L'INCORONAZIONE DI POPPEA - Les chemins du Baroque

Virtue
Go, submerge yourself, base wretch,
vile deceiver of men,
false goddess of the imprudent.
I am the true ladder
by which mankind may climb to the summit.
I am the lodestar
who alone teaches human intellect
the art of steering towards Olympus.
I may style myself, without any flattery,
the same pure incorruptible being
that inhabits the soul of gods.
Which cannot be said of you, O Fortune.
Love
Who do you think you are, O goddesses,
dividing among yourselves the whole world,
its sovereignty and its rule,
excluding Love,
the god who is so much greater than either of you?
I teach the virtues,
I control Fortune,
this boy has
vanquished since antiquity
time and all other gods:
Eternity and I are twins.
revere me,
worship me,
and name me your sovereign.
Fortune and Virtue
There is no human heart, nor divine
that may presume to contend with Love.
Love
Today in a single contest
both of you, overthrown by me,
will admit that the world changes at a nod from me.
21
Alors que l'ombre de la peste rôde encore
sur Venise, marquant de brun le portail des églises,
les portes des maisons et multipliant sur les canaux
le lugubre cortège des gondoles funèbres, la
Sérénissime glisse, sans encore le savoir, vers le
monde frivole et dissipé qui donnera naissance au
perpétuel carnaval du XVIIIe siècle et aux mémoires
de Casanova.
Déjà, en 1637, la République avait ouvert
au public la première salle à entrée payante; le
Teatro San Cassiano. La faveur populaire avait,
immédiatement, accompagnée cette initiative
permettant de faire triompher à Venise l'opéra
profane, supplantant ainsi la prépondérance de
Rome, depuis une dizaine d'années, dans le domaine
de l'opéra sacré. On pourrait, d'ailleurs, parler d'une
véritable filiation lorsque l'on sait que ce transfert
eut pour principal artisan le compositeur et metteur
en scène Francesco Manelli qui, venu de Rome,
acclimata à Venise les principales composantes de
l'opéra "à la romaine", mariant faste, technologie
et réalisme. C'est ainsi que la création de son
Andromeda, pour l'ouverture du San Cassiano, avait
permis à Manelli d'éblouir le public par ses savantes
machiniries grâce auxquelles Mercure traversait les
airs, tandis que se succédaient paysages marins et
scènes sylvestres.
Quoique âgé de soixante dix ans alors,
Claudio Monteverdi ne resta pas à l'écart de cette
révolution qui ne pouvait que répondre à ses voeux
les plus chers dans le domaine de la représentation
des passions humaines. Mais, de même qu'il avait
procédé à l'époque de l' "Orfeo", trente ans plus
tôt, "capitalisant" les expériences de Caccini et Péri
avant de se jeter dans l'arène, il semble avoir