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La répartition par matériau<br />
L’interprétation d’un tel inventaire est des plus délicates.<br />
Les façades en pierre et en pan-de-bois (comme nous<br />
l’avons vu plus haut la brique est bien rare) sont distribuées,<br />
en effet, sans faire apparaître au premier coup d’œil des<br />
secteurs privilégiés (FIG. 8).<br />
À l’ouest, on remarquera cependant dans la dernière<br />
enceinte la quasi-absence au nord (sur le coteau, entre<br />
la rue des Carmes et de la Bretonnerie) du pan-de-bois<br />
alors qu’au sud cette architecture est représentée de façon<br />
significative. Rues des Charretiers et Croix-de-Bois, les<br />
constructions en pierre correspondent principalement à<br />
des hôtels particuliers (souvent à deux étages).<br />
Au cœur de ville, cette répartition, bien que moins flagrante,<br />
semble également exister. Le nombre de constructions à<br />
pan-de-bois diminue lorsque l’on prend pied au sommet du<br />
coteau.<br />
Enfin, en bord de Loire (dans les secteurs portuaires), les<br />
constructions présentes privilégient la pierre. Son emploi<br />
est, peut-être dicté par les inondations qui frappent périodiquement<br />
cette partie de la ville.<br />
Le choix du matériau résulte donc des contraintes topo graphiques<br />
et des activités qui conditionnent la capacité financière<br />
et la volonté de représentation du commanditaire.<br />
L’architecture de bois, simple, voire vulgaire au sens<br />
propre du mot (pan-de-bois à grille) ou sophistiquée et<br />
décorative (pan-de-bois à croix de Saint-André) semble<br />
avoir respectivement les faveurs des quartiers modestes<br />
(petits artisans, ouvriers…) et des secteurs et des axes aux<br />
forts potentiels commerciaux.<br />
La pierre, plus sobre et massive, partage avec le bois cette<br />
dernière implantation mais se retrouve également en<br />
retrait des rues commerçantes dans les nouveaux quartiers<br />
ou sur des terrains susceptibles de développer de vastes<br />
programmes architecturaux comme des hôtels particuliers.<br />
La répartition des hôtels particuliers<br />
Les 24 hôtels particuliers recensés sont de différentes<br />
natures (FIG. 9). Ils sont construits généralement en pierre et<br />
exceptionnellement en brique (deux exemples : les 24, 26<br />
et 28 rue de la Bretonnerie, première décennie du 16 e siècle<br />
et le 10 rue du Cloître-Saint-Aignan, la maison du roi<br />
Louis XI, 1480 [d]) (17) ou en pan-de-bois (un seul exemple :<br />
37 rue des Charretiers, première moitié du 16 e siècle) sur<br />
des parcelles moyennes ou grandes.<br />
Le corps de bâtiment principal est constitué d’un à trois étages<br />
(le premier étage est en général plus haut sous-plafond). On<br />
observera dans certains cas la présence d’un rez-de-chaussée<br />
semi-enterré comme aux 7 rue Saint-Éloi (1265 [d]), au<br />
42 rue des Charretiers (milieu du 15 e siècle) ou encore au<br />
28 rue de l’Empereur (fin du 15 e -début du 16 e siècle).<br />
Les hôtels particuliers, demeures des nobles et des grands<br />
négociants, sont attestés sur le coteau et dans l’ouest de<br />
la ville remparée. Les pentes et les berges sont occupées<br />
principalement par des maisons de commerçants et<br />
d’artisans.<br />
Le renouvellement urbain opéré depuis la Renaissance<br />
et les destructions de l’époque contemporaine (quartier<br />
Saint-Paul) ne permettent pas de restituer la densité et la<br />
continuité de cette typologie dans et entre les différents<br />
secteurs où elle est observée. Sa présence significative le long<br />
de la rue des Charretiers (entre la rue des Carmes et le port<br />
d’aval [FIG. 10]), à proximité de la place du Martroi (18) et au<br />
nord du quartier du Châtelet atteste le caractère privilégié<br />
de cette partie de la ville voisine des centres économiques,<br />
politiques, spirituels et intellectuels. !<br />
(17) JOUVELLIER 1959.<br />
FIG. 10<br />
32 et 34 rue des<br />
Charretiers (début du<br />
16 e siècle)<br />
(photo Laurent Mazuy)<br />
(18) Après la construction de la dernière enceinte, la place du Martroi devient centrale et un des espaces<br />
où convergent les grands axes de communication de la cité.<br />
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