont menacées ou lorsqu’ils<br />

souhaitent se mobiliser pour leur métier. Mais il est essentiel<br />

que dans un secteur aussi difficile que celui des<br />

médias, les jeunes journalistes connaissent l’existence<br />

d’un syndicat engagé qui les soutient. C’est pour cela que<br />

<strong>syndicom</strong> demande l’accès au CFJM comme ce qui se fait<br />

dans les écoles de journalisme dans le reste de la Suisse.<br />

Melina Schröter<br />

Photos : Sergio Ferrari


Dossier<br />

15<br />

Échanges internationaux : être plus fort·es<br />

Les jeunesses syndicales allemandes, autrichiennes et suisses se sont retrouvées lors d’un camp d’été organisé début<br />

août sur les bords du lac de Constance. Trois jours pour échanger, nourrir et penser les luttes au-delà des frontières.<br />

Extrait du journal de bord de Jane Bossard, secrétaire de la jeunesse.<br />

PREMIER ATELIER<br />

Les thèmes du travail frontalier et de la montée en puissance<br />

des partis de droite en Europe ont suscité de fortes<br />

émotions aussi bien chez les participant·es que chez les<br />

animateurs·trices. L’antifascisme mobilise en effet une<br />

grande partie du travail des syndicats allemands. Ils<br />

consacrent leur temps à la sensibilisation, à l’analyse historique<br />

et à la lutte pour plus de démocratie.<br />

ATELIER SUR LA GRÈVE<br />

FÉMINISTE DU 14 JUIN 2023<br />

J’ai évoqué le contexte historique et la situation en Suisse,<br />

avant d’aborder la politique féministe en soi. Les participant·es<br />

suisses ont pu raconter comment elles et ils ont<br />

vécu le 14 juin et les problèmes rencontrés dans leurs<br />

branches et leurs entreprises. La revendication « Du respect,<br />

du temps, de l’argent ! » a été discutée : que peut-on obtenir<br />

sur les plans syndical, social et entrepreneurial ? Que doitil<br />

se passer pour qu’un véritable changement advienne ?<br />

Ces questions ont débouché sur des propositions concrètes:<br />

crèches dans les entreprises, congé parental, sensibilisation<br />

aux questions féministes au sein du syndicat. Des idées<br />

un peu plus utopiques comme le dépassement du patriarcat<br />

ou des rôles de genre ont fait l’objet de débats.<br />

J’AI MODIFIÉ LE JEU POPULAIRE DES<br />

LOUPS-GAROUS (DE THIERCELIEUX)<br />

Ce n’étaient plus les « loups-garous contre les villageois·es<br />

», mais les « grévistes contre les briseurs de grève ».<br />

La « petite fille qui cligne des yeux » s’est muée en personne<br />

de confiance et les « voyantes » sont devenues des représentant·es<br />

de la commission du personnel (CoPe). Discuter<br />

à plus de cinquante personnes s’est révélé chaotique,<br />

surtout quand ces personnes sont des syndicalistes ! Nos<br />

revendications pour des procès-verbaux, des initiatives<br />

populaires ou l’élection d’une CoPe ont provoqué pas mal<br />

de retards, mais aussi beaucoup de fous rires.<br />

LA SANTÉ MENTALE DE JEUNES NOUS A PARTICULIÈREMENT OCCUPÉ·ES<br />

Partout dans le monde, des jeunes travailleuses et travailleurs ont perdu leur emploi lors de la pandémie ou ont vu leur<br />

temps de travail réduit et l’accès à l’éducation se fermer. Par le biais de la négociation collective, les syndicats peuvent<br />

veiller à ce que des cadres et des politiques appropriés soient mis en place pour fournir une assistance en matière de<br />

santé mentale. Représentation des apprenti·es en entreprise, surveillance efficace des conditions d’apprentissage, réduction<br />

du temps de travail et sensibilisation : il y a beaucoup à faire !<br />

Pour obtenir les présentations, les vidéos, d’autres photos ou le loup-garou syndical de Thiercelieux, n’hésitez pas à<br />

contacter Jane.<br />

Jeannine « Jane » Bossard


16 Dossier


Dossier<br />

17


18<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Presse écrite :<br />

la descente aux enfers<br />

Le personnel de Tamedia, soutenu par <strong>syndicom</strong>, a organisé un<br />

débrayage à Lausanne, pour protester contre les licenciements<br />

annoncés. Nous étions plus de 100 et espérons que cet esprit<br />

combatif gagne les rédactions Tamedia dans toute la Suisse.<br />

L’ampleur du plan d’économies annoncé<br />

par Tamedia à ses rédactions le<br />

20 septembre a surpassé les craintes<br />

des journalistes et des travailleuses et<br />

travailleurs des médias : 50 postes<br />

fixes et 20 postes de freelance, au niveau<br />

national. En Suisse romande,<br />

28 personnes seront licenciées d’ici à<br />

la fin du mois d’octobre dans les rédactions<br />

de 24 heures, de la Tribune de<br />

Genève, de la rédaction T (rédaction<br />

commune des titres romands de Tamedia)<br />

et du Matin Dimanche. Ce<br />

chiffre correspond à plus de 10 %<br />

des effectifs (250 collaborateurs-trices<br />

sont aujourd’hui actifs en Romandie).<br />

<strong>syndicom</strong> dénonce l’absence totale<br />

de responsabilité sociétale de<br />

l’éditeur zurichois qui, en vidant ses<br />

rédactions, empêche leur travail essentiel<br />

pour une société informée et<br />

pour la démocratie. Rappelons aussi<br />

l’absence totale de responsabilité sociale<br />

d’une entreprise milliardaire qui<br />

supprime des emplois dans un secteur<br />

déjà sinistré, en grande partie à cause<br />

de ses propres décisions. Tout cela a<br />

déjà été dit et répété. Mais Tamedia<br />

n’en a que faire.<br />

Débrayage organisé devant les bureaux de Tamedia à Lausanne, le 25 septembre. (© Sergio Ferrari)<br />

