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Aspects algorithmiques et combinatoires des réaliseurs des graphes

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N o d’ordre : 2627<br />

THÈSE<br />

PRÉSENTÉE À<br />

L’UNIVERSITÉ BORDEAUX I<br />

ÉCOLE DOCTORALE DE MATHÉMATIQUES ET<br />

D’INFORMATIQUE<br />

Par Nicolas BONICHON<br />

POUR OBTENIR LE GRADE DE<br />

DOCTEUR<br />

SPÉCIALITÉ : INFORMATIQUE<br />

<strong>Aspects</strong> <strong>algorithmiques</strong> <strong>et</strong> <strong>combinatoires</strong> <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>graphes</strong> plans maximaux<br />

Soutenue le : 19 décembre 2002<br />

Après avis <strong>des</strong> rapporteurs :<br />

Jean-Marc Fédou . . Professeur<br />

Hubert de Fraysseix Directeur de Recherche<br />

Michel Habib . . . . . . Professeur<br />

Devant la commission d’examen composée de :<br />

André Raspaud . . . . Professeur . . . . . . . . . . . . . . . . Président<br />

Jean-Marc Fédou . . Professeur . . . . . . . . . . . . . . . . Rapporteur<br />

Hubert de Fraysseix Directeur de Recherche . . . . Rapporteur<br />

Michel Habib . . . . . . Professeur . . . . . . . . . . . . . . . . Rapporteur<br />

Bertrand Le Saëc . . Professeur . . . . . . . . . . . . . . . . Examinateur<br />

Mohamed Mosbah . Maitre de Conférence HDR Examinateur<br />

Cyril Gavoille . . . . . . Professeur . . . . . . . . . . . . . . . . Invité<br />

2002


Remerciements<br />

Mes remerciements s’adressent en premier à mes directeurs de thèse : Bertrand<br />

Le Saëc <strong>et</strong> Mohamed Mosbah. Ils ont fait preuve d’un soutien sans faille. Ils ont su<br />

remarquablement me guider tout au long de ces années. Leurs choix <strong>et</strong> leurs jugements<br />

se sont toujours révélés être très justes. Je leur dois beaucoup de choses. Qu’ils<br />

trouvent ici toute l’expression de ma reconnaissance.<br />

Je tiens à remercier chaleureusement Hubert de Fraysseix, Jean-marc Fédou <strong>et</strong><br />

Michel Habib pour m’avoir fait l’honneur de lire attentivement mon mémoire. Leurs<br />

commentaires sur ce mémoire ont été très enrichissants. Je tiens à exprimer ma<br />

gratitude pour l’intérêt qu’ils ont porté à l’égard de mon travail.<br />

Je remercie André Raspaud d’avoir accepté de présider mon jury.<br />

Je suis très sensible à la présence de Cyril Gavoille dans ce jury. Ce fut également<br />

un réel plaisir de travailler avec lui <strong>et</strong> Nicolas Hanusse. Je suis heureux de pouvoir<br />

leur exprimer ici toute ma gratitude.<br />

Les discutions avec Mireille Bousqu<strong>et</strong>-Mélou, Olivier Guibert, Xavier Viennot <strong>et</strong><br />

surtout Philippe Duchon m’ont apporté énormément de réponses.<br />

Je tiens également à remercier :<br />

– Guillaume, Irek, Davy, Valère, Pascalou, Akka, Laurent pour leur bonne humeur,<br />

leur amitié <strong>et</strong> soutien lors de ces trois années. Ils ont toujours été disponibles<br />

aussi bien pour prendre un p’tit café que pour me donner un coup de main<br />

quand j’en avais besoin. C’est toujours avec grand plaisir que je les r<strong>et</strong>rouvais<br />

tous les jours.<br />

–Yon,Fabrice, Yvan pour parce que se sont vraiment <strong>des</strong> types biens. Avec eux<br />

les missions sont toujours <strong>des</strong> grands moments.<br />

–Pierre Ram<strong>et</strong>, Olivier Guibert, Christophe Paul, Gwenola Thomas, Julien<br />

Bern<strong>et</strong>, Jean-Pierre Jardry, Isabelle Dutour <strong>et</strong> Jean-Michel Lepine pour m’avoir<br />

i


accompagné lors de mes premiers pas à l’IUT.<br />

–Philippe Biais pour sa gentillesse <strong>et</strong> son efficacité.<br />

–Pierre-André Wacrenier pour ses discussions souvent intéressantes.<br />

–Marianne Campagnolle, Benoît Eloseguy, Michel Alfaro <strong>et</strong> Catherine Jaulent<br />

pour m’avoir donné le goût de la recherche.<br />

–Paul<strong>et</strong>Glenda Ferguson pour leur soutien linguistique.<br />

–Philippe Lagouarde pour ses encouragements lors de mon séjour à ICSF.<br />

–Toute l’équipe <strong>des</strong> chasseurs de fautes (Virginie, Tantine, Françoise, Dudu,<br />

Stéph, Nico Lapin, Boul<strong>et</strong>) qui ont permis d’améliorer la qualité de ce document.<br />

–Choune pour m’avoir initié à la pratique du voile-contact.<br />

–Finot,Niche, Francky <strong>et</strong> Titus pour avoir su nous guider dans ces canyons aux<br />

météos imprévisibles.<br />

–Lesp<strong>et</strong>its gars de la boul<strong>et</strong>-liste pour les nombreuses discutions "philosophiques"<br />

qu’ils ont su entr<strong>et</strong>enir.<br />

–Franck<strong>et</strong>Michèle pour avoir su créer à Voeuil-<strong>et</strong>-Gig<strong>et</strong> un climat propice à<br />

l’avancement de c<strong>et</strong>te thèse.<br />

–Mafamille <strong>et</strong> plus particulièrement mes parents, mon frère, ma soeur <strong>et</strong> Annie<br />

pour m’avoir soutenu <strong>et</strong> épaulé durant toutes mes étu<strong>des</strong>.<br />

S’il y a bien une personne que je dois remercier c’est bien sûr Virginie. Sans son<br />

amour <strong>et</strong> son soutien sans faille, rien n’aurait été possible. Discrètement, elle sait<br />

m’amener jusqu’au bout du meilleur de moi-même.<br />

àmonparrain.


Table <strong>des</strong> matières<br />

Introduction 1<br />

1 Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs 7<br />

1.1 Préliminaires . . . ............................. 7<br />

1.2 Réaliseur : définition <strong>et</strong> propriétés . . . .................. 14<br />

1.3 Treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe plan maximal . . . . . . . . . . . . . 19<br />

1.4 Généralisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> . . ..................... 25<br />

1.4.1 Réaliseurs d’un graphe plan triconnexe . ............. 25<br />

1.4.2 Arbres recouvrants ordonnés . . .................. 27<br />

I Etude <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> 29<br />

2 Extension du théorème de Wagner aux <strong>réaliseurs</strong> 31<br />

2.1 Flips diagonaux <strong>et</strong> théorème de Wagner . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32<br />

2.2 Flips diagonaux sur les <strong>réaliseurs</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33<br />

2.2.1 Structure de Rn <strong>et</strong> théorème de Wagner ............. 34<br />

2.3 Faces tricolores, nœuds internes <strong>et</strong> arêtes flippables . . . . . . . . . . . 37<br />

2.3.1 Nombre de nœuds internes ..................... 37<br />

2.3.2 Nombre d’arêtes flippables d’un réaliseur ............. 40<br />

2.4 Conclusion .................................. 40<br />

3 Bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> <strong>et</strong> les paires de chemins de Dyck ne se<br />

coupant pas 43<br />

3.1 Chemins de Dyck qui ne se coupent pas .................. 44<br />

3.2 Réaliseurs étoiles <strong>et</strong> séquences préfixes de flips . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

3.2.1 Réaliseurs étoiles .......................... 45<br />

3.2.2 Séquence préfixe de flips . ..................... 46<br />

3.3 Algorithmes de codage <strong>et</strong> décodage d’un réaliseur . . . . . . . . . . . . 49<br />

3.3.1 Algorithme de codage ........................ 49<br />

3.3.2 Algorithme de décodage . . . . .................. 50<br />

3.4 Comportement asymptotique <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . 51<br />

3.5 Conclusion ..................................<br />

i<br />

54


4 Génération aléatoire de pastèques 55<br />

4.1 Algorithme de Génération aléatoire de pastèques ............. 57<br />

4.1.1 Génération aléatoire de mots . . .................. 57<br />

4.1.2 Génération de pastèques . ..................... 58<br />

4.2 Applications à d’autres obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong> ............... 61<br />

4.2.1 Polyominos parallélogrammes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61<br />

4.2.2 Chemins planaires sous-diagonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . 63<br />

4.2.3 Réaliseurs aléatoires ........................ 64<br />

4.2.4 Arbres binaires jumeaux <strong>et</strong> permutations de Baxter . . . . . . . 64<br />

4.3 Expérimentations . . . . .......................... 66<br />

4.3.1 Hauteur <strong>des</strong> branches dans les pastèques avec mur . . . . . . . . 66<br />

4.3.2 Réaliseurs aléatoires ........................ 68<br />

4.4 Conclusion .................................. 69<br />

II Utilisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> pour le <strong>des</strong>sin <strong>et</strong> le codage 71<br />

5 Un algorithme de <strong>des</strong>sin lignes brisées basé sur les <strong>réaliseurs</strong> 73<br />

5.1 Dessin lignes brisées d’un graphe planaire . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

5.2 Principe de <strong>des</strong>sin lignes brisées d’un réaliseur . . . . . . . . . . . . . . 76<br />

5.3 Stratification-faible d’un réaliseur . . . .................. 78<br />

5.4 Dessin lignes brisées d’une stratification-faible d’un réaliseur . . . . . . 79<br />

5.5 Algorithme de calcul d’une stratification-faible d’un réaliseur . . . . . . 80<br />

5.6 Conclusion .................................. 83<br />

6 Une majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires à l’aide <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> 85<br />

6.1 Arbre recouvrant bien-ordonné . . ..................... 89<br />

6.1.1 Définition . . . . . . . ....................... 89<br />

6.1.2 Construction . . . . . ....................... 91<br />

6.2 Super-triangulation d’un graphe planaire . . ............... 95<br />

6.2.1 Définition . . . . . . . ....................... 95<br />

6.2.2 Construction . . . . . ....................... 95<br />

6.3 Codage d’un graphe planaire à l’aide d’une super-triangulation . . . . . 98<br />

6.3.1 Représentation d’un graphe planaire à l’aide d’une chaîne binaire 98<br />

6.4 Nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és . . .............. 105<br />

6.4.1 Fonction entropie .......................... 107<br />

6.4.2 Nombre d’arêtes d’un graphe planaire aléatoire . . . . . . . . . 110<br />

6.5 Conclusion .................................. 113


Table <strong>des</strong> figures<br />

1 Un exemple de réaliseur. . . . . ..................... 2<br />

2 A gauche, un graphe non orienté G1. Adroiteun graphe G2 qui est<br />

une orientation de G1. .......................... 8<br />

3 Graphe planaire adm<strong>et</strong>tant plusieurs <strong>des</strong>sins planaires. . . . . . . . . 9<br />

4 Exemple de graphe planaire maximal .................. 9<br />

5 Un graphe plan G ainsi que son dual G∗ ,représenté par les somm<strong>et</strong>s<br />

noirs <strong>et</strong> les arêtes en pointillés. . . . . .................. 10<br />

6 Exemple d’arbre enraciné ordonné. Le nœud a est la racine de c<strong>et</strong> arbre. 11<br />

7 Illustration de la relation d’ordre entre les arbres. . . . . . . . . . . . 12<br />

8 Exemple d’un EPO P de dimension 2. . . ............... 13<br />

9 A gauche un graphe G. Adroitelediagramme de Hasse l’EPO d’incidence<br />

de G. . . . ............................. 13<br />

10 Diagramme de Hasse d’un EPO P ainsi que celui de son treillis distributif<br />

de ses idéaux L(P ). ......................... 14<br />

11 Condition locale :orientation <strong>et</strong> coloration <strong>des</strong> arêtes autour de<br />

chaque somm<strong>et</strong> interne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

12 Un exemple de réaliseur. A gauche, le graphe sous-jacent <strong>et</strong> à droite,<br />

l’un de ses <strong>réaliseurs</strong>. . . . . ....................... 16<br />

13 8 colorations possibles <strong>des</strong> arêtes d’une face. . ............. 17<br />

14 Configuration impossible où u est un <strong>des</strong>cendant de v dans T0 <strong>et</strong> u est<br />

un ancêtre de v dans T1. . . . ...................... 17<br />

15 a. Configuration impossible où P1(v) est avant v dans l’ordre<br />

postfixe trigonométrique de T2. b. Région délimitée par C =<br />

((v, P1(v)),P1(v) →2 w, w →2 v). . . .................. 18<br />

16 Recoloration d’un triangle d’un réaliseur. . . . . . . .......... 19<br />

17 Chaque k-cycle tricolore contient un triangle tricolore. . . . . . . . . . 20<br />

18 A gauche, le réaliseur maximal du graphe plan G1. Adroite,lastructure<br />

du treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> du graphe G1 est représentée. Le numéro<br />

sur une arête correspond au numéro de la face qu’il faut recolorier pour<br />

passer d’un réaliseur à un autre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />

19 Illustration <strong>des</strong> notations de la preuve de la propriété 1.3.3. . . . . . . 22<br />

20 Exemple de graphe 3 dégénéré. . ..................... 22<br />

21 Illustration <strong>des</strong> notations de la preuve de la propriété 1.3.4. . . . . . .<br />

iii<br />

24


22 Opération de changement de face extérieure sur un réaliseur. . . . . . 24<br />

23 Graphe de la figure 18 avec une face extérieure différente. Le treillis<br />

qui lui est associé possède le même nombre d’éléments que celui du<br />

graphe d’origine. ............................. 25<br />

24 Condition locale généralisée . . ..................... 26<br />

25 Exemple de réaliseur triconnexe . . . .................. 26<br />

26 Répartition <strong>des</strong> arêtes d’une paire ordonnée autour d’un somm<strong>et</strong>. . . 27<br />

27 Exemple de graphe. Le premier <strong>des</strong>sin n’adm<strong>et</strong> pas d’arbre ordonné.<br />

Le second adm<strong>et</strong> un arbre ordonné. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28<br />

28 Flip diagonal sur les <strong>graphes</strong> plans maximaux. . . . . . . . . . . . . . 32<br />

29 Flip signé. . . ............................... 32<br />

30 Exemple de séquence de flips perm<strong>et</strong>tant de passer d’un graphe planaire<br />

maximal à un autre de même taille. . . . . . . . . . . . . . . . . 33<br />

31 Flips diagonaux sur les <strong>réaliseurs</strong>. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33<br />

32 Configuration où il est possible d’appliquer un flip f i 1(u1) ou un flip<br />

f i 2(u1). . .................................. 34<br />

33 Configuration où une arête ne peut pas être flippée. . . . . . . . . . . 34<br />

34 L’ensemble R6 muni <strong>des</strong> opérations f1. . . . .............. 35<br />

35 Le réaliseur D i n. . ............................. 36<br />

36 Exemple de configuration de flip. . . .................. 37<br />

37 32 configurations de flips de type f1. . .................. 39<br />

38 Opération de demi-flip sur les <strong>réaliseurs</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> triconnexes. . . . 41<br />

39 Exemple de chemins de Dyck ne se coupant pas. . . . . . . . . . . . . 43<br />

40 Exemple de réaliseur étoile. . . . ..................... 44<br />

41 Codage d’un arbre ordonné enraciné à l’aide d’un mot de Dyck. . . . 45<br />

42 a. Une face du graphe plan obtenue à partir de la connexion de T0 <strong>et</strong><br />

En−2. b. La même face, avec les arêtes de T ′ 1 dedans. . . . . . . . . . 46<br />

43 Exemple de séquence préfixe de flips : (0, 0, 1, 2). ............ 47<br />

44 Séquence non-préfixe de flips (f 2 1 (u4),f 2 1 (u3)). ............. 48<br />

45 (a) Une pastèque avec mur, 3 promeneurs ayant <strong>des</strong> trajectoires de<br />

longueur 8 <strong>et</strong> de déviation 2. (b) Une configuration étoile sans mur,<br />

avec 3 promeneurs ayant <strong>des</strong> trajectoires de longueur 6 <strong>et</strong> terminant<br />

respectivement aux ordonnées (−2, 2, 6). . . . ............. 55<br />

46 Une pastèque aléatoire à 8 branches de longueur 200 sans mur. . . . . 61<br />

47 Une pastèque aléatoire à 8 branches de longueur 200 avec mur. . . . . 61<br />

48 Complexité <strong>des</strong> algorithmes de génération. (Test réalisé sur un Pentium<br />

166) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62<br />

49 Passage de la pastèque à 2 branches à un polyomino parallélogramme. 62<br />

50 7 polyominos jumeaux. .......................... 63<br />

51 Une boucle sous-diagonale de longueur 10 5 générée aléatoirement. . . 64<br />

52 Réaliseur aléatoire de taille 100. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65


53 Hauteur moyenne <strong>des</strong> pastèques avec mur en fonction du nombre de<br />

branches <strong>et</strong> de la longueur <strong>des</strong> branches. . . . . . . . . . . . . . . . . 66<br />

54 Hauteur moyenne <strong>des</strong> pastèques sans mur en fonction du nombre de<br />

branches <strong>et</strong> de la longueur <strong>des</strong> branches. . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

55 a(p). . . .................................. 67<br />

56 Nombre de faces tricolores <strong>et</strong> nombre de triangles tricolores. . . . . . 68<br />

57 Différents <strong>des</strong>sins lignes brisées d’un même graphe. De gauche à droite :<br />

"Mixed-Model" [GM98], "quasi-orthogonal", lignes droites [Sch90]. . . 74<br />

58 Différents <strong>des</strong>sins orthogonaux d’un même graphe. De gauche à droite :<br />

Giotto, visibilité, <strong>des</strong>sin de 2-visibilité, Kandinsky. . . . . . . . . . . . 74<br />

59 Constructions <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> Hn. ...................... 76<br />

60 Dessins d’une arête. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77<br />

61 Configuration de chevauchement d’arête <strong>et</strong> configuration corrigée. . . 77<br />

62 Exemple de <strong>des</strong>sin lignes brisées obtenu par l’algorithme 7. Le graphe<br />

<strong>des</strong>siné possède 16 somm<strong>et</strong>s. Le <strong>des</strong>sin est effectué sur une grille de<br />

taille 9 × 9 <strong>et</strong> contient 7 brisures. .................... 84<br />

63 Le graphe plan H du graphe G (à gauche), n’adm<strong>et</strong> pas d’arbre recouvrant<br />

bien-ordonné. Le graphe plan H ′ de G (à droite), adm<strong>et</strong> quant à<br />

lui un arbre recouvrant bien-ordonné T .Lapaire(T,H ′ ) est une paire<br />

bien-ordonnée de G. . . .......................... 89<br />

64 Basculement du sous-graphe connexe composé de somm<strong>et</strong>s libres par<strong>des</strong>sus<br />

une arête critique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93<br />

65 Exemple de super-triangulation. ..................... 95<br />

66 Un arbre enraciné avec 8 feuilles <strong>et</strong> 3 bourgeons. La chaîne<br />

codant l’arbre (en gras le motif correspondant au bourgeon)<br />

1101101111001010010000110100. . . .................. 99<br />

67 Représentation d’un graphe planaire non connexe par le tripl<strong>et</strong><br />

(k, t(G),v). . . . .............................. 106<br />

68 Comportement de f(λ) <strong>et</strong> f ′ (λ). ..................... 108<br />

69 Comportement of h(µ). .......................... 112


Introduction<br />

De nombreux problèmes, à commencer par les réseaux de communication, sont<br />

modélisés par <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>. Parmi les <strong>graphes</strong>, certains peuvent être <strong>des</strong>sinés sur un plan<br />

sans que les arêtes ne se croisent. Ces <strong>graphes</strong> sont appelés <strong>graphes</strong> planaires. Lorsque<br />

l’ordre <strong>des</strong> arêtes autour <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s est fixé <strong>et</strong> que la face externe est également fixée,<br />

on parle de carte planaire ou de graphe plan.<br />

Bien que ces <strong>graphes</strong> soient très étudiés, ils conservent encore de nombreux problèmes<br />

ouverts. Considérons deux de ces problèmes. Quelle est la surface nécessaire<br />

<strong>et</strong> suffisante pour <strong>des</strong>siner n’importe quel graphe plan ? Quel est le nombre de bits<br />

nécessaires <strong>et</strong> suffisants pour coder un graphe planaire ?<br />

Fary [Far48], Stein [Ste51] <strong>et</strong> Wagner [Wag36] ont montré de façon indépendante<br />

que tout graphe plan adm<strong>et</strong> un <strong>des</strong>sin où les arêtes sont représentées par <strong>des</strong> lignes<br />

droites. Depuis le début <strong>des</strong> années 90 on sait qu’il est possible de <strong>des</strong>siner en temps<br />

linéaire un graphe plan à l’aide de lignes droites sur une grille (n − 2) × (n − 2) [Sch90].<br />

On sait également qu’une grille (⌊ 2(n−1)<br />

⌋) × (⌊ 2(n−1)<br />

⌋) est nécessaire, mais on ignore si<br />

3<br />

3<br />

c<strong>et</strong>te grille est suffisante pour <strong>des</strong>siner tous les <strong>graphes</strong> plans à n somm<strong>et</strong>s.<br />

Concernant le codage <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires, Bender, Gao <strong>et</strong> Wormald [BGW99]<br />

ont montré qu’il faut au moins 4, 71n bits pour coder un graphe planaire à n somm<strong>et</strong>s.<br />

C<strong>et</strong>te borne inférieure est donnée par l’énumération <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és<br />

biconnexes. Plus récemment, Osthus, Prömel <strong>et</strong> Taraz [OPT] ont montré qu’il était<br />

possible de coder un graphe planaire à n somm<strong>et</strong>s avec 5, 22n bits.<br />

Pour essayer de répondre à ces deux questions on s’intéresse aux <strong>graphes</strong> plans<br />

maximaux. Ces <strong>graphes</strong> sont maximaux dans le sens où si on leur ajoute une arête<br />

quelconque, ils ne sont plus planaires.<br />

Le fait de considérer les <strong>graphes</strong> planaires maximaux dans le domaine du <strong>des</strong>sin<br />

de <strong>graphes</strong> est naturel : en eff<strong>et</strong>, comme tout graphe planaire est un sous-graphe d’un<br />

graphe planaire maximal, savoir <strong>des</strong>siner tous les <strong>graphes</strong> planaires maximaux, perm<strong>et</strong><br />

de <strong>des</strong>siner tous les <strong>graphes</strong> planaires. Comme maximiser un graphe planaire peut<br />

se faire en temps linéaire [FO95, BK97, BKK97], tout algorithme de <strong>des</strong>sin qui est<br />

linéaire sur les <strong>graphes</strong> planaires maximaux induit un algorithme de <strong>des</strong>sin linéaire sur<br />

les <strong>graphes</strong> planaires.<br />

Dans la problématique du codage, l’utilisation <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires maximaux est<br />

différente. Pour coder un graphe planaire G, oncodeungraphe planaire maximal G ′<br />

qui adm<strong>et</strong> G comme sous-graphe. Puis on code les arêtes de G ′ qu’il faut supprimer<br />

1


2<br />

pour reconstruire le graphe G. Ladifficulté d’une telle approche est double : dans<br />

un premier temps, il faut maximiser le graphe G de manière à conserver le maximum<br />

d’informations sur G <strong>et</strong> dans un second temps il faut coder efficacement G ′ <strong>et</strong> les arêtes<br />

de G ′ superflues.<br />

Pour étudier <strong>et</strong> manipuler les <strong>graphes</strong> planaires maximaux, un outil s’est avéré indispensable<br />

: le réaliseur. C<strong>et</strong>obj<strong>et</strong> mathématique, a été introduit par Schnyder [Sch89]<br />

pour caractériser les <strong>graphes</strong> planaires en terme de dimension d’un ensemble partiellement<br />

ordonné.<br />

Un réaliseur d’un graphe plan maximal G est une partition <strong>des</strong> arêtes internes de G<br />

en trois arbres "recouvrants" (T0,T1,T2) telle qu’autour de chaque somm<strong>et</strong> interne de<br />

G on rencontre, dans le sens anti-trigonométrique : l’arête vers le parent dans T0, <strong>des</strong><br />

arêtes vers les enfants dans T2 (s’ils existent), l’arête vers le parent dans T2, lesarêtes<br />

vers les enfants dans T0 (s’ils existent), l’arête vers le parent dans T1 <strong>et</strong> enfin les arêtes<br />

vers les enfants dans T2 (s’ils existent). La figure 1 montre un exemple de réaliseur.<br />

v 2<br />

u 2<br />

u 3<br />

u 1<br />

v 0<br />

Figure 1 – Un exemple de réaliseur.<br />

Avant d’aller plus loin dans les applications <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong>, rappelons que tout graphe<br />

plan maximal adm<strong>et</strong> au moins un réaliseur. De plus, on peut construire un tel réaliseur<br />

en temps linéaire [Sch90].<br />

Dans le domaine du <strong>des</strong>sin de <strong>graphes</strong>, c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> a trouvé un grand essor. Citons 3<br />

algorithmes de <strong>des</strong>sin s’appuyant sur les <strong>réaliseurs</strong> : <strong>des</strong>sin lignes droites [Sch90], <strong>des</strong>sin<br />

de 2-visibilité [CLL01], "floor-planning" [LLY02]. Dans ce document nous présentons<br />

un nouvel algorithme de <strong>des</strong>sin de <strong>graphes</strong> qui utilise les <strong>réaliseurs</strong> fournissant un<br />

<strong>des</strong>sin avec <strong>des</strong> lignes brisées. C<strong>et</strong> algorithme linéaire obtient <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins de surface <strong>et</strong><br />

de largeur optimales pour la classe <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires.<br />

Fraysseix <strong>et</strong> Ossona de Mendez [FO95] ont établi une bijection entre les 3orientations<br />

(i.e. les orientations d’un graphe plan maximal telles que tous les somm<strong>et</strong>s<br />

internes ont un degré rentrant de 3) <strong>et</strong> les <strong>réaliseurs</strong>. Ils ont, par ailleurs, montré que<br />

l’ensemble <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe a une structure de treillis distributif. Bien plus<br />

tard, Chiang, Lin <strong>et</strong> Lu [CLL01] ont montré que la somme <strong>des</strong> nœuds internes <strong>des</strong> trois<br />

arbres d’un réaliseur était strictement inférieure au nombre de nœuds du réaliseur :<br />

ξ0 + ξ1 + ξ2 ≤ n − 1 où ξi désigne le nombre de nœuds internes de l’arbre Ti. Cedernier<br />

u 4<br />

u 5<br />

v 1


ésultat perm<strong>et</strong> de réduire la taille <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins obtenus par certains algorithmes utilisant<br />

les <strong>réaliseurs</strong>. Notre étude <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> nous a permis de relier le nombre de faces<br />

tricolores (i.e. faces qui possèdent une arête dans chacun <strong>des</strong> arbres) d’un réaliseur au<br />

nombre de nœuds internes <strong>des</strong> arbres du réaliseur. Pour montrer ce dernier résultat,<br />

nous avons été amené à proposer une extension du théorème de Wagner [Wag36] aux<br />

<strong>réaliseurs</strong>. Le théorème de Wagner affirme qu’il est possible de transformer un graphe<br />

plan maximal en un autre graphe plan maximal à l’aide d’opérations appelées “flips<br />

diagonaux”.<br />

Deux généralisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> ont été également proposées. La première étend<br />

la notion de réaliseur aux <strong>graphes</strong> plans triconnexes. Dans de tels <strong>graphes</strong>, un réaliseur<br />

est encore constitué de 3 arbres recouvrants, où une arête peut appartenir à au plus<br />

2arbres [BTV99, Fel01a]. Les <strong>réaliseurs</strong> de <strong>graphes</strong> triconnexes sont utilisés dans <strong>des</strong><br />

algorithmes de routage [WNC99] ainsi que pour le calcul de <strong>des</strong>sins convexes (chaque<br />

face est un polygone convexe) [BTV99, Fel01a]. La seconde généralisation s’applique à<br />

certaines cartes planaires connexes. Il s’agit <strong>des</strong> arbres recouvrants ordonnés introduits<br />

par Chuang, Garg, He, Kao <strong>et</strong> Lu [CGH + 98]. Grâce à c<strong>et</strong>te généralisation, plusieurs<br />

algorithmes de codage furent proposés [CGH + 98].<br />

Le travail présenté ici s’inscrit dans la continuité <strong>des</strong> travaux précédemment cités. A<br />

savoir, dégager de nouvelles propriétés <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong>, présenter un nouvel algorithme de<br />

<strong>des</strong>sin de <strong>graphes</strong>, mais aussi proposer un algorithme de codage <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires<br />

à l’aide <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong>.<br />

Plan du document<br />

Partie I : Etude <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong><br />

Chapitre 1 : Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

Dans un premier temps, nous rappelons quelques notions de théorie <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>,<br />

<strong>des</strong> ensembles partiellement ordonnés.<br />

Nous présentons également la définition de réaliseur ainsi que quelques propriétés<br />

fondamentales de ces obj<strong>et</strong>s que nous réutilisons tout au long de ce document. Nous<br />

présentons deux généralisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> : les <strong>réaliseurs</strong> de <strong>graphes</strong> triconnexes <strong>et</strong><br />

les arbres recouvrants ordonnés.<br />

Chapitre 2 : Extension du théorème de Wagner aux <strong>réaliseurs</strong><br />

Dans ce chapitre nous nous intéressons aux <strong>réaliseurs</strong> de taille n dans leur ensemble.<br />

Nous introduisons <strong>des</strong> opérations sur les <strong>réaliseurs</strong> appelés "flips diagonaux coloriés".<br />

Grâce à ces opérations nous proposons une extension du théorème de Wagner aux<br />

<strong>réaliseurs</strong> [BLM02b].<br />

Ce résultat nous perm<strong>et</strong> de trouver une relation entre le nombre de nœuds internes<br />

d’un réaliseur <strong>et</strong> le nombre de ses faces tricolores : ξ0 + ξ1 + ξ2 − ∆=n − 1 où ξi<br />

3


4<br />

désigne le nombre de nœuds internes de l’arbre Ti <strong>et</strong> ∆ le nombre de faces tricolores<br />

du réaliseur.<br />

Chapitre 3 : Bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> <strong>et</strong> les paires de chemins de Dyck<br />

ne se coupant pas<br />

Nous proposons ici une bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> <strong>et</strong> les paires de chemins de<br />

Dyck qui ne se coupent pas [Bon02]. Le codage d’un réaliseur par une paire de chemins<br />

de Dyck qui ne se coupent pas <strong>et</strong> le décodage se font en temps linéaire. Utilisant c<strong>et</strong>te<br />

bijection, nous pouvons énumérer les <strong>réaliseurs</strong> de taille n <strong>et</strong> nous pouvons les générer<br />

exhaustivement de manière efficace. De plus, nous prouvons que le nombre de faces<br />

tricolores d’un réaliseur est asymptotiquement en moyenne de n/2+o(n).<br />

Chapitre 4 : Génération aléatoire de pastèques<br />

Dans le chapitre précédent nous avons considéré les paires de chemins de Dyck qui<br />

ne se coupent pas. Ici nous considérons le cas de plusieurs chemins de Dyck qui ne se<br />

coupent pas. Ces configurations sont également appelées pastèques. A l’aide de formules<br />

d’énumération [EG95, KGV00] sur les facteurs gauches de telles configurations nous<br />

proposons un algorithme de génération aléatoire de telles configurations. La complexité<br />

de c<strong>et</strong> algorithme est en O(p 2 2 p l) où p est le nombre de chemins <strong>et</strong> l la longueur <strong>des</strong><br />

branches. La bijection présentée dans le chapitre précédant nous perm<strong>et</strong> donc de générer<br />

aléatoirement en temps linéaire <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de taille n [BMar].<br />

Quelques expérimentations ont été effectuées, montrant que la profondeur moyenne<br />

d’un arbre d’un réaliseur est environ de 0, 97 √ n.<br />

Partie II : Utilisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> pour le <strong>des</strong>sin <strong>et</strong> le codage<br />

Chapitre 5 : Un algorithme de <strong>des</strong>sin lignes brisées basé sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

Nous observons dans un premier temps que les <strong>des</strong>sins lignes brisées, comme les<br />

<strong>des</strong>sins lignes droites [FPP90], nécessitent une grille de surface (resp. largeur) au moins<br />

4(n−1) 2<br />

(resp. ⌊ 9<br />

2(n−1)<br />

⌋). Nous présentons un algorithme linéaire de <strong>des</strong>sin lignes brisées<br />

3<br />

utilisant les <strong>réaliseurs</strong>. C<strong>et</strong> algorithme calcule, pour n’importe quel graphe planaire à n<br />

somm<strong>et</strong>s, un <strong>des</strong>sin lignes brisées sur une grille de surface au plus 4(n−1)2<br />

.Les <strong>des</strong>sins<br />

9<br />

obtenus ont au plus n − 2 brisures <strong>et</strong> au plus 1 brisure par arête. Il perm<strong>et</strong> d’affirmer<br />

que la surface (resp. largeur) de grille nécessaire <strong>et</strong> suffisante pour <strong>des</strong>siner un graphe<br />

planaire à l’aide de lignes brisées est 4(n−1)2<br />

(resp. ⌊ 9<br />

2(n−1)<br />

⌋) [BLM02a].<br />

3<br />

Chapitre 6 : Une majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires à l’aide <strong>des</strong><br />

<strong>réaliseurs</strong><br />

Ce chapitre présente un travail réalisé en collaboration avec Cyril Gavoille <strong>et</strong> Nicolas<br />

Hanusse [BGH03].


Dans un premier temps nous proposons une généralisation de la notion de réaliseur<br />

minimal aux arbres recouvrants ordonnés [CGH + 98].<br />

Dans ce chapitre, nous montrons une borne supérieure de 2 5,007n+O(log(n)) sur le<br />

nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és. Ce résultat implique que le nombre de<br />

<strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és est d’au plus n!2 5,007n+O(log(n)) ,améliorant ainsi la borne<br />

donnée dans [OPT].<br />

Comme notre borne peut être paramétrée en fonction du nombre d’arêtes, nous<br />

pouvons montrer que la plupart <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és possèdent au moins<br />

1, 70n arêtes <strong>et</strong> au plus 2, 54n arêtes, améliorant l’ancienne borne supérieure de 2, 69n<br />

arêtes [OPT]. De plus, ce résultat est également vrai pour les <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és<br />

(ce qui améliore légèrement l’ancienne borne, 2, 56n [OPT]), connexes étiqu<strong>et</strong>és <strong>et</strong><br />

connexes non étiqu<strong>et</strong>és.<br />

Mis à part l’aspect fondamental de l’énumération <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires, notre technique<br />

s’appuie sur une représentation explicite, relativement simple, <strong>et</strong> calculable en<br />

temps linéaire. De plus, nous donnons un algorithme linéaire de codage en 3, 37n bits<br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans maximaux <strong>et</strong> en 5, 03n bits pour les <strong>graphes</strong> planaires. Notre représentation<br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans maximaux améliore la compression “Edgebreaker” [KR99],<br />

<strong>et</strong> il ne fait pas de doute que notre construction explicite d’un graphe planaire peut être<br />

utilisée pour <strong>des</strong> problèmes de routage dans les réseaux, en particulier en améliorant le<br />

résultat de Lu [Lu02a].<br />

5


Chapitre 1<br />

Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

Dans ce chapitre, nous présentons les <strong>réaliseurs</strong> ainsi que de nombreuses propriétés<br />

utiles de ces obj<strong>et</strong>s mathématiques. Avant de pouvoir parler de <strong>réaliseurs</strong>, il est<br />

nécessaire de rappeler quelques notions classiques sur les <strong>graphes</strong>, les arbres <strong>et</strong> sur<br />

les ensembles partiellement ordonnés. Ceci fera l’obj<strong>et</strong> de la première section. Dans<br />

la deuxième section, nous verrons la définition d’un réaliseur ainsi que quelques propriétés<br />

de c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>. Dans la section 3, nous étudierons la structure de l’ensemble <strong>des</strong><br />

<strong>réaliseurs</strong> d’un graphe plan maximal. Enfin, dans la dernière section nous verrons <strong>des</strong><br />

généralisations de la notion de <strong>réaliseurs</strong> à <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans triconnexes ainsi qu’à <strong>des</strong><br />

<strong>graphes</strong> plans.<br />

1.1 Préliminaires<br />

Graphe<br />

Un graphe G =(V,E) est un ensemble de somm<strong>et</strong>s V <strong>et</strong> un multi-ensemble d’arêtes<br />

E constituées de paires de somm<strong>et</strong>s. Une arête (u, v) est une boucle si u = v. Une<br />

arête apparaissant plusieurs fois dans l’ensemble E est une arête multiple. Ungraphe<br />

qui possède <strong>des</strong> boucles ou <strong>des</strong> arêtes multiples est un graphe-multiple. Onditque<br />

G ′ =(V ′ ,E ′ ) est un super-graphe de G =(V,E) (ou G est un sous-graphe de G ′ )si<br />

V ⊆ V ′ <strong>et</strong> E ⊆ E ′ .Legraphe G ′ =(V ′ ,E ′ ) est un sous-graphe induit de G si pour<br />

tout couple de somm<strong>et</strong>s (x, y) de V ′ , (x, y) ∈ E ⇔ (x, y) ∈ E ′ .OnditqueG ′ est le<br />

sous-graphe de G induit par V ′ .<br />

Un somm<strong>et</strong> u est un voisin d’un somm<strong>et</strong> v s’il existe une arête (u, v) ∈ E. Ledegré<br />

d’un somm<strong>et</strong> v, notédeg(v) désigne le nombre de ses voisins. On notera deg max(G) le<br />

degré maximal du graphe G.<br />

Un graphe peut être décrit par les listes d’adjacence de chacun de ses somm<strong>et</strong>s. Une<br />

carte d’un graphe G est définie par l’ensemble de ces listes d’adjacence (i.e. listes <strong>des</strong><br />

voisins de chaque somm<strong>et</strong>) où chacune de ces listes est ordonnée.<br />

Un graphe orienté (ou digraphe) G =(V,E) est un ensemble de somm<strong>et</strong>s V <strong>et</strong> un<br />

7


8 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

ensemble d’arcs E constitués de couples de somm<strong>et</strong>s. Un arc e =(u, v) est un arc<br />

sortant de u <strong>et</strong> un arc rentrant de v. Lesomm<strong>et</strong> u est aussi appelé la source de e <strong>et</strong> v<br />

la cible de e. Ledegré rentrant d’un somm<strong>et</strong> v, notédeg + (v), désignelenombred’arcs<br />

rentrants de v. Delamême manière le degré sortant d’un somm<strong>et</strong> v, notédeg − (v),<br />

désigne le nombre d’arcs sortants de v.<br />

Un chemin dans un graphe G =(V,E) est une séquence (v1,v2,...,vk) de somm<strong>et</strong>s<br />

distincts de G telle que ∀i/1 ≤ i ≤ k − 1, (vi,vi+1) ∈ E. Lalongueur d’un chemin<br />

est le nombre d’arêtes du chemin. Un cycle est un chemin telle que v1 = vk. Ungraphe<br />

sans cycle est dit acyclique. Ungraphe est connexe, sipour tout couple de somm<strong>et</strong>s<br />

(u, v), ilexisteunchemin allant de u à v. Onappelle somm<strong>et</strong> d’articulation d’un<br />

graphe G =(V,E) un somm<strong>et</strong> dont la suppression augmente le nombre de composantes<br />

connexes du graphe.<br />

Un graphe à n somm<strong>et</strong>s (avec n ≥ k +1) est k-connexe, s’il faut supprimer au<br />

moins k somm<strong>et</strong>s pour qu’il ne soit plus connexe. On utilise aussi le terme biconnexe<br />

pour désigner les <strong>graphes</strong> 2-connexes <strong>et</strong> le terme triconnexe pour désigner les <strong>graphes</strong><br />

