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18 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 19 Présentation des candidats à l’élection épiscopale Présentation des candidats à l’élection épiscopale LARS SIMPSON Curé à Zürich, secteur de l’Augustinerkirche La Nouvelle-Zélande, l’Angleterre et la Suisse : voyager sans frontières avec les gens et découvrir de nouveaux horizons. En discutant avec le curé Lars Simpson, on se rend vite compte à quel point les gens sont importants pour lui et qu'il veut prendre le temps de les écouter. Que ce soit après une visite guidée au Kunsthaus ou après un culte, autour d'un café à l'église, en chemin dans le train ou à vélo, en faisant du « Töggelichaschte » avec des jeunes ou le soir avec sa femme Franziska autour d'une tasse de thé : il n'y a probablement pas de moment actuel où il ne dirait pas qu'il est justement le plus important de la vie. Niklas Raggenbass : Lars Simpson, que signifie pour toi ton prénom « Lars ? » Lars Simpson : Mon nom me donne une identité. « Lars » fait référence au pays d'origine de mon arrière-grandpère : la Norvège. Il a émigré en Nouvelle-Zélande et a rencontré plus tard mon arrière-grandmère, qui est venue d'Écosse avec sa famille en Nouvelle-Zélande. Pour mes parents, il était important de me donner un nom de baptême qui se prononce de la même manière en anglais, en allemand et en français. La raison : quand je suis né, mon père néo-zélandais travaillait pour une entreprise américaine à Paris, et ma mère est allemande. Nous avons rapidement déménagé en Angleterre, où j'ai grandi et étudié. J'ai appris très tôt à me déplacer librement entre les frontières linguistiques et nationales, cela a toujours marqué et enrichi ma vie. Niklas Raggenbass : Tu connais le fonctionnement de l'école dans différents pays. Quelle est l'importance des notes à l'heure où l'on ne veut même plus en donner ? Lars Simpson : C'est une question que j'aimerais poser à ma femme : elle est spécialiste de l'éducation. Jusqu'à mon adolescence, nous n'avions pas de notes à l'école. J'étais alors heureux. Mais je peux comprendre qu'il y ait des notes dans les écoles. Mais les notes seules ne peuvent pas tout saisir ou dire sur les capacités et le potentiel d'une personne. En tant qu'aumônier, je suis heureux de ne pas avoir à évaluer qui que ce soit. Niklas Raggenbass : Tu as parlé des différents lieux et de tes voyages. Qu'est-ce que c'est pour toi la « patrie » ? Lars Simpson : Cette question m'a accompagnée toute ma vie, car les racines de ma famille s'étendent sur plusieurs pays. Je fais partie de la quatrième génération de notre famille, où le mari et la femme sont originaires de différents pays. Je suis né en Nouvelle-Zélande, je suis aussi devenu britannique à dix-huit ans et suisse il y a vingt ans. Ma patrie, c'est là où se trouve ma famille, là où je me sens en sécurité. La patrie, c'est la Suisse et le quartier de Zurich où nous habitons. Ma patrie, c'est d'échanger des idées avec ma femme Franziska à la table de la salle à manger et d'inviter ma famille et mes amis. Niklas Raggenbass : Comment es-tu devenu prêtre en tant que théologien ? Lars Simpson : Dans les pays anglophones, on parle volontiers de « vocation ». Je comprends mon chemin vers le sacerdoce de la même manière. Pour moi, c'était un chemin de recherche intérieure de sens et de découverte des traces de Dieu dans ma vie. En chemin, différentes personnes et expériences ont été déterminantes : ma grand-mère ou une enseignante du secondaire. En tant qu'étudiant, je me suis joint à un groupe de prière où j'ai découvert la prière de Jésus, également appelée « prière du cœur » elle reste une partie importante de ma vie de prière. J'ai commencé à assister régulièrement à des services religieux en ville. Quelqu'un de la communauté m'a dit : « Lars, ta place est là-bas, à l'autel ! » J'étais