Des dividendes exorbitants<br />

Pour Stephanie Vonarburg, vice-présidente<br />

de <strong>syndicom</strong> et responsable du<br />

secteur Médias, il ne s’agit rien de<br />

moins qu’un scandale. « Les rédactions<br />

sont déjà exsangues et constamment<br />

pressées par le temps. » Et cela<br />

alors que TX Group se porte bien financièrement<br />

: TX Group, c’est 123<br />

millions de bénéfice en 2022, 177 millions<br />

en 2021. TX Group c’est 47,7 millions<br />

de dividendes versés l’an dernier<br />

à ses actionnaires, 78,4 millions en<br />

2021, plus d’un milliard depuis l’entrée<br />

en Bourse du groupe en l’an 2000.<br />

Une somme perçue principalement<br />

par l’actionnaire majoritaire, la famille<br />

Supino-Coninx.<br />

Economiser 6 millions en supprimant<br />

50 postes et soustraire 47 millions<br />

au budget pour les offrir à des actionnaires<br />

qui n’en ont pas besoin ?<br />

Toujours plus de personnes rejettent<br />

cette façon de faire. Cette course effrénée<br />

au profit doit cesser. Cette stratégie<br />

basée uniquement sur les suppressions<br />

de postes doit cesser. <strong>syndicom</strong><br />

soutient les rédactions dans toutes<br />

leurs actions à venir pour contrer ce<br />

nouveau plan d’économies et les licenciements<br />

qui vont précariser les dizaines<br />

de professionnel-les concerné-es<br />

en Suisse romande et alémanique<br />

et augmenter la pression sur les rédactions.<br />

C’est le travail de ses salarié-es qui<br />

a apporté à Tamedia son excellente<br />

santé financière. Il est temps que le<br />

groupe investisse dans ses rédactions,<br />

dans ses collaborateurs-trices et dans<br />

le journalisme. Nos collègues sont à<br />

bout, la lutte syndicale continue.<br />

Melina Schröter<br />

Pietro Supino : une histoire<br />

d’argent<br />

« Les lecteurs aiment ‹ Der Bund › et<br />

‹ Berner Zeitung › ! » Deux journaux,<br />

une rédaction : telle est la formule<br />

de Pietro Supino pour sauver les<br />

journaux. Lors de son intervention à<br />

Lugano fin septembre, invité par la<br />

fondation Möbius, le patron de TX<br />

Group n’a pas caché que le déclin<br />

des médias imprimés est inéluctable,<br />

seule la vitesse de leur disparition<br />

peut encore varier. Il prédit<br />

même la fermeture de deux des trois<br />

centres d’impression encore en activité.<br />

Les journalistes sans emplois ?<br />

La diversité des opinions menacée<br />

et par là la démocratie ? Des dégâts<br />

collatéraux. Pour lui, la cause de la<br />

crise est l’offre alternative surabondante.<br />

Quant à la SRG SSR, elle ne<br />

devrait selon lui s’occuper que de<br />

l’offre culturelle et de tout ce qui<br />

n’entre pas en concurrence avec les<br />

particuliers. Si ça n’était pas encore<br />

assez clair...Giovanni Valerio


« Sur la base du sondage et en fonction des résultats de négociation<br />

de la CCT faîtière, nous formulerons nos revendications. » Manuel Wyss<br />

19<br />

La CCT de demain<br />

Pour façonner « La Poste de demain », une « CCT de demain »<br />

s’impose. <strong>syndicom</strong> entend modifier l’architecture des<br />

conventions collectives dans le cadre du partenariat social<br />

avec La Poste Suisse SA.<br />

Coup d’envoi des négociations salariales CCT avec la Poste (© <strong>syndicom</strong>)<br />

« La Poste de demain » : voilà ni plus ni<br />

moins ce que promettent les responsables<br />

du groupe Poste à la population<br />

suisse. Or cette promesse doit aussi<br />

être tenue vis-à-vis du personnel. Sans<br />

les employé-es et de bonnes conditions<br />

de travail pour le personnel, une<br />

poste d’avenir ne peut advenir. C’est<br />

pourquoi <strong>syndicom</strong> a choisi comme<br />

slogan pour les négociations CCT avec<br />

La Poste : « La CCT de demain ».<br />

La plupart des conventions collectives<br />

conclues avec La Poste arrivent à<br />

échéance à la fin 2024. Pour garantir<br />

une continuité, les négociations sur<br />

les nouvelles conventions ont débuté<br />

en septembre 2023. L’objectif est<br />

qu’elles entrent en vigueur en 2025.<br />

Dans les négociations à venir avec La<br />

Poste, <strong>syndicom</strong> veut :<br />

– développer les CCT<br />

– renforcer l’égalité en droits de l’ensemble<br />

des travailleurs-euses au<br />

groupe Poste<br />

– améliorer leur protection et les<br />

conditions de travail<br />

Dans un premier temps, <strong>syndicom</strong><br />

compte développer le champ d’application<br />

de la CCT faîtière de La Poste<br />

pour l’ensemble des collègues du<br />

groupe Poste. La CCT faîtière règle<br />

aujourd’hui les dispositions obligationnelles,<br />

donc ce que se doivent mutuellement<br />

les parties à la convention<br />

(<strong>syndicom</strong> et Poste), par exemple les<br />

négociations salariales annuelles. La<br />

CCT faîtière devra à l’avenir aussi comporter<br />

des dispositions normatives visant<br />

à renforcer l’égalité en droits de<br />

l’ensemble des collègues au sein des<br />

différentes sociétés du groupe.<br />

Dans une prochaine étape, les<br />

partenaires sociaux renégocieront les<br />

conventions d’entreprise des diverses<br />

sociétés du groupe, à commencer par<br />

la CCT Poste CH – avec les deux<br />

grandes unités Services logistiques et<br />

RéseauPostal. Il en ira ensuite de<br />

l’amélioration des conditions de travail<br />

dans ces deux unités.<br />

Afin de défendre au mieux les préoccupations<br />

et les intérêts de nos collègues,<br />

nous avons sondé leur opinion<br />

pendant les mois d’été. Notre enquête<br />

révèle leurs préoccupations les plus<br />

urgentes en matière de salaire, de<br />

santé, de temps de travail, etc. Nous<br />

discutons ces jours-ci des résultats de<br />

cette enquête avec nos organes compétents<br />

pour en tirer des revendications<br />

tangibles et les prioriser. Dès<br />

que ces revendications seront finalisées,<br />

nous les communiquerons.<br />

Manuel Wyss<br />

Négociations CCT avec La Poste<br />

Augmentez nos<br />

rentes !<br />

Adrian Flükiger, coprésident union syndicale de la<br />

ville de Berne et environs<br />

Nous étions plus de 1 000 collègues<br />

dans la rue le 25 septembre dernier à<br />

Berne, lors du 75 e anniversaire de<br />

l’AVS, pour réclamer que le mandat<br />

constitutionnel soit enfin rempli.<br />

L’AVS a en effet été introduite en 1948,<br />

et depuis lors, la Constitution fédérale<br />

(article 112) prévoit que les besoins vitaux<br />

doivent être garantis à l’âge de la<br />

retraite. Mais la réalité est bien différente<br />

! En ces temps de vaches maigres<br />

marqués depuis trois ans par une<br />

hausse record des loyers, des prix de<br />

l’énergie et de l’alimentation ainsi que<br />

des primes d’assurance-maladie, cette<br />

politique lamentable devient insupportable.<br />

Entre-temps, il manque aux<br />

retraité-es une rente mensuelle entière,<br />

car le renchérissement (environ<br />

8,3 % rien qu’au cours des dernières<br />

années) sur les rentes AVS n’a pas été<br />

compensé ou l’a été de manière insuffisante.<br />

Pour cette raison, les retraité-es de<br />

<strong>syndicom</strong> se sont mobilisé-es à large<br />

échelle. Nous exigeons, en plus de la<br />

mise en œuvre du mandat constitutionnel,<br />

l’introduction d’une 13 e rente<br />

AVS, le plafonnement des primes d’assurance-maladie<br />

à 10 % maximum du<br />

revenu, le refus de la réforme LPP 21 et<br />

le rejet catégorique de l’initiative des<br />

Jeunes PLR qui veut augmenter l’âge<br />

de la retraite à 66 ans.<br />

Nous voulons que les priorités<br />

justes soient fixées pour les personnes<br />

âgées, dans les politiques sociales, fiscales<br />

et celles du logement. Nous le<br />

faisons aussi pour les jeunes générations.


