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Agone n° 29/30 - pdf - Atheles

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FRANCK POUPEAU & SANDRINE GARCIA 39<br />

provoquer de contestation des choix politiques déjà arrêtés, ces négociations<br />

font l’objet de tout un travail de préparation idéologique consistant<br />

à retraduire la logique marchande dans les termes de l’« intérêt général »<br />

et du « bien commun ». L’utopie de l’« accès de tous au savoir » est alors<br />

mobilisée au service du marché : ainsi internet, « en favorisant l’accès de<br />

tous au savoir », pourrait limiter les exclusions « à condition d’être à la<br />

portée de tous » [Le Monde économique, 09.01.01]. Comme si la baisse des coûts et<br />

la gratuité de l’université « virtuelle » pouvaient suffire à lever les déterminismes<br />

sociaux et à égaliser les dispositions à l’auto-apprentissage, les<br />

NTIC donnerait à tous, en ouvrant l’éducation à la concurrence internationale,<br />

ce que l’école publique n’accorde qu’aux privilégiés.<br />

La préparation idéologique à la libéralisation des services éducatifs<br />

consiste également à redéfinir leur rôle dans le sens d’une simple maîtrise<br />

des contenus pédagogiques « vendus » par le marché afin de lutter<br />

contre la domination économique des États-Unis en matière de multimédias.<br />

Cette stratégie se présente comme une alternative à l’emprise<br />

du marché sur le monopole public de l’éducation : aussi le CNED est-il<br />

chargé de « fédérer l’offre française de formation en ligne ». De même,<br />

la certification par l’État de la qualité pédagogique des produits multimédias<br />

est présentée comme une lutte contre la « marchandisation ». À<br />

l’université, où la commercialisation de l’enseignement est très largement<br />

entamée par EduFrance, de nombreux projets d’établissements se<br />

donnent désormais pour objectif de remplacer une partie de l’enseignement<br />

qu’ils dispensent par « l’auto-formation » que permettent les<br />

NTIC. Si aujourd’hui le CNED dépend encore de l’État, l’assouplissement<br />

des prérogatives de ce dernier en faveur de la libéralisation des<br />

services dans le cadre de l’AGCS pourrait bien conduire ce dernier à<br />

réduire ses subventions pour ne pas contrevenir aux lois de la concurrence<br />

et placer les étudiants étrangers consommateurs de services éducatifs<br />

à égalité avec ceux des pays où ils sont dispensés. Le CNED a<br />

d’ailleurs déjà fait l’objet d’une plainte déposée par la chambre syndicale<br />

de l’enseignement privé à distance auprès du Conseil de la concurrence<br />

25 . Le « marché » des étudiants étrangers ne représente donc<br />

qu’une étape dans la libéralisation des services publics impulsée par les<br />

accords internationaux.<br />

25. Supplément à Nouveaux Regards, la revue de l’Institut de la FSU, p. 3.

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