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Agone n° 29/30 - pdf - Atheles

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ALFRED ROSMER 25<br />

Mais l’intégration de ces principes démocratiques et éducatifs dans<br />

un programme scolaire pose de sérieux problèmes, le plus important se<br />

rapportant au rôle du maître dans l’établissement et l’application d’un<br />

programme éducatif, et ceux qui s’y rattachent : liberté et discipline,<br />

personnalité de l’enfant. À l’encontre de Maria Montessori 1 , pour qui<br />

l’enfant possède des facultés innées qu’il suffit d’éveiller et de développer,<br />

Dewey estime que « la liberté consiste à créer un milieu qui permette<br />

à l’enfant d’exercer son jugement dans des situations qui rappellent<br />

celles de la vie réelle ; comme de telles situations sont de nature<br />

sociale, elles obligent les enfants à travailler ensemble à des fins communes<br />

; elles permettent, et souvent exigent, l’intervention du maître :<br />

dans la vie, on a fréquemment besoin, en effet, de l’assistance d’autrui<br />

». Un pédagogue suisse, Édouard Claparède 2 – qui présenta, dès<br />

1913, une traduction de L’École et l’enfant – caractérisait excellemment<br />

l’apport de Dewey dans la solution de ces problèmes difficiles : « Il faut<br />

souligner, écrivait-il, l’originalité et la profondeur avec lesquelles Dewey<br />

tranche une difficulté qu’on pouvait à juste titre considérer comme le<br />

nœud gordien de la pédagogie. Il s’agit de savoir quelle doit être l’attitude<br />

de l’éducateur à l’égard des désirs et des intérêts de l’enfant. Doit-il<br />

se laisser guider par eux ou, au contraire, les guider ? Suivre la nature<br />

ou pétrir l’élève à son image ? La liberté ou la contrainte ? C’est là la<br />

grande question sur laquelle on finit toujours par retomber, et ce n’est<br />

pas étonnant parce que c’est la question fondamentale. Mais si la théorie<br />

de la contrainte extérieure a le grand défaut d’ignorer le processus<br />

naturel et spontané de la croissance, celle de la liberté peut être accusée<br />

de ne favoriser que le caprice de l’enfant. Dewey nous montre que cette<br />

alternative s’évanouit dès que l’on aborde la difficulté du point de vue<br />

1. Nominée pour le prix Nobel en 1949, 1950 et 1951, Maria Montessori<br />

(1870-1952) fut la première Italienne diplômée d’une école de médecine. De<br />

ses observations sur la manière dont les enfants apprennent, elle développa<br />

une conception de l’acquisition spontanée et inventa une pédagogie basée sur<br />

ce que les enfants font « naturellement », dans un environnement autant que<br />

possible sans intervention d’adultes. [ndlr]<br />

2. Psychologue suisse (1873-1940), Édouard Claparède est le cofondateur de<br />

l’Institut Jean-Jacques-Rousseau à Genève (1912) – aujourd’hui l’École de psychologie<br />

et des sciences de l’éducation. Il se consacra notamment à l’étude de<br />

l’intelligence, influençant les recherches sur l’orientation scolaire et professionnelle<br />

et les problèmes généraux de l’éducation. [ndlr]

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