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« C’est un pas supplémentaire important vers des modèles<br />

de temps de travail adaptés aux étapes de la vie. » Franz Schori<br />

Retraite partielle attrayante<br />

chez Swisscom<br />

La pénurie de main-d’œuvre force entre autres les entreprises à<br />

garder leurs employé-es âgé-es. Le modèle de temps partiel<br />

chez Swisscom, négocié par <strong>syndicom</strong>, est bénéfique.<br />

Manifestation pour le renforcement de l’AVS, le 25 septembres 2023. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

« Le projet-pilote m’a permis de<br />

prendre une préretraite progressive<br />

en 2020 », dit Urs Scheuble, ancien<br />

collaborateur de Swisscom et ancien<br />

président du comité d’entreprise de<br />

Swisscom Group. « Dans le même<br />

temps, Swisscom a pu prévoir suffisamment<br />

tôt une succession, c’était<br />

une situation gagnant-gagnant. »<br />

Lors des négociations pour le renouvellement<br />

de la convention collective<br />

de travail, <strong>syndicom</strong> et Swisscom<br />

ont convenu de se réatteler au projet-pilote<br />

fructueux de 2020. Dès lors,<br />

l’entrée dans le modèle de retraite partielle<br />

est possible chaque mois pour<br />

les employé-es soumis-es à la CCT et<br />

pour les cadres de niveau C à partir de<br />

60 ans qui travaillent dans une société<br />

du groupe affiliée à la CCT de Swisscom<br />

(exception : Swisscom Services).<br />

Des pertes supportables<br />

La participation à l’un des deux modèles<br />

est volontaire et ne peut pas être<br />

contrainte. Les collaboratrices et collaborateurs<br />

de Swisscom qui s’intéressent<br />

à une préretraite peuvent se<br />

renseigner dans le détail auprès des<br />

RH Advisory et de leur caisse de pension<br />

comPlan. De plus, <strong>syndicom</strong> leur<br />

propose des conseils de retraite.<br />

Les collaborateurs-trices de Swisscom<br />

ont le choix entre deux variantes<br />

qui leur permettent de réduire en une<br />

ou deux étapes leur taux d’occupation<br />

de 10 à 40 % pendant 18 à 24 mois, puis<br />

de prendre ensuite une retraite (anticipée)<br />

:<br />

– Temps partiel à partir de 60 ans : réduction<br />

du salaire à hauteur de la<br />

baisse du taux d’occupation, mais le<br />

gain assuré chez comPlan reste inchangé.<br />

– Retraite partielle : réduction du salaire<br />

et diminution du gain assuré<br />

chez comPlan à hauteur de la baisse<br />

du taux d’occupation, mais avec une<br />

rente partielle et une rente transitoire<br />

AVS partielle versées.<br />

Garantie de l’emploi pour les<br />

participant-es<br />

Le droit à la rente transitoire AVS<br />

partielle est maintenu. Dans ce cas,<br />

Swisscom contribue financièrement à<br />

réduire les pertes de rente. Les responsables<br />

hiérarchiques peuvent mettre<br />

un veto à la participation, mais doivent<br />

justifier leur décision par écrit. Un processus<br />

d’escalade a été défini en cas<br />

de litige. Les participant-es au programme<br />

bénéficient d’une garantie<br />

d’emploi quasi complète pendant la<br />

durée du modèle.<br />

Franz Schori<br />

Infos sur le modèle<br />

de retraite partielle<br />

Infrastructure de<br />

réseau : temps réduit<br />

Daniel Hügli, secrétaire central secteur TIC<br />

Les modifications de la convention<br />

collective de travail (CCT) pour la<br />

branche infrastructure de réseau entreront<br />

en vigueur le 1 er janvier 2024.<br />

D’ici là, le Conseil fédéral devrait aussi<br />

avoir émis une déclaration de force<br />

obligatoire générale. Au cours des négociations<br />

menées avec les associations<br />

patronales SNiv et AELC, <strong>syndicom</strong><br />

est parvenu à apporter des<br />

améliorations supplémentaires à l’ancienne<br />

CCT.<br />

Même si la situation du marché<br />

reste tendue, les perspectives à moyen<br />

terme s’annoncent de bon augure. Les<br />

travaux de protection contre la corrosion<br />

des installations de l’infrastructure<br />

de réseau sont désormais expressément<br />

soumis à la CCT renouvelée,<br />

qui s’appliquera le 31 décembre 2026.<br />

Par ailleurs, une meilleure protection<br />

est garantie aux employé-es qui sont<br />

membres d’une représentation du<br />

personnel, d’un comité de <strong>syndicom</strong><br />

ou d’un conseil de fondation d’une<br />

caisse de pension.<br />

Dès le 1 er janvier 2025, la semaine<br />

est fixée à 41 heures – ce qui équivaut<br />

à une réduction d’une heure de la durée<br />

hebdomadaire moyenne du travail.<br />

Dès 2024 déjà, un crédit-temps de<br />

15 % est dû en cas de travail de nuit régulier,<br />

au lieu de 10 % jusqu’à présent,<br />

ce qui permettra aux travailleurs-euses<br />

de bénéficier de plus de temps de compensation.<br />

De même, le congé maternité<br />

augmente de 14 à 16 semaines.<br />

Enfin, le congé paternité de deux<br />

semaines donne lui aussi droit à un<br />

maintien intégral du salaire.


« Nous devons nous organiser à l’échelle mondiale,<br />

comme nous ne l’avons jamais fait auparavant. » Daniel Hügli<br />

21<br />

Lutter ensemble mondialement<br />

Plus de 1200 militant-es et secrétaires syndicaux représentant<br />

109 pays se sont rencontré-es lors du 6 e congrès de l’UNI Global<br />

Union à Philadelphie, du 27 au 30 août dernier. <strong>syndicom</strong> y était.<br />

Daniel Hügli, lors du 6 e congrès de l’Uni Global Union à Philadelphie.. (©Uni Global)<br />

