Présence_2024-4

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10 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 11 Présentation des candidats à l’élection épiscopale Présentation des candidats à l’élection épiscopale n'est pas le CEO d'une entreprise, même si celle-ci réalise un chiffre d'affaires de plusieurs milliards. L'Évêque représente quelque chose que l'on ne peut pas évaluer avec des chiffres. Il représente le spirituel, la cohésion des différentes personnes dans les différentes communautés. Il est donc important qu'il les connaisse. Mais l'une de ses tâches fondamentales est d'être en relation et de créer des liens. Dans ce contexte, il a aussi une fonction d'exemple non négligeable. L'Évêque reste un pasteur dont on espère qu'il est présent dans le diocèse et qu'il y met tout son cœur. Dans la situation dans laquelle nous nous trouvons tout le reste doit passer au second plan. Nous sommes confrontés à de grands défis. Niklas Raggenbass : As-tu une vision pour cette future tâche ? Frank Bangerter : La mission et la vision sont claires : nous sommes l'Église et Jésus-Christ nous a donné la mission d'annoncer l'Évangile. La question est de savoir sous quelle forme je peux le faire aujourd'hui, avec quels instruments je l'aborde et avec quelles paroles je l'annonce. Jésus a parlé pour l'éternité, c'est pourquoi ses exemples peuvent toujours être traduits dans le monde dans lequel nous vivons. Mais la manière de procéder n'est pas toujours claire et il peut y avoir des conflits. L'un est très progressiste, l'autre préfère être traditionaliste. Mais la mission est simple, nous n'avons rien à inventer. Selon les cas, cela peut prendre un certain temps avant que nous nous mettions d'accord, mais cela reste ainsi et ne peut pas être réinterprété : Notre mission est d'annoncer l'Évangile. C'est aussi notre raison d'être. Si nous cessons de le faire, nous n'existerons plus, et nous ne serons plus nécessaires. Nous pourrons alors mettre en place une institution sociale avec l'argent que nous avons encore. Niklas Raggenbass : Et concrètement ? Frank Bangerter : Nous devons par exemple réfléchir à la manière dont nous pouvons transformer les « paroisses en détresse » en « paroisses en renouveau » et leur donner les impulsions nécessaires à cet effet. Certaines paroisses se vident lentement de leur substance, il n'est même plus possible de célébrer des cultes parce que les gens ne sont plus là. C'est incroyablement triste de voir certaines paroisses dépérir malgré elles. C'est brutal. Comment pouvons-nous organiser ce renouveau si les finances diminuent elles aussi ? Comment gérons-nous cela ? Nous avons des exemples à suivre dans le diocèse. Plusieurs paroisses ont essayé de se regrouper sur une base volontaire. Elles retrouvent ainsi de l'énergie, il devient à nouveau intéressant de se déplacer ensemble, on a envie de s'impliquer et de prendre des responsabilités. Nous devons donc veiller à ce que nos régions soient plus fortes et à ce qu'elles aient à nouveau du « gras sur le dos », sinon tout cela va « s'effilocher ». Une autre piste est qu'il y a de moins en moins de ministres du culte. Même si nos paroisses devaient se regrouper en cinq ou six régions, mais qu'il n'y ait plus de ministres, nous devons absolument prévoir aujourd'hui, maintenant, que nos laïcs soient impliqués dans la responsabilité. Nous participons tous à l'unique sacerdoce. Je me demande si nous ne laissons pas beaucoup de choses en friche. Nous avons beaucoup de bonnes personnes et nous devons être plus souples. Notre institut catholique-chrétien pourrait aller vers les paroisses et demander : « De quoi avez-vous besoin ? » Nous devrions nous encourager mutuellement à emprunter des voies extraordinaires, peut-être « folles », afin de ne pas nous briser contre les structures. Nous avons des idées, nous pouvons nous y atteler : Il ne nous manque plus que de nous encourager mutuellement à croire en l'amour que Dieu est et qu'il nous donne : Pas un requiem, mais Pâques : Alléluia ! Niklas Raggenbass : Si l'on demande à la population de Zurich-Oerlikon, où le candidat à l'épiscopat Frank Bangerter est curé, ce que chacun souhaite