vampire kisses T2 Ce.. - Index of

Le cœur battant la chamade, je courus derrière la maison. Quelques marches cassées descendaient
jusqu’à une fenêtre solitaire et crasseuse. Comme elle n’était pas condamnée, je pressai mon visage
contre la vitre avec enthousiasme.
Rien d’inhabituel : quelques boîtes en carton, un établi rouillé, une vieille machine à coudre.
J’essayai d’ouvrir la fenêtre, mais elle était bloquée. Je remontai les marches cassées et retournai
sur la pelouse.
— Y a quelqu’un ? Jameson ? Alexander ?
Seuls les aboiements du chien du voisin me répondirent.
Je levai les yeux vers la lucarne. Un arbre sans feuilles penchait vers le manoir, et une de ses
branches frôlait la façade juste en dessous de la petite fenêtre. C’était un chêne énorme, âgé probablement
de plusieurs siècles ; son tronc était aussi large qu’une maison et ses racines s’accrochaient à la terre
comme des pattes d’araignée. J’étais une adepte de l’escalade, que ce soit pour grimper par-dessus le
portail du manoir de Benson Hill ou aux pommiers du jardin de Becky ; cependant, grimper à cet arbre
revenait à s’attaquer au mont Everest de nuit. Vêtue de ma robe courte et chaussée de rangers, je posai le
talon sur la branche la plus basse et me hissai dessus. Je poursuivis mon ascension à un rythme régulier,
ne ralentissant que pour reprendre mon souffle et pour chercher des prises que la lune n’éclairait pas.
Lasse mais déterminée, je m’engageai sur la branche épaisse qui s’étirait sous la lucarne.
Un rideau sombre masquait la majeure partie de la pièce, mais je parvins tout de même à distinguer
quelques détails, dont une boîte vide et une chaise en bois. Soudain, dans un coin, je vis un spectacle
incroyable : le portrait qu’Alexander avait peint de moi en s’inspirant de la tenue que je portais le soir du
bal des Flocons. Un panier en forme de citrouille pendait à mon bras. Une Raven en deux dimensions me
souriait, exhibant ses fausses dents de vampire.
— Alexander ! appelai-je. (Je voulus cogner à la fenêtre, mais celle-ci était hors de portée.)
Alexander ! (Les aboiements du chien se firent plus insistants.) Alexander ! Jameson ! hurlai-je à pleins
poumons.
Subitement, le voisin ouvrit la porte de derrière et sortit sur sa terrasse. Il était bâti comme un
catcheur professionnel.
— Encore vous, bande de sales gosses ! cria-t-il.
— Que se passe-t-il, Hal ? demanda une femme toute frêle en le rejoignant dehors.
— Je te l’ai déjà dit, des gamins jouent dans la maison abandonnée. Je vais appeler la police !
Il sortit un téléphone portable de sa poche arrière.
Je glissai le long du tronc, car je ne voulais ni subir un full Nelson ni qu’on me mette les menottes.
Par ailleurs, je ne souhaitais pas que les forces de l’ordre arrêtent Alexander et Jameson ou les forcent à
quitter la maison. Cette fois-ci, ils pourraient très bien retourner en Roumanie.
Lorsque j’eus atteint la dernière branche, j’aperçus du coin de l’œil un léger mouvement dans le
rideau de la lucarne.
Je reculai rapidement pour avoir une meilleure vue.
Le rideau ne bougeait plus.
Soudain, un doberman couleur chocolat jaillit de la maison du voisin, descendit à toute vitesse
l’escalier de la terrasse et se mit à gratter la balustrade marron qui séparait les deux terrains.
Terrifiée à l’idée que le molosse se faufile entre deux lattes pour venir me dévorer comme une
vulgaire gamelle de Royal Canin, je pris mes jambes à mon cou, contournai la maison, filai dans la rue et
retournai à l’arrêt de bus.
Je montai à bord du bus numéro 7 roulant vers l’ouest et pris place au fond, derrière un couple