Daniel Hügli, pourquoi un congrès<br />

mondial des syndicats ?<br />

Bien que diversifiée, nous sommes<br />

une immense famille syndicale mondiale,<br />

qui s’unit pour renforcer les<br />

luttes. Nous devons en effet nous organiser<br />

comme nous ne l’avons jamais<br />

fait auparavant : la taille des entreprises<br />

et le poids des gouvernements<br />

qui attaquent les droits des travailleuses<br />

et travailleurs vont grandissant,<br />

nous devons rechercher des liens nouveaux<br />

et plus puissants entre nous et<br />

au sein de nos propres syndicats.<br />

Quelles sont les « batailles » syndicales<br />

qui concernent tous les pays ?<br />

Si les thèmes ne sont évidemment pas<br />

abordés de la même manière ni avec la<br />

même urgence que l’on soit en Ukraine<br />

ou au Japon, partout, les syndicats<br />

sont la solution. Renforcer l’influence<br />

des travailleurs et travailleuses est une<br />

priorité : augmenter nos effectifs pour<br />

plaider avec encore plus de force pour<br />

les droits tels que la sécurité, la santé,<br />

l’égalité et celui de participation et de<br />

négociation.<br />

Dans un domaine que je connais<br />

bien, celui des TIC, nous devons faire<br />

face à des employeurs comme Alphabet,<br />

qui ont des stratégies mondiales.<br />

Nous devons en faire autant et nous<br />

organiser à l’international pour mettre<br />

en place des instruments efficaces et<br />

contraignants et obliger les entreprises<br />

multinationales à rendre des<br />

comptes.<br />

Quelles sont les propositions<br />

concrètes issues de cette rencontre ?<br />

Nous avons adopté des résolutions et<br />

des mesures pour nous concentrer, les<br />

quatre prochaines années, sur la reconstruction<br />

du pouvoir syndical à un<br />

niveau mondial. Les débats ont porté<br />

sur les moyens de faire face à l’impact<br />

du changement climatique et d’assurer<br />

une transition équitable pour les<br />

travailleuses et travailleurs de tous les<br />

secteurs, par exemple, ou s’élever ensemble<br />

(« rising together », slogan de<br />

ce 6 e congrès) pour la jeunesse, pour la<br />

paix, la démocratie et les droits humains.<br />

Entendre les témoignages de<br />

nos collègues de Colombie, du Népal<br />

ou des Philippines est d’une richesse<br />

incroyable et m’a donné non seulement<br />

de nouvelles perspectives et<br />

d’autres angles de lutte, mais également<br />

l’énergie et le courage de défendre<br />

inlassablement les libertés<br />

syndicales et humaines.<br />

Muriel Raemy<br />

https ://uniglobalunion.org<br />

Ensemble pour l’égalité<br />

dans le monde<br />

Patrizia Mordini, responsable de l’égalité et<br />

membre du comité directeur<br />

Pas moins de 700 femmes syndicalistes<br />

de plus de 200 pays se sont réunies<br />

les 25 et 26 août dernier à Philadelphie<br />

à l’occasion de la Conférence<br />

mondiale des femmes d’UNI Global<br />

Union. Rassemblées sous le slogan<br />

« Women Rising Together – Les<br />

femmes se soulèvent ensemble », elles<br />

ont défini les priorités pour les quatre<br />

prochaines années et élu le nouveau<br />

comité. Nous avons adopté des motions<br />

sur six thèmes, échangé des<br />

bonnes pratiques et tiré des enseignements<br />

de campagnes menées sur tous<br />

les continents : pour un travail digne<br />

et un monde durable, pour un monde<br />

sans violence sexuelle ni harcèlement,<br />

pour la jeunesse, pour la promotion<br />

des femmes au sein des syndicats et<br />

pour la santé et la sécurité au travail.<br />

En ce qui concerne ce dernier thème,<br />

de nombreuses syndicalistes ont signalé<br />

la nécessité de prendre en<br />

compte toutes les périodes de vie de la<br />

femme.<br />

Mis à part la maternité, le tabou<br />

autour des deux autres « M » – les<br />

menstruations et la ménopause – doit<br />

être brisé. La ménopause en particulier<br />

reste peu abordée, même si des<br />

études récentes montrent que de nombreuses<br />

femmes en sont incommodées<br />

au travail. En Grande-Bretagne,<br />

trois femmes sur cinq âgées de 50 à<br />

64 ans ont déclaré l’année dernière<br />

que la ménopause avait un impact négatif<br />

sur leur travail, 83 % en Australie.<br />

La Conférence mondiale des femmes<br />

a exigé de prendre en compte ces réalités<br />

dans les négociations et les CCT.


22 Politique<br />

Stopper le lobby<br />

immobilier<br />

Le Parlement fédéral est profondément infiltré par le lobby immobilier<br />

: malgré l’augmentation des charges liées au logement,<br />

il a décidé de dégrader drastiquement le droit du bail.<br />

Une situation inadmissible! Un double référendum a été lancé<br />

par l’association des locataires, l’Asloca. Les syndicats le soutiennent.<br />

Texte : Reto Wyss, USS. Collaboration : Esther Banz<br />

Images : Asloca<br />

Le droit du bail a permis jusqu’à aujourd’hui<br />

de s’opposer à une pure<br />

logique de marché en matière de logement.<br />

Les bailleurs ne pouvaient<br />

en effet encaisser des revenus locatifs<br />

que pour couvrir les frais et obtenir<br />

un rendement limité.<br />

Mais lors de la session d’automne,<br />

le Parlement, dominé par les<br />

partis bourgeois, a froidement orchestré<br />

l’affaiblissement du droit du<br />

bail. Les locataires devront en effet<br />

pouvoir être évincés encore plus facilement<br />

pour des raisons de profit.<br />

Un double référendum, soutenu par<br />

les syndicats, a été immédiatement<br />

lancé contre cette décision.<br />

Attaques de tous bords contre<br />

les locataires<br />

Premier coup bas : dégradations en<br />

matière de sous- location. Selon la<br />

loi en vigueur, la sous- location est<br />

un droit acquis aux locataires. Aujourd’hui<br />

déjà, les bailleurs doivent<br />

approuver la sous-location. Mais le<br />

projet de révision de la loi prévoit<br />

d’introduire une série de motifs arbitraires<br />

pour refuser celle-ci. Cela<br />

pourrait compliquer les séjours des<br />

étrangers, ainsi que toutes sortes de<br />

colocations, même si ces pratiques<br />

deviennent de plus en plus importantes<br />

pour des raisons écologiques,<br />

sociales et économiques. Désormais,<br />

les locataires qui sous-louent<br />

une chambre ou leur appartement<br />

pourraient même être licenciés en<br />

cas de légers « vices de forme » lors<br />

d’une sous-location – et ce quasiment<br />

sans préavis ! Mis à la rue uniquement<br />

pour que le propriétaire<br />

puisse louer son appartement pour<br />

réaliser plus de profit. Ce plan perfide<br />

des propriétaires immobiliers<br />

doit être stoppé !<br />

Deuxième coup bas : détérioration<br />

flagrante de la protection<br />

contre les résiliations de bail. A<br />

l’avenir, ce besoin personnel ne devra<br />

plus être « urgent », ce qui signifie<br />

que la pesée des intérêts actuellement<br />

en vigueur sera toujours en<br />

faveur du bailleur. Aujourd’hui déjà,<br />

le besoin personnel est souvent utilisé<br />

comme prétexte pour résilier le<br />

bail. Et ce dans le simple but de remettre<br />

ensuite le logement sur le<br />

marché à un prix de location plus<br />

élevé. Avec la modification de la loi<br />

prévue, cela serait encore plus facile.<br />

Même les locataires âgés qui<br />

vivent depuis des années dans leur<br />

logement pourraient ainsi être tout<br />

simplement mis à la rue sans qu’il<br />

soit nécessaire d’évaluer les cas de<br />

rigueur.<br />

On se frotte les yeux à deux reprises<br />

lorsqu’on voit comment le lobby<br />

immobilier avance ses pions et ses<br />

intérêts sur le plan politique, sans<br />

aucune gêne, voire même avec insolence.<br />

Son plan est déterminé et<br />

limpide : d’abord, on expulse plus<br />

facilement les locataires et ensuite,<br />

on augmente encore plus les loyers.<br />

Mettre les gens à la porte :<br />

la solution de facilité<br />

Troisième coup bas : la contestation<br />

d’un loyer abusif devrait être rendu<br />

encore plus difficile à l’avenir. Deux<br />

interventions parlementaires supplémentaires<br />

ont été déposées au<br />

Parlement. Il s’agit d’une attaque<br />

frontale contre le droit du bail et<br />

la durabilité sociale et, en fin de<br />

compte, contre la paix sociale.<br />

Le référendum doit être lancé individuellement<br />

contre chaque détérioration<br />

du droit.<br />

Les mesures préconisées vont<br />

accélérer la spirale infernale de<br />

l’augmentation des prix des loyers<br />

et la diminution regrettable des logements<br />

abordables. Comme si les<br />

loyers n’étaient pas déjà exorbitants<br />

depuis des lustres et si les logements<br />

libres et abordables étaient<br />

légion dans les grandes aggloméra-<br />

Lors de la manifestation pour le pouvoir d’achat, des membres de l’Asloca annonçaient le référendum<br />

contre l’affaiblissement de la protection des locataires voté 2 jours plus tard au Conseil national.


