Saisons mariage DU CE QUE J’AURAIS AIMÉ QUE NOUS SACHIONS EN TANT QUE JEUNES MARIÉS par cynthia alves 16 FOCUSFAMILLE.CA
C’était une belle journée d’été. Le soleil pointait à l’horizon et donnait au ciel cette couleur orangée. Vêtue de ma robe rose poudrée, je m’avançais le long de l’allée. Accompagnée des chants joyeux que venait d’entonner l’assemblée, je rejoignais l’estrade de l’église. Avec un certain enthousiasme mêlé d’appréhension, j’allais dire « oui » à celui qui avait fait chavirer mon cœur quelque temps auparavant. Des rêves, j’en avais plein la tête ! Je m’étais déjà fait le scénario de notre vie à deux. Je savais qu’il y aurait des imprévus, mais j’aimais me savoir aux commandes de ma vie, prête pour entamer cette grande étape de ma vie. Les vœux échangés, la cérémonie terminée, je poussais un soupir de soulagement comme pour laisser aller le stress accumulé au fil de ces mois de préparation. Ce que je ne savais pas encore, c’est que tout venait de commencer ! On eut une très belle célébration. Le lendemain, on rejoignait notre destination de lune de miel. Ô fameuse lune de miel, comme je pensais que la vie à deux ressemblerait à cela, une parfaite carte postale ! De retour dans notre nouveau nid douillet, notre danse à deux commençait. Mais pour être honnête, cette première année ne fut en rien un conte de fées. Comme une musique qui dérape, il fallut composer avec la réalité. On était des personnes bien différentes et la communication ne semblait plus couler comme pendant nos fiançailles. Je me souviens que l’on nous avait offert comme cadeau de mariage un livre de Gary Chapman. J’avais dévoré le livre comme lorsqu’on essaye de trouver la recette magique de la réussite d’un mariage heureux. Ce que je ne savais pas encore, c’est qu’il nous fallait passer par toutes sortes de saisons. On entrait dans une saison de construction. Tels deux architectes, nous tentions de bâtir un projet commun. Mais voilà, cela n’était pas aussi simple que ce que je pensais. J’avais d’énormes attentes à l’égard de la vie que je voulais mener et je voulais que mon mari se plie à mes requêtes. Je ne voyais pas que je faisais pression sur lui, que j’essayais de le rendre conforme à mes désirs. Étrangement, les années qui suivirent devinrent plus faciles sans que je me l’explique vraiment. Peut-être étions-nous davantage focalisés sur nos carrières et avions-nous trouvé notre équilibre ? On semblait en effet avoir trouvé un certain équilibre. Et je dois avouer que la routine « métro-boulot-dodo » berçait notre quotidien et nous donnait l’illusion que nous vivions un mariage épanoui. Ce que je ne savais pas encore, c’est que c’était le calme avant la tempête. Notre saison de turbulence commença à la naissance de notre premier enfant. Un accouchement difficile, un bébé à besoin de soins spéciaux, associés à un certain isolement me faisaient lentement sombrer dans une dépression. De son côté, mon mari entrait dans une longue période sans emploi après l’échec de son entreprise individuelle. Nos finances ne suivaient plus la cadence. Nous étions pressés de toutes parts. Les tensions entre nous devenaient vivaces. La communication bienveillante d’avant s’était transformée en dispute ou en silence. Un fossé se creusait entre nous. Nous n’étions plus capables de demeurer côte à côte. C’était la guerre froide ! Je n’avais même plus la force de continuer. Dans un acte de désespoir ultime, je criais à Dieu et lui demandais de nous secourir. J’avoue que je me souciais davantage des dettes que nous avions accumulées et de pouvoir nourrir notre enfant convenablement. Je réalise que c’était la première fois que j’invitais Dieu dans notre mariage. La réponse du Seigneur fut quelque peu surprenante. À l’occasion d’un voyage, mon mari qui s’était enfermé dans le silence jusqu’à présent s’ouvrait soudainement à moi. Alors qu’il ouvrait grand son cœur et laissait échapper le ressentiment accumulé de toutes ces années, je réalisais à quel point notre mariage était dysfonctionnel. Je réalisais que les fondations sur lesquelles nous avions bâti étaient loin d’être saines. Je savais alors qu’il nous fallait tout recommencer. Il nous fallait rebâtir sur de meilleurs fondements. Mais ce que je ne savais pas encore, c’est que pour cela Dieu allait nous faire passer par le pressoir. Une opportunité venait de s’ouvrir pour un emploi à l’étranger. Nous embarquions notre fils d’alors trois ans dans ce pays lointain, quittant ainsi tout ce qui nous était familier. Je me souviens avoir arpenté les couloirs de l’aéroport en me disant de ne surtout pas me retourner. Je savais que je laissais derrière moi la vie telle que je l’avais connue. Avec le cœur serré, je quittais mon pays, ma tribu, ma famille élargie. Aussi, j’essayais de me convaincre que l’avenir allait être meilleur dans cette nouvelle terre. Hélas, rien ne fut comme je l’avais imaginé. Dans ce nouvel environnement, tout était pénible ! On faisait face à d’extrêmes difficultés. Et cela semblait ne jamais s’arrêter. On essuyait tempête après tempête. Une longue saison d’épuration commençait pour nous. S’adapter à ce nouvel environnement me demandait de m’ajuster, voire de me redéfinir. J’entamais alors le grand ménage de printemps que mon caractère n’avait jusque-là PRINTEMPS <strong>2023</strong> 17