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Paradis : Amour, peu de compassion<br />
Paradis est un triptyque réaliste reflétant trois réalités via trois femmes contemporaines. Ce<br />
premier long métrage était présenté en compétition au dernier festival de Cannes.<br />
La critique<br />
Mise en scène d'une réalité<br />
frappante, connue de tous, allant à<br />
l'encontre des mœurs.<br />
Paradis : Amour est le premier volet<br />
de la trilogie d'Ulrich Seidl, représentant<br />
trois femmes d'une même<br />
famille à la recherche de leur rêve<br />
respectif. Elles passent leurs vacances<br />
séparément: l’une part faire<br />
du tourisme sexuel, l’autre œuvre<br />
comme missionnaire catholique, la<br />
troisième séjourne dans un camp<br />
pour ados en surpoids. Trois chemins<br />
qui reflètent différentes valeurs:<br />
l'amour, la foi et l'espoir.<br />
Cette première partie raconte l'histoire<br />
d'une quinquagénaire au physique<br />
corpulent, Teresa, qui passe<br />
ses vacances sur les plages du<br />
Kenya où elle devient une sugar<br />
mama, c'est-à-dire une Européenne,<br />
blanche, qui entretient une relation<br />
sexuelle payante avec de jeunes<br />
Africains. Elle découvre donc le<br />
tourisme sexuel mais en réalité, elle<br />
recherche l'amour et le plaisir d'être<br />
désirée à nouveau.<br />
Un hôtel luxueux, une plage au sable<br />
fin, une mer bleue azure, des palmiers<br />
et du soleil, un vrai lieu idyllique<br />
n'est-ce pas ? Ce décor est certainement<br />
le seul lien avec le titre<br />
« paradis » étant donné qu'un lieu<br />
sans vie ni expression, où le silence<br />
flâne dans l'ennui ne peut être considéré<br />
comme un paradis. De plus, le<br />
paradis signifie bonheur, si bien que<br />
lors d'une interview Ulrich Seidl dit :<br />
« <strong>Le</strong> paradis est la promesse d'un<br />
bonheur sans fin », or il n'est pas<br />
présent, seule la recherche de celuici<br />
est montrée.<br />
Quant à l'amour – de même que sa<br />
poursuite, il est un sentiment à la fois<br />
merveilleux et plein de tourments<br />
pourtant, il est loin d'être exprimé<br />
ainsi vu l'absence de dialogues et<br />
d'actions ; il ne se résume pas à des<br />
échanges physiques dénudés d'âme<br />
à l'instar de ce qui est dépeint.<br />
«<strong>Le</strong> film est tiré en<br />
longueur par des scènes<br />
dʼéchanges charnels»<br />
Bien que l'âge avancé de l'héroïne<br />
nous démontre la dure réalité du<br />
vieillissement et de ce qui en découle<br />
tels que le désespoir, les déceptions<br />
(amoureuses), la peur de ne plus<br />
plaire et surtout la beauté flétrissante,<br />
sa naïveté et son innocence sont<br />
exaspérantes, la rendant misérable<br />
et ne nous permettent donc aucune<br />
compassion envers elle. Sans compter<br />
que la description du personnage<br />
est totalement inexistante, ce<br />
qui maintient davantage l'écart entre<br />
le protagoniste et nous, les spectateurs.<br />
Aussi, la différence de richesse entre<br />
les Blancs et les Africains n'est<br />
qu'implicite car aucun commentaire<br />
de la part de Teresa, qui voyage en<br />
Afrique pour la première fois, n'est<br />
émis. La taciturnité est donc bien trop<br />
importante : de tels sujets demandent<br />
effectivement une communication<br />
plus abondante entre les personnages<br />
pour nous émouvoir.<br />
Pour finir, le film est tiré en longueur<br />
par des scènes d'échanges charnels,<br />
voire pornographiques (et non érotiques),<br />
inutiles. <strong>Le</strong> manque de dialogues<br />
le rend impénétrable et leur<br />
9<br />
©Lumière Distribution<br />
légèreté marque une très grande<br />
fadeur et insipidité. <strong>Le</strong> film aurait pu<br />
être beau et profond mais rien y fait,<br />
les sentiments ne suivent pas devant<br />
une telle platitude.<br />
<strong>Le</strong>s thèmes sont plus qu'intéressants<br />
mais c'est une grande déception, à<br />
se demander comment Paradis :<br />
Amour a pu être en compétition à<br />
Cannes. À noter que le film prend un<br />
peu de beauté si un effort (ou un<br />
intérêt particulier) est déployé pour se<br />
renseigner afin de prendre connaissance<br />
des intentions et visions<br />
du réalisateur.<br />
Sontiu Falguière<br />
Paradis : Amour<br />
Drame<br />
dʼUlrich Seidl<br />
Avec Margarete<br />
Tiesel, Peter<br />
Kazungu<br />
Sur les plages du Kenya, on les<br />
appelle les « sugar mamas », ces<br />
Européennes grâce auxquelles,<br />
contre un peu dʻamour, les jeunes<br />
Africains assurent leur subsistance.<br />
Teresa passe ses vacances dans<br />
ce paradis exotique.Elle recherche<br />
lʼamour mais, passant dʼun beachboy<br />
à lʼautre et allant ainsi de déception<br />
en déception, elle doit<br />
bientôt se rendre à lʼévidence : sur<br />
les plages du Kenya, lʼamour est<br />
un produit qui se vend.<br />
8 janvier 2013