« Tous les voyants passent au rouge en ce qui<br />

concerne la politique du logement. » Reto Wyss, USS<br />

23<br />

Le plan du lobby<br />

immobilier :<br />

tions ! La détérioration du droit du<br />

bail serait moins grave si les immeubles<br />

d’habitation avec des appartements<br />

en location appartenaient<br />

encore majoritairement à des<br />

particuliers, mais de plus en plus<br />

d’appartements appartiennent à des<br />

groupes immobiliers. Alors que les<br />

personnes ayant le droit de vote<br />

dans ce pays de locataires exigent<br />

exactement le contraire : des logements<br />

plus abordables et d’utilité<br />

publique, une meilleure protection<br />

du logement et plus de durabilité.<br />

Les propositions en ce sens<br />

sont pourtant sur la table depuis<br />

longtemps : la mise en œuvre immédiate<br />

d’un contrôle régulier du<br />

rendement locatif admissible par<br />

l’introduction d’une obligation de<br />

révision ainsi que le développement<br />

rapide des instruments de promotion<br />

de la construction de logements<br />

d’utilité publique – instruments<br />

qui sont d’ailleurs inscrits<br />

dans la Constitution fédérale !<br />

Inertie totale du côté du ministre<br />

du logement Guy Parmelin<br />

Mais le conseiller fédéral UDC Parmelin,<br />

responsable de l’Office fédéral<br />

du logement, pratique la politique<br />

de l’autruche depuis des<br />

années. Au printemps dernier, il a<br />

même été décidé, lors d’une « table<br />

ronde », qu’un plan d’action serait<br />

éventuellement mis en place, à un<br />

moment donné, pour atténuer la<br />

pénurie de logements et de loyers.<br />

Bien entendu, cela ne se fera que<br />

lorsque cela conviendra au lobby<br />

immobilier, représenté en masse<br />

autour de ladite table ronde. L’espoir<br />

que le Parlement élu cet automne<br />

soit plus favorable aux locataires<br />

et mette enfin le lobby<br />

immobilier au pas s’est amenuisé.<br />

Nous devons donc combattre les attaques<br />

en cours contre le droit du<br />

bail par tous les référendums nécessaires.<br />

https ://www.asloca.ch/actualites/<br />

deux-referendums-sauver-vos-droits<br />

Deux référendums<br />

pour sauver vos droits<br />

Le lobby immobilier veut affaiblir le<br />

droit du bail par toute une série<br />

d’interventions au Parlement. Son<br />

objectif est clair : obtenir encore plus<br />

de rendement. Pour y arriver, les relais<br />

parlementaires du lobby immobilier<br />

ont volontairement renoncé à regrouper<br />

les révisions de la loi en un seul<br />

projet, nous obligeant ainsi à lancer<br />

un référendum contre chaque modification<br />

de la loi. Les deux premières<br />

révisions adoptées par le Parlement en<br />

septembre 2023 visent à affaiblir la<br />

protection contre les résiliations, de<br />

sorte que les locataires pourront<br />

perdre plus facilement leur logement<br />

ou leur local commercial.<br />

Nous devons nous mobiliser!<br />

Contre :<br />

Une nouvelle réglementation qui durcit<br />

les règles de la sous-location – sans<br />

s’attaquer à des plateformes comme<br />

Airbnb !<br />

Et contre<br />

La proposition qui veut pouvoir<br />

expulser les locataires en substituant<br />

le besoin « urgent » par un besoin<br />

« important et actuel » revendiqué par<br />

le bailleur.<br />

Signez le référendum !<br />

www.asloca.ch/<br />

2x NON à l’attaque<br />

contre les locataires !<br />

Signez les 2 référendums!<br />

Faciliter les<br />

résiliations<br />

Augmenter<br />

les loyers<br />

Un rendement<br />

« limité » ?<br />

Le principe du droit du bail n’est pas<br />

mauvais en soi. En effet, selon la loi,<br />

les bailleurs ne peuvent utiliser les<br />

revenus locatifs que pour couvrir les<br />

frais et obtenir un rendement limité.<br />

En théorie. Mais dans la pratique,<br />

les locataires ont payé près de<br />

80 milliards de francs de trop au cours<br />

des 15 dernières années en raison des<br />

rendements locatifs abusifs – conclut<br />

une récente étude commandée par<br />

l’association des locataires. Selon un<br />

arrêt scandaleux du Tribunal fédéral,<br />

ce « rendement limité » peut désormais<br />

être supérieur de 1,5 % à ce qu’il<br />

était jusqu’à présent. On adapte donc<br />

le droit à la pratique abusive – et non<br />

l’inverse.<br />

Au vu de la violation persistante du<br />

droit et de l’interprétation extrêmement<br />

favorable aux propriétaires, il est<br />

d’autant plus important de stopper<br />

l’attaque politique majeure du lobby<br />

immobilier contre les locataires.


24 Politique<br />

Libre circulation :<br />

avantages et risques<br />

La libre circulation des personnes,<br />

assortie des mesures<br />

d’accompagnement, a globalement<br />

amélioré la situation<br />

des travailleuses et travailleurs.<br />

Le revers de cet accord :<br />

il facilite malheureusement<br />

le travail temporaire et le détachement<br />

de main-d’œuvre.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Infographies : Patrick Aliesch<br />

Dans sa présentation du rapport de<br />

l’Observatoire de 2023, l’USS commente<br />

les avantages et les risques<br />

de l’Accord sur la libre circulation<br />

des personnes (ALCP) dans une<br />

perspective de l’emploi.<br />

De manière générale, les mesures<br />

d’accompagnement ont amélioré<br />

la situation des travailleuses et<br />

travailleurs. La « qualité » de l’immigration<br />

a progressé, comme le<br />

montre le niveau de formation universitaire<br />

des personnes employées,<br />

qui est passé de 22 % (2001) à 41 %<br />

(2016). Il n’y a par contre guère de<br />

corrélation entre le nombre de personnes<br />

immigrant en Suisse et la<br />

libre circulation des personnes.<br />

Ce sont la situation économique et<br />

l’internationalisation de l’économie<br />

et de la société qui jouent ici un rôle<br />

moteur.<br />

Points critiques<br />

Cet accord a hélas aussi facilité deux<br />

formes d’activité potentiellement<br />

précaires – le travail temporaire et le<br />

détachement de main-d’œuvre en<br />

Suisse. L’ALCP permet en effet aux<br />

agences de travail temporaire de<br />

placer des résident-es de courte<br />

durée et des salarié-es frontaliers<br />

puisque l’autorisation de séjour durable<br />

en Suisse n’est plus requise.<br />

Le travail temporaire a ainsi explosé,<br />

ce qui a surtout servi aux agences<br />

d’intérim.<br />

Les sociétés étrangères détachant<br />

leur main-d’œuvre en Suisse<br />

réalisent ainsi près de 2 milliards de<br />

francs par an. Dans les régions frontalières,<br />

elles détiennent des parts<br />

de marché d’environ 20 % dans<br />

l’agencement de cuisines, le montage<br />

de fenêtres ou la construction<br />

en bois. De telles entreprises arrivent<br />

en Suisse avec des salaires et<br />

des contrats de travail étrangers,<br />

ce qui augmente le potentiel de<br />

sous-enchère. Les contrôles des salaires<br />

et les mesures d’accompagnement<br />

permettent toutefois de<br />

procéder à des inspections et de<br />

sanctionner les infractions. Comme<br />

l’exécution des amendes demeure<br />

difficile à l’étranger, des cautions<br />

ont été mises en place.<br />

Autre lacune : le personnel temporaire<br />

s’expose à avoir de moins<br />

bonnes conditions de travail que la<br />

main-d’œuvre fixe, ce qui confère au<br />

travail temporaire un avantage injustifié<br />

sur le marché. De plus, de<br />

nombreuses branches d’activité ou<br />

professions, comme le commerce<br />

de détail ou le secteur de la santé et<br />

du social (crèches, garderies, EMS,<br />

etc.), ne bénéficient pas à ce jour de<br />

conventions collectives de travail<br />

prévoyant des salaires minimaux.<br />

Pourquoi soutenir la libre<br />

circulation ?<br />

La libre circulation des personnes<br />

confère toutefois aux personnes migrantes<br />

davantage de droits et une<br />

meilleure protection sociale, dans la<br />

mesure où les permis de séjour sont<br />

délivrés pour une durée de cinq ans<br />

et où il est relativement simple de<br />

changer d’emploi en Suisse. Les personnes<br />

migrantes se laissent donc<br />

moins mettre sous pression par les<br />

employeurs. Le travail au noir est lui<br />

aussi nettement moins fréquent.<br />

En résumé, les deux champs<br />

d’actions prioritaires selon l’USS :<br />

l’amélioration des conditions d’engagement<br />

de la main-d’œuvre temporaire<br />

et l’amélioration de la protection<br />

offerte par les conventions<br />

collectives de travail.<br />

Pour lire le commentaire<br />

de l’USS<br />

L’ALCP<br />

L’Accord sur la libre circulation des<br />

personnes, l’ALCP, signé le 21 juin 1999<br />

entre la Suisse et l’Union européenne,<br />

facilite les conditions de séjour et<br />

de travail des citoyens de l’Union<br />

européenne (UE) en Suisse. Le droit à<br />

la libre circulation des personnes est<br />

complété par des dispositions sur la<br />

reconnaissance mutuelle des diplômes,<br />

l’acquisition de biens immobiliers<br />

et la coordination des systèmes<br />

de sécurité sociale.


