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— Attends, il faut que je voie ça.<br />
J’attrapai mon sac sur son lit et l’ouvris pour prendre le miroir pliant de Ruby.<br />
Alexander porta subitement les mains à son ventre.<br />
— Je ne me sens pas très bien.<br />
— Tu es nerveux, c’est tout. Je te promets que tout se passera bien.<br />
— Je ne suis pas sûr de…<br />
— Attends une seconde, dis-je en fouillant dans mon sac à la recherche d’un bonbon à la menthe.<br />
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il, dégoûté, lorsque je le lui proposai.<br />
— C’est juste un bonbon à la menthe, répondis-je. Vous n’en avez pas en Roumanie ? Ça calme<br />
l’estomac.<br />
— Éloigne ça de moi, lança-t-il dans un mouvement de recul.<br />
Alors, une odeur étrange provenant de l’intérieur de mon sac atteignit mes narines.<br />
Je plongeai la main à l’intérieur et trouvai l’origine du malaise d’Alexander sous mon portefeuille<br />
et tout un tas de mouchoirs en papier.<br />
— Oh ! non ! c’est mon ail déshydraté ! expliquai-je en lui brandissant sous le nez le pot dont le<br />
couvercle s’était ouvert.<br />
— Jette ça ! s’écria-t-il en se tenant l’estomac.<br />
— Je suis désolée ! bredouillai-je en reculant maladroitement.<br />
— Plus loin, plus loin ! Dans l’Utah, ce sera parfait !<br />
— Je ne voulais pas…<br />
Son visage déjà pâle devenait encore plus blanc à chaque inspiration qu’il prenait.<br />
J’ouvris la fenêtre et jetai le pot en plastique dans la nuit aussi loin que je le pus.<br />
Alexander continuait à reculer ; sa respiration devenait de plus en plus lourde.<br />
— S’il le faut, je jette aussi mon sac !<br />
Il avait tellement de mal à respirer qu’il ne pouvait pas répondre.<br />
— Jameson ! appelai-je, mais la musique était beaucoup trop forte pour qu’il m’entende. (Je me<br />
précipitai hors de la chambre et descendis le petit escalier en bois.) Jameson ! criai-je. Jameson !<br />
Comme je n’entendis pas le moindre bruit en parcourant le premier étage, je descendis les marches<br />
de l’escalier d’honneur quatre à quatre. Pourquoi vivait-il dans une si grande maison ?<br />
J’ouvris à la volée la porte de la cuisine et trouvai Jameson occupé à mettre des assiettes dans le<br />
lavevaisselle.<br />
— Alexander ! Il a été exposé à de l’ail ! Il faut appeler les urgences !<br />
Les yeux de Jameson s’étrécirent encore plus que d’habitude, ce qui en dit long sur la gravité de la<br />
situation. Puis il se ressaisit et ouvrit un placard.<br />
Posé sur une étagère, l’antidote. Jameson me tendit la seringue.<br />
— Vous devez la lui planter dans la cuisse, m’ordonna-t-il.<br />
— Je dois… ?<br />
— Mademoiselle Raven, le temps que j’arrive là-haut, il sera peut-être trop tard.<br />
Je pris la seringue dans sa main fine et osseuse et je courus.<br />
Mon cœur battait la chamade comme j’escaladai l’escalier d’honneur, effrayée à l’idée de ne pas<br />
être assez rapide.<br />
Je me précipitai dans la chambre et le trouvai étendu sur son lit, la peau presque bleue, le regard de<br />
plus en plus vide. Sa respiration était superficielle et rapide.<br />
Une scène de Pulp Fiction me revint en mémoire. John Travolta prenait son élan et enfonçait une