magazine Lignes d'avenir n° 8 - RFF

Regard d’expert
« Il est indispensable
que RFF adopte une posture
plus commerciale. »
Quelle est la position de l’UTP vis-à-vis
de l’engagement national pour le fret
ferroviaire annoncé par le
Gouvernement ?
Bruno Gazeau : L’UTP représente les
entreprises ferroviaires et s’attache à défendre
leurs intérêts. Elle ne peut que se
réjouir d’un engagement national visant à
permettre au fret de reconquérir des parts
de marché. Le défi est immense et les dispositions
pour y parvenir sont variées, mais
toutes indispensables, qu’il s’agisse de la
création d’un Réseau Orienté Fret permettant
régularité et ponctualité, de celles des
entreprises ferroviaires, du dynamisme
des acteurs ou de leur bonne coopération.
Au-delà de cet engagement national, n’oublions
pas la dimension sociale. L’UTP y
prend sa part et conduit la négociation
d’une convention collective du fret. La co-
opération de tous les acteurs, gestionnaires
d’infrastructures, opérateur historique et
nouveaux entrants, chargeurs, autorités
paritaires, est indispensable pour répondre
à cette ambition. L’UTP en est un acteur
essentiel et entend y jouer un rôle moteur.
Quelles sont, selon vous, les mesures
les plus importantes dans cet
engagement national ?
B. G. : Parmi les huit axes du plan, je
retiendrai ceux touchant tout particulièrement
l’infrastructure, comme la modernisation
de la gestion des sillons, avec un traitement
prioritaire du fret et la création d’un
Réseau Orienté Fret. Car il ne faut pas
oublier le rôle prépondérant de l’infrastructure
dans le ferroviaire. C’est elle qui conditionne
pour une large part l’efficacité de ce
mode par rapport au mode routier. C’est la
capacité et le professionnalisme de la gestion
qui définissent l’offre de services possible.
Pour permettre au fret ferroviaire de
gagner des parts de marché, le fret doit
être compétitif et à même de répondre aux
exigences de fiabilité et de régularité attendues
par les clients des entreprises ferroviaires.
Ils attendent un service aussi
performant et satisfaisant que le transport
par route, à un moindre coût…
Cet engagement donne un rôle important
à RFF. Quelles sont, à cet égard,
les attentes les plus fortes des
entreprises ferroviaires ?
B. G. : Les entreprises ferroviaires réunies
au sein de l’UTP ont de fortes attentes visà-vis
de RFF, qui fait des efforts importants
pour y répondre. Le marché des marchandises
étant très concurrentiel, les entreprises
ferroviaires ont besoin de visibilité
(contrats pluriannuels avec les chargeurs),
de régularité (sillons garantis), de réactivité
(propositions alternatives en cas de plage
de travaux…) de la part de RFF. Il est indispensable
que RFF adopte une posture plus
commerciale pour permettre aux entreprises
ferroviaires de développer leurs
parts de marché. À ce titre, le document
de référence du réseau (DRR) établi
chaque année devrait s’apparenter à un
véritable contrat entre RFF et les entreprises
ferroviaires, avec une répartition
plus équilibrée des droits et des obligations
de chacune des parties.
Quelles actions doivent mener les
entreprises ferroviaires pour améliorer
leur productivité et augmenter la part
modale ?
B. G. : L’amélioration de la productivité du
transport ferroviaire passe par des actions
combinées de RFF, de la SNCF – en tant
que gestionnaire d’infrastructures délégué
– et des entreprises ferroviaires. Aux entreprises
ferroviaires reviennent l’organisation
Bruno Gazeau,
délégué général de l’Union
des Transports Publics
des services au niveau opérationnel et
le management social. La fiabilité sociale
est en partie liée à la mise en œuvre d’une
convention collective spécifique. C’est un
chantier important de l’UTP, mené en
concertation avec les organisations syndicales
depuis plusieurs années. Le bon
déroulement des nombreu ses opérations,
de la réception des marchandises à leur
livraison, exige une organisation poussée
(gestion des matériels roulants, des trains
courts ou longs, des circulations…) dans
le respect des règles de sécurité édictées
par les pouvoirs publics.
Que pensez-vous des réformes
introduites par la loi relative à
l’organisation et à la régulation
des transports ferroviaires ?
B. G. : Les entreprises ferroviaires
approuvent la mise en place d’une autorité
de régulation indépendante en France.
Après trois ans d’ouverture à la concurrence
du fret et celle récente des lignes
internationales de voyageurs, cette autorité
de la concurrence était très attendue
par les entreprises ferroviaires. L’UTP se
félicite que celle-ci puisse se prononcer
sur d’éventuelles discriminations relatives
à l’accès au marché, mais également sur
la sécurité, la fixation des péages et le
document de référence du réseau. Il s’agit
toutefois d’une première pierre à l’édifice ;
l’UTP restera attentive au fonctionnement
effectif de cette autorité, ainsi qu’aux
nombreux textes nécessaires à l’application
de la loi qui l’a créée et au décret
concernant les facilités essentielles
en gare. L’UTP espère qu’en 2010 sera
concrétisée la mise en œuvre d’un
système ferroviaire qui permettra,
à terme, un rééquilibrage du rail par
rapport à la route.
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