Droit au but !<br />

25<br />

Cher service juridique,<br />

J’ai obtenu mon bachelor en design graphique<br />

en juin 2022. Ne trouvant pas de<br />

travail de conceptrice graphiste, j’ai accepté<br />

en début d’année un poste de stagiaire<br />

au sein du service prépresse d’une<br />

imprimerie. Il était convenu d’effectuer un<br />

stage de six mois qui déboucherait ensuite<br />

sur une embauche. Quels sont mes droits<br />

en tant que stagiaire ?<br />

En juin, le patron m’a proposé un autre<br />

contrat de stage de trois mois avec les<br />

mêmes conditions salariales, à la place<br />

d’un contrat de travail à durée indéterminée.<br />

Après six mois d’expérience professionnelle,<br />

n’ai-je pas droit à un emploi<br />

permanent et à un salaire plus élevé ?<br />

En septembre, on m’a à nouveau proposé<br />

un contrat de stage. Est-ce permis ?<br />

Réponse du service juridique :<br />

Comme il n’existe pas de dispositions légales qui régissent<br />

la relation de travail pendant le stage, il est toujours<br />

conseillé d’insister pour obtenir un contrat de stage<br />

écrit. Celui-ci doit réglementer les points contractuels<br />

essentiels, notamment le salaire, une période d’essai et<br />

les possibilités de licenciement, celles-ci n’étant pas légalement<br />

prévues dans les relations de travail à durée déterminée.<br />

Si tu n’obtiens pas de contrat de stage, tu as, en<br />

tant que stagiaire, droit à des vacances payées, à un certificat<br />

de travail, au respect de la durée maximale hebdomadaire<br />

de travail et à une assurance-accidents comme<br />

n’importe quel-le employé-e. Si le volume de travail est supérieur<br />

à huit heures par semaine, une assurance contre<br />

les accidents non professionnels est également obligatoire.<br />

En outre, les dispositions du contrat collective de<br />

travail (CCT) pour l’industrie graphique s’appliquent aux<br />

stagiaires si l’entreprise tombe dans son champ d’application.<br />

Selon la CCT, les stagiaires bénéficient d’au moins<br />

cinq semaines de vacances par année civile et d’une durée<br />

de travail maximale de 40 heures par semaine.<br />

Pendant six mois, tu as effectué la prestation de travail<br />

prévue dans le cadre du contrat de stage, l’employeur doit<br />

donc justifier pourquoi tes performances ne sont pas suffisantes<br />

pour obtenir un poste permanent. C’est pourquoi<br />

les objectifs devraient également être définis dans un<br />

contrat de stage. La rémunération n’est pas non plus réglementée<br />

par la loi. Etant donné que le stage est basé sur<br />

le caractère de formation, un salaire inférieur est justifié.<br />

Le salaire du stage n’est qu’une question de négociation.<br />

Si la CCT s’applique, les dispositions relatives à la rémunération<br />

de la main-d’œuvre non qualifiée et des apprenant-e-s<br />

peuvent tout au plus servir de base de négociation.<br />

Dans tous les cas, il faut prendre en compte les<br />

salaires de la branche.<br />

Un stage sert à la formation. Il n’est donc pas permis<br />

d’effectuer plusieurs stages successifs dans la même<br />

entreprise, dans le même domaine d’activité et avec les<br />

mêmes conditions de travail. Comme le stipule la jurisprudence<br />

du Tribunal fédéral concernant les relations de<br />

travail à durée déterminée, il s’agit de contrats de travail<br />

en chaîne, ce qui est interdit. C’est juste un moyen de<br />

contourner les droits légaux en matière de protection des<br />

salarié-es. Tu peux te défendre contre ces pratiques et <strong>syndicom</strong><br />

se fera un plaisir de te conseiller, si tu es membre.<br />

Notre secrétaire de la jeunesse milite également contre de<br />

tels abus (voir les résolutions adoptées lors de la dernière<br />

Assemblée des délégué-es, p.13).<br />

Toutes les rubriques<br />

Droit au but !


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

Cours Movendo + <strong>syndicom</strong><br />

2024<br />

Les offres de formation continue<br />

pour 2024 de Movendo et de <strong>syndicom</strong><br />

viennent d’être publiées.<br />

Pas moins de 110 cours sont annoncés<br />

sur le site en ligne de Movendo.<br />

Pour ce qui concerne le quotidien<br />

professionnel et syndical,<br />

sont très appréciés les cours de base<br />

pour les membres des commissions<br />

du personnel, les cours qui traitent<br />

du droit collectif et de l’égalité, du<br />

droit du travail – qui englobe le<br />

Code des obligations, la loi sur le<br />

travail, les conventions collectives et<br />

les contrats-types – ou encore les<br />

cours destinés à repérer les conflits<br />

collectifs et à les gérer. A noter « Recruter<br />

des membres et renforcer le<br />

mouvement », une formation essentielle<br />

pour que les collègues et<br />

les militant-es deviennent les meilleur-es<br />

ambassadrices et ambassadeurs<br />

du mouvement syndical.<br />

Movendo est également très actif<br />

sur le développement personnel<br />

avec des cours comme « Prendre la<br />

parole en public », « Argumenter<br />

avec pertinence et efficacité », « La<br />

gestion du stress », etc. La préparation<br />

à la retraite est proposée plusieurs<br />

fois par année. Un cours sur<br />

le changement climatique et les<br />

transitions écologiques et sociales<br />

vient d’être introduit.<br />

Formation continue<br />

pour les membres<br />

2024<br />

Offres pour les groupes d’intérêt<br />

et les branches<br />

Helias – l’offre de formation<br />

pour la branche graphique<br />

<strong>syndicom</strong> a également publié<br />

une nouvelle offre de formation<br />

continue.<br />

Des cours spécifiques sont destinés<br />

à nos collègues de La Poste.<br />

Des visites au Palais fédéral sont<br />

également prévues, dont une le<br />

3 juin avec Pierre-Yves Maillard.<br />

L’implication politique des syndicats<br />

est un pilier central de notre<br />

action et il est important d’en comprendre<br />

les rouages.<br />

Les cours de perfectionnement<br />

pour la branche des médias dispensés<br />

par Helias sont quant à eux présentés<br />

en ligne et dans la brochure<br />

jointe au <strong>magazine</strong>.<br />

L’institut de formation des syndicats<br />

Offre de formation 2024<br />

Offre de formation continue pour membres et militant-es<br />

des syndicats, représentant-es du personnel et public intéressé<br />

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Toutes les informations pratiques<br />

