Présence_2024-4

More documents

Recommendations

Info

14 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 15 Présentation des candidats à l’élection épiscopale Présentation des candidats à l’élection épiscopale Je suis heureux que l'on propose encore des études de théologie, une étude approfondie de l'Écriture Sainte, de l'histoire de l'Église, de la théologie pastorale et aussi des matières plus modernes comme la psychologie, où il s'agit de savoir comment nous nous comportons avec les gens - avec nous-mêmes et avec Dieu. Niklas Raggenbass : Tu as déjà entrepris de nombreux voyages en dehors de la Suisse, tu as quitté ta patrie. Quel est le pays que tu préfères ? Christoph Schuler : Je me suis rendu en Pologne pour la première fois en 1983. C'était une période très difficile pour la Pologne. Mais l'hospitalité et la gentillesse des gens m'ont toujours fasciné. J'ai appris un jour qu'il y avait deux peuples d'amour en Europe : Les Italiens et les Polonais. Les Italiens sont venus chez nous en Suisse avec tous leurs bons restaurants. Si l'on veut rencontrer les Polonais, il faut se rendre en Pologne. Nous avons également établi de nombreux contacts au sein de notre Église avec les trois diocèses polonais que sont Varsovie, Cracovie-Czestochowa et Wroclaw. Ce fut longtemps l'Église qui comptait le plus de paroisses et un clergé important. Niklas Raggenbass : Quelle autre langue aimerais-tu apprendre ? Le polonais ? Christoph Schuler : Non, j'aimerais d'abord apprendre l'italien, car cette langue a toujours été négligée chez moi. Tout le monde me disait : « Apprends l'anglais, c'est une langue universelle ! » Si j'écoute mon for intérieur, l'italien est devenu important pour moi. En matière de théologie aussi, de nombreux parents disent aux enfants : « N'apprenez pas une matière d'orchidée, apprenez un métier qui vous sera utile ». La théologie est-elle une matière qui peut m'être utile ? Lors d'une préparation au baptême, j'explique aux jeunes parents qu'il est important pour l'enfant qu'on lui ouvre une porte, non seulement sur le monde horizontal, mais aussi sur le monde vertical. Au sens figuré, familiariser les enfants non seulement avec la terre, mais aussi avec le ciel. Beaucoup de gens sont tellement centrés sur eux-mêmes qu’ils n'arrivent pas à gérer la vie qu'ils ont perdue, cette orientation, ou en sont totalement dépourvus. Si quelqu'un s'intéresse à la spiritualité ou a une préoccupation qui le lie à l'Église - ou s'il souhaite découvrir l'une des Églises, je lui recommande vivement les études de théologie, qui sont en outre très diversifiées. Niklas Raggenbass : Mais qu'est-ce qui fait que l'on « rentre dans la manche ? » Christoph Schuler : Tout d'abord, je dois le dire de moi-même. J'étais engagé dans l'Église et aussi dans la jeunesse catholique-chrétienne de Suisse. En faisant mes études, je savais qu'il s'agissait de notre Église. Il s'agit de Dieu et de moi. C'était au cœur de mes préoccupations : que les gens et l'Église se portent bien et que les gens trouvent un accès joyeux à Dieu. J'ai pu me confronter aux questions de la vie, de la naissance à la mort, lors de mes études de théologie. Parmi les jeunes, il y a ceux qui s'engagent, à qui l'on peut aussi recommander les études comme suite de leurs études ecclésiastiques. Et il y a ceux à qui l'on essaie d'expliquer pourquoi il est judicieux d'acquérir les bases nécessaires aux études. Si on n'est pas né dans ce milieu, il faut davantage de soutien pour trouver le chemin des études. Niklas Raggenbass : En supposant que tu sois élu : Astu une vision pour ton temps en tant qu'Évêque ? Christoph Schuler : Nous faisons partie de l'Église catholique-chrétienne de la Suisse. De par sa tradition, c'était une Église libérale et anticléricale, c'est pourquoi on a même voulu un jour supprimer la fonction d'Évêque. C'est une bonne chose que l'Évêque existe et je veux le montrer à travers une sculpture : quand je regarde la chaire à Berne, il y a un berger avec un mouton. Je trouve importante l'idée que quelqu'un regarde les gens comme un berger. J'en fais également l'expérience en tant que curé, qui a été élu à cette tâche par la communauté et cela vaut tout particulièrement en tant qu'Évêque, qui n'a pas un « clocher » individuel au premier plan, mais le bien de l'ensemble, de toutes les paroisses et de tous les catholiques chrétiens, ainsi que tous les amis des catholiques chrétiens. Les personnes qui se sentent liées à nous, mais qui ne sont pas membres de l'Église, et elles sont de plus en plus nombreuses. L’église St-Pierre et Paul à Berne. Niklas Raggenbass : Et qu'en