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Rotary Magazin 11/2020

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Rotary Magazin 11/2020

UNE MAJORITÉ POLITIQUE

UNE MAJORITÉ POLITIQUE PERMET UNE VISION À LON SCHWERPUNKT – ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN – NOVEMBER 2020 INTERVIEW 32 Notre ami Christophe Darbellay (1971), membre du RC Martigny depuis 2015, figure parmi les plus autorisés des Rotariens suisses à pouvoir s’exprimer sur l’exercice de la politique. Jugez plutôt : il a siégé au Parlement fédéral, à Berne, comme Conseiller national de 2003 à 2015 et a présidé le PDC Suisse pendant dix ans, de 2006 à 2016, avant d’être brillamment élu Conseiller d’État en Valais, en mars 2017. En charge du Département de l’économie et de la formation, notre ami Christophe, déterminé, doté d’une santé de fer et d’une résistance à toute épreuve, se dépense au quotidien pour réaliser des projets indispensables à l’avenir de son canton. Sa motivation l’aide à « déplacer des montagnes ». Christophe, tu es entré jeune en politique, à l’âge de 32 ans, comme Conseiller national. Quelles étaient alors tes motivations, comment ont-elles évolué et quelles sont-elles depuis ton accession au Conseil d’État valaisan, en mars 2017 ? Comme j’ai baigné dans la politique depuis ma plus tendre enfance, je me suis très vite passionné pour la « chose publique », plus précisément pour la vie et l’organisation de la cité. Cette volonté de DÉVELOPPER ET FAIRE AVANCER LE VALAIS aussi comme Président du PDC Suisse, je positionnais mes actions surtout au niveau des idées et des causes nationales. Désormais à l’exécutif, comme Conseiller d’État, je suis dans la réalité du terrain pour proposer des solutions concrètes aux acteurs de tous les secteurs de l’économie et de la formation, pour développer et faire avancer le Valais, pour améliorer la qualité de vie de sa population. J’apprécie le caractère pragmatique de mon mandat, la variété de mes activités, le contact direct avec mes concitoyens, et je suis particulièrement heureux lorsque des projets se réalisent grâce à l’efficacité professionnelle de toute mon équipe. tique et pire, despotique, au risque d’empiéter sur la liberté de penser et d’agir de tout un chacun, dans le respect, bien évidemment, des règles du « vivre ensemble » et de la cohésion sociale dans la collectivité. Gouverner, c’est prévoir, donc tenter d’avoir une vision à long terme. Appliques-tu cette ligne directrice ? Les élections rythment la vie politique. mettre mes compétences au service de la collectivité et d’assumer des responsabilités publiques pour assurer son bien-être constitue ma motivation principale. L’engagement, qui m’anime d’une manière inconditionnelle, revêt même la forme du devoir à l’égard de mes concitoyens. L’idéalisme a nourri mes premiers pas en politique, lequel s’est ensuite transformé en pragmatisme au fil des mandats. Au législatif, comme Conseiller national et Quel rôle joue l’éthique, c’est-à-dire le respect des valeurs morales, dans ton action politique ? L’éthique me semble incontournable dans la conduite des affaires publiques, car elle cadre toutes les décisions liées à la vie de la cité. Au niveau personnel, c’està-dire dans les relations humaines, elle relève de l’éducation reçue, des connaissances acquises et des expériences vécues. Néanmoins, elle ne saurait être dogma- Aussi, elles peuvent freiner toute vision à long terme et même paralyser des projets propices au développement de la cité. C’est regrettable. Pour pallier cet handicap, nous avons élaboré avec mes collè-

SCHWERPUNKT – ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN – NOVEMBER 2020 G TERME gues du Conseil d’État un programme gouvernemental pour donner un cap à la conduite stratégique à moyen et long terme de l’Etat et de son administration. Ce document se différencie d’un programme de législature qui, lui, se limite uniquement à quatre ans. Avec ses dix objectifs et ses 68 mesures, il répond à une vision à long terme de l’évolution constructive et prometteuse du Valais. Toutefois, il L’ami Christophe Darbellay, membre du RC Martigny, Conseiller d’État valaisan : « L’engagement, qui m’anime d’une manière inconditionnelle, revêt même la forme du devoir à l’égard de mes concitoyens » faut reconnaître que certains projets d’envergure, de surcroît complexes, exigent du temps pour aboutir. Une vision à long terme demande en plus une unité de pensée gouvernementale, donc si possible une majorité politique pour éviter les traquenards d’adversaires qui, inéluctablement, ralentissent toute action ou projet pourtant considéré comme nécessaire. Le courage en politique consiste-t-il également à prendre des décisions susceptibles de déplaire à une majorité de citoyens, quitte à compromettre toute réélection ? Oui, le courage est une denrée essentielle lorsque l’on siège dans un gouvernement. Tout Conseil d’État a notamment la charge de la saine gestion des finances et du patrimoine de son canton. Aussi, nous ne pouvons pas satisfaire à toutes les sollicitations, nous devons apprendre à dire non. Alors oui, il faut avoir ce courage de prendre la décision de refuser, même au prix de fâcher des membres de sa famille politique, par exemple, qui pourraient être tentés de biffer votre nom lors des prochaines élections. Seul l’intérêt public prime dans la conduite des affaires d’un canton. FOI ET MOTIVATION Compte tenu de la dictature des réseaux sociaux qui épient l’action publique et plus encore la vie privée des élus pour mieux les broyer le cas échéant, occuper une fonction politique implique-t-il désormais d’accepter d’être sali, calomnié, atteint dans sa dignité, et même de renoncer à ses libertés ? J’utilise avec parcimonie et surtout circonspection les réseaux sociaux. Ils ont un rôle à jouer en matière de communication et d’information, mais je déplore et condamne vertement leurs dérapages, surtout lorsqu’ils concernent la vie privée des femmes et des hommes publics. Au- paravant, je partageais volontiers des bons moments passés en famille ou avec des amis sur certains réseaux sociaux, dans un souci de convivialité et aussi de transparence. Mais j’ai cessé toute pratique DANS LA RÉALITÉ DU TERRAIN d’incursion dans ma vie privée, car la méchanceté, la médisance, la bêtise et même l’ignominie guettent comme des chiens enragés prêts à bondir sur leurs proies. Je refuse la tyrannie de cette perversité et bassesse humaines. En revanche, je me battrai jusqu’au bout pour préserver la sphère privée des femmes et des hommes publics. Ils ont choisi d’entrer en politique pour servir leur village, leur ville, leur canton ou leur pays, mais n’ont aucunement la vocation masochiste de voir leur intimité spoliée, humiliée par médiocrité. « Servir et non se servir » est l’une des valeurs fondamentales des Rotariens. Par extension, doit-elle animer viscéralement tout homme politique ? Comme dans tout milieu professionnel, il existe une minorité qui ne partage pas la même vision de la politique. Mais, globalement, je dirais que les femmes et les hommes politiques sont habités par la notion du service et du bien publics, et n’agissent pas par vénalité, par volonté d’enrichissement personnel. D’ailleurs, le niveau salarial en politique n’équivaut pas celui pratiqué dans l’économie privée, en particulier dans les grandes entreprises. De nos jours, il faut avoir une véritable foi et une sincère motivation pour faire de la politique, car, hélas !, les coups bas sont monnaie courante et souvent abjects. K Propos recueillis par le Rot. Didier Planche A zvg 33

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