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c’est <strong>le</strong> professionnalisme, à entendre comme la maîtrise des méthodes<br />

de travail fondées, nous l’avons dit, sur une technique de jeu, sur un<br />

certain type de direction d’acteurs, sur une « écriture » du scénario qui<br />

échappe au découpage déroulant dialogues, scènes et séquences, mais<br />

aussi sur un filmage adapté à la captation de l’instant et sur un montage<br />

qui charpente à proprement par<strong>le</strong>r l’histoire en définissant <strong>le</strong>s moments<br />

de tension.<br />

Ce type de démarche a déjà été exploré de différentes manières<br />

dans l’histoire du cinéma, que l’on cherche du côté du cinéma direct,<br />

avec Jean Rouch et <strong>le</strong>s cinéastes qui s’en sont inspirés, Jacques Rozier,<br />

Maurice Pialat, que l’on regarde du côté de John Cassavetes qui mise sur<br />

l’improvisation et la captation de l’état de crise, pour ne pas citer, plus<br />

récemment, Lars Von Trier dans un film comme Les idiots (Idioterne,<br />

1998). Les résultats sont divers, mais des traits de méthode réunissent<br />

ces pratiques. L’événement a pourtant été ressenti d’emblée en Suisse<br />

romande comme une secousse, comme une nouveauté dans <strong>le</strong> contexte<br />

helvétique. Citons <strong>le</strong>s titres : « On dirait un nouveau cinéma suisse »<br />

(Thierry Jobin, Le Temps/Sortir, 20.2.03), « Vincent Pluss fait souff<strong>le</strong>r un<br />

vent nouveau sur <strong>le</strong> cinéma suisse » (Pascal Gavil<strong>le</strong>t, Tribune de Genève,<br />

22-23.2.03), « Cinéma suisse, vague nouvel<strong>le</strong> » (Nicolas Dufour, Le<br />

Temps, 19.2.03), « Une nouvel<strong>le</strong> vague du cinéma helvétique » (Laurent<br />

Asséo, La Côte, 18.2.03). Et encore : « On dirait <strong>le</strong> Sud vivifie <strong>le</strong> cinéma<br />

suisse » (Pascal Gavil<strong>le</strong>t, Tribune de Genève, 19.2.03), « Cinéma suisse :<br />

un signe, enfin » (Freddy Buache, Le Matin, 16.2.03), « Le réalisateur<br />

Vincent Pluss veut réveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong> cinéma suisse » (ats, La Côte, 18.2.03) 1.<br />

Si on par<strong>le</strong> de « nouveau », c’est que ce type de démarche esthétique<br />

apparaît comme peu exploité en Suisse, paradoxa<strong>le</strong>ment pourrait-on<br />

dire, car el<strong>le</strong> est à même de produire des films de haute tenue avec des<br />

moyens limités. C’est en venir à l’autre aspect de la « nouveauté » ressentie,<br />

qui relève de l’acte de production indépendant assumé par ceux<br />

qui ont fabriqué ce film, <strong>le</strong> réalisateur et <strong>le</strong>s scénaristes en tête, bien<br />

qu’il s’agisse d’une entreprise col<strong>le</strong>ctive propre à ce type de démarche.<br />

Ce cinéaste, allié à ses deux scénaristes, Laurent Toplitsch et Stéphane<br />

Mitchell, et à Luc Peter dans <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du cameraman, ce cinéaste « qui n’a<br />

encore rien fait »… ou presque et qui n’est pas reconnu par <strong>le</strong> système<br />

helvétique d’aide au cinéma a réalisé son premier long métrage de fiction<br />

sans soutien financier.<br />

Mais qu’y a-t-il de nouveau là-dedans ? Quel<strong>le</strong> place peut-il y avoir<br />

dans <strong>le</strong> champ 2 du cinéma suisse pour une tel<strong>le</strong> démarche ? À travers cet<br />

événement, qui inclut <strong>le</strong> processus qui mène au film, <strong>le</strong> film lui-même,<br />

et sa réception, nous allons essayer de comprendre un peu de ce qui se<br />

passe dans <strong>le</strong> cinéma suisse, et plus particulièrement suisse romand 3. Il<br />

Actualité 183<br />

1 Ajoutons, parmi d’autres passages : « une tentative<br />

réussie pour sortir <strong>le</strong> septième art national<br />

de son long sommeil » (Freddy Buache,<br />

« Cinéma suisse : un signe, enfin », in Le Matin,<br />

16.2.2003), ou « Ce serait rêver à la recette<br />

d’un renouveau après laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s producteurs<br />

courent depuis des décennies » (Nicolas<br />

Dufour, « Un espoir pour <strong>le</strong> cinéma suisse », in<br />

Le Temps, 19.2.2003).<br />

2 La notion de « champ » est à entendre dans<br />

<strong>le</strong> sens de « champ culturel » : un espace social<br />

dans <strong>le</strong>quel se trouvent situés, par une « structure<br />

de relations objectives » et d’« interactions<br />

», des agents qui contribuent à produire<br />

des œuvres culturel<strong>le</strong>s. Voir notamment Pierre<br />

Bourdieu, Les règ<strong>le</strong>s de l’art. Genèse et structure<br />

du champ littéraire, Seuil, Paris, 1998<br />

[1992], p. 297-303.<br />

3 La réf<strong>le</strong>xion menée <strong>ici</strong> concernera avant tout<br />

<strong>le</strong> débat dans l’espace francophone. Nous<br />

nous concentrerons sur la réception en Suisse<br />

romande parce que son homogénéité fait sens<br />

et afin d’éviter d’introduire une autre variab<strong>le</strong><br />

dans l’analyse, cel<strong>le</strong> qui régit <strong>le</strong>s rapports culturels<br />

et économiques du cinéma romand et du<br />

cinéma alémanique. C’est une question qu’il<br />

conviendrait de poser à partir de la comparaison<br />

entre l’accueil que ce film a reçu dans <strong>le</strong>s<br />

deux régions linguistiques.

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