3-connexes.<br />

Un graphe G =(V,E) est dit compl<strong>et</strong> si pour toute paire de somm<strong>et</strong>s (u, v) de G,<br />

(u, v) ∈ E. OnnoteKn le graphe compl<strong>et</strong> à n somm<strong>et</strong>s. Une clique d’un graphe G est<br />

un sous-graphe induit compl<strong>et</strong> de G.<br />

Par exemple, le graphe G1 de la figure 2 possède 8 somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong> 14 arêtes. Les somm<strong>et</strong>s<br />

1, 6, 5, 7, 2, 8, 1 forment un cycle de longueur 6. Ce graphe est de plus biconnexe, puisque<br />

si l’on supprime un somm<strong>et</strong>, le graphe reste connexe. En revanche ce graphe n’est pas<br />

triconnexe, puisque si l’on supprime les somm<strong>et</strong>s 1 <strong>et</strong> 2, le graphe n’est plus connexe.<br />

Les voisins du somm<strong>et</strong> 3 sont les somm<strong>et</strong>s 4,5,6 <strong>et</strong> 7. Le somm<strong>et</strong> 3 est donc de degré 4.<br />

Le graphe G2 de la figure 2 est un exemple de graphe orienté. Dans ce graphe, on peut<br />

observer que le degré rentrant du somm<strong>et</strong> 3 est 1 <strong>et</strong> que le degré sortant du somm<strong>et</strong> 3<br />

vaut 3. De plus, les somm<strong>et</strong>s 1,6,3,5,4,1 forment un circuit de longueur 5.<br />

8<br />

2<br />

1<br />

4<br />

G 1<br />

6<br />

5<br />

7<br />

3<br />

Figure 2 – A gauche, un graphe non orienté G1. Adroiteungraphe G2 qui est une<br />

orientation de G1.<br />

Graphes planaires <strong>et</strong> <strong>graphes</strong> plans<br />

Un <strong>des</strong>sin planaire d’un graphe est un <strong>des</strong>sin sur le plan de ce graphe dont les arêtes<br />

joignant les somm<strong>et</strong>s ne se croisent pas. Un graphe est planaire s’il adm<strong>et</strong> un <strong>des</strong>sin<br />

8<br />

2<br />

1<br />

4<br />

G 2<br />

5<br />

6<br />

7<br />

3


1.1. Préliminaires 9<br />

planaire. Une carte est planaire, s’il existe un <strong>des</strong>sin planaire respectant les ordres<br />

autour <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s spécifiés par les listes d’adjacence.<br />

Un graphe plan G est une carte planaire où une arête appartenant à la face extérieure<br />

est distinguée. Une telle arête est appelée arête racine du graphe plan G.Dans un <strong>des</strong>sin<br />

planaire d’un graphe, les arêtes partitionnent le plan en régions connexes appelées faces.<br />

On dit que deux faces sont adjacentes, siellespartagent au moins une arête. Une de<br />

ces régions est non bornée, elle est appelée face extérieure. Lesautres faces sont dites<br />

intérieure.<br />

On dit qu’une arête e (resp. un somm<strong>et</strong> v) appartient à la face f si elle (resp. il)<br />

appartient à la frontière de f. Les somm<strong>et</strong>s de la face extérieure sont appelés somm<strong>et</strong>s<br />

externes. Demême, les arêtes de la face extérieure sont appelées arêtes externes. Une<br />

face qui ne contient pas d’arête externe est dite face strictement intérieure.<br />

Théorème 1.1.1. (Whitney 1933) [Whi33]<br />

Soit G graphe planaire triconnexe <strong>et</strong> e une arête de G. Legraphe G adm<strong>et</strong> un unique<br />

graphe plan ayant pour arête racine l’arête e.<br />

La figure 3 représente le même graphe <strong>des</strong>siné de deux manières différentes. On<br />

peut remarquer que ce graphe n’est pas triconnexe puisque si l’on supprime le somm<strong>et</strong><br />

5 le graphe se décompose en deux composantes connexes. L’une contenant uniquement<br />

le somm<strong>et</strong> 4 <strong>et</strong> l’autre contenant les somm<strong>et</strong>s 2, 3, 1, 6 <strong>et</strong> 7.<br />

2<br />

1<br />

6<br />

3<br />

4<br />

5<br />

7<br />

Figure 3 – Graphe planaire adm<strong>et</strong>tant plusieurs <strong>des</strong>sins planaires.<br />

Un graphe planaire maximal G est un graphe planaire, avec au moins 3 somm<strong>et</strong>s,<br />

qui si on lui ajoute une arête, il n’est plus planaire. Naturellement un graphe plan<br />

maximal est un graphe planaire maximal où l’on a distingué une <strong>des</strong> 3 arêtes de la<br />

face extérieure. Par la suite les 3 somm<strong>et</strong>s de la face extérieure seront notés v0,v1,v2<br />

<strong>et</strong> l’arête distinguée sera l’arête (v0,v1).<br />

La figure 4 représente un exemple de graphe planaire maximal à 8 somm<strong>et</strong>s.<br />

2<br />

1<br />

6<br />

8<br />

3<br />

5<br />

7<br />

6<br />

2<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

Figure 4 – Exemple de graphe planaire maximal<br />

7<br />

4


10 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

Le graphe dual G ∗ d’un graphe plan G est un graphe plan possédant un somm<strong>et</strong><br />

par face de G <strong>et</strong> à chaque arête e de G, onassocie une arête dans G ∗ entre les deux<br />

faces séparées par e.<br />

Figure 5 – Un graphe plan G ainsi que son dual G ∗ ,représenté par les somm<strong>et</strong>s noirs<br />

<strong>et</strong> les arêtes en pointillés.<br />

Le graphe dual d’un graphe plan peut être un graphe multiple (voir figure 5). En<br />

revanche, le graphe dual d’un graphe plan triconnexe est un graphe plan simple <strong>et</strong><br />

triconnexe.<br />

Théorème 1.1.2. (Caractéristique d’Euler )<br />

Soit G un graphe plan connexe. Soient n le nombre de somm<strong>et</strong>s de G, m le nombre<br />

d’arêtes de G <strong>et</strong> f le nombre de faces de G. Alors<br />

n − m + f =2<br />

Si l’on considère les <strong>graphes</strong> plans de la figure 3, on peut observer qu’ils possèdent<br />

7somm<strong>et</strong>s, 10 arêtes <strong>et</strong> 5 faces. Ils vérifient la caractéristique d’Euler : 7 − 10 + 5 = 2.<br />

Dans le cas d’un graphe plan maximal, le nombre d’arêtes vaut 3n − 6, lenombre<br />

de faces vaut 2n − 4 <strong>et</strong> le nombre de faces strictement intérieures vaut 2n − 8.<br />

Théorème 1.1.3. (Tutte 1962) [Tut62]<br />

Le nombre de <strong>graphes</strong> plans maximaux de taille n est :<br />

Arbres<br />

Tn =<br />

2(4n − 11)!<br />

(n − 2)!(3n − 7)!<br />

Un arbre est un graphe connexe acyclique. Les somm<strong>et</strong>s d’un arbre sont classiquement<br />

appelés les nœuds de l’arbre. Un arbre enraciné est un arbre où un somm<strong>et</strong> est<br />

distingué ; ce somm<strong>et</strong> est appelé racine de l’arbre. On dit que u est un enfant d’un<br />

somm<strong>et</strong> v si v est le successeur de u sur le chemin (un arbre étant acyclique, il y a un<br />

unique chemin entre deux somm<strong>et</strong>s) entre u <strong>et</strong> la racine de l’arbre. On dit alors que v


1.1. Préliminaires 11<br />

est le parent de u. Sideux somm<strong>et</strong>s ont le même parent, alors ils sont frères. Ondit<br />

que v est un ancêtre de u s’il se trouve sur le chemin entre u <strong>et</strong> la racine de l’arbre. On<br />

dit alors que u est un <strong>des</strong>cendant de v. Unnœud, autre que la racine, qui possède un<br />

ou plusieurs enfants est appelé nœud interne. Al’inverse un nœud qui ne possède pas<br />

d’enfant est une feuille. Laprofondeur d’un somm<strong>et</strong> est la longueur du chemin qui le<br />

sépare de la racine. La profondeur d’un arbre est la plus grande <strong>des</strong> profondeurs de ses<br />

nœuds.<br />

On appelle plus p<strong>et</strong>it ancêtre commun de u <strong>et</strong> v (ou plus proche ancêtre commun),<br />

noté ppac(u, v), lesomm<strong>et</strong> le plus loin de la racine étant à la fois ancêtre de u <strong>et</strong> de v.<br />

Par la suite nous considérerons que les arêtes d’un arbre enraciné sont orientées vers<br />

la racine.<br />

On dit qu’un arbre est ordonné enraciné si l’ensemble <strong>des</strong> enfants de chaque somm<strong>et</strong><br />

est ordonné.<br />

d<br />

c<br />

g<br />

e f<br />

b h<br />

Figure 6 – Exemple d’arbre enraciné ordonné. Le nœud a est la racine de c<strong>et</strong> arbre.<br />

Un parcours préfixe trigonométrique (resp. anti-trigonométrique) d’un arbre T<br />

consiste à parcourir l’arbre T àpartir de la racine puis récursivement les sous-arbres<br />

issus de ses enfants dans l’ordre trigonométrique (resp. anti-trigonométrique). Un parcours<br />

postfixe trigonométrique (resp. anti-trigonométrique) consiste à parcourir récursivement<br />

les sous-arbres issus <strong>des</strong> enfants de la racine puis de la racine. L’ordre postfixe<br />

trigonométrique, l’ordre postfixe anti-trigonométrique, l’ordre préfixe trigonométrique<br />

<strong>et</strong> l’ordre préfixe anti-trigonométrique désignant respectivement l’ordre dans lequel les<br />

somm<strong>et</strong>s sont parcourus suivant les différents parcours.<br />

Soit v1,v2,...,vn les somm<strong>et</strong>s d’un arbre T classés dans l’ordre préfixe antitrigonométrique.<br />

Une branche gauche d’un arbre T est un chemin vi,vi−1,...,vj (i.e.<br />

vi+1 est le premier enfant de vi), tel que i − j soit maximal. Clairement les branches<br />

gauches partitionnent les somm<strong>et</strong>s de T <strong>et</strong> il y a exactement une branche gauche par<br />

feuille de T .Demanièresymétrique on définit une branche droite d’un arbre en considérant<br />

les somm<strong>et</strong>s v1,v2,...,vn classés dans l’ordre préfixe trigonométrique de T .La<br />

branche droite d’un somm<strong>et</strong> (resp. branche gauche d’un somm<strong>et</strong>) dansunarbre T est<br />

l’unique branche droite (resp. gauche) de T qui contient ce somm<strong>et</strong>.<br />

Considérant l’arbre de la figure 6. L’ordre préfixe trigonométrique est :<br />

a, h, i, b, f, g, e, c, d. L’ordre préfixe anti-trigonométrique est a, b, c, d, e, f, g, h, i. L’ordre<br />

a<br />

i


12 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

postfixe trigonométrique est : i, h, g, f, e, d, c, b, a. L’ordre postfixe anti-trigonométrique<br />

est : d, c, e, g, f, b, i, h, a. Labranche droite du somm<strong>et</strong> b est constituée <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s<br />

g, f, b. Leplusp<strong>et</strong>itancêtre commun de d <strong>et</strong> f est le somm<strong>et</strong> b.<br />

Définissons maintenant deux relations d’ordre sur les arbres, ≤cw <strong>et</strong> ≤ccw :<br />

Définition 1.1.1. Soient T <strong>et</strong> T ′ deux arbres (enracinés <strong>et</strong> ordonnés) ayant k nœuds.<br />

Soient n1,n2,...,nk <strong>et</strong> m1,m2,...,mk, lesnœudsdeT <strong>et</strong> T ′ dans l’ordre préfixe antitrigonométrique<br />

(resp. trigonométrique). Si T = T ′ alors T ≤cw T ′ <strong>et</strong> T ≤ccw T ′ .<br />

Sinon, soit i le premier indice tel que deg(ni) = deg(mi). Sideg(ni) < deg(mi) alors<br />

T ≤cw T ′ (resp. T ≤ccw T ′ ).<br />

Naturellement, T ≥cw T ′ est une autre notation pour T ′ ≤cw T .Demême, Tcw T ′ .Demanièresimilaire, les deux<br />

nœuds noirs sont les premiers (dans l’ordre préfixe trigonométrique) qui n’ont pas le<br />

même nombre d’enfants. Le somm<strong>et</strong> noir de l’arbre T ′ possède plus d’enfants que celui<br />

de l’arbre T donc T cw<br />

< ccw<br />

T T’<br />

Figure 7 – Illustration de la relation d’ordre entre les arbres.<br />

Ensemble partiellement ordonné<br />

Définition 1.1.2. Un ordre partiel ≤ sur un ensemble E est une relation binaire qui<br />

vérifie les propriétés suivantes :<br />

–réflexivité : pour tout x ∈ E,x ≤ x.<br />

–anti-symétrie : pour tous x, y ∈ E, six≤ y <strong>et</strong> y ≤ x alors x = y.<br />

–transitivité : pour tous x, y, z ∈ E, six≤ y <strong>et</strong> y ≤ z alors x ≤ z.<br />

Un ensemble partiellement ordonné (ou EPO) P =(E,≤) est une paire constituée<br />

d’un ensemble E, appelédomaine, <strong>et</strong>d’unordre partiel ≤ sur E. Souventon écrit<br />

x ∈ P au lieu de x ∈ E. L’ordre ≤ est dit total si pour tout couple (x, y) d’éléments de<br />

E, x ≤ y ou y ≤ x. Onditqu’un ordre total ≤L sur E est une extension linéaire d’un<br />

EPO (E,≤) si pour tout couple d’élément (x, y) ∈ E2 , x ≤ y implique x ≤L y. Ondit<br />

que (≤1, ≤2,...,≤k) est un réaliseur de l’ordre ≤ si pour tout couple d’élément (x, y)


1.1. Préliminaires 13<br />

x ≤ y est équivalent à x ≤i y pour tout i ≤ k. Ladimension d’un EPO P =(E,≤) est<br />

le plus p<strong>et</strong>it nombre k tel que (≤1, ≤2,...,≤k) soit un réaliseur de P .<br />

On dit que x couvre y si y


14 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

least upper bound) pour les éléments x, y d’un EPO est une borne supérieure z de x, y<br />

telle que toute autre borne supérieure z ′ de x, y vérifie l’inégalité suivante : z ≤ z ′ .Un<br />

tel élément, s’il existe est noté x ∨ y. Demanièresimilaire, une borne inférieure d’un<br />

paire éléments x, y d’un EPO est un élément z tel que z ≤ x <strong>et</strong> z ≤ y. Uneplus grande<br />

borne inférieure (ou glb, pour greatest lower bound) pour les éléments x, y d’un EPO<br />

est une borne inférieure z de x, y telle que toute autre borne inférieure z ′ de x, y vérifie<br />

l’inégalité suivante : z ′ ≤ z. Untel élément, s’il existe, est noté x ∧ y.<br />

Un treillis est un EPO dans lequel chaque paire d’éléments possède une unique<br />

plus p<strong>et</strong>ite borne supérieure <strong>et</strong> une unique plus grande borne inférieure. Un treillis<br />

distributif L est un treillis qui vérifie la condition suivante : pour tous x, y, z ∈ L,<br />

x ∨ (y ∧ z) =(x ∨ y) ∧ (x ∨ z) <strong>et</strong> x ∧ (y ∨ z) =(x ∧ y) ∨ (x ∧ z).<br />

Théorème 1.1.4. (Birkhoff 1933 :théorème fondamental <strong>des</strong> treillis distributifs finis)<br />

[Bir33]<br />

Pour chaque treillis distributif fini L, ilexiste un unique EPO P tel que L = L(P ).<br />

La figure 10 illustre le théorème précédent. A gauche le diagramme de Hasse d’un<br />

EPO P <strong>et</strong> à droite le diagramme de Hasse du treillis <strong>des</strong> idéaux de P .<br />

c d<br />

b<br />

a<br />

P<br />

e<br />

abcd<br />

abc abd<br />

ab<br />

a<br />

∅<br />

abcde<br />

L(P)<br />

abde<br />

Figure 10 – Diagramme de Hasse d’un EPO P ainsi que celui de son treillis distributif<br />

de ses idéaux L(P ).<br />

1.2 Réaliseur d’un graphe plan maximal : définition<br />

<strong>et</strong> propriétés<br />

Définition 1.2.1. (Schnyder 1989) [Sch89]<br />

Un réaliseur d’un graphe plan maximal G est une partition <strong>des</strong> arêtes internes de G<br />

en trois ensembles T0, T1 <strong>et</strong> T2 d’arêtes orientées, telle que chaque somm<strong>et</strong> interne v<br />

les conditions suivantes sont respectées :<br />

1. Le somm<strong>et</strong> v possède exactement une arête sortante dans chacun <strong>des</strong> ensembles<br />

T0, T1 <strong>et</strong> T2.


1.2. Réaliseur : définition <strong>et</strong> propriétés 15<br />

2. Condition locale :lesarêtes incidentes à v apparaissent dans le sens trigonométrique<br />

de la manière suivante : une arête sortante dans T0, éventuellement <strong>des</strong><br />

arêtes rentrantes dans T2, unearêtesortantedans T1, éventuellement <strong>des</strong> arêtes<br />

rentrantes dans T0, unearêtesortantedans T2 <strong>et</strong> éventuellement <strong>des</strong> arêtes rentrantes<br />

dans T1 (voir figure 11).<br />

2<br />

0 0 0<br />

v<br />

1<br />

1 2<br />

1 2 2<br />

0<br />

Figure 11 – Condition locale :orientation <strong>et</strong> coloration <strong>des</strong> arêtes autour de chaque<br />

somm<strong>et</strong> interne.<br />

Théorème 1.2.1. (Schnyder 1989) [Sch89]<br />

Soit G un graphe plan maximal possédant au moins 3 somm<strong>et</strong>s. Soit R =(T0,T1,T2) un<br />

réaliseur de G. Chaque ensemble Ti est un arbre contenant tous les somm<strong>et</strong>s internes<br />

de G ainsi que le somm<strong>et</strong> vi.<br />

Soit


16 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

v 2<br />

u 2<br />

u 3<br />

u 1<br />

v 0<br />

u 4<br />

u 5<br />

v 1<br />

Figure 12 – Un exemple de réaliseur. A gauche, le graphe sous-jacent <strong>et</strong> à droite, l’un<br />

de ses <strong>réaliseurs</strong>.<br />

le k-ième enfant de u dans l’arbre Ti. Soientu1<strong>et</strong> u2 deux somm<strong>et</strong>s d’un réaliseur tels<br />

que u1 est un <strong>des</strong>cendant de u2 dans l’arbre Ti. Onnoteu1−→ i u2 le chemin de u1 à u2<br />

dans l’arbre Ti.<br />

Dans l’exemple de la figure 12, on peut observer que Ch0(u1) =(u3,u4) <strong>et</strong> que<br />

P2(u5) =u3.<br />

Soit F =(e0,e1,e2) une face d’un graphe plan maximal G avec ej = {uj,uj+1}.<br />

Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur de G.<br />

Propriété 1.2.1. Si u1 est le parent de u2 dans l’arbre Ti alors u1 > i+1<br />

cw u2 <strong>et</strong> u2 > i−1<br />

cw<br />

u1.<br />

La preuve de c<strong>et</strong>te propriété découle <strong>des</strong> deux faits qui suivent.<br />

Fait 1.2.1. Supposons que e0 soit coloriée i.<br />

Si e0 <strong>et</strong> e1 sont orientées vers u1 alors e1 est coloriée i.<br />

Démonstration. Si e1 est coloriée i, alors le parent du somm<strong>et</strong> u1 dans Ti+1 se trouve<br />

dans la face F .Ceci est impossible.<br />

Fait 1.2.2. Supposons que l’arête e0 soit coloriée i.<br />

Si e0 <strong>et</strong> e1 sont respectivement orientées vers u1 <strong>et</strong> u2 alors l’arête e1 est coloriée<br />

i +1.<br />

De manière similaire, si e0 <strong>et</strong> e2 sont respectivement orientées vers u0 <strong>et</strong> u1 alors<br />

l’arête e2 est coloriée 1.<br />

Démonstration. Supposons que les arêtes e0 <strong>et</strong> e1 soient respectivement orientées vers<br />

u1 <strong>et</strong> u2. Sie1 n’est pas coloriée i +1,leparent du somm<strong>et</strong> u1 dans Ti+1 serait dans<br />

la face F .Ceci est impossible. En appliquant un argument similaire, on montre la<br />

deuxième partie du fait.<br />

Une conséquence <strong>des</strong> deux faits précédents, est que les seules colorations possibles<br />

pour une face strictement intérieure sont celles représentées par la figure 13. Remarquons,<br />

que parmi les colorations possibles, seules les 2 premières configurations utilisent<br />

v 2<br />

u 2<br />

u 3<br />

u 1<br />

v 0<br />

u 4<br />

u 5<br />

v 1


1.2. Réaliseur : définition <strong>et</strong> propriétés 17<br />

les trois couleurs. Par la suite, nous dirons qu’une face coloriée de c<strong>et</strong>te manière est<br />

une face tricolore. Touteslesautres colorations utilisent 2 couleurs. Par la suite, on<br />

appellera cw-face (resp. ccw-face) une face tricolore dont les arêtes tournent dans le<br />

sens anti-trigonométrique (resp. trigonométrique). De même on appellera cw-triangle<br />

(resp. ccw-triangle) un3-cycle tricolore dont les arêtes tournent dans le sens antitrigonométrique<br />

(resp. trigonométrique).<br />

u 2<br />

u 2<br />

u 0<br />

u 0<br />

u 1<br />

u 1<br />

u 2<br />

u 2<br />

u 0<br />

u 0<br />

u 1<br />

u 1<br />

Figure 13 – 8 colorations possibles <strong>des</strong> arêtes d’une face.<br />

Propriété 1.2.2. Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur. Si u est un <strong>des</strong>cendant de v dans<br />

l’arbre Ti, alorsu ne peut être un <strong>des</strong>cendant ou un ancêtre de v dans Tj pour i = j.<br />

Démonstration. Supposons que u est un <strong>des</strong>cendant de v dans T0 <strong>et</strong> u est un ancêtre<br />

de v dans T1.<br />

Comme le somm<strong>et</strong> u satisfait la condition locale, P1(u) est dans la région délimitée<br />

par le cycle C =(u 0 −→ v, v 1 ←− u) (voir figure 14). Soit t le somm<strong>et</strong> commun à C <strong>et</strong> au<br />

chemin u 1 −→ v1. Lesomm<strong>et</strong> t ne peut être sur le chemin u 0 −→ v,àcausedelacondition<br />

locale appliquée sur le somm<strong>et</strong> t. Donct se trouve sur le chemin u 1 −→ v.Danscecas,<br />

nous avons un cycle colorié 1 : t 1 ←− u, u 1 ←− t (voir figure 14). Ceci est impossible car<br />

l’ensemble <strong>des</strong> arêtes forme un arbre (T1). Donc, si u est un <strong>des</strong>cendant de v dans T0<br />

alors u ne peut pas être un ancêtre de v dans T1.<br />

u<br />

u 2<br />

u 2<br />

P 1 (u)<br />

Figure 14 – Configuration impossible où u est un <strong>des</strong>cendant de v dans T0 <strong>et</strong> u est un<br />

ancêtre de v dans T1.<br />

Un raisonnement similaire pourrait être effectué dans le cas où u serait un <strong>des</strong>cendant<br />

de v dans l’arbre T0, alorsu ne pourrait pas être un <strong>des</strong>cendant v dans T1. Par<br />

symétrie les autres cas se ramènent à ces deux cas.<br />

v<br />

t<br />

u 0<br />

u 0<br />

u 1<br />

u 1<br />

u 2<br />

u 2<br />

u 0<br />

u 0<br />

u 1<br />

u 1


18 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

Propriété 1.2.3. Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur. Soit (u, v) une arête de R. Si<br />

u = P1(v) où u = P2(v) ou u ∈ Ch0(v) alors u est après v dans l’ordre postfixe<br />

trigonométrique de T2.<br />

Démonstration. Considérons les trois cas suivants :<br />

– u = P2(v) :évident.<br />

– u = P1(v) : Supposons que u soit avant v dans l’ordre postfixe trigonométrique<br />

de T2. Soitwle plus p<strong>et</strong>it ancêtre commun de u <strong>et</strong> de v dans l’arbre T2. Lecycle<br />

C =((v, u),u2<br />

−→<br />

w, w<br />

←−<br />

2 v) détermine une région du plan (voir figure 15 a.). Afin de<br />

respecter la condition locale sur le somm<strong>et</strong> u, P0(u) doit être dans c<strong>et</strong>te région.<br />

Considérons le somm<strong>et</strong> t qui appartient à u<br />

−→<br />

0 v0 <strong>et</strong> au cycle C. Lacondition<br />

locale sur le somm<strong>et</strong> t implique que t se situe sur le chemin u<br />

−→<br />

2 w.Donctest un<br />

ancêtre de u dans l’arbre T1. Ceci est en contradiction avec la propriété 1.2.2.<br />

– u ∈ Ch0(v) :Soitwle plus p<strong>et</strong>it ancêtre commun à P1(v) <strong>et</strong> v dans l’arbre<br />

T2. Le somm<strong>et</strong> u doit se trouver dans la région délimitée par le cycle C =<br />

((v, P1(v)),P1(v)<br />

−→<br />

2w, w<br />

←−<br />

2 v) (voir figure 15 b.). Dans c<strong>et</strong>te région, tous les somm<strong>et</strong>s<br />

sont après le somm<strong>et</strong> v dans l’ordre postfixe trigonométrique de T2. Doncu<br />

est après v dans c<strong>et</strong> ordre.<br />

w<br />

t<br />

P 0 (u)<br />

v<br />

u<br />

a. b.<br />

Figure 15 – a. Configuration impossible où P1(v) est avant v dans l’ordre postfixe<br />

trigonométrique de T2. b. Région délimitée par C =((v, P1(v)),P1(v) → 2 w, w → 2 v).<br />

Définition 1.2.2. Une 3-orientation d’un graphe plan maximal G est une orientation<br />

<strong>des</strong> arêtes de G où tous les somm<strong>et</strong>s internes de G sont de degré sortant 3.<br />

Théorème 1.2.4. (Fraysseix <strong>et</strong> Ossona de Mendez, 1994) [FO95]<br />

Soit G un graphe plan maximal. Les <strong>réaliseurs</strong> de G sont en bijection avec les 3orientations<br />

de G.<br />

Les ordres canoniques ont été introduits par Fraysseix, Pach <strong>et</strong> Pollack [FPP90] pour<br />

les <strong>graphes</strong> plans maximaux. Plus tard Kant [Kan96] a proposé une généralisation de<br />

c<strong>et</strong>te définition aux <strong>graphes</strong> plans triconnexes.<br />

Définition 1.2.3. (Fraysseix, Pach <strong>et</strong> Pollack, 1990) [FPP90]<br />

Soit G un graphe plan maximal. Un Ordre Canonique est un ordre total sur les somm<strong>et</strong>s<br />

de Gu0 = v0,u1 = v1,u2,u3,...,un = v2 tel que pour tout 4 ≤ k ≤ n :<br />

w<br />

u<br />

v<br />

P 1 (v)


1.3. Treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe plan maximal 19<br />

1. le sous-graphe induit Gk−1 ⊂ G induit par u0,u1,...,uk−1 soit biconnexe <strong>et</strong> que<br />

le cycle Ck−1 constitué <strong>des</strong> arêtes de la face extérieure contient l’arête (v0,v1).<br />

2. vk appartient au cycle Ck <strong>et</strong> ses voisins dans Gk−1 forment un chemin dans<br />

Ck−1 ⊂{v0,v1}.<br />

Propriété 1.2.4. [FO01] Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur d’un graphe plan G. Le<br />

parcours préfixe de l’arbre T0 est un ordre canonique de G.<br />

Si on considère le réaliseur de la figure 12, on peut observer que l’ordre<br />

v0,v1,u5,u1,u4,u3,u2,v2 est bien un ordre canonique.<br />

1.3 Treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe plan maximal<br />

Définition 1.3.1. Soit R un réaliseur d’un graphe plan maximal <strong>et</strong> C un ccw-triangle<br />

(resp. cw-triangle) de R. L’opération de recoloration S+ sur C (resp. S−) estdéfinie<br />

de la manière suivante :<br />

1. Inverser l’orientation <strong>des</strong> arêtes de C ;<br />

2. Incrémenter (resp. Décrémenter) la couleur <strong>des</strong> arêtes du cycle C ;<br />

3. Décrémenter (resp. Incrémenter) la couleur <strong>des</strong> arêtes à l’intérieur de C ;<br />

4. Laisser les autres arêtes du réaliseur inchangées.<br />

u 2<br />

u 1<br />

G c<br />

u 0<br />

S +<br />

S -<br />

u 2<br />

u 1<br />

G c<br />

Figure 16 – Recoloration d’un triangle d’un réaliseur.<br />

Fait 1.3.1. Soit G un graphe plan maximal <strong>et</strong> R un réaliseur de G. Sil’on applique<br />

une opération S+ (resp. S−) surun ccw-triangle (resp. cw-triangle) C de R, onobtient<br />

un nouveau réaliseur de G.<br />

Propriété 1.3.1. Si un réaliseur R contient un k-cycle tricolore anti-trigonométrique<br />

(resp. trigonométrique) alors il contient un cw-triangle (resp. ccw-triangle).<br />

Démonstration. Soit C un cycle tricolore anti-trigonométrique composé du chemin<br />

u0 1 −→ u1, u1 2 −→ u2, u2 0 −→ u0 (le cas d’un cycle tricolore trigonométrique est complètement<br />

symétrique).<br />

u 0


20 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

Supposons, sans perte de généralité, que le chemin u0 1 −→ u1 soit de longueur au<br />

moins 2. Soit t1 le successeur de u0 dans ce chemin.<br />

Le chemin t1 2 −→ v2 intersecte soit le chemin u2 0 −→ u0 soit le chemin u1 2 −→ u2. Dec<strong>et</strong>te<br />

manière on obtient un nouveau cycle tricolore anti-trigonométrique (voir figure 17)<br />

strictement inclus dans la région délimitée par le cycle C. Enitérant c<strong>et</strong>te construction<br />

on obtient finalement un cw-triangle.<br />

u 0<br />

t 1<br />

t 2<br />

u 1<br />

u 2<br />

u 0<br />

t 1<br />

u 1<br />

Figure 17 – Chaque k-cycle tricolore contient un triangle tricolore.<br />

Lemme 1.3.1. [Oss94]<br />

Soit R un réaliseur d’un graphe plan maximal G. SoitC un ccw-triangle (resp. cwtriangle).<br />

Alors si l’on applique S+ (resp. S−) surC on obtient un nouveau réaliseur<br />

R ′ de G.<br />

C<strong>et</strong>te opération induit une relation sur les <strong>réaliseurs</strong> : on dit que R R ′ si R ′ peut<br />

être obtenu à partir de R en appliquant <strong>des</strong> opérations S+.<br />

Propriété 1.3.2. est une relation d’ordre.<br />

Démonstration. Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur <strong>et</strong> un cw-triangle C =(u0,u1,u2)<br />

comme représenté sur la figure 16. L’arête (u0,u2) est coloriée 2 <strong>et</strong> est orientée vers u2.<br />

D’après la propriété 1.2.1, u2 < 0 cw u0. SoitR ′ =(T ′ 0,T ′ 1,T ′ 2) le réaliseur obtenu à partir<br />

de R en appliquant l’opération S+ sur C. Onpeutobserver que deg0(u2) < deg ′ 0(u2).<br />

Ceci implique que T0


1.3. Treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe plan maximal 21<br />

13<br />

R +<br />

1<br />

(G (G1 )<br />

14<br />

7<br />

12<br />

8 9<br />

2<br />

4<br />

6<br />

1<br />

5<br />

3<br />

10<br />

11<br />

R +(G (G1) 2<br />

4<br />

3 2 4<br />

3<br />

4 2 3<br />

1<br />

3<br />

4<br />

R- (G (G1 )<br />

Figure 18 – A gauche, le réaliseur maximal du graphe plan G1. Adroite,lastructure du<br />

treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> du graphe G1 est représentée. Le numéro sur une arête correspond<br />

au numéro de la face qu’il faut recolorier pour passer d’un réaliseur à un autre.<br />

la propriété branche si <strong>et</strong> seulement si pour chaque somm<strong>et</strong> uj <strong>et</strong> ui = P0(uj), soit<br />

P2(uj) =P2(ui) soit uk = P2(uj) avec i


22 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

u k<br />

B<br />

Q 1<br />

u l<br />

u h<br />

Figure 19 – Illustration <strong>des</strong> notations de la preuve de la propriété 1.3.3.<br />

ul ∈ P car ul n’est pas un ancêtre de uk (k < l). Considérons le cycle C =<br />

(ui,ul), (ul,uh),P,(uk,uj), (uj,ui) <strong>et</strong> soit B la région qui adm<strong>et</strong> pour frontière C. Soit<br />

Q1 le chemin dans ¯ T1de ul à v1, laracinede ¯ T1. D’aprèsla condition locale, la première<br />

arête de Q1 doit appartenir à B ∪ C. Comme v1 ∈ B, Q1 doit intersecter C. D’après la<br />

propriété 1.2.2, l’intersection doit se faire en un somm<strong>et</strong> ut tel que t>l.C<strong>et</strong>te intersection<br />

ne peut être ui, toujours d’après la condition locale sur le somm<strong>et</strong> ui. Puisque<br />

chaque somm<strong>et</strong> ur de P , r ≤ max{h, k}


1.3. Treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe plan maximal 23<br />

Démonstration. Soit G un graphe plan maximal 3-dégénéré. Considérons une séquence<br />

qui supprime récursivement tous les somm<strong>et</strong>s de degré ≤ 3. Legraphe étant triconnexe,<br />

chaque somm<strong>et</strong> supprimé est de degré exactement égal à 3. A chaque fois que l’on<br />

supprime un somm<strong>et</strong>, on obtient un nouveau graphe plan maximal. Donc un graphe<br />

3-dégénéré peut être obtenu à partir de K4 en insérant successivement un somm<strong>et</strong> au<br />

milieu d’une face <strong>et</strong> en reliant ce nouveau somm<strong>et</strong> aux 3 somm<strong>et</strong>s de la face.<br />

Montrons par induction qu’un graphe plan maximal 3-dégénéré adm<strong>et</strong> un unique<br />

réaliseur. Clairement K4 adm<strong>et</strong> un unique réaliseur. Supposons que tous les <strong>graphes</strong><br />

plans maximaux 3-dégénérés de taille n adm<strong>et</strong>tent un unique réaliseur.<br />

Soit G un graphe plan maximal 3-dégénéré de taille n +1.Soitv un somm<strong>et</strong> de<br />

degré 3 de G. Soit{u1,u2,u3} les voisins de v dans G.<br />

Soit G ′ = G \{v}. Parhypothèse de récurrence, G ′ adm<strong>et</strong> un unique réaliseur R ′ .<br />

Ce réaliseur R ′ ne contient pas de triangle tricolore. Quelle que soit la coloration de la<br />

face (u1,u2,u3) du réaliseur R ′ ,ilexisteune unique manière de colorier <strong>et</strong> d’orienter<br />

les arêtes (v, u1), (v, u2) <strong>et</strong> (v, u3), pourobtenirun réaliseur R de G àpartir de R ′ .Le<br />

somm<strong>et</strong> v ne possède pas d’arête entrante donc il ne peut pas appartenir à un triangle<br />

tricolore <strong>et</strong> donc R ne possède pas de triangle tricolore.<br />

Le treillis <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de G est donc réduit à un unique réaliseur R.<br />

Soit G un graphe plan maximal qui n’est pas 3-dégénéré. Soit G ′ le graphe obtenu<br />

après suppression récursive de tous les somm<strong>et</strong>s de degré 3. Le graphe plan G ′ est aussi<br />

plan maximal.<br />

Montrons dans un premier temps que G ′ contient un sous-graphe plan maximal G1<br />

de plus de 5 somm<strong>et</strong>s ne contenant pas K4.<br />

On peut remarquer que G ′ contient au moins 5 somm<strong>et</strong>s. Donc si G ′ ne contient pas<br />

K4, onprendG1 = G ′ .Sinon,soient u1,u2,u3,u4 quatre somm<strong>et</strong>s de G ′ qui forment<br />

une clique.<br />

C<strong>et</strong>te clique partitionne le plan en quatre composantes connexes, dont trois d’entre<br />

elles sont bornées. Soit (u1,u2,u3) la frontière de la composante du plan non bornée. Si<br />

toutes les composantes connexes bornées sont vi<strong>des</strong> (ne contiennent pas de somm<strong>et</strong>s)<br />

u4 serait de degré 3, ce qui est en contradiction avec la définition de G ′ . Supposons<br />

sans perte de généralité que la région bornée par le triangle (u1,u2,u4) ne soit pas<br />

vide. Soit G2 le graphe plan maximal contenu dans la région (u1,u2,u4) ayant pour<br />

face extérieure (u1,u2,u4). Cegraphe est au moins de taille 5 (dans le cas contraire le<br />

somm<strong>et</strong> interne serait de degré 3). En réitérant c<strong>et</strong>te construction sur G2 on obtient<br />

un graphe G1 qui ne contient pas K4.<br />

Soit (t0,t1,t2) les somm<strong>et</strong>s de la face extérieure de G ′ .Sices trois somm<strong>et</strong>s forment<br />

un triangle alors il est tricolore. Dans le cas contraire supposons, sans perte de généralité,<br />

que les arêtes (t1,t0) <strong>et</strong> (t2,t0) soient coloriées 0 <strong>et</strong> que (t2,t1) soit coloriée<br />

1. Soitu le voisin commun à t1 <strong>et</strong> t2 dans G1. D’aprèsla condition locale appliquée<br />

respectivement sur t2 <strong>et</strong> t1, clairement P2(u) =t2 <strong>et</strong> P1(u) =t1 (voir figure 21).<br />

Comme G ′ ne contient pas K4, u ′ = P0(u) = t0. Demême, soit P1(u ′ ) est différent<br />

de t1 soit P2(u ′ ) est différent de t2. Supposons donc que P1(u ′ ) = t1. Enappliquant


24 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

t 2<br />

u<br />

u’<br />

t 0<br />

Figure 21 – Illustration <strong>des</strong> notations de la preuve de la propriété 1.3.4.<br />

encore une fois la condition locale, on montre que P2(P1(u ′ )) = u, <strong>et</strong>doncqueG ′<br />

contient un triangle tricolore.<br />

Comme nous l’avons vu dans la première partie de la preuve, il est possible de<br />

construire un réaliseur R de G àpartir de R ′ .L<strong>et</strong>riangle tricolore de R ′ est également<br />

un triangle tricolore de R. DoncG adm<strong>et</strong> plusieurs <strong>réaliseurs</strong>.<br />

Propriété 1.3.5. Soit G un graphe plan maximal. Soit G ′ un autre <strong>des</strong>sin de G. Il<br />

existe une bijection entre R(G) <strong>et</strong> R(G ′ ).<br />

Démonstration. Pour montrer c<strong>et</strong>te propriété, nous allons considérer dans un premier<br />

temps que G possède comme face extérieure (v0,v1,v2) <strong>et</strong> que G ′ possède comme face<br />

extérieure (v ′ 0,v1,v2).End’autres termes, la face extérieure de G ′ est une face adjacente<br />

àlafaceextérieuredeG. SoitGR (resp. GL) lesous-graphe de G situé dans la région<br />

entourée par v ′ 0 v −→ 0, (v0,v1), (v1,v ′ 0) (resp. (v ′ ,0,v2), (v2,v0)v0 v ←− ′ 0)<br />

