vampire kisses T2 Ce.. - Index of

— Oui, mais pas à ma fenêtre.
— Tu me fais penser à ton père quand il était petit. Il adorait les films d’horreur, mais ça ne l’a pas
empêché de dormir avec la lumière jusqu’à son entrée à l’université.
— C’est dans mes gènes, alors, plaisantai-je en reprenant la gousse d’ail et en la rangeant dans ma
boîte Tupperware.
— Donne-la-moi, je vais la jeter, si tu veux, proposat-elle
en tendant la main.
— Je préfère la garder, rétorquai-je en fourrant la boîte dans mon sac. Jusqu’à mon entrée à
l’université.
Tante Libby éclata de rire, et je la suivis dans la cuisine.
— J’ai dressé une liste de ce que nous pourrions faire, annonça-t-elle comme nous nous asseyions
pour petit-déjeuner. On pourrait commencer par le musée ; il y a une exposition sur l’illustrateur Edward
Gorey. Je suis sûre que ça te plaira. Après, on peut aller déjeuner chez Nifty Fifties ; leur cheeseburger
au bacon est délicieux. Enfin, je ne l’ai jamais goûté, mais c’est ce qu’on m’a dit. L’après-midi, on
pourrait faire la tournée des antiquaires du quartier en attendant la représentation du soir. Si tu as trop
peur, tu pourras rester dans les coulisses, me taquina-t-elle. Alors, qu’est-ce que tu en dis ?
— J’aimerais bien faire un tour à la Société d’histoire…
— À cause de cette conversation sur les manoirs de la ville avec Marshall ?
— Je ferais bien un exposé sur un de ces manoirs pour mon cours d’histoire.
— Pendant les vacances ? Tu ne préférerais pas pique-niquer dans un cimetière ? demanda-t-elle en
reposant son café.
— Ouais, super idée ! On ira après !
— Je plaisantais…
Le temps que tante Libby se prépare, que je me douche et m’habille, la matinée était déjà bien
entamée. Libby était tout ce que papa n’était pas : alors que papa était une personnalité de type A, un
hyperactif, Libby était du genre tranquille, posé, une personnalité de type ZZZ. Il avait toujours un quart
d’heure d’avance quand il allait au cinéma, alors qu’elle se contentait souvent d’arriver avant le
générique de fin.
Je ne parvins pas à la convaincre d’aller manger des tortillas au tofu sur des tombes inoccupées,
mais je réussis à troquer le musée contre la Société d’histoire. Je sortis mon journal « Olivia Outcast » de
ma valise et le glissai dans mon sac à dos, et nous sortîmes enfin.
La Société d’histoire de Dullsville était installée dans une église non hantée de la fin du xixe siècle.
Je m’y étais rendue une fois avec l’école, mais j’avais passé la majeure partie de la visite à examiner les
trois pierres tombales du cimetière attenant, jusqu’à ce que mon professeur remarque mon manège et
menace d’appeler mes parents.
Celle de Hipsterville se révéla bien plus intéressante, car elle occupait deux wagons Pullman dans
l’ancienne gare de chemin de fer.
À l’intérieur, je compulsai des photos de maisons victoriennes, des exemplaires originaux de la
carte du restaurant Chez Joe et des lettres des premiers habitants de la ville. Une femme émergea de la
seconde voiture ; elle avait les cheveux roux coiffés à la façon de Samantha Stevens dans Ma Sorcière
bien-aimée, et portait un pantalon de tailleur vert pomme avec des sandales assorties.
— Puis-je vous aider ? demanda-t-elle.
— Ma nièce, qui est en vacances chez nous, aimerait écrire un exposé sur nos manoirs historiques,
expliqua tante Libby en admirant des photos en noir et blanc de voitures suspendues à côté de la poignée