d'un nouvel Évêque ou d'une nouvelle Évêque, une immense diversité de souhaits s'étale : « Rien que par cela, nous prouvons à quel point notre diocèse catholique-chrétien est vivant. Tout ne peut se faire qu'ensemble et cela est irrévocable. » « On n’y arrivera qu’ensemble » Niklas Raggenbass : Selon Frank Bangerter, on ne peut pas attendre du seul Évêque ou de la seule Évêque le salut pour notre Église. Lorsqu'il regarde la liste de souhaits des personnes avec lesquelles il s'est entretenu, tout le préoccupe, chaque point. Lorsqu'on lui demande ce qui est particulièrement important pour lui, il répond sans hésiter : « Les questions de personnel ». Outre son ministère de curé, il connaît aussi le diocèse en tant que conseiller synodal, où convergent beaucoup de choses à décider dans l'Église – le Conseil synodal est en quelque sorte le gouvernement du diocèse. Son regard s'étend au-delà de la paroisse : Frank Bangerter : Je chercherai le contact avec les gens et j'aimerais aller dans les conseils de paroisses, les paroisses et les nombreux comités. Je voudrais participer aux célébrations et être présent de manière tangible ! Niklas Raggenbass : Un autre sujet qui lui tient à cœur est la question de savoir comment donner plus de force aux régions et aux paroisses. Frank Bangerter : Nous savons en effet que certaines paroisses sont au bord de l'effondrement. Que ce soit par exemple sur le plan financier, du personnel ou pour d'autres raisons. Niklas Raggenbass : Beaucoup attendent de la nouvelle Évêque ou du nouvel Évêque que « quelque chose se passe » dans l'Église. Frank Bangerter donne une réponse spirituelle et pratique : Frank Bangerter : Pour que nous puissions tirer de notre trésor de catholicité, de notre grande spiritualité, la force qui donnera une nouvelle vigueur aux communautés, nous devons prendre des décisions courageuses et concrètes.
12 PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 DOSSIER DOSSIER PRÉSENCE N o 4 MAI 2024 13 Présentation des candidats à l’élection épiscopale Présentation des candidats à l’élection épiscopale Nous apprenons des uns et des autres dans leurs lieux respectifs et luttons pour savoir comment, dans des régions plus grandes, nous pouvons maîtriser les exigences de notre temps. Niklas Raggenbass : Et combien de régions cela devrait-il être ? Frank Bangerter : Je pourrais m'imaginer qu'il y ait en Suisse 5 à 6 régions que l'on regroupe sur le plan du personnel et des finances. Des régions avec une administration commune, quelques ecclésiastiques qui se soutiennent et se renforcent mutuellement de manière créative et qui peuvent se répartir le travail : communautaire – ce qui n'est pas nouveau – mais qui devrait être mieux mis en œuvre dans tout le diocèse. Il y a aussi la question de l’enseignement des étudiants de demain. C’est une question préoccupante depuis longtemps, celle de l'avenir des études de théologie. Comment la formation doitelle évoluer et qui seront nos ecclésiastiques de demain ? Ayant étudié l'économie en plus de la théologie et travaillé en tant qu'économiste, notamment dans le domaine des ressources humaines, je connais le fonctionnement de l'université et le fait que les études de théologie soient en grande difficulté me pèse, même si nous avons des structures telles que des professeurs et des chargés d'études qui font leur travail. En tant qu'Évêque, la question absolument urgente pour moi sera de savoir comment motiver les gens à devenir aumôniers à l'avenir. Actuellement, il n'y a pas d'étudiants et le canton de Berne fait pression sur l'Institut de théologie catholique-chrétienne de la Faculté de théologie de l'Université de Berne. À cela s'ajoute le fait que le nombre d'ecclésiastiques diminue de manière marquante. Niklas Ragenbass : De nombreux ecclésiastiques – hommes et femmes – viennent d'Allemagne ou ont été autrefois catholiques romains. Frank Bangerter ne tourne pas autour du pot : Frank Bangerter : La formation doit être repensée et nous devrions parallèlement pouvoir habiliter nos laïcs à assumer davantage de responsabilités. Nous devons alors réfléchir à un modèle qui prenne la mesure de notre présent et qui se demande qui