L’opération de r<strong>et</strong>ournement est définie comme suit :<br />

1. R<strong>et</strong>ourner les arêtes du chemin v ′ 0−→ 0 v0.<br />

2. Recolorier les arêtes de GL coloriées 0 en 1 <strong>et</strong> celles coloriées 1 en 0.<br />

3. Recolorier les arêtes de GR coloriées 0 en 2 <strong>et</strong> celles coloriées 2 en 0.<br />

v’ 0<br />

GRG GLL v 0<br />

G R<br />

Figure 22 – Opération de changement de face extérieure sur un réaliseur.<br />

C<strong>et</strong>te opération définit de manière évidente une bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> de G <strong>et</strong><br />

ceux de G ′ .Maintenant si la face extérieure de G ′ n’est pas voisine de la face extérieure<br />

u’’<br />

t 1<br />

G R<br />

G L


1.4. Généralisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> 25<br />

de G, ilexisteunesuitedefaces deux à deux adjacentes allant de la face extérieure de<br />

G à celle de G ′ .Onpeutconstruiredeproche en proche une bijection perm<strong>et</strong>tant de<br />

passer <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de G à ceux de G ′ .<br />

La figure 23 représente le réaliseur minimal d’un graphe plan G2. Cegraphe plan<br />

diffère de celui de la figure 18 uniquement par le choix de la face extérieure. Comme<br />

on peut le constater les deux treillis de <strong>réaliseurs</strong> ont bien le même nombre d’éléments.<br />

En revanche, ils ne sont pas isomorphes.<br />

13<br />

7<br />

8<br />

12<br />

14<br />

4<br />

6<br />

1<br />

2<br />

5<br />

3<br />

11<br />

9<br />

10<br />

R +(G (G2) 1<br />

3<br />

5<br />

6<br />

4<br />

3<br />

1<br />

5<br />

6 1<br />

R- (G (G2 )<br />

R + (G (G2 )<br />

Figure 23 – Graphe de la figure 18 avec une face extérieure différente. Le treillis qui lui<br />

est associé possède le même nombre d’éléments que celui du graphe d’origine.<br />

1.4 Généralisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong><br />

1.4.1 Réaliseurs d’un graphe plan triconnexe<br />

Définition 1.4.1. (Di Battista, Tamassia <strong>et</strong> Vismara) [BTV99]<br />

Soit G un graphe plan triconnexe. Un réaliseur R d’un graphe plan triconnexe G est<br />

un tripl<strong>et</strong> ( ¯ T0, ¯ T1, ¯ T2) d’arbres recouvrants de G vérifiant les propriétés suivantes :<br />

1. Les racines v0,v1 <strong>et</strong> v2 <strong>des</strong> 3 arbres recouvrants sont situées sur la face extérieure.<br />

2. Chaque arête de G appartient à un ou deux <strong>des</strong> arbres recouvrants.<br />

3. Si une arête (u, v) appartient à deux arbres recouvrants, alors si u est l’enfant de<br />

v dans le premier alors v est l’enfant de u dans le deuxième.<br />

4. Considérons les arêtes de G avec les orientations qu’elles ont dans les trois arbres<br />

recouvrants (i.e. vers la racine), <strong>et</strong> lorsqu’une arête appartient à deux arbres elle<br />

est considérée deux fois.<br />

6<br />

5<br />

4


26 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

(a) Chaque somm<strong>et</strong> de u, différent <strong>des</strong> trois racines, possède exactement trois<br />

arêtes sortantes. L’ordre circulaire <strong>des</strong> arêtes sortantes autour de u induit<br />

un ordre sur les arbres autour de u. Touslessomm<strong>et</strong>s différents <strong>des</strong> trois<br />

racines, ont le même ordre circulaire pour les arbres recouvrants.<br />

(b) Pour chaque somm<strong>et</strong> de G les arêtes entrantes qui appartiennent au même<br />

arbre recouvrant apparaissent de manière consécutive entre les arêtes sortantes<br />

<strong>des</strong> deux autres arbres recouvrants (la première <strong>et</strong> la dernière arête<br />

entrante pouvant coïncider avec les arêtes sortantes).<br />

5. Toutes les arêtes adjacentes à la racine vi de l’arbre Ti appartiennent à l’arbre<br />

Ti.<br />

2<br />

0 0 0<br />

v<br />

1<br />

1 2<br />

1 2 2<br />

0<br />

1<br />

2<br />

1 1<br />

0 0<br />

0<br />

v<br />

1<br />

0<br />

2<br />

1<br />

2 2<br />

2<br />

1 1<br />

Figure 24 – Condition locale généralisée<br />

La figure 25 représente un exemple de réaliseur triconnexe.<br />

v 2<br />

v 0<br />

1<br />

0 0<br />

1<br />

0<br />

v<br />

2<br />

0<br />

2 2<br />

Figure 25 – Exemple de réaliseur triconnexe<br />

Remarquons que si R =(T0,T1,T2) est un réaliseur d’un graphe plan maximal G,<br />

alors R ′ =( ¯ T0, ¯ T1, ¯ T2) est un réaliseur de G au sens de la définition 1.4.1.<br />

C<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d’obtenir <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins convexes (i.e. les faces sont représentées par<br />

<strong>des</strong> polygones convexes) [BTV99, Fel01a]. Il perm<strong>et</strong> également d’établir un schéma de<br />

routage tolérant aux pannes [BTV99, WNC99]. Ezra Miller [Mil02] <strong>et</strong> Felsner [Fel01b]<br />

quant à eux ont étudié les relations entre les <strong>réaliseurs</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> triconnexes <strong>et</strong><br />

certaines partitions planes. Plus récemment, Felsner a montré que l’ensemble <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong><br />

d’un graphe triconnexe avait également une structure de treillis distributif [Fel02].<br />

Ce dernier résultat généralise aux <strong>réaliseurs</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans triconnexes le résultat<br />

v 1


1.4. Généralisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> 27<br />

établi par de Mendez [Oss94] pour les <strong>réaliseurs</strong> de <strong>graphes</strong> plans maximaux (voir<br />

théorème 1.3.1).<br />

1.4.2 Arbres recouvrants ordonnés<br />

Une autre généralisation <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> aux <strong>graphes</strong> planaires connexe a été proposé<br />

par Chiang, Lin <strong>et</strong> Lu [CLL01].<br />

Soit T un arbre recouvrant d’un graphe plan G. Deux somm<strong>et</strong>s sont non-apparentés<br />

s’il ne sont pas ancêtres l’un de l’autre. Une arête de G est non-apparentée si elle relie<br />

deux somm<strong>et</strong>s non-apparentés.<br />

Définition 1.4.2. (Chiang, Lin <strong>et</strong> Lu, 2001) [CLL01]<br />

Soit u1,u2,...,un les somm<strong>et</strong>s de G dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique de T .<br />

Le somm<strong>et</strong> vi est ordonné dans G considérant T si les arêtes adjacentes de vi dans<br />

G se répartissent en 4 blocs (potentiellement vi<strong>des</strong>) autour de vi dans l’ordre antitrigonométrique<br />

(voir figure 26) :<br />

– BP (vi) :arêtevers le parent de vi dans T ;<br />

– Bi.<br />

La première arête de B> (resp. la dernière de B


28 Chapitre 1. Présentation <strong>des</strong> Réaliseurs<br />

2<br />

1<br />

6<br />

8<br />

3<br />

5<br />

7<br />

4<br />

2<br />

1<br />

6<br />

8<br />

3<br />

5<br />

Figure 27 – Exemple de graphe. Le premier <strong>des</strong>sin n’adm<strong>et</strong> pas d’arbre ordonné. Le<br />

second adm<strong>et</strong> un arbre ordonné.<br />

7<br />

4<br />

6<br />

2<br />

1<br />

3<br />

5<br />

8<br />

7<br />

4


Première partie<br />

Etude <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong><br />

29


Chapitre 2<br />

Extension du théorème de Wagner<br />

aux <strong>réaliseurs</strong><br />

Introduction<br />

Jusqu’à présent nous avons considéré les <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe donné. Dans ce<br />

chapitre, nous nous intéressons à l’ensemble <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de l’ensemble <strong>des</strong> <strong>graphes</strong><br />

plans maximaux de taille n. Decefait, un réaliseur n’est plus défini comme un tripl<strong>et</strong><br />

d’arbres recouvrants, mais tout simplement comme un tripl<strong>et</strong> d’arbres vérifiant<br />

certaines propriétés. Par la suite nous noterons l’ensemble <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de taille n :<br />

Rn.<br />

Dans ce chapitre une généralisation du théorème de Wagner aux <strong>réaliseurs</strong> est présentée.<br />

Wagner [Wag36] a montré que l’on peut transformer un graphe planaire maximal<br />

de taille n en n’importe quel autre de taille n uniquement en effectuant <strong>des</strong> transformations<br />

de diagonales, appelées flips diagonaux ou plus simplement flips. Unflipest une<br />

opération qui consiste à supprimer la diagonale (u1,u2) d’un quadrilatère (u1,u2,u3,u4)<br />

<strong>et</strong> la remplacer par la diagonale opposée (u2,u4) (voir figure 28). Pour que c<strong>et</strong>te opération<br />

soit possible il est nécessaire que u2 <strong>et</strong> u3 ne soient pas adjacents. Dans lecas<br />

contraire, l’opération de flip créerait une arête double entre u2 <strong>et</strong> u3. Ainsi, on peut<br />

obtenir tous les <strong>graphes</strong> planaires maximaux de taille n par <strong>des</strong> flips diagonaux. Ce<br />

théorème a été étendu aux triangulations du plan projectif, du tore ainsi que de la<br />

bouteille de Klein [Dew73, NW90]. Plus récemment Gao, Urrutia <strong>et</strong> Wang [GUW01]<br />

ont étudié les flips sur les <strong>graphes</strong> planaires maximaux étiqu<strong>et</strong>és. Ils ont montré que la<br />

distance (en nombre de flips) entre deux <strong>graphes</strong> planaires maximaux étiqu<strong>et</strong>és était<br />

O(n log(n)).<br />

Les flips sont également liés au théorème <strong>des</strong> 4 couleurs. Dans [Eli99], <strong>des</strong> flips<br />

diagonaux signés (voir figure 29) ont été utilisés pour définir <strong>des</strong> transformations entre<br />

<strong>des</strong> triangulations signées d’un polygone. Il a été montré que l’existence d’une suite de<br />

flips signés entre deux triangulations d’un polygone est équivalente à l’existence d’une<br />

4-coloration pour tous <strong>graphes</strong> planaires [Eli99, EGP00, GP00].<br />

31


32 Chapitre 2. Théorème de Wagner sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

u1<br />

u 2<br />

u 3<br />

u 4<br />

Figure 28 – Flip diagonal sur les <strong>graphes</strong> plans maximaux.<br />

u1<br />

u 2<br />

+<br />

+<br />

u 3<br />

u 4<br />

f<br />

f<br />

u1<br />

u1<br />

u 2<br />

u 3<br />

u 2<br />

- -<br />

u 3<br />

Figure 29 – Flip signé.<br />

Nous proposons une extension du théorème de Wagner aux <strong>réaliseurs</strong> de taille n.<br />

Pour ce faire, nous avons introduit deux nouvelles opérations : deux flips diagonaux<br />

coloriés. Nous avons montré que l’ensemble <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de taille n est un EPO.<br />

En utilisant ce résultat, nous avons aussi caractérisé le nombre de nœuds internes<br />

d’un réaliseur. Plus précisément, nous avons prouvé que ξ0+ξ1+ξ2−∆ =n−1 où ξj est<br />

le nombre de nœuds internes de l’arbre Ti <strong>et</strong> ∆ est le nombre de faces tricolores. Comme<br />

application de c<strong>et</strong> invariant, nous trouvons qu’un arbre recouvrant ordonné [CLL01],<br />

d’un graphe plan maximal, avec au plus ⌊ 2n+1−∆⌋<br />

feuilles peut être calculé en temps<br />

3<br />

linéaire. Grâce à la relation entre le nombre de nœuds internes <strong>et</strong> le nombre de faces<br />

tricolores nous montrons que le nombre d’arêtes flippables d’un réaliseur est d’au moins<br />

n − 4 − ∆.<br />

La section 2.1 présente les flips diagonaux ainsi que le théorème de Wagner. Dans<br />

la section 2.2 nous présentons une version colorié <strong>des</strong> flips diagonaux sur les <strong>réaliseurs</strong>.<br />

Enfin, dans la dernière section 2.3 nous établissons <strong>des</strong> relations entre le nombre d’arêtes<br />

flippables, le nombre de nœuds internes ainsi que le nombre de faces tricolores d’un<br />

réaliseur.<br />

2.1 Flips diagonaux <strong>et</strong> théorème de Wagner<br />

Définition 2.1.1. Soit G un graphe plan maximal. Soient u2,u1,u4 <strong>et</strong> u3,u4,u1 deux<br />

faces adjacentes, où u2 n’est pas un voisin de u3. Unflipdiagonal est l’opération qui<br />

consiste à supprimer l’arête (u1,u4) <strong>et</strong> à ajouter l’arête (u2,u3) (voir figure 28).<br />

On peut remarquer que la condition u2 n’est pas un voisin de u3 est nécessaire pour<br />

éviter d’avoir <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> avec <strong>des</strong> arêtes multiples.<br />

Théorème 2.1.1. (Wagner 1936) [Wag36]<br />

Soient G1 <strong>et</strong> G2 deux <strong>graphes</strong> planaires maximaux, possédant n somm<strong>et</strong>s. Il existe une<br />

u 4<br />

u 4


2.2. Flips diagonaux sur les <strong>réaliseurs</strong> 33<br />

Figure 30 – Exemple de séquence de flips perm<strong>et</strong>tant de passer d’un graphe planaire<br />

maximal à un autre de même taille.<br />

u1<br />

i-1<br />

u 2<br />

u 3<br />

u 4<br />

f1 ( u1<br />

i<br />

)<br />

u1<br />

u2 u u<br />

2<br />

2<br />

f2( u1)<br />

u4 u1 u4 u1<br />

i<br />

i-1 i+1<br />

i<br />

i i<br />

u 3<br />

i+1<br />

Figure 31 – Flips diagonaux sur les <strong>réaliseurs</strong>.<br />

séquence de flips diagonaux qui transforme G1 en G2.<br />

La figure 30 montre comment on peut passer d’un graphe planaire maximal à un<br />

autre.<br />

2.2 Flips diagonaux sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

Comme le montre la figure 31, nous proposons une version colorée <strong>des</strong> flips diagonaux<br />

pour les <strong>réaliseurs</strong> : f i 1 <strong>et</strong> f i 2.Onvoit aisément que si l’on applique un flip diagonal<br />

de type f i 1 ou de type f i 2,onobtientun nouveau réaliseur.<br />

Le choix du type de flip que l’on peut appliquer sur une arête dépend de la configuration<br />

du quadrilatère. Remarquons que si l’arête (u2,u1) est coloriée i − 1 <strong>et</strong> orientée<br />

vers u1 <strong>et</strong> que l’arête (u3,u1) est coloriée i+1 <strong>et</strong> orientée vers u1,alorsonpeutappliquer<br />

indifféremment le flip f i 1(u1) ou le flip f i 2(u1) (voir figure 32).<br />

En revanche, si l’arête (u2,u1) est coloriée i +1<strong>et</strong> orientée vers u2 <strong>et</strong> que l’arête<br />

(u3,u1) est coloriée i − 1 <strong>et</strong> orientée vers u3, l’arête (u1,u4) ne peut pas être flippée<br />

(voir figure 33). C’est ce qui rend le théorème de Wagner non trivial sur les <strong>réaliseurs</strong>.<br />

Propriété 2.2.1. Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur. Soit R ′ =(T ′ 0,T ′ 1,T ′ 2) un réaliseur<br />

obtenu à partir de R en appliquant un flip de type f i 1 (resp. f i 2). Les propriétés suivantes<br />

sont vérifiées : T ′<br />

i ccw Ti−1 (resp. T ′<br />

i cw Ti+1)<br />

Démonstration. Considérons le flip f i 1(u1) de la figure 31. L’arête (u1,u3) peut être<br />

coloriée i − 1 <strong>et</strong> orientée vers u3 ou coloriée i +1<strong>et</strong> orientée vers u1. Dansles deux<br />

cas, u1 < i−1<br />

ccw u3. Comme le nombre d’enfants de u1 dans l’arbre T ′<br />

i−1 est plus grand que<br />

dans l’arbre Ti−1, T ′<br />

i−1 >ccw Ti−1.<br />

u 3<br />

i<br />

u 3<br />

u 4


34 Chapitre 2. Théorème de Wagner sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

i-1<br />

u1<br />

i+1<br />

u 2<br />

i<br />

u 3<br />

f2 ( u1<br />

i<br />

u 4<br />

f1 ( u1<br />

i<br />

)<br />

Figure 32 – Configuration où il est possible d’appliquer un flip f i 1(u1) ou un flip f i 2(u1).<br />

i+1<br />

u1<br />

i-1<br />

u 2<br />

i<br />

u 3<br />

Figure 33 – Configuration où une arête ne peut pas être flippée.<br />

L’arête (u2,u4) peut être coloriée i <strong>et</strong> orientée vers u4 ou coloriée i +1<strong>et</strong> orientée<br />

vers u2. Danslesdeux cas, u4 < i cw u2. Comme le nombre d’enfants de u1 dans l’arbre<br />

T ′<br />

i est plus p<strong>et</strong>it que dans l’arbre Ti, T ′<br />

i


2.2. Flips diagonaux sur les <strong>réaliseurs</strong> 35<br />

13 6<br />

0<br />

3<br />

10<br />

2<br />

11<br />

7<br />

5<br />

1<br />

4<br />

9<br />

12<br />

Figure 34 – L’ensemble R6 muni <strong>des</strong> opérations f1.<br />

8


36 Chapitre 2. Théorème de Wagner sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

vi-1 vi+1 n-3<br />

v i<br />

Figure 35 – Le réaliseur D i n.<br />

transitivité :soientR1,R2 <strong>et</strong> R3 trois <strong>réaliseurs</strong> tels que R1(f i 1|f i+1<br />

1 ) ∗ R2(f i 1|f i+1<br />

1 ) ∗ R3.<br />

En concaténant les séquences qui transforment R1 en R2 <strong>et</strong> R2 en R3, onobtient une<br />

séquence de flips qui transforme R1 en R3. DoncR1(f i 1|f i+1<br />

1 ) ∗ R3.<br />

anti-symétrie : soient R = (T0,T1,T2) <strong>et</strong> R ′ = (T ′ 0,T ′ 1,T ′ 2) tels que<br />

R(f i 1|f i+1<br />

1 ) ∗ R ′ (f i 1|f i+1<br />

1 ) ∗ R.D’aprèsla propriété 2.2.1, Ti ≥cw T ′<br />

i ≥cw Ti. DoncTi = T ′<br />

i .<br />

Comme un réaliseur est entièrement défini par deux de ses arbres, R = R ′ .<br />

Soit D i n le réaliseur de taille n où tous les arbres Ti−1 <strong>et</strong> Ti+1 sont <strong>des</strong> arbres de<br />

profondeur 1 enracinés respectivement en vi−1 <strong>et</strong> vi+1 (voir figure 35).<br />

Lemme 2.2.2. D i−1<br />

n<br />

férieure. Le réaliseur D i−1<br />

n<br />

supérieure.<br />

est la borne supérieure de (Rn,fi 1|f i+1<br />

1 ) <strong>et</strong> Di+1 n la borne in-<br />

est la borne inférieure de (Rn,f i−1<br />

2 |f i 2) <strong>et</strong> Di+1 n la borne<br />

Démonstration. Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur de taille n. SiR = D i+1<br />

n<br />

alors soit Ti<br />

possède un nœud interne soit Ti−1 possède un nœud interne. Si Ti possède un nœud<br />

interne u1, alorsonpeut appliquer le flip f i+1<br />

1 (u1). Demanièresimilaire, si Ti−1 pos-<br />

sède un nœud interne u2 alors, on peut appliquer le flip f i 1(u2). Danslesdeux cas,<br />

R n’est pas un élément maximal de (Rn,f i 1|f i+1<br />

1 ). Donc l’unique élément maximal<br />

de (Rn,fi 1|f i+1<br />

1 ) est Di−1 n .Unraisonnement semblable montre que Di+1 n<br />

inférieure de (Rn,f i 1|f i+1<br />

1 ) <strong>et</strong> que (Rn,f i−1<br />

2 |f i 2) est borné par D i−1<br />

n<br />

<strong>et</strong> par D i+1<br />

n .<br />

est la borne<br />

Lemme 2.2.3. Il existe une séquence de flips qui transforme n’importe quel réaliseur<br />

en n’importe quel autre réaliseur de même taille.<br />

Démonstration. Soient R <strong>et</strong> R ′ deux <strong>réaliseurs</strong> de taille n. Comme D i−1<br />

n<br />

est l’unique<br />

élément maximum de (Rn,fi 1|f i+1<br />

1 ), ilexisteune séquence S1 de flips de type f i 1 <strong>et</strong> f i+1<br />

1<br />

qui transforme R en Di−1 n .Ilexisteaussi une séquence de flips de type f i 1 <strong>et</strong> f i+1<br />

1<br />

transforme R ′ en Di−1 n .Comme l’inverse d’un flip de type f i 1 est un flip de type f i−1<br />

2<br />

est un flip de type f i 2,ilexisteune séquence S2<br />

composée de flips de type f i−1<br />

2 <strong>et</strong> f i−1<br />

2 qui transforme Di−1 n en R ′ .Donclaconcaténation<br />

<strong>des</strong> séquences de flips S1 <strong>et</strong> S2 transforme R en R ′ .<br />

<strong>et</strong> que l’inverse d’un flip de type f i+1<br />

1<br />

qui


2.3. Faces tricolores, nœuds internes <strong>et</strong> arêtes flippables 37<br />

u 1<br />

u 3<br />

u 0<br />

∆<br />

u 2<br />

ξ’ 0 - ξ0 = 0<br />

ξ’ 1 - ξ1 = -1<br />

ξ’ 2 - ξ2 = 0<br />

∆’ -∆ = -1<br />

R R’<br />

u0 Figure 36 – Exemple de configuration de flip.<br />

Dans le précédent lemme, il était nécessaire d’utiliser <strong>des</strong> flips de type f1 <strong>et</strong> de type<br />

f2. L<strong>et</strong>héorème suivant utilise uniquement <strong>des</strong> flips de type f1.<br />

Théorème 2.2.1. Soient R1 <strong>et</strong> R2 deux <strong>réaliseurs</strong> de taille n. Ilexiste une séquence<br />

de flips composée uniquement de flips de type f1 qui transforme R1 en R2.<br />

Démonstration. Comme D 0 n est la borne supérieure de (Rn,f 1 1 |f 2 1 ), ilexisteune séquence<br />

S1 de flips de type f 1 1 <strong>et</strong> f 2 1 qui transforme R en D 0 n.Comme D 0 n est la borne<br />

supérieure de (Rn,f 1 1 |f 2 1 ), ilexisteuneséquencedeflipsd<strong>et</strong>ypef 1 2 <strong>et</strong> f 2 2 qui transforme<br />

R ′ en D 0 n.Doncilexisteune séquence S1 composée de flips de type f 0 1 <strong>et</strong> f 1 1 qui<br />

transforme D 0 n en R ′ .Laconcaténation de S1 <strong>et</strong> S2 est une séquence composée de flips<br />

de type f 0 1 ,f 1 1 <strong>et</strong> f 2 1 qui transforme R en R ′ .<br />

2.3 Relations entre le nombre de faces tricolores, le<br />

nombre de nœuds internes <strong>et</strong> le nombre d’arêtes<br />

flippables<br />

2.3.1 Nombre de nœuds internes<br />

On note ∆ le nombre de faces tricolores d’un réaliseur. On note également ξi le<br />

nombre de nœuds internes d’un arbre Ti.<br />

Lemme 2.3.1. Soit R un réaliseur. Soit R ′ obtenu en appliquant un flip de type f1<br />

sur le réaliseur R. Lasomme ξ0 + ξ1 + ξ2 − ∆ est identique pour les deux <strong>réaliseurs</strong>.<br />

Démonstration. Pour vérifier ce lemme, nous devons vérifier les différentes configurations<br />

de flipsd<strong>et</strong>ypef i 1 sur le quadrilatère <strong>et</strong> la face adjacente à l’arête rentrante<br />

(u1,u3).<br />

Si l’on considère la configuration de flip de la figure 36, nous pouvons voir que u2<br />

est un nœud interne de T1 mais qu’il n’est pas un nœud interne de T ′ 1.Deplus,R<br />

possède une face tricolore tandis que R ′ n’en possède pas. Donc le lemme est vérifié si<br />

l’on applique un flip de type f i 1 sur une telle configuration. Le tableau au centre de la<br />

figure 36 montre la différence du nombre de nœuds internes dans l’arbre T0,T1 <strong>et</strong> T2<br />

ainsi que la différence du nombre de faces tricolores.<br />

u 1<br />

u 3<br />

u 2


38 Chapitre 2. Théorème de Wagner sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

Les 32 configurations possibles de flips de type f i 1 ont été également considérées<br />

(voir figure 37). Pour les 32 configurations le lemme est vérifié.<br />

Théorème 2.3.1. Pour tout réaliseur R(T0,T1,T2) de taille n :<br />

ξ0 + ξ1 + ξ2 − ∆=n − 1.<br />

Démonstration. Puisque tous les <strong>réaliseurs</strong> de taille n peuvent être obtenus à partir<br />

de D 0 n,ilsuffitd’évaluer c<strong>et</strong>te somme sur ce dernier réaliseur. Le réaliseur D 0 n possède<br />

n − 3 nœuds internes dans l’arbre T0, unnœudinterne dans l’arbre T1 <strong>et</strong> un nœud<br />

interne dans l’arbre T2. Deplus, ce réaliseur ne possède aucune face tricolore (∆ =0).<br />

Donc ξ0 + ξ1 + ξ2 − ∆=n − 1.<br />

Récemment, Fraysseix <strong>et</strong> Ossona de Mendez [FO02] m’ont communiqué une preuve<br />

plus simple de ce théorème :<br />

Démonstration. On dit qu’un somm<strong>et</strong> est un pôle d’une face s’il possède deux arêtes<br />

sortantes sur c<strong>et</strong>te face. Clairement chaque face bicolore possède un unique pôle <strong>et</strong> les<br />

faces tricolores ne possèdent pas de pôle. De plus les faces internes portant une arête<br />

externe possèdent chacune un unique pôle. Si u est une feuille de l’arbre Ti, alorsu est<br />

le pôle de la face (u, Pi+1(u),Pi−1(u)). Ainsi le nombre de faces bicolores est égale au<br />

nombre de feuilles dans les arbres Ti. Lenombre de feuilles de l’arbre Ti vaut n−2−ξi.<br />

Comme les faces strictement-intérieures sont soit tricolores soit bicolores :<br />

2n − 5=∆+(n − 2 − ξ0)+(n − 2 − ξ1)+(n − 2 − ξ2).<br />

En simplifiant l’équation précédente on r<strong>et</strong>rouve la formule du théorème 2.3.1.<br />

Un arbre recouvrant ordonné (“orderly spanning tree” en anglais) [CLL01] d’un<br />

graphe plan maximal peut être obtenu à partir d’un arbre de Schnyder Ti en insérant<br />

l’arête (vi+1,vi) à Ti.<br />

Corollaire 2.3.1. Soit R un réaliseur d’un graphe plan maximal G. Unarbrerecouvrant<br />

ordonné de G ayant au plus ⌊ 2n+1−∆⌋<br />

feuilles peut être obtenu en temps linéaire<br />

3<br />

de R.<br />

Démonstration. Ce corollaire vient du fait que le nombre de feuilles d’un arbre de<br />

Schnyder Ti est n − 1 − ξi <strong>et</strong> qu’un arbre recouvrant ordonné obtenu à partir de Ti<br />

possède deux feuilles de plus, le somm<strong>et</strong> vi+1 <strong>et</strong> le somm<strong>et</strong> vi−1. Parmilestrois arbres<br />

de Schnyder, on prend l’arbre qui possède le moins de feuilles. Le théorème 2.3.1 nous<br />

assure que c<strong>et</strong> arbre possède au plus ⌊ 2n−5−∆⌋.<br />

3


2.3. Faces tricolores, nœuds internes <strong>et</strong> arêtes flippables 39<br />

-1<br />

-1<br />

0<br />

-2<br />

∆<br />

∆<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

∆<br />

-1<br />

∆ ∆<br />

0<br />

∆<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

0<br />

∆<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

∆<br />

∆<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

∆<br />

0<br />

+1<br />

+1<br />

∆ ∆<br />

∆<br />

0<br />

∆ 0<br />

∆ 0<br />

∆<br />

0<br />

+1<br />

0<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

∆<br />

-1<br />

+1<br />

0<br />

0<br />

∆<br />

0<br />

+1<br />

0<br />

+1<br />

0<br />

0<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

∆<br />

-1<br />

+1<br />

0<br />

0<br />

∆<br />

0<br />

+1<br />

0<br />

+1<br />

0<br />

0<br />

0<br />

0<br />

∆<br />

-1<br />

-1<br />

0<br />

-2<br />

∆<br />

∆<br />

∆<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

∆<br />

-1<br />

0<br />

∆ ∆<br />

∆<br />

0 ∆<br />

0<br />

∆<br />

∆<br />

∆<br />

∆<br />

-1<br />

0<br />

∆<br />

+1<br />

+1<br />

0<br />

0<br />

∆<br />

0<br />

+1<br />

+1<br />

∆<br />

∆ ∆<br />

∆<br />

0<br />

0 ∆ ∆ 0<br />

∆<br />

∆<br />

∆<br />

0 ∆ ∆<br />

0 ∆<br />

+1<br />

+2<br />

+1<br />

0<br />

∆<br />

0<br />

0<br />

0<br />

0<br />

+1<br />

0<br />

∆<br />

+1<br />

+1<br />

∆ 0 ∆<br />

0 ∆<br />

+2<br />

+1<br />

+1<br />

0<br />

0<br />

+1<br />

Figure 37 – 32 configurations de flips de type f1.<br />

∆<br />

∆<br />

∆<br />

-1<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

∆<br />

∆<br />

0<br />

0<br />

-1<br />

∆<br />

0<br />

+1<br />

∆<br />

+1<br />

0 ∆ 0<br />

0 ∆<br />

∆ ∆ ∆<br />

0<br />

+1<br />

0


40 Chapitre 2. Théorème de Wagner sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

2.3.2 Nombre d’arêtes flippables d’un réaliseur<br />

On dit qu’une arête est flippable si l’on peut appliquer un flip sur c<strong>et</strong>te arête.<br />

Plus formellement, une arête (u1,u4) bordant deux faces (u1,u4,u2) <strong>et</strong> (u1,u3,u4) est<br />

flippable si <strong>et</strong> seulement si u2 <strong>et</strong> u3 ne sont pas adjacents.<br />

Théorème 2.3.2. (Gao, Urrutia <strong>et</strong> Wang 2001) [GUW01]<br />

Tout graphe planaire maximal à n somm<strong>et</strong>s possède au moins n − 2 arêtes flippables.<br />

Dans le cas <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> la définition de flippable peut être adaptée. Soit e =<br />

(u1,u4) une arête coloriée i.<br />

On dit que e est f1-flippable si l’on peut appliquer l’opération f i 1(u1). Onditquee<br />

est flippable si l’on peut appliquer l’opération f i 1(u1) ou f i 2(u1).<br />

Théorème 2.3.3. Soit R un réaliseur possédant ∆ faces tricolores. Le nombre d’arêtes<br />

f1-flippables de R est n − 4+∆.<br />

Démonstration. Une arête (u1,u4) coloriée i est f1-flippable si <strong>et</strong> seulement si u1 est<br />

un nœud interne (autre que vi) dansl’arbre Ti−1. Donclenombre d’arêtes f1-flippables<br />

coloriées 0 est ξ2 − 1, lenombred’arêtes f1-flippables coloriées 1 est ξ0 − 1 <strong>et</strong> le nombre<br />

d’arêtes f1-flippables coloriées 2 est ξ1 − 1. L<strong>et</strong>héorème 2.3.1 nous perm<strong>et</strong> de conclure.<br />

2.4 Conclusion<br />

Dans ce chapitre nous avons proposé une extension du théorème de Wagner aux<br />

<strong>réaliseurs</strong>. A l’aide de ce théorème nous avons établi une relation entre le nombre de<br />

nœuds internes <strong>des</strong> arbres d’un réaliseur <strong>et</strong> le nombre de faces tricolores. C<strong>et</strong>te dernière<br />

relation précise l’inégalité proposée dans [CLL01].<br />

De plus, nous avons montré que (Rn,f i 1|f i+1<br />

1 ) avait une structure d’EPO borné.<br />

Naturellement, nous nous sommes demandé si (Rn,f i 1|f i+1<br />

1 ) avait une structure de<br />

treillis distributif. Malheureusement, nous avons constaté que ni (R6,f i 1|f i+1<br />

1 ), ni<br />

(Rn,f i 1|f i+1<br />

1 |f i+1<br />

2 ), ni(Rn,f i 1|f i+1<br />

2 ) n’avaient une telle structure de treillis. Toutefois,<br />

une question reste en suspens : (Rn,f i 1|f i+1<br />

1 |f i+1<br />

2 ) est-il également un EPO borné. Remarquons<br />

que cela est vrai pour n ≤ 6.<br />

Des questions restent encore à étudier : quelle est la distance (en termes de nombres<br />

de flips) qui sépare deux <strong>réaliseurs</strong> de taille n ?Gao, Urrutia <strong>et</strong> Wang [GUW01] ont<br />

étudié les flips diagonaux sur les <strong>graphes</strong> plans étiqu<strong>et</strong>és. Peut-on étendre leurs résultats<br />

aux <strong>réaliseurs</strong> étiqu<strong>et</strong>és ? Si oui, quelle est la distance qui sépare deux <strong>réaliseurs</strong><br />

étiqu<strong>et</strong>és ? Quelle est la distance qui sépare deux <strong>réaliseurs</strong> qui ne différent l’un de<br />

l’autre que par leur étiqu<strong>et</strong>age ? <strong>et</strong>c.<br />

La notion de flip diagonal s’applique naturellement aux cartes dont les faces sont<br />

<strong>des</strong> triangles. L’opération de flip diagonal colorié peut s’exprimer sous la forme de<br />

deux demi-flips (voir figure 38) : f i 1(u1) =fus i 1(u1) ◦ sep i−1<br />

1 (u2) <strong>et</strong> f i 2(u1) =fus i 2(u1) ◦<br />

sep i+1<br />

2 (u3). Nouspensons qu’une généralisation du théorème de Wagner aux <strong>réaliseurs</strong>


2.4. Conclusion 41<br />

de <strong>graphes</strong> triconnexes peut être proposée à l’aide <strong>des</strong> demi-flips. C<strong>et</strong>te généralisation<br />

serait la première qui s’appliquerait à <strong>des</strong> cartes dont les faces ne sont pas <strong>des</strong> triangles.<br />

u1<br />

u 2<br />

u 4<br />

fus1 ( u1<br />

i<br />

)<br />

Sep2( u1)<br />

i<br />

u1<br />

u2 u1 u4 u 4<br />

u 3<br />

fus2( u1)<br />

i<br />

Sep1 ( u1<br />

i<br />

Figure 38 – Opération de demi-flip sur les <strong>réaliseurs</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> triconnexes.<br />

)<br />

u1<br />

u 3<br />

u 4


42 Chapitre 2. Théorème de Wagner sur les <strong>réaliseurs</strong>


Chapitre 3<br />

Bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> <strong>et</strong> les<br />

paires de chemins de Dyck ne se<br />

coupant pas<br />

Introduction<br />

Un chemin de Dyck de longueur 2n est un chemin, composé de pas Nord-Est <strong>et</strong><br />

Sud-Est de longueur √ 2,partant du point (0, 0) <strong>et</strong> se terminant au point (2n, 0) <strong>et</strong><br />

restant dans le quart de plan positif. La paire (g, h) est une paire de cheminsde Dyck<br />

ne se coupant pas si h reste dans la partie du quart de plan situé au-<strong>des</strong>sus du chemin g<br />

(voir figure 39). De tels chemins ont été étudiés entre autre par D. Gouyou-Beauchamps<br />

[GB86, GB89]. Ils peuvent être vus comme un cas particulier <strong>des</strong> configurations étoilées<br />

[KGV00] que nous considérerons plus en détail dans le chapitre suivant.<br />

g=11010010, h=11101000<br />

Figure 39 – Exemple de chemins de Dyck ne se coupant pas.<br />

Dans ce chapitre nous établissons une bijection entre ces paires chemins <strong>et</strong> les<br />

<strong>réaliseurs</strong>. C<strong>et</strong>te bijection perm<strong>et</strong> l’énumération <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de taille n, ainsique<br />

leur génération exhaustive. De plus, c<strong>et</strong>te bijection nous perm<strong>et</strong> de déduire que le<br />

nombre moyen de faces tricolores d’un réaliseur est asymptotiquement de n/2+o(n).La<br />

génération aléatoire uniforme d’un réaliseur est aussi une application de c<strong>et</strong>te bijection,<br />

<strong>et</strong> sera développée dans le chapitre suivant.<br />

43


44 Chapitre 3. Bijection : <strong>réaliseurs</strong> ↔ paires de chemins de Dyck<br />

Le principe de la bijection est le suivant. A chaque réaliseur R on associe un réaliseur<br />

particulier Rc, appeléréaliseur étoile.Unréaliseur étoile est un réaliseur dont l’arbre T2<br />

est une étoile, i.e. dont tous les somm<strong>et</strong>s sont <strong>des</strong> voisins du somm<strong>et</strong> v2 (voir figure 40).<br />

Nous montrons qu’un réaliseur R est entièrement défini par son réaliseur étoile Rc muni<br />

d’une séquence particulière de flips, appelée séquence préfixe de flips, transformant Rc<br />

en R. Leréaliseur étoile <strong>et</strong> la séquence de flips peuvent être codés à l’aide d’une paire<br />

de chemins de Dyck ne se coupant pas.<br />

v 2<br />

v 0<br />

R c<br />

v 1<br />

Figure 40 – Exemple de réaliseur étoile.<br />

Le réaliseur étoile est entièrement défini par son arbre T0. L’arbre T0 est codé par<br />

le premier chemin de Dyck, le second codant la séquence de flips.<br />

Ce chapitre est organisé de la manière suivante : la section 3.1 est une présentation<br />

<strong>des</strong> chemins de Dyck ne se coupant pas ainsi que de leur énumération, la section 3.2<br />

introduit les <strong>réaliseurs</strong> étoiles ainsi que les séquences préfixes de flips, la section 3.3<br />

présente une bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> <strong>et</strong> les chemins de Dyck ne se coupant pas, <strong>et</strong><br />

la section 3.4 propose quelques applications de c<strong>et</strong>te bijection.<br />

3.1 Chemins de Dyck qui ne se coupent pas<br />

Soit un ensemble fini appelé alphab<strong>et</strong> où les éléments sont appelés l<strong>et</strong>tres. Ici,nous<br />

utiliserons l’alphab<strong>et</strong> A = {1, 0}. Unmot f est une séquence finie de l<strong>et</strong>tres f1f2 ...fn.<br />

L’ensemble A ∗ de tous les mots sur l’alphab<strong>et</strong> est équipé de l’opération concaténation<br />

qui m<strong>et</strong> bout à bout deux mots. La longueur d’un mot, notée|f|, est le nombre de<br />

l<strong>et</strong>tres de f. Pour une l<strong>et</strong>tre x, onnote|f|x le nombre d’occurrences de x dans le mot<br />

f. Unmotf ′ est un facteur gauche de f s’il existe un mot f ′′ tel que f = f ′ f ′′ .Un<br />

morphisme δ de A ∗ vers N est défini par δ(1) = 1, δ(0) = −1 <strong>et</strong> δ(f ′ f ′′ )=δ(f ′ )+δ(f ′′ ).<br />

Le langage de Dyck D est défini de la manière suivante : D = {f ∈ A ∗ |δ(f) =0<strong>et</strong> ∀f ′<br />

facteur gauche de f,δ(f ′ ) ≥ 0}. Nousnotons Dn = D ∩ A 2n .Nous notons également<br />

open(k, f) la position de la k-ième "1" de f.<br />

Un chemin de Dyck est un chemin codé par un mot de Dyck de la manière suivante :<br />

un pas Nord-Est est codé par un "1" <strong>et</strong> un pas Sud-est est codé par un "0". Ces chemins<br />

partent du point (0, 0),n<strong>et</strong>raversent jamais l’axe <strong>des</strong> abscisses <strong>et</strong> terminent sur l’axe <strong>des</strong><br />

abscisses. De manière classique, les mots de Dyck de longueur 2n − 2 sont utilisés pour<br />

coder les arbres enracinés ordonnés de taille n. Lafigure41 montre un arbre enraciné


3.2. Réaliseurs étoiles <strong>et</strong> séquences préfixes de flips 45<br />

ordonné ainsi que le mot de Dyck le codant. On appelle pic d’un chemin de Dyck, un<br />

pas Nord-Est suivit d’un pas Sud-Est. Dans un mot de Dyck, un pic correspond au<br />

motif 10. Siunarbre T est codé par un mot de Dyck f alors le nombre de feuilles de<br />

T correspond au nombre de pics de f. Danslafigure 41, on peut observer que l’arbre<br />

<strong>des</strong>siné comporte trois feuilles <strong>et</strong> que le mot qui le code comporte trois pics.<br />

Une paire (g, h) de Dn × Dn est une paire de cheminsdeDycknesecoupantpassi<br />

pour tout g ′ <strong>et</strong> h ′ respectivement facteurs gauches de g <strong>et</strong> h tels que |g ′ | = |h ′ |,alors<br />

δ(h ′ ) ≥ δ(g ′ ).<br />

On note Vn l’ensemble <strong>des</strong> paires de chemins de Dyck de longueur 2n ne se coupant<br />

pas . De manière naturelle, une paire de mots de Dycknesecoupantpasest une paire<br />

de mots de Dyck codant deux chemins de Dyck ne se coupant pas. La figure 39 montre<br />

un exemple de paire de Chemins de Dyck ne se coupant pas.<br />

11010010<br />

Figure 41 – Codage d’un arbre ordonné enraciné à l’aide d’un mot de Dyck.<br />

Pour en terminer avec la présentation <strong>des</strong> paires de chemins de Dyck qui ne se<br />

coupent pas, rappelons que ces paires de chemins sont énumérées par une différence de<br />

produits de Catalan :<br />

Théorème 3.1.1. (Gouyou-Beauchamps 1986) [GB86]<br />

Le nombre de paires de chemins de Dyck qui ne se coupent pas de longueur 2n est :<br />

|Vn| = Cn+2Cn − C 2 n+1,<br />

où Cn désigne le nombre de Catalan (2n)!<br />

n!(n+1)! .<br />

Les premières valeurs de |Vn| sont 1, 1, 3, 14, 84, 594, 4719,....<br />

3.2 Réaliseurs étoiles <strong>et</strong> séquences préfixes de flips<br />

Dans c<strong>et</strong>te section, nous présentons une classe particulière de <strong>réaliseurs</strong>, les <strong>réaliseurs</strong><br />

étoiles ainsi qu’une manière canonique de transformer n’importe quel réaliseur<br />

en un réaliseur étoile. C<strong>et</strong>te transformation canonique est appelée séquence préfixe de<br />

flips.<br />

3.2.1 Réaliseurs étoiles<br />

Définition 3.2.1. Un réaliseur étoile Rc =(T0,T ′ 1,En−2) est un réaliseuroùEn−2 est<br />

une étoile de taille n − 2 dont toutes les arêtes sont orientées vers le centre de l’étoile<br />

v2, i.e. En−2 est un arbre enraciné de profondeur 1.