sous le choc. Elle m'a dit que je devais servir la messe, ce qui était courant pour les adultes dans la paroisse. Je suis alors allé voir le prêtre pour lui demander comment devenir enfant de chœur. En chemin, je me suis rendu compte que la question était devenue une nouvelle question : Quelle est la voie à suivre pour devenir ministre de l'Église ? J'ai pris contact avec les responsables de la formation ecclésiastique. J'ai décidé de faire un stage et j'ai travaillé pendant un an dans le sud de Londres comme assistant d'église. Cela a renforcé ma vocation et m'a poussé à étudier la théologie. Si j'avais un conseil à donner à un jeune, je lui dirais de faire d'abord un stage d'initiation dans une paroisse pour se faire une idée de ce que cela signifie d'être curé. C'est une activité passionnante et variée. Niklas Raggenbass : Qu'est-ce qu'un Évêque pour toi personnellement ? Lars Simpson : Un Évêque est une personne qui se sent chez elle dans l'Église et en elle-même, proche de Dieu, proche des gens, proche d'ellemême. C'est une personne qui traverse la vie avec des yeux et des oreilles ouverts et qui perçoit ce qui se passe dans l'Église et dans la société. L'Évêque est une personne qui se déplace, qui écoute, qui encourage le dialogue entre les paroisses et au sein des paroisses et qui, si nécessaire, joue le rôle de médiateur. Bien sûr, il est bon que l'Évêque soit diplomate et prudent et qu'il ait la capacité de prendre une décision au bon moment. Niklas Raggenbass : Lars, imagine que tu as été élu et consacré Évêque. Qu’est-ce que cela signifie pour toi : « Tout continue comme avant ? » Lars Simpson : J'aime l'Église catholique chrétienne avec sa tradition vivante et son orientation contemporaine. Ouverte, libérale et moderne, elle correspond à ma foi selon laquelle Dieu est à découvrir dans la diversité. Pour moi, il est clair que la tra-
20 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 21 Présentation des candidats à l’élection épiscopale Présentation des candidats à l’élection épiscopale quée par l'ouverture et l'estime. Une Église accueillante, qui rassemble les gens et permet la joie de vivre. Ce qui est essentiel pour moi, c'est une Église pastorale qui rencontre les gens, les accompagne, les fortifie, avec un cœur à l'écoute et la bénédiction de Dieu. Une Église qui se montre toujours solidaire dans ses actions, comme Jésus nous y encourage : dition et la théologie doivent rester dynamiques. Grâce au renouvellement, elles restent vivantes, passionnantes et pertinentes. Un acquis important pour notre Église est pour moi la décision de permettre aux femmes d'être diacres, prêtres et Évêques. Cette décision renforce l'Église et la rend plus crédible dans notre société. Le dernier exemple en date de ce que signifie être une Église épiscopale-synodale est également pour moi précurseur. Je me souviens du moment clé où Aischa Amrhein, en tant que présidente de la Jeunesse catholique-chrétienne de Suisse, a demandé au Synode national de s'ouvrir à la possibilité du « mariage pour tous ». Le Synode national a pris en compte cette demande et, après un processus de décision épiscopal-synodal, nous avons, en tant qu'Église, dit oui au « mariage pour tous ». Cela témoigne d'une Église qui est proche de la vie et qui peut prendre des décisions affirmant la vie. J'ai moi-même pu faire l'expérience de ce que cela signifie lorsque l'Église fait un tel pas et peut renforcer des personnes dans leur vie, les bénir et célébrer avec elles. Ce sont des moments touchants et libérateurs. Cela témoigne d'une Église qui ne reste pas figée, mais qui est prête à être courageuse et à emprunter de nouvelles voies. En tant qu'Évêque, j'aimerais y contribuer, car je sais qu'à l'avenir, nous ne pourrons pas simplement continuer à rouler comme avant. Niklas Raggenbass : Si tu devais le dire en quelques mots, quelle