24.04.2013 Views

134 EMPREINTE URBAINE

134 EMPREINTE URBAINE

134 EMPREINTE URBAINE

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

FIG. 3<br />

Hôtel Toutin<br />

(26 rue Notre-Dame-de-Recouvrance)<br />

Galerie sur cour et tourelles d’escalier<br />

(dessin de Léon Vaudoyer gravé par Alexandre Soudain, 19 e siècle,<br />

Orléans, Musée historique et archéologique de l’Orléanais)<br />

Le lotissement de ce secteur est d’abord lié à l’édification de<br />

l’église paroissiale Notre-Dame-de-Recouvrance, ancienne<br />

chapelle reconstruite à partir de 1514 et achevée peu après<br />

1519 (22) . La destruction du mur de l’ancienne enceinte est<br />

alors soumise à une réglementation stricte (23) , conduisant<br />

les échevins à faire un procès aux « gagiers » de l’église en<br />

1514, ce qui n’empêcha pas en 1516 le percement d’une<br />

brèche permettant d’apporter les matériaux de construction<br />

près du chantier (24) . L’origine des terrains utilisés pour la<br />

construction de l’église est bien établie. Le duc Louis XII<br />

concéda les terrains de l’enceinte désaffectée à ses officiers de<br />

la même manière que dans les exemples cités plus haut. Dès<br />

mars 1486, Marc Villebresme, conseiller et maître d’hôtel<br />

du duc, reçu 10 toises de murailles et de fossés « montant<br />

de la Loire vers la tour André », troisième en partant du<br />

sud. Le 13 novembre 1494, ce dernier céda ses terrains à<br />

Macé Droyneau, maçon et tailleur de pierre d’Orléans, et<br />

à Jean Mynier, maître des œuvres de maçonnerie du duché<br />

d’Orléans, pour la somme de 325 livres tournois. Après<br />

avoir racheté la part de terrain appartenant à Jean Mynier le<br />

15 avril 1513, Macé Droyneau céda l’ensemble des terrains<br />

à l’église (25) . Ainsi, devant l’accroissement rapide de la<br />

population, il est possible que certains de ces terrains issus<br />

de l’ancienne fortification aient fait l’objet de spéculations<br />

foncières. Plusieurs auteurs ont émis l’hypothèse, qui n’est<br />

fondée sur aucune source précise, que les maçons Jean<br />

Mynier et Macé Droyneau auraient également pu conduire<br />

le chantier de construction de l’église (26) . Notons qu’il<br />

semble que Jehan Mynier se soit réservé un terrain dans<br />

la partie sud de l’îlot, puisqu’une maison appartenant à ses<br />

héritiers, et située près de la tour du Bassin, est citée dans<br />

un acte daté du 15 juin 1551.<br />

L’hôtel qui jouxte encore aujourd’hui le mur gouttereau<br />

sud de cette église (12 rue Notre-Dame-de-Recouvrance ;<br />

actuel presbytère), a probablement été bâti peu après<br />

l’achèvement de cette dernière vers 1520. Composé de<br />

deux corps de bâtiments séparés par une cour et reliés<br />

par une galerie en bois, il conserve des façades sur cour<br />

caractéristiques de la première Renaissance, dont les<br />

baies à la modénature encore gothique sont néanmoins<br />

accompagnées de moulures adoucies, tandis qu’une petite<br />

agrafe en volute, issue du vocabulaire décoratif italien,<br />

est sculptée sur la clef de leur couvrement. À l’intérieur,<br />

les pièces sont closes par des plafonds et des cloisons en<br />

pan-de-bois ornés de sculptures alliant là encore motifs<br />

d’inspiration médiévale (engoulants, frise de trilobes,<br />

accolades, pinacles, etc.) et ornements transalpins (frise<br />

d’oves, putti, médaillons, etc.) (27) .<br />

Un autre exemple révélateur est celui de l’hôtel Toutin<br />

(26 rue Notre-Dame-de-Recouvrance, [FIG. 2 ET 3]), édifice<br />

précoce de la seconde Renaissance orléanaise, daté d’entre<br />

(22) Voir infra, L’architecture religieuse de la Renaissance à Orléans, par J. NOBLET.<br />

(23) Ainsi, le 23 mai 1514, il fut payé 10 s. à Bertran Martin, sergent royal, « qui a la requeste du procureur<br />

du roi notre sire et du procureur des habitans, et es presence de Estienne Peigné, Julien<br />

Deloynes, eschevins, et Jehan Mynier, feist deffenses a ceux qui demolissoient les anciennes murailles<br />

de la ville tant a l’endroit de l’eglise Notre Dame de Recouvrance, que en une maison que<br />

Henry des Ouches faisoit faire au desdans de la ville joignant des grosses murailles de la porte<br />

de la Barre Flambert, et ainsi en une autre maison joignant de la porte neuve a aller de la vieille<br />

ville en la Grant rue St. Laurent que faisoit ediffi er Jehan Godefroy le jeune, Texier, de non plus<br />

desmolir lesdites murailles, a peine de cent livres, et leur a donné jour par devant monseigneur le<br />

bailly d’Orleans ou son lieutenant » (Orléans, Bibliothèque municipale, ms. 595, f° 225). Ce texte<br />

mentionne déjà la construction de plusieurs maisons dans l’îlot qui nous intéresse ici.<br />

(24) JARRY E. 1917 : p. 235.<br />

(25) Orléans, Archives départementales du Loiret, 2 J 2510 : 15 avril 1513 ; JARRY E. 1917 : p. 235. Dès<br />

1511 (le 19 janvier et 13 juillet), la maître maçon Macé Droyneau est l’un « des gaigiers proviseurs<br />

de l’eglise Notre Dame de Recouvrance » présent dans les démarches menées auprès des représentants<br />

de l’église Saint-Laurent-des-Orgerils afi n de plaider la création de la nouvelle église, et<br />

d’en faire une paroisse annexe de Saint-Laurent (Orléans, Archives départementales du Loiret,<br />

2 J 2510). Macé Droyneau est également attesté comme « maistre des euvres de l’enclousture<br />

de la ville et cité d’Orléans » (ALIX, DURANDIERE 2004 : p. 58). Quant au maître des œuvres de<br />

maçonnerie du duché d’Orléans, Jehan Mynier, nous avons vu qu’il était témoin lors de la visite du<br />

23 mai 1514 concernant la destruction du mur d’enceinte pour édifi er l’église (voir note 23).<br />

(26) JARRY E. 1917 : p. 235 ; CHENESSEAU 1930 : p. 113 ; PEROUSE DE MONTCLOS 1988 : p. 495.<br />

(27) Sur cette demeure, monographie dans : ALIX 2002 : t. 2, p. 81-96.<br />

145

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!