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Agone n° 29/30 - pdf - Atheles

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FRANCK POUPEAU & SANDRINE GARCIA 43<br />

sur le système éducatif les causes du chômage et de la précarité, implique<br />

que l’État garantisse un service public d’éducation en même temps qu’il<br />

assure la marchandisation des services éducatifs. Dans le cadre de<br />

l’AGCS, la seule solution pour concilier un service public d’éducation<br />

« gratuit » en parallèle à un marché lucratif ne peut résider que dans une<br />

bipartition entre le privé et le public ou, si l’on préfère, le marchand et le<br />

non-marchand, les catégories favorisées et les autres. Le rôle des pouvoirs<br />

publics se limite à terme à assurer l’accès à l’apprentissage de ceux<br />

qui ne constitueront jamais un marché rentable « et dont l’exclusion de<br />

la société en général s’accentuera à mesure que d’autres vont continuer à<br />

progresser » 31 . La libéralisation économique de l’enseignement se traduit<br />

donc à la fois par l’incorporation de l’éducation à la liste des services<br />

entrant dans une logique marchande et à la redéfinition de l’institution<br />

scolaire comme lieu de gestion des populations défavorisées.<br />

Le « changement pédagogique » : anatomie d’un faux remède<br />

Ces processus sont évidemment ignorés par les différentes mesures de<br />

rattrapage annoncées à chaque rentrée, qu’il s’agisse des plans contre<br />

l’illettrisme ou les violences scolaires. Alors que la situation sociale des<br />

établissements scolaires est de plus en plus polarisée, la politique éducative<br />

semble de moins en moins prendre en compte les mécanismes<br />

sociaux de production des inégalités à l’école, et de plus en plus s’attacher<br />

à une vision centrée sur les facteurs scolaires : l’idée selon laquelle<br />

il suffirait de « changer les pratiques pédagogiques » pour « remédier à<br />

l’échec scolaire » présuppose qu’il suffirait d’avoir de « bons » enseignants<br />

pour assurer la réussite scolaire de tous les élèves. Cette orientation<br />

se trouve renforcée par le traitement médiatique de problèmes<br />

comme la formation de « ghettos scolaires », ou l’explosion des « violences<br />

à l’école » 32 , qui deviennent l’objet principal des préoccupations<br />

ministérielles et qui, à grand renfort d’effets d’annonce, constituent l’occasion<br />

de réaffirmer périodiquement la « mission sacrée » de l’École,<br />

dernier « sanctuaire » de l’esprit républicain dans les endroits « laissés<br />

31. Lire Gérard de Sélys, « L’école, grand marché du XXI e siècle », op. cit.<br />

32. Franck Poupeau et Sandrine Garcia, « Violences scolaires : la faute à l’école?<br />

De l’illusion promotionnelle à la remédiation sociale », La Machine à punir<br />

(Gilles Sainati et Laurent Bonelli dir.), L’Esprit Frappeur, 2001, p. 119-1<strong>30</strong>.

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