august-2010
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L’acteur, dont la fi lmographie inclut tant des classiques<br />
français (Léon, Le Grand bleu, Les Visiteurs) que des<br />
blockbusters hollywoodiens (Mission impossible, Godzilla,<br />
Da Vinci Code), vient selon certaines sources de ressusciter<br />
d’entre les morts. En août 2008 en effet, un magazine<br />
déclarait que Jean Reno, alors en vacances dans la maison<br />
de Johnny Halliday dans les Caraïbes, en compagnie de son<br />
épouse, Zofi a Borucka, avait été transporté à l’hôpital à la<br />
suite d’une crise cardiaque. « C’est faux ! », assène-t-il. « Je les<br />
ai poursuivis (le magazine Voici) et j’ai eu gain de cause ! »<br />
Bien que plutôt indulgent avec les médias, il souligne que<br />
ce communiqué (alors qu’il souffrait d’une gastro-entérite)<br />
aurait pu nuire à sa carrière. « Cela a affecté ma relation avec<br />
les producteurs qui n’engagent pas d’acteurs malades. »<br />
Éloges funèbres prématurés mis à part, Jean Reno semble<br />
aujourd’hui en pleine forme. Il aime faire la conversation<br />
et raconte autant avec les yeux que les mots, brandissant<br />
le doigt ou le poing pour souligner un détail. Ses phrases<br />
sont un mélange d’anglais, de français et parfois d’italien,<br />
ponctués de grognements, de soupirs, de « Bah ! » et de<br />
« Pfff ! » lourds de sens. À 62 ans, il a bonne prestance dans<br />
sa tenue noire, avec ses lunettes cerclées d’acier, ses cheveux<br />
raides et sa barbe mal rasée. C’est un homme imposant, par<br />
son physique (1,88 m) et par sa présence. Bref, Jean Reno est<br />
ce que l’on appelle un acteur cool.<br />
On pourrait rétorquer que ce capital a été<br />
entaché par le récent remake de La Panthère rose<br />
ou par Thérapie de couples. Certes, son dernier<br />
fi lm, L’Immortel, n’est ni un monument comme<br />
Léon, ni aussi original que les récents polars<br />
français tels que Mesrine ou Un Prophète. Mais<br />
pour de nombreux cinéphiles, le retour de Jean<br />
Reno dans la peau d’un assassin froid et assoiffé<br />
de sang à la gâchette facile sera le bienvenu<br />
après ses récents détours hollywoodiens.<br />
« Je sais, acquiesce-t-il. Mais cela fait 15 ans<br />
que j’alterne comédies et fi lms d’action. C’est<br />
étrange que les gens aiment autant les assassins.<br />
C’est peut-être à cause de ce que les psychiatres<br />
appellent le transfert : le public se projette dans<br />
la peau de l’assassin tombeur, bagarreur… »<br />
Jean Reno joue le rôle de Charly Matteï, un<br />
personnage en partie inspiré du dernier parrain<br />
de la pègre marseillaise, Jacky Imbert, qui, en<br />
1977, a été laissé pour mort dans un parking. En<br />
survivant, il a gagné son surnom, « l’immortel ».<br />
« Je l’ai brièvement rencontré à deux reprises,<br />
dit Jean Reno. Je lui ai demandé ce qu’il était<br />
advenu des deux assassins (qui ont été tués).<br />
Jusque-là, la conversation était courtoise, mais<br />
soudain, il s’est fermé comme une huître. Il a dû<br />
penser : ‘C’est qui ce mec qui me pose toutes ces<br />
questions ? Il s’imagine peut-être que je vais lui<br />
dire combien ils étaient et où ils sont enterrés !’ »<br />
Cette histoire de vengeance d’un homme<br />
qui essaie de protéger sa famille ressemble<br />
un peu au Taken avec Liam Neeson, produit<br />
comme L’Immortel par EuropaCorp, le studio<br />
de Luc Besson, à qui Jean Reno doit certains<br />
de ses meilleurs fi lms (Nikita, Léon, Le Grand<br />
bleu). « C’était une époque prolifi que », concède<br />
Jean Reno en parlant de sa collaboration avec<br />
Luc Besson. « À 21 ans, c’était déjà un meneur<br />
capable d’imposer son point de vue. C’était un<br />
ami mais il pouvait être tyrannique. »<br />
De son vrai nom Juan Moreno y Herrera-<br />
Jiménez, Jean Reno est né à Casablanca de<br />
parents espagnols, lorsque le Maroc était<br />
toujours français. Ayant émigré en France à<br />
12 ans, il s’est engagé dans l’armée pour obtenir<br />
la nationalité française. « En France, nous avons<br />
le mille-feuille. Je suis né à Casablanca d’une<br />
famille espagnole. C’est la base. La crème, c’est la<br />
touche arabe dans le Maroc des années 50. Puis<br />
il y a la couche française, puis la couche anglaise<br />
lorsque j’ai joué dans Tendre est la nuit, produit<br />
par la BBC. Tout le monde redoute de perdre son<br />
identité en émigrant. C’est des foutaises. C’est au<br />
contraire enrichissant. »<br />
Durant les dix années qui ont précédé la<br />
consécration avec les fi lms de Besson et le très<br />
METROPOLITAN 79