Mémoire Jonathan Lejeune - Strate Collège
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La littérature de jeunesse :<br />
Les modèles masculins et féminins sont véhiculés de manière exagérée dans la littérature destinée aux enfants.<br />
Des études ont été menées sur le titre des livres. Près de 75% des titres évoquent au moins un personnage<br />
masculin contre seulement 25% pour un personnage féminin. Pire encore, les personnages masculins<br />
sont toujours prédominants et occupent bien plus souvent le rôle de héros. Les images du rôle masculin et<br />
féminin sont également stéréotypées. Le porte-document, et surtout le grand fauteuil-trône sont les symboles<br />
du travail paternel. Cartable et grand fauteuil s’opposent au tablier, symbole du rôle féminin : la maternité,<br />
le service domestique sans horaire, la disponibilité permanente pour la famille. Ces éléments symboliques<br />
sont fondateurs pour la différenciation sexuelle : les enfants interrogés sur le sexe de personnages<br />
ursidés répondent invariablement, dans le cas d’un ours a priori asexué, vêtu d’un tablier qu’il s’agit d’une<br />
maman ; le même ours lisant le journal assis dans un fauteuil est systématiquement désigné comme le masculin<br />
ou le papa. Voici mises à jour ces fameuses différences « naturelles » insurmontables entre les sexes :<br />
un simple tablier suffit à créer une femme, et un fauteuil un homme…<br />
Les albums véhiculent d’autres valeurs sexistes, parfois mêmes à l’insu de leurs auteurs. Le nombre d’images<br />
montrant une petite fille en contemplation devant une fenêtre est effarant : l’attente du prince charmant,<br />
la mélancolie, l’enfermement ou la passivité s’apprennent aussi dans les livres. Par ailleurs, s’il est bien un<br />
phénomène étonnant, c’est la dissymétrie entre les mères des petites filles et celles des petits garçons. Si les<br />
mères des garçons sont souvent sales et exténuées par leurs travaux ménagers, les mères de petites filles<br />
sont quant a elles coquettes, jolies ou propres sur elles-mêmes avec un plumeau entre les mains. On sent<br />
bien qu’il y a là un message à faire passer. La féminité s’enseigne grâce à la mère qui apprend à sa fille les<br />
ficelles du métier, à la différence des mères des garçons qui n’ont pas de tels impératifs et apparaissent donc<br />
hirsutes ou échevelées dans une grande part des livres pour enfant.<br />
Quand on prend la peine d’aller observer les stéréotypes sexistes qui foisonnent dans la littérature de jeunesse,<br />
on comprend beaucoup mieux d’où provient une bonne part des attitudes « naturelles » des hommes<br />
et des femmes. Mais ce n’est pas pour autant la question du stéréotype qui doit être remis en cause car il<br />
est nécessaire à l’éducation. Toute pédagogie passe par des images qui sont toujours d’une certaine façon<br />
réductrice. Pour Guillaume Carnino, il ne faut pas se séparer des stéréotypes mais plutôt des stéréotypes<br />
sexistes.<br />
La publicité :<br />
« Je la lie, je la fouette, et parfois elle passe à la casserole ». Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants<br />
ont pu voir, lire, être indignés, amusés, choqués, intrigués par ce slogan utilisé dans la publicité pour une<br />
crème fraîche. Des millions de personnes qui auront intégré le message implicite de la publicité : la relation<br />
entre la femme et la crème fraîche est la même que celle entre l’homme et la femme.<br />
La publicité a aujourd’hui un impact énorme sur les consciences. Omniprésente, elle est tentaculaire dans<br />
la mesure où aucun lieu ne lui échappe, aucun regard ne peut s’en détacher vraiment. On considère qu’un<br />
occidental perçoit près de 2500 messages publicitaires par jour ! La publicité marque l’inconscient aussi bien<br />
que le conscient, elle forge aussi bien les préjugés que les croyances. Il apparaît aussi, et ce avec une ampleur<br />
encore jamais égalée, que la publicité est un vecteur direct et violent de sexisme. Toutes les normes de genre<br />
sont ainsi chaque jour martelées dans les esprits.<br />
p. 39