46 Chapitre 3. Bijection : <strong>réaliseurs</strong> ↔ paires de chemins de Dyck<br />

Dans le premier réaliseur de la figure 43, le somm<strong>et</strong> v2 est voisin de tous les somm<strong>et</strong>s<br />

internes du graphe. Donc ce réaliseur est un réaliseur étoile.<br />

Propriété 3.2.1. Soit T0 un arbre ordonné enraciné de taille n−2. Ilexiste un unique<br />

arbre T ′ 1 tel que Rc =(T0,T ′ 1,En−2) soit un réaliseur étoile.<br />

Démonstration. Tout d’abord, on peut remarquer qu’il y a une unique manière de<br />

connecter T0 <strong>et</strong> En−2 : l’ordre préfixe anti-trigonométrique de T0 correspond à l’ordre<br />

trigonométrique autour de v2. Unefois que T0 <strong>et</strong> En−2 sont connectés, nous obtenons<br />

un graphe plan. Soit Fk = (v2,ui,ui1,ui2,...,uit,ui+1) une face de ce graphe<br />

plan (voir figure 42). Les parents dans T ′ 1 <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s ui,ui1,ui2,...,uit−1 doivent<br />

être <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s de c<strong>et</strong>te face. C’est la seule manière de satisfaire la condition locale<br />

(voir définition 1.2.1). Pour la même raison, le seul somm<strong>et</strong> qui peut être le parent<br />

de ui,ui1,ui2,...,uit−1 est le somm<strong>et</strong> ui+1. Pour chaque somm<strong>et</strong> ui, seul un somm<strong>et</strong><br />

peut être le parent de uk dans T ′ 1 sans violer la condition locale de la définition d’un<br />

réaliseur. Donc il existe un seul arbre T ′ 1 tel que Rc =(T0,T ′ 1,En−2) soit un réaliseur.<br />

v 2<br />

u i<br />

u i1 ui2<br />

u i+1<br />

u it<br />

v 2<br />

u i<br />

u i1 ui2<br />

a. b.<br />

Figure 42 – a. Une face du graphe plan obtenue à partir de la connexion de T0 <strong>et</strong> En−2.<br />

b. La même face, avec les arêtes de T ′ 1 dedans.<br />

Par la suite,ondiraqueRc =(T ′ 0,T ′ 1,En−2) est le réaliseur étoile associé au réaliseur<br />

R =(T0,T1,T2) si T0 = T ′ 0. Bien évidemment, le graphe sous-jacent à Rc n’est pas<br />

forcément le même que le graphe sous-jacent à R.<br />

Apartir de la construction précédente de l’arbre T ′ 1,onpeutdéduire la propriété<br />

suivante.<br />

Propriété 3.2.2. Soit Rc =(T0,T ′ 1,T2) un réaliseur étoile. Soit Gc le graphe plan<br />

maximal associé à Rc. Soient u1,u2 ...,un−3 les somm<strong>et</strong>s internes de Gc dans l’ordre<br />

préfixe anti-trigonométrique de T0. Lenombred’enfants de uk dans T ′ 1 est égal au<br />

nombre de somm<strong>et</strong>s de la branche droite de son frère gauche dans T0.<br />

Par lasuite, nous utiliserons c<strong>et</strong>te propriété pour calculer le nombre de flips diagonaux<br />

que l’on peut appliquer sur un somm<strong>et</strong> d’un réaliseur.<br />

3.2.2 Séquence préfixe de flips<br />

Définition 3.2.2. Soit Rc =(T0,T ′ 1,En−2) un réaliseur étoile. Une séquence préfixe<br />

de flips, ou SPF, est une séquence de flips (f 2 1 (u1),f 2 1 (u2),...,f 2 1 (up)) qui peut être<br />

u i+1<br />

u it


3.2. Réaliseurs étoiles <strong>et</strong> séquences préfixes de flips 47<br />

appliquée à Rc tel que pour tout i, j : ik+1,laliste d’adjacence de ui n’est pas<br />

changée.<br />

Donc dans une séquence préfixe, à chaque fois qu’un flip f 2 1 (uk) est effectué, le<br />

nombre d’enfants de uk dans T1 est décrémenté <strong>et</strong> le nombre d’enfants de uk+1 dans T1<br />

est incrémenté.<br />

u 2<br />

u 3<br />

u 4<br />

v 0<br />

v 1


48 Chapitre 3. Bijection : <strong>réaliseurs</strong> ↔ paires de chemins de Dyck<br />

La propriété 3.2.3 peut aussi s’exprimer de la manière suivante :<br />

#f(uk) =|Ch ′ 1(uk)| +#f(uk−1) −|Ch1(uk)|.<br />

Lemme 3.2.1. Soient R =(T0,T1,T2) un réaliseur <strong>et</strong> Rc =(T0,T ′ 1,En−2) son réaliseur<br />

étoile associé. Il existe une unique SPF Scw qui transforme Rc en R.<br />

Démonstration. Existence : Soit R un réaliseur. Considérons l’algorithme suivant<br />

:<br />

pour chaque somm<strong>et</strong> uk dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique de T0 faire<br />

tant que uk n’est pas un voisin de v2 faire<br />

Effectuer le flip f 1 2 (P2(uk))<br />

fin tant que<br />

fin pour<br />

On ne peut pas opérer un nombre infini de fois le flip f 1 2 (P2(uk)). Doncl’algorithme<br />

termine. Quand l’algorithme termine, un réaliseur étoile est obtenu, puisque tous les<br />

somm<strong>et</strong>s internes de G sont voisins de v2. L’inverse d’un flip f 1 2 (P2(uk)) est un flip<br />

f 2 1 (uk) (voir figure 31). La séquence inverse de la séquence de flips construite par le<br />

précédent algorithme est une séquence préfixe. Donc, pour chaque réaliseur R, ilexiste<br />

une séquence préfixe de flips qui transforme Rc en R.<br />

Unicité :Deux<strong>réaliseurs</strong> ayant <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> étoiles différents ne peuvent être identiques<br />

puisqu’il n’ont pas le même arbre T0. SoientScw1 <strong>et</strong> Scw2 deux SPF. Soient R1<br />

(resp. R2) leréaliseur obtenu en appliquant Scw1 (resp. Scw1) auréaliseur Rc. Soitk le<br />

plus p<strong>et</strong>it indice pour lequel les deux séquences n’appliquent pas le même nombre de<br />

flips sur le somm<strong>et</strong> uk. Lapropriété 3.2.3 nous dit que |Ch1(uk)| dans R1 est différent<br />

de |Ch1(uk)| dans R2. Doncsil’on applique deux SPF différentes sur un réaliseur étoile<br />

Rc, onobtientdeux <strong>réaliseurs</strong> différents.<br />

Considérons la séquence de flips (f 2 1 (u4),f 2 1 (u3)) (voir figure 44). C<strong>et</strong>te séquence<br />

(qui n’est pas une SPF) appliquée sur le réaliseur étoile Rc de la figure 43, donne le<br />

même réaliseur R, quecelui obtenu par la séquence préfixe de flips (0, 0, 1, 2). Bien<br />

v 2<br />

u2 u1 u 3<br />

v 0<br />

u 4<br />

v 1<br />

v 2<br />

u 2<br />

u 1<br />

u 3<br />

u 4<br />

v v<br />

1<br />

2<br />

R 2<br />

2<br />

c f )<br />

) R<br />

f<br />

1 ( 4 u<br />

v 0<br />

( 1 3 u<br />

Figure 44 – Séquence non-préfixe de flips (f 2 1 (u4),f 2 1 (u3)).<br />

qu’il existe plusieurs séquences de flips transformant Rc en R, ilexisteune seule SPF<br />

transformant Rc en R.<br />

Propriété 3.2.4. Soient R =(T0,T1,T2) <strong>et</strong> R ′ =(T0,T1,T ′ 2) deux <strong>réaliseurs</strong>. Alors<br />

T2 = T ′ 2.<br />

u 2<br />

u 1<br />

u 3<br />

u 4<br />

v 0<br />

v 1


3.3. Algorithmes de codage <strong>et</strong> décodage d’un réaliseur 49<br />

Démonstration. Nous avons déjà vu que la propriété était vraie pour les <strong>réaliseurs</strong><br />

étoiles (voir propriété 3.2.1). Montrons par l’absurde qu’elle est vraie pour tous les <strong>réaliseurs</strong>.<br />

Supposons donc que T2 = T ′ 2.Les<strong>réaliseurs</strong> R <strong>et</strong> R ′ partagent le même réaliseur<br />

étoile Rc,maisontdeux SPF différentes S <strong>et</strong> S ′ .Soituk,lepremier somm<strong>et</strong> dans l’ordre<br />

anti-trigonométrique de T0 tel que #f(uk) = #f ′ (uk). D’après la propriété 3.2.2, ceci<br />

implique |Ch1(uk)| dans R est différent de |Ch1(uk)| dans R ′ .Ceci est en contradiction<br />

avec le fait que R <strong>et</strong> R ′ partagent le même arbre T1.<br />

3.3 Algorithmes de codage <strong>et</strong> décodage d’un réaliseur<br />

à l’aide de mots de Dyck<br />

Dans c<strong>et</strong>te section nous présentons une bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> de taille n <strong>et</strong> les<br />

paires de chemins de Dyck qui ne se coupent pas de longueur 2n − 6. Pourdémontrer<br />

ce résultat nous présentons un algorithme qui code un réaliseur de taille n en une paire<br />

de chemins de Dyck de longueur 2n − 6, puis un algorithme de décodage. Ces deux<br />

algorithmes ont une complexité linéaire.<br />

3.3.1 Algorithme de codage<br />

Algorithme 1 algorithme de codage.<br />

Construire le réaliseur étoile Rc associé à R<br />

Coder l’arbre T0 avec un mot de Dyck g.<br />

h ← g<br />

pour chaque somm<strong>et</strong> uk dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique de T0 faire<br />

#f(uk) ←|Ch ′ 1(uk)|−|Ch1(uk)| +#f(uk−1)<br />

Déplacer open(k, h) de #f(uk) rang vers la gauche h.<br />

fin pour<br />

Propriété 3.3.1. Dans l’algorithme 1, le nombre de flips appliqués sur le somm<strong>et</strong> uk<br />

est inférieur ou égal au nombre de "0" consécutifs qui précèdent open(k, h) dans h.<br />

Démonstration. Lorsqu’aucun flip n’a été effectué, h = g. Lenombre de "0" consécutifs<br />

juste avant open(k, h) dans h est exactement le nombre de somm<strong>et</strong>s de la branche droite<br />

de son frère gauche. |Ch ′ 1(uk)| est égal au nombre de somm<strong>et</strong>s de la branche droite de<br />

son frère gauche (voir propriété 3.2.2). Comme #f(uk) ≤|Ch ′ 1(uk)|, lapropriété est<br />

satisfaite.<br />

Supposons maintenant que la propriété soit vérifiée pour i ≤ k − 1. Lenombre<br />

de "0" consécutifs juste avant open(k, h) est |Ch ′ 1(uk)| +#f(uk−1). Comme #f(uk) ≤<br />

|Ch ′ 1(uk)|+#f(uk−1) (voir propriété 3.2.3), la propriété est aussi vérifiée pour i = k.


50 Chapitre 3. Bijection : <strong>réaliseurs</strong> ↔ paires de chemins de Dyck<br />

Lemme 3.3.1. L’algorithme 1 code un réaliseur R de taille n avec une paire de chemins<br />

de Dyck ne se coupantpas de longueur 2n − 6. Deplus,c<strong>et</strong>algorithme est linéaire.<br />

Démonstration. On peut remarquer dans un premier temps que les mots g <strong>et</strong> h produits<br />

par l’algorithme sont <strong>des</strong> mots de Dyck qui ne se coupent pas.<br />

Montrons donc que l’algorithme définit une fonction injective. C’est à dire que<br />

deux <strong>réaliseurs</strong> différents sont codés par deux paires de chemins différentes. Soit R =<br />

(T0,T1,T2) <strong>et</strong> R ′ =(T ′ 0,T ′ 1,T ′ 2) deux <strong>réaliseurs</strong> différents. Soit (g, h) (resp. (g ′ ,h ′ ))la<br />

paire de chemins de Dyck ne se coupant pas obtenue à partir de l’algorithme précédent<br />

depuis le réaliseur R (resp. R ′ ). Si T0 = T ′ 0 alors g est différent de g ′ .SoitSf (resp.<br />

S ′ f )laséquence préfixe de flips associée au réaliseur R (resp. R′ ). Soit k le premier<br />

indice tel que #f(uk) = #f ′ (uk). Aprèslek-ième passage dans la boucle, open(k, h) =<br />

open(k, h ′ ).Durantlereste de l’exécution de l’algorithme, open(k, h) <strong>et</strong> open(k, h ′ ) ne<br />

seront pas changés, donc h = h ′ .Enconséquence, pour deux <strong>réaliseurs</strong> différents on<br />

construit deux paires de chemins de Dyck ne se coupant pas différentes. L’algorithme 1<br />

est un algorithme de codage <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong>.<br />

Complexité :pour la construction du réaliseur étoile, chaque somm<strong>et</strong> de T0 est<br />

connecté avec une arête sortante dans T2 vers le somm<strong>et</strong> v2 <strong>et</strong> avec <strong>des</strong> arêtes entrantes<br />

dans T1 depuis tous les somm<strong>et</strong>s de la branche droite de son frère gauche. Une telle<br />

construction peut être réalisée en temps linéaire. Le codage de l’arbre T0 s’effectue de<br />

manière classique en temps linéaire. Le traitement de chaque somm<strong>et</strong> uk consiste à<br />

calculer le nombre de flips sur le somm<strong>et</strong> uk <strong>et</strong> à intervertir deux l<strong>et</strong>tres dans le mot<br />

h. Ceci s’effectue en temps constant. Au final, l’algorithme est linéaire.<br />

Pour coder le réaliseur R de la figure 43, il faut coder son réaliseur étoile Rc associé<br />

ainsi que la séquence préfixe de flips : (0, 0, 1, 2). L’arbre T0 de R est celui représenté<br />

par la figure 41. Le mot de Dyck qui lui est associé est g = 11010010. Pourcoderla<br />

SPF, nous devons déplacer le troisième "1" d’un pas vers la gauche <strong>et</strong> le quatrième "1"<br />

de deux pas vers la gauche pour obtenir le deuxième mot : h = 11101000. Leréaliseur<br />

R de la figure 43 est donc codé par la paire de chemins de Dyck ne se coupant pas<br />

(g, h).<br />

3.3.2 Algorithme de décodage<br />

Soit (g, h) une paire de chemins de Dyck ne se coupant pas.<br />

Pour détailler l’algorithme de décodage d’un réaliseur, définissons au préalable<br />

quelques fonctions élémentaires. La fonction concat(L1, L2) ajoute à la fin de la liste<br />

L1 tous les éléments de la liste L2 <strong>et</strong> la liste résultante est renvoyée par c<strong>et</strong>te fonction.<br />

La fonction Split(L, i) supprime les i derniers éléments de la liste L <strong>et</strong> renvoie une liste<br />

contenant ces i éléments. La procédure AddFirst(L, e) ajoute l’élément e au début de<br />

la liste L. Naturellement, Del(L, i) supprime le i-ième élément de la liste L.<br />

Lemme 3.3.2. L’algorithme 2 calcule en temps linéaire un réaliseur R de taille n à<br />

partir d’une paire de chemins de Dyck ne se coupant pas de longueur 2n − 6.


3.4. Comportement asymptotique <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> 51<br />

Algorithme 2 Algorithme de décodage.<br />

Construire l’arbre T0 associé à g<br />

Construire le réaliseur étoile Rc =(T0,T ′ 1,En−2)<br />

R =(T0,T1,T2) ← Rc<br />

pour chaque somm<strong>et</strong> uk dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique de T0 faire<br />

#f(uk) ← open(g, k) − open(h, k)<br />

L ← Split(Ch1(uk), #f(uk))<br />

Ch1(uk+1) ← Concat(Ch1(uk+1),L)<br />

Del(Ch2(P2(uk)),uk)<br />

AddF irst(Ch2(Ch1(uk+1, 0)),uk)<br />

fin pour<br />

Démonstration. Validité :Comme h ≥ g alors 0 ≤ #f(uk) ≤|Ch ′ 1(uk)| +#f(uk−1)<br />

code un réaliseur étoile ainsi qu’une SPF valide. De plus, l’algorithme 2 construit le<br />

réaliseur codé par l’algorithme 1.<br />

Complexité :comme dans l’algorithme de codage, la construction du réaliseur étoile<br />

s’effectue en temps linéaire. L’algorithme utilise <strong>des</strong> listes chaînées pour stocker la liste<br />

<strong>des</strong> enfants de chaque somm<strong>et</strong> dans chacun <strong>des</strong> arbres du réaliseur. L’opération Split<br />

s’effectue en O(|Ch1(uk)|) opérations élémentaires. Globalement, les opérations Split<br />

s’effectue en O(m) =O(n) opérations élémentaires. Les autres instructions de la boucle<br />

prennent O(1) opérations. Donc, globalement l’algorithme est linéaire.<br />

Le théorème suivant découle directement <strong>des</strong> lemmes 3.3.1 <strong>et</strong> 3.3.2 :<br />

Théorème 3.3.1. L’ensemble <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de taille n est en bijection avec l’ensemble<br />

<strong>des</strong> paires de chemins de Dyck qui ne se coupent pas de longueur 2n − 6.<br />

Corollaire 3.3.1. Le nombre de <strong>réaliseurs</strong> de taille n est :<br />

|Rn| = |Vn−3| = Cn−3Cn−1 − C 2 n−2.<br />

3.4 Comportement asymptotique <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong><br />

Théorème 3.4.1. Asymptotiquement, le nombre de <strong>réaliseurs</strong> de taille n est :<br />

<br />

3<br />

|Rn| ∼<br />

512πn5 <br />

2 4n .<br />

Démonstration. Le développement asymptotique <strong>des</strong> nombres de Catalan est le suivant<br />

:<br />

Cn = 4n<br />

<br />

√ 1 −<br />

πn3 9<br />

<br />

145 1<br />

+ + O( )<br />

8n 128n2 n3 En utilisant c<strong>et</strong>te expression de Cn dans la formule de |Rn|, onobtient le résultat.


52 Chapitre 3. Bijection : <strong>réaliseurs</strong> ↔ paires de chemins de Dyck<br />

Le précédent théorème nous perm<strong>et</strong> d’affirmer qu’il faut au moins 4n + O(log(n))<br />

bits pour coder un réaliseur de taille n. Donc l’algorithme de codage présenté ici ainsi<br />

que celui présenté dans [CGH + 98] sont optimaux en nombre de bits.<br />

Le nombre de <strong>graphes</strong> plans maximaux de taille n étant le suivant [Tut62] :<br />

Tn =<br />

2(4n − 11)!<br />

(n − 2)!(3n − 7)! ,<br />

nous pouvons évaluer le nombre moyen de <strong>réaliseurs</strong> d’un graphe plan maximal :<br />

|Rn|<br />

|Tn|<br />

= 3(n − 1)(3n − 7)!(2n − 4)!2<br />

2n(2n − 5)(4n − 11)!(n − 1)! 4 =2(4−3log 2 (3))n+o(n) ≈ 2 0,759n .<br />

Théorème 3.4.2. Le nombre moyen de nœuds internes ξi d’un arbre Ti d’un réaliseur<br />

est :<br />

ξi = n/2+o(n).<br />

Démonstration. Comme nous l’avons vu, le chemin du bas code l’arbre T0. Deplus, le<br />

nombre de nœuds internes de T0 est égal à n − k où k correspond au nombre de pics<br />

du chemin du bas. Nous allons donc montrer que le nombre moyen de pics du chemin<br />

du bas d’une paire de chemins de longueur 2n est n/2+o(n).<br />

Soit Vn(k) l’ensemble <strong>des</strong> paires de chemins de Dyck de longueur 2n dont le premier<br />

chemin possède k pics. Soit ¯ k le nombre moyen de pics du chemin du bas dans une<br />

paire de chemins de Dyck :<br />

¯k =<br />

n−1<br />

k=1 kVn(k)<br />

Soit V ′<br />

n l’ensemble <strong>des</strong> paires de chemins de Dyck dont le chemin du bas possède<br />

entre n/2 − n3/4 <strong>et</strong> n/2+n3/4 pics.<br />

En considérant séparément les éléments de V ′<br />

n <strong>et</strong> ceux de Vn \ V ′<br />

n, nouspouvons<br />

borner ¯ k :<br />

(n/2 − n 3/4 ′ |V<br />

)<br />

n|<br />

|Vn| ≤ ¯ k ≤ (n/2+n 3/4 ′ |V<br />

)<br />

n|<br />

|Vn| + n|Vn \ V ′<br />

n|<br />

|Vn|<br />

Le nombre de chemins de Dyck de longueur 2n avec k pics est donné par les nombres<br />

de Narayana [Nar59] u(n, k) :<br />

u(n, k) = 1<br />

<br />

n +1 n − 1<br />

.<br />

n +1 k n − k<br />

Il est clair que le nombre de paires de chemins qui ne se coupent pas dont le premier<br />

possède k pics est plus p<strong>et</strong>it que le nombre de paires de chemins (se coupant ou pas)<br />

dont le premier possède k pics :<br />

Vn<br />

Vn(k) ≤ u(n, k).Cn


3.4. Comportement asymptotique <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> 53<br />

Comme<br />

|V ′<br />

n|<br />

|Vn| ≥ u(n, n/2+n3/4 ).Cn<br />

Vn<br />

nous pouvons borner ¯ k de la manière suivante :<br />

d’où ¯ k = n/2+o(n).<br />

=1− O(n3/2 )<br />

e 4√ n<br />

(n/2 − n 3/4 )(1 − o(1)) ≤ ¯ k ≤ (n/2+n 3/4 )+no(1)<br />

Théorème 3.4.3. Le nombre moyen de faces tricolores ∆ d’un réaliseur de taille n<br />

est :<br />

∆=n/2+o(n).<br />

Démonstration. Utilisons le même raisonnement que pour la preuve du théorème 3.4.2,<br />

non plus sur T0, maissurl’arbre Ti qui possède le moins de nœuds internes.<br />

En eff<strong>et</strong>, on peut coder un réaliseur avec 2 arbres. Ensuite, on indique quel est<br />

l’arbre du réaliseur utilisé pour le codage (3 possibilités).<br />

La même argumentation nous montre que le nombre moyen de nœuds internes, noté<br />

ξmin, del’arbre Ti possédant le moins de nœuds internes parmi T0,T1 <strong>et</strong> T2 tend vers<br />

n/2 +O( √ n). Delamême manière, le nombre moyen de nœuds internes de l’arbre<br />

T ′<br />

i possédant le moins de nœuds internes parmi T0,T1,T2, notéξmax, tendaussi vers<br />

n/2+O( √ n).<br />

D’après la formule du théorème de Wagner sur les <strong>réaliseurs</strong> (théorème 2.3.1), pour<br />

n assez grand :<br />

3ξmin − n ≥ ∆ ≥ 3ξmax − n<br />

Donc<br />

∆= n<br />

+ o(n)<br />

2<br />

Corollaire 3.4.1. Le nombre moyen de cw-faces ∆+ <strong>et</strong> de ccw-faces ∆− d’un réaliseur<br />

de taille n est :<br />

∆+ = ∆− = n/4+o(n).<br />

Une face strictement intérieure possède 8 colorations possibles (Voir figure 13). Le<br />

nombre de faces intérieures d’un graphe plan maximal est 2n − 8. Pourn assez grand,<br />

un quart de ces faces est tricolores <strong>et</strong> trois quarts est bicolore. Par symétrie, les deux<br />

configurations tricolores sont équiprobables <strong>et</strong> les trois configurations bicolores sont<br />

équiprobables. Donc, quand n tend vers l’infini, chaque probabilité d’une coloration de<br />

face tend vers 1/8.


54 Chapitre 3. Bijection : <strong>réaliseurs</strong> ↔ paires de chemins de Dyck<br />

3.5 Conclusion<br />

Dans ce chapitre nous avons proposé un algorithme de codage <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> en 4n<br />

bits s’appuyant sur une bijection. C<strong>et</strong>te bijection nous assure que le nombre de bits<br />

utilisés pour le codage est optimal. Comme le nombre de <strong>graphes</strong> plans maximaux est<br />

2 3,24n+o(n) ,nousendéduisons que le nombre moyen de <strong>réaliseurs</strong> est de 2 0,759n+o(n) .<br />

C<strong>et</strong>te dernière observation exclut tout espoir d’obtenir un algorithme à rej<strong>et</strong> de génération<br />

aléatoire de <strong>graphes</strong> plans maximaux utilisant les <strong>réaliseurs</strong>. En eff<strong>et</strong>, avec un tel<br />

algorithme il faudrait un nombre exponentiel de tirages pour générer un graphe plan<br />

maximal.<br />

Les symétries <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> peuvent être utilisées pour déduire <strong>des</strong> propriétés sur les<br />

paires de chemins de Dyck qui ne se coupent pas. Par exemple, dans le codage proposé,<br />

le nombre de contacts du premier chemin avec l’axe <strong>des</strong> abscisses correspond au degré<br />

de la racine de l’arbre T0. Deplus, le nombre de pas montants (resp. <strong>des</strong>cendants) où<br />

les deux chemins sont en contact, correspond au degré de la racine de l’arbre T2 (resp.<br />

T1). Par permutation circulaire <strong>des</strong> trois arbres, on peut obtenir un autre codage du<br />

réaliseur. Dans ce nouveau codage, le degré de la racine de T2 est égale au nombre de<br />

contacts avec l’axe <strong>des</strong> abscisses <strong>et</strong> le nombre de contacts entre deux pas <strong>des</strong>cendants<br />

correspond au degré de la racine T0. Doncces trois statistiques (le nombre de contacts<br />

avec l’axe <strong>des</strong> abscisses, le nombre de superposition de pas montants <strong>et</strong> le nombre de<br />

superposition <strong>des</strong> pas <strong>des</strong>cendants) sur les paires de chemins de Dyck qui ne se coupent<br />

pas suivent la même loi. Nous pensons que d’autres statistiques pourraient être mises<br />

en relation en utilisant les transformations appropriées sur les <strong>réaliseurs</strong>.


Chapitre 4<br />

Génération aléatoire de pastèques<br />

Introduction<br />

Le modèle <strong>des</strong> promeneurs méchants décrit la situation où p promeneurs avancent<br />

simultanément d’un pas (Nord-Est ou Sud-Est) <strong>et</strong> ne partagent jamais la même position.<br />

Ce problème a été introduit par Fisher [Fis84].<br />

La trajectoire du i-ième promeneur est appelée i-ième branche de la pastèque. Dans<br />

ce chapitre nous allons considérer uniquement le cas où les p promeneurs partent respectivement<br />

<strong>des</strong> points (0, 0), (0, 2),...,(0, 2p − 2) <strong>et</strong> effectuent chacun l pas. L’ensemble<br />

<strong>des</strong> p branches de p promeneurs donnés est appelé étoile. Lorsquelesp promeneurs<br />

arrivent respectivement en (l, d), (l, d +2),...,(l, d +2p − 2) on parle alors de pastèque<br />

("watermelon" enanglais) de longueur l <strong>et</strong> de déviation d. Uneétoile (ou pastèque) est<br />

dite avec mur si aucune de ses branches ne traverse l’axe <strong>des</strong> abscisses. La figure 45<br />

illustre ces définitions.<br />

l = 8<br />

d = 2<br />

e 3 = 6<br />

e 2 = 2<br />

e 1 = -2<br />

Figure 45 – (a) Une pastèque avec mur, 3 promeneurs ayant <strong>des</strong> trajectoires de longueur<br />

8<strong>et</strong>dedéviation2. (b) Une configuration étoile sans mur, avec 3 promeneurs ayant<br />

<strong>des</strong> trajectoires de longueur 6 <strong>et</strong> terminant respectivement aux ordonnées (−2, 2, 6).<br />

Les pastèques de déviation nulle sont en bijection directe avec les chemins de Dyck<br />

(ou chemins de Grand Dyck) qui ne se coupent pas. En eff<strong>et</strong>, pour passer de p chemins<br />

de Dyck (ou Grand Dyck) qui ne se coupent pas à une pastèque de déviation nulle, il<br />

suffit de décaler le i-ième chemin de 2i pas vers le Nord.<br />

55


56 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques<br />

De nombreux obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong> sont en bijection avec certaines classes de pastèques.<br />

Parmi ceux-ci, citons les permutations de Baxter [Vie81, DG96, DG98], les<br />

chemins sous-diagonaux [GB86], certaines classes de tableaux de Young [GB89, DV86],<br />

les pavages d’un hexagone avec <strong>des</strong> losanges [Wil], les couplages parfaits de <strong>graphes</strong> en<br />

nids d’abeilles [Des93], les <strong>réaliseurs</strong> de <strong>graphes</strong> plans maximaux (voir chapitre 3), <strong>et</strong>c.<br />

Remarquons également que de nombreux problèmes de la physique statistique peuvent<br />

être formalisés en termes de promeneurs méchants [Fis84, EG95].<br />

La génération aléatoire uniforme est un outil puissant perm<strong>et</strong>tant d’étudier certaines<br />

propriétés d’obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong>. De manière classique elle perm<strong>et</strong> d’évaluer<br />

par exemple la complexité moyenne d’un algorithme utilisant tel ou tel obj<strong>et</strong> combinatoire.<br />

Cela perm<strong>et</strong> également d’ém<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> de tester <strong>des</strong> conjectures. En physique, cela<br />

perm<strong>et</strong> également de valider certains modèles théoriques.<br />

Pour qu’un algorithme de génération aléatoire soit utilisable, il est important qu’il<br />

possède une bonne complexité afin de pouvoir générer <strong>des</strong> obj<strong>et</strong>s de très grande taille.<br />

Pour la génération aléatoire de pastèques, plusieurs algorithmes existent déjà.<br />

Remarquons qu’une pastèque à une branche avec mur (resp. sans mur) n’est autre<br />

qu’un chemin de Dyck (resp. de Grand Dyck) <strong>et</strong> peut donc être généré en temps<br />

linéaire grâce à l’algorithme présenté dans [AS80] (resp. [Wil77]). Les pastèques avec<br />

mur à 2 branches de longueur 2l sans contrainte de déviation sont en bijection avec les<br />

polyominos parallélogrammes de périmètre 2l+4.Deplus,il existe une bijection directe<br />

entre de tels polyominos <strong>et</strong> <strong>des</strong> chemins de Dyck de longueur 2l +2.Lespastèques à<br />

2branches sans mur peuvent donc être générées en temps linéaire. Pour <strong>des</strong> pastèques<br />

ayant un nombre arbitraire de branches, il existe <strong>des</strong> algorithmes de génération aléatoire<br />

ayant une complexité quadratique, si l’on considère la longueur <strong>des</strong> branches [Wil97,<br />

Kra99].<br />

En utilisant les formules d’énumération <strong>des</strong> étoiles (avec mur [EG95] ou sans<br />

mur [KGV00, BE01]), nous proposons un autre algorithme de génération aléatoire de<br />

pastèques à p branches pour une déviation fixée. Notre algorithme est exponentiel par<br />

rapport au nombre de branches, mais linéaire par rapport à la longueur <strong>des</strong> branches.<br />

Remarquons que si le nombre de branches n’est pas suffisamment p<strong>et</strong>it (p >log(l)), les<br />

algorithmes proposés par Wilson [Wil97] <strong>et</strong> Krattenthaler [Kra99] sont plus efficaces,<br />

que celui présenté dans ce chapitre.<br />

Remarquons qu’il peut être utile de générer <strong>des</strong> pastèques avec un p<strong>et</strong>it nombre<br />

de branches très longues. En particulier, cela perm<strong>et</strong> de générer en temps linéaire <strong>des</strong><br />

<strong>réaliseurs</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> permutations de Baxter ayant un nombre arbitraire de montées (i.e.<br />

pour une permutation π, lenombred’indice i tel que π(i)


4.1. Algorithme de Génération aléatoire de pastèques 57<br />

de génération de pastèques utilise O(p22pl) opérations arithmétiques.<br />

En utilisant c<strong>et</strong> algorithme ainsi que la bijection présentée dans le chapitre 3 nous<br />

avons pu générer de manière aléatoire <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> de taille n. Cesexpérimentations<br />

nous perm<strong>et</strong>tent de conjecturer que la hauteur moyenne <strong>des</strong> arbres <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> tend<br />

vers 0, 97 (n)+o( √ n) <strong>et</strong> que la variance du nombre de faces tricolores (resp. cw-faces)<br />

d’un réaliseur tend vers n/8 (resp. 3n/8). Enfin, nous observons expérimentalement que<br />

92% <strong>des</strong> triangles tricolores d’un réaliseur sont <strong>des</strong> faces.<br />

La suite du chapitre est organisée de la manière suivante. La section 4.1 présente<br />

les formules d’énumération <strong>des</strong> étoiles ainsi que les algorithmes de génération aléatoire<br />

uniforme. La section 4.2 rappelle quelques bijections entre les pastèques <strong>et</strong> d’autres<br />

obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong> <strong>et</strong> quelques exemples d’obj<strong>et</strong>s aléatoires y sont présentés. Enfin,<br />

la section 4.3 présente quelques expérimentations <strong>et</strong> conjectures sur la hauteur <strong>des</strong><br />

branches <strong>des</strong> pastèques ainsi que sur les <strong>réaliseurs</strong>.<br />

4.1 Algorithme de Génération aléatoire de pastèques<br />

4.1.1 Génération aléatoire de mots<br />

Rappelons l’algorithme général présenté dans [Den96a].<br />

Soit L un langage sur un alphab<strong>et</strong> A. SoitLnl’ensemble <strong>des</strong> mots de L de longueur<br />

n. Pourunmotwdans L, une l<strong>et</strong>tre a de A <strong>et</strong> un entier n, ondéfinit proban(w, a) de<br />

la manière suivante :<br />

proban(w, a) = Nombre de mots de Ln commençant par wa<br />

Nombre de mots de Ln commençant par w .<br />

En utilisant c<strong>et</strong>te probabilité, il est possible de générer uniformément <strong>des</strong> mots de<br />

Ln grâce à l’algorithme suivant :<br />

Algorithme 3 Génération pas à pas de mots.<br />

w ← ɛ<br />

tant que |w|


58 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques<br />

d’être généré par l’algorithme 3 est :<br />

proban(w) =<br />

|mots commençant par w1| |mots commençant par w1,w2|<br />

...<br />

|mots commençant par ɛ| |mots commençant par w1|<br />

... |mots commençant par w1w2 ...wn|<br />

|mots commençant par w1w2 ...wn1|<br />

= |mots commençant par w1w2 ...wn|<br />

|mots commençant par ɛ|<br />

=<br />

1<br />

|Ln|<br />

Donc c<strong>et</strong> algorithme génère uniformément <strong>des</strong> mots de Ln. Ceprincipeadéjàété<br />

utilisé pour générer <strong>des</strong> mots de Dyck [AS80], <strong>des</strong> mots de Fibonacci [PR00] ainsi que<br />

<strong>des</strong> mots de n’importe quel fg-langage [Den96b]. Un langage L est un fg-langage si<br />

l’ensemble <strong>des</strong> facteurs gauches de L est inclus dans L <strong>et</strong> que pour tout mot u ∈ L, il<br />

existe un mot v ∈ L tel que u est un préfixe (ou facteur-gauche) propre de v (i.e. u = v<br />

<strong>et</strong> u préfixe de v).<br />

4.1.2 Génération de pastèques<br />

Le principe de l’algorithme est de choisir simultanément, le pas (Nord-Est ou Sud-<br />

Est) de chaque promeneur avec la probabilité appropriée. Soit W p<br />

l l’ensemble <strong>des</strong> pastèques<br />

à p chemins de longueur l. Un<strong>et</strong>ransition tr est un vecteur de taille p composé<br />

de valeurs de {+1, −1} indiquant pour chaque promeneur s’il doit effectuer un pas<br />

Nord-Est ou un pas Sud-Est. Plus précisément, tri =+1indique que le i-ième promeneur<br />

effectue un pas Nord-Est. Soit w un facteur gauche de longueur k d’une pastèque<br />

(i.e. une étoile à p branches). On note w + tr l’étoile de longueur k +1où la i-ième<br />

branche commence par la i-ième branche de w <strong>et</strong> se termine par un pas montant si<br />

tri =+1<strong>et</strong> un pas <strong>des</strong>cendant sinon.<br />

Comme dans le cas de la génération de mots pas à pas, nous pouvons définir la<br />

probabilité d’une transition tr par<br />

p<br />

Nombre de pastèques dans Wl commençant par (w + tr)<br />

probal(w, tr) =<br />

Nombre de pastèques dans W p<br />

.<br />

l commençant par w<br />

Soit e = (e1,e2,...,ep) les ordonnées finales de chacun <strong>des</strong> promeneurs de w.<br />

