Sacre impronte e oggetti - Università degli Studi di Torino
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Bernard Flusin<br />
nard, utilisant les sources arabes, a bien montré qu’il ne s’agissait pas<br />
ici d’une guerre de conquête mais plutôt d’un grand raid, de sorte que<br />
l’armée lève le siège sans chercher vraiment à prendre la ville 90 . Cependant,<br />
Romain Lécapène saisit l’occasion pour tenter de se faire livrer le<br />
butin le plus précieux qu’il puisse espérer : le prestigieux mandylion et la<br />
lettre du Christ, qui protègent Édesse, et dont il espère enrichir sa capitale,<br />
renforçant ainsi son propre prestige de souverain victorieux. Il<br />
entre en négociation avec les autorités de la ville et avec le califat, auquel<br />
la question est soumise 91 . En même temps, pour faire pression, il<br />
envoie une deuxième fois Kourkouas et son armée dans la région, où ils<br />
s’emparent de Ras Ain le 13 novembre 943 92 . Au terme de tractations<br />
assez longues, Romain obtient enfin ce qu’il veut, en échange de la libération<br />
de deux cents prisonniers sarrasins (c’est l’argument qui a décidé<br />
le calife), d’une somme de douze mille pièces d’argent, peut-être destinées<br />
à l’Église d’Édesse, et de la promesse, confirmée par chrysobulle,<br />
de ne plus attaquer Édesse et trois autres villes de la région 93 .<br />
La translation de la précieuse relique, telle que la notent les chroniqueurs,<br />
a pour but de renforcer le prestige de l’empereur et de mettre en<br />
valeur ses victoires. Le thème est alors celui qu’on trouve exprimé dans<br />
un canon ancien, qui célèbre la translation de 944 94 . Il semble avoir été<br />
composé pour l’arrivée même de la relique comme le montrent certains<br />
passages qui se réfèrent à l’événement même plutôt qu’à sa commémoraison.<br />
Il s’agit en outre d’un chant très favorable à Romain Ier – même<br />
si celui-ci n’est pas nommé –, ce qui est plus facile à concevoir avant la<br />
chute de cet empereur qu’après 95 . L’opinion de Dobschütz, pour qui il<br />
90 Ibid., 748.<br />
91 Sur les négociations conduisant à cet échange, d’après les sources arabes,<br />
Ibid., 749-50.<br />
92 Ibid., 751.<br />
93 Les <strong>di</strong>spositions de l’accord sont reproduites par les rédacteurs du Récit (B),<br />
§ 45, éd. DOBSCHÜTZ, cit. (n. 9), 73**-75** ; on peut penser qu’ils avaient<br />
connaissance du chrysobulle accordé par Romain à la suite de la demande de<br />
l’émir d’Édesse, chrysobulle qu’ils mentionnent explicitement (Récit [B], § 45, éd.<br />
DOBSCHÜTZ, cit. [n. 9], 75**, l. 3).<br />
94 É<strong>di</strong>té par DOBSCHÜTZ, cit. (n. 9), 120**-126**.<br />
95 L’empereur, au singulier, est comparé à David dansant devant l’arche : ode<br />
3, strophe 4 (éd. DOBSCHÜTZ, cit. [n. 9], 121**, l. 10-13) ; il est inspiré par Dieu<br />
(qeovfrwn, ibid., 121**, l. 22), fidèle (pistov", ibid., 123**, l. 28), il a l’esprit puissant<br />
(krataiovfrwn, ibid., 121**, l. 30).