NF_HAB3_Mercredi_18_avril_2012 : Habiter : 1 ... - Le Nouvelliste

28
Habiter
mur extérieur en béton piqué y contribue:
«Nous aimons travailler le matériau brut.
Un béton peut être sablé, poli, piqueté. Les
traces de coffrage disparaissent, on ne lit
plus que la matière. Ici, le piquetage donne
une impression de pierre sèche, mais
reste l’expression de la vérité.» En adoptant
une solution «directe et pragmatique»,
le résultat gagne en beauté: «Une extension
de ce genre, avec un mur face contre
terre, ne peut se construire aujourd’hui
qu’en béton. Si le béton est travaillé, il
prend une qualité plus riche. Grâce aux aspérités,
le mur se végétalise, il est colonisé
par la mousse et les végétaux, il se patine.»
Choisir le matériau juste, ne pas le cacher,
mais le travailler pour faire ressortir ses
qualités esthétiques, on reconnaît le credo
des écoles d’architecture. Tout comme
l’importance accordée à l’histoire du lieu.
Dans ces projets de transformation, le lien
entre le passé et le présent reste primordial.
L’accent est porté sur la compréhension
du contexte.
D’abord mandaté en Valais pour des
transformations d’objets isolés dans les alpages,
le bureau veveysan montre son savoir-faire
avec un projet de petit immeuble
à Orsières. D’autres chantiers sont en
cours, une école dans le canton de
Fribourg, du logement groupé à Nyon...
«Pour chaque projet, il y a une histoire, un
client, un contexte et un programme. Cela
explique qu’il n’y ait jamais deux projets
pareils.» Les architectes voient venir de
nouveaux défis, avec le besoin de densifier
le tissu urbain ou de construire sur des terrains
réputés impossibles.
Le mur de soutènement en béton se prolonge dans
la maison. Tout le reste est boisé de grands panneaux
de sapin clair.
La pièce à vivre à pris place dans le socle et s’ouvre
de plain-pied sur l’extérieur.
LE POINT DE VUE
DE L’ARCHITECTE
Après l’initiative Franz Weber
«L’énoncé est brutal, mais ouvre
des perspectives intéressantes. Du
point de vue de l’aménagement du
territoire, on n’échappe pas à la nécessité
de densifier les centres et
de réduire le mitage du territoire.
Tourisme et résidences secondaires
posent un problème social. Dans le
val de Bagnes, un déséquilibre se
crée. Verbier se vide de ses habitants
qui n’ont plus les moyens d’y
résider. Ils doivent habiter les fonds
de vallées, mais ne peuvent y travailler,
les villages se meurent. Mais
si le tourisme doit s’étaler au lieu de
se concentrer dans une seule station,
ces villages pourraient vivre.
L’affaiblissement des ghettos pour
touristes aisés favoriserait une
mixité de l’habitat et pourrait redynamiser
l’hôtellerie, dont la tradition
se perd sauf pour l’hyperluxe.
La possibilité de travailler dans le
secteur hôtelier pourrait devenir
une alternative. On assistera peutêtre
à une redistribution des cartes,
bien que l’application promette
d’être compliquée.»
RAPIN/SAIZ