22 unisono 1-2<strong>01</strong>1Le magazine suisse de musique pour ventsEntre les cachotteries de Gilles Rocha et les hits à succès d’Eddy DebonsCompositeur le plus joué de concours (66 pièces), Eddy Debons placedeux solos en finale des minimes, à l’instar d’Oskar Böhme. En revanche,le musicien saviésan n’a été interprété qu’une fois lors de la super finaletoutes catégories. A lire le programme de cette dernière, on pourraitconclure à une prédominance de Bertrand Moren, présent avec deuxsolos. Mais ce serait ignorer les facéties de Gilles Rocha.■ Le multiple champion à l’instrument commence à se faire aussi un nomcomme compositeur. Sauf qu’il se cache derrière des pseudonymes! Il esten fait l’auteur de «The Hypnotist» <strong>of</strong>ficiellement attribué à un certain M.Glen Rodes, qu’a interprété le vainqueur absolu Vincent Bearpark. Il a aussiécrit «The four horsemen», signé par un L. Dean évidemment inconnu parailleurs et qui a conduit Florent Bagnoud à la médaille d’argent.Le CVSJQ attire chaqueannée un nombreuxpublic. Au premier plan,Géo-Pierre Moren,président de laCommission musicaledu concours.Les finalistes desminimes avec, au centre,la championne, AdlineVouillamoz (en bleu).Une organisation rodée, en place depuis seize ansLe formidable succès de ce 16 e CVSJQ récompense aussi la générosité dessponsors principaux, la Loterie Romande, l’Etat du Valais et l’Associationcantonale des musiques valaisannes (ACMV). Au niveau des prix spéciaux,celui du «Nouvelliste» a distingué le plus jeune participant à la grandefinale, Michaël Copt (Edelweiss d’Orsières).■ En seize ans, le CVSJQ, l’une des plus grandes compétitions musicalesde Suisse, a permis à 5000 jeunes filles et garçons de se mesurer. Quelque175 bénévoles collaborent pour assurer la réussite de la manifestation quiest organisée par la Persévérante de Plan-Conthey, la Marcelline deGrône et la Concordia de Vétroz.Objets de tous les désirs:la coupe de l’ACMV etle challenge Gilles-Rocha.
Le magazine suisse de musique pour vents1-2<strong>01</strong>1 unisono 23Avec les Tubadours,Etienne Crausaz n’hésitepas à emboucher lesinstruments les plusétranges.InterviewEtienne Crausaz: «Je commence àentrevoir une écriture personnelle»Le jeune compositeur fribourgeois Etienne Crausaz situe sa création musicale entre lemonde classique et celui des vents. Il explique aussi sa perception du positionnement du tuba,son instrument de prédilection. Entretien. jean-louis mattheyVotre catalogue se compose d’une quarantained’œuvres dans des styles divers. Si l’on devaittracer quelques-unes de vos options stylistiques,fidèles à un centre tonal, où vous situeriez-vous?Mon but est de susciter des images pourceux qui écoutent. Je suis passionné par lamusique de film, notamment par l’esthétiquedu compositeur John Williams dont onpeut mettre en évidence le côté caméléon del’écriture. Mon écriture? Elle reste contrôléepour ce qui a trait aux tonalités et aux lignesrythmiques. Mais j’essaie aussi de l’adapterà mes commanditaires au plan du stylecomme pour la difficulté technique. C’estpour cela que, dit-on, ma musique est assezvariée. J’ajoute que je suis peut-être plutôthéritier des créateurs classiques que descompositeurs issus du brass band.Les fanfares, un ciment socialComme chef de brass bands, vous avez le senscollectif de la musique. Nos sociétés de musiquede cuivres ont-elles un rôle à jouer pour unecertaine cohésion sociale?Oui. Je viens d’en vivre un bel exemple enjuillet 2<strong>01</strong>0 avec le spectacle «Délivrance»(qui a marqué la fin des travaux de pavagede la cité de Gruyères, ndlr): malgré lasociété individualiste dont vous parlez, nousavons réalisé un spectacle qui a réclamél’engagement solidaire de chaque personney ayant participé, tant du point de vueartistique que logistique. 350 personnes ontfait partie de cette aventure scénique etmusicale qui a donné lieu à treize représentations.De tels projets permettent de souderla communauté et créent de nouveaux liensPeut-on faire de la musique de cuivres sanspanache?Il n’y a pas que cela. Dans une partition, lescuivres sont utilisés pour les moments forts,les sonneries et les marches, mais on peutégalement les faire sonner de façon un peumoins puissante, plus délicate et colorée.Dans l’orchestre classique, ce rôle est donnéaux cordes et aux bois. Dans le brass band, iln’y a que des cuivres qui doivent savoirjouer piano, léger, doux et feutré, comme descordes. Dans mes compositions pour vents,j’essaie de rechercher des couleurs ditesorchestrales, malgré l’absence des cordes.Portrait en brefNé en 1981. Etudes supérieures avec Guy Michelau Conservatoire de Fribourg, puis avec AnneJelle Visser à celui à Zurich. Formation dedirection avec Jean-Claude Kolly et DominiqueRoggen. Activités de chef de fanfares et dechœurs. Tubiste notamment au sein du quatuorde tubas Les Tubadours, un ensemble dont lerépertoire allie sérieux et humour, pagesclassiques ou burlesques, folkloriques ou de jazz.