Bateson et l'épistémologie - SFTF
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<strong>Bateson</strong> <strong>et</strong> l’épistémologie – Jacques Miermont<br />
4. Épistémologie de l’acte de connaître, plus que l’épistémologie de la<br />
connaissance : <strong>Bateson</strong> <strong>et</strong> von Glasersfeld, Piag<strong>et</strong>, Chomsky <strong>et</strong> Thom<br />
4.1. Les points de convergence entre <strong>Bateson</strong> <strong>et</strong> von Glasersfeld<br />
<strong>Bateson</strong> n’a pas pu faire référence à Ernst von Glasersfeld, qu’il a connu tardivement. Il<br />
existe manifestement des points de convergence, mais aussi des points de divergence<br />
entre le proj<strong>et</strong> épistémologique de Gregory <strong>Bateson</strong> <strong>et</strong> la manière dont Ernst von<br />
Glasersfeld a conçu le constructivisme radical.<br />
<strong>Bateson</strong> distingue l’Épistémologie <strong>et</strong> l’épistémologie : d’un côté, le statut de la<br />
connaissance ; de l’autre, la façon dont chacun élabore, produit, fabrique de la<br />
connaissance, ou encore réalise l’acte de connaître.<br />
De son côté, von Glasersfeld souligne que la connaissance n’est pas le résultat d’une<br />
réception passive, mais relève de l’activité d’un suj<strong>et</strong> qui construit la connaissance. C<strong>et</strong>te<br />
activité est une opération, réalisée par c<strong>et</strong>te entité cognitive qui organise son monde<br />
empirique en même temps qu’elle s’organise elle-même.<br />
Leur convergence tient au fait qu’ils abandonnent tous les deux le réalisme<br />
métaphysique, que la connaissance est une action personnelle <strong>et</strong> subjective, <strong>et</strong> qu’elle<br />
relève davantage d’une invention que d’une découverte. Pour <strong>Bateson</strong>, « Science<br />
probes ; it does not prove » (« La science sonde ; elle ne prouve pas », <strong>Bateson</strong>, 1979, p.<br />
36). La science tantôt améliore les hypothèses, tantôt les réfute. Une vérité qui reposerait<br />
sur une correspondance précise <strong>et</strong> la description que nous en faisons nous est<br />
inaccessible (ibidem, p. 33).<br />
4.2. Le constructivisme radical<br />
Tant <strong>Bateson</strong> que von Glasersfeld inscrivent leurs recherches dans le cadre de la<br />
théorie de l’évolution. Mais leurs chemins semblent bien diverger radicalement à ce point.<br />
Pour <strong>Bateson</strong>, l’évolution des espèces relève d’un processus abductif, à un niveau<br />
logique différent des processus mentaux de l’individu. <strong>Bateson</strong> martèle à plusieurs<br />
reprises que les caractères acquis par le phénotype d’un organisme ne peuvent être<br />
transmis à la descendance.<br />
Pour von Glasersfeld, le fait de s’en référer à des concepts phylogénétiques <strong>et</strong><br />
ontogénétiques relève de l’épistémologie génétique de Jean Piag<strong>et</strong>, Or ce dernier est un<br />
des rares théoriciens de l’évolution à défendre la théorie de la phénocopie, à savoir la<br />
transmission des caractères acquis à la descendance, restant en cela fidèle à Lamarck<br />
(<strong>et</strong> à Darwin sur c<strong>et</strong>te question).<br />
« L’épistémologie consiste alors à étudier comment l’intelligence opère, quels moyens<br />
<strong>et</strong> manières elle emploie pour construire un monde relativement stable <strong>et</strong> régulier à partir<br />
du flux d’expériences dont elle dispose. » (Ernst von Glasersfeld, 1981).<br />
Le constructivisme de von Glasersfeld part de l’hypothèse selon laquelle toute activité<br />
cognitive s’effectue dans le monde empirique d’une conscience dirigée vers un but. Un<br />
organisme cognitif évalue les expériences qu’il fait, tend à en répéter certaines <strong>et</strong> à en<br />
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