Le nombre de pastèques de longueur l commençant par w est exactement le nombre<br />

d’étoiles de longueur l − k se terminant en (e1,e2,...,ep). Les deux théorèmes suivants<br />

donnent l’énumération de ces étoiles avec ou sans mur.<br />

Théorème 4.1.1. (Essam <strong>et</strong> Guttmann [EG95])<br />

Soient e1


4.1. Algorithme de Génération aléatoire de pastèques 59<br />

2 −(p 2) <br />

1≤i≤p<br />

(l − i + p)!<br />

( l+ei l−ei )!( + p − 1)!<br />

2 2<br />

<br />

1≤i


60 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques<br />

Algorithme 5 Calcul de probal(e, k, tr) pour les pastèques à p branches sans mur.<br />

prob ← 1<br />

pour i =1à p − 1 faire<br />

pour j = i +1à p faire<br />

prob ← prob × ej+trj−(ei+tri)<br />

ej−ei<br />

fin pour<br />

fin pour<br />

pour i =1à p faire<br />

si tri > 0 alors<br />

prob ← prob × l−k−1−ei+p/2<br />

2(l−k−i+p)<br />

sinon<br />

prob ← prob × l−k+1+ei<br />

2(l−k−i+p)<br />

fin si<br />

fin pour<br />

r<strong>et</strong>ourner prob<br />

Algorithme 6 Choix d’une transition.<br />

h ← un nombre aléatoire entre 0 <strong>et</strong> 1.<br />

tr ← 1<br />

p ← probal(e, k, tr)<br />

tant que p


4.2. Applications à d’autres obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong> 61<br />

Figure 46 – Une pastèque aléatoire à 8 branches de longueur 200 sans mur.<br />

Figure 47 – Une pastèque aléatoire à 8 branches de longueur 200 avec mur.<br />

Les algorithmes présentés ici ont été implémentés 1 en C++ en utilisant la bibliothèque<br />

Gnu-Multiple-Precision [Gra96]. La figure 48 représente le temps de calcul utilisé<br />

pour générer <strong>des</strong> pastèques sans mur. Nous pouvons vérifier que le modèle de complexité<br />

considéré (nombre d’opérations arithmétiques) pour évaluer la complexité effective de<br />

l’algorithme est satisfaisant.<br />

4.2 Applications à d’autres obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong><br />

4.2.1 Polyominos parallélogrammes<br />

Un polyomino est un ensemble fini <strong>et</strong> connexe de carrés unitaires sans point séparateur<br />

<strong>et</strong> défini à translation prêt. Un polyomino est horizontalement convexe (resp.<br />

verticalement convexe)sitouteslescolonnes (resp. lignes) sont connexes. Un polyomino<br />

est convexe s’il est à la fois verticalement convexe <strong>et</strong> horizontalement convexe. Un polyomino<br />

parallélogramme est un polyomino défini par 2 chemins composés uniquement<br />

de pas Nord <strong>et</strong> de pas Est. Ces chemins sont disjoints à l’exception de leurs extrémités.<br />

Ces chemins peuvent être obtenus à partir d’une pastèque à deux branches en ajoutant<br />

1 Une implémentation est disponible à l’adresse suivante :<br />

http : //www.labri.fr/ ∼ bonichon/waterlon


62 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques<br />

Temps d'exécution (s)<br />

25000<br />

20000<br />

15000<br />

10000<br />

5000<br />

0<br />

0 200000 400000 600000 800000 100000<br />

0<br />

Longueur <strong>des</strong> branches<br />

120000<br />

0<br />

Figure 48 – Complexité <strong>des</strong> algorithmes de génération. (Test réalisé sur un Pentium<br />

166)<br />

un pas au début <strong>et</strong> à la fin de chaque chemin <strong>et</strong> en effectuant une rotation de π/4 dans<br />

le sens trigonométrique (voir figure 49).<br />

Figure 49 – Passage de la pastèque à 2 branches à un polyomino parallélogramme.<br />

Les polyominos parallélogrammes de périmètre 2n peuvent être générés uniformément<br />

en temps linéaire en utilisant une bijection avec les mots de Dyck de longueur<br />

2n − 2 [DV84].<br />

La largeur d’un polyomino est le nombre de colonnes du polyomino. En utilisant<br />

l’algorithme de génération de pastèques à 2 branches sans mur, on obtient le corollaire<br />

suivant :<br />

Corollaire 4.2.1. Un polyomino parallélogramme de périmètre <strong>et</strong> largeur fixés peut<br />

être généré uniformément <strong>et</strong> en temps linéaire.<br />

Deux polyominos parallélogrammes sont jumeaux si le bord supérieur du premier<br />

correspond au bord inférieur du second. k polyominos parallélogrammes p1,p2,...,pk<br />

sont dit polyominos jumeaux si pour tout i


4.2. Applications à d’autres obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong> 63<br />

Un exemple de 7 polyominos jumeaux de périmètre 404 <strong>et</strong> de largeur 101 est donné<br />

dans la figure 50. Ces polyominos jumeaux sont ceux correspondant aux pastèques de<br />

la figure 46.<br />

Figure 50 – 7 polyominos jumeaux.<br />

4.2.2 Chemins planaires sous-diagonaux<br />

Les chemins considérés dans c<strong>et</strong>te sous-section sont les chemins qui partent de<br />

l’origine <strong>et</strong> qui sont composés uniquement de pas Nord, Sud, Est <strong>et</strong> Ouest. On appelle<br />

boucle un chemin qui r<strong>et</strong>ourne à l’origine. Un tel chemin est dit sous-diagonale s’il<br />

reste dans le huitième de plan situé au-<strong>des</strong>sus de l’axe <strong>des</strong> abscisses <strong>et</strong> de la première<br />

diagonale.<br />

Gouyou-Beauchamps [GB86] a montré que les chemins sous-diagonaux de longueur<br />

n arrivant au point (x, y) étaient en bijection avec les pastèques à 2 branches avec mur<br />

arrivant respectivement aux points (n, y) <strong>et</strong> (n, y + x).<br />

Etablir c<strong>et</strong>te bijection est relativement simple : lorsque les deux promeneurs<br />

montent, le chemin effectue un pas Est, lorsque les deux promeneurs <strong>des</strong>cendent, le<br />

chemin effectue un pas Ouest, lorsque les deux promeneurs s’éloignent l’un de l’autre,<br />

le chemin effectue un pas Nord <strong>et</strong> enfin lorsque les deux promeneurs se rapprochent<br />

alors le chemin effectue un pas Sud.<br />

Corollaire 4.2.3. On peut générer uniformément <strong>des</strong> chemins sous-diagonaux selon<br />

leurs longueurs <strong>et</strong> les coordonnées de leur point d’arrivée en temps linéaire.


64 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques<br />

La figure 51 montre un exemple de boucle sous-diagonale de longueur 10 5 générée<br />

aléatoirement.<br />

Figure 51 – Une boucle sous-diagonale de longueur 10 5 générée aléatoirement.<br />

4.2.3 Réaliseurs aléatoires<br />

Comme nous l’avons vu dans le chapitre 3, il existe une bijection entre les <strong>réaliseurs</strong><br />

de taille n <strong>et</strong> les pastèques à deux branches de longueur 2n − 6 avec mur. De plus,<br />

le réaliseur correspondant à une telle pastèque peut être calculé en temps linéaire. En<br />

conséquence, on peut générer de manière aléatoire <strong>et</strong> uniforme un réaliseur en temps<br />

linéaire.<br />

La figure 52 montre un réaliseur aléatoire de taille 100. L’algorithme utilisé pour<br />

<strong>des</strong>siner le réaliseur est celui proposé par Schnyder [Sch90].<br />

4.2.4 Arbres binaires jumeaux <strong>et</strong> permutations de Baxter<br />

Soit Treen l’ensemble <strong>des</strong> arbres binaires à n somm<strong>et</strong>s. Classiquement, un arbre<br />

binaire t est encodé par un mot de Dyck. De manière classique, un arbre binaire t peut<br />

être encodé par un mot de Dyck, défini récursivement de la manière suivante :<br />

code(t) =1code(sous − arbre gauche(t)) 0 code(sous − arbredroit(t))<br />

code(∅) =ɛ o ∅ dsigne l ′ arbre binaire de Tree0.<br />

Définition 4.2.1. L’ensemble <strong>des</strong> arbres binaires jumeaux Twinn ⊆ Treen × Treen<br />

est défini de la manière suivante :<br />

Twinn = {(a1,a2) :a1,a2 ∈ Treen<strong>et</strong> Θ(code(a1)) = Θ c (code(a2)},


4.2. Applications à d’autres obj<strong>et</strong>s <strong>combinatoires</strong> 65<br />

Figure 52 – Réaliseur aléatoire de taille 100.<br />

où Θ consiste à étiqu<strong>et</strong>er les feuilles gauches (resp. droite) d’un arbre binaire complété<br />

par la l<strong>et</strong>tre 0 (resp. la l<strong>et</strong>tre 1) à l’exception <strong>des</strong> deux feuilles extrêmes <strong>et</strong> Θ c est<br />

identique à Θ àladifférenceprès que les l<strong>et</strong>tres 0 <strong>et</strong> 1 sont inversées.<br />

Théorème 4.2.1. (Dulucq <strong>et</strong> Guibert [DG98]) Ilexiste une bijection entre les<br />

arbres binaires jumeaux de taille n <strong>et</strong> les pastèques sans mur à 3 branches de longueur<br />

n.<br />

Corollaire 4.2.4. Les arbres binaires jumeaux à n somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong> r arêtes droites dans le<br />

premier arbre peuvent être générés de manière aléatoire <strong>et</strong> uniforme en temps linéaire.<br />

Soit Sn l’ensemble <strong>des</strong> nombres entiers compris entre 1 <strong>et</strong> n.<br />

Définition 4.2.2. Une permutation π de Sn est une permutation de Baxter si <strong>et</strong> seulement<br />

si, pour tout entier i ∈ [n − 1], π peut être factorisée de manière unique par<br />

π = π ′ .i. < π . > π .i +1.π ′′ ou π = π ′ .i. > π . < π .i +1.π ′′ ,<br />

où toutes les l<strong>et</strong>tres de < π (resp. > π)sontplusp<strong>et</strong>ites que i (resp. plus grand que i+1).<br />

Le nombre de montées d’une permutation π est égal au nombre d’indices i tel que<br />

π(i)


66 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques<br />

4.3 Expérimentations<br />

4.3.1 Hauteur <strong>des</strong> branches dans les pastèques avec mur<br />

La hauteur d’un promeneur désigne, la hauteur maximale qu’il atteint lors de sa<br />

marche. La hauteur d’une pastèque est définie naturellement comme la hauteur de son<br />

dernier promeneur.<br />

Si l’on prend l’exemple de la pastèque de la figure 45 (a), son deuxième promeneur<br />

est de hauteur 5 <strong>et</strong> la pastèque est de hauteur 7.<br />

On note ¯ Hw(l, i, p) (resp. ¯ Hnw(l, i, p)), avec i ≤ p, lahauteurmoyenne du i-ième<br />

promeneur parmi l’ensemble <strong>des</strong> pastèques à p branches de longueur l avec mur (resp.<br />

sans mur). La hauteur moyenne <strong>des</strong> pastèques à p branches de longueur l avec mur (resp.<br />

sans mur) sera notée ¯ Hw(l, p) (resp. ¯ Hnw(l, p)) àlaplace¯ Hw(l, p, p) (resp. ¯ Hnw(l, p, p)).<br />

Théorème 4.3.1. (De Bruijn, Knuth <strong>et</strong> Rice 1972) [DKR72]<br />

La hauteur moyenne d’un chemin de Dyck de longueur l est :<br />

<br />

¯Hw(l,<br />

πl<br />

1) = + O(1).<br />

2<br />

Notre but est de généraliser ce résultat aux pastèques. Pour cela, nous avons effectué<br />

<strong>des</strong> expérimentations sur la hauteur <strong>des</strong> pastèques à l’aide de l’algorithme de génération<br />

présenté précédemment.<br />

Le résultat de ces expérimentations est présenté dans les Figures 53 <strong>et</strong> 54.<br />

Hw(p,n)²<br />

25000<br />

20000<br />

15000<br />

10000<br />

5000<br />

0<br />

0 500 1000 1500 2000<br />

Longueur <strong>des</strong> branches<br />

Figure 53 – Hauteur moyenne <strong>des</strong> pastèques avec mur en fonction du nombre de<br />

branches <strong>et</strong> de la longueur <strong>des</strong> branches.<br />

Les valeurs présentées dans les Figures 53, 54 <strong>et</strong> 55 ont été obtenues à partir de la<br />

génération de pastèques de longueur i ∗ 100 avec i =1, 2,...,20. Pourchacune de ces<br />

tailles, 100 pastèques ont été générées.<br />

Résultat Expérimental 4.3.1. La hauteur moyenne d’une pastèque à p branches<br />

avec mur est expérimentalement :<br />

¯Hw(p, p, l) ≈ (1, 67p − 0, 06)l + o( √ l).<br />

p=1<br />

p=2<br />

p=3<br />

p=4<br />

p=5<br />

p=6<br />

p=7


4.3. Expérimentations 67<br />

Hnw(n,p)<br />

10000<br />

9000<br />

8000<br />

7000<br />

6000<br />

5000<br />

4000<br />

3000<br />

2000<br />

1000<br />

0<br />

0 500 1000 1500 2000<br />

Longueur <strong>des</strong> branches<br />

Figure 54 – Hauteur moyenne <strong>des</strong> pastèques sans mur en fonction du nombre de<br />

branches <strong>et</strong> de la longueur <strong>des</strong> branches.<br />

Résultat Expérimental 4.3.2. La hauteur moyenne d’une pastèque à p branches<br />

sans mur est expérimentalement :<br />

¯Hnw(p, p, l) ≈ (0, 82p − 0, 46)l + o( √ l).<br />

Résultat Expérimental 4.3.3. La hauteur moyenne de la première branche d’une<br />

pastèque à p branches avec mur est :<br />

¯Hnw(1,p,l) ≈ a(p) √ l + o( √ l),<br />

avec<br />

a(p) ≈ p −0,36<br />

<br />

π<br />

2 .<br />

La figure 55 représente les valeurs expérimentales de a(p).<br />

a(p)<br />

1,4<br />

1,2<br />

1<br />

0,8<br />

0,6<br />

0,4<br />

0,2<br />

p=1<br />

p=2<br />

p=3<br />

p=4<br />

p=5<br />

p=6<br />

p=7<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

p<br />

Figure 55 – a(p).


68 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques<br />

4.3.2 Réaliseurs aléatoires<br />

L’efficacité de certains algorithmes utilisant les <strong>réaliseurs</strong> [CLL01, BLM02a, LLY02]<br />

dépend du nombre de leurs faces tricolores <strong>et</strong> donc du nombre de feuilles <strong>des</strong> arbres du<br />

réaliseur. Comme nous l’avons vu, le nombre moyen de faces tricolores d’un réaliseur<br />

tend vers n + o(n). Lafigure 56 confirme bien ce résultat. On peut également observer<br />

2<br />

que presque tous les triangles tricolores sont <strong>des</strong> faces :<br />

nombre moyen sur 50 tirages<br />

300<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

∆<br />

triangles tricolores<br />

≈ 92%.<br />

0<br />

0 200 400 600<br />

Nombre de somm<strong>et</strong>s<br />

Triangles tricolores<br />

Faces tricolores<br />

Figure 56 – Nombre de faces tricolores <strong>et</strong> nombre de triangles tricolores.<br />

Nous avons également déjà vu que ∆+ = ∆− = n<br />

4<br />

+ o(n) (voir corollaire 3.4.1). Les<br />

expérimentations sur les <strong>réaliseurs</strong> aléatoires nous perm<strong>et</strong>tent de proposer la conjecture<br />

suivante :<br />

Conjecture 4.3.1.<br />

Var(∆+) = Var(∆−) = n<br />

+ o(n) (1)<br />

8<br />

CoVar(∆+, ∆−) = n<br />

+ o(n) (2)<br />

16<br />

Var(∆) = 3n<br />

+ o(n). (3)<br />

8<br />

Remarque : la troisième formule de la conjecture se déduit <strong>des</strong> 2 premières car<br />

Var(X + Y )=Var(X)+Var(Y )+2CoV ar(X, Y ).<br />

Intéressons nous maintenant à la profondeur d’un arbre d’un réaliseur aléatoire.<br />

Comme nous l’avons remarqué, il y a une bijection directe entre les paires de chemins<br />

de Dyck ne se coupant pas <strong>et</strong> les pastèques à 2 branches avec mur. De plus la hauteur<br />

de la premier branche de la pastèque correspond exactement à la hauteur du premier<br />

chemin de Dyck.


4.4. Conclusion 69<br />

Comme nous l’avons vu dans le chapitre 3, la hauteur de la première branche d’une<br />

pastèque à 2 branches est exactement la profondeur de l’arbre T0 du réaliseur. Pour <strong>des</strong><br />

raisons de symétrie, les trois arbres ont la même profondeur. La figure 55 nous donne<br />

donc la profondeur moyenne d’un arbre d’un réaliseur.<br />

Résultat Expérimental 4.3.4. La profondeur moyenne d’un arbre d’un réaliseur de<br />

taille n est :<br />

0, 97 √ n + o( (n)).<br />

4.4 Conclusion<br />

Nous venons de voir un algorithme qui construit aléatoirement <strong>et</strong> uniformément <strong>des</strong><br />

pastèques. C<strong>et</strong> algorithme est efficace pour p p<strong>et</strong>it (complexité en O((p 2 × 2 p )l)), <strong>et</strong><br />

particulièrement pour les exemples considérés (p =2<strong>et</strong> p =3). Nous pensons que c<strong>et</strong><br />

algorithme pourrait être amélioré pour atteindre une complexité en O(p × 2 p )l), enutilisant<br />

d’un parcours de type "Gray code" [Gil58] <strong>des</strong> transitions. Dans un tel parcours,<br />

on passe d’une transition à une autre, en changeant une seule case du vecteur de transition.<br />

Ce parcours perm<strong>et</strong>trait de calculer rapidement la probabilité d’une transition<br />

en fonction de la probabilité de la précédente. Toutefois comme l’algorithme présenté<br />

n’est efficace que pour p p<strong>et</strong>it, il nous parait préférable de présenter un algorithme<br />

théoriquement moins efficace, mais plus facile à implémenter <strong>et</strong> à comprendre.<br />

Les algorithmes présentés ici génèrent <strong>des</strong> pastèques. Avec <strong>des</strong> modifications mineures,<br />

ils peuvent être également utilisés pour générer <strong>des</strong> étoiles dont les altitu<strong>des</strong><br />

d’arrivées sont fixées.<br />

Si au contraire, on souhaite générer une pastèque de déviation quelconque (par<br />

exemple pour générer une permutation de Baxter sans contrainte sur le nombre de<br />

montées) à l’aide <strong>des</strong> algorithmes présentés ici, il "suffit" de choisir avec la probabilité<br />

appropriée la déviation de la pastèque. Ceci pourrait être fait en utilisant <strong>des</strong> techniques<br />

similaires à celles proposées par Alonso [AS95].


70 Chapitre 4. Génération aléatoire de pastèques


Deuxième partie<br />

Utilisations <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> pour le<br />

<strong>des</strong>sin <strong>et</strong> le codage<br />

71


Chapitre 5<br />

Un algorithme de <strong>des</strong>sin lignes brisées<br />

basé sur les <strong>réaliseurs</strong><br />

Introduction<br />

De part le nombre <strong>et</strong> la variété de ses applications, le suj<strong>et</strong> du <strong>des</strong>sin de graphe a reçu<br />

une intense attention. Ces applications peuvent être regroupées en deux catégories :<br />

la représentation d’information (Modèle Conceptuel <strong>des</strong> Données, interactions entre<br />

gènes, Hiérarchie <strong>des</strong> classes, structure d’un site web, carte mentale, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> le routage<br />

de circuit électronique. Dans le premier cas, le <strong>des</strong>sin doit faire ressortir de la manière<br />

la plus claire l’information contenue dans le graphe. Dans le deuxième cas, le <strong>des</strong>sin<br />

doit respecter les contraintes technologiques <strong>et</strong> la surface du <strong>des</strong>sin doit être la plus<br />

faible possible afin d’obtenir <strong>des</strong> circuits les moins coûteux possibles.<br />

Ici nous nous intéressons aux <strong>des</strong>sins planaires de <strong>graphes</strong> planaires. Dans de tels<br />

<strong>des</strong>sins, les arêtes ne se coupent pas. Rappelons que si le graphe n’est pas planaire on<br />

peut se ramener au cas du <strong>des</strong>sin de graphe planaire, soit en partitionnant les arêtes<br />

en groupe de <strong>graphes</strong> planaires, soit en remplaçant chaque intersection d’arête par un<br />

somm<strong>et</strong> de degré 4 qui ne sera pas affiché.<br />

Bien qu’il existe de nombreux algorithmes de <strong>des</strong>sin de <strong>graphes</strong> dans l’espace, nous<br />

nous intéressons ici uniquement aux <strong>des</strong>sins de <strong>graphes</strong> dans le plan. Plus précisément<br />

aux <strong>des</strong>sins plans de <strong>graphes</strong> planaires. On entend par <strong>des</strong>sin plan, un <strong>des</strong>sin sans<br />

croisement.<br />

Suivant le type d’applications <strong>et</strong> le type de <strong>graphes</strong> considérés, plusieurs modèles<br />

de <strong>des</strong>sins sont utilisés. Les somm<strong>et</strong>s sont représentés soit par <strong>des</strong> points du plan<br />

(généralement <strong>des</strong> points de coordonnées entières), soit par <strong>des</strong> rectangles. Les arêtes<br />

quant à elles sont représentées par <strong>des</strong> lignes droites ou par <strong>des</strong> lignes brisées. Dans le<br />

cas où les somm<strong>et</strong>s sont représentés par <strong>des</strong> points <strong>et</strong> les arêtes par <strong>des</strong> lignes droites,<br />

on parle de <strong>des</strong>sin lignes droites ("straight-line drawing" en anglais). Dans le cas où les<br />

somm<strong>et</strong>s sont représentés par <strong>des</strong> points <strong>et</strong> les arêtes par <strong>des</strong> lignes brisées, on parle<br />

de <strong>des</strong>sin lignes brisées ("polyline drawing" en anglais). La figure 57 montre quelques<br />

73


74 Chapitre 5. Dessin lignes brisées d’un réaliseur<br />

exemples de <strong>des</strong>sins lignes brisées.<br />

13<br />

9<br />

7<br />

12<br />

3<br />

15<br />

2<br />

11<br />

14<br />

5<br />

1<br />

10<br />

0<br />

8<br />

4<br />

6<br />

7<br />

9<br />

2<br />

8<br />

11 4<br />

1<br />

10<br />

15<br />

14<br />

5<br />

0<br />

13<br />

3<br />

12<br />

6<br />

12<br />

3<br />

7<br />

13<br />

6<br />

15 5<br />

9 1<br />

10<br />

8<br />

14 2<br />

Figure 57 – Différents <strong>des</strong>sins lignes brisées d’un même graphe. De gauche à droite :<br />

"Mixed-Model" [GM98], "quasi-orthogonal", lignes droites [Sch90].<br />

On parlera de <strong>des</strong>sins orthogonaux lorsque les arêtes sont représentées par <strong>des</strong> séquences<br />

de lignes horizontales <strong>et</strong> verticales (voir figure 58)<br />

7<br />

9<br />

11<br />

2<br />

4<br />

8<br />

1<br />

10<br />

15<br />

5<br />

0<br />

13<br />

14<br />

3<br />

12<br />

6<br />

5<br />

4<br />

1<br />

0<br />

6 7<br />

12 13<br />

14<br />

15<br />

3<br />

10<br />

11<br />

8<br />

2<br />

9<br />

Figure 58 – Différents <strong>des</strong>sins orthogonaux d’un même graphe. De gauche à droite :<br />

Giotto, visibilité, <strong>des</strong>sin de 2-visibilité, Kandinsky.<br />

Dans ce chapitre nous nous intéressons aux <strong>des</strong>sins lignes brisées.<br />

Les critères de qualité classiquement considérés pour ce type de <strong>des</strong>sins sont :<br />

–Taille de la grille (en eff<strong>et</strong>, une grille p<strong>et</strong>ite assure, pour une surface d’affichage<br />

fixée une distance minimale entre les somm<strong>et</strong>s).<br />

–Résolution angulaire, qui désigne l’angle minimal entre deux arêtes adjacentes.<br />

Si c<strong>et</strong>te valeur est trop p<strong>et</strong>ite, il devient difficile de distinguer deux arêtes au<br />

voisinage d’un somm<strong>et</strong>.<br />

–Nombre de brisures. Plus il y a de brisures, plus le <strong>des</strong>sin parait compliqué. De<br />

plus, si une arête possède de nombreuses brisures, il devient difficile d’identifier<br />

ses extrémités.<br />

–Complexité de l’algorithme de <strong>des</strong>sin. La plupart <strong>des</strong> algorithmes de <strong>des</strong>sin ont<br />

une complexité linéaire.<br />

De manière générale, il est difficile d’optimiser simultanément tous ces critères.<br />

Dans [GM98] un bon compromis est obtenu entre la taille de la grille, le nombre de<br />

8<br />

4<br />

11<br />

7<br />

13<br />

3<br />

6<br />

12<br />

0<br />

14<br />

15<br />

5<br />

9<br />

1<br />

11 4<br />

10<br />

2<br />

8<br />

4<br />

11<br />

7<br />

13<br />

3<br />

0<br />

6<br />

12<br />

14<br />

15<br />

5<br />

0<br />

9<br />

1<br />

10<br />

2


5.1. Dessin lignes brisées d’un graphe planaire 75<br />

brisures <strong>et</strong> la résolution angulaire. Plus précisément les <strong>des</strong>sins utilisent une grille de<br />

(2n−5)×( 3 7 n− ),auplus5n−15 brisures (chaque arête est brisée au plus 3 fois) <strong>et</strong> une<br />

2 2<br />

2<br />

résolution angulaire supérieure à .Dans [CDGK99] les <strong>des</strong>sins obtenus utilisent<br />

degmax une grille de 30n × 15n, auplusune brisure par arête <strong>et</strong> une résolution angulaire de<br />

Θ(1/ degmax). Ici notre but est d’obtenir <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins sur une grille de taille optimale<br />

avec un faible nombre de brisures. Schnyder [Sch90] a montré qu’il est possible de <strong>des</strong>siner<br />

un graphe plan à l’aide de lignes droites sur une grille de (n − 2) × (n − 2). De<br />

plus, De Fraysseix, Pach <strong>et</strong> Pollack [FPP90] ont montré que certains <strong>graphes</strong> de taille n<br />

nécessitent une grille (⌊ 2(n−1)<br />

⌋)×(⌊ 3<br />

2(n−1)<br />

⌋) pour être <strong>des</strong>sinés. Par ailleurs, Chrobak <strong>et</strong><br />

3<br />

Nakano [CN95] ont proposé un algorithme donnant <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins lignes droites de largeur<br />

optimale <strong>et</strong> de hauteur au plus 4⌊ 2n−1⌋−1.<br />

Nous présentons ici un algorithme s’ap-<br />

3<br />

puyant sur les <strong>réaliseurs</strong> produisant <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins lignes brisées sur une grille de surface<br />

optimale ( 4(n−1)2<br />

)<strong>et</strong>delargeuroptimale (⌊ 9<br />

2(n−1)<br />

⌋) oùchaquearête est brisée au plus<br />

3<br />

une fois <strong>et</strong> le nombre total de brisures est au plus n − 2. Ces <strong>des</strong>sins étant obtenus<br />

en temps linéaire, l’algorithme possède un intérêt théorique <strong>et</strong> pratique. La suite du<br />

chapitre est organisée de la manière suivante. La section 5.1 donne de manière formelle<br />

les définitions de <strong>des</strong>sins lignes brisées <strong>et</strong> donne une borne inférieure sur la taille de<br />

la grille. La section 5.2 présente le principe de <strong>des</strong>sin lignes brisées d’un réaliseur. La<br />

section 5.3 introduit la notion de stratification-faible1 d’un réaliseur qui est un ensemble<br />

de contraintes sur les ordonnées <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s d’un réaliseur afin de pouvoir le <strong>des</strong>siner.<br />

La section 5.4 donne l’algorithme de <strong>des</strong>sin d’un réaliseur stratifié. Enfin, la section 5.5<br />

présente un algorithme linéaire perm<strong>et</strong>tant de calculer une stratification-faible d’un<br />

réaliseur.<br />

5.1 Dessin lignes brisées d’un graphe planaire<br />

Un <strong>des</strong>sin lignes brisées d’un graphe G est un <strong>des</strong>sin de G où les somm<strong>et</strong>s sont<br />

représentés par <strong>des</strong> points ayant <strong>des</strong> coordonnées entières <strong>et</strong> les arêtes par <strong>des</strong> lignes<br />

brisées, où les brisures ont aussi <strong>des</strong> coordonnées entières. Un <strong>des</strong>sin planaire lignes<br />

brisées est un <strong>des</strong>sin lignes brisées où les arêtes ne se croisent pas. La largeur d’un <strong>des</strong>sin<br />

lignes brisées est définie par la différence entre la plus p<strong>et</strong>ite abscisse d’un somm<strong>et</strong> ou<br />

d’une brisure <strong>et</strong> la plus grande abscisse d’un somm<strong>et</strong> ou d’une brisure. De manière<br />

similaire la hauteur d’un <strong>des</strong>sin lignes brisées est donnée par la différence entre la plus<br />

p<strong>et</strong>ite ordonnée d’un somm<strong>et</strong> ou d’une brisure <strong>et</strong> la plus grand ordonnée d’un somm<strong>et</strong><br />

ou d’une brisure.<br />

Par exemple la taille de la grille du premier <strong>des</strong>sin de la figure 57 est 9 × 12. Ce<br />

<strong>des</strong>sin possède également 21 brisures <strong>et</strong> les arêtes sont brisées au plus 2 fois.<br />

La propriété suivante a été prouvé pour les <strong>des</strong>sins en lignes droites [FPP90], utilisant<br />

<strong>des</strong> triangles emboîtés (cf. figure 59). Utilisant la même construction, le résultat<br />

1 Dans [BSM00] une version plus restrictive de nivelage, appelé stratification, aété définie. C<strong>et</strong>te<br />

définition plus restrictive, fut introduite pour calculer <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins 2-visibilité. La stratification-faible<br />

étant moins contraignante, elle autorise <strong>des</strong> nivelages moins hauts <strong>et</strong> donc <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins plus compacts.


76 Chapitre 5. Dessin lignes brisées d’un réaliseur<br />

s’étend directement aux <strong>des</strong>sins lignes brisées.<br />

Propriété 5.1.1. Pour chaque n ≥ 3, ilexiste un graphe plan à n somm<strong>et</strong>s Hn dont<br />

la largeur <strong>et</strong> la hauteur de la grille de chacun de ses <strong>des</strong>sins planaires lignes brisées est<br />

d’au moins ⌊ 2(n−1)<br />

⌋ <strong>et</strong> la surface de la grille est d’au moins 3<br />

4(n−1)2<br />

. 9<br />

Démonstration. Pour <strong>des</strong> raisons de symétrie, on peut considérer uniquement la largeur<br />

du <strong>des</strong>sin. Hn est construit récursivement. H3 étant le triangle v1,v2,v3 <strong>et</strong> pour n ≥ 4,<br />

Hn est obtenu en ajoutant le somm<strong>et</strong> vn dans la face extérieure de Hn−1 <strong>et</strong> en le<br />

connectant aux somm<strong>et</strong>s vn−1,vn−2 <strong>et</strong> vn−3. Dec<strong>et</strong>te manière la face extérieure de Hn<br />

est constituée <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s vn−2,vn−1 <strong>et</strong> vn.<br />

Remarquons tout d’abord que pour n =3, 4, 5, un<strong>des</strong>sin lignes brisées de Hn utilise<br />

respectivement <strong>des</strong> grilles de largeur au moins 1, 2 <strong>et</strong> 2, cequivaut bien ⌊ 2(n−1)<br />

⌋. Par<br />

3<br />

induction, on observe qu’il faut au moins deux colonnes de plus pour <strong>des</strong>siner Hn que<br />

pour <strong>des</strong>siner Hn−3.<br />

v n<br />

v n-3<br />

H n-3<br />

v n-1<br />

v n-4<br />

v n-5<br />

H n<br />

v n-2<br />

Figure 59 – Constructions <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> Hn.<br />

5.2 Principe de <strong>des</strong>sin lignes brisées d’un réaliseur<br />

Etant donné G un graphe plan maximal <strong>et</strong> R =(T0,T1,T2) un de ses <strong>réaliseurs</strong>, on<br />

calcule un <strong>des</strong>sin lignes brisées de G.<br />

Après avoir choisi un arbre de R, disonsT0, une colonne est allouée pour chaque<br />

feuille u de T0 dans l’ordre d’apparition dans un parcours préfixe anti-trigonométrique.<br />

On note x(u) le numéro de c<strong>et</strong>te colonne. Chaque nœud interne de T0 est placé sur la<br />

colonne d’une <strong>des</strong> feuilles de son sous-arbre.<br />

Maintenant, il reste à calculer l’ordonnée y(u) de chaque somm<strong>et</strong> u de G. Pourcela,<br />

nous définissons d’abord quelques règles sur la position <strong>des</strong> brisures <strong>des</strong> arêtes :<br />

–Siune brisure est nécessaire pour l’arête (u, P0(u)), elle aura les coordonnées<br />

suivantes : (x(u),y(P0(u)) + 1).<br />

–Siune brisure est nécessaire pour une arête (u, P1(u)), elle aura les coordonnées<br />

suivantes : (x(first_leaf(u)),y(u)), oùfirst_leaf(u) désigne la première feuille<br />

du sous-arbre issu de u.


5.2. Principe de <strong>des</strong>sin lignes brisées d’un réaliseur 77<br />

–Demanière similaire, si une brisure est nécessaire pour une arête (u, P2(u)), elle<br />

aura les coordonnées suivantes : (x(last_leaf(u)),y(u)), oùlast_leaf(u) désigne<br />

la dernière feuille du sous-arbre issu de u.<br />

La figure 60 illustre la manière dont les arêtes de différents types sont <strong>des</strong>sinées.<br />

Figure 60 – Dessins d’une arête.<br />

Pour un <strong>des</strong>sin planaire lignes brisées, les arêtes ne doivent pas se chevaucher,<br />

même partiellement. Pour éviter cela, d’autres règles sont nécessaires. La configuration<br />

gauche de la figure 61 illustre le cas où deux arêtes se chevauchent. Nous proposons<br />

une nouvelle règle concernant l’abscisse <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s : si v = P2(u) <strong>et</strong> y(v) =y(u)<br />

alors x(v) =x(last_leaf(v)) sinon x(v) =x(first_leaf(v)). Comme on le voit sur<br />

la configuration droite de la figure 61, lorsqu’on applique c<strong>et</strong>te règle le chevauchement<br />

disparaît.<br />

Figure 61 – Configuration de chevauchement d’arête <strong>et</strong> configuration corrigée.<br />

Finalement, nous considérons les arêtes externes (v1,v0) <strong>et</strong> (v2,v0) comme si elles<br />

appartenaient à l’arbre T0 <strong>et</strong> que l’arête externe (v1,v2) appartient à l’arbre T2.<br />

Ayant défini la méthode de <strong>des</strong>sin d’un réaliseur (<strong>et</strong> donc d’un graphe plan maximal)<br />

nous proposons un ensemble de contraintes sur les ordonnées <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s qui assure<br />

qu’un tel type de <strong>des</strong>sin est possible. Par la suite, nous montrerons que <strong>des</strong> ordonnées<br />

qui vérifient ces contraintes peuvent être calculées en temps linéaire pour n’importe<br />

quel réaliseur. De plus, nous montrerons que les <strong>des</strong>sins obtenus ont une taille de grille<br />

optimale.


78 Chapitre 5. Dessin lignes brisées d’un réaliseur<br />

5.3 Stratification-faible d’un réaliseur<br />

Un nivelage d’un graphe G est une application de l’ensemble <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s de G vers<br />

l’ensemble <strong>des</strong> entiers positifs. Comme nous le verrons, un nivelage peut être utilisé pour<br />

définir l’ordonnée <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s dans le plan. Nous définissons un nivelage particulier<br />

d’un réaliseur, qui perm<strong>et</strong> d’obtenir <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins lignes brisées de taille optimale.<br />

Définition 5.3.1. Soient G un graphe plan maximal, R =(T0,T1,T2) un réaliseur de<br />

G <strong>et</strong> L un nivelage de G. Lmax1(u) <strong>et</strong> Lmax2(u) sont respectivement définis de la manière<br />

suivante : Lmax1(u) =max(L(u ′ ),u ′ ∈ Ch1(u)) <strong>et</strong> Lmax2(u) =max(L(u ′ ),u ′ ∈ Ch2(u)).<br />

On dit que L est une stratification-faible de R si pour tout somm<strong>et</strong> interne u de G, les<br />

conditions suivantes sont vérifiées :<br />

1. L(v0) =0<br />

2. L(P0(u))


5.4. Dessin lignes brisées d’une stratification-faible d’un réaliseur 79<br />

5.4 Dessin lignes brisées d’une stratification-faible<br />

d’un réaliseur<br />

Pour chaque somm<strong>et</strong> v, onnotexL(v) (resp. xR(v)) l’abscisse de la feuille la plus à<br />

gauche (resp. la plus à droite) du sous-arbre issu de v.<br />

L’algorithme suivant calcule les abscisses <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s internes ainsi que les coordonnées<br />

<strong>des</strong> brisures <strong>des</strong> arêtes à partir d’une stratification-faible d’un réaliseur. Les<br />

coordonnées ainsi calculées donnent un <strong>des</strong>sin planaire lignes brisées du graphe.<br />

Algorithme 7 Dessin lignes brisées.<br />

pour chaque somm<strong>et</strong> u de G, y(u) ← L(u)<br />

Associer à chaque feuille de T0 une colonne de la gauche vers la droite.<br />

pour chaque nœud interne u de T0 faire<br />

si L(u) =Lmax2(u) alors<br />

x(u) ← xR(u)<br />

sinon<br />

x(u) ← xL(u)<br />

fin si<br />

pour chaque enfant v de u dans T0 faire<br />

ajouter la brisure (x(v),y(u)+1)à l’arête (u, v) si nécessaire.<br />

fin pour<br />

ajouter la brisure (xL(u),y(u)) à l’arête (v, P2(u)) si nécessaire.<br />

ajouter la brisure (xR(u),y(u)) à l’arête (v, P1(u)) si nécessaire.<br />

fin pour<br />

ajouter la brisure xL(v0),y(v0)+1à l’arête (v0,v1)<br />

Lemme 5.4.1. Soit G un graphe plan maximal possédant n somm<strong>et</strong>s. Soit L une<br />

stratification-faible d’un réaliseur R =(T0,T1,T2) de G. Soitp le nombre de feuilles de<br />

T0 <strong>et</strong> k la hauteur de L. L’algorithme 7 calcule un <strong>des</strong>sin planaire lignes brisées de G<br />

en temps linéaire sur une grille (p +1)× (k). Deplus,le <strong>des</strong>sin obtenu possède au plus<br />

n − 2 brisures <strong>et</strong> chaque arête possède au plus une brisure.<br />

Démonstration. Les conditions 5 <strong>et</strong> 6 de la définition 5.3.1 assurent que pour chaque<br />

somm<strong>et</strong> u, onpeut <strong>des</strong>siner les arêtes vers P1(u) <strong>et</strong> P2(u) sans risquer de croisement.<br />

La condition 7 assure que u ne peut pas avoir simultanément deux enfants, un dans<br />

T1 <strong>et</strong> un dans T2, sur son niveau. Donc si le somm<strong>et</strong> u possède un enfant v dans T2 sur<br />

son niveau, l’abscisse de u est fixée à xR(u). Ceci perm<strong>et</strong> d’éviter un chevauchement<br />

entre l’arête (u, P1(u)) <strong>et</strong> l’arête (v, u) (voir figure 61). Dans le cas ou u ne possède pas<br />

d’enfant dans T2 sur son niveau, l’abscisse de u est fixée à xL(u) (même si u ne possède<br />

pas d’enfant dans T1). Ceci perm<strong>et</strong> d’éviter un éventuel chevauchement entre l’arête<br />

(u, P2) <strong>et</strong> une arête entre u <strong>et</strong> un de ses enfants dans T1 (voir figure 60).