est ta vision pour l'Église catholique chrétienne ? Lars Simpson : Que l'Église reste ouverte au dialogue et soit présente là où se trouvent les gens. Une Église mar- « Ce que vous avez fait au plus petit de mes sœurs ou de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Matthieu 25,40). Ma vision de l'Église implique aussi qu'elle fasse entendre sa voix, dans l'œcuménisme et le dialogue interreligieux. Les projets que les Églises portent ensemble ont une plus grande portée. Là où des personnes sont attaquées dans notre pays en raison de leur appartenance religieuse, il faut une nouvelle solidarité interreligieuse. Par exemple, en réponse à l'agression bouleversante d'un juif orthodoxe à Zurich : les Églises se sont jointes aux organisations juives et musulmanes pour former une chaîne humaine. Mais, comment aborder cette question alors qu'il y a de moins en moins de personnes qui s'engagent dans l'Église ? Il me semble important que l'Église ouvre des possibilités d'engagement que les gens perçoivent comme importantes et épanouissantes. En tant que paroisse de Zurich, nous avons pu faire l'expérience que de nombreuses personnes souhaitaient s'engager pour les cours d'allemand et le repas de midi des personnes en fuite. De nombreux membres de la paroisse se sont portés volontaires et continuent de porter le projet diaconal avec beaucoup de cœur. De plus, de nouvelles personnes rejoignent le projet. Un conseiller travaillant près de l'Augustinerkirche s'engage désormais comme professeur d'allemand, car il cherchait une tâche bénévole utile en plus de son travail rémunéré. Niklas Raggenbass : Quel serait ton message à transmettre en premier en tant qu'Évêque ? Lars Simpson : Je l'exprimerais par le début de la merveilleuse bénédiction africaine : « Que Dieu te bénisse. Que Dieu remplisse tes pieds de danse et tes bras de force. Que Dieu remplisse ton cœur de tendresse et tes yeux de rires ». Tu sais que j'aime moi-même danser et que j'adore regarder la danse contemporaine et le ballet. Pour moi, c'est toujours une expérience de vivacité. Ce que j'aimerais exprimer par-là : faisons en sorte de rester vivants, en tant qu'êtres humains et en tant qu'Église. Outre tout ce que l'épiscopat impliquerait, il faut certainement de l'humour, c'est peutêtre la manière britannique. Ma devise à cet égard est la suivante : « Lars, la cause de Dieu est toujours à prendre au sérieux, mais toi, ne te prends pas trop au sérieux ». Niklas Raggenbass : En observant Lars Simpson après une célébration autour de l’art dans l'église catholique-chrétienne des Augustins de Zurich, on s'aperçoit rapidement qu'il est encore plongé dans une conversation avec quelques visiteurs et qu'il écoute plus qu'il ne parle. C'était l'une de ces célébrations auxquelles de nombreuses personnes viennent de loin. Ils se sentent interpellés parce qu'ils vivent à l'église quelque chose qui a un rapport avec eux. Le curé Lars Simpson et son équipe proposent différentes nouvelles formes de célébrations. De cette manière, il est possible de faire l'expérience d'une spiritualité qui naît de l'interaction entre l'art, la parole et la musique. Des chefs-d'œuvre des beaux-arts sont présentés, on entend de la musique et Lars Simpson ou un autre membre de l'équipe pastorale donne l'impulsion spirituelle. « Église de dialogue - à petite et à grande échelle » Niklas Raggenbass : Si l'on demande au curé Lars Simpson quel type d'Église s'exprime ici, il répond rapidement : Lars Simpson : Pour moi, c'est clairement une Église de dialogue. Que ce soit un petit endroit, un coin d'appartement ou un grand bâtiment n'a pas d'importance. Ce qui compte ce sont les gens. Chacune et chacun est en dialogue avec Dieu, avec sa propre spiritualité, avec sa propre vocation, mais aussi en dialogue entre eux et avec les
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