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L'« usine à sucre - Cratzy.fr

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70<br />

Le <strong>sucre</strong> médicamenteux de jadis<br />

Selon Dioscoride, médecin grec du 1er siècle, dans la Rome de<br />

Néron, les praticiens donnaient du « sel indien » <strong>à</strong> leurs patients, tout<br />

comme l'avaient fait avant eux les Égyptiens et les Arabes. A la même<br />

époque, le saccharum était mentionné dans 1' Histoire naturelle de Pline<br />

l'Ancien : « LArabie produit un <strong>sucre</strong>, mais celui de l'Inde est plus estimé.<br />

C'est un miel recueilli sur des roseaux. Il est blanc comme la<br />

gomme, cassant sous la dent ; les plus gros morceaux sont comme une<br />

aveline (sorte de grosse noisette donnée par l'avelinier), on ne s'en sert<br />

qu'en médecine. »Le rôle curatif du <strong>sucre</strong> fut donc très tôt prédominant.<br />

Ce fut même la principale finalité que l'Antiquité lui reconnut.<br />

Il fallut attendre les croisades pour que ces vertus thérapeutiques<br />

soient remises en évidence par l'Occident. Les croisés purent les<br />

éprouver sur le terrain. Ils auraient surmonté les étapes du siège de<br />

Saint-jean-d'Acre (1104) et les difficultés d'alimentation qui s'ensuivirent<br />

en suçant des pousses de canne et en se nourrissant d 'une<br />

bouillie faite de farine et de <strong>sucre</strong>.<br />

Canne <strong>à</strong> <strong>sucre</strong><br />

(Saccharum officinarum)<br />

Compte tenu de ces vertus médicinales,<br />

l'apothicaire allait longtemps<br />

détenir le monopole du négoce de <strong>sucre</strong>,<br />

alors denrée rare et onéreuse- d'où l'expression<br />

qui nous est restée, « apothicaire<br />

sans <strong>sucre</strong> », pour désigner « un<br />

homme qui manque des objets nécessaires<br />

<strong>à</strong> sa profession » (Littré). Sans<br />

doute lui fallait-il casser <strong>à</strong> la hachette les<br />

pains de <strong>sucre</strong>, en morceaux. Sans doute<br />

aussi pilait-il ces morceaux dans un<br />

mortier pour obtenir du <strong>sucre</strong> en<br />

poudre. Certes, il n'était pas rare qu'il<br />

prescrive <strong>à</strong> ses clients du <strong>sucre</strong> pur, mais<br />

il l'utilisait surtout pour améliorer le<br />

goût de certaines potions. Par ailleurs, il<br />

vendait du candi, qui avait alors un rôle<br />

plus médicamenteux que gourmand.<br />

Et il commercialisait des <strong>fr</strong>iandises thérapeutiques - cordiales et laxatives,<br />

surtout - , tels le <strong>sucre</strong> d'orge, conseillé pour le rhume ou les fluxions de<br />

poitrine, le <strong>sucre</strong> <strong>à</strong> la violette, excellent contre les douleurs d'estomac, ou<br />

encore le <strong>sucre</strong> rosat, fait de <strong>sucre</strong> blanc cuit avec de l'eau de rose et moulé<br />

en tablettes. Tous remèdes dont il laissait parfois le soin de la fabrication<br />

au confiseur.<br />

Stomachique, balsamique ou pectoral, tout autant qu'efficace contre la<br />

goutte, la gravelle, les rhumatismes, l'hydropisie, la dysenterie ou le scorbut,<br />

le <strong>sucre</strong> était considéré comme la panacée. A telle enseigne que, en<br />

1353, un édit royal ordonna que les apothicaires soient toujours approvisionnés<br />

en miel et en <strong>sucre</strong> de qualité, et qu'ils ne substituent pas du miel<br />

au <strong>sucre</strong> lorsque ce de.mier était prescrit. «Tout se passe, explique Claude<br />

Fischler, comme si le miel constituait [ . .. ] une forme primaire, un état<br />

brut de <strong>sucre</strong>, le pôle primitif d 'un continuum s'étendant depuis la nature<br />

indomptée et les formes les plus grossières de la douceur jusqu'aux<br />

plus pures, aux plus "civilisées". » Le <strong>sucre</strong> blanc, bien raffiné, était<br />

« Gigi, je te joue dix kilos<br />

de <strong>sucre</strong>.<br />

- C'est guère appétissant, votre<br />

<strong>sucre</strong>. j'aime mieux des bonbons.<br />

- C'est fa même chose. Et fe <strong>sucre</strong><br />

est plus sain que tes bonbons.<br />

- Vous fe dites parce que c'est vous<br />

qui fe fabriquez.<br />

- Gilberte, tu perds fe respect ! "<br />

Les yeux désolés de Gaston Lachaiffe<br />

sourirent:<br />

tt Laissez -fa dire, Mamita ... >><br />

Colette, Gigi, 1943<br />

LA THÉRAPEUTIQUE<br />

o' AUJOURD'HUI<br />

le <strong>sucre</strong> reste toujours utilisé<br />

en pharmacie pour fa préparation<br />

des sirops et {'enrobage des pastilles,<br />

dans fe but de faciliter {'absorption<br />

des médicaments, pour ceux<br />

destinés aux jeunes enfants<br />

en particulier. tf entre également<br />

dans fa fabrication des antibiotiques,<br />

pénicilline notamment,<br />

et dans cette des acides<br />

aminés et organiques.<br />

En Europe, mais plus encore<br />

en Amérique du Sud,<br />

fe <strong>sucre</strong> est employé<br />

en milieu hospitalier,<br />

car, de par sa propriété<br />

<strong>à</strong> se fier aux molécules d'eau<br />

et <strong>à</strong> tes immobiliser<br />

pour bloquer fa croissance<br />

des micro-organismes,<br />

if permet, en application directe<br />

sur les plaies et les ulcères cutanés,<br />

de tes assécher et de favoriser<br />

feur cicatrisation. De nombreux<br />

centres de gériatrie mettent<br />

<strong>à</strong> profit cette faculté pour<br />

soigner efficacement tes escarres.

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