80 Chapitre 5. Dessin lignes brisées d’un réaliseur<br />

La condition 8 assure que l’arête (v1,v2) peut être <strong>des</strong>sinée en ligne droite. Puisque<br />

v0 ne possède pas d’enfant dans T2, x(v0) =xL(v0) <strong>et</strong> donc l’arête (v0,v2) peut aussi<br />

être <strong>des</strong>sinée en ligne droite.<br />

Maintenant, regardons quelles sont les arêtes pouvant être <strong>des</strong>sinées en ligne droite.<br />

–Siuest une feuille de T0, alorsles arêtes (u, P1(u)) <strong>et</strong> (u, P2(u)) sont <strong>des</strong>sinées<br />

en ligne droite.<br />

–SiIfx(u) =xL(u) (resp. x(u) =xR(u)) alorsl’arête (u, P2(u)) (resp. (u, P1(u)))<br />

<strong>et</strong> l’arête partant de u vers le premier enfant de u (resp. dernier enfant de u) dans<br />

T0 sont <strong>des</strong>sinées en ligne droite.<br />

Toutes les autres arêtes possèdent exactement une brisure. Comme nous l’avons vue<br />

dans la section précédente, le choix <strong>des</strong> coordonnées <strong>des</strong> brisures assure un <strong>des</strong>sin lignes<br />

brisées sans chevauchement ni croisement.<br />

Le nombre d’arêtes brisées partant d’un somm<strong>et</strong> u <strong>et</strong> allant vers un de ses enfants<br />

dans T0 ou vers P1(u) ou vers P2(u) est borné par le nombre de ses enfants dans T0<br />

(au moins deux <strong>des</strong> arêtes ainsi considérées sont <strong>des</strong> lignes droites). Donc le nombre<br />

de brisures sur les arêtes internes est borné par le nombre d’arêtes dans T0 : n − 3.<br />

De plus, les arêtes (v0,v1) <strong>et</strong> (v1,v2) sont <strong>des</strong> lignes droites <strong>et</strong> l’arête (v0,v2) peut être<br />

brisée. Donc au final le nombre de brisures nécessaires est au plus de n − 2.<br />

5.5 Algorithme de calcul d’une stratification-faible<br />

d’un réaliseur<br />

Dans c<strong>et</strong>te section, nous présentons un algorithme qui construit une stratificationfaible<br />

d’un réaliseur. Dans un premier temps, tous les somm<strong>et</strong>s de G sont placés sur le<br />

niveau 0. Ensuite, l’algorithme traite chaque somm<strong>et</strong> interne de G dans l’ordre postfixe<br />

trigonométrique de T2. L<strong>et</strong>raitement d’un somm<strong>et</strong> v est le suivant : on applique de<br />

manière séquentielle <strong>des</strong> règles de réévaluation <strong>des</strong> niveaux (voir algorithme 8).<br />

On peut remarquer que ces règles ne font qu’augmenter le niveau <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s v,<br />

P1(v) <strong>et</strong> P2(v). Quand les règles 1 <strong>et</strong> 2 ont été appliquées sur le somm<strong>et</strong> v, leniveau<br />

de v restera inchangé jusqu’à la fin de l’exécution de l’algorithme. On dit donc qu’une<br />

fois appliquées les règles 1 <strong>et</strong> 2 sur le somm<strong>et</strong> v, v devient fixé.<br />

Lemme 5.5.1. Soit G un graphe plan maximal. Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur de<br />

G. L’algorithme 8 calcule une stratification-faible de R en temps linéaire.<br />

Démonstration. Le somm<strong>et</strong> v0 est fixé sur le niveau 0 donc la condition 1 de la définition<br />

5.3.1 est vérifiée. Les somm<strong>et</strong>s sont fixés dans l’ordre postfixe trigonométrique de<br />

T2. Donc un somm<strong>et</strong> u est traité quand ses enfants dans T1 <strong>et</strong> T2 ainsi que son père dans<br />

T0 ont été fixés (voir propriété 1.2.3). Comme le premier somm<strong>et</strong> traité dans la boucle<br />

principale est un enfant de v0, une feuille de T1 <strong>et</strong> une feuille de T2, lesconditions 2, 3,<br />

4, 5, 6 <strong>et</strong> 6 de la définition 5.3.1 sont vérifiées pour le somm<strong>et</strong> u.


5.5. Algorithme de calcul d’une stratification-faible d’un réaliseur81<br />

Algorithme 8 Construction d’une stratification-faible.<br />

pour chaque somm<strong>et</strong> u de G faire<br />

L(u) ← 0<br />

fin pour<br />

pour chaque somm<strong>et</strong> interne u de G dans l’ordre trigonométrique postfixe de T2<br />

appliquer les règles :<br />

1. L(u) ← max(L(u),L(P0(u)) + 1)<br />

2. L(u) ← max(L(u), min(Lmax1(u),Lmax2(u)) + 1)<br />

3.a L(P2(u)) ← max(L(P2(u)),L(u))<br />

3.b L(P1(u)) ← max(L(P1(u)),L(u))<br />

4.a L(P2(u)) ← max(L(P2(u)),Lmax1(u)+1)<br />

4.b L(P1(u)) ← max(L(P1(u)),Lmax2(u)+1)<br />

fin pour<br />

5. L(v1) ← max(L(v1),Lmax2(v2)+1)<br />

Supposons maintenant que les conditions de la définition 5.3.1 sont vérifiées pour<br />

les m premiers somm<strong>et</strong>s fixés. Soit u le prochain somm<strong>et</strong> à être fixé. Montrons que ces<br />

conditions sont vérifiées aussi pour u lorsqu’il devient fixé.<br />

La règle 1 assure que le somm<strong>et</strong> u est sur un niveau plus haut que celui de son<br />

parent dans T0. Doncaprèsl’application de la règle 1, la condition 2 est vérifiée pour<br />

le somm<strong>et</strong> u.<br />

La règle 2 assure que si un somm<strong>et</strong> u possède 2 enfants, un dans T1 <strong>et</strong> un dans T2<br />

situés sur le même niveau que lui, alors L(u) est incrémenté. Donc après l’application<br />

de la règle 2, la condition 6 est vérifiée pour le somm<strong>et</strong> u.<br />

La règle 3.a (resp. 3.b) assure que le somm<strong>et</strong> P2(u) (resp. P1(u)) est sur un niveau<br />

plus haut que u. Ceci correspond à la condition 3 (resp. 4) de la définition 5.3.1.<br />

De manière analogue, les règles 4.a <strong>et</strong> 4.b assure que les conditions 5 <strong>et</strong> 6 sont<br />

satisfaites pour le somm<strong>et</strong> u.<br />

Pendant le traitement du somm<strong>et</strong> u, lesniveauxdeu, P1(u) <strong>et</strong> P2(u) ne sont pas<br />

diminués. Donc les conditions 2, 3, 4, 5, 6 <strong>et</strong> 7 restent vérifiées pour les m premiers<br />

somm<strong>et</strong>s fixés.<br />

Donc à la fin de la boucle principale, les conditions 2 à 7 sont vérifiées pour tous les<br />

somm<strong>et</strong>s internes de G. Deplus,la dernière étape de l’algorithme assure que la condition<br />

8 est vérifiée. Donc à la fin de l’exécution de l’algorithme, L est une stratificationfaible<br />

du réaliseur R.<br />

L’algorithme traite chaque somm<strong>et</strong> une fois. Le traitement d’un somm<strong>et</strong> s’effectue<br />

en temps constant. Donc l’algorithme est linéaire.<br />

Fait 5.5.1. Achaque étape de l’algorithme 8, pour tout niveau i


82 Chapitre 5. Dessin lignes brisées d’un réaliseur<br />

Lemme 5.5.2. Soit R un réaliseur. Soit L une stratification-faible de R générée par<br />

l’algorithme 8. Si v est une feuille de T0, alorsilexiste u = v tel que L(v) =L(u). De<br />

plus, c<strong>et</strong>te propriété est aussi vraie pour le somm<strong>et</strong> v2.<br />

Démonstration. Puisque v2 n’appartient ni à T0 ni à T1, lesseules règles qui peuvent<br />

changer son niveau sont les règles 3.a <strong>et</strong> 4.a. Lors de l’application de la règle 5, soit<br />

L(v2) =Lmax2(v2) <strong>et</strong> alors v2 est sur le même niveau que l’un de ses enfants dans T2,<br />

soit L(v2) =Lmax2(v2)+1 <strong>et</strong> alors v1 est sur le même niveau que v2. Danstous les cas,<br />

v2 n’est pas seul sur son niveau.<br />

Soit un somm<strong>et</strong> v, feuille de T0. Quand v devient fixé, on peut distinguer deux<br />

configurations :<br />

–Cas 1 : il y a un somm<strong>et</strong> u tel que L(u) >L(v). Touslesniveaux plus basque<br />

L(u) contiennent au moins un somm<strong>et</strong> fixé (cf. Fait 5.5.1). Comme v n’est pas<br />

encore fixé, L(v) contient déjà un somm<strong>et</strong> fixé.<br />

–Cas2:Lne contient pas de somm<strong>et</strong> plus haut que v au moment où v devient<br />

fixée. Soit u le premier somm<strong>et</strong> à apparaître sur le niveau L(v)+1.Cesomm<strong>et</strong><br />

apparaît donc sur L(v) +1 après que v devienne fixé. Un tel somm<strong>et</strong> u existe<br />

toujours car à la fin de l’algorithme, v1 est un somm<strong>et</strong> situé un niveau plus haut<br />

que ceux où se trouvent les somm<strong>et</strong>s internes de G.<br />

Considérons la règle qui a placé le somm<strong>et</strong> u sur le niveau L(v)+1.<br />

–Cas2.1 : règle 1. Alors L(P0(u)) = L(v). Puisque v est une feuille de T0,<br />

P0(u) est différent de v.<br />

–Cas 2.2 : règle 2. Il y a donc au moins 2 somm<strong>et</strong>s fixés sur le niveau L(v) :<br />

un enfant de u dans T1 <strong>et</strong> un enfant de u dans T2.<br />

–Cas 2.3 : règle 3.a (resp. 3.b). Le somm<strong>et</strong> u possède alors un enfant fixé w<br />

dans T2 (resp. dans T1) telqueL(w) =L(v)+1.Ceci est en contradiction<br />

avec le fait que u est le premier somm<strong>et</strong> fixé sur le niveau L(v)+1.<br />

–Cas2.4 : règle 4.a (resp. 4.b). Dans ce cas si u = P1(v) (resp. u = P2(v))<br />

alors L(v) =Lmax2(v) (resp. L(v) =Lmax1(v)). Donc v possède un enfant w<br />

fixé dans T2 (resp. T1) telqueL(v) =L(w).<br />

–Cas2.5 : règle 5. Alors on a u = v1 <strong>et</strong> L(v2) =Lmax2(v2).DoncL(v) =L(v2).<br />

Comme nous venons de le voir, si le somm<strong>et</strong> v est une feuille de T0 alors v n’est pas<br />

tout seul sur son niveau.<br />

Lemme 5.5.3. L’algorithme 8 calcule en temps linéaire, une stratification-faible d’un<br />

réaliseur R =(T0,T1,T2), dehauteur au plus n −⌊ p<br />

⌋−1 où p désigne lenombrede<br />

2<br />

feuilles de l’arbre T0.<br />

Démonstration. Comme nous l’avons vu, il y au moins un somm<strong>et</strong> par niveau (voir<br />

Fait 5.5.1). De plus, une feuille de T0 ne peut être seule sur son niveau (lemme 5.5.2).<br />

Donc dans le pire <strong>des</strong> cas, c’est à dire celui où la stratification-faible est la plus haute,


5.6. Conclusion 83<br />

le dernier niveau contient uniquement v1, <strong>et</strong>chaqueautre niveau contient soit un seul<br />

nœud interne de T0, soit deux feuilles de T0, soit une feuille de T0 <strong>et</strong> v2. Cequinous<br />

donne n−2−p niveau possédant un nœud interne de T0, ⌊ p+1<br />

⌋ niveaux pour les feuilles<br />

2<br />

de T0 <strong>et</strong> v2 <strong>et</strong> un dernier niveau pour v1. Aufinal, la hauteur de la stratification-faible<br />

obtenue par le précédant algorithme est au plus n −⌊ p<br />

2⌋−1. Théorème 5.5.1. Soit G un graphe plan à n somm<strong>et</strong>s. Le graphe G adm<strong>et</strong> un <strong>des</strong>sin<br />

lignes brisées sur une grille de surface au plus 4(n−1)2<br />

<strong>et</strong> de largeur au plus ⌊ 9<br />

2(n−1)<br />

⌋. 3<br />

De plus, chaque arête possède au plus une brisure <strong>et</strong> globalement le <strong>des</strong>sin possède au<br />

plus n − 2 brisures.<br />

Démonstration. Soit G ′ une triangulation planaire de G. Elle peut être obtenue en<br />

temps linéaire. Soit R =(T0,T1,T2) un réaliseur de G ′ .<br />

⌋ feuilles. Le corollaire 2.3.1<br />

Soit Ti un <strong>des</strong> arbres de R qui possède au plus ⌊ 2n−5<br />

3<br />

nous assure qu’un tel arbre existe. Soit R ′ =(T ′ 0 = Ti,T ′ 1 = Ti+1,T ′ 2 = Ti+2) le réaliseur<br />

obtenu par permutation circulaire à partir de R. Leréaliseur R ′ est aussi un réaliseur<br />

de G ′ .Soitple nombre de feuilles de T ′ 0.<br />

L’algorithme 8 calcule en temps linéaire une stratification-faible de R ′ de hauteur<br />

n −⌊ p<br />

⌋−1. Enutilisant c<strong>et</strong>te stratification-faible, l’algorithme 7 calcule un <strong>des</strong>sin<br />

2<br />

lignes brisées de G sur une grille (p +1)× (n −⌊ p<br />

⌋−1) avec au plus n − 2 brisures.<br />

2<br />

Puisque p ≤⌊2n−5 2(n−1)<br />

⌋,lalargeur du <strong>des</strong>sin est donc d’au plus ⌊ ⌋. Etdonclasurface<br />

3 3<br />

de la grille est d’au plus 4(n−1)2<br />

.Lapropriété 5.1.1 assure qu’une telle largeur <strong>et</strong> une<br />

9<br />

telle surface sont nécessaires pour <strong>des</strong>siner certains <strong>graphes</strong> plans de taille n. Donc<br />

l’algorithme 7 produit <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins de surfaces <strong>et</strong> de largeurs optimales pour la classe<br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans.<br />

La figure 62 représente un exemple de <strong>des</strong>sin lignes brisées obtenu à l’aide de l’algorithme<br />

présenté.<br />

5.6 Conclusion<br />

L’algorithme que nous avons présenté produit <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins lignes brisées sur <strong>des</strong><br />

grilles de surface <strong>et</strong> de largeur optimales pour la classe <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans. Les <strong>des</strong>sins<br />

obtenus possèdent au plus n − 2 brisures. Dans la pratique, le nombre de brisures<br />

effectivement utilisé est plus p<strong>et</strong>it. On peut se demander s’il est possible d’obtenir<br />

<strong>des</strong> <strong>des</strong>sins similaires avec un nombre n<strong>et</strong>tement plus faible de brisures (au plus n/2<br />

brisures, par exemple).<br />

Dans le cas de <strong>graphes</strong> plans non maximaux, il pourrait être intéressant d’évaluer<br />

la taille de la grille <strong>et</strong> le nombre de brisures nécessaires en fonction du nombre d’arêtes.<br />

Enfin, nous avons vu que le <strong>des</strong>sin était de largeur optimale pour la classe <strong>des</strong><br />

<strong>graphes</strong> plans (i.e. la face extérieure est fixée). Dans le cas de <strong>graphes</strong> planaires, on<br />

peut espérer obtenir <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins sur <strong>des</strong> grilles de largeur plus p<strong>et</strong>ite. Par exemple, en


84 Chapitre 5. Dessin lignes brisées d’un réaliseur<br />

9<br />

1<br />

0<br />

2<br />

4<br />

14<br />

13<br />

12<br />

7<br />

Figure 62 – Exemple de <strong>des</strong>sin lignes brisées obtenu par l’algorithme 7. Le graphe<br />

<strong>des</strong>siné possède 16 somm<strong>et</strong>s. Le <strong>des</strong>sin est effectué sur une grille de taille 9 × 9 <strong>et</strong><br />

contient 7 brisures.<br />

choisissant judicieusement la face extérieure, le graphe Hn de la figure 59 peut être<br />

<strong>des</strong>siné sur une grille de largeur n/3 <strong>et</strong> non 2n/3.<br />

3<br />

5<br />

15<br />

6<br />

8<br />

11<br />

10


Chapitre 6<br />

Une majoration du nombre de <strong>graphes</strong><br />

planaires à l’aide <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong><br />

Introduction<br />

Quelle quantité d’information peut contenir un graphe planaire à n somm<strong>et</strong>s ? La<br />

réponse à c<strong>et</strong>te question est hautement liée au nombre de <strong>graphes</strong> planaires à n somm<strong>et</strong>s.<br />

Dénombrer les <strong>graphes</strong> planaires (non isomorphes) à n somm<strong>et</strong>s est un problème<br />

bien connu, mais qui malheureusement est toujours non-résolu (cf. [AW87]). Il n’existe<br />

ni de formule clause, ni d’estimation asymptotique, ni même d’estimation asymptotique<br />

sur le log de ce nombre. Une estimation asymptotique sur le log donnerait une borne<br />

sur le nombre de bits aléatoires nécessaires pour générer aléatoirement <strong>et</strong> uniformément<br />

un graphe planaire (pas forcément en temps polynomial).<br />

La génération d’obj<strong>et</strong>s aléatoires est un outil important pour l’analyse de la complexité<br />

moyenne d’algorithmes, ou le test d’algorithmes sur <strong>des</strong> cas typiques. A l’inverse<br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> aléatoires [ER60], on ne connaît que très peu de choses sur les <strong>graphes</strong><br />

planaires aléatoires. En eff<strong>et</strong>, l’ajout d’une arête dans un graphe planaire dépend fortement<br />

de l’emplacement <strong>des</strong> autres arêtes. Les <strong>graphes</strong> plans aléatoires ont été étudiés<br />

avec succès. Schaeffer [Sch99], puis Banderier, Flajol<strong>et</strong>, Schaeffer <strong>et</strong> Soria [BFSS00]<br />

ont montré comment générer en temps polynomial plusieurs familles de cartes planaires,<br />

e.g. cartes planaires triconnexes. Malheureusement, c<strong>et</strong>te génération ne donne<br />

que très peu d’informations sur les <strong>graphes</strong> planaires aléatoires car il y a de nombreuses<br />

manières de plonger un graphe dans le plan. Néanmoins, certaines familles de<br />

<strong>graphes</strong> planaires peuvent être générées de manière aléatoire : les arbres [ARS97], les<br />

<strong>graphes</strong> planaires-extérieurs ("outer-planar" en anglais) maximaux [ES94, BDP99] (i.e.<br />

les triangulations d’un polygone), <strong>et</strong> plus récemment les <strong>graphes</strong> planaires-extérieurs<br />

étiqu<strong>et</strong>és ou non [BK03]<br />

En plus de l’aspect “combinatoire” <strong>et</strong> “génération aléatoire”, une attention particulière<br />

est accordée en informatique aux représentations “efficaces” <strong>des</strong>obj<strong>et</strong>s discr<strong>et</strong>s. Efficace<br />

signifie d’une part que la représentation occupe peu de place, <strong>et</strong> d’autre part que<br />

85


86 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

le temps nécessaire au calcul d’une telle représentation est polynomial (faible nombre<br />

de bits <strong>et</strong> calcul rapide). Une manipulation rapide d’une telle représentation ainsi qu’un<br />

accès facile à <strong>des</strong> fragments d’information sont aussi <strong>des</strong> objectifs poursuivis. Au moins<br />

deux champs d’applications sont concernés par la représentation de <strong>graphes</strong> planaires :<br />

l’imagerie numérique <strong>et</strong> les réseaux.<br />

La discrétisation d’un obj<strong>et</strong> 3D donne une liste de coordonnées dans l’espace, ainsi<br />

qu’un ensemble de relations d’adjacences. Dans le cas d’obj<strong>et</strong>s convexes, c<strong>et</strong> ensemble<br />

de relations d’adjacences est un graphe planaire non étiqu<strong>et</strong>é. En général, <strong>des</strong> <strong>graphes</strong><br />

planaires dont les faces sont <strong>des</strong> triangles ou <strong>des</strong> quadrilatères sont utilisés pour discrétiser<br />

la surface de tels obj<strong>et</strong>s. Un algorithme de compression est appliqué sur le<br />

graphe ainsi obtenu. Les performances sont mesurées par le nombre moyen de bits par<br />

nœud <strong>et</strong> par arête. Elles sont exprimées en fonction de tests menés sur <strong>des</strong> générateurs<br />

d’exemples types ou sur <strong>des</strong> exemples de référence [KADS02], faute d’avoir un “bon” générateur<br />

de <strong>graphes</strong> planaires aléatoires. Par exemple, King <strong>et</strong> Rossignac [KR99, Ros99]<br />

ont donné un algorithme de compression <strong>des</strong> triangulations qui garantit un codage en<br />

3, 67 bits par somm<strong>et</strong>, le rapport optimal étant log 2(256/27) ≈ 3, 24 bits par somm<strong>et</strong><br />

(voir formule énumération <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans maximaux [Tut62], théorème 1.1.3).<br />

Une table de routage est une structure de données associée à chaque nœud <strong>et</strong> qui<br />

indique, en fonction de la <strong>des</strong>tination d’un message entrant, le port de sortie qui doit<br />

être utilisé pour atteindre le <strong>des</strong>tinataire. Le principal objectif d’un système de routage<br />

est de minimiser la taille <strong>des</strong> tables de routage tout en maintenant les traj<strong>et</strong>s aussi<br />

courts que possible. Les tables de routage construites pour un réseau ont été étudiées<br />

dans le cas de réseaux planaires [FJ89, GH99, Lu02a, Tho01]. Le graphe sous-jacent<br />

est pré-calculé afin d’optimiser les tables de routage.<br />

La stratégie utilisée par Gavoille <strong>et</strong> Hanusse [GH99], basée sur les plongements en<br />

k-page <strong>et</strong> améliorée par Lu [Lu02a] avec les arbres recouvrants ordonnés, démontre<br />

qu’une représentation compacte de <strong>graphes</strong> planaires aide à la construction de tables<br />

de routage compactes, plus particulièrement dans le cas d’un routage de plus court<br />

chemin.<br />

Travaux précédents<br />

Pour les raisons que l’on vient d’exposer, on cherche à représenter de manière succincte<br />

les <strong>graphes</strong> planaires à n somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong> m arêtes. Turán [Tur84] a proposé un codage<br />

en 4m bits, qui fut amélioré plus tard par Keeler <strong>et</strong> Westbrook [KW95] pour obtenir<br />

un codage en 3, 58m bits. Munro <strong>et</strong> Raman [MR97] ont proposé un codage en 2m +8n<br />

bits s’appuyant sur les plongements en 4-page <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires (voir [Yan89]).<br />

Dans une série d’articles, Lu <strong>et</strong> al. [CGH + 98, CLL01] ont proposé un codage plus fin<br />

en 4m/3+5n bits, à l’aide <strong>des</strong> arbres recouvrants ordonnés. Comme nous l’avons vu<br />

dans le chapitre 3, il existe <strong>des</strong> codages pour les <strong>graphes</strong> planaires maximaux en 4n<br />

bits [CGH + 98, Ros99, Bon02]. Une amélioration <strong>des</strong> techniques utilisées dans [Ros99]<br />

donne un codage en 3, 67n bits <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires maximaux [KR99], calculable en


temps linéaire. Finalement, He, Kao <strong>et</strong> Lu [HKL00] ont montré qu’un codage optimal<br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires, maximaux ou non, pouvait être obtenu avec une complexité en<br />

temps de O(n log(n)). Pourcela ils utilisent une décomposition récursive du graphe à<br />

l’aide de séparateurs <strong>et</strong> un algorithme de codage exponentiel pour les dernières composantes<br />

de taille sous-logarithmique. Cependant la constante cachée derrière la notation<br />

“grand O” peut être limitante dans la pratique. De plus, l’implémentation de l’algorithme<br />

de codage nécessite l’implementation d’algorithmes complexes tels que ceux<br />

de reconnaissance de <strong>graphes</strong> isomorphes <strong>et</strong> de recherche de séparateurs [LT79]. Récemment,<br />

la complexité de c<strong>et</strong> algorithme de codage a été améliorée afin de la rendre<br />

linéaire [Lu02b]. Bien que la longueur du codage soit optimale, l’approche de [HKL00]<br />

ne donne pas une borne explicite sur le nombre de bits utilisés dans c<strong>et</strong>te représentation.<br />

Si l’on s’intéresse uniquement au nombre de <strong>graphes</strong> planaires ou à certaines propriétés<br />

statistiques <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires (à quoi ressemble un graphe planaire aléatoire<br />

: nombre d’arêtes, connexité, <strong>et</strong>c.) d’autres outils peuvent être utilisés. Denise,<br />

Vasconcellos <strong>et</strong> Welsh [DVW96] ont donné une chaîne de Markov dans l’espace de tous<br />

les <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és dont la distribution limite est uniforme. Leurs expérimentations<br />

ont montré qu’un graphe planaire aléatoire possède approximativement<br />

2n arêtes. De plus, un tel graphe est généralement connexe mais pas biconnexe. Bien<br />

que leur chaîne de Markov converge vers une distribution uniforme, il n’est pas prouvé<br />

que la distribution obtenue après un nombre polynomial d’étapes est suffisamment<br />

proche de la distribution uniforme. Il est toutefois prouvé que presque tous les <strong>graphes</strong><br />

planaires étiqu<strong>et</strong>és possèdent au moins 3n/2 arêtes <strong>et</strong> que le nombre p(n) de <strong>graphes</strong><br />

planaires non étiqu<strong>et</strong>és vérifie le fait que 1<br />

n log2(p(n)) tende vers une constante γ telle<br />

que log2( 256<br />

27 ) ≤ γ ≤ log2( 256)+3.Cesbornes<br />

sur γ viennent de la formule de Tutte<br />

27<br />

(voir théorème 1.1.3) : tous les <strong>graphes</strong> planaires maximaux sont <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires<br />

<strong>et</strong> tous les <strong>graphes</strong> planaires sont <strong>des</strong> sous-<strong>graphes</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires maximaux<br />

<strong>et</strong> par conséquent il y a 23n−6 sous-ensembles d’arêtes possibles. Il y a aussi au plus<br />

n!2γn+o(n) <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és puisqu’il y a au plus n! manières d’étiqu<strong>et</strong>er les<br />

somm<strong>et</strong>s d’un graphe.<br />

Osthus, Prömel <strong>et</strong> Taraz [OPT] ont étudié les triangulations possibles <strong>des</strong> <strong>graphes</strong><br />

planaires <strong>et</strong> ont montré qu’il y avait au plus n!25,22n+o(n) <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és. Ils<br />

ont également montré que presque tous les <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és ont au plus 2, 56n<br />

arêtes. De leur côté, Gerke <strong>et</strong> McDiarmid [GM01] ont montré que ces même <strong>graphes</strong><br />

possèdent presque tous au moins 13n<br />

7<br />

87<br />

≈ 1, 85n arêtes, améliorant ainsi l’ancienne borne<br />

supérieure donnée dans [DVW96] : 1, 5n arêtes. Ils ont également montré que presque<br />

tous les <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és ont au plus 2, 69n arêtes.<br />

Utilisant <strong>des</strong> séries génératrices, Bender, Gao <strong>et</strong> Wormald [BGW99] ont prouvé<br />

que le nombre de <strong>graphes</strong> planaires 2-connexes étiqu<strong>et</strong>és était asymptotiquement<br />

n!2 4,71n+O(log(n)) .Notons que l’énumération de cartes planaires donne une borne supérieure<br />

sur le nombre de <strong>graphes</strong> planaires. Récemment, Bousqu<strong>et</strong>-Mélou [Bou02],<br />

a montré que le nombre de cartes planaires simples était asymptotiquement


88 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

2 5,098n+O(log(n)) ,donnant ainsi une borne sur le nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és<br />

<strong>et</strong> étiqu<strong>et</strong>és (n!2 5,098n+O(log(n)) ).<br />

Résultats présentés<br />

Dans ce chapitre nous montrons une borne supérieure de 2 5,007n+O(log(n)) sur le<br />

nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és. Ce résultat implique que le nombre de<br />

<strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és est d’au plus n!2 5,007n+O(log(n)) ,améliorant ainsi la borne<br />

donnée dans [OPT].<br />

Comme notre borne peut être paramétrée en fonction du nombre d’arêtes, nous<br />

pouvons montrer en utilisant la borne de [BGW99] que la plupart <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires<br />

non étiqu<strong>et</strong>és possèdent au moins 1, 70n arêtes <strong>et</strong> au plus 2, 54n arêtes, améliorant<br />

l’ancienne borne supérieure de 2, 69n arêtes [OPT]. De plus, ce résultat est<br />

également vrai pour les <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és (améliorant légèrement l’ancienne<br />

borne, 2, 56n [OPT]), connexes étiqu<strong>et</strong>és <strong>et</strong> connexes non étiqu<strong>et</strong>és.<br />

Mis à part l’aspect fondamental de l’énumération <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires, notre technique<br />

s’appuie sur une représentation explicite, relativement simple, <strong>et</strong> calculable en<br />

temps linéaire. De plus, nous donnons un algorithme linéaire de codage en 3, 37n bits<br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans maximaux <strong>et</strong> en 5, 03n bits pour les <strong>graphes</strong> planaires. Notre représentation<br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans maximaux améliore la compression “Edgebreaker” [KR99],<br />

<strong>et</strong> il ne fait pas de doute que notre construction explicite d’un graphe planaire peut être<br />

utilisée pour <strong>des</strong> problèmes de routage dans les réseaux, en particulier pour améliorer<br />

le résultat de Lu [Lu02a].<br />

Organisation du chapitre<br />

La section 6.1 présente la notion d’arbre recouvrant bien-ordonné, une spécialisation<br />

<strong>des</strong> arbres recouvrants ordonnés introduite dans [CGH + 98] <strong>et</strong> une généralisation<br />

<strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> minimaux (voir chapitre 1, section 1.3). Nous présentons également un<br />

algorithme perm<strong>et</strong>tant de construire un tel arbre recouvrant en temps linéaire.<br />

Dans la section 6.2 nous montrons que si G est connexe, le réaliseur minimal S<br />

d’un super-graphe particulier de G, appeléparla suite super-triangulation, possède la<br />

propriété que étant donné S <strong>et</strong> un somm<strong>et</strong> v, lesarêtes de l’arbre recouvrant bienordonné<br />

de S <strong>et</strong> v sont également dans G. C<strong>et</strong>te propriété ainsi que quelques autres<br />

nous perm<strong>et</strong>trons d’obtenir un codage compact de G. Eneff<strong>et</strong>, une <strong>des</strong> propriétés de<br />

S =(T0,T1,T2) est que toutes les arêtes de T0 sont aussi <strong>des</strong> arêtes de G.<br />

Dans la section 6.3 nous présentons un codage d’un graphe planaire G à l’aide<br />

de 8 chaînes binaires de densité différente (le rapport entre le nombre de “1” <strong>et</strong> la<br />

longueur de la chaîne) : 7 de ces chaînes servent à représenter la super-triangulation<br />

S (plus précisément 5 pour coder l’arbre T2 <strong>et</strong> 2 pour coder les arêtes pertinentes) <strong>et</strong><br />

une pour coder les arêtes manquantes. Chaque chaîne peut-être compressée à l’aide de<br />

l’algorithme de Pagh [Pag01] (nous donnons également un algorithme linéaire <strong>et</strong> plus


6.1. Arbre recouvrant bien-ordonné 89<br />

simple pour effectuer c<strong>et</strong>te compression). Ceci nous perm<strong>et</strong> de coder chaque chaîne en<br />

log2( n<br />

)+o(n) bits où n est la longueur la chaîne <strong>et</strong> k le nombre de “1”.<br />

k<br />

Enfin la section 6.4 nous analysons la taille de notre représentation en fonction du<br />

nombre de feuilles de T2 dans un premier temps puis en fonction du nombre d’arêtes<br />

du graphe. C<strong>et</strong>te analyse nous montre que notre codage utilise au plus 3, 37n bits pour<br />

coder un graphe plan maximal <strong>et</strong> 5, 03n bits pour un graphe planaire. Un codage en<br />

5, 007n bits est atteint à l’aide d’un codage un peu plus sophistiqué de S. Enfin nous<br />

montrons également que presque tous les <strong>graphes</strong> planaires, connexes ou non, étiqu<strong>et</strong>és<br />

ou non, possèdent entre 1, 70n <strong>et</strong> 2, 54n arêtes.<br />

6.1 Arbre recouvrant bien-ordonné<br />

6.1.1 Définition<br />

Nous proposons ici une spécialisation de la notion d’arbre recouvrant ordonné introduite<br />

dans [CGH + 98] (voir chapitre 1 section 1.4). Un somm<strong>et</strong> ui est bien-ordonné<br />

s’il est ordonné (voir définition 1.4.2) <strong>et</strong> si la première arête de (ui,uj) ∈ B>(ui), sielle<br />

existe, est telle que le parent de uj soit un ancêtre de ui. Tout naturellement, un arbre<br />

recouvrant T de H est dit bien-ordonné si tous ses somm<strong>et</strong>s sont bien-ordonnés. De<br />

plus, on dira que (T,H) est une paire bien-ordonnée. Remarquons qu’un arbre ordonné<br />

(bien ou pas) doit être recouvrant. Observons également qu’une arête adjacente à un<br />

somm<strong>et</strong> de T est soit dans T soit elle est non-apparentée. En particulier, si une arête<br />

de H est apparentée (i.e. une extrémité est <strong>des</strong>cendante de l’autre dans T ), alors elle<br />

appartient à T .Ils’ensuitqu<strong>et</strong>ous les voisins de la racine de T sont dans T .<br />

La figure 63 illustre les définitions ci-<strong>des</strong>sus.<br />

2<br />

1<br />

6<br />

8<br />

3<br />

5<br />

7<br />

4<br />

Figure 63 – Le graphe plan H du graphe G (à gauche), n’adm<strong>et</strong> pas d’arbre recouvrant<br />

bien-ordonné. Le graphe plan H ′ de G (à droite), adm<strong>et</strong> quant à lui un arbre recouvrant<br />

bien-ordonné T .Lapaire(T,H ′ ) est une paire bien-ordonnée de G.<br />

Enfin, remarquons que si R =(T0,T1,T2) est un réaliseur de G, alors ¯ T0 est un<br />

arbre ordonné. Remarquons également que si R est un réaliseur minimal, alors ¯ T0, ¯ T1<br />

<strong>et</strong> ¯ T2 sont <strong>des</strong> arbres bien-ordonnés.<br />

6<br />

2<br />

1<br />

3<br />

5<br />

8<br />

7<br />

4


90 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

Comme nous l’avons vu les arbres ordonnés sont une généralisation naturelle <strong>des</strong><br />

<strong>réaliseurs</strong> aux <strong>graphes</strong> planaires connexes. De manière analogue, les arbres recouvrants<br />

bien-ordonnés sont une généralisation <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> minimaux. C<strong>et</strong>te généralisation est<br />

également une spécialisation <strong>des</strong> arbres recouvrants ordonnés.<br />

Lemme 6.1.1. Tout graphe plan bien-ordonné enraciné en un somm<strong>et</strong> v0 adm<strong>et</strong> un<br />

unique arbre recouvrant bien-ordonné.<br />

Démonstration. Supposons que le graphe plan H adm<strong>et</strong> deux arbres recouvrants bienordonnés<br />

T , T ′ enracinés en v. Soitu1,u2,...,un (resp. u ′ 1,u ′ 2,...,u ′ n)les somm<strong>et</strong>s H<br />

dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique de T (resp. T ′ ). Soit ui un somm<strong>et</strong> tel que<br />

l’ensemble de ses voisins dans T diffère de l’ensemble de ses voisins dans T ′ <strong>et</strong> tel que i<br />

soit minimum. Nous avons donc ut = u ′ t pour t ≤ i, <strong>et</strong>BC(ui) = B ′ C (ui), oùB ′ C désigne<br />

les enfants de ui dans T ′ .<br />

Supposons sans perte de généralité, que |BC(vi)| ≤ |B ′ C (vi)| (le cas symétrique<br />

étant obtenu en échangeant le rôle de T <strong>et</strong> de T ′ ). Remarquons que le cas où B(vi) =∅ est impossible, car dans un tel cas BC(vi) serait constitué de tous les voisins<br />

de vi (à l’exception peut-être du parent de vi) <strong>et</strong>doncBC(vi) = B ′ C (vi) <strong>et</strong> |BC(vi)| ≤<br />

|B ′ C (vi)| seraient incompatibles. Soit e1 (resp. e2) lapremière (resp. dernière) arête de<br />

BC(vi) dans l’ordre anti-trigonométrique. Soit e une arête quelconque de B ′ C (vi). Parla<br />

suite, e1 ≤ e signifie que e1 = e ou que e1 est avant e dans l’ordre anti-trigonométrique<br />

autour de vi.<br />

Montrons que e1 ≤ e. Ceci est clairement vrai si B(vi) = ∅.<br />

Soit (vi,vj) la première arête de B>(vi) dans l’ordre anti-trigonométrique. Alors,<br />

l’arête (vi,vj) n’appartient pas à B ′ C (vi). Enfait, comme T est bien-ordonné, le parent<br />

de vj dans T ,appelons-le vk, est un ancêtre de vi <strong>et</strong> donc k


6.1. Arbre recouvrant bien-ordonné 91<br />

<strong>et</strong> w dans ¯ T0 est u. Onendéduitdoncquev = P2(u) est un <strong>des</strong>cendant de u dans ¯ T0,<br />

ce qui est en contradiction avec la propriété 1.2.2.<br />

Supposons maintenant que ¯ T0 ne soit pas bien-ordonné. Ceci implique qu’il existe<br />

une arête (up,uj), avecup = P1(uj) telle que le plus p<strong>et</strong>it ancêtre commun entre up <strong>et</strong><br />

uj, appelons-le ut, soit différent du somm<strong>et</strong> ui = P0(uj). Considérons le cycle C formé<br />

du chemin dans ¯ T0 entre up <strong>et</strong> uj, <strong>et</strong>fermé par l’arête (up,uj). SoitBla région connexe<br />

bornée de R2 \ C. Calculonsmaintenant P2(ui) <strong>et</strong> P2(uj). D’aprèsla condition locale :<br />

1. P2(uj) ∈ B.<br />

2. Pj(uj) ne peut appartenir au chemin entre uj <strong>et</strong> ut dans ¯ T0 avec l’arête (uj,P2(uj))<br />

à l’extérieur de B.<br />

3. P2(uj) ne peut appartenir au chemin allant de uj à ut dans ¯ T0 puisque P2(uj) ne<br />

peut être un <strong>des</strong>cendant de uj dans ¯ T0 (voir propriété 1.2.2).<br />

Donc, P2(uj) ∈ B ∪ C. Encoreune fois, la condition locale nous montre que P2(ui) ∈<br />

B ∪ C. Ils’ensuit que P2(ui) =P2(uj) où uk = P2(uj) est un <strong>des</strong>cendant de ui tel<br />

que i


92 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

suivante : un somm<strong>et</strong> est partiellement bien-ordonné (considérant H <strong>et</strong> T )s’il est bienordonné<br />

excepté le fait que les arêtes <strong>des</strong> blocs B< <strong>et</strong> B> (relatifs à T )autres que l’arêtefrontale<br />

<strong>et</strong> l’arête dorsale peuvent être libres. L’arbre T est partiellement bien-ordonné<br />

si tous ses somm<strong>et</strong>s sont partiellement bien-ordonnés. Un arbre bien-ordonné est un<br />

arbre partiellement bien-ordonné qui couvre H. Lesquatre blocs d’arêtes autour d’un<br />

somm<strong>et</strong> u partiellement bien-ordonné dans T sont notés BP (u, T ),B(u, T ).<br />

