L'INCORONAZIONE DI POPPEA - Les chemins du Baroque

aCt one
3
sCene 1
The scene changes to Poppea’s palace
Ottone, two sleeping soldiers of Nero’s guard
Ottone, the lover of Poppea, is seen standing outside the palace of his
beloved at the break of dawn, venting his amorous passion; seeing
Nero’s guards asleep in the street, while Nero is happily asleep
inside, he laments his woes.
Ottone
And still I return like a line to the centre,
like fire to the sun and the stream to the sea,
and though no light appears,
ah! I know well that my sun is within.
Dear, beloved roof,
abode of my life and my love,
my steps and my heart bow down to you.
Open your window, Poppea,
with your face that holds my destiny,
precede, my soul, and outrun the day.
Arise and dispel at last
from the sky this darkness and gloom,
with the ravishing opening of your eyelids.
Dreams, bear in flight
upon your wings in sweet fancy
these my sighs to my beloved.
But what do I see, O unhappy one?
These are no phantoms or nocturnal spirits,
these are Nero’s guards; ah, then,
to the unfeeling winds
I divulge my woes.
I beseech the stones to weep for me,
I adore this marble,
I woo in tears a balcony,
and on Poppea’s bosom Nero sleeps.
He has directed his soldiers
23
marqué un temps d'observation avant d'entrer en
scène à son tour. Ami de Manelli devenu, en 1638,
directeur du Théâtre San Cassiano, il suivait sans
doute également avec le plus haut intérêt l'envol de
la carrière théâtrale de son élève et assistant
organiste à Saint-Marc, Francesco Cavalli, dont deux
ouvrages, Le Nozze di Teti e di Peleo (1639) et Gli
amori di Apollo e di Dafne (1640) précèdent de peu
son propre ouvrage Il Ritorno d'Ulisse in patria,
représenté au San Cassiano pour les fêtes du
carnaval de 1640. Il est donc solidaire de ce
mouvement de fond qui ne faisait que revigorer une
vieille fièvre scénique qui, à vrai dire, ne l'avait
jamais quittée et dont il se délivrera en donnant à la
scène ce "Couronnement de Poppée", représenté au
Teatro Grimani, à l'occasion de la saison du carnaval
de 1643.
Le miracle, ici, réside moins, cependant,
dans cet ultime regain de créativité, que dans son
expression révolutionnaire. Que penser de ce
vieillard, au faîte des honneurs, musicien d'église et
appartenant lui-même à l'église, s'acoquinant, au
terme de sa vie, avec Giovanni Francesco Busenello !
Celui ci, issu des réunions socratiques de la Casa
Morosini qu'animait jadis Paolo Sarpi (théologien
disparu en 1623, que l'on surnommait "le petit
Luther" et sur lequel le pape Paul V jeta un interdit
bien proche de l'excommunication) devait encore
avoir une forte odeur de souffre; et ses quelques
vers en hommage aux grandes cantatrices de
l'époque, Adriana Basile, Margherita Confaloniera
ou Anna Renzi, ne pouvaient guère faire oublier ses
poèmes pour la plupart obscènes (accompagnés, il
est vrai, d'indications musicales). Busenello était, par
excellence, l'homme des écrits libertins niant
l'immortalité de l'âme et vantant la souveraineté de