Bateson et l'épistémologie - SFTF
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<strong>Bateson</strong> <strong>et</strong> l’épistémologie – Jacques Miermont<br />
révélé <strong>et</strong> se révèle encore comme un apport majeur dans l’élaboration de la démarche<br />
cybernétique <strong>et</strong> systémique.<br />
3.2. <strong>Bateson</strong> <strong>et</strong> la clinique psychiatrique<br />
Après des incursions originales <strong>et</strong> remarquables dans l’étude anthropologique de<br />
cultures éloignées qu’il a effectuée entre les deux guerres mondiales Ŕ ayant donné lieu à<br />
la publication de deux ouvrages majeurs, Naven (1936), <strong>et</strong> Balinese Character : a<br />
Photographic Analysis (1942) Ŕ <strong>Bateson</strong> deviendra, à partir des années cinquante, non<br />
seulement un anthropologue de sa propre culture, en étudiant les mœurs <strong>et</strong> les théories<br />
des psychiatres <strong>et</strong> des psychothérapeutes qu’il a pu côtoyer, principalement à Palo Alto,<br />
mais encore le concepteur d’une nouvelle manière d’appréhender <strong>et</strong> de traiter les<br />
maladies mentales. Ce faisant, il a largement contribué à la naissance des thérapies<br />
familiales, même si, comme on le verra, c<strong>et</strong>te contribution s’est réalisée en grande partie<br />
à son corps défendant : les relations qui se sont développées entre lui-même <strong>et</strong> les<br />
chercheurs <strong>et</strong> cliniciens avec lesquels il a travaillé ont été caractérisées par ces<br />
paradoxes qu’il a si justement théorisés.<br />
Lors de l’été 1952, <strong>Bateson</strong> approche Chester Barnard à New York, alors président de<br />
la Fondation Rockefeller. Il souhaite alors trouver un financement pour un proj<strong>et</strong> de<br />
recherche sur les paradoxes de l’abstraction dans la communication. Admirateur de La<br />
Cérémonie du Naven, Barnard adhéra immédiatement à l’entreprise en demandant à<br />
<strong>Bateson</strong> le montant dont il avait besoin. À New York, <strong>Bateson</strong> était hébergé par son<br />
étudiant John Weakland, ingénieur chimiste <strong>et</strong> sinologue, à qui il fait part de la bonne<br />
nouvelle. Celui-ci lui proposa de venir le rejoindre sur la côte Ouest pour réaliser ce<br />
proj<strong>et</strong>. C’est là que <strong>Bateson</strong> fit la connaissance de Jay Haley, étudiant diplômé de<br />
l’université de Standford, qui était venu lui demandes conseils concernant son travail sur<br />
les films de fiction. Impressionné par l’explosion du cinéma de l’après-guerre, Haley<br />
cherchait à comprendre pourquoi les gens étaient ainsi mobilisés. <strong>Bateson</strong> fit également<br />
la connaissance de William F. Fry, puis de Donald D. Jackson, tous les deux psychiatres<br />
au V<strong>et</strong>eran Hospital de Menlo Park. Plus tard se joigna également Josepth B.<br />
Weelwright, chercheur <strong>et</strong> ami de <strong>Bateson</strong> de sa génération. Weakland <strong>et</strong> Haley<br />
observèrent la pratique de l’hypnose du psychiatre Milton H. Erickson, que <strong>Bateson</strong> <strong>et</strong><br />
Margar<strong>et</strong> Mead avaient consulté pendant leur travail sur la transe balinaise. À partir de<br />
1955, le proj<strong>et</strong> initial s’orienta vers l’étude de la communication schizophrénique <strong>et</strong> de ses<br />
contextes, au grand dam de <strong>Bateson</strong>. Toute l’équipe publia 63 articles pendant la<br />
décennie de son existence, dont le fameux « Towards a Theory of Schizophrenia »,<br />
cosigné par <strong>Bateson</strong>, Jackson, Haley <strong>et</strong> Weakland publié en 1956.<br />
Jay Haley fit la confidence suivante à David Lips<strong>et</strong> : « Peu d’hommes eurent jamais<br />
l’opportunité que John Weakland <strong>et</strong> moi-même avons eu lors de c<strong>et</strong>te décade. Non<br />
seulement nous nous réjouissions de nous rencontrer, mais nous étions capables de<br />
réaliser une recherche à temps plein sur quoi que ce soit que nous pensions important<br />
avec <strong>Bateson</strong> comme enseignant <strong>et</strong> guide. Quand nous luttions dans l’obscurité avec des<br />
pensées sans formes, <strong>Bateson</strong> nous offrait un espoir de pouvoir travailler au maximum de<br />
nos capacités, une attitude confiante laissant envisager qu’un problème pouvait être<br />
résolu, <strong>et</strong> souvent une idée pour le résoudre. Que pouvions-nous demander de plus à un<br />
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