Considérons l’algorithme 9. Soient u1 = v, u2,...,up les somm<strong>et</strong>s de T (l’arbre<br />

Algorithme 9 Parcours(H, v).<br />

P : une pile<br />

T :ensemble d’arêtes<br />

T ←∅<br />

M<strong>et</strong>tre toutes les arêtes (ul,v) dans T<br />

Empiler tous les voisins ul de v dans P (dans l’ordre trigonométrique)<br />

tant que P = ∅ faire<br />

ua ← P.dépiler()<br />

pour chaque voisin libre ul de ua entre l’arête-frontale <strong>et</strong> l’arête-dorsale (dans<br />

l’ordre trigonométrique) faire<br />

M<strong>et</strong>tre (ul,ua) dans T<br />

P.empiler(ul)<br />

fin pour<br />

fin tant que<br />

r<strong>et</strong>ourner T<br />

résultat de l’algorithme 9) ordonnés dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique. Considérons<br />

le somm<strong>et</strong> ui <strong>et</strong> Tui l’arbre obtenu par l’algorithme 9 juste après le traitement<br />

du somm<strong>et</strong> ui. L’observation clé est que B(ui,T). Enparticulier l’arête-dorsale <strong>et</strong> l’arête-frontale de ui dans<br />

T <strong>et</strong> dans Tui (si elles existent), sont les mêmes. Après le traitement de ui,<br />

les arêtes autour de ui dans Tui forment quatre blocs (éventuellement vi<strong>des</strong>) :<br />

BP (ui,Tui ),B(ui,Tui ).Doncdans T ,lesblocsd’arêtes autour<br />

de ui sont : BP (ui,T),B(ui,T). Pourmontrer que T est<br />

partiellement bien-ordonné, il reste à montrer que si (ui,uj) ∈ B>(ui,T) est une arêtefrontale,<br />

alors le parent de uj dans T est le plus p<strong>et</strong>it ancêtre commun de ui <strong>et</strong> uj.<br />

Lorsque le somm<strong>et</strong> ui est visité, les arêtes de l’arbre construit jusqu’à ui (c’est à dire,<br />

Tui−1 )sont soit entre <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s ut avec t


6.1. Arbre recouvrant bien-ordonné 93<br />

perte de généralité, que B>(ui,T) contient une arête libre (voir figure 64). Le cas où<br />

ui possède une arête libre dans B(ui,T). Enfait, on peut choisir n’importe quelle arête qui soit<br />

la dernière, dans l’ordre anti-trigonométrique, d’un bloc d’arêtes libres dans B>(ui,T).<br />

Par définition, B>(ui,T) contient au moins une arête non-apparentée dans B>(ui,T)<br />

avant ei. Finalement soit ej =(uj,w) la première arête libre de uj avant e <strong>et</strong> telle qu’il<br />

n’y est pas d’arête non-apparentée entre ej <strong>et</strong> e (donc uj est la première arête du bloc<br />

d’arêtes libres juste avant e). Si une telle arête n’existe pas, alors on note ej = e. En<br />

d’autres termes e, ei <strong>et</strong> ej sont choisies telles que les arêtes entre e <strong>et</strong> ei autour de ui<br />

<strong>et</strong> entre e <strong>et</strong> ej autour de uj forment un bloc maximal d’arêtes libres. Nous changeons<br />

le graphe plan H en appliquant un basculement :<br />

1. Autour de ui, e est déplacée <strong>et</strong> insérée juste après ei (dans le sens antitrigonométrique)<br />

2. Autour de uj, e est déplacée <strong>et</strong> insérée juste avant ej (voir figure 64).<br />

Par commodité, on dira que l’on effectue un basculement autour de e.<br />

u i+1<br />

u i<br />

C<br />

u m<br />

e<br />

u l<br />

v<br />

w<br />

u j<br />

u k<br />

u i+1<br />

u i<br />

Basculement<br />

Figure 64 – Basculement du sous-graphe connexe composé de somm<strong>et</strong>s libres par-<strong>des</strong>sus<br />

une arête critique.<br />

Une fois le basculement effectué sur H, nouslançons de nouveau l’algorithme 9 sur<br />

le nouveau graphe plan H. Nous effectuons alternativement une exécution de l’algorithme<br />

9 <strong>et</strong> un basculement jusqu’à obtenir un arbre couvrant de G. Pourcompléter<br />

la validité de c<strong>et</strong> algorithme nous devons montrer que l’opération de basculement préserve<br />

la planarité <strong>et</strong> que l’arbre partiellement bien-ordonné obtenu après un appel à<br />

l’algorithme 9 converge bien vers un arbre recouvrant.<br />

Soit X l’ensemble <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s qui sont <strong>des</strong> extrémités <strong>des</strong> arêtes comprises entre<br />

e <strong>et</strong> ei <strong>et</strong> entre e <strong>et</strong> ej. Pourchaquex ∈ X, soitCx la composante connexe contenant x<br />

dans le sous-graphe de H induit par les somm<strong>et</strong>s libres. Soit C = ∪x∈XCx.Pourprouver<br />

que le basculement conserve la planarité, nous montrons que chaque chemin P de y ∈ C<br />

àlaracinev contient soit vi, soituj. SoitC ′ le cycle composé du chemin dans T (l’arbre<br />

C<br />

u m<br />

e<br />

u l<br />

v<br />

w<br />

u j<br />

u k


94 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

obtenu avant le basculement) allant de ui à uj <strong>et</strong> fermé par l’arête (ui,uj). SoitRla région connexe bornée de R2 \ C ′ . Supposons que P contienne un somm<strong>et</strong> uk ∈ T avec<br />

uk ∈ R ∪ C ′ ,<strong>et</strong> k ∈ {i, j}. Nouspouvons supposer, sans perte de généralité, que uk est<br />

le premier somm<strong>et</strong> de T àpartir de y dans P .Soit(uk,z) l’arête libre de P .Nousavons<br />

(uk,z) ∈ B(uk,T). Supposons que (uk,z) ∈ B


6.2. Super-triangulation d’un graphe planaire 95<br />

du chemin entre ui <strong>et</strong> uk dans T <strong>et</strong> fermé par l’arête (ui,uk), enpoursuivantavec<br />

les somm<strong>et</strong>s de S (en traitant les somm<strong>et</strong>s um,ul <strong>et</strong> uj dans la figure 64). Si dans<br />

Tui ,les somm<strong>et</strong>s de S ont été visités dans l’ordre ui1,ui2,...,uir, alors, les somm<strong>et</strong>s<br />

sont récursivement traités dans l’ordre :uir,uir−1,...,ui1. Eneff<strong>et</strong>, les deux parties du<br />

graphe plan (la partie après ui <strong>et</strong> la partie à l’intérieur de S) sontindépendantes. La<br />

partie de l’arbre composée <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s après uj peut être calculée après le calcul <strong>des</strong><br />

arbres pour S <strong>et</strong> après avoir effectué le basculement. Il n’est pas difficile de voir qu’une<br />

version récursive de l’algorithme perm<strong>et</strong> de gérer les arêtes e, ei <strong>et</strong> ej àlavoléeavec un<br />

coût total de O( n<br />

i=1 deg(ui)) = O(n).<br />

6.2 Super-triangulation d’un graphe planaire<br />

6.2.1 Définition<br />

Définition 6.2.1. Un réaliseur S =(T0,T1,T2) est une super-triangulation d’un graphe<br />

G si :<br />

1. V (S) =V (G) ;<br />

2. E(T0) ⊂ E(G).<br />

3. ¯ T0 est un arbre bien-ordonné de S.<br />

4. Pour chaque nœud interne de T2, (v, P1(v)) ∈ E(G).<br />

La figure 65 montre une super-triangulation du graphe de la figure 63.<br />

6.2.2 Construction<br />

6<br />

2<br />

1<br />

v 2<br />

v 0<br />

3<br />

5<br />

8<br />

7<br />

Figure 65 – Exemple de super-triangulation.<br />

Lemme 6.2.1. Soit T un arbre recouvrant bien-ordonné d’un graphe plan connexe H.<br />

Soit v0 la racine de T .Supposons que T possède au moins 2 feuilles. Soit v1 (resp. v2)<br />

la première (resp. dernière) feuille de T dans l’ordre préfixe trigonométrique. Alors, il<br />

v 1<br />

4


96 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

existe une unique super-triangulation S =(T0,T1,T2) de H, respectant le <strong>des</strong>sin de H,<br />

telle que Ti soit enraciné en vi. Deplus,T0 = T \{v1,v2} <strong>et</strong> la super-triangulation S<br />

peuvent être calculés en temps linéaire.<br />

Démonstration. Soit T un arbre recouvrant bien-ordonné de H, enracinéenv0 <strong>et</strong> soit<br />

T0 = T \{v1,v2}, oùv1 (resp. v2) est la première (resp. dernière) feuille de T dans<br />

l’ordre préfixe trigonométrique.<br />

Nous montrons d’abord que v1 <strong>et</strong> v2 appartiennent à la face extérieure de H. Considérons<br />

Qi le chemin dans T allant de vi à v0 (pour i ∈{1, 2}). Tous les somm<strong>et</strong>s de Qi<br />

doivent appartenir à la face extérieure de H, enparticulier vi. Enfait, par induction<br />

(ceci est vrai pour v0), un somm<strong>et</strong> v de Q2 (resp. Q1) possède un bloc B(v)) vide.Doncle dernier (resp. premier) enfant de v dans l’ordre trigonométrique<br />

(s’il existe) doit appartenir à la face extérieure.<br />

Soit H ′ (resp. G ′ )legraphe plan (resp. graphe planaire) obtenu à partir de H (resp.<br />

G) enajoutant les 3 arêtes entre les somm<strong>et</strong>s vi (ceci conserve la planarité car v1,v2<br />

<strong>et</strong> v0 appartiennent à la face extérieure) telles qu’elles forment la face extérieure de<br />

H ′ .Chaquearête n’est ajoutée que si elle ne crée pas d’arête-multiple. Comme les<br />

arêtes entre les somm<strong>et</strong>s vi appartiennent à n’importe quelle super-triangulation de G,<br />

il suffit de montrer que la super-triangulation S =(T0,T1,T2) de G ′ préservant H ′ est<br />

unique. Dans un premier temps nous allons montrer comment construire S puis dans<br />

un deuxième temps nous allons montrer que c<strong>et</strong>te super-triangulation est unique.<br />

Tout d’abord observons que ¯ T0 est enraciné en v0 (en supprimant deux feuilles de T ,<br />

¯T0 reste connexe). Clairement, E(T0) ⊆ E(G) ⊆ E(G ′ ),<strong>et</strong> ¯ T0 est un arbre recouvrant<br />

bien-ordonné de H ′ enraciné en v0. D’après le lemme 6.1.1, ¯ T0 est unique.<br />

Considérons l’algorithme 10 qui construit l’ensemble T1.<br />

Algorithme 10 Triangulation d’une paire bien-ordonnée.<br />

triangulation(TH, H)<br />

¯T0 ← TH<br />

pour chaque somm<strong>et</strong> v de G dans l’ordre préfixe trigonométrique de T0 faire<br />

si B>(v) = ∅ alors<br />

M<strong>et</strong>tre l’arête-frontale dans T1 (Affectation 1)<br />

sinon<br />

si v possède un frère gauche u alors<br />

M<strong>et</strong>tre (v, u) dans T1 (Affectation 2)<br />

sinon<br />

M<strong>et</strong>tre (v, P1(P0(v))) dans T1 (Affectation 3)<br />

fin si<br />

fin si<br />

fin pour<br />

Vérifions que H ′ ∪ T1 est toujours un graphe planaire. Remarquons tout d’abord<br />

que l’affectation 1 n’introduit pas de nouvelles arêtes. Lorsqu’on applique l’affectation


6.2. Super-triangulation d’un graphe planaire 97<br />

2, il n’y pas d’arête incidente à P0(ui) entre ui <strong>et</strong> son frère gauche, donc la planarité du<br />

graphe plan est préservée. Enfin pour l’affectation 3, P0(ui) ne possède pas d’arête incidente<br />

entre ui <strong>et</strong> P1(P0(ui)), doncl’ajout de l’arête (ui,P1(P0(ui))) préserve également<br />

la planarité.<br />

Vérifions que {T0,T1} sont deux arbres d’un réaliseur. Nous avons vu que ¯ T0 est<br />

bien-ordonné. Chaque somm<strong>et</strong> ui = v0 possède un parent dans T1, doncT1 est connexe.<br />

Vérifions que lors de chaque affectation, le parent de ui est un somm<strong>et</strong> uj avec j><br />

i. Uneconséquence de cela est que T1 ne possède pas de cycle <strong>et</strong> donc T1 est un<br />

arbre. La notation P1(ui) adoncunsens. Vérifions aussi que l’arête (ui,P1(ui)) est<br />

après les enfants de ui (s’ils existent) <strong>et</strong> après l’arête (ui,P0(ui)) dans l’ordre antitrigonométrique.<br />

Ainsi, l’arbre T1 est compatible avec la condition locale <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong>.<br />

A c<strong>et</strong>te étape, H ′ ∪ T1 peut contenir <strong>des</strong> arêtes qui ne sont ni dans ¯ T0 ni dans ¯ T1.<br />

Soit X = E(H ′ ) \ (E( ¯ T0) ∪ E( ¯ T1)) l’ensemble de ces arêtes. La construction de T2 peut<br />

être effectuée grâce à la propriété 3.2.4. Comme il y a un unique moyen de construire<br />

l’arbre T2 àpartir de {T0,T1}, nousdevons vérifier que les arêtes de X sont compatibles<br />

avec l’ensemble T2 <strong>et</strong> la condition locale. Soit e une arête quelconque de X. Supposons<br />

que e =(ui,uj) avec i(ui). Deplus,e ∈ T1 implique<br />

que e n’est pas l’arête-frontale de ui. Enfait, l’arête-frontale de ui appartient à l’arbre<br />

T1 (d’après l’affectation 1). Donc, e ∈ T2 est compatible avec la condition locale.<br />

On en déduit que S =(T0,T1,T2) est un réaliseur du graphe plan H ′ ∪ T1 ∪ T2.<br />

Nous avons vu que E(T0) ⊆ E(G) ⊆ E(G ′ ) <strong>et</strong> que ( ¯ T0,H ′ ) est une paire bienordonnée.<br />

D’après les règles d’affectation (1, 2 <strong>et</strong> 3), nous remarquons que si l’arête<br />

(u, P1(u)) ∈ E(G ′ ) (affectation 2 ou 3), alors u ne peut avoir d’enfant dans T2 (les arêtes<br />

(u, P1(u)),(u, P0(u)) forment un triangle avec une arête de T0 ∪T1). En d’autres termes,<br />

pour chaque nœud interne u de T2, (u, P1(u)) ∈ E(G ′ ).Enfait (u, P1(u)) ∈ E(G). Par<br />

conséquent S est une super-triangulation de G ′ .<br />

Il reste à montrer que S est l’unique super-triangulation de G ′ qui préserve H ′ avec<br />

pour racine de Ti le somm<strong>et</strong> vi. Comme T0 est unique <strong>et</strong> comme, étant donné {T0,T1}<br />

T2 est unique, il suffit de prouver que T1 est unique.<br />

L’arête-frontale de ui doit appartenir à T1 puisque le parent de ui dans T1 doit<br />

être avant (dans l’ordre anti-trigonométrique) les arêtes vers les enfants de ui dans T2.<br />

Si B>(ui) =∅, <strong>et</strong>siui possède un frère gauche uj, alors(ui,uj) doit être dans T1.<br />

Sinon, (ui,uj) devrait être dans T2 <strong>et</strong> uj = P2(ui), cequiferait que ui serait un nœud<br />

interne de T2. Cependant comme B>(ui) =∅, (ui,P1(ui)) n’est pas dans E(G ′ ),cequi<br />

contredit la définition de super-triangulation. Finalement, si B>(ui) =∅ <strong>et</strong> si ui est le<br />

dernier enfant de P0(ui), alors(ui,P1(P0(ui))) doit être dans T1. Danslecascontraire,<br />

(ui,P1(P0(ui))) serait dans T2 <strong>et</strong> de plus (ui,P1(P0(ui)),P2(P1(P0(ui)))) serait un cwtriangle<br />

(ce qui contredit la définition de super-triangulation).<br />

Donc, T1 <strong>et</strong> S sont uniques, ce qui complète la preuve.<br />

Théorème 6.2.1. Soit G un graphe planaire triconnexe. Pour tout tripl<strong>et</strong> v0,v1,v2, il<br />

existe une unique super-triangulation (T0,T1,T2) de G telle que Ti soit enraciné en vi<br />

pour i ∈{0, 1, 2}.


98 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

Démonstration. D’après le théorème de Whitney (théorème 1.1.1), un graphe triconnexe<br />

n’adm<strong>et</strong> qu’une seule carte planaire, où trois nœuds, appelons les v0,v1 <strong>et</strong> v2,<br />

sont situés sur la face extérieure. Soit H un tel graphe plan de G. Supposons que les<br />

somm<strong>et</strong>s v0,v1 <strong>et</strong> v2 apparaissent dans c<strong>et</strong> ordre lorsque l’on parcourt la face extérieure<br />

dans l’ordre trigonométrique. Soit H ′ (resp. G ′ )legraphe plan (resp. graphe planaire)<br />

obtenu à partir de H (resp. de G) enajoutant les arêtes (v0,v1), (v1,v2) <strong>et</strong> (v2,v0) (si<br />

elles n’existent pas).<br />

L’arbre recouvrant bien-ordonné T de H ′ enraciné en v0 possède au moins deux<br />

feuilles situées sur la face extérieure de H ′ : v2 <strong>et</strong> v1,qui sont respectivement la première<br />

feuille <strong>et</strong> la dernière feuille de T dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique. L’arbre est<br />

unique d’après le lemme 6.1.1, une fois H ′ <strong>et</strong> v0 fixés. On peut alors appliquer le<br />

lemme 6.2.1, <strong>et</strong> calculer en temps linéaire l’unique super-triangulation S ′ =(T ′ 0,T ′ 1,T ′ 2)<br />

de G ′ préservant H ′ <strong>et</strong> où Ti est enraciné en vi. Comme G ′ est triconnexe, H ′ est<br />

l’unique carte de G ′ avec vi ayant les somm<strong>et</strong>s vi situés sur la face extérieure. Donc S ′<br />

est finalement l’unique super-triangulation de G ′ (lemme 6.2.1). La super-triangulation<br />

S ′ est aussi une super-triangulation de G car les arêtes supplémentaires de la face<br />

extérieure ne créent pas de nœud interne dans T2. Réciproquement, puisque toute<br />

super-triangulation S =(T0,T1,T2) de G avec Ti enraciné en vi doit contenir les arêtes<br />

(v0,v1), (v1,v2) <strong>et</strong> (v2,v0), S est aussi une super-triangulation de G ′ .Ceci implique<br />

donc que la super-triangulation S de G est S ′ .Lasuper-triangulation S est unique car<br />

S ′ l’est. De plus, elle peut être calculée en temps linéaire.<br />

6.3 Codage d’un graphe planaire à l’aide d’une supertriangulation<br />

6.3.1 Représentation d’un graphe planaire à l’aide d’une chaîne<br />

binaire<br />

Dans c<strong>et</strong>te section, nous considérons S =(T0,T1,T2) une super-triangulation d’un<br />

graphe planaire connexe G à n somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong> m arêtes.<br />

Pour montrer comment utiliser les super-triangulations pour représenter efficacement<br />

G, nousdéfinissons deux ensembles d’arêtes. L’ensemble <strong>des</strong> arêtes pertinentes :<br />

<strong>et</strong> l’ensemble <strong>des</strong> arêtes manquantes :<br />

RS = {(v, p1))|v feuille de T2}<br />

MS = E(G) \ (E(T0) ∪{(v, p1(v))|v nud interne de T2}).<br />

MS est en fait, l’ensemble <strong>des</strong> arêtes de G qui ne sont nidansT0ni définies par la<br />

règle 4 de la définition 6.2.1.<br />

Théorème 6.3.1. Soit S =(T0,T1,T2) une super-triangulation de G.


6.3. Codage d’un graphe planaire à l’aide d’une super-triangulation 99<br />

1. Etant donné T2 <strong>et</strong> RS, onpeutdéterminer S en temps linéaire.<br />

2. Etant donné S <strong>et</strong> MS, onpeutdéterminer G en temps linéaire.<br />

Démonstration. D’après la propriété branche de T2 (proposition 1.3.3), il suffit de déterminer<br />

P1(v) pour chaque feuille de T2, pourconstruire P1(w) pour chaque somm<strong>et</strong><br />

(autre que la racine) w de T2 (rappelons que les branches gauches partitionnent<br />

les nœuds d’un arbre). Donc, T2 <strong>et</strong> l’ensemble <strong>des</strong> arêtes pertinentes perm<strong>et</strong>tent de<br />

construire l’arbre T1 en temps linéaire. Etant donné T2 <strong>et</strong> T1, lesarêtes de T0 peuvent<br />

être construites de manière unique en temps linéaire.<br />

De la définition 6.2.1, pour déterminer G àpartir de S <strong>et</strong> MS, ilsuffitdecalculer:<br />

1. L’ensemble <strong>des</strong> arêtes de T0.<br />

2. L’ensemble <strong>des</strong> arêtes (v, p1(v)) telles que v soit un nœud interne de T2.<br />

3. L’ensemble <strong>des</strong> arêtes de manquantes.<br />

Ceci peut être effectué en temps linéaire.<br />

Maintenant nous allons voir comment coder de manière efficace l’arbre T2 ainsi que<br />

les ensembles RS <strong>et</strong> MS.<br />

Soit u1,u2,...,un les somm<strong>et</strong>s d’un arbre T dans l’ordre préfixe antitrigonométrique<br />

de T .Une feuille ui de T est un bourgeon si le parent de ui <strong>et</strong> de<br />

ui+1 est ui−1 (voir figure 66). En d’autres termes, ui est un bourgeon s’il est le premier<br />

enfant de P (ui) <strong>et</strong> qu’il n’est pas enfant unique. Observons que pour chaque bourgeon<br />

ui, ui+1 est un nœud d’une branche gauche de T se terminant par une feuille uj, avec<br />

j>i.Donc un arbre contient au moins une feuille de plus que de bourgeons.<br />

Figure 66 – Un arbre enraciné avec 8 feuilles <strong>et</strong> 3 bourgeons. La chaîne codant l’arbre<br />

(en gras le motif correspondant au bourgeon) 1101101111001010010000110100.<br />

Considérons le mot de Dyck codant l’arbre T .Onpeutobserver qu’un bourgeon de<br />

T se traduit par un motif 1101 dans le code de T .Remarquons enfin que 2 occurrences<br />

du motif peuvent se superposer : 1101101.<br />

Soit L une chaîne binaire. On note #L le nombre de chaînes binaires ayant la même<br />

longueur <strong>et</strong> le même nombre de "1" que L. Plus précisément, si L est de longueur x <strong>et</strong>


100 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

possède y "1", alors<br />

<br />

x<br />

#L = .<br />

y<br />

Dans la suite de c<strong>et</strong>te section, nous supposons que T2 possède n − 2 somm<strong>et</strong>s (i.e.,<br />

¯T2 possède n somm<strong>et</strong>s), l feuilles <strong>et</strong> b bourgeons.<br />

Propriété 6.3.1. Soient R =(T0,T1,T2) un réaliseur <strong>et</strong> F un sous-ensemble <strong>des</strong> arêtes<br />

de T2. Soient u1,u2,...,un les somm<strong>et</strong>s de R dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique<br />

de ¯ T0. Soient L l’ensemble <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s ui ayant <strong>des</strong> arêtes sortantes dans F <strong>et</strong> D =<br />

(d2,d3,...,dn−1) la séquence où di désigne le nombre d’arêtes entrantes dans F du<br />

somm<strong>et</strong> ui. Alors,connaissant (T0,L,D), F peut être construit en temps linéaire.<br />

Démonstration. On observe que u1 <strong>et</strong> un n’ont pas d’arêtes entrantes dans T2. Toutes<br />

les arêtes de F sont de la forme (u, P2(u)) avec u ∈ L. Soitui ∈ L où i est minimum<br />

<strong>et</strong> soit uj = P2(ui). Montrons que uj aundegré entrant dans F ,queui <strong>et</strong> uj sont<br />

non-apparentés dans ¯ T0 <strong>et</strong> que j est le plus grand indice inférieur à i.<br />

On observe que si une telle propriété est vérifiée, cela donne un algorithme de<br />

construction de F àpartir de (T0,L,D) (voir Algorithme 11). Montrons que c<strong>et</strong>te<br />

propriété est donc vérifiée. D’après la propriété 1.2.2, uj est non-apparenté à ui <strong>et</strong> j


6.3. Codage d’un graphe planaire à l’aide d’une super-triangulation101<br />

Démonstration. MS est composé d’arêtes de T2 <strong>et</strong> d’arêtes (v, p1(v)) où v est feuille de<br />

T2. LachaîneC1 est construite de la manière suivante.<br />

Les n − 3 premiers bits représentent les arêtes de T2 qui sont dans MS (rappelons<br />

que T2 contient n − 2 somm<strong>et</strong>s). Plus précisément, si le i-ième bit vaut 1, alorsl’arête<br />

(ui+1,P2(ui+1)) (où ui+1 désigne le i +1-ième somm<strong>et</strong> de T2 dans l’ordre préfixe antitrigonométrique)<br />

se trouve dans MS. Silei-ième bit vaut 0 l’arête ne s’y trouve pas.<br />

Les l bits suivants de C1 représentent les arêtes (v, P1(v)) avec v feuille de T2.<br />

Concrètement, en effectuant un parcours préfixe de T2, le(i − n − 3)-ième bit vaut 1<br />

si <strong>et</strong> seulement si la i-ième feuille rencontrée possède une arête (v, P1(v)) dans MS. La<br />

chaîne C1 peut être codée <strong>et</strong> décodée en temps linéaire.<br />

La longueur de C1 vaut n − 3+l <strong>et</strong> le nombre de 1 est égal à |MS|. Nousavons<br />

|MS| = m − (n − 3) − k, oùk = n − 3 − l est le nombre de nœuds internes de T2.<br />

Lemme 6.3.2. Connaissant T2, l’ensemble RS peut être codé àl’aide de deuxchaînes<br />

binaires B1, B2 <strong>et</strong> un entier t ∈ [0,b] tels que :<br />

#B1 =<br />

<br />

b<br />

<strong>et</strong> #B2 =<br />

t<br />

<br />

n − t + l − b − 3<br />

l − b − 1<br />

De plus, connaissant T2, lecodage <strong>et</strong> le décodage de RS s’effectuent en temps linéaire.<br />

Démonstration. Nous considérons les bourgeons de T2 de la manière suivante. Soient<br />

u1,u2,...,un les somm<strong>et</strong>s de ¯ T2 dans l’ordre préfixe anti-trigonométrique de ¯ T2. Pour<br />

chaque bourgeon ui, notons l(ui) la feuille de la branche gauche contenant ui+1 (sur<br />

la figure 66 l(ui) =uj). Soit B = {l(ui)|ui est un bourgeon de T2}. Puisque ¯ T2 vérifie<br />

la propriété branche, P1(l(ui)) est égal à P1(ui−1) ou P1(l(ui)) est un <strong>des</strong>cendant de<br />

ui−1 avant ui+1 dans l’ordre anti-trigonométrique. Ce <strong>des</strong>cendant est unique <strong>et</strong> est le<br />

bourgeon ui. Donc,pourchaque bourgeon ui, soitP1(l(ui)) = P1(ui−1) soit P1(l(ui)) =<br />

ui.<br />

Soit A = {(v, P1(v))|v ∈ B} ⊂RS. Nous représentons différemment les arêtes de A<br />

<strong>et</strong> celles de RS \ A. Soittle nombre de bourgeons de ui tel que P1(l(ui)) = P1(ui−1).<br />

La chaîne binaire Bl est de longueur b <strong>et</strong> est définie de la manière suivante : le jième<br />

bit de Bl vaut 1 si <strong>et</strong> seulement si pour le j-ième bourgeon ui de T2, P1(l(ui)) =<br />

P1(ui−1). Clairement, #Bl = b<br />

.Comme il n’y a que deux cas, pour P1(l(ui)), onpeut<br />

t<br />

reconstruire complètement RS connaissant T2,RS \ A, <strong>et</strong>Bl.<br />

Pour représenter RS \ A, nousconsidérons la propriété 6.3.1 appliquée au réaliseur<br />

(T2,T0,T1) <strong>et</strong> pour F = RS \ A. L’ensemble F peut être déterminé en temps linéaire à<br />

partir du tripl<strong>et</strong> (T2,L,D) où L désigne l’ensemble <strong>des</strong> feuilles de T2 qui ne sont pas dans<br />

B <strong>et</strong> D = d2,d3,...,dn−1 est la séquence <strong>des</strong> degrés entrants <strong>des</strong> arêtes de F .Comme<br />

T2 est connu L peut être calculé <strong>et</strong> seule D abesoin d’être représentée pour reconstruire<br />

F = RS \ A. Remarquons que pour chaque bourgeon ui tel que P1(l(ui)) = P1(ui−1),<br />

ui ne possède pas d’arête entrante dans F , i.e. di =0.Connaissant T2 <strong>et</strong> Bl, untelcas<br />

peut être détecté. Donc, on peut supprimer de D tous les di correspondant à ce cas. La


102 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

sous-séquence résultante est composée de n − 2 − t entiers (éventuellement nuls) dont<br />

la somme vaut : |F | = |RS \ A| = |RS|−|B| = l − b.<br />

Toute séquence de k ≥ 1 entiers (éventuellement nuls) dont la somme vaut s ≥ 1<br />

peut être représentée (en temps linéaire) par une chaîne binaire de longueur k − 1+s<br />

possédant k − 1 bits à “1” : chaque entier i est codé par une séquence de i “0” délimitée<br />

par un “1”.<br />

Par exemple, la séquence 2, 1, 0, 1, 1, 0, 1, 3 de 8 entiers dont la somme fait 9 peut<br />

être codé par la chaîne binaire 00101110101101000.<br />

De manière similaire, la séquence D ′ est codée par une chaîne binaire B2 telle que<br />

#B2 = n−t+l−b−3<br />

.Donc,connaissant T2, RS peut être représenté par les chaînes B1<br />

l−b−1<br />

<strong>et</strong> B2.<br />

Lemme 6.3.3. Connaissant n, l, b, l’arbreT2 peut être codé àl’aide de cinq chaînes<br />

binaires A1,...,A5, <strong>et</strong>par<strong>des</strong> entiers p ∈ [1,l] <strong>et</strong> w ∈ [b, n − l], telsque :<br />

A1 =<br />

<br />

l − 1<br />

, #A2 =<br />

p − 1<br />

<br />

p<br />

w<br />

, #A3 = ,<br />

b<br />

b − 1<br />

<br />

n − l − w + p − b − 3<br />

n − l − 2<br />

#A4 =<br />

, #A5 =<br />

.<br />

p − b − 1<br />

p − b − 1<br />

De plus, connaissant n, l, b le codage <strong>et</strong> le décodage de T2 s’effectuent en temps<br />

linéaire.<br />

Démonstration. Soit s le mot de Dyck codant T2 où 4 bits ont été ajoutés : une séquence<br />

01 au début <strong>et</strong> à la fin de s. Lalongueur de s est donc 2n−2 (rappelons que T2 possède<br />

n − 2 somm<strong>et</strong>s. La chaîne s contient :<br />

– n − 1 “0”.<br />

– n − 1 “1”.<br />

– l séquences 10 (le mot de Dyck codant T2 commence par un “1” <strong>et</strong> se termine par<br />

un “0” <strong>et</strong> à chaque feuille correspond une séquence 10).<br />

– l +1 séquences 01 (le mot de Dyck codant T2 contient exactement l − 1 séquences<br />

01).<br />

Le nombre de séquences 1101 dans s (se chevauchant potentiellement) vaut b,lenombre<br />

de bourgeons.<br />

Soit Xp l’ensemble <strong>des</strong> chaînes binaires de longueur 2n − 2, <strong>et</strong> de la forme<br />

(A ′ iBi) p A ′ p+1 où les A ′ i sont les blocs maximaux de séquences 01, <strong>et</strong>A ′ 1 = A ′ p+1 =01.<br />

Par exemple :<br />

W = 01 B1 010101 B2 01... ...Bp 01 ,W ∈ Xp.<br />

Notons que S ∈ Xp pour un certain paramètre p ≥ 1. LeschaînesA1,...,A5 sont<br />

utilisées pour représenter les membres de Xp, <strong>et</strong>doncenparticulier s.


6.3. Codage d’un graphe planaire à l’aide d’une super-triangulation103<br />

Soit a ′ i ≥ 1 l’entier tel que A ′ i = (01) a′ i,pourchaquei∈ {1, 2,...,p+1}. La<br />

séquence d’entiers non nuls a ′ 2,a ′ 3,...,a ′ p (rappelons que a ′ 1 = a ′ p =1)peutêtreutilisée<br />

pour représenter tous les blocs A ′ i.C<strong>et</strong>te séquence peut être décrite par une chaîne<br />

binaire A1 telle que #A1 = s p où s = p−1<br />

i=2 a′ i.Comme toutes les séquences de 01<br />

de s sont localisées dans les A ′ i, s =(l +1)−2. Donc#A1 = l−1<br />

.Ilrestemaintenant<br />

p−1<br />

àdécrire les blocs Bi.<br />

Pour chaque bloc Bi deux cas seulement peuvent se produire. Soit Bi contient<br />

uniquement <strong>des</strong> “1” : Bi =1 + ,soitBise termine par au moins un “0” : Bi =1∗0 + .Dans<br />

le premier cas (Bi =1 + ), A ′ iBiA ′ i+1 contient exactement un bourgeon (une séquence<br />

1101) ,<strong>et</strong> exactement une séquence 10 (entre les blocs Bi <strong>et</strong> A ′ i+1). Dans le deuxième<br />

cas (Bi =1∗0 + ), A ′ iBiA ′ i+1 contient exactement une séquence 10.<br />

Une chaîne binaire A2 indique pour chaque bloc Bi, s’il se trouve dans le premier<br />

cas ou le deuxième cas. Le premier cas apparaît b fois, donc #A2 = p<br />

.Soitwle b<br />

nombre de “1” utilisés dans les blocs Bi qui sont dans le premier cas (Bi =1 + ). Les<br />

longueurs <strong>des</strong> blocs Bi du premier cas peuvent être décrites à l’aide d’une séquence de<br />

b entiers non nuls dont la somme vaut précisément w. Donc,une chaîne binaire A3 telle<br />

que #A3 = w<br />

perm<strong>et</strong> de représenter c<strong>et</strong>te séquence.<br />

b−1<br />

Pour compléter la <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> membres de Xp, ilresteàdéfinir les blocs Bi<br />

qui se trouvent dans le deuxième cas. Il y a p − b blocs dans le deuxième cas <strong>et</strong> ils<br />

sont de la forme 1∗0 + .Ilsuffitdedécrirelenombrede“0”<strong>et</strong>de“1”dechaqueblocBi<br />

du deuxième cas. Le nombre de “1” restants dans ces blocs est (n − 1) − (l +1)−w. Comme le cas 2 apparaît p − b fois, une séquence contenant la longueur <strong>des</strong> séquences<br />

de “1” (éventuellement égale à “0”) peut-être représentée par une chaîne binaire A4<br />

telle que #A4 = (n−1)−(l+1)−w+p−b−1<br />

.Leslongueurs <strong>des</strong> séquences de “0” peuvent être<br />

p−b−1<br />

représentées par une chaîne binaire A5 telle que #A5 = n−l−2<br />

,carlenombre de “0”<br />

p−b−1<br />

<strong>des</strong> blocs Bi dans le cas 2 est (n − 1) − (l +1)(il y a l +1“0” dans les blocs A ′ i).<br />

Ces chaînes binaires peuvent être clairement construites en temps linéaire.<br />

Lemme 6.3.4. Chaque chaîne binaire S de longueur n peut être codée parchaîne S ′<br />

de longueur log 2(#S)+O(n log(log(n))/ log(n)). Deplus,connaissant n, lecodage de<br />

S en S ′ <strong>et</strong> le décodage de S ′ peuvent être effectués en temps <strong>et</strong> en espace linéaire à<br />

l’aide d’un ordinateur RAM sur <strong>des</strong> mots de w ≥ log 2(n) bits.<br />

Démonstration. L’idée principale est de partager S en blocs de taille identique b <strong>et</strong><br />

de coder chaque bloc de manière optimale. Le codage de chaque bloc prend un temps<br />

exponentiel en b. Cependant, le codage de tous les blocs possibles peut être placé dans<br />

un tableau une fois pour toutes en O(2O(b) )=O(n), pourunbsuffisamment p<strong>et</strong>it.<br />

L’optimalité du codage de S ′ dérive de l’optimalité du codage de chaque bloc par<br />

super-additivité <strong>des</strong> binomiaux. Plus précisément, le codage s’effectue de la manière<br />

suivante.<br />

Soit b = ⌊log2(n) − log2(log2(n))⌋. Donc,lesopérations classiques sur les entiers<br />

inférieurs à 2b peuvent être effectuées en temps constant puisque w ≥ b. Parlasuite<br />

kp dénotera b<br />

.Nousdevons construire quelques tableaux.<br />

p


104 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

Nous construisons tout d’abord un tableau L tel que pour chaque p ∈ [0,b],L[p] =<br />

⌈log 2(kp)⌉.Touslesnombres k0,k1,...,kb peuvent être calculés dynamiquement à l’aide<br />

O(b 2 ) nombres codés sur b bits (Méthode de Pascal). Au total, la construction de L<br />

coûte en temps de O(b 2 + <br />

p log(log(kp))) = O(log 2 (n)), oùO(log(log(kp))) est le<br />

coût du calcul de⌈log(kp)⌉ àpartir de la représentation binaire de kp (en utilisant une<br />

recherche binaire <strong>et</strong> <strong>des</strong> masques).<br />

Nous construisons un tableau P d’entiers plus p<strong>et</strong>its que b tel que pour chaque<br />

i ∈ [0..2 b [,P[i] est le nombre de “1” dans la représentation binaire de i. L<strong>et</strong>ableau P<br />

peut être construit en temps <strong>et</strong> en espace O(b2 b )=O(n). Toutefois, le temps peut être<br />

réduit à O(b2 b/2 )=O( n log(n)) (ou même plus p<strong>et</strong>it encore) en utilisant un tableau<br />

P ′ pour <strong>des</strong> demi-mots de taille ⌈b/2⌉ bits. En eff<strong>et</strong>, nous avons P [i] =P ′ [i/2 ⌊b/2⌋ ]+P ′ [i<br />

mod 2 ⌊b/2⌋ ].<br />

Pour chaque p ∈{0, 1,...,b},nouscalculons le tableau Dp (utilisé pour le décodage)<br />

tel que, pour chaque i ∈ [0,kp[,Dp[i] est une chaîne binaire distincte de longueur<br />

b possédant p “1”. Les chaînes de Dp sont ordonnées dans l’ordre lexicographique. La<br />

génération de toutes les chaînes de Dp coûte en temps O(2 b )=O(n/ log(n)) <strong>et</strong> en espace<br />

O(b2 b )=O(n) en parcourant toutes les chaînes binaires s ∈ [0, 2 b [ en incrémentant<br />

la valeur <strong>et</strong> en remplissant la case correspondante de DP [s][ip] (<strong>et</strong> en m<strong>et</strong>tant à jour<br />

l’indice ip).<br />

Finalement, nous construisons un tableau C (utilisé pour le codage) tel que pour<br />

chaque s ∈ [0, 2 b [, C[s] contient l’indice i tel que DP [i] =s, oùp = P [s]. L’indice<br />

i = C[s] est stocké sur b bits, bien que seulement les L[p] =⌊ log2(kp)⌋ bits les moins<br />

significatifs de i sont utiles puisque i ∈ [0,kp[. Pourconstruire C, ilsuffitd’itérer<br />

pour chaque p ∈ [0,b] <strong>et</strong> pour chaque i ∈ [0,kp[ : C[Dp[i]] = i. Unefois Dp <strong>et</strong> P<br />

calculés, la construction de C coûte O( b<br />

p=0 kp) =O(2 b )=O(n/ log(n)) en temps <strong>et</strong><br />

O(b2 b )=O(n) en espace.<br />

Soit t = ⌊n/b⌋ le nombre de blocs de b bits de S. Sin n’est pas divisible par b, les<br />

derniers (n mod b) bits sont traités séparément. Pour les procédures de codage <strong>et</strong> de<br />

décodage, nous itérons t fois les étapes suivantes :<br />

1. Lire le bloc suivant s de b bits de S (s peut être manipulé comme un index de<br />

[0, 2b [).<br />

2. Ecrire dans S ′ la valeur de P [s] comme un nombre binaire sur ⌈log2(b)⌉ bits.<br />

3. Ecrire dans S ′ la chaîne composée <strong>des</strong> L[s] bits les plus significatifs de C[s].<br />

Nous finissons le processus de codage en écrivant dans S ′ les n( mod b) bits de S<br />

(s’ils existent).<br />

La procédure de décodage est la suivante :<br />

1. Lire dans S ′ les ⌈log2(b)⌉ bits pour former la valeur p.<br />

2. Lire dans S ′ les L[p] bits suivants, représentant un entier i ∈ [0,kp[.<br />

3. Ecrire dans S la chaîne Dp[i].<br />

Nous finissons le processus de décodage en écrivant dans S les (n mod b) derniers<br />

bits de S ′ (s’ils existent).