l'on considère comme capable de servir dans une communauté et d'assumer davantage de responsabilités. On pourrait ainsi abaisser le seuil du diaconat. Il pourrait également être possible pour les prêtres de trouver de nouvelles formes. J'aimerais inviter tout le monde à adhérer à une devise pour sa pensée et son action : Niklas Raggenbass : Quelqu'un lui avait écrit pour demander à qui il faisait allusion, ce à quoi il a répondu plus concrètement : « Nous devons permettre à nos laïcs d'en faire plus, y compris spirituellement, car c'est la seule façon de fonctionner encore dans 20 ans. » Niklas Raggenbass : A la question de savoir ce qu'il entendait par « spirituel », Frank Bangerter a répondu : Frank Bangerter : L'important, c'est que nous nous demandions toujours pourquoi nous existons ? Nous n'existons que parce que Jésus-Christ a vécu et a institué ses apôtres. Notre mission est d'annoncer l'Évangile, la bonne nouvelle. Tout ce que nous faisons doit s'y référer. Nous devons toujours nous demander si nous faisons ce que la Bonne Nouvelle nous dit réellement. C'est ma spiritualité et il est important pour moi que nous y réfléchissions toujours à nouveau ! Niklas Raggenbass : Nous avons demandé aux trois candidats à l'épiscopat de définir une éventuelle parole de sceau en cas d'élection. Après l'élection, ce mot sera immortalisé en grès sur le pilier de la nef latérale de l'église Pierre et Paul à Berne. Voici le choix de Frank Bangerter : « Avec mon Dieu, je saute des murs ! » (Psaume 18, 30) CHRISTOPH SCHULER Curé de Berne et Granges « Être porteur du Christ : une mission de vie qui donne une orientation » Avec le curé catholique-chrétien de Berne et Granges Christoph Schuler, nous avions convenu de nous rendre à l'église St. Pierre et Paul, près des bougies, là où se trouvaient autrefois les fonts baptismaux. C'est un lieu ouvert pendant la journée, où se rencontrent des personnes d'appartenances religieuses et de nationalités très diverses. On se doute que la ville fédérale de Berne pose des défis particuliers aux aumôniers. Niklas Raggenbass : Que signifie pour toi ton prénom Christoph ? Christoph Schuler : Je suis très reconnaissant à mes parents de m'avoir baptisé Christophe. Christopherus est le porteur du Christ et cela m'a toujours fasciné. Il nous indique que nous pouvons tous devenir des porteurs de Jésus-Christ. Niklas Raggenbass : On discute actuellement de l'utilité des notes à l'école ? Que dirais-tu si une enseignante te demandait conseil ? Christoph Schuler : D'un côté, on discute de ne plus donner de notes pour des raisons pédagogiques, on devrait trouver d'autres formes d'évaluation. Il y a un pour et un contre. Je constate que l'on exige partout une notation. De nos jours, on doit prendre position ou donner un feed-back partout. Notre tâche à l'école n'est pas d'isoler les élèves de la vie concrète, mais de les confronter aux hauts et aux bas de la vie et de leur montrer comment les gérer. Ainsi, par exemple, la question : « Que faire des notes qui sont fausses, injustes et menaçantes ou qui peuvent être achetées ? » Si quelqu'un me montre un tel chemin, cherche à me comprendre, je peux me sentir à l'aise, un « sentiment d'appartenance » peut naître. Niklas Raggenbass : Qu'est-ce que signifie pour toi, la patrie ? Christoph Schuler : Les personnes qui se rassemblent parce qu'elles veulent prier ou célébrer un culte me donnent un sentiment d'appartenance. Au centre de ma vie se trouve que je veux célébrer le culte avec d'autres personnes. C'est pour cela que je suis là en tant que prêtre, et cela me donne personnellement beaucoup de force et de sens dans ma vie. Un autre aspect de la patrie est pour moi la famille, lorsque je suis avec ma femme Elisabeth Amstad Schuler et ma fille Madeleine et que nous nous soutenons mutuellement. Par exemple lorsque aider notre fille à voler de ses propres ailes sur le plan professionnel. En outre, j'aime faire des choses très différentes. Je suis aussi souvent que possible en montagne, je me baigne dans l'Aar ou je vais à l'opéra ou au théâtre. Pour moi, tout cela a aussi un rapport avec ma patrie.
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