sur my.<strong>syndicom</strong> (http://my.<strong>syndicom</strong>.ch).<br />

Dans le domaine Service et<br />

formation, sous « formation », se<br />

trouve la liste de tous les cours destinés<br />

aux membres. Il est possible<br />

de les filtrer selon le thème, la<br />

langue ou la date. Vous pouvez vous<br />

inscrire au cours qui vous intéresse<br />

en quelques clics.<br />

Programme movendo 2024<br />

Le grand retour des syndicats<br />

« Nouveau Départ » est un podcast et<br />

une newsletter. Ses deux auteurs,<br />

Laëtitia Vitaud (voir interview « La<br />

productivité est misogyne » dans le<br />

<strong>magazine</strong> n o 30) et Nicolas Colin,<br />

sont tous deux de grands observateurs<br />

du monde du travail et de<br />

l’entreprenariat. Stress au travail,<br />

humanité et IA, ambition, futur du<br />

travail : longue est la liste des sujets<br />

traités.<br />

L’épisode daté du 5 octobre est<br />

consacré au grand retour des syndicats<br />

aux Etats-Unis, en France et en<br />

Europe. Au fil de la conversation,<br />

les thèmes suivants sont discutés :<br />

Des grèves à Hollywood, où les<br />

acteurs sont encore en grève alors<br />

que les scénaristes viennent d’obtenir<br />

un accord qui les satisfait ;<br />

Des deux traditions syndicales<br />

aux Etats-Unis (syndicat corporatiste<br />

vs syndicat industriel) ;<br />

© xxxxxxxxxxxxxxx<br />

Des grands moments de l’histoire<br />

syndicale américaine ;<br />

De ce qui se passe à Détroit, où le<br />

syndicat de l’automobile américain<br />

bloque les usines et exige la semaine<br />

de quatre jours pour ses ouvriers<br />

;<br />

Des Etats industriels du Nord<br />

contre les Etats sans syndicats du<br />

Sud ;<br />

De la place du Parti communiste<br />

dans l’histoire syndicale et politique<br />

française ;<br />

Du caractère « redistributif » de<br />

l’inflation ;<br />

De la paupérisation des agents<br />

du service public ;<br />

De l’importance de la négociation<br />

collective.<br />

L’Europe n’est pas en reste.<br />

En France, la bataille à propos de<br />

la réforme des retraites a provoqué<br />

des milliers de nouvelles adhésions.<br />

Avec l’inflation, les syndicats ont<br />

trouvé un nouveau cheval de bataille<br />

: faire en sorte que les salaires<br />

ne soient plus à la traîne. Bonne<br />

écoute !<br />

Muriel Raemy<br />

Pour écouter « Nouveau Départ »


27<br />

Luttes syndicales dans le monde<br />

GRANDE-BRETAGNE<br />

Les chauffeurs d’Uber ne sont pas les seuls à s’être mobilisés<br />

depuis l’été 2022. Que ce soit dans le privé ou le public, des séries<br />

de grèves ont eu lieu pour réagir à une inflation de plus de<br />

11 % et face au gouvernement deRishiSunakqui refusait d’engager<br />

les négociations salariales.Les infirmières, les ambulanciers,<br />

les kinésithérapeutes, mais aussi les instituteurs, les employés<br />

d’autoroute ou les cheminots: les syndicats se sont coordonnés<br />

pour que les grèves se succèdent et paralysent le système<br />

au maximum. Le gouvernement pariait sur le pourrissement du<br />

mouvement, en vain. Les négociations sont en cours.<br />

UKRAINE<br />

Créé en 2019, le syndicat ukrainien des soins de santé Be Like<br />

Nina compte aujourd’hui plus de 82’000 membres. Depuis que<br />

les combats ont éclaté en Ukraine, les travailleuses et travailleurs<br />

luttent pour fournir des soins de santé dans des conditions<br />

d’urgence permanente. L’association a contribué à la<br />

réintégration d’infirmières licenciées illégalement dans les<br />

régions de Lviv et de Poltava. Elle a également récupéré des<br />

salaires impayés dans un certain nombre d’établissements<br />

médicaux, mis en place des formations et une aide humanitaire,<br />

notamment des logements pour les personnes déplacées<br />

à l’intérieur du pays, des médicaments et d’autres produits de<br />

première nécessité pour le personnel soignant, ainsi qu’un<br />

soutien psychologique pour les employé·es médicaux qui se<br />

trouvent en situation de crise. Il a reçu le prix « Freedom from<br />

Fear » lors du Congrès mondial d’UNI Global à Philadelphie.<br />

USA<br />

Depuis mai dernier, 11’500 scénaristes<br />

de cinéma et télévision se sont mis en<br />

grève, soutenus par le puissant syndicat<br />

des auteurs Writers Guild of America.<br />

Elles et ils réclament une meilleure<br />

rémunération, de meilleures<br />

récompenses pour la création d’émissions<br />

à succès et une protection face<br />

à l’intelligence artificielle. Elles et ils<br />

ont tenu des piquets de grève devant<br />

des entreprises telles que Netflix et<br />

Disney, rejoints par les actrices et acteurs<br />

dès la mi-juillet. À la mi-septembre<br />

un accord a été trouvé entre<br />

les scénaristes et les studios, les acteurs<br />

attendent encore.<br />

KENYA<br />

Réuni·es à Nairobi en mai de cette année,<br />

des employé·es des entreprises<br />

sous-traitantes de Meta, ByteDance et<br />

autres OpenIA ont voté la création d’un<br />

syndicat africain de modérateurs·trices<br />

de contenu.<br />

Disséminées sur tout le continent africain,<br />

ces sociétés sous-traitantes sont<br />

chargées de la modération sur Facebook,<br />

Instagram, WhatsApp, TikTok ou même<br />

ChatGPT. Les employé·es doivent publier<br />

les contenus en 14 langues africaines,<br />

repérer et supprimer les contenus inappropriés,<br />

le plus souvent très violents.<br />

Depuis plusieurs mois, le problème des<br />

conditions de travail de ces petites<br />

mains de la tech s’impose dans le débat<br />

public. Outre une charge de travail importante<br />

et des salaires faibles, beaucoup<br />

de modérateurs·trices ont dénoncé<br />

les conséquences psychologiques de<br />

leur activité.<br />

JAPON<br />

Une offensive de la Confédération japonaise<br />

des travailleuses et travailleurs<br />

de l’automobile menée ce printemps,<br />

a permis de les protéger contre<br />

les hausses de prix, ce qui s’est traduit<br />

par les plus fortes augmentations de<br />

salaire depuis des décennies.


28 Evènements Un septembre de manif<br />

Le 16 septembre, quelque 20 000 personnes sont descendues dans la rue pour<br />

exiger une hausse des salaires et des rentes afin de faire face à l’augmentation<br />

des loyers, des primes d’assurance-maladie ou encore de l’électricité. <strong>syndicom</strong><br />

se prépare à négocier durement ces hausses salariales indispensables.


