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O egoísmo lógico e a sua superação - Centro de Filosofia

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Présences du Kantisme 19<br />

<strong>de</strong> la métaphysique – savoir que Kant n’aurait jamais pu souscrire à une formule,<br />

par exemple, comme celle <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>gger écrivant que “la raison est l’ennemi le plus<br />

acharné <strong>de</strong> la pensée”. Ce qu’il y a donc <strong>de</strong> spécifiquement kantien dans la critique<br />

<strong>de</strong> la raison spéculative, c’est au fond l’effort pour transformer les Idées (foyers <strong>de</strong><br />

l’illusion métaphysique) en idéaux régulateurs <strong>de</strong> la rationalité post-métaphysique.<br />

Opération sur laquelle je n’insiste pas, mais qui rend possible une articulation entre<br />

métaphysique et science: la raison, ici, n’est pas cet ennemi vaincu dont on traque<br />

à l’infini les survivances ou les traces, et la déconstruction n’est pas un processus<br />

infini dans lequel s’épuiseraient désormais toutes les forces <strong>de</strong> la réflexion, précisément<br />

parce que le statut <strong>de</strong> la métaphysique après sa déconstruction se trouve<br />

expressément thématisé, ne serait-ce que dans ce moment extraordinaire <strong>de</strong> la<br />

première Critique que constitue l’Appendice à la Dialectique transcendantale. En ce<br />

sens, et c’est sa gran<strong>de</strong> originalité, le moment kantien est un moment d’autocritique<br />

<strong>de</strong> la raison, conduisant non à une “<strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la raison”, mais à une transformation<br />

<strong>de</strong> la raison, pour faire allusion au titre <strong>de</strong> Karl-Otto Apel – une transformation<br />

<strong>de</strong> la raison (et <strong>de</strong> la philosophie) peut-être plus fécon<strong>de</strong> et plus efficace,<br />

aujourd’hui, que les <strong>de</strong>structions <strong>de</strong> la raison, si du moins l’on convient que, d’une<br />

certaine manière, Adorno n’avait pas tort quand, à la fin <strong>de</strong> sa Dialectique négative,<br />

il estimait que la question <strong>de</strong> la philosophie, aujourd’hui, est celle <strong>de</strong> savoir comment<br />

philosopher après Auschwitz: plus généralement, dirais-je pour ma part, comment<br />

philosopher après les épiso<strong>de</strong>s tragiques d’un siècle où les plus gran<strong>de</strong>s catastrophes<br />

ont tellement mêlé raison et déraison (en mettant la raison au service <strong>de</strong> l’irrationnel)<br />

que ce qu’on peut et doit souhaiter aujourd’hui, ce n’est sans doute pas l’abandon<br />

du terrain <strong>de</strong> la rationalité (car Auschwitz ou le Goulag, c’est aussi l’irrationnel pur<br />

– contre quoi il faut bien réaffirmer la raison et ses droits), mais une raison suffisamment<br />

revenue <strong>de</strong> ses illusions pour se prémunir elle-même contre ses propres<br />

délires. De ce point <strong>de</strong> vue, le kantisme, comme autocritique ou comme critique<br />

interne <strong>de</strong> la rationalité, me semble correspondre, mieux que d’autres critiques <strong>de</strong><br />

la rationalité spéculative, à cette exigence proprement contemporaine, non pas d’un<br />

moment post-rationaliste <strong>de</strong> la philosophie ou d’une post-mo<strong>de</strong>rnité philosophique,<br />

mais d’un rationalisme critique ou d’une mo<strong>de</strong>rnité consciente <strong>de</strong> ses dérives.<br />

2. Le second élément qui fait qu’à mon sens le kantisme, parmi les philosophies<br />

contemporaines (post-métaphysiques) constitue une référence aujourd’hui<br />

privilégiée, est celle qui nous conduit vers la philosophie pratique, et qui va donc<br />

me permettre, en complétant ma réponse à la première <strong>de</strong>s questions que j’avais<br />

posées (pourquoi le kantisme est-il si présent, philosophiquement, aujourd’hui?), <strong>de</strong><br />

répondre aussi à ma <strong>de</strong>uxième question: pourquoi cette présence du kantisme<br />

s’affirme-t-elle plus particulièrement sur le terrain <strong>de</strong> la philosophie pratique? Pour<br />

ainsi faire coup double et fournir un élément <strong>de</strong> réponse, que je crois important, à<br />

ces <strong>de</strong>ux niveaux d’interrogation, il faut surtout mettre en évi<strong>de</strong>nce, me semble-t-il,

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