Quand le terroir est dans le fromage… - La chèvre

avril et mai, avant les foins, et en septembre, octobre dans les bois quand il ne peut pas parquer.
L’année dernière, il a moins gardé parce qu’il a fait des parcs sur des repousses de blé. En revanche, il
prend plaisir au travail de la terre, qui demande tout autant de compétences particulières :
déterminer quelles seront les espèces à semer les plus adaptées à la terre dont il dispose, mais aussi
à l’alimentation du troupeau, prévoir les dates des semis, de la maturité pour faire manger ou pour
faucher, mettre en œuvre les rotations de cultures* les plus efficaces... Ecoutons le chevrier retraité
qui parlait de la garde nous parler maintenant du travail de ses terres : « Dans les terres dessous, je
fauchais la première coupe des prairies pour faire du foin en quantité, même s’il n’était pas très fin, et je
pouvais faire manger à nouveau 15 jours après. Je faisais de la luzerne, fauchais la première coupe de plus
médiocre qualité mais fournie, la deuxième plus fine, et la troisième comme véritable gourmandise pour les
chevrettes. Je pouvais ensuite faire manger la repousse d’automne, trop courte pour être fauchée. Je savais
quelles chèvres étaient gourmandes, commençaient à gonfler, comme indicateur du moment où il fallait sortir
le troupeau du pré. Une année, j’ai semé du lotier, qui a fait du foin en quantité, et très bon, mais qui avait
été particulièrement difficile à sécher. »
Comme pour la garde, une connaissance fine des ressources et du potentiel de l’exploitation est
nécessaire pour que le travail de la terre soit optimal. Celle-ci est liée aux caractéristiques
pédoclimatiques locales. Un exemple parlant est celui du couple Keller qui, ayant suivi un
apprentissage poussé à l’Agriculture Biologique en Allemagne, pensait faire mieux que les gens du
coin quand ils s’est installé dans la Vallée de Quint. Mais les Keller se sont vite rendus à l’évidence
que leurs techniques n’étaient pas adaptées à la sécheresse drômoise, et ils ont doublé leur
production de fourrage en se réappropriant les techniques locales et les espèces locales qu’ils ont
découvertes ensuite. La typicité régionale demande des connaissances particulières, mais aussi celle
de chaque parcelle de l’exploitation, dont l’exposition et la qualité de la terre est toujours unique.
Cette connaissance va de soi pour les chevriers qui ont repris l’exploitation de leur père. Pour ceux
qui n’étaient pas agriculteurs, l’apprentissage pratique du travail est long et semé d’anecdotes que
nous allons raconter au chapitre suivant : "Terres professionnelles caprines".
Fenaisons. Au premier plan, une luzerne, au deuxième un tracteur qui fauche (peu visible devant les buissons à
gauche), au troisième les bottes de foin jonchent le pré.
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