est-il de l'avenir - y a-t-il du nouveau ? Christoph Schuler : J'ai été « baptisé » dans cette Église et je fais partie d'une famille qui appartient à l'Église catholique-chrétienne depuis le début. Je suis convaincu que l'Église catholique-chrétienne en Suisse a encore un rôle à jouer dans la structure confessionnelle. L'idée d'une « Église-pont », comme on appelait l'Église catholique-chrétienne à l'époque où j'enseignais la religion, n'est pas si erronée que cela. Entre le catholicisme et le protestantisme, mais aussi avec les autres confessions, l'Église catholique chrétienne a une fonction de liaison et de médiation. Nous avons de bons éléments issus de différentes traditions de foi : du catholicisme, du protestantisme et de l'orthodoxie, pour ne citer que les plus importants. Nous avons une bonne position et donner un avenir à ce type d'Église serait important pour moi. Comment cela se passera-t-il ensuite, je ne le sais pas encore. Nous avons obtenu beaucoup de choses : l'ordination des femmes ou le mariage pour tous, et nous sommes ouverts à toutes sortes de personnes. Avec la structure épiscopale et synodale, nous avons un bon équilibre entre la collaboration des ecclésiastiques et des laïcs. Niklas Raggenbass : Et l'Église n'a-t-elle pas les mains liées dans ce domaine ? Christoph Schuler : Nous sommes une église qui a reçu de nombreux bâtiments historiques pendant le « Kulturkampf » ou qui les a construits ellemême dans les années qui ont suivi. Si nous étions méthodistes et avions une église de maison, nous pourrions simplement la vendre. Nous n'avons pas réussi partout à nous établir correctement dans de nouveaux lieux et nous sommes restés bloqués.
16 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 17 Présentation des candidats à l’élection épiscopale Présentation des candidats à l’élection épiscopale Je considère comme un problème le fait que nous soyons si rigides dans nos régions. Je pense qu'il manquait une volonté politique au sein de l' Église. Les différentes paroisses sont parfois trop centrées sur elles-mêmes. Si nous voulons grandir, nous devons aussi investir et nous avons besoin de cohésion. Ce sont peut-être de grands thèmes, mais cela peut être organisé. Un Évêque ne le fait pas lui-même, le Conseil synodal ne le fait pas non plus avec l'Évêque lui-même. Cela nécessite une volonté qu'il faudrait développer et encourager. Les différentes paroisses ne devraient pas oublier qu'elles font partie d'un diocèse et qu'elles n'ont aucune chance de survivre si elles ne pensent qu'à elles-mêmes. « Il faut regarder, avoir une vue d’ensemble et aller les uns vers les autres » C'est là que l'Évêque peut être une figure d'intégration qui équilibre et montre la voie à suivre, qui maintient la cohésion du diocèse et qui accorde aussi de l'attention à ce qui est petit et apparemment insignifiant, car c'est peut-être justement à travers lui que Jésus-Christ nous parle ! Niklas Raggenbass : En s'entretenant avec Christoph Schuler, on remarque rapidement à quel point son expérience est grande, y compris en ce qui concerne la vie interne de l'Église catholique-chrétienne. Si l'on demande pourquoi il en sait autant, c'est certainement d'une part parce que sa famille fait partie du « noyau originel » de l'Église catholique-chrétienne. Et d'autre part, c'est l'histoire de sa vie, car depuis l'âge de 16 ans, il s'engage dans l'Église catholique-chrétienne. La parole biblique « Jésus-Christ hier et aujourd'hui, et il est le même pour l'éternité » (Hébreux 19, 8) accompagne Christoph Schuler comme un soutien et l'a toujours ému. C'est ainsi qu'il a fait des études, est devenu prêtre et travaille actuellement comme curé à Berne et à Granges. Ce sont deux cantons et deux paroisses différentes. Lors de différents entretiens avec des paroissiens et des membres d'autres communautés religieuses qui ont un droit d'hospitalité dans son église St. Pierre et Paul à Berne ou avec des hôtes étrangers, qui ne manquent jamais à Berne, il est apparu que de nombreuses personnes ont des idées concrètes et réalistes sur ce qu'une future Évêque ou un futur Évêque devrait aborder. Christoph Schuler a participé à des tables rondes dans le canton de Berne, au cours desquelles de nombreux vœux ont été adressés au « super-Évêque ». Ils expriment également la sensibilité de chacun par rapport à sa propre foi. Après ses expériences à Berne, il peut dire aujourd'hui encore ; Christoph Schuler : En tant qu’une parmi les trois Églises nationales, nous occupons une très bonne position dans notre société suisse, position dont nous devons tirer profit. On a demandé