6.4. Nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és 105<br />

Les procédures de codage <strong>et</strong> de décodage prennent clairement un temps O(t) =<br />

O(n/ log(n)), une fois que les tableaux L, P, Dp <strong>et</strong> C ont été générés. La validité du<br />

codage <strong>et</strong> du décodage est assurée par la symétrie <strong>des</strong> procédures ci-<strong>des</strong>sus.<br />

Il reste à montrer que la longueur de la chaîne S ′ n’excède pas log2(#S) +<br />

O(n log(log(n))/ log(n)). Soitpile nombre de “1” dans le i-ième bloc de b bits de<br />

S, pourtout i ∈{1, 2,...,p}. D’aprèsla procédure de codage, le nombredebitsécrits<br />

dans S ′ pour le i-ième bloc est : ⌈log2(b)⌉+⌈log2(kpi ))⌉. Ensommant sur tous les blocs,<br />

nous obtenons la borne supérieure suivante sur la longueur de S ′ :<br />

t<br />

i=1<br />

(⌈log2 b⌉ + ⌈log2(kpi )⌉)+(n mod b) =<br />

Observons que par super-additivité a a ′ a+a ′ <br />

. ≤ donc<br />

b<br />

t<br />

i=1<br />

kpi =<br />

b ′<br />

t<br />

<br />

b<br />

i=1<br />

pi<br />

≤<br />

<br />

t<br />

log2(kpi )<br />

<br />

+ O(b + t log2 b) .<br />

b+b ′<br />

i=1<br />

<br />

bt<br />

<br />

i pi<br />

<br />

= #S,<br />

où ¯ S est la chaîne composée <strong>des</strong> tb premiers bits de S. Comme la longueur <strong>et</strong> le nombre<br />

de “1” de S <strong>et</strong> de ¯ S ne diffèrent que d’au plus b, ils’ensuitque| log 2(#S)−log 2(# ¯ S)| =<br />

O(b log 2(n)). Parconséquent, nous obtenons que la longueur de S ′ est au plus de :<br />

<br />

log2 t<br />

i=1<br />

kpi<br />

<br />

+ O(b + t log b) ≤ log2(#S)+O(n log2(log2(n))/ log2(n)). 6.4 Nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és<br />

C<strong>et</strong>te section est dédiée aux résultats suivants :<br />

Théorème 6.4.1. Tout graphe plan maximal <strong>et</strong> tout graphe planaire connexe à n<br />

somm<strong>et</strong>s peuvent être représentés par une chaîne binaire de longueur au plus 3, 37n bits<br />

<strong>et</strong> 5, 03n bits respectivement. De plus, le codage <strong>et</strong> le décodage peuvent être effectués en<br />

temps linéaire.<br />

Théorème 6.4.2. Le nombre p(n) de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és à n somm<strong>et</strong>s,<br />

satisfait, pour n suffisamment grand la double inégalité suivante :<br />

avec α ≈ 5, 007 <strong>et</strong> β ≈ 4, 710.<br />

βn − Θ(log n) ≤ log 2 p(n) ≤ αn + O(log n)


106 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

La borne inférieure du théorème 6.4.2 vient du nombre g(n) de <strong>graphes</strong> planaires<br />

2-connexes étiqu<strong>et</strong>és. Clairement, p(n) ≥ (g(n)/n!). L’asymptotique suivante a été<br />

prouvée dans [BGW99] :<br />

g(n) ∼ Θ(n −7/2 ) c −n n!<br />

où c ≈ 0, 03819. Ilensuitquepour n suffisamment grand,<br />

log 2 p(n) ≥ log 2<br />

g(n)<br />

n!<br />

= βn − 7<br />

2 log 2 n + O(1), with β = − log 2 c ≈ 4, 71066.<br />

Majorons maintenant le nombre de <strong>graphes</strong> planaires. Soit q(n) le nombre de<br />

<strong>graphes</strong> planaires connexes non étiqu<strong>et</strong>és à n somm<strong>et</strong>s. Pour relier p(n) à q(n), nous<br />

représentons chaque graphe planaire G à k ≥ 1 composantes connexes par le tripl<strong>et</strong><br />

(k, t(G),v), oùt(G) <strong>et</strong> v sont définis de la manière suivante. Soit ui un somm<strong>et</strong> (qui ne<br />

soit pas un somm<strong>et</strong> d’articulation) de la i-ième composante connexe de G. Ilest clair<br />

qu’un tel somm<strong>et</strong> peut toujours être trouvé en prenant, par exemple, une feuille d’un<br />

arbre recouvrant de la composante connexe. Le graphe t(G) est obtenu en fusionnant<br />

toutes les composantes connexes de G :onidentifie tous les somm<strong>et</strong>s ui en un seul<br />

somm<strong>et</strong> v. Clairement, t(G) est un graphe planaire connexe. On peut obtenir le graphe<br />

G àpartir de (k, t(G),v) en divisant le somm<strong>et</strong> v de t(G). Touteslesk ′ ≤ k composantes<br />

connexes obtenues de c<strong>et</strong>te manière sont comprises dans G (on ne risque pas de<br />

déconnecter une composante connexe de G, car les somm<strong>et</strong>s ui ne sont pas <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s<br />

d’articulation). Pour reconstruire complètement G, onpeutêtre amené à ajouter k ′ −k<br />

somm<strong>et</strong>s isolés. Le nombre de somm<strong>et</strong>s de t(G) est n − (k ′ − k) − k ′ +1=n − k +1.<br />

La figure 67, montre un graphe non connexe G <strong>et</strong> sa représentation par le tripl<strong>et</strong><br />

(k, t(G),v).<br />

u 4<br />

u 5<br />

u 3<br />

u 6<br />

u 2<br />

u 1<br />

G t(G)<br />

Figure 67 – Représentation d’un graphe planaire non connexe par le tripl<strong>et</strong> (k, t(G),v).<br />

De c<strong>et</strong>te représentation, on déduit l’inégalité suivante :<br />

p(n) ≤<br />

n<br />

k · q(n − k +1)· (n − k +1) ≤ n 3 q(n) (4)<br />

k=1<br />

car q(n) est une fonction croissante de n. Donc,pourprouver le théorème 6.4.2, il reste<br />

àprouverque pour n suffisamment grand,<br />

log 2 q(n) ≤ αn + O(log n), pour une constante α ≈ 5, 007. (5)<br />

v


6.4. Nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és 107<br />

6.4.1 Fonction entropie<br />

Considérons la majoration suivante (voir par exemple [Bol78, P. 255]) :<br />

<br />

x<br />

<<br />

y<br />

y x−y x x<br />

<br />

x<br />

<br />

rx<br />

x−rx<br />

x<br />

=<br />

=<br />

y x − y rx x − rx<br />

1<br />

r<br />

r <br />

1−r<br />

x<br />

1<br />

=<br />

1 − r<br />

2 H(r)x<br />

où r = y<br />

<strong>et</strong> H est la fonction entropie de r, définie pour r ∈ [0, 1] par :<br />

x<br />

H(r) :=−rlog2 r − (1 − r)log2(1 − r), <strong>et</strong> avec H(0) := H(1) := 0 .<br />

Donc pour tous n, c1,c2 > 0 :<br />

1<br />

n log 2<br />

<br />

c1n<br />

c2n<br />

≤ c1H(c2/c1) . (6)<br />

Du théorème 6.3.1, il ressort que chaque graphe planaire connexe G à n somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong><br />

m arêtes peut être représenté par huit chaînes binaires A1,...,A5,B1,B2,C1 décrites<br />

dans les lemmes 6.3.3, 6.3.2 <strong>et</strong> 6.3.1 ainsi qu’un nombre constant d’entiers sur O(log(n))<br />

bits. Soit Q défini de la manière suivante :<br />

Q := max<br />

ℓ,b,t,w,p log2 (#A1 ···#A5 · #B1 · #B2 · #C1)<br />

où ℓ, b, t, w, p sont <strong>des</strong> entiers de l’intervalle [0,n] définis dans les lemmes 6.3.3, 6.3.2<br />

<strong>et</strong> 6.3.1, <strong>et</strong> q(n, m) est le nombre de <strong>graphes</strong> planaires connexes à n somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong> m arêtes.<br />

De c<strong>et</strong>te représentation par huit chaînes binaires, on en déduit<br />

log 2 q(n, m) ≤ Q + O(log 2 n) . (7)<br />

Comme q(n) ≤ 3n−6 m=n−1 q(n, m) ≤ 2n maxm q(n, m), pourprouver l’équation (5) <strong>et</strong><br />

calculer α, ilsuffitd’analyser la valeur de Q. Soientλ = l<br />

f(λ) :=max<br />

b,t,w,p<br />

n <strong>et</strong><br />

1<br />

n log 2 (#A1 ···#A5 · #B1 · #B2)<br />

Plus simplement, f(λ)n représente le nombre de bits utilisés pour coder la paire (T2,RS)<br />

<strong>et</strong> donc par le théorème 6.3.1, le nombre de bits qui codent la super-triangulation S.<br />

Notons que seulement n, m <strong>et</strong> l (rappelons que l = λn) apparaissent dans l’expression<br />

de #C1. Donc,pardéfinition de Q, nousavons:<br />

<br />

Q = max f(λ)n + max<br />

0≤λ≤1<br />

n


108 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

Ainsi, en utilisant c<strong>et</strong>te majoration de #C1 dans l’équation (8), nous obtenons :<br />

1<br />

n<br />

(Q − O(log n)) ≤ max<br />

0≤λ≤1<br />

1≤µ≤3<br />

<br />

f(λ)+(1+λ) · H<br />

<br />

3 − µ<br />

1+λ<br />

. (9)<br />

L’étude de la fonction f peut être effectuée en exprimant chaque binomial à l’aide<br />

de la fonction entropie. Dériver la fonction <strong>et</strong> résoudre les équations est un calcul<br />

lourd. L’expression clause de f(λ) est assez longue. A l’aide d’un solveur formel (voir<br />

en annexe la feuille de calcul complète 1 ), nous obtenons le comportement de f (voir<br />

figure 68).<br />

3.5<br />

3<br />

2.5<br />

2<br />

1.5<br />

1<br />

0.5<br />

0<br />

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

-15<br />

-20<br />

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1<br />

Figure 68 – Comportement de f(λ) <strong>et</strong> f ′ (λ).<br />

Le maximum de f(λ) <strong>et</strong> atteint pour λ =λ0, solutiondel’équation de degré 5<br />

suivante :<br />

21λ 5 − 49λ 4 +47λ 3 − 24λ 2 +7λ − 1=0.<br />

Dans l’intervalle [0, 1], nousobtenons une unique solution λ0 ≈ 0, 622900 <strong>et</strong> f(λ0) ≈<br />

3, 374449.<br />

Démonstration du théorème 6.4.1. D’après le lemme 6.3.4, chacune <strong>des</strong> chaînes<br />

apparaissant dans Q peut être compressée de manière asymptotiquement optimale. Le<br />

n log(log(n))<br />

graphe G peut alors être codé en temps linéaire avec au plus Q + O( ) bits,<br />

log(n)<br />

car la somme <strong>des</strong> longueurs <strong>des</strong> chaînes codant G est en O(n).<br />

Si G est une triangulation, alors m =3n−6. Doncµ =3<strong>et</strong> l’équation (9) se réécrit<br />

en :<br />

1<br />

(Q − O(log n)) ≤ max<br />

n 0≤λ≤1 f(λ) = f(λ0) ≈ 3, 37<br />

ce qui prouve que les triangulations peuvent être représentées en temps linéaire avec<br />

asymptotiquement 3, 37n bits.<br />

1 C<strong>et</strong>te feuille est également disponible à l’adresse suivante :<br />

http : //www.labri.fr/ gavoille/article/BGH02.mws


6.4. Nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és 109<br />

Le maximum de la borne supérieure sur Q dans l’équation (9) est atteint pour<br />

µ = 1<br />

1<br />

1<br />

(5 − λ), puisque H(r) est maximum pour r = (<strong>et</strong> nous avons H( )=1). Donc<br />

2 2 2<br />

les <strong>graphes</strong> planaires connexes peuvent être représentés en temps linéaire asymptotiquement<br />

avec Q bits tels que :<br />

1<br />

(Q − O(log n)) ≤ max {f(λ)+1+λ} .<br />

n 0≤λ≤1<br />

Les calculs nous ramènent à la résolution de l’équation de degré 7 suivante :<br />

275λ 7 − 1430λ 6 + 2884λ 5 − 2986λ 4 + 1767λ 3 − 614λ 2 +118λ − 10 = 0 .<br />

Dans l’intervalle [0, 1], nousobtenons une unique solution λ1 ≈ 0, 699017. Nousavons<br />

donc f(λ1)+1+λ1 ≈ 5, 036013. Donc un graphe planaire connexe peut être représenté<br />

en temps linéaire à l’aide de 5, 03n bits. Notons que les <strong>graphes</strong> qui atteignent un<br />

codage en 5, 03n bits possèdent asymptotiquement 1<br />

2 (5 − λ1)n ≈ 2, 15n arêtes. <br />

Démonstration du théorème 6.4.2. D’après le théorème 6.4.1 , nous avons déjà 5, 03<br />

comme borne supérieure de α. Pouraméliorerunpeuc<strong>et</strong>te borne, nous observons<br />

qu’une triangulation possède une seule super-triangulation (voir théorème 6.2.1). Donc<br />

nous pouvons alternativement représenter la super-triangulation soit en utilisant notre<br />

représentation (donnée dans le théorème 6.3.1) à l’aide de (T2,RS) (ceci pouvant être<br />

codé en f(λ)n+O(log(n)) bits), soit nous pouvons utiliser un codage théorique optimal<br />

en nombre de bits de la triangulation sous-jacente de S en ⌈log2(Tn)⌉ bits où Tn désigne<br />

le nombre de triangulations enracinées. Le théorème 6.2.1 nous assure que l’on peut<br />

reconstruire de manière unique S àpartir d’une triangulation.<br />

D’après la formule de Tutte (voir chapitre 1 section 1.1), pour tout n ≥ 3,<br />

Tn =<br />

2(4n − 11)!<br />

(n − 2)!(3n − 7)! =<br />

<br />

2 4n − 11<br />

(3n − 8)(3n − 7) n − 2<br />

<br />

≤<br />

4n<br />

n<br />

Donc,<br />

1<br />

n log2(Tn) ≤ 4H(1/4) = 8 − 3log23 ≈ 3, 245112<br />

Apartir <strong>des</strong> deux représentations d’une triangulation, l’équation (9) se réécrit en<br />

1<br />

n<br />

(Q − O(log n)) ≤ max<br />

0≤λ≤1<br />

1≤µ≤3<br />

<br />

min {f(λ), 4H(1/4)} +(1+λ) · H<br />

3 − µ<br />

1+λ<br />

<br />

.<br />

<br />

. (10)<br />

Comme H( 3−µ<br />

1+λ ) ≤ 1 <strong>et</strong> que log 2(q(n, m)) ≤ Q + O(log(n)), l’équation (10) s’écrit<br />

1<br />

n (log2 q(n) − O(log n)) ≤ max {min {f(λ), 4H(1/4)} +1+λ} .<br />

0≤λ≤1<br />

Dans l’intervalle [0, 1], l’équation f(λ) =4H( 1)<br />

possède deux solutions (voir figure 68).<br />

4<br />

Numériquement, ces solutions sont λ2 ≈ 0, 478207 <strong>et</strong> λ3 ≈ 0, 762116. Lesvaleursλ0<strong>et</strong>


110 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

λ1 maximisent respectivement f(λ) <strong>et</strong> f(λ) +1+λ donc f ′ (λ0) =0<strong>et</strong> f ′ (λ1) =−1.<br />

Les fonctions f <strong>et</strong> f ′ décroissent pour λ ∈ [λ0, 1] (voir figure 68). Donc, f ′ (λ3) ≤−1<br />

puisque λ3 >λ1. Ceci signifie que pour λ ∈ [λ3, 1], l<strong>et</strong>erme f(λ) décroît plus que le<br />

terme 1+λ ne croît. En d’autres termes :<br />

Donc,<br />

∀ λ>λ3, f(λ)+1+λ < f(λ3)+1+λ3 = 4H(1/4) + 1 + λ3 .<br />

max<br />

0≤λ≤1 {min {f(λ), 4H(1/4)} +1+λ} = 4H(1/4) + 1 + λ3 ≈ 5, 007228 .<br />

En fixant α =4H( 1<br />

4 )+1+λ3, nousavons donc prouvé que log 2(q(n)) ≤ αn+O(log(n)),<br />

<strong>et</strong> aussi que log 2(q(n)) ≤ αn + O(log(n)) avec α ≈ 5, 007. Ceci complétant la preuve<br />

du théorème 6.4.2. <br />

6.4.2 Nombre d’arêtes d’un graphe planaire aléatoire<br />

Théorème 6.4.3. Presque tous les <strong>graphes</strong> non étiqu<strong>et</strong>és <strong>et</strong> presque tous les <strong>graphes</strong><br />

étiqu<strong>et</strong>és de n somm<strong>et</strong>s ont au moins 1, 70n arêtes <strong>et</strong> au plus 2, 54n arêtes. Ce résultat<br />

est également valable pour les <strong>graphes</strong> connexes étiqu<strong>et</strong>és ou non étiqu<strong>et</strong>és.<br />

Démonstration. Soient m1 =1, 70n, m2 =2, 54n <strong>et</strong> I =[m1,m2]. Soitl(n, m) (resp.<br />

p(n, m)) lenombrede<strong>graphes</strong> étiqu<strong>et</strong>és (resp. non étiqu<strong>et</strong>és) à n somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong> m arêtes.<br />

On notera l(n) le nombre de <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és à n somm<strong>et</strong>s.<br />

Nous concentrons notre attention dans un premier temps sur la première affirmation<br />

du théorème 6.4.3. Nous avons à prouver que :<br />

lim<br />

<br />

n→+∞<br />

m∈I<br />

p(n, m)<br />

p(n)<br />

= 1 <strong>et</strong> lim<br />

<br />

n→+∞<br />

m∈I<br />

l(n, m)<br />

l(n)<br />

= 1 .<br />

Comme p(n) = m ∈ Ip(n, m) + m ∈ Ip(n, m), <strong>et</strong> l(n) = <br />

m ∈ Il(n, m) +<br />

m ∈ Il(n, m), nousdevons prouver que :<br />

<br />

p(n, m) = o(p(n)) <strong>et</strong> <br />

l(n, m) = o(l(n)) . (11)<br />

m/∈I<br />

Pour prouver l’équation (11), nous relions p(n, m) <strong>et</strong> l(n, m) à q(n, m), nombresintroduits<br />

dans l’équation (7).<br />

Comme nous l’avons vu précédemment, un graphe planaire non étiqu<strong>et</strong>é G peut<br />

être représenté par le tripl<strong>et</strong> (k, t(G),v) où t(G) est un graphe connexe qui possède le<br />

même nombre d’arête que G.c Comme le nombre d’arêtes d’une composante connexe<br />

de G avec η somm<strong>et</strong>s dans l’intervalle [η − 1, 3η − m], lenombrek de composantes<br />

m/∈I


6.4. Nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és 111<br />

connexes de G est au moins k1 =max{1,n− m}, <strong>et</strong>auplusk2 = n −⌈m⌉−1 si m ≥ 2<br />

3<br />

<strong>et</strong> k2 = n −⌈m⌉ sinon. Ainsi l’équation (4) s’étend de la manière suivante :<br />

3<br />

∀n, m ≥ 0,p(n, m) ≤<br />

k2 <br />

k=k1<br />

k · q(n − k +1,m) · (n − k +1) ≤ n 2<br />

k2 <br />

k=k1<br />

q(n − k +1,m) .<br />

Pour les <strong>graphes</strong> planaires étiqu<strong>et</strong>és, nous utilisons la représentation de G par un<br />

quadrupl<strong>et</strong> (k, t(G),v,L), oùL est un tableau de n entiers compris entre 1 <strong>et</strong> n. Chaque<br />

élément du tableau contient l’étiqu<strong>et</strong>te de chaque somm<strong>et</strong> de G. Laconstruction est<br />

similaire au cas non étiqu<strong>et</strong>é. Toutes les k composantes connexes de G sont fusionnées à<br />

l’aide d’un somm<strong>et</strong> v (le somm<strong>et</strong> fusionné de chaque composante connexe est choisi pour<br />

ne pas être un somm<strong>et</strong> d’articulation). Le graphe t(G) est un graphe planaire connexe<br />

non étiqu<strong>et</strong>é, <strong>et</strong> possède n − k +1somm<strong>et</strong>s <strong>et</strong> m arêtes. Soient u1,u2,...,un−k+1 les<br />

somm<strong>et</strong>s de t(G) ordonnés de manière arbitraire. Soient C1,C2,...,Ck ′ les composantes<br />

connexes de G qui ne sont pas <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s isolés. Nous devons ordonner ces<br />

composantes connexes sur la base de t(G), sansinformation sur les étiqu<strong>et</strong>tes de G.<br />

Les sous-<strong>graphes</strong> Ci sont ordonnés tels que Ci \{v} contienne le somm<strong>et</strong> uz ayant le<br />

plus p<strong>et</strong>it indice z parmi les somm<strong>et</strong>s de {u1,u2,...,un−l+1}\∪ i−1<br />

j=1 Cj−1. Parconvention,<br />

C0 = {v}. Parexemple, C1 \{v} doit contenir u1 ou u2 si v = u1. Pourchaque<br />

i ∈{1, 2,...,n− k +1}, L[i] contient l’étiqu<strong>et</strong>te de ui dans G, aveclaconventionque<br />

l’étiqu<strong>et</strong>te de v = ui0 est affectée comme si v appartient à C1 dans G. Alors, pour<br />

chaque i ∈{2, 3,...,k ′ }, L[n − k + i] est l’étiqu<strong>et</strong>te de v car v appartient à Ci dans G.<br />

Pour finir les éléments L[n − k + k ′ +1],...,L[n] sont les étiqu<strong>et</strong>tes <strong>des</strong> somm<strong>et</strong>s isolés<br />

de G. Lareconstruction du graphe sous-jacent non étiqu<strong>et</strong>é de G peut être effectuée<br />

comme précédemment à l’aide du tripl<strong>et</strong> (k, t(G),v) (voir figure 67). Alors, il n’est pas<br />

difficile de voir que L perm<strong>et</strong> d’assigner correctement les étiqu<strong>et</strong>tes de G. Apartirde<br />

c<strong>et</strong>te représentation, nous avons alors les inégalités suivantes :<br />

l(n, m) ≤<br />

k2 <br />

k=k1<br />

k · q(n − k +1,m) · (n − k +1)· n! ≤ n 2 · n! ·<br />

k2 <br />

k=k1<br />

q(n − k +1,m) .<br />

Maintenant, établissons une borne supérieure pour q(n, m), pourchaquem∈ [n −<br />

1,m1[∪]m2, 3n − 6]. Parcommodité, nous définissons h(µ) :<br />

<br />

<br />

3 − µ<br />

h(µ) := max min {f(λ), 4H(1/4)} +(1+λ) · H<br />

.<br />

0≤λ≤1<br />

1+λ<br />

Apartir de l’équation (7), log 2(q(n, m)) ≤ Q + O(log n), <strong>et</strong>àpartirdel’équation (10)<br />

du théorème 6.4.1 nous obtenons :<br />

log 2 q(n, m) ≤ h(m/n) · n + O(log n) .<br />

Nous vérifions que h(m1/n) <strong>et</strong> h(m2/n) sont strictement plus p<strong>et</strong>its que β ≈ 4, 71066<br />

(constante définie dans l’équation (5) ) (voir figure 6.4.2). De plus, pour chaque m ∈


112 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires<br />

[n − 1,m1[,h(m/n) ≤ h(m1/n) <strong>et</strong> pour chaque m ∈]m2, 3n − 6],h(m/n) ≤ h(m2/n).<br />

Donc,<br />

∀ m ∈ [n − 1,m1[∪]m2, 3n − 6], q(n, m) ≤ 2 (β−δ)n ≤ g(n)<br />

n! 2−δn<br />

où δ est une constante telle que 0


6.5. Conclusion 113<br />

En fait nous avons de manière similaire,<br />

<br />

|An,m| ≤ <br />

<br />

g(n)<br />

p(n, m) = o<br />

n!<br />

m/∈I<br />

m/∈I<br />

<br />

<br />

= o<br />

m≥0<br />

|An,m|<br />

La même équation est également vérifiée pour Bn,m. Enparticulier elle est vérifiée pour<br />

les <strong>graphes</strong> planaires connexes étiqu<strong>et</strong>és <strong>et</strong> connexes non étiqu<strong>et</strong>és.<br />

6.5 Conclusion<br />

Un problème intéressant laissé ouvert dans ce chapitre est de déterminer si l’approche<br />

utilisée ici (représenter un graphe planaire par une triangulation appropriée <strong>et</strong><br />

l’ensemble <strong>des</strong> arêtes devant être supprimées) perm<strong>et</strong> d’atteindre la borne optimale sur<br />

le nombre de bits suffisants pour coder d’un graphe planaire à n somm<strong>et</strong>s.<br />

Nous pensons que la borne peut être améliorée en utilisant à nouveau l’approche<br />

par triangulation. En eff<strong>et</strong>, notre codage <strong>des</strong> triangulations utilise 3, 37n bits alors que<br />

3, 24n bits sont théoriquement suffisants. Un gain hypothétique de 0, 13n bits serait possible<br />

nous amenant ainsi à un codage <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires en (5, 00 − 0, 13)n =4, 87n<br />

bits. Indépendamment le nombre de feuilles l de T2 dans une triangulation aléatoire<br />

est proche de la valeur obtenue dans notre codage dans le pire <strong>des</strong> cas : l ≈ 0, 62n.<br />

L’ensemble MS pourrait donc être codé avec n + l =1, 62n bits (nous avons besoin<br />

de n bits pour décrire les arêtes de T2 qui sont dans G <strong>et</strong> l bits pour les arêtes de<br />

T1 quittant une feuille de T2 qui sont également dans G). Ceci nous donnerait un codage<br />

en (3, 24 + 1, 62)n =4, 86n bits pour les <strong>graphes</strong> planaires aléatoires. Comme une<br />

conjecture doit être simple, <strong>et</strong> puisque nous avons la coïncidence numérique suivante,<br />

4, 85 ≈ 5H(2/5), nousproposons :<br />

Conjecture 6.5.1. Pour n assez grand,<br />

<br />

5n<br />

p(n) ≤ ,<br />

2n<br />

où p(n) désigne le nombre de <strong>graphes</strong> planaires non étiqu<strong>et</strong>és à n somm<strong>et</strong>s.<br />

<br />

.


114 Chapitre 6. Majoration du nombre de <strong>graphes</strong> planaires


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Index<br />

Symbols<br />

i ccw ................................15<br />

Chi(u)..............................15<br />

Chi(u, k) ...........................15<br />

H(r) ..............................107<br />

Kn ...................................8<br />

L(P ) ...............................13<br />

Pi(u) ...............................15<br />

R+(G) ..............................20<br />

R−(G) ..............................20<br />

S+ ..................................19<br />

S− ..................................19<br />

Tn ..................................10<br />

Vn ..................................45<br />

Vn(k) ...............................52<br />

W p<br />

l .................................58<br />

mathcalRn ......................... 31<br />

#f(uk) .............................47<br />

δ ...................................44<br />

λ0 .................................108<br />

λ1 .................................109<br />

λ2 .................................109<br />

λ3 .................................109<br />

λ ..................................107<br />

≤ccw ................................12<br />

≤cw .................................12<br />

≤ccw ................................12<br />

≤cw .................................12<br />

¯Hw(l, i, p) ...........................66<br />

¯Hw(l, p).............................66<br />

¯Hnw(l, i, p) ..........................66<br />

¯Hnw(l, p)............................66<br />

¯Ti...................................15<br />

∆...................................53<br />

122<br />

∆+ .................................53<br />

∆− .................................53<br />

deg(v) ...............................7<br />

deg + (v) ..............................8<br />

deg − (v) ..............................8<br />

f1-flippable.........................40<br />

open(k, f) ..........................44<br />

p(n) ................................87<br />

ppac(u, v) ...........................11<br />

xL(v) ...............................79<br />

xR(v) ...............................79<br />

étoile ...............................55<br />

étoile avec mur ..................... 55<br />

3-orientation ........................18<br />

A<br />

acyclique.............................8<br />

AddFirst(L, e)......................50<br />

alphab<strong>et</strong>............................44<br />

ancêtre .............................11<br />

anti-symétrie ....................12, 36<br />

arête<br />

dorsale..........................27<br />

externe...........................9<br />

frontale .........................27<br />

non-apparentée .................27<br />

arête multiple........................7<br />

arête racine ..........................9<br />

arêtes ................................7<br />

arêtes pertinentes ...................98<br />

arbre ...............................10<br />

ordonné enraciné ................11<br />

arbre recouvrant bien-ordonné ......88<br />

arbre recouvrant ordonné ...........38<br />

arbres binaires jumeaux .............64


INDEX 123<br />

arc<br />

rentrant ..........................8<br />

sortant ...........................8<br />

arcs ..................................8<br />

B<br />

basculement ........................93<br />

biconnexe ............................8<br />

bien-ordonné........................89<br />

borné...............................13<br />

borne<br />

inférieure .......................14<br />

supérieure ...................... 13<br />

boucle............................7, 63<br />

bourgeon ...........................99<br />

branche.............................55<br />

branche droite d’un arbre ...........11<br />

branche droite d’un somm<strong>et</strong>. . . ......11<br />

branche gauche d’un arbre ..........11<br />

branche gauche d’un somm<strong>et</strong>. . . .....11<br />

C<br />

caractéristique d’Euler ..............10<br />

carte.................................7<br />

planaire ..........................9<br />

ccw-face............................17<br />

ccw-triangle.........................17<br />

chemin...............................8<br />

longueur .........................8<br />

chemin deDyck.................43, 44<br />

cible .................................8<br />

clique ................................8<br />

compl<strong>et</strong>..............................8<br />

concat(L1, L2) ......................50<br />

condition locale .....................15<br />

connexe ..............................8<br />

couvre ..............................13<br />

cw-face.............................17<br />

cw-triangle..........................17<br />

cycle.................................8<br />

D<br />

déviation ...........................55<br />

degré ................................7<br />

rentrant ..........................8<br />

sortant ...........................8<br />

Del(L, i) ............................50<br />

demi-flips...........................40<br />

<strong>des</strong>cendant. . . .......................11<br />

<strong>des</strong>sin<br />

hauteur.........................75<br />

largeur..........................75<br />

lignes brisées . ...............73, 75<br />

lignes droites....................73<br />

planaire lignes brisées ...........75<br />

<strong>des</strong>sin planaire . ......................8<br />

<strong>des</strong>sins orthogonaux ................ 74<br />

<strong>des</strong>sins plans. .......................73<br />

diagramme de Hasse ................13<br />

digraphe ...........voir graphe orienté<br />

dimension...........................13<br />

domaine............................12<br />

E<br />

enfant ..............................10<br />

ensemble partiellement ordonné . ....12<br />

EPO ............................12, 32<br />

élément maximal. . . . ............13<br />

élément minimal . ...............13<br />

EPO d’incidence....................13<br />

extension linéaire...................12<br />

F<br />

face ..................................9<br />

adjacente ........................9<br />

extérieure ........................9<br />

intérieure ........................9<br />

strictement intérieure . . ..........9<br />

face tricolore........................17<br />

facteur gauche......................44<br />

feuille. . . ............................11<br />

fg-langage .......................... 58<br />

fixé.................................80<br />

flip diagonal . .......................32<br />

flippable............................40<br />

flips ................................ 31


124 INDEX<br />

flips diagonaux coloriés .............32<br />

fonction entropie...................107<br />

frères ...............................11<br />

G<br />

glb ................................. 14<br />

graphe ...............................7<br />

dual ............................10<br />

plan<br />

maximal .......................9<br />

planaire ..........................8<br />

maximal .......................9<br />

graphe orienté .......................7<br />

graphe plan ..........................9<br />

graphe-multiple......................7<br />

H<br />

hauteur.............................66<br />

I<br />

idéal ................................13<br />

K<br />

k-connexe<br />

connexe ..........................8<br />

k-dégénéré ..........................22<br />

L<br />

langage de Dyck . . ..................44<br />

l<strong>et</strong>tres ..............................44<br />

libre ................................91<br />

longueur d’un mot ..................44<br />

lub .................................13<br />

M<br />

mot.................................44<br />

N<br />

nivelage.............................78<br />

hauteur.........................78<br />

niveau ..........................78<br />

nombre de montées .................65<br />

non-apparentés .....................27<br />

nœud interne .......................11<br />

nœuds ..............................10<br />

O<br />

orderly spanning tree ...............38<br />

ordonné.............................27<br />

Ordre Canonique ...................18<br />

ordre partiel ........................12<br />

ordre postfixe anti-trigonométrique. .11<br />

ordre postfixe trigonométrique . . . . . . 11<br />

ordre préfixe anti-trigonométrique . . . 11<br />

ordre préfixe trigonométrique .......11<br />

P<br />

pôle d’une face......................38<br />

paire de chemins de Dyck ne se coupant<br />

pas......................43, 45<br />

paire de mots de Dyck ne se coupant pas<br />

45<br />

paire ordonnée......................27<br />

parent ..............................11<br />

partiellement bien-ordonné . .........92<br />

pastèque ............................55<br />

pastèque avec mur ..................55<br />

pic..................................45<br />

plus p<strong>et</strong>it ancêtre commun ..........11<br />

polyomino..........................61<br />

convexe.........................61<br />

horizontalement convexe . .......61<br />

largeur..........................62<br />

polyominos jumeaux ............62<br />

verticalement convexe . . . . .......61<br />

polyomino parallélogramme .........61<br />

profondeur..........................11<br />

promeneurs méchants ...............55<br />

propriété branche ...................21<br />

R<br />

réaliseur ..................2, 12, 14, 25<br />

maximal........................20<br />

minimal.........................20<br />

réaliseur étoile ..................44, 45<br />

<strong>réaliseurs</strong> étoiles ....................45<br />

réflexivité .......................12, 34<br />

racine...............................10<br />

recoloration .........................19


INDEX 125<br />

S<br />

séquence préfixe deflips.........44–46<br />

somm<strong>et</strong><br />

externe...........................9<br />

somm<strong>et</strong> d’articulation . ...............8<br />

somm<strong>et</strong>s .............................7<br />

source ...............................8<br />

sous-diagonale . .....................63<br />

sous-graphe ..........................7<br />

sous-graphe induit ...................7<br />

SPF................................46<br />

Split(L, i)...........................50<br />

stratification........................75<br />

stratification-faible..............75, 78<br />

super-graphe .........................7<br />

super-triangulation ................. 95<br />

T<br />

total................................12<br />

transition...........................58<br />

transitivité......................12, 36<br />

treillis ..............................14<br />

treillis distributif. . . .................14<br />

triconnexe ...........................8<br />

V<br />

voisin ................................7<br />

W<br />

watermelon .........................55


<strong>Aspects</strong> <strong>algorithmiques</strong> <strong>et</strong> <strong>combinatoires</strong> <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong><br />

<strong>des</strong> <strong>graphes</strong> plans maximaux<br />

Résumé : Les <strong>réaliseurs</strong>, ou arbres de Schnyder, ont été introduits par Walter Schnyder<br />

à la fin <strong>des</strong> années 80 pour caractériser les <strong>graphes</strong> planaires, puis pour <strong>des</strong>siner<br />

ces mêmes <strong>graphes</strong> sur <strong>des</strong> grilles (n − 2) × (n − 2).<br />

Dans ce document nous proposons dans un premier temps une extension du théorème<br />

de Wagner aux <strong>réaliseurs</strong>, qui nous perm<strong>et</strong> d’établir une relation entre le nombre<br />

de feuilles <strong>et</strong> le nombre de faces tricolores d’un réaliseur.<br />

Ensuite, à l’aide d’une bijection entre les <strong>réaliseurs</strong> <strong>et</strong> les paires de chemins de Dyck<br />

qui ne se coupent pas, nous énumérons les <strong>réaliseurs</strong>. Un algorithme de génération<br />

aléatoire de p chemins de Dyck ne se coupant pas, est également présenté. Il perm<strong>et</strong><br />

en outre de générer aléatoirement <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> en temps linéaire.<br />

Puis nous montrons que grâce aux <strong>réaliseurs</strong>, il est possible de <strong>des</strong>siner, à l’aide de<br />

lignes brisées <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires sur <strong>des</strong> grilles de largeur <strong>et</strong> de surface optimales.<br />

Enfin, nous proposons une généralisation <strong>des</strong> <strong>réaliseurs</strong> minimaux aux <strong>graphes</strong> planaires<br />

connexes : les arbres recouvrants bien-ordonnés. Grâce à c<strong>et</strong>te généralisation<br />

ainsi qu’à une méthode de triangulation adaptée nous proposons un algorithme de<br />

codage <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> planaires à n somm<strong>et</strong>s en 5, 007n bits.<br />

Mots clés : Réaliseurs, Arbres de Schnyder, Dessin de <strong>graphes</strong>, Théorème de Wagner,<br />

flip diagonal, Pastèque, génération aléatoire uniforme, énumération <strong>graphes</strong> planaires<br />

Discipline : Informatique<br />

LaBRI,<br />

Université Bordeaux 1,<br />

351, cours de la libération<br />

33405 Talence Cedex (FRANCE)


Algorithmic and combinatorial aspects of maximal<br />

plane graphs realizers<br />

Abstract : The realizers, or Schnyder trees, have introduced by Walter Schnyder in<br />

the late 80’s to give a characterization of planar graphs and to draw them on (n − 2) ×<br />

(n − 2) grids.<br />

In this document, we first give an extension of Wagner’s theorem to realizers. Using<br />

this theorem we establish a relationship b<strong>et</strong>ween the number of leaves and the number<br />

of 3-colored faces of a realizer.<br />

Abijection b<strong>et</strong>ween realizers and pairs of non-crossing Dyck path give us an enumeration<br />

of realizers. An algorithm generating p non-crossing Dyck paths, is also proposed.<br />

It allows us to generate randomly realizers in linear time.<br />

Then, we show that thanks to realizers, we can draw plane graphs with polylines<br />

on grids of optimal width and area.<br />

Finally, we propose a generalization of minimal realizers to connected planar<br />

graphs : well-orderly spanning trees. Using this generalization and with a particular<br />

triangulation algorithm, we present a new 5.007n bit planar graph encoding.<br />

Keywords : Realizers, Schnyder’s trees, graph drawing, polyline drawings, Wagner’s<br />

theorem, diagonal flip, watermelon, uniform random generation, planar graph enumeration<br />

Discipline : Computer-Science<br />

LaBRI,<br />

Université Bordeaux 1,<br />

351, cours de la libération<br />

33405 Talence Cedex (FRANCE)

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