« Pas de jobs sur une planète morte ! » Les jeunes ont manifesté en masse le 30 septembre<br />

pour réclamer un avenir durable. <strong>syndicom</strong> a tenu un stand lors de cette journée nationale<br />

en faveur du climat, pour échanger sur le rôle des syndicats dans la transition sociale qui<br />

s’impose. (© S. 28: Bruno Ferreira Dias, S. 29: Jana Leu, Manuel Lopez, Pascale Amez)<br />

29


30 Evènements Toujours en septembre<br />

1. Remise des signatures pour un salaire minimum dans le canton de Vaud, le 13 septembre (© <strong>syndicom</strong>)<br />

2-3. Stand de <strong>syndicom</strong> à la course contre le racisme, à Zurich le 17 septembre (© <strong>syndicom</strong>)<br />

4. Boris Bojilov, secrétaire du syndicat ver.di, invité au séminaire du personnel du secteur logistique de<br />

Zurich/Suisse orientale (© <strong>syndicom</strong>)<br />

5. Groupe La Combi lors de la journée festive organisée par <strong>syndicom</strong> Ticino et Moesano à Rodi, le 3 septembre (© <strong>syndicom</strong>)<br />

6. Grande mobilisation des membres retraités lors de la manifestation pour le renforcement de l’AVS le 25 septembre<br />

(voir p. 19) (© <strong>syndicom</strong>)<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4 5<br />

6


Impressum<br />

Rédaction : Muriel Raemy et Giovanni Valerio<br />

(coresponsables), Rieke Krüger<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri et Gabriele Alleva<br />

Portraits dessinés : Katja Leudolph<br />

Layout dossier + carte p. 27 : Cinzia Sigg, aldine.ch<br />

Infographies : Patrick Aliesch<br />

Layout, correction, impression : Stämpfli Communication<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),<br />

Fr. 50.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par année.<br />

Le prochain numéro paraîtra le 3 janvier 2024.<br />

31<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

6 11<br />

II<br />

7<br />

III<br />

3<br />

IV<br />

2<br />

V<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

9<br />

DÉFINITIONS<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11<br />

Horizontalement : I. Préparations. II. Matérialiste.<br />

Répétition. III. Peuple arabe ancien. Fish and<br />

chips. Réfléchi. Théâtre aux armées. IV. Manie la<br />

serpe, pas la faucille. Parmi nous. Vieux monsieur.<br />

V. arbuste à fleur. Digramme. Es. VI. Trou de bête.<br />

Corrige. VII. Demi-nurse. Pas à pas. VIII. Se<br />

perdra. Prince troyen arrivé à Rome. IX. Sans<br />

chef. Bouquet. X. plusieurs son. Osseux à<br />

nageoire épineuse. Très féminines.<br />

4<br />

5 8<br />

1 10<br />

Verticalement : 1. Déplacements inutiles. 2. Joint.<br />

Autoroute sanglante. 3. Accompagnant le<br />

déplacement. 4. Personnage complexe. Extraterrestre.<br />

5. Arrivé sur Terre. Tout en couleurs. 6.<br />

Mordu. 7. Mine. Dédain. 8. Voie. 9. Entre mer et<br />

étang. Infinitif. Un à la douzaine. 10. Expérimenté.<br />

Razzia. 11. Laves. Assomment. 12. Coule en<br />

Afrique de l'ouest. Défaite prussienne. 13.<br />

Précède dessous pour indiquer que ça suit. Bridé.<br />

14. Travesti pour Louis. Exclut. Vive introduction.<br />

15. Se la pète. Attaches.<br />

Mots croisés<br />

Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra une<br />

pièce en argent de notre partenaire la<br />

Banque Cler. Merci d’envoyer votre<br />

solution (le mot mystère seulement)<br />

jusqu’au 27 novembre par e-mail à<br />

admin@<strong>syndicom</strong>.ch ou par courrier à<br />

Rédaction <strong>syndicom</strong>,<br />

Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne.<br />

Une seule participation possible par<br />

membre.<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

dernier numéro était « ENGAGEMENT ».<br />

Le gagnant est Monsieur Claret.<br />

Il recevra un bon d’achat de 50 francs<br />

de notre partenaire Reka. Chaleureuses<br />

félicitations !<br />

Annonce


32<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Le syndicat ce n’est pas seulement les<br />

salaires et les conditions de travail »<br />

Née en 1998 à Winterthour, Anja Bachmann<br />

a suivi une formation de logisticienne,<br />

puis a décroché une maturité<br />

professionnelle. Le déclic pour le choix<br />

de sa formation s’est produit lors d’une<br />

journée « Futur en tous genres ». En<br />

2017, à la fin de son apprentissage à La<br />

Poste, Anja y est engagée comme factrice.<br />

Elle travaille aujourd’hui comme<br />

responsable adjointe d’équipe. Après<br />

une expérience décevante dans un<br />

syndicat peu présent sur son lieu de<br />

travail, elle rejoint <strong>syndicom</strong>, où elle se<br />

sent immédiatement impliquée dans<br />

les processus décisionnels. Elle s’engage<br />

activement au sein de la commission<br />

des femmes, de la commission de<br />

la jeunesse et du comité central.<br />

Texte : Mattia Lento<br />

Image : Patrick Gutenberg<br />

« La rencontre avec<br />

<strong>syndicom</strong> a fait naître<br />

mon intérêt pour le<br />

travail syndical »<br />

J’ai un travail qui me plaît, des collègues<br />

avec qui je m’entends bien et de<br />

bonnes conditions de travail. J’ai<br />

pourtant ressenti le besoin de m’affilier<br />

au syndicat et de m’engager personnellement.<br />

Ma décision ne résulte<br />

donc pas d’un mal-être, mais de<br />

l’envie d’assumer davantage de responsabilités<br />

et d’avoir mon mot à<br />

dire sur de nombreux processus qui<br />

impactent mon travail à La Poste.<br />

La solidarité est aussi un aspect qui<br />

a influencé mon choix : tout ne se<br />

passe pas bien pour tout le monde<br />

dans ma branche, et c’est pour ces<br />

personnes que je m’engage sans oublier<br />

celles qui n’ont pas le temps, ni<br />

la force, ni la possibilité de lutter.<br />

Pour mes collègues, de bons<br />

contrats de travail, des droits respectés<br />

et la participation vont de soi.<br />

Mes jeunes collègues ne voient pas la<br />

nécessité d’adhérer au syndicat, encore<br />

moins de s’y engager. J’ai l’impression<br />

que les jeunes préfèrent<br />

s’investir dans des projets sociaux et<br />

solidaires, plus limités dans le<br />

temps, plutôt que de consacrer leur<br />

énergie aux syndicats. Les jeunes<br />

gens associent par ailleurs les syndicats<br />

uniquement à la défense des<br />

salaires et des conditions de travail.<br />

Or les grandes grèves des femmes de<br />

2019 et 2023 ont montré que le travail<br />

syndical, c’est influencer des<br />

processus qui dépassent le contexte<br />

entrepreneurial. Il est certain que<br />

l’activité syndicale est et reste centrée<br />

sur le travail, mais m’investir au<br />

sein de <strong>syndicom</strong> me montre qu’il y a<br />

bien plus en jeu. Dans mon travail à<br />

la commission des femmes, nous<br />

nous occupons d’une palette plus<br />

large de thèmes politiques et sociaux<br />

tels que l’égalité salariale, la garde<br />

des enfants, la violence sexuelle ou<br />

encore l’antiracisme. En ce qui<br />

concerne d’autres thèmes, par<br />

exemple les questions climatiques et<br />

environnementales, il est plus difficile<br />

de faire comprendre le rôle des<br />

syndicats. Or leur engagement est<br />

prioritaire si l’on veut une transition<br />

écologique juste et équitable pour<br />

toutes et tous.<br />

J’estime important que les jeunes<br />

adhèrent aux syndicats et y assument<br />

des responsabilités. Il va sans dire<br />

que la présence de travailleurs-euses<br />

d’un certain âge dans les syndicats<br />

est importante, que leur expérience<br />

est précieuse et leur engagement remarquable.<br />

Mais il est aussi vrai que<br />

de nombreux sujets requièrent une<br />

vision différente, un nouvel élan et<br />

une ouverture d’esprit que les personnes<br />

âgées ne parviennent pas toujours<br />

à adopter. Le même discours<br />

vaut aussi pour les femmes : le processus<br />

de féminisation des syndicats<br />

a déjà commencé, mais le chemin<br />

vers l’égalité, y compris au sein de<br />

nos organisations, est encore long.

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