à Christoph Schuler ce qu'il entendait par une bonne position : « Heinrich Pestalozzi : Principe de la tête, du cœur et des mains » Christoph Schuler : Bien sûr, nous devons aborder les problèmes qui se posent de manière réaliste et concrète. Cela me fait penser à Johann Heinrich Pestalozzi et à son principe de la tête, du cœur et de la main. Je pense que nous avons une bonne tête. Il y a beaucoup de connaissances spécialisées et de capacités intellectuelles. Je suis convaincu que nous pouvons l'utiliser peut-être encore mieux à l'avenir. J'ai déjà assisté à certaines discussions et je pense que nous sommes maintenant dans une bonne phase, malgré toutes les difficultés que nous percevons autour de nous. Nous pouvons en profiter et avancer ensemble vers l'avenir. Niklas Raggenbass : Et comment cela se passe-t-il dans les paroisses ? Christoph Schuler : Nous sommes un collège où tous ceux qui viennent sont invités à participer à leur manière. Tous ont d'une part une responsabilité pour leurs propres communautés et d'autre part pour une collaboration ouverte entre les différentes communautés. Niklas Raggenbass : En amont de l'élection épiscopale, il y a eu des déclarations tout à fait ouvertes et des réflexions réalistes lorsqu'il s'agissait de l'avenir de l'Église catholique-chrétienne, ce qui a beaucoup touché Christoph Schuler. Plus que jamais, il lui tient à cœur que tous s'engagent et ce, là où ils ont leurs talents. Christoph Schuler : Au sein du clergé, avec nos laïcs, dans l'œcuménisme, vis-à-vis de la politique et aussi au niveau international. Niklas Raggenbass : Christoph Schuler regarde notre monde sans masque et il fait référence aux différents talents, mais il sait aussi que nous sommes mis au défi en tant qu'individus, car malgré tout ce qui fonctionne et fait plaisir, il y a aussi une série de tâches que nous devons résoudre, mais ce n'est qu'ensemble que nous y arriverons sans nous bloquer mutuellement. Christoph Schuler : La ou le super Évêque n'y parviendra pas seul. Chacun d'entre nous doit apporter sa contribution, comme il le peut et comme il le souhaite. Ma grand-mère disait toujours : « L'essentiel, c'est que tu sois bien dans la vie et tu dois organiser ta vie en conséquence ». Cela signifie que nous avons tous une responsabilité personnelle et une responsabilité les uns envers les autres. Je pense que l'Évêque a ici un rôle important à jouer. L'Évêque ne doit pas détourner le regard, mais regarder, garder une vue d'ensemble et ce faisant, il doit encourager les autres à aller les uns vers les autres. Mise en réseau et capacité d'action Niklas Raggenbass : Christoph Schuler estime qu'il est important d'entretenir de bonnes relations avec le personnel. Dans ce domaine également, le travail en réseau est assez important pour lui et il a constaté que cela devient de plus en plus important. Il essaie de vivre cela aussi en tant que curé et remarque que cela ne va plus sans. En tant que curé, mais aussi en tant que conseiller synodal, qui contribue largement à façonner le destin du diocèse, il a constaté que tout le processus de communication aux niveaux les plus divers dans lequel nous nous trouvons, que la mise en réseau, les moyens de communication et l'utilisation des nouveaux médias ont été un peu longs, de sorte qu'il devient clair. Christoph Schuler : J'espère que les choses avanceront plus rapidement, afin que le diocèse reste lui aussi capable d'agir. Une grande question qui revient souvent est celle de la liturgie et de son importance aujourd'hui. Les questions relatives aux célébrations sont une affaire de cœur, et il faut encourager à être attentif aux besoins et aux souhaits des gens. Le langage et les formes que peut prendre la liturgie nécessitent un débat au sein de l'Église, mais je constate pour l'instant que nous sommes dans un état figé dans ce domaine. J'espère qu'après l'élection ou l'ordination de l'Évêque et son entrée en fonction, il y aura une nouvelle dynamique qui nous entraînera tous. S’il est élu, Christoph Schuler prendra comme devise : « Jésus-Christ hier et aujourd'hui, est le même dans les siècles des siècles ! » (Lettre aux Hébreux 13, 8)
Page 1 and 2: INSCRIVEZ-VOUS JUSQU’AU 26 AVRIL
Page 3 and 4: 4 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER
Page 7: 12 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER
Page 13 and 14: 24 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DE LA P
Page 15 and 16: 28 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 BERNE E

Présence_2024-4

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

Delete template?

Save as template?