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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts<br />
Nouveaux albums<br />
Alors que beaucoup de vieux<br />
rockeurs montrent des signes de<br />
fatigue et d'essoufflement artistique,<br />
Mark Knopfler, lui, affiche tout le<br />
contraire! Après «Get Lucky» (un<br />
album dont le succès avait davantage<br />
conforté sa place sur le devant de la<br />
scène musicale Rock) et une superbe<br />
tournée à travers l’Europe, le voici de<br />
retour avec un véritable bijoux! En<br />
effet, l’homme n’a pas profité comme<br />
certains de sa gloire passée pour faire<br />
oublier une quelconque panne de créativité<br />
ou une production discographique au point<br />
mort depuis quelques années (les exemples<br />
ne manquent pas aujourd’hui dans le<br />
monde de la musique).<br />
Au contraire, Knopfler a énormément<br />
travaillé pour nous offrir un doublealbum<br />
comportant pas moins de vingt<br />
chansons. Un défi énorme donc pour<br />
le Sultan du Swing qui n’a pas hésité<br />
à se mettre en danger (car un doublealbum<br />
est un véritable risque vis-à-vis<br />
des fans qui trouvent souvent que les<br />
artistes meublent ce genre de disque<br />
avec des chansons parfois un peu<br />
inutiles plutôt que de concentrer le<br />
meilleur sur un seul disque.)<br />
Seulement voilà, on est Mark Knopfler,<br />
ou on ne l’est pas!<br />
C’est donc avec génie que celui-ci a<br />
d i s p o s é c e s v i n g t m o r c e a u x<br />
exceptionnels en prenant soin de<br />
varier les genres et les tempos. Pour<br />
ce faire, il s’est entourré de pas moins<br />
de 16 personnes pour bâtir ce<br />
monument musical. Il y a bien<br />
entendu son vieil ami Guy Fletcher (le<br />
claviériste de Dire Straits qui a<br />
toujours contribué aux album solo de<br />
Mark Knopfler nous revient avec<br />
«Privateering»<br />
Mark), mais aussi des musiciens issus<br />
du Folk irlandais comme le flutiste<br />
Michael McGoldrick ainsi que des<br />
musiciens de session venant de<br />
Nashville pour accompagner les<br />
parties plus Country de l’album.<br />
Voici donc une description de certains<br />
morceaux qui vous donnera<br />
certainement envie de découvrir ce<br />
«Privateering».<br />
L’album commence par «Redbud<br />
Tree», une balade folk qui commence<br />
doucement avec une simple guitare<br />
acoustique et une steel pedal en fond.<br />
La voix de Knopfler amène davantage<br />
de mélancolie et de douceur.<br />
Puis le thème arrive, joué par une<br />
guitare électrique. On reconnait<br />
immédiatement le style du guitar hero<br />
et ce son pur et si particulier qu’il<br />
produit en jouant en finger picking. <strong>Le</strong><br />
phrasé est simple, mais juste. Sans<br />
fioritures et d’une efficacité à toute<br />
épreuve.<br />
Vient ensuite «Haul Away», une<br />
balade celtique dont le thème est<br />
sublimé par des flûtes. Ce morceau<br />
fait bien entendu penser à «Golden<br />
Heart», le titre éponyme de son<br />
premier album solo. C’est sur ce<br />
disque que l’on retrouvait pour la<br />
première fois ce genre de musique et<br />
cela avait marqué un profond<br />
changement dans la façon d’écrire de<br />
Knopfler. Son public l’avait alors<br />
découvert sous un jour nouveau.<br />
Place au Blues ensuite avec «Don’t<br />
Forget Your Hat». On reconnait là<br />
l’influence de Robert Johnson sur<br />
28<br />
l’anglais. On y retrouve une guitare<br />
slide très expressive accompagnée<br />
d’un harmonica joué avec brio.<br />
«Privateering» ramène cette fois le<br />
folk en avant-plan avec un riff très<br />
rythmique à la guitare qui suit la voix<br />
de Knopfler. Puis, «Miss You Blues»<br />
une balade rock assez sympa sans<br />
prétention.<br />
<strong>Le</strong> disque change ensuite de couleur<br />
avec «Corned Beef City», un countryrock<br />
très entraînant et rythmé par la<br />
guitare électrique dont le son rappelle<br />
«Money For Nothing» avec cette<br />
pédale wha fermée. «Go, Love»<br />
ramène la tendresse et fait penser au<br />
genre que l’on retrouvait par exemple<br />
sur «Sailing to Philadelphia». Une<br />
balade aux sonorités typiques avec ça<br />
et là un petit phrasé à la guitare<br />
électrique.<br />
Bref, vous l’aurez compris, «Privateering»<br />
offre un condensé de tous les styles<br />
abordés par Knopfler au cours de sa<br />
carrière. Il rassemble ainsi le meilleur<br />
de ce dieu de la guitare au travers de<br />
morceaux variés et de qualité.<br />
Pour les fans, une version<br />
deluxe existe avec cinq titres<br />
supplémentaires, deux vinyls,<br />
une interview de Knopfler et un code<br />
pour télécharger un concert. De quoi<br />
passer des heures dans l’univers de<br />
cette légende vivante.<br />
Christophe Pauly